Chapitre Six : Ondine
- Ouah ! J’y crois pas !
Liz, qui était tantôt plongée dans la lecture de Jeune & Jolie, en avait presque fait tomber son verre de jus d’orange.
- Sexy le frangin, pour une fois ! siffla-t-elle, en dévisageant sans retenu Xavier qui faisait son apparition dans la cuisine pour le petit-déjeuner.
Ce dernier lui jeta un regard noir auquel elle répondit par un sourire désinvolte et moqueur.
- Ta gueule.
- Xavier ! gronda Elena, assise à côté de sa sœur.
- Et elle, alors ?! riposta le jeune homme, surpassé.
Sa mère ne répondit rien et reprit son activité : touiller son café. Xavier s’assit face à Liz, et se servit un bol de lait. Celle-ci ne cessait de l’observer, et il aurait juré sur la tête de Ludivine qu’elle cherchait un moyen de le déstabiliser davantage.
- Rare que tu mettes ta jolie chemise blanche. C’est qui ta cible aujourd’hui, Dom Juan ? Une pouffiasse ou une blonde ? Quoique, les deux combinés sont assez courants depuis l’année dernière.
- Tout à fait. J’en ai une en face de moi.
Liz plissa les yeux, frustrée par la répartie de son frère. Xavier ne daigna même pas la regarder, et porta son bol à ses lèvres. Il but trois gorgées et le reposa sur la table, avant de planter son regard dans le sien.
- C’est déjà ma copine, dit-il avec indifférence, sachant que ça l’énerverait. Je ne vois pas pourquoi je devrais la draguer encore. J’espère juste lui plaire, c’est tout.
Jeune & Jolie glissa de la table. Liz, devenue muette, ouvrait des yeux ronds comme des soucoupes. Elena avait relevé la tête, aussi surprise que sa fille.
- T’as une copine ?!
Xavier avala d’une traite le contenu de son bol. Il répondit seulement lorsqu’il eut fini.
- Ouais.
- Blonde, répéta Liz.
- Ouais.
- Putain, on n’est pas dans la merde Maman.
Elena leva les yeux au ciel, agacée.
- Ça suffit… marmonna-t-elle, dépassée.
- C’est lui ! s’écria Liz, en pointant du doigt son frère.
- Non, c’est elle !
- Vous me fatiguez !
- Je comprends ton désespoir Maman, fit alors Xavier, cynique. Tu n’as pas à te sentir coupable par la méchanceté de Liz. Ce n’est pas ta faute, tu ne dois en aucun cas culpabiliser. Elle n’a jamais eu de cœur, on le lui a arraché à sa naissance.
Avec un sourire satisfait, le jeune homme se leva de table, laissant sa mère silencieuse et sa sœur en colère, le teint livide. Il enfila sa veste et attrapa son sac qui traînait dans sa chambre, et quitta l’appartement sans dire au revoir à sa famille. C’est à ce moment que Liz sembla sortir de sa léthargie.
- Le con ! siffla-t-elle, haineuse, en se levant en toute hâte pour poursuivre son frère. Xavier ! Reviens ici tout de suite, petit con !
Malgré son manque d’activité sportive, elle fit preuve d’une réelle performance pour le sprint. Elle dévala les escaliers à la suite de son frère, emmitouflée dans sa robe de chambre. Elle réussit à l’attraper par son sac et à le stopper.
- Je t’interdis de dire ça, t’entends ! T’as pas le droit ! Putain, mais tu te prends pour qui pour me dire ça ?!
- Pour ton frère qui regrette de l’être, répondit-il franchement.
Il y eut un petit silence, durant lequel ils se fixèrent dans le blanc des yeux. Contre toute attente, Liz caressa les cheveux de son cadet.
- J’espère qu’elle ne fera pas la conne, dit-elle en déposant un baiser sur sa joue.
- L’espoir fait vivre.
- Hum.
Elle l’embrassa à nouveau, et remonta sans se retourner jusqu’à l’appartement. Xavier, perplexe, resta deux minutes appuyé contre la rampe de l’escalier. Quand il se persuada enfin que Liz n’était pas schizophrène, il soupira et reprit le chemin de l’école de théâtre.
- Benjamin ! résonna la voix de Xavier dans l’amphithéâtre de l’école. Ludivine n’est pas arrivée ?
- Tu sais bien que c’est toujours la dernière à faire son entrée, répondit platement le professeur, occupé à ranger ses cours.
- Ouais, d’accord, mais elle peut bien faire une exception aujourd’hui, non ?
- Une exception ? Si seulement elle savait ce que ça veut dire ! Enfin Xavier, pourquoi diable tiens-tu à ce qu’elle soit en avance aujourd’hui ?
- Elle me l’a promis hier. On sort ensemble.
Le prof releva la tête, les yeux ronds comme des soucoupes. Son élève s’approchait de lui tranquillement, les mains dans les poches.
- Non ?!
- Si.
- Xavier, elle va perdre toute sa concentration pendant les cours. Crois-moi, la petite Ludivine, je la connais bien !
- Benjamin, je t’assure que je la convaincrai de bosser si elle commence à négliger le théâtre.
- Mouais…
- Ça ne te plait pas ce qu’il m’arrive ? demanda le comédien, déçu, à voix basse.
- Si. Tu sais Xavier, je suis vraiment content pour toi. Si tu te sens de supporter Ludivine sept jours sur sept, tant mieux ! Essayez juste de ne pas sortir de la route. Je te rappelle que vous avez un examen capital dans six mois.
Le jeune homme ne répondit pas, plongé dans ses pensées. Son prof continuait son rangement, mais il gardait une oreille attentive, prête à l’écouter se confier.
- Elle est exceptionnelle… Tu sais Benji, je suis sortie avec plein de filles, mais c’est la première fois que j’en croise une comme ça. Tu vois, même Caroline ne lui arrive pas à la cheville…
- Il me semble que Caroline est un mauvais exemple à prendre.
- C’est vrai, mais j’étais fou d’elle.
- Peut-être, mais elle a un caractère beaucoup trop différent de celui de Ludivine pour qu’on puisse les comparer.
- D’accord, mais elle était intelligente, Caro. Elle se débrouillait en maths.
- L’intelligence n’a rien à voir avec l’instruction, Xavier. Ce n’est pas la première fois que je te le dis. Et à ma connaissance, Caroline ne connaît pas le trois quarts des œuvres françaises. Elle n’est pas une comédienne hors pair. Elle a un caractère difficile. Et il me semble aussi qu’elle est un brin malhonnête.
- Oui.
- Tu ne l’avais quand même pas oublié, Xavier ?
- Non, répondit le jeune homme, mal à l’aise. Aline est toujours là pour me le rappeler.
- Heureusement.
Il allait ajouter autre chose, lorsqu’une présence se fit entendre dans le petit hall de la Section A. Quelqu’un arrivait. Xavier oublia aussitôt sa conversation avec Benjamin et sortit en courant de l’amphithéâtre pour accueillir…
- Merde ! Ce n’est qu’Emma !
- Je te remercie, ironisa la blonde, vexée.
- Je t’en prie. Le plaisir est pour moi.
Il paraissait déçu que Ludivine ne fût toujours pas arrivée. Celle-ci débarqua un quart d’heure plus tard, totalement affolée.
- Xavier ! hurla-t-elle à pleins poumons. Mon Xavier, je suis désolée ! Je te jure ! Mon réveil, il n’a pas sonné assez fort !
- T’es sûre que ce n’est pas plutôt toi qui dormais trop profondément pour l’entendre ? questionna sournoisement Simon.
- J’arrive pas à le croire ! Comment ça se fait que je sois la dernière arrivée ? D’habitude, c’est Ludivine ! s’exclama Mathilde, qui venait juste de passer la porte.
- Tu n’es pas la dernière, rassura Grégoire. Il ne manque plus que Pierrick et Aline.
- Mon Xavier ! gémit Ludivine. Il est où, mon Xavier ?! Je veux mon Xavier !
- Je suis là ! claironna le jeune homme, qui sortait du couloir.
Elle se jeta littéralement dans ses bras, si bien qu’il faillit tomber à la renverse. Ils se sourirent et, avec un regard entendu, se précipitèrent jusqu’à leur loge. Là, ils s’embrassèrent sans retenue. Comme Ludivine était trop petite pour lui, il la fit asseoir sur la tablette pour que leur activité soit plus confortable.
De leur côté, Pierrick et Aline venaient d’arriver à l’école de théâtre, légèrement en retard. En effet, Mary-Lou ne voulant pas libérer la salle de bain, la jeune femme avait dû attendre un certain temps avant que son meilleur ami soit prêt à partir.
- On est en retard, on est en retard, on est retard, répéta Pierrick, marchant à pas pressé dans le couloir menant à la Section A. Je le sens mal, Linette, je le sens très mal… J’suis même certain que Lulu est déjà là, elle. Et pourtant, c’est toujours la dernière. Benji va nous tuer, Benji va nous haïr, Benji va nous tordre le…
- Je ne comprends pas pourquoi il n’a pas répondu à mes textos, ni à mes appels, coupa Aline, visiblement inquiète.
- Tu te fais du souci pour rien. Xavier va très bien. C’est le mec le plus robuste que je connaisse !
- Ça fait 48 heures que je n’ai plus de nouvelles.
- Et alors ? Il n’est pas à l’Hôtel-Dieu pour autant ! Peut-être qu’il est dans sa loge, en fait…
Ils entrèrent dans le petit salon de la Section A et saluèrent les autres comédiens. Ceux-ci parlaient de l’étrange comportement de Xavier et Ludivine.
- Xav’ est là ? demanda Aline, pleine d’espoir.
- Ben ouais, comme d’hab’ ! Même Lulu est là ! répondit Mathilde.
Persuadés que leur ami se trouvait dans sa loge, ils remontèrent à grands pas le petit couloir qui y donnait accès. Comme à son habitude, Pierrick ouvrit la porte de la petite pièce sans frapper et surprit Xavier et Ludivine en train de s’embrasser dans une position compromettante. Choqué, il referma aussitôt la porte et se tourna vers sa meilleure amie.
- Aline. Sois forte.
- Qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-elle, anxieuse.
- Aline. Sois forte. Je sais que tu vas souffrir. Mais tu es très courageuse, alors tu arriveras à surmonter cette épreuve terrible.
- Accouche.
- Ma chérie, tu sais que ma porte est toujours ouverte si tu as besoin de te défouler. Je comprends que tu sois triste et furieuse, mais Xavier n’est plus…
- Putain, Pierrot !
Exaspérée, la jeune femme ouvrit la porte de la loge et découvrit le couple enlacé. Elle ouvrit la bouche, mais aucun son n’en sortit.
- Célibataire… termina Pierrick, en prenant Aline dans ses bras. Du calme, mon Hypopotamus adoré, du calme, respire…
- Le salaud ! C’est pour ça qu’il ne répondait pas à mes textos ! Xavier ! T’aurais pu prévenir que tu t’étais enfin casé, merde ! s’écria la comédienne, quand ses cordes vocales retrouvèrent leur usage.
L’intéressé se détacha à contrecœur de Ludivine, et l’aida sans un mot à descendre de la tablette. Celle-ci, d’abord gênée, se reprit bien vite et se hâta de faire la bise aux deux nouveaux venus.
- Je vais faire pipi, fit-elle, anxieuse, voyant que personne ne disait mot.
Elle quitta la loge sur la pointe des pieds, tandis qu’Aline croisait les bras. Quand la porte se referma, aucun des trois comédiens ne bougea.
- J’attends des explications, dit calmement la jeune femme.
- Tu vas les attendre longtemps. Je n’en ai pas.
- Hum… je vais faire pipi, décida Pierrick, pensant qu’il valait mieux laisser ses deux meilleurs amis seuls.
Dès qu’il sortit de la pièce, Xavier et Aline se toisèrent un instant, sans un mot, jusqu’à ce que la jeune femme se précipite dans ses bras.
- Je sais ce que tu penses, lui murmura-t-il en caressant soigneusement ses cheveux. Mais je suis toujours là Aline… Lulu ne m’a pas fait disparaître d’un coup de baguette magique, n’est-ce pas ?
Elle hocha la tête en silence et glissa ses mains glacées sous sa chemise. Dès que leurs peaux rentrèrent en contact, Xavier ferma les yeux.
- Tu n’as jamais mis cette chemise pour moi.
- Je ne l’avais pas encore quand je t’ai connue.
- Plus tard. Tu ne l’as jamais fait.
- Si.
- Quand ?
- Pour tes 18 ans.
- C’est vrai… avoua-t-elle, déçue, après un silence.
Il y eut un nouveau silence, qui dura plus longtemps que le précédent et dans lequel aucun des deux comédiens ne desserra leur étreinte.
- Aline, tu sais ce qui me ferait plaisir ?
- Dis toujours.
- J’aimerais que tu trouves quelqu’un de bien.
- Impossible. Tu es unique.
- Tu crois ça ?
- J’en suis certaine. Il n’y a qu’un Xavier.
- Non, Aline, fit le jeune homme en secouant la tête. Il y a des centaines de Xavier dans le monde. Ils sont comme moi, des Xavier à part entière (peut-être qu’il y en a même un qui est un vrai polytechnicien, qui sait ?!). Et un jour, tu trouveras un super Xavier… qui ne s’appellera peut-être pas Xavier, mais ce sera un Xavier quand même.
La jeune femme soupira bruyamment pour lui montrer son désaccord. Cependant, le comédien l’ignora totalement.
- Du moment que le vrai Xavier est à côté de toi, accorda-t-il, en rigolant tout doucement.
- Humpf…
- Et pourquoi pas Pierrick, hein ? Je serais beaucoup plus confiant si c’était avec lui au lieu d’un autre…
Aline ouvrit les yeux ronds et repoussa brutalement Xavier contre la tablette.
- Ce triple imbécile ?! Ce dégénéré du cerveau ?! Mais Xav’, retombe sur terre, bon sang !
- J’y suis déjà.
- Non, mais attends… ! Je suis choquée, là ! Lui… et moi ?! Non, non, non ! Tu viens de dire une grosse connerie, si grosse que je ne pourrai jamais te pardonner ! Tu viens de casser quelque chose ! Et arrête de rire comme ça, c’est frustrant !
- Mais Linette…
- Arrête, j’ai dit ! Et cesse de m’appeler Linette, je déteste ça !
- D’accord, d’accord… Ma parole, c’est que tu mordrais !
- Mouais, mouais, grogna Aline, vexée.
Xavier rit de bon cœur et lui colla un bisou mouillé sur la joue, qui la renfrogna davantage. Ensuite, d’un commun accord, ils partirent retrouver Pierrick et Ludivine, occupés à discuter dans le petit salon de la Section A (personne ne savait s’ils étaient réellement allés aux toilettes). Le comédien expliquait à la petite blonde que Xavier voudrait certainement rassurer Aline pendant quelque temps.
- Tu comprends, elle n’a pas l’habitude de le voir avec une petite amie.
- Oui.
- Il faut qu’elle se fasse une raison. Ça prend du temps, surtout si elle déteste la petite amie en question, continua Pierrick alors que Ludivine s’affolait. Non, non, mais toi, elle t’aime bien, Lulu… Heureusement, heureusement ! Vaut mieux que tu ne la connaisses pas quand elle est furieuse… C’est qu’elle t’arracherait un œil, cette lionne ! Mais Lulu, ne te mets pas dans tous tes états, voyons !
La jeune fille venait de tomber sur le petit canapé, blanche comme un cachet d’aspirine. Elle se recroquevilla sur elle-même lorsque Xavier et Aline firent leur apparition. Ceux-ci s’inquiétèrent aussitôt de son comportement.
- Lulu, ça ne va pas ? demanda le jeune homme.
- Si, si.
- T’es sûre ? voulut savoir Aline.
Voyant qu’elle ne répondait pas et qu’elle tournait de l’œil, la jeune femme fronça les sourcils, et la petite blonde se crispa davantage.
- Pierrot… qu’est-ce que tu as encore dit à Ludivine sur mon compte ? gronda-t-elle, les mains sur les hanches.
- Moi ? Mais rien du tout !
- Ne me mens pas, triple andouille !
- Mais je ne mens pas !
- C’est ça ! Alors pourquoi elle est terrifiée, à ton avis ?!
- Peut-être qu’elle stresse parce que son téléphone portable ne marche plus.
- Pierrot… tu trouves vraiment des excuses merdiques, soupira Aline, blasée.
Voyant que la comédienne avait trouvé refuge dans les bras de Xavier, elle oublia momentanément sa petite altercation avec Pierrick et se radoucit.
- Lulu… Quoi que ce clown ait pu te dire sur mon sujet, sache que ce n’est pas vrai, lui confia-t-elle, en lui caressant la joue.
- D’accord, lâcha Ludivine, rassurée.
Benjamin mit fin à leur conversation et ordonna à ses dix comédiens de s’installer illico presto dans l’amphithéâtre. N’étant que dix, la salle était trop grande pour eux, mais détenait officiellement le titre de « salle de cours » pour la partie théorique du programme. Évidemment, ils s’assirent tous au fond, à l’exception d’Emma qui posa son sac au premier rang.
- Ah non ! Ludivine et Xavier ! s’écria Benjamin, les poings sur les hanches. Je ne veux pas vous voir à côté !
- On n’a rien fait ! protesta le jeune homme.
- Je ne veux pas être séparée de mon Xavier, brailla Ludivine, dont la voix résonna dans tout l’amphithéâtre.
- Tu es un monstre, Benji, fit posément Pierrick. N’as-tu pas honte de séparer deux amoureux tout frais ?
- Non, répondit franchement le professeur. Non, parce qu’ils sont tous les deux dans mon cours, et que si je ne les sépare pas, je vais les voir se faire des bisous toutes les deux minutes !
Malheureusement pour lui, Xavier et Ludivine étaient deux comédiens bornés et résistèrent fermement. Benjamin n’eut pas d’autres choix que d’accepter la situation.
- Étrange que notre chère Emma se soit assise seule au premier rang, nota Pierrick. Je me demande ce qu’elle a en tête.
- Tu as vu son maquillage ? s’étonna Mathilde, qui était assise à côté de lui. On dirait une Néfertiti des temps modernes !
Aline hocha la tête et fronça les sourcils. C’est alors que Ludivine découvrit une lueur qu’elle n’avait jamais vue dans les prunelles de la jeune femme. Une lueur qui soulignait une méfiance continue, et aussi autre chose, que la petite blonde ne saurait définir.
- Arrête de regarder Emma comme ça, on dirait que tu vas lui faire subir d’atroces souffrances, chuchota Pierrick.
- Elle n’est pas en tête de ma liste de victimes, répondit Aline. Avant de m’occuper de son cas, je dois d’abord régler le compte d’une autre personne… n’est-ce pas, Xavier ?
- Je ne vois pas de qui tu parles, fit le comédien, indifférent.
Ludivine, qui avait entendu toute la conversation, sauta sur l’occasion pour lancer un premier interrogatoire.
- À qui tu vas régler son compte ? demanda-t-elle naïvement.
- À personne, répliquèrent précipitamment Aline et Xavier.
- À Ca… commença Pierrick.
- À personne ! hurla la jeune femme.
Tous les regards se tournèrent vers elle, celui du prof y compris. Ce dernier était furieux de constater que ses élèves ne l’écoutaient pas.
- Tout va bien ? ironisa Benjamin.
- Absolument, tout va bien, répondit Aline en gardant sa dignité.
- Dans ce cas, tu peux me dire qui est Jean Giraudoux.
- Je pourrais, en effet, mais tu sais déjà qui c’est, alors je n’ai pas besoin de te l’apprendre.
Le prof soupira. Qu’est-ce que ses élèves ne feraient pas pour ne pas se faire interroger ? La seule à lever la main fut Ludivine, dont les connaissances littéraires étaient (presque) sans limites.
- Moi, je sais qui c’est ! Je veux bien te le dire, Benji, si tu ne le sais pas. C’est un dramaturge français du vingtième siècle. Il a écrit plein de choses, même des romans ! En pièces de théâtre, ses œuvres les plus connues sont Électre, La guerre de Troie n’aura pas lieu, Intermezzo, et… merde ! C’est quoi déjà le nom ?! Oh non… J’ai un trou !
Pendant que Ludivine cogitait pour trouver le nom de la pièce manquante, quelque chose d’étonnant se produit. Emma leva la main. Claire resta muette, Aline plissa les yeux, et Pierrick regarda Xavier, intrigué. Même Benjamin était surpris.
- Euh… Emma ?
- Le titre qu’elle ne trouve pas, je le connais.
Une enclume invisible tomba brutalement sur Ludivine. Elle semblait consternée.
- Ben, vas-y ! Si tu le sais, on t’écoute ! lança Simon, frustré.
- C’est Ondine.
- Ondine ! Mais oui, Ondine ! s’écria la plus jeune comédienne. Je l’avais complètement zappée, celle-là !
- Tu l’as déjà étudiée ?
- Pas du tout.
- Tant mieux ! s’écria le prof en écrivant le nom de la pièce au tableau.
- Attends deux minutes ! intervint Tristan, en se levant. Ne me dis pas qu’Ondine est la pièce qu’on va jouer pour l’examen ! Ça a l’air d’être une pièce de… filles !
- Ça ne t’intéresse donc pas de jouer cette pièce entouré de filles à moitié nues ? demanda Benjamin, faussement déçu.
Ludivine, Emma, Aline, Mathilde et Claire voulurent protester, mais Pierrick avait déjà réagi.
- Excellent ! Bien sûr que ça l’intéresse, à notre petit Tristan ! Ça nous intéresse tous Benji, nous sommes tous partants pour cette pièce !
- Non ! Pas moi ! hurla Ludivine, terrifiée. Benjamin ! Si tu persistes, je quitte cette école pour l’école cinématographique de Cannes !
- Je croyais que tu ne voulais pas faire de cinéma, riposta le prof.
- Tout plutôt que d’être à moitié nue !
Benjamin ne dit rien, et commença à distribuer les scénarios. Aline avait remarqué qu’Emma abordait un sourire satisfait, et en comprit aussitôt la raison.
- Elle veut le premier rôle ! Tout ce maquillage, tous ces regards à Benji, et tout ! Elle s’est mise devant pour se faire voir comme une élève parfaite ! Cette idiote veut le premier rôle !
- Et elle l’aura, marmonna Xavier, irrité. Son père a certainement dû signer un chèque…
- Mais il n’est pas comme ça Benji, remarqua Ludivine. Il n’encaisse pas les chèques si facilement.
- Et pourquoi pas ? Signe-moi un chèque de la somme que tu veux, tu vas voir si je ne l’encaisse pas !
- Xavier jouera Hans, premier rôle masculin, lut Benjamin sur sa petite fiche.
- Je plains ta place si Emma est Ondine, affirma Pierrick, en donnant une tape amicale à son meilleur ami.
La Section A apprit donc que Pierrick serait le Roi des Ondins, que Tristan était dans la peau du chevalier Bertram ainsi que dans celle du poète, et que Simon et Grégoire interprétaient trois rôles chacun. L’effectif de comédiens n’étant pas assez élevé, Benjamin avait dû s’organiser pour que tous ses élèves aient un quota de répliques plus ou moins égal, sans apparaître deux fois dans la même scène sous deux rôles différents. Le professeur avait aussi décidé que les meilleurs élèves de la Section B feraient office de serviteurs et de courtisans. Les problèmes se manifestèrent surtout pour la distribution des rôles féminins.
Ondine : Ludivine
Tels étaient les mots que Benjamin avait écrits au tableau. Deux personnes avaient protesté suite à cette annonce.
- Non ! s’écria Emma.
- Non ! répéta Ludivine.
- Pourquoi elle ?!
- Pourquoi moi ?!
Les deux blondes s’étaient levées, furieuses, et étaient allées à la rencontre de leur professeur.
- Je ne suis pas d’accord ! continua Emma.
- Je ne veux pas ce rôle ! s’exclama Ludivine.
- Toujours les mêmes qui sont avantagés !
- Je préfère les rôles des servantes ! Et si y’a pas de servantes, je veux un rôle plus petit et plus malicieux ! Je ne suis ni tragique, ni romantique ! Je suis comique ! Et je veux un rôle comique comme Arlequin ou…
- Je ne changerai pas d’avis, dit sèchement Benjamin. Et j’ai renvoyé son chèque à ton père, Emma. Demande-lui de ne pas me harceler.
La blonde piqua un fard, tandis que Xavier arborait un sourire amer.
- Tu seras Vénus, parce que tu es belle. Tu seras une sœur d’Ondine, parce que tu as une belle voix. Tu seras une Dame de la Cour, parce que tu es élégante. Mathilde et Claire joueront trois ou quatre rôles chacune parce qu’elles sont facilement capables de changer d’apparence. Aline interprétera Bertha, parce qu’elle est ténébreuse. Et, tu vois Emma, Ludivine sera Ondine, parce qu’elle est déjà Ondine.
- Non ! cria Ludivine.
- Si vous n’êtes pas à votre avantage le jour de la représentation, vous pouvez dire adieu à votre diplôme ! Je ne peux pas mettre Aline en Fille de Vaisselle, elle serait nulle. Je ne peux pas mettre Ludivine dans le rôle d’Aline, parce que ce serait une coquille vide ! Je ne peux pas mettre Emma dans le rôle de Ludivine, parce qu’elle jouerait comme un pied ! Il vous faut à tous et à toutes un personnage qui colle avec votre personnalité ! Et si je vous dis que Ludivine est Ondine, c’est qu’elle l’est réellement ! Je vous donne le reste de la journée pour lire le scénario, et j’attends que vous me donniez votre avis sur Ondine dès demain ! Allez, maintenant, sortez d’ici, je ne veux plus vous voir !
Jamais les comédiens n’avaient vu leur professeur si furieux. En sortant de l’amphithéâtre, Ludivine et Emma boudaient, et les autres élèves râlaient.
- Il se met même en colère contre ceux qui n’ont rien fait ! Il me saoule parfois, Benji ! pesta Mathilde.
- Il se met en colère quand il dit vrai, et qu’on ne veut pas le croire, raisonna Grégoire. À mon avis, il doit avoir raison, et le pire, c’est qu’on le sait tous.
- J’ai besoin d’un câlin, et si j’en ai un, je jouerais Ondine sans rechigner, réclama Ludivine.
C’était, bien entendu, un ultimatum adressé à Xavier, qui ne fit pas prier pour obéir.
C’était trois jours avant les vacances de Noël. Il avait été décidé d’approfondir l’histoire d’Ondine et la psychologie des personnages durant une journée. Le lendemain serait consacré aux répétitions du spectacle de Noël, et le dernier jour au spectacle lui-même.
- Tu t’appelles Ondine, n’est-ce pas ?
- Oui. Et je suis une ondine.
- Tu as quel âge ? Quinze ans ?
- Quinze ans. Et je suis née depuis des siècles. Et je ne mourrai jamais…
Tout le monde avait été d’accord. Benjamin avait raison. Ludivine était Ondine. Elle seule dans la troupe pouvait succéder à Madeleine Ozeray, Audrey Hepburn, Isabelle Adjani et Laetitia Casta, les quatre précédentes Ondine. Et il y avait aussi autre chose. Autre chose qui montrait que c’était elle, et pas une autre. Ludivine était fraîche, futée, dynamique, naïve, rigolote, innocente, et très expressive, soit le profil parfait du personnage principal. La jeune fille se rendait compte au fur et à mesure de cette ressemblance et acceptait beaucoup mieux son rôle.
- Ô reine Yseult, que faites-vous ! s’étonna Ludivine d’une petite voix, alors que Mathilde se jetait à ses pieds pour lui baiser les mains.
- Yseult te dit merci.
- Merci ?
- Merci pour la leçon d’amour… Que le ciel juge. Laissons faire les recettes d’Ondine.
- Oui, je suis une ondine.
- Et le filtre des quinze ans…
- Quinze ans dans un mois. Et je suis née depuis des siècles. Et je ne mourrai jamais…
Il n’avait fallu à la Section A qu’une seule lecture pour aimer passionnément Ondine. Pierrick était très content de jouer le terrible Roi des Ondins (rien que le titre de roi faisait naître en lui un immense sentiment de béatitude). Il était celui qui laisserait vivre Ondine son amour chez les humains, en échange d’un pacte avec elle. Si Hans la trompait, il mourrait. Hans, étant interprété par Xavier, avait un peu marronné quand il avait su qu’il devrait mourir à la fin de la pièce.
- J’en ai marre ! Pourquoi je dois toujours mourir à chaque fois ?! Merde à la fin ! Devant le public, en plus !
- Comme c’est dommage, comme je l’aurais aimé… répéta Ludivine.
- Et moi, qu’est-ce que je deviens à la fin ? Je reste sur scène ? Je sors en pleurant ? Ou je me plante un couteau en plein cœur, désespérée que Hans soit mort le jour de notre mariage ? demanda Aline, en tapant du pied.
La rivale d’Ondine lui vouait mille et une rancœurs. D’abord fiancée à Hans, il l’avait délaissée sans regret pour Ondine, une femme totalement différente et pas même humaine. L’ondine avait révélé la véritable naissance de Bertha devant toute la cour du roi, ce qui provoqua son rejet. Ludivine appréhendait beaucoup ses scènes avec Aline, étant donné que leurs relations devaient être haineuses, et que ce sentiment la mettait mal à l’aise par rapport à la comédienne qu’elle adorait.
- Mais arrêtez de dire que je vais mourir ! On peut bien modifier le script pour que je vive heureux avec Ondine, non ?
- Certainement pas, Xavier, répliqua sèchement Benjamin.
- Et c’est obligé que je sois toute nue ? questionna Emma.
- Ce serait un cauchemar éveillé, commenta Pierrick.
- Et pourtant, c’est toi qui me fais apparaître comme ça.
- C’est pas pour me rincer l’œil, je te rassure. Tu oublies que je suis illusionniste. Désolé de te décevoir Emma, mais tu ne seras donc qu’une illusion dans cette scène.
- Connard.
Ils n’eurent pas le temps de se chamailler davantage, car la cloche sonna la fin du cours. Les comédiens étaient bien contents de rentrer chez eux, à l’exception de Ludivine, qui ne voulait pas quitter Xavier.
- Un quart d’heure pour se dire au revoir, je ne le crois pas ! soupira Aline, qui observait les deux amoureux s’embrasser une énième fois.
- Bon, Ludivine, stop ! pesta Pierrick, qui en avait assez.
- Non ! Encore !
Dix minutes plus tard, ils se séparèrent pour de bon. Ludivine rentrait avec Pierrick, et Xavier et Aline partaient de leur côté. Noël approchait, et le jeune homme désirait offrir un beau cadeau à Ludivine. Il avait entraîné sa meilleure amie dans un centre commercial pour qu’elle le conseille.
- T’as une idée de ce que je pourrais lui acheter ?
- Un petit parfum, proposa Aline.
- Absolument pas.
- C’est pas forcément cher, et ça fait toujours plaisir !
- Non, non ! Je ne vais quand même pas offrir un parfum à Ludivine !
- Et pourquoi pas ?
- Parce que c’est pas assez !
Et comble du comble, il prit la direction d’une bijouterie, ce qui eut pour effet de susciter un début de fureur chez Aline.
- Xavier ! Ne me dis pas que… ! Oh non ! Je ne veux pas savoir…Oh Xav’, tu ne vas quand même pas lui offrir un bijou ?!
- Si, répondit sérieusement le comédien.
- Mais c’est du suicide ! hurla Aline. Bon sang, et tes économies alors ?! T’as pas de fric Xavier, comment tu veux… Mais tu vas être à découvert !
- Tu dis n’importe quoi.
- Je suis ta bonne conscience Xavier, écoute-moi ! Ce genre de cadeaux n’entre pas dans tes prix ! Et pourquoi un bijou, d’abord ? Pourquoi pas un CD de son artiste préféré, un film qu’elle adore, un assortiment de petits gâteaux, ou un joli petit sac ?
- Aline… Ludivine vaut plus que ça. Je veux un truc qui se conserve très longtemps. Je veux la remercier comme il se doit pour tout ce qu’elle m’apporte.
- Décidément, tu ne dis que des conneries quand t’es amoureux, toi ! Ludivine va te gueuler dessus si tu lui offres un bijou que tu n’as même pas les moyens d’acheter ! Tu sais bien qu’elle va t’en vouloir si tu dépenses trop d’argent pour elle…
- Je sais mais… j’ai envie de lui offrir ça.
- Pas bien, Xavier, pas bien, pas bien du tout !
Aline essaya tant bien que mal de l’empêcher d’avancer vers les présentoirs, mais Xavier était beaucoup plus fort qu’elle, et ses efforts furent vains. En vitrine étaient étalés des dizaines de bijoux. Colliers, bagues, bracelets, boucles d’oreilles, broches… Tout était beau, et le jeune homme voulait tout acheter. Les prix étaient tout aussi merveilleux… il n’y avait rien en dessous de vingt euros. Aline le regardait blêmir, avec un sourire amer collé aux lèvres.
- Alors ? Tu trouves ton bonheur ? ironisa-t-elle.
- Euh… c’est beau mais c’est cher… très cher, même…
- Des bijoux, elle peut en avoir autant qu’elle veut, remarqua la comédienne avec douceur. Ses parents peuvent lui en offrir. Tu devrais laisser tomber, Xavier. Ton compte bancaire te dira merci.
- Non !
Voyant qu’il persistait, elle eut pitié de lui et l’aida à trouver quelque chose de beau et pas très cher. Elle mit de côté les boucles d’oreilles (Ludivine en portait déjà) et, au plus grand désespoir de Xavier, les gros diamants, rubis, émeraudes, saphirs et autres pierres précieuses.
- Et oui Xav’, c’est ça ou rien ! s’exclama-t-elle en désignant les bijoux restants. Argent, or ou plaqué ?
- Or.
- Pourquoi ne m’en suis-je pas doutée ? Les bagues sont trop chères, Xavier, il faut les zapper. Il te reste les bracelets ou les colliers.
- Les colliers.
- Bon, nous avançons, nous avançons.
Il y avait des pendentifs en or très mignons. Les prix n’étaient pas excessivement élevés. Après un choix difficile, le jeune homme choisit un petit cœur doré avec un minuscule diamant au milieu, avec la chaîne en or.
- 55 euros, lut Aline, peu convaincue. Mais bon, puisque le reste ne te plait pas… De toute façon, Monsieur Lusvardi ne voudra certainement pas acheter quelque chose de moins cher à sa dulcinée.
- Tout à fait, répondit Xavier, en sortant son portefeuille de son sac.
- Et je suppose que Pierrick aura un tournevis pour Noël, et que j’aurai une savonnette…
- Tu supposes mal.
- Ah. C’est ta sœur qui aura la savonnette, alors. Et moi, j’aurai un gant de toilette tout neuf acheté à Tout à Dix Balles.
Xavier explosa de rire, et ébouriffa les cheveux de sa meilleure amie.
- Ce que tu peux être susceptible, Aline !
Le lendemain matin, alors que le cadeau de Xavier attendait sagement dans un petit écrin…
- Claire ! s’écria Ludivine, en débarquant dans le petit salon de la Section A. Regarde, regarde, regarde !
La comédienne accourut vers la blonde, qui sortait un CD de son petit sac bandoulière.
- Oh ! Tu l’as ! Tu l’as !
- Oui, je l’ai ! Je l’ai !
- Je peux savoir ce que tu as, qui est plus important que de me dire bonjour ? intervint Xavier, vexé, en arrivant à son tour.
- Le dernier album de Vanessa Paradis ! répondit fièrement Ludivine, en lui mettant le disque sous le nez.
- Ah. Et alors ?
- Crétin ! Cet album est une merveille ! s’exclama Claire, qui lui arracha aussitôt le CD des mains pour le plaquer contre sa poitrine.
- D’accord… mais à part ça ?
- Il est dédicacé ! brailla Ludivine, en bombant la poitrine. Il est dédicacé grâce à moi ! Par Vanessa Paradis en personne !
Claire, étant une adoratrice coriace de l’artiste en question, sauta de joie et caressa l’album comme s’il s’agissait d’un joyau. Sur la couverture de l’album, il y avait, en effet, un petit mot écrit au feutre indélébile. Aucun doute. Il était bel et bien adressé à Claire, par Vanessa Paradis.
- Oh… je vois… fit Xavier, étonné. Mais comment tu as réussi à avoir son autographe, Lulu ?
- Grâce à ma Maman ! Je peux avoir tous les autographes que je veux, excepté celui de Michael Jackson parce qu’il ne sort jamais de son trou ! C’est chouette, je peux les collectionner ! C’est mon parrain qui a récupéré le CD chez ma Maman, et qui me l’a donné hier soir ! Tu sais que j’ai un petit classeur avec tous les autographes que ma Maman a collectés pour moi et…
- Merci Ludivine ! hurla Claire, après s’être rassurée que l’autographe ne fût pas truqué. Merci, Seigneur, merci ! Mon rêve s’est réalisé !
- Faudra que je lui demande l’autographe de Johnny Depp…fit pensivement la jeune fille, sans écouter son amie.
- J’aimerai tant avoir celui d’Éva Maël !
Xavier remarqua que Ludivine semblait être retombée de son petit nuage. Elle voulut dire quelque chose, mais se tut… avant d’ouvrir la bouche à nouveau.
- Tu… tu aimes Éva Maël ? demanda-t-elle, hébétée.
- Si je l’aime ? Mais je l’adore, Lulu, je l’adore ! C’est mon artiste préférée, avec Vanessa !
- Ah bon ?
- Oui !
- Tu connais Éva Maël, Xavier ? voulut savoir Ludivine.
- Un peu… elle est assez connue, accorda le jeune homme.
- Ah. Bon, Claire. Dès que je peux, je te ramène un autographe d’Éva Maël.
- Oh ! Merci Lulu ! Merci, merci, merci !
Comme il restait peu de temps avant le début des répétitions du spectacle de Noël, Ludivine et Xavier se hâtèrent de faire un détour par leur loge, pour qu’elle puisse poser ses affaires et qu’il lui offre son cadeau en toute intimité.
- Comment ta mère peut-elle arriver à avoir autant d’autographes ? demanda Xavier, curieux.
- Elle est maquilleuse, raconta Ludivine.
- Ah… tout s’éclaire ! Au fait, Lulu, j’ai quelque chose pour toi.
- Oh ? C’est quoi ? C’est quoi ? C’est quoi ?
- Ton cadeau de Noël à l’avance.
- Oh ! Je veux ! Je veux ! Je veux !
Le visage fendu en deux, telle une enfant au matin de Noël, elle lui arracha le petit paquet des mains et s’empressa de l’ouvrir. Son sourire disparut aussitôt dès qu’elle découvrit le collier.
- Qu’est-ce qu’il y a ? Ça ne te plaît pas ? s’inquiéta Xavier.
- Si… c’est très joli, répondit-elle tristement. Mais tu as dû payer ça très cher.
- C’est pas ton souci.
- Si, c’est mon souci, parce que je ne veux pas que tu dépenses trop de sous… Surtout pour moi.
- Ludivine, tu ne peux pas le refuser. C’est un cadeau, et crois-moi, ça me fait très plaisir de te l’offrir…
Peu convaincue, elle hocha quand même la tête et il l’aida à enfiler le pendentif. Au final, elle était contente de son cadeau et ne cessait de se regarder dans le miroir.
- Quand je reviendrai à la rentrée, j’apporterai tous mes cadeaux pour vous, révéla Ludivine.
- Ah ? fit Xavier, gêné.
- Oui, je jouerai à la Maman Noël. J’ai acheté des cadeaux pour tout le monde ! Même pour Emma !
- T’es trop gentille Lulu. Que vas-tu lui offrir ? Du mascara ?
- Non. Un bambou en pot.
Le jeune homme éclata de rire, ce qui eut pour effet de frustrer la comédienne.
- Hey ! Ce n’est pas marrant !
- Mais un bambou en pot, Lulu ! Elle ne saurait pas ce que c’est, que ça ne m’étonnerait pas !
- Et alors ? C’est l’intention qui compte, non ?
- Repenti… j’ai trahi…
Grégoire murmura les derniers mots de sa chanson. Il n’y avait pas beaucoup de personnes présentes pour admirer les élèves de l’école de théâtre. Ce spectacle était à la fois amusant et mélancolique. Une dame dans la salle pleurait. Elle n’était pas seule. Il y avait aussi une comédienne qui pleurait à chaudes larmes en coulisse.
- Pourquoi ?! Pourquoi ils ne sont pas venus ?! Ils avaient dit qu’ils viendraient ! sanglota Ludivine, calée dans les bras de Xavier.
Les parents de la jeune fille n’avaient pas pu se déplacer, et elle souffrait de leur absence. Cette absence datait d’ailleurs depuis bien plus longtemps qu’elle ne le laissait croire. Benjamin et Xavier ne savaient quoi dire pour la consoler.
- Ton parrain est quand même venu… nota le prof.
- Je m’en fous de lui ! Je le vois tout le temps…
- Mais tu vas bientôt revoir tes parents puisque tu redescends chez toi demain soir…
- Je les veux maintenant… Ils ne sont pas venus !
- Tu sais Lulu, ce n’est pas parce que tes parents n’ont pas pu venir qu’ils ne t’aiment plus. Ils ont eu un empêchement, c’est tout. Ta mère doit être très occupée avec son travail. Et puis, pense que ma mère n’a jamais fait l’effort de venir me voir jouer au théâtre. Et ce n’est pas parce qu’elle ne peut pas, c’est parce qu’elle ne veut pas.
Ludivine se tut quelques secondes et en profita pour renifler bruyamment.
- Les miens, ils n’ont jamais raté une seule représentation !
- Et ce soir, on ne peut pas vraiment parler d’une représentation, voulut rassurer Benjamin. Pas même la moitié de la salle est remplie. Alors, fais un petit effort Ludivine, sinon tu ne seras pas en état de jouer, et tes parents seront déçus quand ils l’apprendront.
Elle hocha la tête et attrapa le large mouchoir que l’on lui tendait pour se moucher bruyamment. Aline arriva en renfort pour lui redonner le sourire.
- Allez Lulu ! Viens, on va voir Pierrot faire le con sur scène !
Pierrick, comme à son habitude, s’était mis sur son 31 humoristique. C’était un humour spécial, et qui ne plaisait pas forcément à tout le monde (comme Aline). Lové contre une fausse fenêtre, le comédien reflétait une image perverse de l’homme.
- J’ai toujours préféré aux voisins mes voisines, qui vident leurs armoires en quête de décision… chantait-il à tue-tête. Dans une heure environ, tu choisiras le jean ; tu l’enfileras bien sûr dans mon champ de vision !
Aline soupira de consternation. Voilà que cet abruti se mettait à caressant amoureusement sa fenêtre en carton.
- De ma fenêtre, en face, je caresse le plexiglas ! Concurrence déloyale de ton chauffage central !
Dans les coulisses, Ludivine ne put s’empêcher de pouffer de rire.
- Il est trop notre Pierrot adoré, remarqua-t-elle, en tirant sur la manche de son petit ami.
- C’est juste un pervers condamné à nous casser les pieds avec ses filles en string ou bikini ! marmonna Aline.
- Mais c’est notre Pierrot quand même.
- Normal Lulu. Personne d’autre ne le veut. Un tel abruti ? Tout le monde s’en passerait.
- Oh Aline, tu es dure ! s’exclama Xavier.
- Non, réaliste. N’empêche, qu’est-ce que je ferai sans cet idiot que j’adore ? Oh… Emma, t’as fait une fausse note !
Emma, occupée à faire des vocalises en attendant son tour de scène, foudroya du regard la comédienne. Elle n’appréciait pas particulièrement ce genre de remarques concernant sa voix, d’autant plus qu’elle chantait comme un rossignol, ce que même Xavier reconnaissait. Malheureusement pour la jeune femme, Ludivine arrivait elle aussi à sa hauteur, ce qui n’était pas pour lui plaire.
- Pierrick a fini. Ça va être à nous, prévint Xavier en poussant ses deux camarades vers le rideau.
- Ne stressez pas les amis, s’exclama Simon. Vous allez encore déchirer la baraque, comme d’habitude !
- Oh… embrassez-vous sur moi ! s’écria Aline.
- Je n’aime que toi ! chantonna Ludivine, en sautillant, prête à bondir sur scène.
- Ne bouge pas, mon chéri, que je t’arrange un peu !
Impuissant, Xavier se laissa tripoter par sa mère. Elena, rayonnante, épousseta son costume et resserra sa cravate. Adossée contre la porte, Liz observait la scène avec indifférence.
- Sommes-nous vraiment obligés de t’accompagner ? marmonna-t-elle.
- Évidemment ! Que va dire notre Père s’il ne vous voit pas à la Messe de Minuit ?! s’esclaffa la mère.
- Il dira « j’aurai dû m’en douter », répondit Xavier. Te connaissant, tu as déjà dû passer à confesse pour lui dire que ton terrible fils est comédien, et que Liz et moi ne sommes malheureusement pas croyants… Maman, pas la peine d’essayer de m’étrangler avec ma cravate, je dis la vérité, c’est tout.
Liz et Xavier maudissaient le ciel de leur avoir donné une mère catholique croyante et pratiquante. Jusqu’à leur adolescence, ils avaient été obligés de la suivre chaque dimanche à la messe. Pour Elena, il était hors de question de manquer un seul cours de catéchisme, au prix d’une sévère punition. Dès que leur éducation religieuse prit fin, Xavier commença le théâtre, au grand dam de sa mère. C’était le début d’une plus grande liberté, et depuis, ni le jeune homme ni sa sœur ne se rendirent à la Basilique du Sacré-Cœur pour accomplir leur devoir religieux. La seule obligation restée était leur présence à la Messe de Minuit, la nuit de Noël.
- Tu ressembles tellement à ton père ! s’exclama Elena en se reculant pour observer son fils.
- C’est un compliment ? ironisa Xavier.
Elle fit mine de n’avoir rien entendu, et se tourna vers sa fille aînée. Pour la nuit de Noël, Liz arborait sa robe courte blanche comme neige avec des collants noirs. Xavier était persuadé qu’il s’agissait de sa tenue la plus sage. Après avoir analysé minutieusement ses enfants, la mère partit à la recherche de son manteau. C’est alors que Liz, la mine inquiète, s’approcha de son frère.
- Xavier, c’est terrible…
- Quoi ?
- Je ne connais pas mes prières.
- Bienvenue au club !
- Mais elle va nous tuer si elle s’en aperçoit !
- Et bien, tu ne mourras pas seule !
- Mais…
- Mais fais-moi confiance Liz. Tout se passera bien si tu fais comme moi.
- C’est-à-dire ?
- Commence par arrêter de faire la gueule.
Elle voulut protester, mais leur mère revenait déjà vers eux, le visage fendu en deux. Le jour de Noël était sans doute celui où elle était la plus heureuse. Même enfants, Xavier et Liz n’étaient pas aussi enthousiastes qu’elle en ce jour sacré.
- Vous êtes prêts ? demanda-t-elle joyeusement.
- On t’attendait, répondit Xavier en lui souriant en retour.
Il tendit ses bras à sa mère et Liz, et ils prirent tranquillement le chemin du Sacré-Cœur de Montmartre. Il y avait un monde fou, et Elena tenait absolument à discuter avec l’évêque. Quand ils le trouvèrent, elle s’élança à sa rencontre si joyeusement que cela fit sourire Xavier.
- Vous vous souvenez sans doute de ma fille Liz, et de mon fils Xavier, fit-elle en les regardant fièrement.
- Bien entendu, répondit l’évêque, en inclinant la tête vers eux.
Liz, qui ne savait comment réagir, constata avec effroi que son frère jouait au parfait imbécile.
- Bonsoir mon Père, dit le jeune homme, en saluant à son tour l’homme religieux. Je suis bien content de vous revoir. Comment vous portez-vous ?
- À merveille.
- Vous m’en voyez ravi.
Xavier donna un léger coup de coude dans les côtes de Liz, pour l’inciter à faire de même. D’abord déconcertée, elle offrit à l’évêque son plus beau sourire. Elena avait les larmes aux yeux, tellement elle était fière de la politesse de ses enfants. Ils discutèrent ensemble pendant un quart d’heure.
- Et toi, Xavier, où en es-tu de tes études ? demanda l’évêque. Ta mère m’a dit que tu avais été admis à l’École Polytechnique.
- Cette information date un peu, mon Père. C’est vrai, j’ai été admis, mais quelques petits problèmes m’ont obligé à aller dans un autre établissement. Je suis maintenant élève d’une école de théâtre dans le neuvième arrondissement, expliqua Xavier sur le ton de la conversation.
L’évêque s’efforça de sourire. Rares étaient les religieux encore sceptiques devant le théâtre mais, manque de chance, celui-là n’était pas au goût du jour. Sa mère était au bord de l’infarctus. Liz ne regrettait pas d’être venue : elle assistait à un superbe spectacle.
- Non, non… oui… mais non… balbutia Elena, honteuse. Enfin Xavier… le théâtre n’est que provisoire… Dès que les petits problèmes seront réglés, il entrera pour de bon à…
- Non Maman, tu le sais très bien. Et ta façon de penser date de plus de trois siècles.
Elle le foudroya du regard ; cela promettait un règlement de compte au retour de la Messe de Minuit. Liz vérifiait autour d’elle pour voir s’il y avait un distributeur de pop-corn, mais il semblait que ce n’était pas courant dans les monuments religieux. Après avoir adressé mille excuses à l’évêque, Elena poussa ses enfants vers un banc libre, car la Messe de Minuit allait bientôt démarrer.
- On réglera ça à la maison, gronda Elena, mécontente d’avoir été humiliée.
- Ça va être réjouissant, ironisa Xavier.
- Un vrai carnage, ouais, corrigea Liz. Mais là, petit con, tu l’as bien cherché !
Xavier devait reconnaître qu’une certaine beauté s’échappait de la Messe de Minuit. La chorale était magnifique. L’orgue résonnait dans la basilique. Des centaines de bougies étaient allumées. Le seul problème, c’était qu’on s’ennuyait un peu quand on ne croyait, comme le Dom Juan de Molière, qu’en deux plus deux font quatre. Quand vint le temps de réciter des prières et chanter des cantiques, Liz se sentit terriblement mal à l’aise. Elle jeta un coup d’œil à son petit frère qui affichait un air sérieux et concentré. Les mains jointes et les yeux fermés, ses lèvres récitaient silencieusement un psaume.
- Xavier ! Qu’est-ce que tu fous ? s’exclama-t-elle à voix basse.
- Ça ne se voit pas ? marmonna le jeune homme.
- Tu fais vraiment… ou tu fais semblant ?
Il ne prit pas la peine de répondre. La jeune femme savait qu’il ne connaissait pas plus qu’elle ses prières, et qu’il voulait éviter la colère d’Elena, si jamais elle venait à l’apprendre. Et comme Liz ne tenait absolument pas à ce que sa mère s’aperçoive qu’elle avait oublié ses psaumes, elle décida d’imiter son frère.
Quand la cérémonie prit fin, longtemps après, personne ne s’était aperçu que Xavier et Liz avaient fait semblant de participer à la messe du début jusqu’à la fin. La colère d’Elena s’était calmée quand elle avait vu son fils mettre volontiers sa foi dans les cantiques. De retour à la maison, elle lui avait fait tout de même part de sa déception vis-à-vis de son comportement avec l’évêque.
- Qu’est-ce qu’il a dû penser de moi, à ton avis ?!
- Maman…
- Jamais tu ne m’auras mise dans une situation plus honteuse !
- Mais il n’y avait pas de quoi avoir honte ! Il me demande de mes nouvelles, je lui en donne ! Je ne l’ai pas agressé, que je sache !
Xavier obtint bien sûr le dernier mot, ce qui frustra davantage sa mère. Pendant qu’elle cherchait de quoi riposter, il se servait à boire.
- Maman, je n’ai rien contre le fait que tu sois croyante, mais je trouve seulement que tu y attaches trop d’importance.
- Xavier, le Seigneur…
- Non, non, coupa-t-il, énervé. Le Seigneur, rien du tout ! Tu sais ce qu’elle a fait ta chère Église, y’a quelques siècles auparavant ? Tu sais jusqu’où elle est allée ? Elle a brûlé des milliers de femmes sous prétexte que c’était des sorcières ! Elle a rejeté les comédiens, même croyants, sous prétexte que leur métier était « hérétique », jusqu’à les priver d’obsèques ! Elle a condamné à mort des scientifiques qui ont démontré que la Terre n’était pas plate, et qu’elle tournait autour du Soleil ! Elle les a condamnés parce qu’ils disaient la vérité ! Et encore, je t’en passe des vertes et des pas mûres ! C’est de cette religion dont tu es fière, Maman ?
- Allez, au dodo l’asticot ! lança Liz, qui entrait dans la cuisine. On n’en a rien à foutre de tes leçons d’Histoire !
- Toi, je t’emmerde !
- Et moi, je t’emmerde encore plus !
- Bon, Maman, qu’est-ce que tu penses de ce que je t’ai dit ? demanda Xavier, lassé, en se retournant pour faire à sa mère.
Il se retrouva nez à nez avec le vide. Elena était partie se coucher, en silence, sans doute blessée par les propos de son fils.
- Voilà, t’es content ? maronna Liz, le museau perdu dans le frigo.
- Fous-moi la paix.
- Elle fait la gueule maintenant. La nuit de Noël, en plus, c’est vraiment pas sympa de ta part.
- Elle ne m’en voudra plus demain.
- On verra… Oh Xavier, tu fais chier, putain !
- Quoi encore ? s’énerva le comédien.
- T’aurais pu me laisser du jus de pomme, merde à la fin !
Xavier s’était glissé sous sa couette chaude et s’était rapidement endormi. C’était tout juste s’il se rendait compte qu’une femme l’avait rejoint dans son lit et s’était collée à lui. Il reconnut sa sœur quand il pinça sa cuisse nue.
- Liz… grogna-t-il. Qu’est-ce qui t’arrive encore ?
Il se releva et alluma sa lampe de chevet pour observer sa sœur. Recroquevillée dans sa petite chemise de nuit, elle le considérait gravement.
- C’est elle, marmonna-t-elle, frustrée.
- Oh je t’en prie Liz, ne recommence pas avec mon ex ! Je sais que tu ne peux pas la saquer, mais…
- Non, pas cette putain de Caro ! L’autre !
- Je sais aussi que tu ne peux pas blairer Aline, mais je…
- Mais pas elle !
- Mais qui alors ?
- Elle ! L’autre ! Ta nouvelle aventure !
- Lulu ? s’étonna Xavier, avant de reprendre du poil de la bête. Merde Liz, tu ne vas pas recommencer ?! Je t’interdis de juger Ludivine sans la connaître ! Et d’abord, ce n’est pas une aventure, c’est du sérieux !
- Elle va te faire du mal !
Le jeune homme resta sans voix. Sa sœur s’était jetée à son cou et ne semblait plus vouloir le lâcher. Et le plus impressionnant, c’était qu’elle paraissait effrayée. Elle sanglotait.
- Euh… ben… enfin… Liz… bégaya le comédien, totalement perdu.
- Elles t’ont toutes fait souffrir !
- Bah… oui… peut-être… mais Lulu, je t’assure que ce n’est pas son genre. Elle est spéciale, mais très gentille. Puis, c’est plutôt toi qui souffres avec tout ça… Tu dois être maso, non ?
Conscient de sa maladresse, il se maudit intérieurement. C’était la première crise d’amour fraternel de Liz, et il n’était absolument pas habitué. Il ne savait pas comment faire pour consoler sa sœur ; il ne l’avait jamais fait. Elle ne lui avait pas non plus donné l’occasion.
- Bon… euh… Liz… on devrait dormir maintenant… T’as l’air un peu fatiguée… remarqua Xavier, en caressant maladroitement le dos de sa grande sœur.
Il se sentait très mal à l’aise et stupide. Néanmoins, Liz hocha la tête, et ils se couchèrent l’un contre l’autre. Sa sœur s’était pelotonnée contre lui et il n’arrivait pas à se détendre.
- Bon… euh… bonne nuit, hein ? fit-il d’un air hésitant, et toujours aussi surpris.
- Bonne nuit Xavier, répondit Liz, calmée.
Le ton si doux de sa voix pétrifia le comédien. C’était un cauchemar ; cela ne pouvait être autrement. Sauf qu’il ne se réveillait pas, mais qu’il s’endormait avec sa sœur lovée contre lui.
- Oh, et Liz ?
- Hum ? fit-elle d’une voix endormie.
- Si Maman nous trouve, ce sera à toi de la convaincre qu’on n’a pas commis d’inceste !
Tu as un très gros point fort dans l'écriture, Clo, c'est la psycholgie de tes personnages. On ne peut pas faire autrement que de s'y attacher. Ils ont chacun une personnalité bien marquée, différente, avec des zones d'ombre et -plus souvent ^^- de lumière.<br />
Ce chapitre a été l'occasion pour moi de découvrir une nouvelle facette de la soeur de Xavier. Franchement, tu es très forte, Clo : je la trouvais horripilante et, sans prévenir, je l'ai trouvée super touchante.<br />
Encore une fois, tu puises dans la littérature (et dans la musique ^^) pour faire découvrir le quotidien de tes comédiens : c'est un aspect de cette histoire que j'apprécie beaucoup. J'apprends tout en lisant une belle histoire d'amour ^^<br />
Ah, et Xavier -si chevaleresque, c'est un rêve ce gars *_*-, et Ludivine -si...euh... ludivinesque ^^'-, et Alinen et Pierrick ! Même Emma apporte sa touche à l'histoire ;)<br />
Un grand merci pour ce moment de lecture très agréable qui me laisse dans une ambiance très douce, très cotonneuse...Reponse de l'auteur: Merci Cristal pour ta reviews ! Pardonne les fautes d'orthographe, grammaire, style et logique qui sont dans cette histoire, je t'en supplie ! ^_^"
Et bien écoute, comme d'habitude, je ne sais pas quoi dire...je suis bien contente d'avoir un point fort, et justement, celui-ci me convient. J'aime bien que les lecteurs s'attachent comme moi aux persos...^_^
Bref, bref...merci beaucoup, encore une fois ! Bisous bisous.
Par contre, la scène entre Xavier et "Linette", euh... enfin, tu n'y es absolument pour rien, je la trouve plutôt réussie, c'est juste que ce genre de discussion m'a toujours fait gerber. (oh le vilain mot... XD "vomir", Silver, "vomir" !!!) ^^' Notre Xavier le Magnifique y fait limite paon, même si Aline y est aussi pour quelque chose.
Enfin, trêve de blabla. XD J'aime vraiment beaucoup beaucoup la dernière scène, mdr.
Reponse de l'auteur: Merci pour ta reviews, Sunny ! ^^ Ouais j'avoue, je ne suis pas fana de ce genre de "discussion", je dirai même que ça fait cliché... T_T enfin, ça ne fait qu'un défaut de plus, n'est-ce pas ? :(
Enfin, je suis contente que la fin t'ait plue ! Re-merci ! ^^
ZboOo !
Bon, ok, Liz est crispante au possible ! J'suis comme Xavier, moi, j'ai du mal à la supporter. Grrr ! Il y a je ne sais pas quoi dans cette histoire qui me fait dire que ça va tourner au vinaigre. Lulu s'emporte pour un oui ou pour un non. Liz cuisine son frère bizarrement et bien trop gentille pour être honnête. Aline, normal, sans que l'équilibre de leur amitié est en train de flancher. Pierrick, débonnaire, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Il ne voit rien venir. Qu'est-ce que ça va devenir, tout ça ?
La distribution des rôles... extra ! Tout le monde en prend pour son grade et c'est tant mieux. Les égos mis à mal et de justes épreuves en perspective.
Moi, je dis, voyons la suite...
Par contre, ce chapitre et les suivants n'annoncent pas que quelque chose va mal tourner (en tout cas, ce n'était pas ce que je voulais montrer :/). Pour moi, ils montrent ce qui ne va pas justement, surtout du côté de Xavier, pour que plus tard, peut-être, certaines choses trouvent une solution. Leur devenir à tous, il en est justement question dans les derniers chapitres. :)
En tout cas, merci énormément pour tes commentaires ! =D *Kâââlins*