Chapitre 7 : Quand le temps ôte une vie

Par MrIous

« -Bon sang ça n’en fini pas ! Cris-je

-Jim, si c’est un zombie, tu devrais pouvoir le stopper non ?! Suppose Léa.

-Non, c’est inutile. Intervient Tania. Le virus de Jim est différent de celui des Survivants, sa composition n’est pas la même, donc ses effets non plus. »

C’est vrai, son explication du projet Break le confirme. Le virus qui l’habite est radicalement différent des autres zombies. On doit donc soit l’enfermer, soit le tuer, et je pèse mes mots. Pourtant c’est à Tania de faire un choix, c’est son compagnon, je ne peux pas ignorer le fait qu’ils ont sûrement vécu un moment ensemble. Je me tourne vers elle, toujours assise, elle me regarde droit dans les yeux comme pour répondre à ma pensée, pour me dire de ne pas hésiter. Après tout, Cyril est mort maintenant, qu’on l’enferme ou qu’on l’achève, c’est du pareil au même, que ce ne soit pour les Survivants ou pour moi, c’est un zombie encore plus dangereux que ceux dans les rues aujourd’hui. Il pourrait causer de plus gros dégâts que moi à l’époque. C’est une chose que je dois à tous prix éviter. Je tends la main à Tania pour l’aider à se relever, elle le fait, mais faiblit en s’appuyant sur sa jambe droite, je regarde de plus près et remarque une profonde entaille qui ne saigne plus. Elle a dû se faire ça quand Cyril l’a emmené, pour qu’on puisse avoir une idée de la piste à suivre pour la retrouver. Elle ne peut pas trop bouger :

« -Tant pis, Jim c’est risqué, mais je vais passer en mode zombie, je ne pourrais pas tenir plus de cinq minutes, alors faites vite, achevez-le !

-Compte sur moi. Réponds-je. Léa, emmène Len avec toi et préparez un piège mortel au pied du bâtiment, au niveau du coin gauche. Dans moins d’une minute, on balancera Cyril par-là.

-C’est comme si c’était fait ! Répond-elle. »

Léa et Len disparaissent l’instant d’après. Leur départ a réveillé l’instinct de Cyril et s’est jeté vers nous. On se sépare et il vise principalement Tania désormais en mode zombie. J’aurais pensé qu’en tant que zombie il allait s’attaquer à moi. Ce doit être à cause de son virus modifié, ses cibles sont inversées comme prévues par les Survivants, les enflures. Tania s’arrête et engage le combat. Les mouvements de Cyril sont précis et ‘‘réfléchit’’. Tentant d’atteindre à tous prix la tête, Tania ressent chaque coups, elle les bloque, sauf un qui vient la frapper au ventre, elle se plie en avant se prenant un uppercut. Elle finit au sol, mais se relève rapidement. Elle l’attrape par la taille et le jette. Il fait plusieurs roulé-boulé, puis se rétablit durant cette glissade. Il est à quatre pattes, tel un prédateur prêt à sauter à la gorge de sa proie. Je fais signe à Tania que la minute est quasiment écoulée, qu’elle peut l’attirer là où il faut, je m’occupe du reste.

Elle court vers le coin gauche de la terrasse, là où j’ai demandé que le piège soit installé. Cyril la charge tête baissé, et au dernier moment elle saute dans le vide. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle soit si radicale pour esquiver, mais bon. Désormais seul et Cyril dos à moi je fonce sur lui, il se retourne lentement. À son niveau, je prends appuie sur mon pied droit et lui envoie le gauche de toutes mes forces dans la tête. Il décolle du sol et passe par-dessus la rambarde. Je m’y penche et vois Cyril se planter la tête la première sur une barre de fer taillée en pointe, tenue par Len en bas. Je me laisse tomber en arrière, soufflant. C’est enfin fini. Allez, repos soldat.

 

 

Aie ! Je faisais un petit somme et voilà qu’on me tape sur le front. Léa et Tania sont là, rhabillées. L’une de sa robe blanche et l’autre de sa combi noire.

« -J’ai dormit combien de temps ?

-Assez pour qu’on aille récupérer nos affaires. Me dit Léa.

-Et y a une dernière chose à régler. Ajoute Tania.

-De quoi ?

-Cyril, ils sont censés revenir le chercher, s’ils ne le trouvent pas, ils risquent de ne pas repartir avant un moment.

-Pas faux. Tu proposes quoi ?

-Laisse-moi préparer les funérailles de mon ancien compagnon.

-OK, fais comme tu veux. »

Le temps de remonter le corps de Cyril, que Tania prépare ses obsèques et que l’on se cache parmi les tables retournées à l’intérieur du restaurant, il faut bien dix minutes. Je trouve spécial la manière dont Cyril est présenté. Tania l’a disposé tel le Christ cloué à sa croix. Elle nous demande si l’on se souvient du livre qu’il tenait en arrivant au parc. C’est vrai que j’ai complètement zappé ce détails, d’ailleurs il ne l’avait pas durant notre confrontation. Où l’a-t-il mit ?

« -Il a des poches intérieurs à son manteau, il le met là dés qu’il doit utiliser ses deux mains. Ce livre, c’est la Bible.

-Je n’avais jamais vu une Bible avant… Me dis-je

-C’était un grand croyant, sa foi n’avait d’égale que sa gentillesse. Enfin c’était avant qu’il ne devienne un zombie artificiel. Sa foi tout comme son sourire avait disparue. Je voulais me persuader qu’il n’avait pas si changé que ça, et que je pouvais encore compter sur lui… mais non. Si je l’ai accroché ainsi, c’est parce qu’il m’a confié un jour, juste après être devenu un zombie artificiel : ‘‘Tania, je voudrais que tu me fasses une promesse. Si un jour je venais à perdre la tête, que je perdais de vue mon objectif, achève-moi et crucifie-moi. Bafouer mes idéaux est la plus grande trahison que je peux faire à mes parents, à ma foi et à toi. Promet-le moi, s’il te plaît.’’ Je lui en est fais le serment et aujourd’hui je réalise ce geste. Cela peut paraître comme une punition, je pense qu’il voyait cela comme un repenti. Je lui dois bien cela. Après tout, Cyril fut ma première famille chez les Survivants. »

Sa première famille… j’hésite à lui demander pour ses parents, c’est un sujet souvent sensible, je ne voudrais pas l’abattre encore plus avec la mort de Cyril. Je vais laisser ça pour plus tard. J’entends des palles d’hélices tournoyer vers nous. Un hélicoptère apparaît et se pose sur le toit derrière Cyril. Deux hommes descendent. L’un d’eux a les cheveux gris et complètement en bataille, de grosses lunettes rondes aux verres opaques et une cigarette à la bouche, ses traits de visages me paraissent durs et ses joues creuses. Il est vêtu d’une longue blouse blanche fermée, un pantalon blanc et des chaussures de ville blanches. L’autre est un simple soldat à la tenue noir et kaki. Ils viennent se placer devant le corps du défunt et entame une discussion que l’on distingue bien, les palles ayant arrêtée de tourner et eux parlant assez fort :

« -C’est un échec. Dit l’homme en blanc.

-Qu’est-ce qu’on fait monsieur ?

-Laissez-le là. S’il est vaincu en ayant les gaz à sa disposition, alors ça veut dire que ce pouvoir est inutile. Cyril est définitivement mort, on ne peut rien pour lui.

-Reçu. Dit le soldat en partant vers le véhicule volant.

-Je suis désolé Cyril, je pensais que tu pourrais au moins ramener Tania. Après tout… c’est un peu ta petite sœur. Tes parents ont été emportés par ces êtres sans vies, mangés devant tes yeux. Traumatisé, c’est ainsi que tu es venus parmi nous. Tu avais expié ta haine grâce à la religion, tu as accepté ces créatures que nous avons crée et t’es proposé pour faire partie de leur rang. Prêts à aller à l’encontre de ta foi pour retrouver les choses perdus. Je te trouve honorable Cyril, tu as accomplis ton travail jusqu’au bout. Si je retrouve le Roi, j’aurais deux mots à lui dire, et s’il est ouvert à mes propos, alors la misère de ce monde… je l’éradiquerais ! … Je parle encore à un mort, ça va pas mieux moi. On décolle ! »

Son monologue m’a intrigué, pas par rapport à Tania, parce qu’au final tout le monde a besoin d’une famille, de quelqu’un sur qui compter après tout ça. Je me suis plus concentré sur son désir d’éradiquer la misère. Il veut me dire deux mots, mais qui sait ce qu’il va faire après. Qui est ce type déjà ? Il a l’air de bien connaître ces deux là. Je vais le laisser partir aujourd’hui, j’ai encore beaucoup de problème à régler avant tout, alors les Survivants ce sera pour plus tard. Les Survivants remontent dans l’hélicoptère et s’envole à l’opposé de la plage, donc vers l’Est. Maintenant que j’y pense, c’est vrai que le territoire des Survivants est grand et les zombies n’ont presque pas atteint leur territoire, en tout cas ils ont dû les éradiquer très rapidement, une question me reste dans l’esprit dans ce cas. Ils leur restent l’Europe et une bonne partie de l’Asie, sans oublier l’Afrique pouvant fournir des ressources essentielles comme le pétrole. Qu’attendent-ils pour attaquer ? C’est pas comme si le nombre de zombies allaient les gêner, déjà ils sont entièrement inoffensifs à la première approche et eux, leur puissance de feu est suffisante. Qu’est-ce qu’ils attendent ? Quel intérêts de créer des zombies artificiels quand on a une armée à porté de mains ? Est-ce que Tania… a la réponse ?

« -Pourquoi tu me dévisages comme ça Jim ?! C’est dérangeant. Dit-elle.

-Ah pardon… je me pose trop de question.

-Quoi comme question ?

-Justement y faut qu’on en parle. Ça concerne plusieurs points qui me paraissent illogiques et d’autres surréalistes. »

Pour ce faire nous avons remit une table droite, disposés quatre chaises autour, Tania, Len, Léa et moi sommes assis. Len lui a les bras qui pendent dans le vide, regardant droit devant, poussant quelques râles quelques fois. Léa semble encore pensive, sûrement à cause de l’arriver de cet homme mystérieux… ou pour bien d’autre chose peut-être :

« -Bon, déjà première chose que je dois vous dire. Il s’est passé quelque chose d’étrange quand j’étais en bas, contre Cyril. J’étais dos au mur, puis Len est arrivé. C’est alors qu’il a posé ma main contre son torse et qu’on a… fusionné.

-Hein ? Quoi ? Répète j’ai mal entendu là !? S’exclame Léa.

-On a fusionné littéralement, je me suis retrouvé dans le corps de Len, pouvant contrôler son corps, et lui pouvant me parler. Demande-lui, tu verras. »

Léa interroge Len et après quelques râles de ce dernier, Léa est comme dépitée par cette nouvelle, je ne pensais pas que ça la troublerait autant. Tania quant à elle est songeuse, elle ne dit rien et parfois son regard se perd, elle est tout de même attentive.

« -C’est un mystère à résoudre, mais ça peut attendre comparé à ce que j’ai à dire. Tania, pourquoi les Survivants ont-ils crée des zombies artificiels alors qu’ils ont une armée à leur côté ?

-Ah oui tu n’es pas au courant. C’est parce qu’il n’y a personne de qualifié pour les guider.

-Comment ça ?

-Le jour de la catastrophe, aux Etats-Unis, étaient réunis plusieurs dirigeants d’état et des chefs d’armés, nombreux faisaient partie des pays d’Europe et d’Orient. Ils sont tous morts. De ce fait, il ne restait que les chercheurs de génies, les grands patrons et autres grand noms de la politique, mais personne n’était d’accord avec les uns ou les autres, il ne pouvait y avoir de succession au pouvoir, et l’armée se retrouvait sans commandement, tenter une attaque sans ordres clairs et stratégique relevait du suicide. C’est alors qu’un homme s’est levé, le plus grand génie de toute sa génération, et a proclamé qu’il étudierait les zombies afin de mieux les connaître pour mieux les éradiquer.

-C’est cette homme en blanc de tout à l’heure ?

-Non, lui était contre ce système, il pensait que vivre sa vie chacun de son côté était le mieux à faire, que ce ne soit pour nous ou pour les zombies. On avait déjà remarqué leur neutralité, mais tout le monde voulait récupérer les terres perdues. Aujourd’hui, il supervise les recherches sur les zombies artificiels, bien que ce ne soit, comme je pense, qu’à contre cœur.

-Tu penses qu’il pourrait être un allié ?

-Je pense qu’il n’envisage pas de participer à cette guerre. Même si pour le coup, je me pose des questions quand il vient à parler d’éradication de la misère du monde.

-Oui, c’est bien ça le problème. On peut connaître leur nom ?! Demandé-je.

-L’homme en blanc n’a pas de nom, tout le monde le surnomme : H. Il dit lui-même qu’il ne souvient plus de son propre nom, voire qu’il ne l’aurait jamais connu. Pour le génie, il s’agit d’Eins Grantz.

-Sérieux ! S’écrie Léa.

-Oui.

-Tu le connais Léa ? Demandé-je.

-Et comment, c’est en participant à un concours qu’il a lui-même organisé que j’ai gagné nos billets pour le Japon.

-C’était quelle genre de concours ? Je ne suis pas au courant.

-Bah, normalement, c’était la surprise pour le retour…

-Le retour… … répété-je mélancolique.

-Bref, c’était un concours non exhaustif sur la relation des souvenirs avec les fonctions cognitives supérieur chez l’être humain.

-Fonction cogniquoi ?

-Ça représente tes facultés à raisonner logiquement, à porter un jugement moral ou esthétique, en gros. Donc en plus de présenter les connaissances que l’on a sur le sujet, déjà bien exploité, on devait y apporter nos propres hypothèses. Et c’est ma thèse qui a reçu le plus de mentions honorables de sa part.

-C’est vrai qu’en terme de sciences humaines, t’étais dans le top. Je crois que je vais avoir un mal de crâne si je te demandais de m’expliquer cette thèse, alors passons. J’ai pas plus de question… quelqu’un veut ajouter quelque chose ?

-Le mystère sur ta fusion avec Len reste assez important, mais on n’avancera pas plus à discuter comme ça. Dit Léa en se levant portant l’ongle d’un pouce à sa bouche et commençant à se le ronger avec un air agacé. Bon… puisque c’est comme ça… j’ai une idée pour nous changer les idées. »

Je sais qu’elle fait ça pour détendre l’atmosphère, mais ses plans détentes en général… je les sens toujours mal et je déteste quand j’ai raison.

 

''Certains temps ne s'oublient pas, ils se transmettent''

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