Sœur Mathilde était assise dans l’âtre, sur la petite chaise, près du feu. La marmite de brouet quotidien mijotait doucement. Les vêpres seraient bientôt terminées et résonnaient jusqu’à elle à travers les coursives, le cloître et les lourdes portes de bois. La religieuse ne parvenait plus à prier. Elle avait égrené difficilement deux rosaires d’affilée mais déjà ses pensées s’égaraient ailleurs. Le troisième se fit en pointillés, entrecoupé des images qu’elle avait de Guillaume. L’homme ne lui sortait pas de la tête. Cela faisait trois semaines maintenant qu’elle l’avait découvert, blessé, dans le jardin. Il l’avait rendue curieuse, ouverte à la nouveauté. Sa présence était pour elle à la fois un doux miel et un grand tourment. Il était une telle contradiction avec ses convictions qu’elle ne savait plus où elle en était. Á tel point qu’elle n’osait plus se confesser. Non qu’elle craignit le jugement de Dieu plus que de coutume, mais parce qu’elle ne savait plus si elle devait se fier à ses sentiments ou si sa foi lui faisait défaut. Elle ne savait plus poser les mots sur les derniers événements, liés à l’arrivée de cet homme dans le couvent.
Guillaume ne sortait pas de sa cellule. Mais le secret de sa présence était difficile à garder. Les cinq religieuses se relayaient toujours pour s’occuper de lui. Sœur Marie, émoustillée, pressait chacune de lui céder son tour de garde, prétextant toutes sortes de raisons pour être près du mousquetaire. Sœur Véronique, au contraire, se serait bien passée de cette tâche et ne rechignait pas à laisser sa place à sa consoeur pour retourner auprès de ses jeunes pensionnaires. Sœur Béatrice, toute aussi jeune que Sœur Marie, restait fascinée par la stature de Guillaume qui, sur ses béquilles et avec son sourire enjôleur, exerçait également sur elle un trouble indécent. Sœur Martine, elle, plus curieuse de ce qui se tramait à l’extérieur, craignant que la guerre ne frappe ici, ne cessait de lui poser des questions auxquelles sœur Mathilde seule avait eu les réponses. Guillaume refusait de se confier à quiconque et se permettait sornettes et fariboles pour ne pas compromettre son secret. La mère supérieure avait un mal fou à contenir ses ouailles. Les actes de contrition redoublés n’y suffisaient pas. Un vent de curiosité soufflait dans le couvent. Quelques langues s’étaient déliées et chacune espérait apercevoir bel inconnu blessé qui habitait la cellule des invités.
Le repas du soir vit se multiplier des coups d’œil interrogatifs entre les écuelles. Mais, le silence était de rigueur et rien ne filtra malgré la curiosité bouillonnante des esprits. Pendant le récit des évangiles fait à haute voix par sœur Justine, sœur Mathilde afficha une indéfectible sérénité. Mais, à l‘intérieur de son cœur poussait le trouble aigre-doux du manque et du besoin de l’autre. Ce sentiment qu’elle ne maîtrisait pas lui mettait les tripes en vrac. Elle n’avait pas faim. Ce qu’elle ressentait ne venait pas de Dieu, elle en était certaine. Cela faisait autre chose dans le cœur quand Dieu lui parlait. De temps en temps elle portait une cuillère à sa bouche et y trempait à peine les lèvres, juste pour faire bonne figure. Elle promenait aussi son regard sur les convives, comme elle le faisait d’habitude, mais son visage n’exprimait qu’une détente angélique. Heureusement, la routine quotidienne empêchait chacune de s’appesantir sur les événements. Aussi, à la fin du repas, les activités des unes et des autres balayèrent les sentiments confus.
Après la prière du soir faite à la chapelle, sœur Mathilde revint à son foyer. Le feu avait besoin d’être réalimenté pour la nuit. Les flammes avaient le don de lui rendre sa joie lorsque le trouble s’insinuait. Ce n’était pas pour rien qu’elle avait choisi cette tâche comme acte d’adoration. Elle retrouvait Dieu dans ses gestes et dans son cœur. Elle se calmait en attisant le feu comme si le Seigneur lui transmettait directement sa joie. Elle savait aussi le couvent sur le point de s’endormir. Seule encore à ne pas être couchée, elle profitait pleinement de ce moment de calme et de joie intérieure. Assise sur la petite chaise dans l’âtre, son pique-feu à la main, elle prenait le temps de se détendre. La sérénité et la chaleur lui faisaient du bien.
Elle bailla.
Il était temps pour elle aussi d’aller s’étendre et dormir. Elle posa le pique-feu sur son socle et se leva en lissant sa robe et en poussant un petit soupir de contentement.
Lorsqu’elle se retourna, Guillaume se tenait devant elle, soutenu par ses béquilles, entre la grande table de la cuisine et la cheminée. Sœur Mathilde sursauta et ouvrit de grands yeux, éperdue de surprise et de peur mêlées. Elle ne l’avait pas entendu arriver. Elle porta sa main à sa gorge, l’autre à sa bouche pour s’éviter de crier. Il était vêtu d’une chemise par-dessus son bandage, une culotte longue et ample lui couvrant les jambes, un demi-sourire qui en disait long sur son esprit d’aventure affiché sur son visage.
- Pardon de vous faire peur, sœur Mathilde, s’excusa Guillaume de sa voix chaude et son regard sombre où dansaient les flammes dorées de l’âtre. Je sais que je ne devrais pas me trouver là.
- Vous … je… balbutia-t-elle, encore sous le coup de l’émotion. Je ne vous ai pas entendu arriver. Comment avez-vous fait pour être aussi silencieux avec vos béquilles ?
- Je voulais me faire le plus discret possible, expliqua-t-il. Il semble que j’ai réussi à m’approcher de vous comme un chat.
- Vous ne devriez pas vous trouver ici, fit-elle remarquer. Retournez dans votre cellule, ce n’est pas raisonnable.
- C’est que…, commença-t-il en s’approchant d’un pas. J’avais deux bonnes raisons pour venir jusqu’ici. Non, trois !
- Ah ?
- Oui. D’une part, j’ai faim, expliqua-t-il avec une petite grimace d’excuse. Je me disais que je dénicherais bien ici quelque fond de soupe pour me régaler. Ensuite, j’avais besoin de me dégourdir les jambes et ça me fait du bien de venir jusqu’ici, même si cela fait mal à mon côté. Et la troisième raison, c’est… c’est que je savais que je vous trouverais ici et j’avais besoin de vous voir.
- Me voir ? questionna-t-elle d’une petite voix étranglée.
- Oui, vous voir, Mathilde, confirma-t-il en s’approchant tout près. J’ai besoin de votre compagnie. Je sais, je ne devrais pas vous dire cela ; c’est inconvenant. Je sais que vous allez me repousser, mais je ne peux réfréner ce que je ressens tout au fond de mon cœur. Quand je suis près de vous, je me sens vivre comme jamais je n’ai vécu auparavant. Vous êtes un rayon de soleil dans ma nuit sans lune. Votre habit ne me cache pas à quel point vous êtes belle, Mathilde. Je ne sais comment vous le dire…
- Taisez-vous ! le coupa-t-elle, le souffle bloqué et les doigts agités de nervosité. J’en ai suffisamment entendu pour saisir votre inclination. C’est impossible, vous le savez bien. Comment puis-je accepter ce que vous venez de me dire ?
- Je sais bien que c’est inacceptable vu votre condition, concéda-t-il en baissant les yeux. Mais, je ne peux nier ce que je ressens pour vous.
- Vous ne pouvez pas dire de telles choses ! Je suis une religieuse ! … mariée avec Dieu lui-même !
Il la regarda d’un air triste, conscient que les sentiments qu’il venait de déverser sur elle lui faisaient l’effet d’un barrage qui se rompt. Il en était à la fois triste et heureux. Il soulageait son cœur d’un poids qui l’oppressait depuis déjà un moment.
- Ma condition ne me permet pas de répondre décemment à vos paroles, Guillaume, se désola-t-elle, bien que j’y sois sensible.
- C’est vrai ?! s’exclama-t-il, le regard plein d’espoir.
Il lui prit soudain tendrement les mains et les garda dans les siennes.
- Vous y êtes déjà sensible, Mathilde, se consola-t-il. Cela me va droit au cœur. Pourrais-je espérer…
- Rien du tout ! le coupa encore sœur Mathilde, affolée de ce qu’il pourrait ajouter. N’espérez rien qui puisse satisfaire vos désirs, monsieur. Ce que vous me dites là est parfaitement impossible. Il n’y a rien à espérer de moi.
- Je ne prétends pas rivaliser avec Dieu, vous savez, tenta-t-il de se justifier, portant les mains de la religieuse à ses lèvres. Je ne fais que vous dire l’émoi que vous suscitez et les sentiments d’amour que j’ai pour vous.
- C’est déjà trop, dit-elle en détournant le regard mais en lui laissant ses mains, impuissante à les retirer tant d’inavouables sensations lui mettaient des papillons dans le ventre.
- Me serviriez-vous un peu de votre si merveilleuse soupe, Mathilde, s’il-vous plaît ? demanda-t-il tout à trac en lui souriant de toutes ses dents. Je n’ai pas envie de vous faire fuir, vous savez. Je sais que ce que je vous dis là est inconvenant, mais je crois que nous avons établi ensemble un bel échange qui mérite d’être poursuivi, n’est-ce pas ?
Surprise par la tournure de ses paroles, elle se rasséréna un peu. Lorsqu’on lui parlait de cuisine, elle ne savait être autre chose que généreuse.
- Il va falloir pour cela que vous me rendiez mes mains, dit-elle, le rouge lui montant aux joues. Et puis, le brouet sera froid. Je l’ai retiré du feu à l’heure du souper.
Guillaume lui rendit ses mains à regret et se mit à clopiner vers une chaise qu’il rapprocha de l’âtre pour être près de la chaleur et de la lumière.
- Je suis sincèrement bien avec vous, vous savez, lui dit-il tranquillement en s’installant et en calant ses béquilles contre la chaise. Et votre habit ne doit pas être une barrière. Je voudrais que vous le compreniez bien. Je vous apprécie pour ce que vous êtes ; une brebis de Dieu, épicurienne et bonne vivante.
Sœur Mathilde ne disait rien en lui servant une écuelle de brouet à peine tiède, mais elle écoutait attentivement ses paroles qui redevenaient d’inavouables douceurs à déguster.
- J’ai bien vu en arrivant ici, dans la cuisine, à quel point cet endroit vous sied, poursuivit-il en observant ses gestes. C’est là que vous vous épanouissez.
- En effet, c’est ici que je me sens bien, confirma-t-elle en lui tendant l’écuelle.
- Merci, fit-il, en la recevant à deux mains et en inclinant la tête, comme pour une offrande sacrée.
Il savoura trois ou quatre bouchées sans plus parler, laissant le silence s’installer entre eux. La cuisine était plongée dans la pénombre, éclairée uniquement par la lumière dansante du foyer, ce qui conférait à la scène autant de douce quiétude que d’incongruité. Un homme blessé et une nonne près d’un feu de cheminée… Les flammes jouaient d’ombres et de lumières sur leurs visages et dans leurs yeux tandis que tous deux, le regard plongé dans les braises, fascinés par leur ballet incessant, laissaient leur esprit s’apaiser et communier. Ni Mathilde, ni Guillaume ne souhaitaient voir l’autre s’éloigner. La religieuse luttait contre ses principes et ses dogmes, tandis que son compagnon jouait d’une diplomatie maladroite, plus accoutumé à courtiser ouvertement des jupons de soie à la cour qu’une robe de serge noir dans un couvent. Mais de toute sa vie il n’avait jamais été plus sincère qu’aujourd’hui. Il aimait Mathilde.
- Me permettrez-vous d’apprendre quelques recettes de vous, ma sœur ? reprit-il en touillant son brouet.
- Quelques recettes ? interrogea sœur Mathilde. Á quelles recettes pensez-vous précisément ?
- Je pensais à quelques prises de chasse, dit-il. Dès que je serai sur pieds, je me ferai une joie de vous en apporter pour que nous les cuisinions ensemble. Pas de cerf, bien sûr, cela serait trop voyant et peu discret, mais quelques passereaux, faisans, lapins… et qui sait… un petit marcassin.
- Allons, monsieur, vous n’y pensez pas, se gêna-t-elle. Partir à la chasse serait trop imprudent dans votre état.
- Appelez moi Guillaume, s’il-vous-plaît, conseilla-t-il gentiment. Je pourrais y aller de nuit pour ne pas attirer l’attention.
- Pour vous blesser une nouvelle fois en franchissant le mur ? … non, merci !
- Je vous rappelle que la première fois, on avait tiré sur moi. Voilà pourquoi je me suis lamentablement écrasé dans votre jardin. Cela ne se reproduira plus.
- Je persiste ; ce n’est pas prudent. Et puis, vous conviendrez qu’en pleine nuit, pour trouver un passereau…
- Oui, bon, pour les bêtes à plumes, j’en conviens, la nuit, ce n’est pas ce qu’il y a de plus aisé. Mais, un joli marcassin, ça…
- Non, je vous en prie, ne faites pas ça. Vous risqueriez la mort et je ne veux pas. Je demanderai à Justin de ramener ce qu’il trouve. Nous cuisinerons ensuite ensemble en toute sécurité.
- Mais, je suis un guerrier, sacrebleu ! Une fois mes blessures cicatrisées, je pourrais chasser de nouveau.
- Lorsque vous serez guéri, vous partirez sans espoir de retour, lui rappela-t-elle.
Il ne dit plus rien et lui lança un regard désespéré, comme si, pour la première fois, il prenait conscience qu’un jour il devrait quitter cet endroit et cette si merveilleuse femme dissimulée sous sa guimpe. Il croisa son regard qui dansait dans les flammes du foyer. Il y lisait la même pensée, avec une pointe de fatalisme.
- D’accord, dit-il, vaincu. Dites à votre Justin… comme vous l’avez dit. Et nous cuisinerons ensemble, une nuit, comme ici… là… discrètement. Acceptez-vous ?
- Dans ces conditions, j’accepte, dit-elle avec un petit sourire.
Il n’en fallait pas plus pour enchanter le mousquetaire. Il termina son brouet, repus, content, et jeta un regard plein d’espoir à la jeune religieuse qui gardait dignement ses mains jointes dans son giron. Ce fut là qu’il se demanda de quelle couleur pouvaient bien être ses cheveux. Ses sourcils étaient châtains, sa peau était claire et fine, elle devait porter ses cheveux courts, coupés par contrition, comme il était d’usage dans un couvent. Il aurait voulu caresser son ventre. Il s’imaginait déjà empoigner un sein…
Mais il coupa court à ses divagations inappropriées. Il reprit ses béquilles et entreprit de se mettre debout pour prendre congé. Il devait oublier cette envie lubrique de vouloir la basculer là, dans l’âtre, tout près du feu, au risque de gâcher tout espoir de la faire sienne un jour.
Elle se leva aussi.
- Merci, ma sœur, lui dit-il à regret. Je vous souhaite la bonne nuit.
- Je vous accompagne, lui dit-elle. Je vais me coucher aussi.
- Avec grand plaisir, accepta-t-il en clopinant dans l’ombre de la cuisine, tentant vainement d’éteindre le feu qui couvait dans son ventre.
Ils firent le trajet jusqu’aux cellules dans le silence. Seuls leurs pas accordés et le rythme des béquilles chuchotaient dans le cloître. Guillaume aurait donné toute sa fortune, même si elle était mince, pour que cet instant de délicieuse chaleur entre eux ne finisse jamais. Il stoppa à regret devant sa porte et se tourna vers Mathilde. Il avait été bien trop rapide, ce trajet dans le couvent endormi.
- Ce moment, seul avec vous, était un enchantement, Mathilde, lui dit-il tout bas, plus sobrement que ce que son ventre voulait exprimer.
Elle baissa les yeux. Sa voix était comme une caresse enivrante. Elle ne répondit rien et lui adressa un petit sourire qui acheva d’émerveiller le mousquetaire. Il entra dans sa cellule sans autre mot, disposé à faire les plus beaux rêves qui soient.
Les jours qui suivirent, Guillaume se remettait de ses blessures, doucement mais certainement. Désormais, seules sœur Marie, sœur Mathilde et l’infirmière, sœur Christine, lui prodiguaient leurs bons soins. Comme chaque matin, sœur Marie lui apportait le bouillon de la cuisinière, toujours prête à toutes les occasions pour être près de lui. Ce matin-là, Guillaume était préoccupé. Tout juste sorti du sommeil, il accepta le bol que lui tendait la religieuse sans un regard pour elle. Plongé dans ses pensées, il ne remarquait toujours pas à quel point sœur Marie était attachée à lui prodiguer toute son attention.
Tous ces derniers soirs, il avait rejoint la cuisine en secret pour y retrouver Mathilde dans son âtre. La jeune femme était de moins en moins farouche et commençait à apprécier de partager un moment avec lui dans la pénombre d’une pièce où régnaient leurs gestes accordés dans les plus sensuelles textures de nourritures. Á travers les recettes élaborées ensemble, elle lui apprenait un épicurisme que jamais il n’aurais soupçonné découvrir un jour. Ces instants précieux qu’il passait avec celle lui emplissaient le cœur et constituaient la plus difficile approche de sa vie. Aujourd’hui, il doutait que ses sentiments ne fassent basculer le cours des choses.
- Comment vont vos blessures, aujourd’hui, monsieur ? s’enquit sœur Marie toute allante. Vous semblez en meilleure forme de jour en jour… Cela est très plaisant de vous voir ainsi. Bientôt vous pourrez vous passer de béquilles.
Il ne répondit pas, les yeux perdus dans son bouillon.
- Vous savez… reprit-elle sur le ton de la conversation, sans se formaliser de son silence, j’ai su que le Duc de Gonzague s’était fiancé à une autre femme depuis la mort de la duchesse Sophie. Les noces sont annoncées pour le printemps. Connaissez-vous sa nouvelle dame ? Est-elle d’un haut rang ?
- Pardon, vous me parliez, ma sœur ? réagit Guillaume en levant les yeux vers elle. Je ne vous écoutais pas. Vous disiez ?
- Cela ne fait rien, l’excusa Marie. Je vous demandais si vous connaissiez la nouvelle dame que le Duc de Gonzague va épouser ?
- Oh … répondit-il à regret. Gonzague est un vil personnage. Pourquoi vous intéressez-vous à lui ?
- Est-ce pour cela que vous vous trouvez en Bourgogne ? demanda la jeune religieuse, faisant comme si elle n’avait pas entendu la question. Pour faire barrage au Duc ?
- En effet, confirma-t-il, le visage fermé et le nez toujours dans son bouillon.
- Et vous allez l’empêcher de se marier aussi ?
- S’il le faut, oui.
- Pauvre femme ! se désola-t-elle. Ne pas pouvoir épouser l’homme qu’elle aime…
- Qui vous dit qu’elle l’aime ? grinça-t-il, le regard dur. C’est un mariage d’intérêts, qui seul lui permettrait de tripler ses terres et d’entrer directement chez les Bourbons. Autant faire entrer le loup dans la bergerie…
Pourquoi lui disait-il cela, soudain ? Il avait laissé échapper des informations qu’il aurait dû garder pour lui. Gonzague avait certainement à sa botte la garde personnelle de Mazarin, qu’il avait lancé contre lui et ses hommes. Qui sait ce qui se tramait désormais à l’extérieur ?… Mais avec toutes les balivernes qu’il avait déjà dites auparavant, comment sœur Marie pourrait-elle démêler le vrai du faux ? se rassura Guillaume, intérieurement.
- Est-elle de la famille du roi ?! poursuivit la nonne toujours curieuse. Mais, qu’a donc fait le Duc pour s’attirer une telle inimitié de votre part ? Vous m’aviez dit l’autre jour qu’il bloquait les ponts et prélevait l’argent des pèlerins et aussi qu’il s’y entendait en matière de femmes…
- Il est dans les petits papiers de Mazarin, pesta le blessé. Ce fourbe, ce fornicateur, ce fieffé intriguant, ce… Le cardinal n’a que faire des vertus ecclésiastiques. Tout ce qu’il veut, c’est le pouvoir et la richesse. Il se fout complètement du roi. Je suis sûr qu’il fera tout pour se débarrasser des mousquetaires.
- Vous voulez dire que vous êtes directement visé et que le Duc et Mazarin veulent votre perte ? s’alarma-t-elle.
Guillaume ne répondit rien et continua à maugréer intérieurement. Les intérêts de la couronne et son allégeance au roi lui revenaient comme une branche en pleine figure. La réalité de sa situation n’était pas glorieuse. Bientôt il devrait retourner guerroyer, retrouver ses frères d’arme… Tout ce qu’il racontait à sœur Marie était sans queue ni tête, mais il devait se ressaisir et retourner régler le sort du Duc. Selon Guillaume, Gonzague était suffisamment fourbe pour fomenter une conspiration contre le roi et, par l’entremise d’un mariage au sein de sa famille, il pourrait ainsi le renverser plus facilement. Mazarin avait monté sa propre garde issue du Vatican et n’avait que faire de celle d’un roi, l’un mort trop tôt et malade, l’autre trop jeune pour régner. Et il avait le sein de la régente sous sa sainte poigne. Pour l’instant, Guillaume se savait protégé car mort ou disparu aux yeux de l’extérieur. Mais qui pouvait dire comment cela évoluerait ?
- Vous même, êtes-vous marié, monsieur ? questionna Marie toute à ses perspectives intéressées.
- Comment aurais-je le temps de trouver une femme, de fonder une famille, alors que je suis au service du roi et que l’on court après moi depuis si longtemps ? lui renvoya-t-il. Non, je ne suis pas marié.
- Je suis sûre que vous trouverez un beau parti, assura-t-elle en s’imaginant déjà qu’il s’agirait d’elle.
Intérieurement, Marie bouillait de le supplier de l’enlever, de lui retirer sa guimpe et son voile sur l’heure et de l’épouser. La bienséance le lui interdisait et elle se mordait la langue pour garder encore secrets les rêves fous qu’elle faisait à son endroit. Pourrait-il seulement comprendre ses aspirations ? Ce mousquetaire était sa seule chance, son seul espoir de s’enfuir du couvent et de vivre une vie de famille. Mais comment ravir le noble cœur de ce guerrier dans cet accoutrement de religieuse ? Elle avait beau s’appliquer à faire son plus beau sourire, être la plus assidue à satisfaire ses moindres désirs, prévenir même ses besoins, jamais il ne lui coulait de regard attendri. Elle désespérait d’y parvenir. Elle voyait bien, dans ses yeux perdus ailleurs, qu’il visait autre chose. Une autre femme, peut-être.
- En aimez-vous une en secret, monsieur ? osa-t-elle s’informer en baissant la tête pour cacher son trouble et effacer de sa voix une jalousie naissante.
Il lui lança alors un regard surpris.
- Cela aussi est une information bien trop secrète pour que je vous la confie, trancha-t-il. N’en prenez pas ombrage, ma sœur, mais votre curiosité à mon endroit pourrait vous valoir bien des malheurs. Et je ne veux pas qu’il vous arrive quoi que ce soit.
- Vous ne me direz rien vous concernant, alors ? se désespéra-t-elle.
- Non. Je suis un homme dangereux.
- Détrompez-vous, répliqua la religieuse. Je ne vous perçois pas ainsi.
- Je le suis, vous dis-je. Je dois partir, lui dit Guillaume sans ambages. Très bientôt, je partirai, dès que ma jambe me portera. Vous n’entendrez plus parler de moi.
Sœur Marie sentit son cœur lui tomber dans les talons et son sang se glacer dans ses veines. Tous ses espoirs disparaissaient, emportés par le ton sans appel et la voix grave du mousquetaire. Elle pâlit.
- Comme vous voudrez, dit-elle d’une voix blanche.
Puis, elle sortit de la cellule, retenant la porte de justesse avant qu’elle ne claque et s’enfuit dans le corridor du cloître en faisant tinter le trousseau de clés à sa ceinture. Elle aurait voulu courir, crier, hurler, mais elle se contenta de marcher vite pour sécher la larme qui perlait sur sa joue. Elle rejoignit le grand portail. Il était l’heure de l’entrée des externes pour les leçons du matin. Aucun homme ne pourrait l’aimer. C’était son désespoir.
Quelques jours plus tard, ce fut la mère supérieure qui s’inquiéta de la santé du mousquetaire. Il lui tardait qu’il s’en aille. Non qu’il soit outrageusement présent, étant donné qu’il demeurait dans sa cellule, mais sa présence dans le couvent influençait trop le comportement de ses jeunes consœurs. Elle ignorait pourtant les escapades nocturnes de l’homme à la cuisine. Mais elle avait noté l’application zélée que la cuisinière mettait dans les repas et le regard plein d’espoir déplacé de la portière. Il ne pouvait rester plus longtemps. Guillaume fit valoir qu’il avait besoin de quelques jours encore pour se rétablir vraiment. En fait, il n’était pas vraiment pressé de partir, mais il se gardait bien de l’avouer à quiconque. Il lui montra à quel point déambuler sans une canne lui était encore pénible. Et ce n’était pas pour satisfaire la vieille mère qui s’inquiétait pour l’équilibre dogmatique devenu très fragile. Elle ne manqua pas d’ailleurs de le lui faire remarquer ; le couvent ne pouvait souffrir sa présence plus longtemps.
Donc, le lendemain, sœur Mathilde entra dans la cellule en plein après-midi, avec sur son bras l’uniforme de mousquetaire, lavé, reprisé, repassé. Elle le déposa délicatement sur le dossier de la chaise, près du lit, sans oser regarder l’homme qui s’y tenait assis, silencieux. Elle aurait voulu que le temps s’arrête là, que plus rien ne bouge et qu’elle puisse garder en elle les doux chatouillis du sentiment amoureux que lui procurait l’existence de cet homme. Il ne faisait rien de plus que d’être là et cela lui suffisait pour être merveilleusement bien. Pourquoi cela devait-il s’arrêter ? Pourquoi Dieu refuserai-t-il un amour sincère ? N’est-il pas Amour lui-même ? Ne comprendrait-t-il pas combien aimer un homme, même pour elle, femme de Dieu, cela pouvait être d’une richesse infinie ? Elle avait partagé avec Guillaume des gestes, des mots, des idées, des plaisirs dont elle s’était délectée encore et encore, comme le festin divin qu’elle ne goûterait jamais. Sa présence était d’une incomparable saveur, une gourmandise inavouable. Elle aurait voulu que cela ne finisse jamais. Avoir posé l’uniforme sous les yeux de son propriétaire était déjà comme une sentence, un couperet sans pitié qui s’abattait sur une tranche de vie. Un secret merveilleux gardé au fond de son cœur. Sa raison et son devoir la conjuraient d’accepter. Ses sentiments et ses émotions pleuraient le prochain adieu.
- Voici vos effets, Guillaume, dit-elle d’une voix sans timbre.
Il se leva, alors, et fit deux pas en clopinant pour s’approcher d’elle sans canne. Tout près. Il se pencha sur le voile blanc qui lui cachait son visage baissé et allongea une tendre main sous son menton pour plonger son regard sombre dans le sien. Dieu que ses yeux étaient tristes, alors !
- Mathilde, susurra-t-il d’une voix profonde, je ne suis pas encore parti. Et oubliez ce regard désespéré, je pourrais croire que vous n’avez plus foi…
- Guillaume, espéra-t-elle du regard. Je prie sans cesse pour que Dieu m’indique le meilleur chemin. Mais il reste sourd à mes suppliques. Je ne sais plus que faire. Comment puis-je espérer trouver la paix après votre départ alors que vous m’avez fait entrevoir quelle force peut lier deux êtres ? Je n’imaginais pas que cela puisse exister.
- Je ne sais que vous répondre, ma douce. Moi-même je suis démuni. Vous êtes en train de bouleverser ma vie.
- Je suis terriblement désolée.
- Ne le soyez pas. Nous n’avons pas vécu tous ces moments dans votre cuisine pour imaginer nous séparer avec des larmes, n’est-ce pas ? Allons, faites moi vos yeux rieurs que j’apprécie tant.
Elle s’y essaya. Avec peine. Mais l’insistance des rassurantes prunelles noires de Guillaume lui fit esquisser un demi-sourire.
- Sœur Christine me donne encore une semaine pour être complètement rétabli, la rassura-t-il. J’ai encore du mal à poser le pied et mon côté est fragile.
- J’avais encore tant de recettes à partager avec vous… dit-elle, comme pour évacuer le trop plein d’émotions en elle.
Soudain, Guillaume se raidit.
- Vous avez entendu ?! s’exclama-t-il en tendant l’oreille vers la porte.
- Non, quoi ?
- Ces cris et ces portes qui claquent…
Le corps tendu et l’esprit soudain en éveil, Guillaume clopina rapidement vers la porte. Il tendit le buste vers l’extérieur, regarda et écouta. En refermant brutalement, il se tourna vers la religieuse, le visage alarmé.
- Mes effets, vite ! dit-il en se précipitant pour s’habiller.
- Comment ? … s’inquiéta soudain sœur Mathilde. Mais… mais qu’y a-t-il ? Que se passe-t-il ?
- Ces bruits ne sont pas ceux d’un couvent, affirma-t-il, tout en enfilant guêtres, jaquette, fourreau et cape. On vient pour moi.
- Vous… vous avez dû mal entendre, balbutia-t-elle, en le regardant visser son chapeau à larges bords sur son crâne. Non, ce n’est pas possible !
- J’ai malheureusement bien peur d’avoir raison, Mathilde. Il faut vous cacher… Vous mettre à l’abri.
- Mais, vous n’allez pas vous battre alors que vous tenez à peine debout ! s’écria-t-elle, affolée.
- Ne vous inquiétez pas pour moi. Je vais m’en sortir.
Et il s’élança vers la porte, oubliant son pied fragile. Mais, il se ravisa. Il posa sur la jeune femme des prunelles ardentes et revint près d’elle. Sans un mot, il lui prit le visage à deux mains et déposa un baiser d’une exquise douceur sur ses lèvres.
Brusquement, avant même que les genoux de sœur Mathilde aient eu le temps de se dérober sous elle, la porte s’ouvrit à toute volée.
- Monsieur ! Monsieur ! Nous sommes… s’interrompit sœur Marie, survoltée, en faisant irruption dans la pièce.
Un silence de plomb succéda à son entrée et la scène parut se figer dans un surprenant ralenti. Sœur Marie s’immobilisa soudainement, pleine d’effroi, son voile encore animé du mouvement que la course de la jeune femme lui avait communiqué. Le grand chapeau du mousquetaire mangeait presque toute la coiffe de sœur Mathilde. Leurs deux silhouettes noires et blanches si proches et leurs visages l’un contre l’autre plombèrent le cœur de la jeune portière, qui n’en croyait pas ses yeux. Ses poumons se bloquèrent et son sang se figea dans ses veines. Toute espérance et toute perspective heureuse disparaissaient d’un seul coup. Sœur Mathilde, elle, goûtait tout juste un trouble fulgurant, ses lèvres suspendues à celles de Guillaume, des bulles bouillonnantes d’émotion dans son ventre. Ils tournèrent en chœur leur regard sur l’arrivante. L’indécente forfaiture résonnait comme un silence assourdissant au milieu de la cellule.
- Il faut vous cacher toutes les deux, leur lança Guillaume qui reprenait rapidement la situation en main.
Ne cherchant aucunement à justifier son acte à l’arrivante, il fit une dernière caresse d’un doigt sur la joue de Mathilde en guise d’adieu et sortit, arme au poing.
- Allez vous mettre en lieu sûr, vite ! Á la cave, au fond du jardin, où vous voudrez, mais ne restez pas là, leur recommanda-t-il en se précipitant dans le corridor en direction des cris, aussi vite qu’il le pouvait avec sa jambe traînante.
Sœur Mathilde, sidérée, jetait des regards éperdus sur la porte restée béante pendant que sœur Marie, elle, ne lâchait plus sa consœur des yeux.
- Alors, c’est vous qu’il aime en secret, grinça-t-elle entre ses dents, ne retenant plus la jalousie incendiaire qui lui brûlait le cœur. Que lui avez-vous promis ? Que lui avez-vous fait pour qu’il vous aime ? C’était moi qu’il devait aimer. Pas vous !!
Sa voix s’était étranglée dans un sanglot furieux, son visage de jeune fille s’était contracté dans un rictus dément :
- Je te maudis, Mathilde ! hurla-t-elle en se ruant sur sa rivale pour lui arracher son voile et lui asséner des coups de poing. Je vous maudis, toi et ton diable de mousquetaire !!! Vous m’avez volé mes rêves de bonheur ! Je vous maudis tous les deux !
La furieuse s’acharnait sur sa consœur comme une démente, la projetant à terre et la rouant de coups. Le voile de sœur Mathilde fut arraché et elle se débattait comme elle pouvait sous les poings et les griffes de son agresseur.
Au-dehors, près de l’entrée, une quinzaine d’hommes en armes se ruaient sur les habitantes du couvent et les interrogeaient avec une violence inouïe. Ils avaient pénétré dans le couvent par un savant forçage de la fermeture surprenant toutes celles qui se trouvaient à portée. Tout défaut de réponse à leurs questions était puni de mort, sans sommation. Guillaume observait, caché derrière un pilier, l’épée au clair, prêt à occire ces brigands sans pitié. C’était lui qu’ils étaient venus chercher. Eux, les hommes à la solde du Duc de Gonzague, leur uniforme rouge et noir et tricorne emplumé, ces mercenaires assoiffés de pouvoir et d’argent, n’hésitaient pas à piétiner un lieu sacré pour le retrouver, lui, l’allégeant du roi. Se déplaçant de pilier en pilier, le mousquetaire se faufila au plus près d’un homme qui tenait brutalement par la guimpe une nonne âgée, à genoux et suppliante. Il n’hésita pas un instant et fondit dans le dos de l’agresseur avant qu’il n’ait pu faire un autre geste, pour lui enfoncer jusqu’à la garde son épée au travers du torse. L’homme s’écroula sur le côté, laissant sur place la pauvre femme à genoux, les mains jointes, totalement terrifiée. Guillaume retourna rapidement à l’abri d’un pilier et resserra sa cape autour de lui pour préserver sa discrétion. Il entendit deux autres hommes courir dans le corridor.
- Fouillez toutes les cellules ! cria l’un d’eux. Il doit s’y trouver. Ne le laissez pas s’échapper !
Tous les hommes convergèrent dans le cloître, mettant à cris et à sang toutes les religieuses et jeunes pensionnaires sur leur passage. Guillaume se faufila à travers le cloître d’arbuste en arbuste, de massif en massif. Là, il fit face à l’un des hommes et se mit en garde. Dans un rictus carnassier, l’ennemi fit de même et se rua sur lui dans un cri bestial. Leurs épées s’entrechoquèrent violemment et, d’une clé imparable, le mousquetaire lui éjecta l’arme des mains en un rien de temps. Il n’eut qu’à porter l’estocade en le transperçant sans hésitation à la poitrine. Le mercenaire, surpris, n’eut que le temps de pousser un cri de douleur avant de s’écrouler, mortellement blessé. Guillaume rejoignit un pilier, mais deux ennemis se ruaient déjà sur lui pendant que deux autres pénétraient dans la cellule des visiteurs. Sa cellule. Des hurlements féminins se firent entendre. Le cœur de Guillaume se déchira alors qu’il se battait avec les deux premiers. Ses gardes-malade n’avaient pas eu le temps de se mettre à l’abri. Pris d’une rage soudaine et irréfléchie, il se jeta sur les hommes, les embrochant sans coup férir, faisant fi des règles de combat de gentilhomme. Aussi brutalement qu’il avait occis ses assaillants, il pénétra à son tour dans la cellule et il enfonça son épée dans le premier torse à sa portée. Il ferrailla sans retenue contre le deuxième qu’il fit reculer jusqu’au mur du fond. Débordé, l’ennemi avait beau parer les coups du mieux qu’il pouvait, la fureur et la dextérité de Guillaume le planta là, lui faisant sauter l’épée d’une botte secrète et la sienne fichée aussitôt entre les deux yeux. Le regard de l’ennemi s’éteignit sous les éclairs noirs que lui lançaient les sombres prunelles du mousquetaire. Avant même qu’il ne puisse s’inquiéter de la santé des religieuses, un troisième homme pénétra dans la cellule et fondit sur lui en enjambant les corps des religieuses, l’épée en garde.
- Vous êtes fait, Montory ! s’écria l’homme. Je vais vous embrocher comme un vulgaire lapin de garenne.
- Si vous le pouvez ! défia Guillaume en retirant son épée pleine de sang du crâne de sa victime pour faire face à l’autre. Que Dieu sauve le roi !
L’homme para les coups furieux du mousquetaire aussi bien qu’il pouvait, mais la maîtrise de ce dernier et son déchaînement le déborda très vite. Il n’arrivait plus à suivre la lame de Guillaume qui tournoyait devant lui deux fois plus vite que la sienne. Quand elle s’enroula autour de son épée, il sentit ses doigts brutalement dessaisis et se retrouva désarmé, les bras en l’air face au mousquetaire. Son arme vola à travers la pièce.
- Vous n’auriez jamais dû vous en prendre à ces pauvres femmes, siffla Guillaume entre ses dents. Vous allez payer pour cela.
- On nous a dit pas de quartier, se justifia l’homme, bêtement.
- Ce n’est pas une réponse valable ! s’insurgea le mousquetaire d’une voix de stentor.
Et il lui enfonça sans pitié son épée dans la poitrine. L’homme s’écroula dans un râle. Guillaume lâcha son arme, jeta son chapeau à terre et se précipita sur les corps des nonnes inanimées, côte à côte. Sœur Marie était morte, égorgée, baignant dans son sang. Sœur Mathilde n’avait plus qu’un filet de vie pour poser un dernier regard sur le visage aimé. Sa guimpe transpercée et maculée de sang, ses cheveux éparpillés, elle tendit péniblement une main vers son visage.
- G… Guillaume… mon aimé… gargouilla-t-elle dans un soupir. Nous nous reverrons, j’en suis sûre. Je vous aime… pour l’éternité…
- Oh, non, Mathilde, pas… pas vous… s’étrangla-t-il. Je… je ne pourrais pas vivre sans vous... Je vous aime de tout mon cœur.
- Capitaine ! Enfin, vous êtes vivant !! tonitrua une voix rassurée derrière lui.
Guillaume reconnut sans peine Vaudreuil, l’un de ses hommes. Il tenait Mathilde morte dans ses bras, agenouillé sur le sol, tournant le dos à la porte où s’était agglutinée une poignée de mousquetaires venus à la rescousse. Il ne pouvait détacher son regard du visage éteint de la jeune femme. Il découvrait trop tard les beaux cheveux châtains clairs pas si courts que ça. Le chagrin l’envahit totalement alors qu’il lui fermait les yeux de ses doigts tremblants.
- Hé, capitaine ! Ne me dites pas que vous vous êtes amouraché d’une nonne, s’exclama son confrère en ricanant derrière lui.
- Ces femmes m’ont sauvé la vie, répliqua Guillaume d’une voix cassée et sourde de désespoir. Laissez-moi leur dire adieu comme il se doit.
- On ne doit pas traîner ici, capitaine, dit une autre voix désolée derrière lui. Il en reste encore qui rôdent dans les parages.
Guillaume reposa délicatement le corps de Mathilde au sol, avec une dernière caresse sur la joue. L’urgence de la situation l’empêchait de lui faire ne serait-ce que l’hommage d’une couche mortuaire. Il ravala ses larmes et se redressa péniblement. Il boitait davantage qu’auparavant.
- Partons d’ici, oui, reconnu-t-il en se retournant face à ses hommes, une grimace sur le visage voulant masquer son chagrin et légèrement courbé en avant.
Son côté lui faisait mal.
- Venez, capitaine, invita l’un d’eux en lui prêtant son épaule pour qu’il s’y appuie. Filons d’ici en vitesse.
Ils étaient venus à trois pour le chercher. Deux d’entre eux ouvraient la marche, leur épée en avant pour se protéger.
- Comment avez-vous fait pour savoir où je me trouvais ? demanda Guillaume au claudiquant le plus vite qu’il pouvait.
- Nous avons suivi l’ennemi en douce, dit Vaudreuil qui lui prêtait son épaule. Et nous vous avons cherché un moment, vous savez. Nous ne savions pas si la balle qui vous avait touché vous avait tué ou non. Votre cheval s’est emballé et nous ne vous avons plus vu. Impossible de vous suivre. Nous étions débordés. D’ailleurs, nous avons perdu Franquenot et Pardaillant… Les mercenaires du Duc avaient piégé les abords du pont avec des tonneaux de poudre. Ils n’y ont pas résisté. Et, heu… pire que tout ; Mazarin nous a mis hors-la-loi. La compagnie des mousquetaires n’existe plus. Nous avons su cela il y a une semaine à peine.
- Je m’en doutais, grinça Guillaume, le visage sombre. Gonzague a décidément trop de charme avec ses louis d’or.
- Et il veut notre mort à tous, renchérit son compagnon. Qu’allons-nous faire, capitaine ?
- Qu’allons-nous faire !! railla Guillaume d’une voix sombre. Mais, nous sommes libres, désormais. Nous sommes dégagés de notre allégeance, puisque le cardinal nous a dissous. Libres à vous de proposer vos services à ce serpent en habit de velours…
Deux derniers ennemis surgirent soudain devant eux.
- Guillaume de Montory, vous êtes en état d’arrestation, s’écria l’un d’eux. Vous devez rendre des comptes pour faits d’armes illégaux envers la nation !
Tous se mirent en garde et ferraillèrent furieusement, protégeant leur capitaine d’une injuste accusation. Deux tuniques rouges félonnes contre quatre croix blanches, l’ennemi avait peu de chance face à des mousquetaires aguerris, solidaires et désespérés. Dans ce dernier baroud d’honneur, ils mettaient un point final à leur mission envers le roi, réglant le sort de ces mercenaires à leur façon ; sans état d’âme.
En sortant du couvent dévasté, les quatre hommes se trouvèrent désemparés. Leurs chevaux les attendaient non loin.
- Qu’allez-vous faire, maintenant, capitaine ? demanda un de ses hommes, Montignac, le plus jeune de tous, tandis qu’ils rejoignaient leurs montures.
- M’enfermer dans une grotte et y méditer jusqu’à la mort, railla-t-il.
Tous trois le regardèrent étrangement. Ce n’était pas dans la nature de leur compagnon, de se montrer aussi désespéré.
- Vous êtes sûr que vous vous sentez bien, Montory ? s’inquiéta le plus âgé, Vaudreuil, qui arborait à sa lèvre supérieure des baccantes formidables.
L’expression sombre et perdue de Guillaume trahissait un homme profondément brisé pour qui la vie même n’avait plus d’importance.
- Je m’en remettrai, tenta-t-il de les rassurer sans grande conviction. J’en ai vu d’autres…
Voyant qu’il n’avait fait que semer le doute dans l’esprit de ses hommes, il ajouta :
- Non, en fait, je vais rejoindre ma Gascogne natale. C’est ce que j’ai de mieux à faire. Mais, je n’y resterai pas, pour sûr. Nous serons traqués tous autant que nous sommes.
- Vous devez bien avoir quelque donzelle charmante dans votre pays, capitaine ? … distrayez vous ! C’est ce que vous avez de mieux à faire, conseilla l’autre et ses longues bouclettes brunes.
Sans répondre, Montory approcha d’un cheval et se hissa dessus en grimaçant de douleur. Il tira fermement sur les rennes et talonna l’animal.
- Une différente pour chaque soir dans mon lit ! … Je vous le promets ! Bonne chance, les amis, et que Dieu vous garde ! leur lança-t-il en s’éloignant vers l’ouest au grand galop.
Il était sûr au fond de lui, malgré un semblant d’optimisme affiché, que la déchirure ne guérirait jamais. Plus aucune femme ne pourrait rivaliser avec l’amour qu’il avait vécu avec Mathilde. Toutes les fornications à venir ne le consoleraient jamais de l’avoir perdue, elle. Il n’avait plus aucun espoir d’amour.
Avec celle-ci ? Ou avec elle ? Peut-être non ?
Bon à part ça : ROooo c'était beau ! Oui j'aime la tragédie je sais c'est mal (c'est mon côté goth :p )
Je n'ai rien de plus a dire là à part que ça m'a plu, que j'ai trouvé la battaille haletante nan vraiment génial :)
J'imagine bien le mousquetaire se reconvertir dans la cuisine en souvenir de sa bien aimée, bref je vais continuer à lire cete histoire me plait décidément ^^
Une tragédie, c'est bien ça, Domino. Romanesque à souhait et je suis contente que ça te plaise. Tu verras bientôt le sort que j'ai réservé à Guillaume. Je ne t'en dis pas plus.
Biz Vef'
Quelques petites corrections au passage (que tu as peut-être déjà faites :
apercevoir bel inconnu (manque pas un "le" ?), "refuserai-t-il" = refuserait-il , "le plus âgé, Vaudreuil" : pourquoi pas plutôt : Vaudreuil le plus âgé?
Bref tout cela est sans réelle importance.
Une expression que j'adore : mettaient des papillons dans le ventre.
Quant au texte : Rien à redire, j'adore ce chapitre, rien n'est de trop, rien n'est superflu, je vis au rythme de tes personnages (si tu as un beau mousquetaire de rab, du genre de guillaume, je suis preneuse...), bref, c'est subtil, sensuel, alléchant à tous les niveaux. Les émotions sont justes, les descriptions bien pesées, le baiser presque trop court...
Franchement j'aime ton histoire, à la fois romantique, passionnée, tendre et je suis triste à l'idée de penser que dorénavant je ne reverrai plus Mathilde... (du moins pas dans son couvent, à cette époque...) Quelle beua texte, je n'ai rien à ajouter si ce n'est que je vais m'empresser d'aller voir la suite dès que j'aurai un peu de temps.
(Depuis que je viens sur ce site, j'ai pris du retard comme jamais sur tout : Travail, maison, roman...)
A très bientôt !
Tout d'abord, merci pour les fautes, je crois que j'ai bien tout corrigé.
Oui, moi aussi j'aime bien ressentir des papillons dans le ventre. Ça chatouille tellement agréablement.
Tu ne me fais que des beaux compliments et j'en suis toute chose. Ça me fait vraiment plaisir que tu apprécies ainsi mon histoire et surtout mes personnages. Je leur accorde une tendresse toute particulière, c'est vrai et si mes lecteurs peuvent en faire autant, alors, j'ai gagné.
Ne t'en fais pas pour tes retards de lecture. Tu te mets la pression toute seule. Y'a pas l'feu au lac, comme disent les Suisses !!!
Biz Vef'
C'est trop triiiiiste ! Je l'aimais bien, moi Mathilde ! Le pauvre Guillaume est tout seul maintenant ! Raaaaahhh c'est trop dommage ! Mais quelle idée elle a eu aussi, de devenir nonne ?!
Par contre, pour Marie, je l'attendais depuis un bout de temps cette crise. Une vraie furie celle-là ! moi à sa place, j'aurai pas attendu qu'un mousquetaire s'écrase dans le jardin... Elle avait les clés du portail, elle pouvait très bien prendre la clé des champs si elle en pouvait plus de vivre dans le couvent ! Je n'arrive pas à comprendre pourquoi elle attendait que le premier type venu la secourt... C'était une grande fifille non ? Bref.
Bon mais sinon, c'était une très belle histoire, ce qui s'est déroulé entre la nonne et le mousquetaire. Et Mathilde a eu d'autant plus de cran qu'elle restait ferme sur ses positions vis-à-vis de son divin mari. Elle a le sens des valeurs et des responsabilités notre cuisinière.
Bon ben, snif, chapitre suivant hein ?
Mais pk t'étais obligée de la tuer maintenant ?! >.<'
Enjoy !
Spilou ^^
Et concernant cette dernière, c'est vrai qu'étant portière, elle pourrait très bien prendre la clé des champs, justement. Mais, la bougresse tient à l'honorabilité et elle sait que si elle s'enfuit, elle ne trouvera que le caniveau car personne ne voudrait d'une nonne qui a déserté l'habit. Il n'est pas question pour elle d'avoir à mendier un mariage.
Peut-être devrais-je le préciser dans le chapitre...
Pourquoi l'ai-je déjà tuée ? ... c'est vrai que tout le monde me dit que ça va trop vite... et pourtant, ça ne pouvait durer plus longtemps que la convalescence de Guillaume. J'y réfléchis pour une nouvelle mouture. Peut-être ajouterai-je un chapitre de plus pour raconter plus en détails les amours naissantes entre eux. Chronologiquement, ça resterait identique. Pourquoi pas...
Merci, merci beaucoup pour ton commentaire enthousiaste, ma chère Spilou.
Biz Vef'
Sinon, pour faire un minimum sérieux dans ce commentaire qui s’éparpille un peu en n’importe quoi (^^), je voulais te dire puisqu’on n’aura plus vraiment l’occasion de vivre dans le couvent (je suppose…), que j’aimais bien ces petits chapitres entrecoupant l’histoire de Solenne. Je les trouve bien écrits et le fait d’y insérer un contexte historique (je te l’avais déjà dit, mais je le répète avec grand plaisir !), ça donne simplement envie de s’intéresser au passé :) N’entends pas par là que je n’aime pas (ou moins) la seconde partie de ton récit, mais l’alternance donnait un sentiment de dépaysement très agréable. Je suis persuadée de trouver mon compte dans la suite…
Merci beaucoup pour ces agréables moments littéraires :)
En tous cas, tu as tout compris. Une relation si brutalement interrompue, il fallait bien qu'elle se poursuive dans une vie d'après... et voilà !
Je suis contente que cette alternance d'époques t'aies plu. C'était aussi un grand plaisir aussi pour moi et je dois avouer que beaucoup m'ont dit être frustrés que ça soit écourté aussi vite. Mais comment faire pour étirer la chose sans s'empesentir sur une relation naissante, plaisante, certes, mais... enfin, je n'ai pas su en faire plus. Je me dis que c'est peut-être aussi bien comme ça, mais bon... à retravailler peut-être, je sais pas.
J'espère en tous cas que la suite te plaira. Merci encore pour tes gentils commentaies.
Biz Vef'
Sur ce coup-là, Vef, c'est moi qui me sens poignardée ! Je m'imaginais déjà continuer ma lecture jusqu'à pas d'heure mais non, VEFREE N'EN A PAS VOULU AINSI ! T___T
*pleure toutes les larmes de son pauvre corps*
C'est une belle histoire que tu as inventée là, Vefounette, du moins pour la partie passé, car nous avons encore peu de matières sur la partie présent (à part le début, où y'avait pas mal de mystères et maintenant où une éventuelle histoire d'amour se profile xD).
C'est vraiment triste ce qui arrive à Guillaume et Mathilde... mais je crois que ça n'aurait pas pu être autrement. Puis, je peux pas faire genre "je suis choquée", parce que tu nous avais déjà mis au courant...Et d'ailleurs, j'aime moins Marie maintenant. C'est dingue comme ça peut tourner à l'obsession, le fait d'être enfermé dans un couvent et rêver trop au bonheur...
Et maintenant, Vef, ça va continuer dans le présent non ? Est-ce que Léo est lui aussi quelqu'un du passé ? Il faut bien que Mathilde continue ce qu'elle avait commencé non ? Bref.
D'ailleurs, ça m'a choqué que Léo ait un cancer. T_T Naaaaan ! T_T
Bref, voilà. Bon, je vais aller me préparer une bonne salade. Je me sens ultra-motivée. Comme Solenne et Mathilde. XD
Et là, où je sèche, c'est justement pour étoffer la partie Solenne-Léo. J'espère y parvenir bientôt. Je touche du doigt un truc, mais je n'ai pas encore tous les éléments. J'ai tout de même bon espoir pour arriver à débloquer la situation.
Pour tes interrogations, je ne peux malheureusement pas t'en dire plus sans que tu manges tout cru le peu de suspense qu'il y a dans mon histoire. Je vais donc devoir à regret te faire mariner pendant un moment. Je peux juste te dire qu'il reste un chapitre qui parlera de Guillaume, puis nous rejoindrons Solenne et la suite de son histoire. On saura aussi ce que va devenir Léo, bien sûr.
Bon appétit, ma belle ! Je sais que tu vas bien t'en sortir, cette fois. Mais pardon encore de te laisser dans ta marinade un moment. Promis, la suite est en cours d'écriture. Je suis loin d'abandonner, c'est sûr. Ces encouragements me sont un regain d'énergie. Merci tout plein.
Biz Vef'
*essuie ses larmichettes*
Mais… c’est terriblaffreux ce que tu viens de faire… Je savais que ça allait arriver, mais je l’attendais pas déjà…
*réveille ses collègues endormis en se mouchant*
Et puis, c’est terriblement sadique de ta part. Je suis en admiration totale…
*constate que sa réserve de mouchoir est épuisée*
Mais en fait, c’est ça le pire dans l’histoire. Savoir. Non, parce que s’il y avait pas eu les visions de Solenne, j’aurais pu me raccrocher à un petit espoir pendant ma lecture. Eh bah là, nada, je savais Mathilde condamnée…
*renifle bruyamment sous les regards interrogateurs et endormis des collègues*
Et puis, le baiser, c’était bien entre ces deux finalement. Et puis la fin… la fin…
*se mouche dans sa manche*
Allez, je retourne finir ma pancarte de bienvenue au club des auteurs sadiques. Je crois que tu l’as bien méritée…
Et oui, qu'est-ce que tu veux. Certains diront que c'était écrit, d'autres diront que j'avais passé un coup de fil pour que ça se passe comme ça et zoup ! Nous voilà embarqué dans le drame. Oui, Mathilde reçoit un triste sort et c'est ma fauteuh !! Désolée.
Cela dit en passant, ton commentaire et ta bonne humeur me met du baume au cœur. C'est très agréable d'avoir un retour comme ça, surtout en rentrant d'une journée harassante. Merci beaucoup.
Biz Vef'
Un chapitre riche en émotions et en action, avec une belle dose de poésie (la scène dans la cuisine *o*) et de cape et d'épées. Guigui est un personnage attachant et je me demande, maintenant que soeur Mathilde est morte (snifou), si c'est lui que nous allons suivre dans le passé. Non, décidément, je suis ton histoire avec un grand intérêt mais je ne sais toujours pas vers où tu nous mènes et à quel moment les deux trames vont réellement se croiser. C'est agréable de se laisser mener par l'auteur sans impression de prévisibilité !
L'écriture est toujours aussi plaisante, à la fois riche et fluide. Tu mets bien l'accent sur les sensations, j'aime beaucoup !
La scène où Guigui se déclare était particulièrement touchante. A la rigueur, tu aurais pu aménager une courte pause lorsqu'il énumère toutes les raisons qui l'ont amené à descendre ce soir-là dans la cuisine. Au moment il s'apprête à énoncer la dernière (et plus profonde) motivation, tu peux le faire s'interrompre un moment : je pense que ça fera monter la déclaration en intensité ^^ Mais bien entendu, tu restes seule juge !
J'ai aussi été très marquée par la scène où soeur Marie est dévorée de jalousie et je suis certaine que si ni elle ni Mathilde n'ont pu se cacher à temps, c'est à cause de sa réaction hystérique et belliqueuse. C'était fort, ça aussi !
En tout cas, je maintiens mon sentiment quand je te disais que j'avais l'impression de lire du Dumas pour ces chapitres-là ! Et j'aime particulièrement les rouages historiques que tu fais jouer derrière, ça enrichit ton histoire ! Ca, Mazarin, je sais que ce n'était pas un ange ><'
Du coup, quand on arrive à la fin de ce chapitre, on ne peut que se demander : "et maintenant ?"
Bonne continuation, vefree, tu peux être fière de toi ! :o)
J'apprécie ce que tu me dis ; événement annoncé, mais non prévisible. Ça laisse au lecteur la possibilité de se laisser porter par l'histoire sans attendre forcément une chose précise. C'était l'idée que j'en avais, sans vraiment être certaine de l'impression que ça donnerai. Un retour comme ça est précieux pour moi. Merci beaucoup.
Donc, pour la même raison, j'envisage aussi de prendre en compte ta remarque sur Guigui et sa déclaration. Vue sa rapidité, je peux l'allonger un peu et laisser le temps au lecteur de savourer. C'est ça, hein ?!
Et j'avoue que la partie historique m'a donné du fil à retordre. Heureusement que je suis bien entourée question bêta et LI, parce que je suis une quiche en la matière. Donc, si pour toi, ça te va, c'est tant mieux. Mazarin, certainement, n'était pas un saint même s'il était ecclésiaste.
Et maintenant ? ... eh bien, maintenant, la suite s'écrit petit à petit. Je demande juste un peu de patience.
En tous cas, merci, merci beaucoup pour tes retours constructifs et plein de compliments. Me comparer à Dumas, quand même... huhu ! ... *guette mes chevilles*
biz vef'