Chapitre 6 : Snow Slayer n'est pas une Super Héroïne

J'avais mis Juozas au courant de ma mission en « duo » avec Ether. À part Jane — à qui je ne pouvais pas en parler, il était la seule personne avec qui je pouvais discuter. Il me reprochait d'être trop introvertie, me servant souvent des : « Tu ne parles jamais à qui que ce soit, tu t'attends à ce que ton âme-sœur frappe à ta porte ? ». Évidemment que non, puisque je n'y croyais pas. Combien même c'était le cas, mon âme était sûrement perdue depuis longtemps.
Juniper et Lynx étaient de bonnes personnes, mais ils étaient tellement sociables qu'ils amassaient toujours énormément de monde autour d'eux. Ils étaient aussi très taquins et second degré. Différents du sérieux mais pas aigri de Juozas qui, sans être un paria, était plus facile à approcher. C'était lui qui avait pour habitude de venir me voir, sans forcément discuter pour autant. Mais cette fois-ci, j'avais pris l'initiative de l'informer de ma mission.
Je n'aimais pas les cachotteries, et j'estimais qu'en ce qui concernait le gang, aucune n'était requise et tolérée. Mais si je leur faisais part de sa présence à mes côtés, après ce que je leur avais révélé, la situation tournerait au vinaigre. En parler à ma mère en revenait au même. Cependant, le cacher à tout le monde me donnerait l'impression de comploter. Le dire à une seule personne suffisait. Juozas gardait toujours tout pour lui. Je ne lui avais pas intimé de se taire, il était libre d'en parler ou non, ce n'était donc pas comme si c'était un secret.
C'était juste un détail que je lui avais communiqué parce que j'étais pressée et qu'il était sur mon chemin.
Je n'avais aucune raison de me sentir coupable.
Je n'avais rien à me reprocher.
Je faisais tout dans le respect des règles.

        Lorsque j'arrivai à destination, Ether se trouvait près de l'entrée souterraine de la gare. Elle me tournait le dos. Si j'avais dû imaginer sa tenue — chose que je n'avais pas faite, j'aurais pensé à des vêtements extravagants de junker ou, au contraire, à un cosplay stéréotypé d'aventurière. À ma surprise, elle était simplement vêtue d'un jean élimé, d'un sweat et d'un blouson. Sa nuque dégagée par ses cheveux relevés d'une pince crabe, habituellement toujours lâchés, me révéla une sorte de tatouage noir à sa base. Je ne pus m'attarder dessus puisqu'elle se tourna vers moi, ajustant son col.
          — Salut, fit-elle.
         Je lui rendis son salut par un signe de tête.
Je n'aimais pas cet endroit. Il était autrefois sous le contrôle des Cobras. Lorsque je vivais à Specter, ce groupe régnait encore, alors j'avais l'étrange impression qu'ils étaient toujours là et me sentais épiée.
        Je secouai la tête en levant les yeux vers le ciel nuageux. Peu importe. Ils n'étaient pas encore sortis, alors autant faire ce pour quoi j'étais venue, et m'en aller aussitôt.
        — Allons-y, lui dis-je.
        Elle me suivit sans un mot. Je gardai un œil sur elle.
        En entrant dans la gare, sombre et poisseuse, je ne pus m'empêcher de me demander comment des êtres vivants pouvaient s'en servir comme planque. De l'eau de pluie s'infiltrait et les moisissures formaient d'énormes plaques sur toutes les surfaces encore stables et pas encore pourries. Le bruit courrait que certains Cobras, encore en liberté, s'y cachaient toujours, mais en constatant l'état des lieux, encore pire que dans mes souvenirs, je commençai à douter.
        En traversant les tourniquets rouillés, Ether m'interpella.
        — Est-ce que je peux savoir en quoi consiste cette mission ? demanda-t-elle en enjambant à son tour les barres en métal.
        J'attendis qu'elle me rejoigne avant de descendre les escaliers menant aux quais.
        — Khamm, notre fournisseur, a volé nos marchandises et a envoyé ses hommes abattre certains de nos membres dispersés un peu partout en ville. On doit les récupérer.
— Khamm, le dealer de Sunstar Haven ?
Je lui jetai un coup d'œil.
— C'est ça.
— Ça fait longtemps que vous travaillez avec lui ? demanda-t-elle en descendant sur les railles que l'on devait longer.
— Oui, répondis-je en ouvrant le chemin.
— Je suppose qu'en tant que dealeur, tout le monde doit avoir l'habitude de faire affaire avec lui.
— Mmh.
— Si c'est le cas alors ce vol d'armes doit être une première, non ? S'il trahit ouvertement un gang tel que le vôtre ça nuirait à ses affaires.
À moins qu'il ne change de statut social ou ne bénéficie d'une protection qui le couvrirait et lui permettrait de reprendre ses activités de receleur.
— Uh-huh.
Si Khamm n'avait revendu nos armes cela signifiait qu'il les gardait pour lui. Et si l'hypothèse de protection renforcée était plausible, alors il était envisageable qu'il se prépare à former un nouveau gang. Et vu la tournure que prenait ses affaires, il serait loin d'être amical. Mieux valait couper le mal à la racine.
— C'est ici, fis-je en m'arrêtant devant une sortie de secours.
Je tournai la poignée mais malgré mes essais, celle-ci resta scellée.
— C'est bloqué, déclarai-je.
— Tu ne peux pas la détruire ?
Je le pouvais. Si j'avais été seule j'aurais pu éviter les débris provoqués par le potentiel effondrement des murs instables, mais je ne voulais pas commencer cette mission par un sauvetage in extremis.
— Trouvons un autre moyen, proposai-je.
Après un moment, Ether revint vers moi.
— Il y a une entrée.
Un peu loin, presque imperceptiblement, se trouvait une fente en bas du mur, recouverte par de gros débris ayant été écartés.
— Tu as dégagé l'entrée ? demandai-je.
Elle hocha la tête et s'apprêta à s'accroupir. Je l'arrêtai.
— Je passe d'abord.
Elle ne protesta pas et s'écarta de l'entrée. Je rampai à travers la fine ouverture à ras du sol et la flamme qui nous avait éclairée jusqu'à présent s'éteignît dans ma paume. En y repensant, et en ayant mes poignets devant les yeux, je me rappelai ma suspicion concernant les pouvoirs Huo d'Ether. Mais elle venait de dégager l'entrée pourtant bloquée par d'énormes blocs, cela signifiait-il qu'elle maniait la terre avec une Axona Tu ?
Je me relevai et éclairai à nouveau les alentours. Rien à signaler.
        — C'est bon, lui dis-je.
        La sortie de secours menait, après plusieurs détours, à la surface.
        Nous arrivâmes à Naxdale, une petite ville voisine. Un gang régnait autrefois ici, mais s'était dissout après une querelle contre les Cobras dont le territoire s'étendait hors de Feargate, sur cette partie de Naxdale. À présent, ce n'était plus rien qu'une vulgaire ville marchande. Nous nous trouvions dans une zone reculée, là où se cachait Khamm. Un quartier fantôme.
        Un bidonville.
        — C'est ici ? demanda Ether lorsque nous arrivâmes à la succession de baraquements.
        Le brouhaha incessant et l'humidité étaient typiques de l'endroit. Il y avait  à peine un mètre séparant les deux extrémités des chemins sur lesquels nous avancions, entourés de camps de part et d'autres. Tout était fait à partir matériaux de récupération. C'était si dense et clos que nous devions nous faufiler, parfois en traversant même les bus rouillés et réaménagés en campings cars, afin de continuer notre avancement. Sous les regards suspicieux et intéressés des habitants, je ne fus pas mécontente qu'Ether ait eu l'idée d'abandonner ses vêtements haute couture. Tout en étant focalisée sur la route, je ne gardais pas moins l'œil sur elle qui, contre toute attente, n'avait pas le comportement répugné et frivole des Hautesses.
        — Il faut maintenant trouver Khamm, finis-je par répondre en manquant de me faire bousculer par un ivrogne.
        — Tu sais comment tu vas t'y prendre ?
        — Je vais demander.
        À l'entrée de ce qui devait être une ruelle, se trouvait un grand type encapuchonné.
        — Je cherche Khamm, vous ne l'auriez pas vu ? dis-je en lui tendant deux billets de cinq mille Kystas.
        Il décroisa les bras et pris nonchalamment les billets.
        — Au port, il y a une heure. Il a pas bougé.
        Je hochai la tête et traversai la ruelle.
        En sortant du bidonville, en direction du port, j'entendis des bruits de coups, comme quelqu'un qui se faisait battre. J'intimai à Ether de se dépêcher. Nous étions peut-être sorties du bidonville, mais nous nous en étions éloignées de quelques mètres seulement. Nul besoin de se faire remarquer ici.
        En tentant de passer le plus discrètement possible, nous vîmes trois hommes en treillis malmenant un type d'environ une quarantaine d'années. Nous étions visiblement arrivées à la fin du bizutage puisque les trois gaillards s'en allèrent non sans le gratifier d'un—
        — Ils viennent de lui cracher dessus ? s'indigna Ether.
        — Oui.
        Je la retins de justesse alors qu'elle se dirigeait vers lui.
        — On a une mission, l'avertis-je.
        — Et j'ai une morale, répliqua-t-elle avant de se dégager d'un geste.
Je retiens un soupir et lui emboîtai le pas.
        Elle se baissa vers l'homme dont le visage enflé témoignait des multiples coups qu'il avait dû recevoir au cours des jours passés. Après l'avoir aidé à se redresser, il se présenta comme étant Henry Quark, un citoyen de Nexdale. Il avait demandé service à Khamm et celui-ci aurait, en plus de la somme d'argent qu'il trouvait minime, engagé son fils de quatorze ans à son service, dont il nous montra la photo. Blond, cheveux courts, visage fin pré-pubère, yeux lumineux.
        — Ça ne devait durer qu'une maudite semaine, couina-t-il. J'avais refusé, mais mon Niall y est allé. Je ne sais pas il... il a dû écouter notre conversation et a pris la décision tout seul. J'ai essayé de le récupérer mais ils m'ont jeté dehors. Alors j'ai attendu que cette semaine passe pour le ramener à la maison et...
        — Combien de temps maintenant ? demanda Ether.
        — Presque un mois...
        Je me doutais de ce qu'elle allait faire et la saisis par le bras.
        — Ne fais pas de promesses à la légère, chuchotai-je.
        — Je n'en fais pas, répliqua-t-elle avant de se tourner vers Henry. Nous avons des comptes à régler avec Khamm, nous verrons ça sur place.
        L'homme était le point de pleurer de soulagement.
        — Oh, merci, merci mille fois. Vraiment je...
        — Nous devons y aller, le coupai-je avant de lui tendre un mouchoir en tissu. Mettez-vous à l'abri.
         — Oui, oui. Bien sûr, bien sûr...
Nous reprîmes notre route et nous dirigeâmes vers le quai. Il était proche, et si j'avais été seule, j'aurais pu l'atteindre par les airs, mais j'étais obligée de faire un détour en passant par les sols. Je pouvais évidemment porter Ether, mais deux personnes volantes n'étaient pas ce qu'il y avait de plus discret.
— Tu l'aurais laissé ? demanda-t-elle après un long moment.
— Oui, répondis-je en sachant pertinemment de quoi elle parlait,
Silence.
— Vraiment ?
— Ouais.
— Sans aucun remord ?
Silence.
— Sans aucun remord ? insista-t-elle.
— Je l'aurais laissé, déclarai-je.
— Sans aucun remord ?!
— Les remords n'importent pas lorsqu'on doit accomplir une tâche.
— Et tu devais l'ignorer ? demanda-t-elle.
— Oui.
— Pourquoi ?
Je soupirai en traversant le passage piéton désert.
— Parce que ça interférait avec notre mission.
— En quoi l'aider interférait avec quoique ce soit ? C'est... (elle chercha ses mots) Si ç'avait été quelqu'un que tu connais, tu l'aurais laissé ?
Si j'avais été en équipe avec cette personne, alors non, je l'aurais aidée et secourue. En revanche si elle avait juste été de passage pendant mon boulot, je serais allée m'assurer qu'elle n'avait rien de cassé. Je l'aurais aussi fait avec cet homme, en dehors du travail. Je ne l'aurais pas laissé. Mais en passant tout à l'heure, j'avais bien vu qu'il respirait et qu'il n'était pas en danger de mort, alors je n'avais pas eu besoin de m'approcher. Ce n'était pas comme si le plafond était sur le point de s'écrouler sur lui. Et combien même, si un type avait braqué une arme sur lui, j'aurais dû compromettre ce pour quoi j'étais venue en risquant de me faire démasquer ?
Quoiqu'il en soit, si j'avais été seule et que j'avais assisté à la scène, je me serais arrêtée s'il avait été dans un état critique et fait en sorte que quelqu'un le voit et lui porte secours. Mais je ne me serais pas arrêtée comme elle l'avait fait pour entamer la discussion parce que... en bien parce que c'est déplacé de se mêler de la vie des autres.
Voyant que je ne répondais pas, elle soupira.
— C'était donc de ça qu'elle parlait...
— Qui ?
Elle secoua la tête.
—  Peu importe. Laisse tomber, inutile de s'attarder là-dessus, soupira-t-elle en se massant la nuque. Disons juste que je comprends, c'est une réaction typique donc...
        Je tiltai.
        — Typique ?
        — Oui, exercer ton métier nécessite des prédispositions. Tu n'aurais pas réussi si tu te souciais de ce genre de détails.
        Je m'arrêtai.
        — ...Détails ?
        Ether me fit face.
        — On ressent tous l'empathie à différents degrés, alors c'est normal que nous agissions différemment, toutes les deux.
        Comme je la dévisageais, incrédule, elle s'expliqua :
        — Ce que je veux dire c'est que je ne devrais pas te reprocher ton comportement. Personne ne s'attend à ce que la Snow Slayer d'Odium soit une Super Héroïne.
Certaines prédispositions ? Empathie à différents degrés ? Super Héroïne ? Je n'étais pas non plus Jack The Ripper et je n'avais pas de trouble de la personnalité antisociale. Savoir s'organiser en suivant un ordre de priorités n'était selon moi pas une réaction typique de quoique ce soit. Je m'y prenais juste de la façon la plus efficace et contentable qui soit. J'en entendais de toutes sortes depuis que j'avais commencé ma carrière de « spadassin », et tout le monde gardait l'image du tueur stéréotypé. Les gens avaient tendance à s'inspirer de la fiction pour se forger une opinion à propos de quelque chose qu'ils ne voyaient pas, comme celle de l'extraterrestre vert . C'était compréhensible, tous les extraterrestres de fiction étaient verts. Mais celle du tueur à gage ? Oscar Dzundza n'était pas dérangé. Faire son travail — aussi controversé soit-il — ne rendait pas inhumain.
        — D'accord, répondis-je en hochant la tête. Merci pour ta considération mais on doit se remettre en route.
        Peu m'importait après tout. Je ne la connaissais que depuis quelques jours et j'entendais ce genre de propos partout où j'allais. J'avais appris à ne pas y faire attention. Après tout, je ne pouvais pas changer les convictions de l'humanité.
— Ce que je... commença-t-elle. Oui, on devrait y aller.
        Lorsque je repris le chemin, j'eus l'impression qu'elle était sur le point d'ajouter quelque chose mais ne le fit pas. Le bon silence s'appelle sainteté.

        Le port était également comme dans mes souvenirs : délabré mais personnalisé au possible. Des tonnes de cargaisons s'étendant sur plusieurs kilomètres ou reposant sur des porte-conteneurs rouillés et instables, le tout agrémenté de constructions amatrices faites à partir  de matériaux de récupérations pourtant assez solides, servant à la fois d'habitations et de postes de guet. Cet endroit autrefois destiné à l'accueil des navires et aux ravitaillements déchargements de conteneurs en provenance du monde entier était à présent devenu un labyrinthe repère de malfrats et nid à tétanos.
        Comme je m'y attendais, les hommes de Khamm faisaient le tour du périmètre. Je parvins à m'en débarrasser discrètement et sans encombre non sans sentir le regard d'Ether derrière moi.
        — Tu n'aurais pas juste pu les assommer ?
        Je me relevai après avoir fouillé un dernier corps à la recherche de munitions utiles.
        — Non.
        Nous étions au milieu de conteneurs empilés sur plusieurs centaines de mètres de hauteur. Il était difficile de se déplacer, alors cet escroc de Khamm et ses hommes avaient ajouté des constructions afin de se déplacer en hauteur. Elles semblaient mener nulle part mais en étant au sommet, j'avais remarqué un entrepôt camouflé par l'environnement, à quelques mètres d'ici.
        J'intimai à Ether de me suivre en restant derrière moi puisqu'étant donné le nombre de patrouilles que j'avais fait taire en me rapprochant plus tôt, cet endroit devait sûrement être là où Khamm se cachait.
        — Reste ici, lui chuchotai-je.
        Comme je le soupçonnais, des patrouilles étaient postées à cet endroit. J'essayai d'entrer mais la porte principale était verrouillée. Même si je procédais par ordre de priorités et que pénétrer l'entrepôt et trouver Khamm était en haut de la liste, je devais d'abord m'occuper des hommes postés à l'extérieur si je ne voulais pas provoquer un bain de sang et donner raison à Ether et au reste du monde.
       Je ne voyais pas le sommet du conteneur sur lequel se trouvait Ether, mais je supposais qu'elle y était encore, il n'y avait aucun moyen pour elle de descendre sans faire le tour. Il devait y avoir une vingtaine de personnes, dont trois sur les étages près fabriqués. Le plus proche, et stratégiquement éliminable se trouvait à quelques mètres de moi. J'attendis que les voix des deux femmes qui passaient tout près s'éloignent avant de m'en occuper. En temps normal, j'aurais d'abord éliminé les trois types haut perchés qui représentaient une menace puisqu'ils risquaient de me repérer, mais je ne cessais de jeter des coups d'œil au conteneur d'Ether. Si je montais et qu'elle me voyait, elle risquerait de faire quelque chose de stupide, comme me faire un coucou de la main, m'appeler, ou... autre chose.
        Après avoir éliminé les trois gaillards en hauteur, je pouvais enfin voir l'emplacement de la planque d'Ether. Et elle n'y était plus.
        Un courant d'air emporta mes cheveux tandis qu'une lame fendait l'air dans ma direction. Je l'esquivai sans effort avant de saisir le bras de mon assaillant qui craqua sous ma poigne en même temps qu'un flot de sang jaillissait de sa gorge que j'avais entaillée. Il s'écroula dans un bruit sourd accompagné de gargouillements noyés avant que le silence ne règne.
    J'avais manqué de vigilance. À trop me focaliser sur Ether et les conséquences de sa mort prématurée sur nous tous, mes sens s'étaient flétris. Je soupirai en remontant. Autant jeter un dernier coup d'œil, et si elle ne se montrait pas... eh bien je verrais.
        Avant que je n'arrive sur la balustrade, je perçus un mouvement du coin de l'œil. Tout en bas, près de l'entrée de l'entrepôt devant lequel je me trouvais précédemment, se trouvait une silhouette svelte nonchalamment adossée au mur. Lorsqu'elle me vit, celle-ci me fit un signe "OK" de la main.
        Je serrai inconsciemment la mâchoire. Qu'y avait-il de compliqué à suivre une simple consigne ? Consigne qui ne stipule rien d'autre que de rester à ne rien faire ? Je n'arrivais pas à comprendre ce qui m'était passé par la tête lorsque j'avais décidé qu'amener une civile dans un quartier de drogués était une bonne idée.
        Lorsque j'arrivai à la hauteur d'Ether, celle-ci se redressa.
        — Je croyais t'avoir demandé de rester en haut, dis-je.
        Elle pencha la tête sur le côté en se massant la nuque.
— Tu m'as demandé de le faire, pas d'en discuter, répliqua-t-elle.
        Je fronçai les sourcils.
        — Pourquoi faire ?
        Elle me dévisagea.
        — Parce que c'est le principe d'un travail d'équipe, énonça-t-elle comme une évidence.
        — On ne fait pas équipe, objectai-je froidement. Je te surveille pour m'assurer que tu ne me mettes pas de bâtons dans les roues.
        Elle stoppa net sa main encore posée sur sa nuque avant de me faire face, visiblement mécontente.
        — Te mettre des bâtons dans les roues ? Pour nous conduire à notre mort ?
        — C'est ce qui aurait pu arriver parce que je n'étais pas assez concentrée, répliquai-je. Et je ne peux pas faire mon travail si quelqu'un me ralentit.
        — Si je te ralentis alors je suppose que tu n'as pas besoin de mon aide pour atteindre l'entrée qui est bourrée de Sealgifs*.
        Je suivis son regard vers la porte qui était effectivement scellée. Probablement parce que Khamm craignait que ses hommes de main ne s'aventurent à l'intérieur. Et si c'était le cas, alors ce n'était sûrement pas à l'intérieur qu'il se cachait. On ne pouvait pas entrer par la porte d'entrée et détruire les murs serait inutile puisque les sceaux devaient aussi être posés de l'intérieur. Ce genre d'endroit comportait toujours au moins une fenêtre, et même si celle ci était obstruée, il y devait y avoir assez d'espace pour laisser l'air rentrer. Si l'air pouvait passer, alors moi aussi.
        — Il faut trouver une fenêtre, énonçai-je en passant ma main sur le mur. Les sceaux ne peuvent pas y être apposés alors...
        — Derrière.
        Je me tournai vers elle et la vis se remettre en route.
        — Il y en a une derrière, répéta-t-elle. Je l'ai déblayée.
        En effet, à environ trois mètres de hauteur se trouvait une ouverture sur le mur qui commençait à présent à s'effriter. Comme si quelqu'un avait donné de grand coups dans la matériau qui bloquait la fenêtre. Je regardai Ether du coin de l'œil. Après la bouche de métro, ça. Quelque chose sortait clairement de l'ordinaire.
        Je pris de l'élan sans un mot avant de sauter sur l'ouverture. Je me retournai en lui tendant la main.
        — Vérifie d'abord qu'il n'y ait personne à l'intérieur, dit-elle. Je n'aimerais pas te ralentir.
        Je pris une profonde inspiration avant d'entrer dans l'entrepôt. Je suppose qu'il était normal qu'elle se sente offensée, même si je n'avais fait qu'énoncer les faits. Jane me disait souvent de faire preuve de plus de tact et de sens commun. D'exprimer le fond de mes pensées  pour éviter les quiproquos. Je ne voyais pas pourquoi : si mes réflexions étaient pertinentes, pourquoi est-ce que je devais faire en sorte de les maquiller en quelque chose de plus agréable à entendre ? Et si elle ne l'étaient pas, pourquoi est-ce que je devais quand même les exprimer ? Ça ne ferait que compliquer les choses, et j'essayais toujours de faire au plus pratique.
        Je concentrai mon ouïe afin de déterminer la présence ou non d'intrus dans cet endroit. Il n'y avait personne. L'autre des avantages des Axonas, étaient qu'elles accroissaient nos capacités physiques, telles que l'endurance et la vitesse, par exemple. Mais aussi notre vue, ouïe et odorat. Evidemment, tout était subjectif. Lynx, par exemple, avait une bien meilleure ouïe que moi. Et Jane était réputée pour sa vitesse. Tandis que moi...
        Je remontai sur l'ouverture en espérant qu'Ether n'ait pas à nouveau disparue. Heureusement, il semblait qu'elle m'ait cette fois attendue sans rechigner. Je lui tendis à nouveau la main alors qu'elle relevait enfin les yeux vers moi, plongée dans ses pensées.
        — Prends un peu d'élan, dis-je. Il faut que tu prennes appui sur le mur et que tu essaie de... Hng !
Prise par surprise, elle me saisit brusquement et rapidement la main avant de se hisser au sommet. Ne m'étant pas préparée à une telle adresse, je perdis l'équilibre et nous nous écroulâmes dans un bruit sourd sur le sol crasseux de l'entrepôt.
      Grimaçante, je tentai de me relever en saisissant Ether par les épaules et me rendis compte qu'elle n'avait rien du physique frêle que je soupçonnais. Il était même en réalité presque similaire aux mien. Je ne l'avais vue que trois fois, et à bien y réfléchir, ses vêtements n'avaient jamais laissé transparaître une quelconque maigreur. Je n'avais fait que la supposer. Après tout, les filles de son rang n'étaient pas supposées avoir le physique d'un catcheur.
        Elle tenta de se relever mais jura avant de passer la main entre nos poitrines. Je baissai les yeux et la vis tenter de décoincer de mon t-shirt Henley son étrange amulette en or assez ancienne, sur laquelle figuraient d'étranges astres à la verticale ainsi que des écrits que je ne comprenais pas. La voyant commencer à perdre patience, je me redressai.
        — Laisse-moi essayer, proposai-je.
        Elle leva les yeux vers moi et hocha la tête. De par notre proximité, c'était la première fois que je réalisais qu'ils étaient verts.
        La boucle du médaillon s'était accrochée au bouton de mon haut dont les fils commençaient à se défaire. J'essayai de le retirer sans faire de dégâts, sans succès.
        — Attends, je vais essayer de le... oh !
        Excédée, j'avais tiré d'un coup sec sur mon col et réussis à régler le problème. Non sans perdre un bouton.
        — Je suis désolée, dit-elle en me regardant. Est-ce que ça va ?
        —  Oui, répondis-je. Ça va.
        — Et aussi pour ton t-shirt , commença-t-elle en baissant les yeux vers mon col. Je t'en rachèterai un.
        — Pas besoin.
        Je tentai de me relever mais réalisai soudainement qu'elle était assise à califourchon sur mes cuisses, le regard toujours toujours baissé sur mon col abîmé.
— Ether.
— Oui, oui, pardon, désolée, bégaya-t-elle en se relevant précipitamment avant de me  tendre la main pour que j'en fasse de même. Voyons ce qui se cache ici.
J'époussetai mon jean en la regardant s'enfoncer dans l'entrepôt. C'était étrange. Je la trouvais toujours bizarre et pas nette, c'était sûr, mais quelque part au fond de moi, j'avais l'impression qu'elle n'était peut-être pas aussi dangereuse que je le pensais. Je n'avais rien pour le prouver, il s'agissait d'une simple intuition. Mais qui me suivait inconsciemment depuis le début.
L'entrepôt était rempli de caisses de différentes contenances, faux papiers, faux billets, drogues, et plus encore, mais toujours aucune arme en vue. Les caisses étaient marquées de numéros de suivis et d'un signe qui sous un certain angle pouvait à la fois faire penser à la lettre « D » comme à un serpent. Je haussai les sourcils. Est-ce que c'était leur logo ? Nous ratissions l'endroit qui, finalement, était plus un local qu'autre chose, ce qui facilitait considérablement les recherches. Sans les faire s'aboutir.
        — Tu as trouvé quelque chose ? demanda l'écho de la voix d'Ether.
        — Non, répondis-je en refermant le couvercle de la caisse dans un fracas qui raisonna dans tout le local.
        — Tant mieux, parce qu'il y a une entrée ici. Ou une sortie. Va savoir.
        Je fronçai les sourcils et allai à sa rencontre. Une fois arrivée à ses côtés, j'inclinai la tête. Il s'agissait effectivement de la suite du local qui était recouverte par des sortes de rideaux plastifiés de quarantaine. J'en poussai un légèrement avant de voir d'autres caisses entassées plus loin. Je levai les yeux vers les coins du plafond, suspicieuse. Avant de faire part de mon avertissement à Ether, celle-ci entra sans prévenir.
        — Les armes sont là, dit-elle.
        — Quoi ? fis-je en lui emboîtant le pas.
        Elle pointa du doigt l'une des caisses de laquelle dépassait un fusil.
        Je m'approchai de la dite caisse et en vérifiai le contenu.
        — C'est l'une des nôtre, l'informai-je.
        — Il y en a d'autres par là.
        — Celles-ci aussi, dis-je en posant sur la caisse une pastille tractrice*.
        —  C'est étrange qu'il n'y ait pas plus de monde pour surveiller cet endroit. Je pensais le fameux Khamm plus prudent, commenta Ether en s'attelant à côté de moi à l'ouverture d'une porte en bois.
        — C'est parce que nous sommes filmées, répondis-je.
        — Quoi ?
       — Il y a des caméras de surveillance.
        Elle se tourna vers moi avec un air sidéré, comme si je lui avais annoncé que j'étais un homme.
       — Depuis quand tu le sais ?
Je haussai les épaules.
— J'y crois pas, marmonna-t-elle.
Elle secoua la tête et ouvrit d'un coup sec la porte qui vola en éclats. Des bouts de bois fusèrent dans ma direction mais je me protégeai en levant le bras devant mon visage avant d'entendre un fracas. Ether s'était faite projetée plusieurs mètres en arrière sur les caisses d'armes qui tombèrent dans un bruit assourdissant à la manière d'une chaîne de dominos. Le regard posé sur son corps qui gisait au sol, j'esquivai le coup de couteau qui fendit l'air dans ma direction avant de saisir le bras coupable. Je baissai les yeux vers mon assaillant dont j'avais immobilisé le bras armé avant d'écarquiller les yeux. Il s'agissait d'une fille d'environ douze ans au maximum. N'ayant jamais été confrontée à une situation similaire, je restai un instant immobile, indécise. Elle était loin d'être aussi forte que moi, c'était évident, mais elle l'était déjà plus qu'une enfant de douze ans. Je n'avais jamais tué de cette façon quelqu'un d'aussi jeune. Je ne savais pas non plus que Khamm engageait de si jeunes enfants. Mais ça concordait avec ce que Henry avait raconté à Ether.
Je levai la main dans le but de l'assommer en lui assénant un coup sur la nuque mais décrochai instinctivement un coup de jambe à un deuxième assaillant qui tenta de me m'attaquer par derrière. Il perdit l'équilibre suite à ma contre attaque et s'écroula sur le dos. Je le maintins au sol de mon pied.
J'entendis des bruits de pas et vis Ether qui se rapprochait de moi, grimaçante, en se massant l'épaule.
— Tu vas bien ? ai-je demandé plus par surprise que par inquiétude.
— Je ne l'avais pas vu venir mais je gère. Et toi aussi, apparemment, observa-t-elle en désignant mes deux prises.
— Ils sont sortis de cette porte, exposai-je en évitant le coup de poing de la fillette avant de lui tordre le poignet en lui faisant lâcher son arme. Il doit y avoir quelque chose derrière que Khamm ne veut pas qu'on voie.
— Alors il faut y aller, conclut-elle.
— Non, tranchai-je en immobilisant la fille contre moi, bras dans le dos. Notre mission prend fin.
Pour la millième fois ce jour là, Ether me dévisagea, sidérée.
— Tu plaisantes ?
Je ne répondis rien et la vis contracter sa mâchoire en hésitant plusieurs fois sur ce qu'elle allait dire, comme si elle essayait de ne pas prononcer quelque chose qu'elle regretterait.
— Il se trame quelque chose de louche ici, commença-t-elle. Tu l'as dit toi-même. Ce sale type est probablement en train de fonder son propre gang pour assouvir je ne sais quel dessein pervers. Il stocke des kilos de produits illicites, d'armes de contre bande, et des gosses, fit-elle en pointant les intéressés du doigt. Et tu veux qu'on s'en aille d'ici juste parce que tu as fini d'écrire ton devoir ?
Je le remarquai bien plus tard, mais Ether avait une façon assez originale de se mettre en colère : son expression changeait, mais sa voix restait aussi crémeuse qu'à l'habitude. C'était assez ironique étant donné que ce fut à mon tour de contracter la mâchoire. Inconsciemment, je resserrai ma prise sur les deux jeunes.
— Je ne suis pas une super héroïne, répondis-je calmement. Comprends mon manque d'altruisme.
— Ce n'est pas un manque d'altruisme mais d'humanité, répliqua-t-elle.
        Je ne me rendis compte qu'après coup de l'amertume que je ressentais en entendant ces mots. À bien y penser, la rafale de pierres et de débris que la voiture de police qui m'avait embarquée avait reçue avait été plus flatteuse.
Ether me regarda comme si... je ne sais pas. Comme si elle venait de marcher sur la queue de son chiot.
        — Ce n'est pas ce que j'entendais par là, ajouta-t-elle plus doucement — Comme si sa voix pouvait l'être encore plus. Prends pas cet air là.
— Quel air ? demandai-je tapant brusquement du pied pour maintenir le garçon au sol qui semblait de plus en plus se fatiguer.
— Le même que tout à l'heure.
— Je ne prends aucun ai—
Alors que je le pensais en train de s'assagir, le garçon que je maintenais au sol poussa soudainement un cri avant d'être accompagné par le tintement métallique de sa lame. Malgré ma surprise, je réagis avant que celle-ci n'atteigne ma cheville que je relevai aussitôt pour plaquer son bras au sol. Mais la fille que je tenais saisit l'occasion pour m'assener un coup de talon au tibia et se dégager de mon emprise. Elle sortit deux lames aiguisées tandis son camarade, libéré de mon emprise fendait vers moi. Comme après un signal, plusieurs autres jeunes armés et remontés surgirent de tous les côtés et nous encerclèrent. Ether en esquiva plusieurs mais fut touchée par un fouet d'air Feng avant de valser droit sur moi. Je la rattrapai et bloquai l'élan de mes jambes en nous évitant de nous écraser sur les caisses de marchandises. Mais pas assez. Mon dos heurta avec assez de force d'immenses étagères sur lesquelles étaient posées des mas de navires qui dans un grincement strident s'abattirent sur le sol en pleine putréfaction qui s'écroula sous nos pieds comme de la muscovite.
        Tout se passa si vite que je ne me rendis compte de notre chute qu'après la décharge que je ressentis en essayant de bouger mon bras gauche. Je me redressai en grimaçant par mis les décombres et ne pus m'empêcher de penser, aussi mesquin soit-il, que tout était allé de travers à cause de la présence d'Ether.
        Je me relevai, et en regardant autour de moi, je compris que c'était en réalité ce que les hommes de Khamm protégeaient : Il s'agissait d'une planque souterraine. Là où Khamm se cachait. J'étais tombée de plusieurs mètres mais j'arrivais à distinguer la fente par laquelle j'étais arrivée avant d'atterrir dans ce qui devait sûrement être un débarras. Une chance pour eux. Des gémissements de douleur me sortirent de mes pensées. Je soulevai plusieurs planches avant de découvrir la fille que j'avais maintenue quelques instants plus tôt, dans un fâcheux état :  son bras anormalement souple et arrondi, comme une poupée de chiffon semblait être la cause de sa douleur. C'était difficile à dire, étant donné le sang qui coulait le long de son visage. Je palpai son épaule en allant jusqu'au coude pour finir par le poignet avant de comprendre que l'os était en morceaux. Je savais comment les remettre en place, mais je ne connaissais absolument pas la marche à suivre s'ils étaient effrités. Je pouvais mettre fin à ses souffrances mais je n'étais pas sûre que ce la bonne marche à suivre.
        Alors que je me débattais avec mes pensées contradictoires, j'entendis un grognement suivi d'un fracas. Les planches qui venaient d'être déplacées avaient crées un écran de poussière qui me provoqua une quinte de toux. Une main vint alors tapoter mon dos. Je n'eus pas besoin de me retourner avant de savoir de qu'il s'agissait.
— Est-ce que ça va ? me demanda une Ether en bien meilleur état que je ne l'aurais imaginé.
— Comment tu as fait pour te dégager ? demandai-je en repoussant sa main.
Elle leva les yeux vers le nuage de poussière qui se dissipait avant de hausser les épaules et de s'accroupir près de la fille.
— Ce n'était pas si lourd.
— Qu'est-ce que tu fais ? demandai-je en la voyant retrousser la manche de l'adolescente.
— Il faut amputer son bras, répondit-elle. Tu saurais cautériser la plaie ?
Je papillonnaI des yeux.
— Ampu... Pourquoi tu veux faire ça ?
— Tu l'as remarqué non ? (elle leva les yeux vers moi) ces gamins sont anormalement forts. Je pense qu'on leur a donné quelque chose pour les booster mais ça ne fait pas que ça.
Elle souleva son bras pour que je puisse voir le dessous qui commençait à rougir et à enfler.
— C'est une lame à double tranchant, commença-t-elle en désignant la surface boursouflée. Ils sont plus forts mais aussi plus susceptibles à s'affaiblir. Son bras vient de se fracturer mais elle est déjà en train de développer le syndrome des loges. Il faut amputer avant qu'il ne se gangrène.
— Elle risque de ne pas supporter la douleur.
— Tu as une meilleure idée ? répliqua-t-elle.
J'en avais une.
— Puisqu'on est là on peut—
Je vis soudainement une ombre se dresser du coin de l'oeil et fondre sur Ether. Je réagis immédiatement et la tirai vers moi avant de sortir ma lame et de l'élever à hauteur d'épaules. J'écarquillai les yeux lorsque je reconnus le visage qui se tenait devant moi. Puis je sentis quelque chose qui... s'enfonça, avant de baisser ma lame et de lui décrocher à la place un coup de pied dans le thorax. Le garçon vola quelques mètres plus loin avant de s'écrouler. Il ne se releva pas.
Je relâchai Ether qui n'était pas blessée.
— Sois plus prudente, lui dis-je.
Je n'avais pas été encline à la mission de sauvetage, mais la situation avait changée. Le fils d'Henry était venu à nous de lui-même, alors ça n'interférait pas avec ma mission. Ether récupèrerait la fille et Niall en les conduisant à Henry qui les emmènerait à l'hôpital et je pourrais me débarrasser d'elle par la même occasion en allant à la recherche de Khamm sans avoir à surveiller ses arrières. Tout le monde y gagnait au change.
— Emmène-les à l'extérieur. Je te dégagerai le chemin jusqu'à ce que tu puisses rejoindre Henry seule.
Comme elle ne me répondait pas je me tournai vers elle avant de voir Ether penchée sur Niall. Ma flamme s'était éteinte lorsque j'avais dû riposter, les seules lueurs provenaient des veilleuses du couloir adjacent qui éclairaient faiblement la pièce.
— Il ne se réveille pas, dit-elle en s'agenouillant tandis que je me rapprochais.
— J'ai dû le frapper un peu trop fort. Je suis désolée, il m'a prise par surprise.
Ether me fixa, avec cette étrange expression sur le visage.
— Tu ne comprends pas. Je ne peux pas le conduire à son père.
— S'ils sont trop lourds pour toi, tu n'as qu'à te cacher ici en attendant que j'en finisse et nous les conduirons à l'extérieur.
Elle continua de me fixer, comme si... je ne sais pas. Comme si nous parlions deux langues différentes.
Tandis que je me rapprochais, je vis le garçon étendu au sol, les yeux écarquillés, dans une obscure marre. Je sentis mes tripes se tordre. Je m'arrêtai et Ether se posta immédiatement devant moi en me saisissant les épaules.
— Tu as raison, mieux vaut finir ce pourquoi nous sommes venues. Je t'attendrai ici.
Elle sourit en disant cela. Un sourire forcé.
Je levai la main pour créer une flamme et réalisai que je tenais toujours la lame. Imprégnée d'un liquide obscur. Je levai mon bras gauche dans un craquement douloureux, mais avant qu'Ether ne saisisse mon poignet, la flamme apparut.
C'est la que je compris.
La lame était recouverte de sang.
Le même sang qui s'échappait de la gorge du corps sans vie de Niall.

 

 Sealgifs : Sceaux crées à partir de l'Influx. Ils le transfèrent et le répandent sur la surface désirée, la rendant à la fois indestructible et inaccessible.

 Pastille tractrice : Pastille en métal sphérique permettant la téléportation d'objets de moins de 20 kilos. Nécessite la possession de l'Influx et la connaissance du lieu d'envoi. Ne fonctionne par sur les êtres vivants.

 

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A.W. Zephyrus
Posté le 12/11/2021
"Il perdit l'équilibre suite à ma contre attaque et s'écroula sur le dos. Je le maintins au sol de mon pied."

Je sais que ça va être bizarre étant donné d'autres commentaires que j'ai fait ou pu faire, mais dans cette phase la précision n'est pas nécessaire. Sauf mention contraire, il est logique que ce soit la contre-attaque qui l'ait fait chavirer (et elle est écrite juste avant). Le rappeler alourdit ici la narration.
A.W. Zephyrus
Posté le 12/11/2021
*fondait vers moi.
A.W. Zephyrus
Posté le 12/11/2021
*Parmi les décombres ; *aussi mesquin soit-ce ; *pas sûre que ce soit la bonne marche à suivre. ("Chose à faire" plutôt ?) *Plus susceptibles de s'affaiblir. ("Amputer" ? Wut ?? 😦).
A.W. Zephyrus
Posté le 12/11/2021
O.
M.
G.
M-M-M-M-MURDER. 😰

P.S. : Si Ether la bouffonne à cause de ça, je deviens violent (avec elle, bien évidemeeennnt).
A.W. Zephyrus
Posté le 12/11/2021
Question : si la maitrise élémentaire est relativement naturelle dans ce monde, pourquoi quand ils se sont fait attrapés, les enfants ne l'on pas utilisée (surtout s'ils ont été dopés aux stéroïdes du futur) ?
SybelRFox
Posté le 19/11/2021
Je l'ai déja expliqué dans les chapitres d'avant : Par exemple si t'es né à Specter, t'as une affinité avec le vent MAIS ça ne veut pas dire que tu peux envoyer des bourrasques à la Temari parce que c'est difficile à manier et qu'il faut de l'entrainement (on a tous des mains ça ne veut pas dire qu'on est tous des Van Gogh dans l'âme, certaines personnes dessinent bien tandis que d'autres sont nulles à chier MAIS ça n'empêche pas qu'avec de l'entrainement on peut passer de de noob à pro, essaie de voir ça comme ça)
ENSUITE. Par rapport aux enfants, tu te doutes que c'était des gosses de rue donc ils n'ont pas tous pu s'entrainer comme Jaïna qui à leur âge était déjà Wonder Woman. Mais comme tu l'as précisé, ils sont dopés aux stéroïdes du futur, ce qui change la donne. C'est pour ça que Jaïna s'est dit qu'ils étaient anormalement forts.
Enfin, pour conclure : Ils ont utilisé leurs pouvoirs (la fille qui a éclaté Ether (la pauvre s'est faite déchirer deux fois)), sauf que les deux que tenait Jaïna ne pouvaient pas le faire puisque bah... elle les tenait de façon à ce qu'ils ne puissent pas le faire.
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