Chapitre 6 - Telle une sucette

« J’ai encore fait ce rêve bizarre. Maïs qu’est-ce qui m’arrive ? Se… serait-il… prémonitoire » ?

La nuit qui avait précédé le merveilleux jour où j’étais allé au Parc avec Daniela, fût une nuit horrible. Je m’étais réveillé en sursaut. Non pas parce que le rêve que j’avais fait était finit ou parce que mon esprit luttait contre, mais, plutôt parce que mon réveil avait sonné.

Dans ce rêve, le comportement que j’affichais, contrairement à celui de tous les jours, était radicalement différent. Je m’étais à nouveau transformé en cet odieux personnage. Un être méprisant qui était fait pour détruire et rabaisser les gens « plus bas que terre ». J’en avais marre. Je ne savais pas quoi faire. Je venais encore de faire un rêve où le méchant c’était moi. Et, le pire, c’est que je ne m’étais pas réveillé de moi-même. Pourtant, en temps normal, quand on fait un cauchemar, la frayeur qu’il nous fait est censée être assez grande pour pousser notre esprit à en sortir – C’est une réaction machinale – Mais alors, vu que je ne me suis pas réveillé de moi-même, aurai-je apprécié ce que je faisais dans ce rêve ?

Ah ! Je déteste me sentir comme ça.

 

~~~

 

« Pourquoi il faut toujours que je fasse ce genre de rêve après avoir passé de si bons moments dans la réalité ? Et, pourquoi n’ai-je donc pas prié, aussitôt ? Ne dit-on que la prière chasse ce genre de misère ? Ou alors, ne me suis-je pas considéré comme étant en danger dans ce rêve ?

Je le répète j’en ai vraiment marre que ce genre de chose m’arrive parce que je ne savais pas bien comment réagir après. Je ne savais pas du tout comment analyser mon comportement parce dans le rêve, tout semblait se dérouler normalement tant je n’avais pas l’impression qu’il y ait quelque chose qui cloche et… je me… plaisais… en quelque sorte, à faire le « démon ». Or, quand sonne la réalité, je crois que j’éprouve des regrets hypocrites quant à la manière dont je me suis comporté.

Merde ! Merde ! Et remerde ! Tout ça est si trouble !

 

Je ne savais pas exactement ce qui m’arrivait, mais, il fallait vite que je fasse quelque-chose pour oublier ça. Je pense que c’était la seule solution dont je disposais pour lutter contre mon… côté obscur.

 

 

Plus tard dans la soirée, j’étais finalement allé à mon rendez-vous avec Jonathan. Il était disponible, cette fois-ci, et j’avais impérativement besoin de voir quelqu’un. Cette entrevue tombait donc au bon moment. J’allais enfin pouvoir me détendre un peu… ou du moins, penser à quelque chose d’autre.

 

- Bonsoir vieux.

- Salut bro. Comment vas-tu ?

- Hum ! Disons, Couci-couça.

- Ah ! Je ne pourrais pas dire que je me porte super bien, non plus.

- Oui ! Qu’est-ce que tu as, à ce propos ?

Quelque chose chez mon vieil ami avait changé. J’allais enfin pouvoir découvrir ce que c’était. Je lui avais laissé tout le temps pour réorganiser ses idées et se retrouver un peu, mais, le temps que je lui avais accordé était écoulé. C’était maintenant le moment où il devait tout me raconter.

 

- Bon, je ne vais pas passer par quatre chemins.

- Ok !

- Ethan, il m’est arrivé un drame, me lança Jonathan sur un ton soudainement devenu sombre.

- …Qu… quoi donc ? M’inquiétais-je, les yeux à peine raidis, les oreilles suspendues au ton de sa confession.

- Humph… J’ai perdu Dominique, m’annonça-t-il les larmes aux yeux après un interminable soupir.

- Sérieux ?

- …

- Aïe ! Je suis vraiment désolé pour toi, vieux. Je sais combien elle compte à tes yeux.

- Non… non, tu ne comprends pas. On n’a pas rompu, elle et moi. Enfin, on n’avait pas rompu.

- Ah bon ? Mais qu’est-ce donc… Attends. Tu viens de dire « n’avait pas », ce qui veut dire que…?

- Oui, c’est exactement ça.

- Non !

- Si ! Dominique, m’a quitté.

- Elle nous a quittés, tu veux dire ?

- Voilà ! C’est ça.

- Et tu as préféré vivre ça tout seul ? Je n’imagine même pas combien tu as pu souffrir.

 

Dominique Blake et Jonathan Stones étaient en couple depuis des lustres. D’aussi longtemps que je m’en souvienne, je ne les avais jamais vu séparés. D’ailleurs, je n’arrivais même pas à imaginer l’un sans l’autre. Alors, forcément après avoir appris la disparition prématurée de l’amante de mon meilleur ami, j’appréhendais la suite.

Ça doit être difficile de perdre son âme-sœur. Je ne sais même pas à quoi je ressemblerais si jamais je perdais… Miséricorde ! Je préfère ne même pas y penser.

 

- J’avais besoin de réaliser sa disparition. Tu sais que le jour où je t’ai appelé, je n’y croyais toujours pas ?

- C’est dur quand on apprend ce genre de chose pour la première fois.

- Que l’on ne l’apprenne pour la première fois ou qu’on le sache, ça ne change rien pour moi. Ça reste, tout de même, très éprouvant. C’est à l’aube de ma période de déni que je t’ai contacté.

- Ok ! Bon, tu sais ce qu’on va faire ?

- !?

- Toi et moi, Jonathan Stones et Ethan Frost, on va se lever de cette vieille terrasse pourrie pour aller dans un coin plus susceptible de te remonter le moral, un endroit bien mieux qu’ici. Tu en dis quoi ?

- J’ai juste besoin d’arrêter de penser, bro.

- Très bien ! Ça marche, alors.

 

 

Soit le temps était passé trop vite, soit on ne l’a pas vu passer. Je me rappelais qu’il faisait dans les 16 heures, 17 heures, quand Jonathan et moi étions en train de prendre un café à la terrasse du Single Coffee Peee. Je crois aussi me souvenir qu’après, Jonathan et moi étions en train de tirer une tige. Soit c’était de la cigarette, soit c’était une sucette.

 

Quelques instants après, quand j’ai jeté un coup d’œil sur ma montre, je me suis rendu compte qu’il était deux heures du matin, que j’avais un mal de crâne monstre et que j’étais dans une boîte de nuit, attablé à de véritables inconnus. Le pire était que j’avais perdu de vue mon meilleur ami. Alors, si avant, même malgré l’étrangeté du moment, je n’avais aucune raison d’être paniqué, je ne pouvais pas en dire autant après avoir remarqué l’absence de Jonathan. Et, qui sait qu’elle genre de bêtises il pouvait être en train de commettre loin de mes yeux en ce moment. Il n’avait vraiment pas l’air bien, avant.

Quand je pense que c’est moi qui l’ai convaincu d’aller dans un endroit « bien mieux » que là où on était.

 

En tentant de me lever, une femme aux allures de cougars, survenue de je ne sais où, se fraya un chemin sur la table où j’étais assis pour m’accoster promptement sans me laisser l’opportunité de me riposter.

- Salut mon mignon. Tu t’es enfin réveillé. Je te serre autre chose ?

- Non, merci. Je…

- Ou alors, tu préfères danser ? On peut aller sur la piste, rester là où aller dans un endroit bien mieux encore.

Bien mieux encore ? J’ai l’impression que cette expression me dit quelque chose… qui ne présume rien de bon, d’ailleurs… surtout, rien de bien mieux.

 

- Non, non. Je t’assure que ça va. Je vais aller…

- C’est ton ami que tu cherches, non ?

- ???

- Le trapu, celui avec qui tu es venu, tout à l’heure.

- Euh… Oui, oui ! C’est bien lui.

- Et bien si tu veux vraiment le retrouver, je sais où il est.

- Ah ! C’est bien. Mais, je préfère m’en charger tout seul.

Je vois bien ton petit jeu. Salle allumeuse !

 

- Hey ! Pas si vite, mon mignon. Cette boîte de nuit est très grande. Les gens mettent 5 minutes pour y entrer, mais ils peuvent mettre jusqu’à 1 heure pour en ressortir. Je te conseillerais de me laisser te guider. Tu trouveras ton ami plus facilement.

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