Chapitre 6 : Une soirée sous tension

L'appartement de Suzanne était habituellement empreint d'un calme studieux mais ce soir-là, la musique pulsait tandis que les filles s’agitaient. Des vêtements étaient éparpillés un peu partout, et des bières vides trônaient sur la table basse du salon.

Elena, fidèle à elle-même, avait opté pour une tenue simple et efficace. Un jean noir taille basse qui soulignait ses fesses avec élégance et un top noir plongeant. Avec ses cheveux lâchés et un maquillage léger, elle rayonnait d'une élégance naturelle.

Suzanne, quant à elle, paraissait beaucoup moins sûre d'elle. Perchée sur le bord du canapé, elle portait un jean droit un peu informe et un pull sans caractère. Les bras croisés, elle fixait le chaos des vêtements éparpillés avec une moue inquiète, tandis qu'Elena fouillait dans son sac à la recherche de pièces plus audacieuses.

« Allez, lève-toi ! » lança Elena avec une énergie contagieuse, se retournant vers Suzanne avec un sourire malicieux.

Suzanne hésita, mais finit par se lever, un sourire timide flottant sur ses lèvres. Elena, triomphante, brandit un pantalon slim noir et un haut scandaleusement plongeant.

« Ok, troque-moi ce jean de bibliothécaire pour ça. Et pour le haut... » Elle agita le vêtement dans les airs. « Sans soutif, évidemment. Fais-moi confiance. »

Suzanne rougit violemment, ses joues prenant une teinte écarlate. « Sans soutif ? Sérieusement ? Je vais avoir l'air d'une... »

« D'une bombe atomique, exactement. » Elena ouvrit les bras pour lui montrer le résultat sur elle afin de la convaincre. Elle posa une main rassurante sur son épaule. « Écoute, Suzanne. T'es canon. Ce n'est pas une question d'avoir l'air de quoi que ce soit, c'est une question de te voir telle que tu es vraiment. Et crois-moi, ce soir, tu vas faire tourner des têtes. »

Suzanne prit une profonde inspiration, comme si elle s'apprêtait à plonger dans une piscine glacée, puis hocha la tête. « Ok. Mais si je me sens ridicule une fois là-bas tu vas m'entendre. »

Elena afficha un sourire satisfait. « Marché conclu. File te changer, maintenant ! »

Quelques minutes plus tard, Suzanne sortit de sa chambre, un peu hésitante. Elle portait le slim noir qui mettait parfaitement en valeur ses jambes interminables et le haut plongeant qui sublimait sa poitrine sans tomber dans la vulgarité. Elle tirait nerveusement sur l'encolure, cherchant à la rendre plus sage, mais Elena, qui l'attendait avec impatience dans le salon, intervint immédiatement.

« Non, non, non, tu ne touches à rien ! » Elle bondit pour ajuster le vêtement avec précision, plantant ses mains sur ses hanches comme une styliste fière de son travail. « Voilà. Maintenant, on passe au maquillage. »

Suzanne tenta une dernière protestation, mais Elena l'entraîna déjà vers le miroir mural du salon, où elle s'installa avec un sourire déterminé. En une dizaine de minutes, elle appliqua un smoky eye subtil et rehaussa les lèvres de Suzanne avec un rouge audacieux rappelant la couleur de ses cheveux. Lorsque ce fut terminé, elle recula pour admirer son œuvre.

« Bon, ma chère Suzanne, regarde-toi et dis-moi que t'es pas un canon. »

Suzanne, d'abord réticente, finit par lever les yeux vers le miroir. Ce qu'elle vit la laissa sans voix. Ses cheveux rouges était attachés et laissaient tomber quelques mèches sur son visage avec une sensualité sauvage. Ses yeux semblaient plus grands, plus profonds, et ses lèvres... Elle se surprit elle-même à trouver ce reflet captivant. Se tournant vers Elena, elle murmura, incrédule : « C'est... moi ? »

Elena lui sourit avec un mélange de tendresse et de fierté. « Et ouais, ma belle. T'avais tout ça en toi. Moi, je me suis juste contentée de te le montrer. »

Suzanne éclata de rire, un rire franc, léger. Elle se sentait à la fois reconnaissante et excitée. Elle posa ses mains sur ses hanches,  « Ce soir, c'est girl power. Je vais tous les faire crever d'envie ! »

Elena leva un poing victorieux dans les airs. « Yeah ! T'es la plus belle, Suzanne ! Ce soir, ils vont tous tomber à genoux devant toi. T'auras plus qu'à les cueillir. »

Elles échangèrent un regard complice en éclatant de rires avant d'attraper leurs sacs. Elena ajusta une dernière fois ses cheveux devant le miroir du salon, puis ouvrit la porte. Elle se tourna vers Suzanne avec un sourire taquin. « Prête à conquérir le monde ? »

Suzanne inspira profondément, une lueur nouvelle dans le regard. « Plus que prête. »


 

***


 

Une fois arrivées en boîte, la musique vibrait intensément, résonnant dans leurs poitrines, et les lumières dansantes ajoutaient une énergie électrique à la nuit. En entrant dans la salle, Elena scruta la foule, cherchant l'endroit parfait où s'installer, mais son regard fut rapidement attiré par un groupe un peu plus loin. Reconnaissables entre mille, Harry, Alec et quelques gars du club de natation semblaient bien installés, déjà entourés d'un petit cercle féminin. Alec, fidèle à lui-même, avait passé son bras autour de la taille d'une jolie blonde, qui ne dissimulait pas son intérêt pour lui. Elena se retint de rire. Bien sûr... Une blonde, typiquement son style, songea-t-elle, de préférence coquine. Elle espéra même, dans un élan inattendu, qu'il passerait une bonne soirée, mais elle savait que si leurs chemins se croisaient, Harry, en bon frère protecteur, veillerait à ce qu'aucun inconnu ne s'approche d'elle et ça, il n'en était pas question. Elle autant que Suzanne avaient besoin de souffler. Elle avait toujours eu une vie sexuelle assumée, ce avec quoi elle était très à l’aise. Mais désormais, c’était plus que ça. Elle en avait besoin, c’était un moyen de ne plus rien ressentir si ce n’est l’excitation, le plaisir et la libération qui l’accompagnait ; un moyen d’occulter tout ce qui dans le fond la blessait dans son âme et dans sa chaire ; un moyen d’oublier la peur qui chaque nuit la rattrapait, un moyen d’oublier Julia, même si parfois cela la faisait culpabiliser douloureusement. Elle inspira profondément pour refermer la vanne du barrage qui menaçait de céder. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, Suzanne la regardait inquiète « ça va ? »

Elena afficha un grand sourire, comme si de rien n’était. Elle était à nouveau Elena, la fille forte et joviale qui n’avait peur de rien et de personne « Bien sûr que ça va ! Ça va toujours ! » D'un geste rapide, elle attrapa le bras de Suzanne et la tira dans une direction opposée avant que les garçons ne les remarquent. « Eh, t'as vu ? » lança Suzanne en désignant le groupe d'un mouvement de menton. « Ton frère et Alec sont juste là. Il y a même Lucas. »

Elena roula les yeux, un sourire aux lèvres. « Crois-moi, j'ai bien vu ! Mais ils sont en pleine chasse, alors je préfère ne pas m'imposer... et j'ai pas envie qu'ils me gâchent la soirée non plus. »

Suzanne lui lança un sourire en coin. « Oh, donc toi aussi, tu comptes chasser ce soir ? »

Un sourire mystérieux éclaira le visage d'Elena. « Absolument. Si je trouve un type un peu canon, je ne compte pas le laisser filer. »

Suzanne sembla légèrement gênée par cette réponse sans détour. Elena tapota doucement son épaule, « Mais t'inquiète, on est venues ensemble, on repartira ensemble, promis ! Je vais juste peut-être récupérer quelques numéros avant, comme ça, après t'avoir raccompagné je saurais où passer la nuit. »

Suzanne, rassurée, répondit par un sourire complice. Elles se dirigèrent alors vers la piste de danse, se fondant dans la foule, se laissant entraîner par le rythme intense de la musique.


 

***


De l'autre côté de la salle, Alec, qui s'était momentanément éloigné pour commander une girafe de bière, balaya machinalement la piste du regard. Ce qu'il vit le fit s'arrêter net. Elena dansait, ses cheveux retombant en vagues décontractées sur ses épaules, un haut simple qui laissait entrevoir sa peau hâlée et mettait en valeur sa poitrine généreuse. Son jean moulait chaque courbe de son corps. Sa tenue était banale, rien à voir avec celles habituellement portées par les femmes qui venaient ici. Pourtant elle allumait des braises dans chaque regard qui se posait sur elle. Elle dégageait à la fois quelque chose de sauvage et de sensuel qui ne laissait pas les hommes indifférents. Le souvenir de leur jeu sur le canapé ainsi que leur baiser malencontreux lui revinrent en mémoire, et un sourire en coin étira ses lèvres. Elle l'avait bien eu ce soir-là, et il ne pouvait pas nier que son assurance, ses courbes et sa sensualité, avaient éveillé en lui quelque chose d'inattendu tout comme leur contact à la salle de sport plus tôt dans la journée. Mais ça s'arrêtait là. Elena était la sœur d'Harry et malgré le fait qu'elle ait grandie de façon séduisante elle restait le petit chaton qu'il adorait taquiner.
Il la détailla un moment, amusé de la voir ainsi agir en toute liberté sans la protection parfois étouffante de son frère Harry. Il jeta un coup d’œil à ce dernier au loin qui n'avait aucune idée de ce qui se jouait en cet instant. En même temps, Harry n'était pas prêt à ça. Il voyait encore en Elena la petite sœur qu'il avait quitté dix ans plus tôt. Mais, les petites filles deviennent des femmes et en ce qui concernait Elena, quelle femme! Voyant bien qu'elle cherchait visiblement à croiser un regard, un sourire, peut-être même une silhouette intéressante, il ressentie une vague d'amusement l'envahir puis un arrière goût de frustration qu'il avait du mal à comprendre. Avant qu'il ne se décide à agir, une voix féminine se fit entendre derrière lui. « Eh, tu mets un temps fou ! Je suis venue voir si tu avais besoin d'aide, » minauda la jeune femme en passant ses bras autour de sa taille. « Becky! C'est rien, j'ai cru voir quelqu'un que je connaissais mais ça n'a pas d'importance. » Elle le fixait avec un sourire charmeur, visiblement impatiente de monopoliser son attention. « Je commençais à avoir peur que tu ne te sois tourné vers une autre, » Alec passa un bras autour de la taille de Becky et la rapprocha de lui. Il se pencha vers elle, murmurant à son oreille d'une voix suave : « Pas du tout princesse... Tu n'as pas à t'inquiéter, c'est moi qui te ramène ce soir et je te promets que tu seras pas déçue. Je paie ma tournée et on décolle. » Elle rougit instantanément, et il en profita pour lui déposer un baiser rapide avant de la laisser retourner à la table. Une fois seul, il ne put s'empêcher de jeter un dernier coup d'œil vers Elena, toujours absorbée par la danse puis s'en retourna passer commande.


 

***


 

De leur côté, Elena et Suzanne s'amusaient, se laissant emporter par l'énergie de la soirée. Suzanne, plus réservée, jetait des coups d'œil hésitants autour d'elle, tandis qu'Elena se laissait aller, ses gestes se faisant plus assurés, presque provocants, tandis qu'elle jetait des regards lascifs. Nul homme toutefois ne semblait trouver grâce à ses yeux ce soir. Elle commençait à se dire qu'elle finirait peut-être la soirée seule, mais l'ambiance avec Suzanne suffisait à la rendre heureuse cette fois-ci et si elle rentrait aux petites heures, la fatigue finirait certainement par la gagner. Suzanne semblait avoir retrouvé confiance en elle et cela lui suffisait. Elle s'était juré qu'elle ne s'attacherait plus à personne. Que penserait Julia aujourd’hui si elle la voyait ainsi ? Les murs s’effritaient chaque jour au contacte de Suzanne, d’Harry, de Lucas et d’Alec. Elle devait faire attention. Ce n’était pas simple de garder ses distances face à ces personnes, Suzanne brillait comme un soleil, une lumière dont Elena avait désespérément besoin pour repousser les ténèbres qui menaçaient chaque jours de la submerger. Elle avait besoin de la gentillesse de Lucas, de l’affection d’Harry et elle avait besoin d’Alec, de ses attaques qui la poussait dans ses retranchements et la poussait réagir, de sa présence constante silencieuse et apaisante.

Les pensées d'Elena s’estompèrent brutalement lorsqu'un homme, visiblement éméché, s'approcha un peu trop près de Suzanne, l'enserrant sans la moindre invitation avec un regard lubrique. Suzanne, soudain figée, chercha du regard l'aide d'Elena. Celle-ci était furax, le regard apeuré de Suzanne provoquant une onde de colère qu’elle peinait à temporiser. Sans perdre une seconde, elle se retourna pour tirer son amie vers elle. Mais, à peine avait-elle esquissé un geste, qu'elle sentit une paire de mains inconnues se poser fermement sur ses propres hanches. Elle se retourna d'un geste vif, son regard courroucé alors qu'elle lançait d'une voix glaciale, « On vous a rien demandé, alors dégagez. »

L'homme, agacé, soupira et répondit d'un ton narquois, « Si tu veux pas qu'on te colle, t'as qu'à arrêter de te trémousser comme ça. »

Le regard d'Elena s'assombrit encore davantage. Tout son corps tendu, prêt à réagir à la moindre occasion. Les poings serrés, elle ajouta sur un ton menaçant. « Si j'avais voulu te séduire, » articula-t-elle en le foudroyant du regard, « tu serais déjà à mes pieds, crétin. »

L'homme derrière elle ricana, visiblement peu impressionné. Il lâchât Suzanne et s'avança vers Elena agacé semble-t-il par son dédain. Il posa une main sur son épaule, tentant d'affirmer sa supériorité d'un geste autoritaire. Suzanne, libre mais tétanisée, chercha désespérément de l'aide. Personne ne semblait se soucier de leur situation. Il lui semblait même que certains esquivaient sciemment ses regards, désireux de rester à l'écart des histoires. Alors qu'Elena se retrouvait coincé entre les deux hommes, elle repéra un peu plus loin la silhouette familière d'Alec. Elle fila dans la foule pour le prévenir.

Elena, elle, n'attendit personne. Elle tourna à peine la tête et lâcha calmement, « Retire ta main immédiatement, gros porc .»

« Et sinon quoi ? » lâcha-t-il, moqueur. « Tu comptes me frapper ? »

À ces mots, Elena n'hésita plus. D'un mouvement rapide et précis, elle lui agrippa le poignet et, avant même qu'il ne puisse réagir, lui asséna un coup de coude magistral en plein visage. Le type tituba en arrière, la main sur le nez visiblement cassé, son visage tordu par la douleur. Mais son pote, rouge de rage, s'avança à son tour. Il l'insulta copieusement et se jeta sur elle. Elena esquiva habilement son attaque, et lui fit une clé de bras si ferme qu'il ne put qu'étouffer un gémissement de douleur avant qu'elle ne termine par un coup violent dans ses reins, le projetant un peu plus loin au sol.


 

***


 

Alec, alerté par Suzanne, n'avait pas réfléchis une seconde et s’était dirigé vers Elena, le sang pulsant dans ses veines sous le coup de l’adrénaline et de la peur. En imaginant Elena se battre avec ces deux types il avait perdu tout contrôle. Sa mâchoire crispée, il s’imposa sans prendre le temps d’échanger avec Elena. L'homme au nez visiblement fracturé, s’était relevé, bien décidé à prendre sa revanche mais avant qu’il ne puisse porter le premier coup, son visage fût violemment frappé par le poing d’Alec. Il chuta lourdement par terre. Cependant, Alec continua, il se posta au dessus de lui et enchaîna les coups, chaque impact était chargé d’une fureur implacable. Elena, stupéfaite par l'intensité de sa réaction, l'attrapa par derrière, tentant de le retenir. La boîte était grande mais leur rixe ne tarderait pas à alerté les videurs qui n’apprécierait certainement pas la tournure des événements. Malgré ses tentatives pour l’arrêter, Alec continuait à porter ses coups sans relâche comme s'il était dans un état second. Elle se plaqua alors contre son dos et murmura doucement à son oreille, « Alec, je vais bien, calme-toi. Je t'en prie, calme toi. »

Au contact d'Elena, Alec finit par relâcher l'homme, mais son souffle restait saccadé, et dans ses yeux se reflétait une haine que jamais Elena n'aurait imaginée voir chez lui. Il se releva sans lâcher l'agresseur de regard, « On ne touche pas aux femmes, sale con ! » Puis il se tourna brusquement vers Elena, son regard assombri par l'inquiétude. « T'as rien ? T'es sûre que t'as rien ? »

Elena, esquissa un sourire rassurant, et répondit avec humour pour alléger l'atmosphère, « Non, t'inquiète, niño. Des abrutis comme ça, c'était mon quotidien à New York. C'est sympa, ça me maintient en forme. » Elle tapota son épaule, se voulant rassurante, mais intérieurement, elle sentait que quelque chose clochait. La réaction d'Alec était disproportionnée. Elle le sentait quelque chose de plus profond habitait Alec, quelque chose de violent.

Elle jeta un regard au type par terre. Elle n'eut aucune pitié pour lui, ni pour le type qui l'accompagnait et qui avait courageusement pris la fuite. Elle se tourna à nouveau vers Alec qui semblait à présent égaré, elle prit son visage en coupe afin d’accrocher son regard, « On devrait se tirer d'ici, avant que le videur rapplique, » Elle lui attrapa la main pour l'entraîner vers la sortie. Elle jeta un rapide coup d'œil à Suzanne, lui faisant signe de les suivre, et ils disparurent dans la foule pour éviter les regards trop curieux qui comme par magie semblaient tout à coup intéressés par ce qui se passait juste à côté d'eux. Cela ne fit qu'agacer davantage Suzanne qui toutefois se résolue à laisser courir pour accompagner Elena et Alec dehors.


 

***


 

Passé l’entrée, Elena chercha un coin éloigné et tranquille afin de ne pas attirer l’attention sur eux. Bien qu’ils n’avaient fait que se défendre en premier lieu, Alec avait sérieusement amoché l’autre type et il aurait sûrement des ennuis, ce qu’Elena voulait éviter à tout prix

La différence de température était saisissante, Elena se tourna vers Alec qui s'était adossé à un mur. Son regard plus vide encore, il semblait absent et ses poings étaient resté crispés, couverts de sang, celui dont il avait ravagé le visage. Elle chercha à attirer son attention en le taquinant un sourire en coin, « Alors, tu t'es pris pour mon chevalier servant, hein ? Qui t'a dit que j'avais besoin d'aide, au juste ? » Elle cherchait à alléger l'atmosphère, mais Alec restait silencieux, ses traits tendus, perdu dans un ailleurs effrayant. Elle commençait sérieusement à s'inquiéter pour lui.

Suzanne, gênée de la situation et aussi inquiète de voir ainsi Alec, lui répondit, « C'est moi Elena , désolée. J'ai pensé que ça allait dégénéré, les autres ne semblaient pas vouloir intervenir alors je t'ai abandonné pour allé chercher Alec... C'est de ma faute ». Les yeux de Suzanne brillaient de culpabilité.

Elena essaya de la rassurer, « Pas de soucis Suzanne. Je t'en veux pas, t'inquiètes. Je craignais rien et tu as fait exactement ce qu'il fallait faire dans ces cas là. Tu as aussi vu mon frère là bas? » Le regard d'Elena trahissait désormais son inquiétude pour Alec. Il n'avait absolument plus réagit depuis qu'ils étaient sortis dehors et semblait totalement déconnecté, comme choqué. Elle ne savait pas exactement comment réagir et aurait aimé que son frère se tienne à leurs côtés pour aider Alec.

« Non » avoua Suzanne , « J’ai croisé le chemin d’Alec au moment où il allait les retrouver. Mais, il était avec une blonde quand je lui ai dit que tu avais des ennuis avec des mecs. J'imagine qu'elle a dû prévenir les autres.»

À cet instant, Becky, apparu, s'avançant vers eux, inquiète « Alec, bébé, ça va ? »

Sans cacher son agacement, Elena recula pour laisser Becky se rapprocher. Bien qu'elle ait des doutes sur l'opportunité de sa présence dans un moment pareil elle se retint de tout commentaire. Après tout, elle ne serait pas plus qu'un coup d'un soir pour Alec, mais cela, elle ne semblait pas l'avoir encore compris. D'un pas vif, Harry rejoignit enfin sa sœur, une inquiétude perceptible dans son regard. Il était accompagné d’une autre jeune femme et de Lucas.

« Elena ! » s'exclama-t-il, « Mais qu'est-ce que tu fous ici ? C'était toi, la nana qui se battait avec deux mecs ? »

Elena haussa les épaules, un sourire fier et presque insolent étirant ses lèvres. « Bah oui, mais pas la peine de s'inquiéter pour moi. J'avais la situation en main. Alec n'a fait qu'ajouter la touche finale. »

Becky se tourna vers Elena et Harry, « il ne répond pas et il a les mains en sang… Il a prit un coup à la tête ? »

Bien que la simple présence de Becky agaçait Elena, elle fit l’effort de répondre,« Non, il n’a prit aucun coup. Le sang est celui du gars qu’il a mis à terre. »

« Alors comment expliques-tu son état ? » demanda Becky visiblement agacée avant de se retourner vers Alec pour lui caresser le visage, essayant de le ramener à elle par la douceur.

Harry observait la scène, inquiet, puis il se tourna directement vers Alec, ses gestes maladroits trahissant son anxiété grandissante. Elena fût surprise de voir son frère ainsi impuissant face à la détresse d’Alec, elle avait espéré qu’il sache comment agir mais il semblait aussi perdu qu’elle.

Il murmura d’une voix qui se voulait rassurante, posée et douce, « Hey, Alec, mon pote. Tout va bien. Elena va bien. On va rentrer tous ensemble, maintenant, ok ? »

Elena observait Harry s’efforcer de ramener Alec parmi eux, il n’avait de cesse de lui parler alors que Becky, préoccupée par Alec caressait avec tendresse son visage. Pourtant, aucun d’eux ne semblait parvenir à l'atteindre. Becky, semblait submergée par les émotions, elle peinait à retenir ses larmes et argumentait pour appeler les secours. Suzanne qui avait retrouvé sa lucidité s’opposait à cette proposition expliquant qu’Alec aurait des problèmes avec la justice vu l’état du type qu’il avait roué de coups. Lucas essayait de calmer les tensions palpable en raisonnant chacune des filles. L’inquiétude pour Alec se reflétant toutefois dans son regard.

Personne se semblait savoir quoi faire, un sentiment d’impuissance grandissait dans le cœur et le regard de chacun, à la mesure des crispations. Elena réfléchit un instant puis s'approcha d'Alec, déterminée à le sortir de son mutisme en employant une méthode plus brutale, une méthode qui, elle le pensait, aurait pu être celle d’Alec à son égard. Sur un ton très provocateur, en total décalage avec la situation, elle lui lança « Bon, niño, quand t'auras fini de jouer au roi du silence, on pourrait peut-être rentrer. C’est pas que j’apprécie pas quand enfin tu arrête de dire des conneries mais là tu vois, il caille et puis, j'ai faim. Je compte pas t'attendre toute la nuit. Si notre princesse daigne bouger son p’tit cul, peut-être que dans ma grande générosité je pourrais éventuellement songer à lui faire un chocolat chaud. Et si t’es très gentil, peut être même que je pourrais ajouter des guimauves, enfin ça... »

Harry observait Elena perplexe tandis qu'elle continuait à lui parler sans pincettes.

Becky, choquée se leva pour faire face à Elena, lui opposant sur un ton hargneux, « Mais t'es qui pour lui parler comme ça ? Tu vois pas qu'il va pas bien ? Casses toi si t'as envie et fous-nous la paix, c'est de ta faute s'il est dans cet état j'te rappelle ! C’est pour toi qu’il est intervenu. »

Harry, agacé, s'interposa avec fermeté : « Hey ! Calme-toi, c'est ma sœur, alors fais attention à la façon dont tu lui parles. » Puis il se tourna vers Elena, son ton s'adoucissant. « Mais... peut-être que t'y vas un peu fort avec Alec aussi. »

Elena soupira, fortement agacée elle aussi. Elle se plaça entre Alec et les autres, dans une posture protectrice à son égard, faisant sourire Suzanne. Elle fit face au reste du groupe. Elle regarda chacun d'entre eux. Elle fût particulièrement blessée par ce qu’elle lisait dans les yeux de Lucas et Harry, un mélange d'incompréhension et de réprobation. Elle se braqua sur Harry et lui dit « J'suis pas idiote, Harry! Je sais peut-être pas ce qui se passe exactement mais, j'en ai tout de même une vague idée. J'ai peut être pas vu Alec durant un paquet d'années mais, j'me rappelle très bien comment ça se passait à l'époque. Arrêtes de vouloir toujours protéger tout le monde! »

« Elena... » essaya de tempérer Harry.

« Non! Alec est fort, il a pas besoin qu'on s'apitoie sur lui. De toute façon, tu vois bien que ça marche pas. La pitié ? C'est pas ce qu'il voudrait, j'en suis sûr ! Il a juste besoin qu'on soit là et qu'on le traite comme d'habitude ! Comme le gros connard prétentieux qu'il peut être parfois et qui est capable de tout encaisser, notre connard à nous, notre pote! C'est pas en le berçant comme tu le fais que tu vas le réveiller, faut le secouer si tu veux le sortir de son cauchemar. C’est ce qu’il ferait pour nous ! »

Le ton était monté et la réaction d'Elena montrait tout l'attachement qu'elle avait pour Alec, contrastant avec la façon dont elle lui parlait juste avant.  Alec se redressa enfin, esquissa un sourire, tout en la serrant dans ses bras, enfouissant son visage dans son cou. « Toi, t'es une sacrée peau de vache, » déclara-t-il, son ton teinté d'humour, « Je t'aide, et voilà comment tu me remercies, en m'insultant... J'suis peut être un connard prétentieux mais t'es une sacrée pétasse avec une putain de grande gueule. Impossible d’avoir la paix avec toi. »

Harry fût surpris et rassuré de voir enfin Alec réagir. Toutefois, au fond de lui il ressentit un pincement de ne pas avoir été celui capable de sauver son ami ce soir-là. Elena était celle qui avait le mieux comprit Alec, tout comme il avait remarqué qu’Alec était celui qui comprenait le mieux Elena désormais. Bien qu'intrigué par la relation qui les liaient tous les deux, s'interrogeant sur le pourquoi ils se comprenaient si bien, il se tût, préférant profiter de cette accalmie.

Elena se dégagea des bras d'Alec avec douceur pour lui faire face, « Peau de vache, c'est mon deuxième prénom, figure-toi. Et puis, fallait pas jouer aux héros ! J'avais la situation en main j'te signal »

Harry, rit de les voir ainsi reprendre leur joute verbale habituelle, « Y'en a pas un pour rattraper l'autre » Becky, visiblement déroutée par cette complicité qui lui échappait, s'avança jusqu'à poser sa main sur l'épaule d'Alec, comme pour se réapproprier son attention. « Alec, ça va mieux mon cœur ? Viens avec moi, je te ramène chez moi et je te chouchouterai toute la soirée. »

Alec la regarda enfin, réalisant pleinement sa présence, et répondit avec indifférence, « C'est sympa, Becky, mais ça va pas être possible en fait. » Il jeta un regard appuyé vers Elena, l'ombre d'un sourire sur ses lèvres. « J'ai très envie d'un chocolat chaud à la guimauve ce soir. » Elena, avait presque de la pitié pour cette blonde dont Alec se fichait royalement, bourreau des cœurs se dit-elle.

Becky était à présent vexée et un peu blessée par l’indifférence d’Alec. Sa copine s’approcha d’elle, « Becky, on devrait peut-être y aller nous aussi. »

Harry lui adressa un regard reconnaissant tandis que Sacha conduisait Becky un peu plus loin. Il se tourna vers ses amis resté en retrait jusqu’alors, « Bon, allez, je crois qu'il est temps de rentrer pour nous aussi. Lucas, tu penses pouvoir raccompagner Suzanne ? »

Lucas acquiesça, jetant un dernier coup d'œil à Alec, encore un peu incertain. « Ça va aller pour toi Alec ? »

Alec rétorqua avec un sourire en coin, « T'inquiète, mon pote. » Il enlaça Elena par le cou. « Maintenant, ça va. Mon cerveau a reconnecté grâce aux répliques insupportables d'une certaine personne. »

Elena ne put s'empêcher de répliquer avec un sourire, « Insupportable toi-même d'abord ! »

Alec éclata de rire, et ce son sembla dissiper les derniers résidus de tension. Elena se tourna vers Suzanne, la prenant brièvement dans ses bras. « Je suis désolée pour la soirée. Tu es sûre que ça va aller si je te laisse rentrer avec Lucas ? »

Suzanne hocha la tête, un sourire compréhensif aux lèvres. « C'est bon, on habite à côté l'un de l'autre, c'est comme si on était coloc quelque part. On se voit lundi à la fac, comme d'hab'. »

Elena se détacha tandis qu'Alec se rapprochait. Il sourit à Suzanne puis déclara, « J’ai pas eu le temps de te le dire jusqu’à présent mais, tu es absolument splendide ce soir Suzanne ! Je suis désolé d'avoir gâché votre soirée. Je suis sûr que tu aurais fait craquer tous les mecs dans cette boîte. »

Suzanne rougit, flattée par ce compliment qui dans la bouche d'Alec valait de l'or. Elena remercia Alec discrètement, consciente qu'il avait aussi agit ainsi pour aider Suzanne à reprendre confiance en elle. Alec repositionna son bras autour des épaules d'Elena pour la traîner avec lui puis il s'adressa à Harry, « Qu'est-ce tu fous? On va pas t'attendre toute la nuit »

« C'est l'hôpital qui se fout de la charité ma parole! » maugréât Harry.


 

***


 

Ils arrivèrent tous les trois à l’appartement épuisés après leur soirée pour le moins mouvementée. Alec se dirigea tel un automate vers le salon. Les poings encore rougis par la bagarre, il poussa un soupir en retirant sa veste pour la poser, avec un peu trop de nonchalance, sur le dossier du canapé. Elena, observant chacun de ses gestes, lui lança un regard mêlé d'inquiétude et de tendresse. Elle savait combien il pouvait jouer les durs, mais elle ne se laissait pas duper aussi facilement. « Tu veux que je te soigne ça ? » demanda-t-elle en désignant d'un léger mouvement de menton ses mains abîmées.

Alec tourna la tête vers elle et lui répondit avec un sourire faussement détendu. « Nah, c'est rien, j'vais juste prendre une douche. » Il lui adressa son plus beau sourire agrémenté d'un petit clin d'œil, le combo parfait, celui qui habituellement faisait chavirer le cœur des gens et protégeait le sien.

Elena croisa les bras, secouant la tête avec une lueur d'amusement dans les yeux devant son comportement puis ajouta « Ok, mais tu fais pas ta Diva. Hors de question que tu vides le ballon d'eau chaude cette fois encore. Et puis si tu traînes trop ton chocolat sera froid et ce sera tant pis pour toi. »

Alec lui répondit par un sourire sincère puis, il s'approcha d'elle, doucement, jusqu'à la serrer contre lui avec tendresse. Cette étreinte était inattendue, pleine de gratitude, en total contraste avec la violence dont il avait fait preuve plus tôt dans la soirée. « T'es la meilleure, chaton, » murmura-t-il à son attention, sa voix adoucie par l'émotion avant d'embrasser sa tempe.

Elena resta un instant, surprise par cette marque d'affection, qui pour une fois n’éveilla pas l’envie de fuir. Elle l’enlaça à son tour « Je sais, » répondit-elle contre son torse, jouant la carte de la fausse modestie.

Alec, resserra son étreinte une dernière fois puis se détourna pour disparaître dans le couloir. Sitôt hors de vue, Elena se dirigea vers la cuisine, où Harry l’attendait les yeux rivés sur son téléphone. « À qui tu parles ? »

Harry leva la tête vers elle, un sourire de vainqueur aux lèvres, « à Sacha, la copine de Becky ». Elena ne pût s’empêcher de grimacer à l’évocation de cette dernière. Harry remarquant la réaction de sa sœur s’en amusa, « on dirait que tu l’aimes pas beaucoup ».

Elena parût surprise, « C’est pas ça, je la connais même pas. C’est juste que j’ai pas vraiment apprécié la façon dont elle s’est comporté avec moi même si je comprends qu’elle était surtout inquiète pour Alec. »

« C’est vrai, on l’était tous mais tu as géré. Merci »

Elena haussa les épaules en guise de réponse. Elle se sentait mal à l’aise face aux compliment depuis toute petite, ce qui aux yeux de Harry lui donnait beaucoup de charme. Il n’insista pas et changea de sujet, « qu’est ce que tu fait ? »

Elle regarda Harry comme si une deuxième tête venait de lui pousser, « Ben, ça se voit pas ?! Je fais du chocolat chaud. »

« Et moi ? Je n'ai pas droit à mon chocolat, p'tite sœur ? » demanda-t-il d'un ton faussement plaintif.

Elle lui lança un regard complice. « Bien sûr que si, c’était prévu. Faut bien que je m'occupe de toi grand frère si j'veux pas que tu me fasses une crise de jalousie. » Malgré les événements elle était heureuses. La présence d’Alec et de Harry lui faisaient beaucoup de bien. Elle était comme un baume pour ses blessures invisibles.

Harry s'avança à côté d'elle puis se laissa aller contre le comptoir, l'air songeur, mordillant légèrement ses lèvres, hésitant. Après un moment, il lâcha, presque maladroitement, « Tu aimes bien Alec finalement... »

Elena haussa les épaules, « Tu oublies que c'est aussi un peu mon pote, non ? Certes, on se taquine beaucoup, mais il compte aussi pour moi. Il peut être puéril et agaçant parfois, souvent même, mais, on est une famille. On veille les uns sur les autres. »

Harry acquiesça, visiblement touché, et après une courte pause, il reprit, « À propos de tout ça... Je me disais que tu devrais peut-être savoir certaines choses... »

Elena posa une main sur sa bouche pour le faire taire, « Non Harry ! Je sais pas ce que tu as l’intention de me dire mais je veux pas avoir ! Il m’en parlera de lui-même s'il en a envie. C'est à lui de me raconter son histoire. Et puis, ça lui ferait sûrement plus de mal que de bien si tu m'en disais trop. Il t'en voudrait, tu le sais aussi bien que moi, et votre amitié est précieuse. »

Le regard de Harry s'adoucit encore, une admiration sincère brillant dans ses yeux. « J'sais pas ce qu’il serait arrivé sans toi ce soir... Avant, c’est moi qui veillait sur vous mais, on dirait bien que les rôles ont changé. Alec avait raison, tu es devenu une femme. Tu m'impressionnes, Sparky. »

Elena sourit en donnant un coup d'épaule, amusée. « Merci. Même si parfois j’avoue que ton côté surprotecteur de grand frère m’étouffe un peu, je suis contente que ce soit toi mon grand frère, tu le sais ? »

L'expression d'Harry semblait soudainement s'assombrir. 

« Qu'est ce qui t'arrive ? » demanda Elena inquiète.

« Rien » répondit il tout d'abord.

« Me racontes pas de conneries, dis moi ce qui va pas. » insista Elena

Il souffla et s'adossa au comptoir, incapable de la regarder dans les yeux tandis qu'il s'ouvrait un peu plus à elle. « J'me sens con. J'vois bien que toi et Alec il y a des moments où ça va pas mais j'arrive jamais à vous aider. J'suis un gros tocard incapable d'aider ceux qu'il aime. » avoua Harry, les yeux brillants.

Elena le prit dans ses bras avec tendresse. Harry fût d’abord surpris, les moments où Elena étaient à l’origine de démonstration affectives étaient rares et il sentait dans celle-ci tout l’amour qu’elle lui portait. « T'as tord Harry . On a besoin de toi, tout autant moi qu'Alec. On t'aime et tu es notre licorne à nous. Le gars lumineux sur lequel on peut toujours compter. Si on ne parle pas, c'est pas qu'on veut pas, c'est juste que c'est trop dure. Laisse nous du temps. On t'aime tous les deux et on a besoin que tu restes tel que tu es! Tu es notre rocher, celui sur lequel on peut s’appuyer, tu l'as toujours été. Je crois que c’est pour ça que j’ai finis par prendre mes distances quand j’étais à New York. » Harry eu envie de lui poser des questions, comme à son habitude mais, il se retint. Elle restait plaquée contre lui, le visage caché contre son torse. « C’était trop dure de parler avec toi comme si de rien n’était alors que j’avais l’impression qu’on m’avait arraché le cœur en m’éloignant de toi. Je suis désolée pour ça. Je suis désolée si tu as parfois l’impression que je garde mes distances mais, c’est compliqué pour moi d’aimer. Je t’aime Harry. »

Harry sentit son t-shirt s’humidifier très légèrement. Il la serra un peu plus fort contre lui sans ajouter un mot, lui offrant en silence une étreinte réconfortante. Lui qui avait cru que peut-être elle ne l’aimait plus, il était à présent rassuré. Leur famille s’était brisée à la mort de Marie, leurs avaient été distendus mais, la vie leur offrait une autre chance. Quel que soit les raisons qui avaient forcé Elena à revenir auprès de lui, il était égoïstement heureux. Il sentait désormais qu’avec le temps ils pourraient avec patience reconstruire leur relation cabossée.

Elena finit par se détacher. Elle se retourna pour verser le chocolat fumant dans les tasses, leur parfum réchauffant l'air de l'appartement. « Bon, il faut admettre que c'était pas la soirée que j'avais imaginé à la base. J'suis prête à parier qu'Alec aussi s'imaginait passer une nuit bien plus... Acrobatique. »

Harry éclata de rire, haussant les épaules dans une expression de résignation. « Le pauvre n'est pas le seul dans ce cas. Mais... moi j'ai un numéro, Sacha, alors qu'Alec s'emmerde jamais avec ces détails. Enfin maintenant il fera peut être plus attention. »

Elena lui donna un petit coup de hanche « Veinard va! Profites en bien. »


 

***


 

Alec réapparût, les cheveux encore humides, en bas de jogging et le torse nu, l'air détendu, comme si la douche avait effacé le reste de la soirée. Elena lui tendit sa tasse de chocolat. « Alors, l'eau était bonne ? J'ai failli entrer tellement t'en a mis du temps. J'voulais voir si princesse avait perdu connaissance. »

Alec haussa un sourcil, esquissant un sourire joueur en se positionnant face à elle, leur visage à quelques centimètres. « Et toi, tu devrais pas jouer la provocatrice, chaton. C'est une invitation à la luxure, et après cette soirée, j'ai clairement pas eu ma dose. »

Harry s'interposa pour les éloigner « Gardes tes distances Alec. »

Elena, un sourire ironique aux lèvres, posa une main sur le bras de Harry, cherchant à le rassurer. « Sérieusement, Harry, c'est Alec ! Il est tellement incapable de bander pour moi que ça en deviendrait presque triste. »

Elle tourna la tête vers Alec et lui lança un clin d'œil. Alec déglutit, gêné. Il se souvenait très bien quelques semaines plus tôt, de lui et d’elle sur le canapé du salon. Il avait joué à un jeu dangereux à son initiative, qu'il avait clairement perdu. Il se rappelait comment son corps avait réagit, le trahissant de façon honteuse alors même qu’Elena ne lui avait pas semblé troublé. Le fait qu’elle y fasse référence avec amusement ce soir là ne faisait que confirmer son impression et c'était peut être ça le problème. Il lui adressa un regard appuyé, dont Harry ne saisit pas vraiment la signification. Alec enfila un t-shirt sans dire un mot tandis qu’Elena et Harry se dirigeaient vers le salon. Il s’assit loin d’Elena, laissant Harry profiter de sa sœur, du moins c’est ce qu’il se disait pour expliquer ce soudain besoin de prendre ses distances.


 

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Inxs.0
Posté le 09/09/2025
Coucouu,

Tellement d’action dans ce chapitre j’adore, ça change des chapitres précédents et ça donne un peu de piment dans l’histoire. Alec et Elena sont trop mignon ensemble est Harry est toujours aussi adorable. J’aime bien !
Anna.lyse
Posté le 09/09/2025
Coucou,
Je suis ravie que ce chapitre te plaise. Il est long et j'avoue avoir eu des craintes que ce ne soit trop. Je voulais aussi commencer à montrer ce que Alec cache derrière ses sourires et son détachement apparent... C'était important pour moi également de décrire l'évolution du lien particulier qui lie Alec et Elena, ce n'est pas juste une attirance physique ou un coup de coeur, même si ces éléments là compte toujours évidemment. J'ai personnellement du mal à croire à la relation coup de foudre/prince charmant. Je crois qu'une relation se construit et ça prend du temps à mon sens, surtout quand les personnes sont blessées.
Au plaisir de lire tes retours.
Cléooo
Posté le 16/05/2025
Coucou Anna.lyse ! Je me demande comment Harry va réagir en les retrouvant le lendemain enlacés dans le canapé xD

Encore une fois, le chapitre se lit bien. J'ai juste un petit bémol, je me demande si la blonde (Becky) n'est pas un peu trop antagonisée dans son passage. Elle fait un peu cliché à mon goût, la blonde bien lotie qui réfléchit pas beaucoup et se vénère dans une situation inappropriée... Déjà que dans l'ensemble, la vision d'Alec de la femme (hors Elena) est assez réductrice, je me demande si tu ne pourrais pas donner davantage de corps à Becky.

Pour le reste, je note aussi que c'est assez surprenant que les videurs n'interviennent pas du tout, ni pendant la baston (qui s'étend quand même un peu) ni après quand ils sont dehors juste dans la boîte de nuit, alors que les coups ont quand même plu sur le type et qu'il est en coma sur la piste de danse !

Et je te fais deux petites remarques sur le texte :

- "Détestable toi-même d'abord ! " -> il ne lui dit pas qu'elle est détestable, mais insupportable ^^
- ". « Faut qu'on en reparle, chaton ! » lui déclara t'il avec un regard appuyé, que Harry ne saisissait pas vraiment." -> vue la réplique précédente, je me demande comment il ne peut pas saisir l'allusion. Je pense que le seul regard appuyé suffirait pour être ambigu, non ?

Voilà pour moi ^^ À bientôt !
Anna.lyse
Posté le 18/05/2025
Merci pour ce retour toujours aussi riche. Tu as tout à fait raison. Je dois avouer ne pas être satisfaite par tout et notamment par ce personnage qui est effectivement trop caricatural. C'était le cas pour un autre personnage dans un chapitre différent que j'avais retravaillé. Il faut que je modifie celui-ci également.
C'est vrai que la perception d'Alec peut paraître réductrice et en même temps, lorsqu'on prête attention aux discussions entre lui et Harry, il prône l'égalité homme femme et l'importance du plaisir immédiat. Alec est un personnage torturé qu'on va apprendre à connaître davantage avec le temps, il fuit ce qui est compliqué et profite de chaque plaisir, ça l'aide à mettre de côté ce qui est dérangeant dans la vie.
En ce qui concerne la boîte de nuit, selon la taille de celle-ci, ça peut prendre un peu de temps aux videurs d'intervenir. Et quant à l'absence de réaction autour d'Elena et Suzanne, malheureusement dans la réalité les gens peuvent être témoins de violence sans réagir. C'est loin d'être rare bien que ce soit inadmissible...
Je note tes autres remarques et je vais faire des modifications.
Merci encore pour ce retour. C'est un plaisir à chaque fois de te lire.
Anna.lyse
Posté le 20/05/2025
J'ai réajusté en tenant compte de tes commentaires Cléooo:
- Becky
- Des détails pour indiquer qu'ils cherchent un coin à l'écart des videurs
- les phrases cités
Et quelques trucs en plus.
J'apprécie toujours tes remarques que je trouve par ailleurs très justes.
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