Hans a finalement réussi à s’endormir. Je suis couchée à côté de lui, son bras entourant ma taille. Je fixe son visage enfin détendu. Mon cœur se serre en pensant à ce qui arrivera quand il se réveillera. Dans le silence de la pièce, j’ai tout mon temps pour réfléchir, mais pour l’instant, c’est le trou noir. La haine passe avant toute chose. Le mot « vengeance » tourne en boucle dans mon esprit. Je reporte mon attention sur le jeune homme à mes côtés. Sa tête a basculé sur mon épaule. Elle est brulante. J’hésite à bouger, de peur de le réveiller. Délicatement, je me décale. Il reste inerte. Lorsque j’ai réussi à sortir, je vais dans la salle de bain pour humidifier une serviette. Quand, je reviens près de lui, il est toujours dans la même position. J’applique le tissu mouillé sur son front et m’accroupis sur le sol. Je pose ma main dans la sienne. Combien de temps me reste-t-il avec lui ? Une larme coule le long de ma joue. Je me dépêche de l’essuyer d’un revers de main. Je me suis jurée de ne pas sombrer. Je dois être forte pour lui. Ce n’est plus moi qui ai besoin d’aide. Je ferais tout mon possible pour trouver une solution, mais je crains qu’il n’y en ait aucune. Vincent ne sait rien et ce n’est pas la section médicale qui va me venir en aide. Ils ont causé la perte de Hans. Les rebelles, peut-être ? Ils doivent savoir. J’en veux à ma stupidité. Jamais, ils n’aideront des soldats et ils auraient parfaitement raison. Hans gémit dans son sommeil. Je suis tout de suite en alerte. Il ouvre les yeux. Je peste intérieurement. C’est trop tôt. Je passe ma main sur son front. J’ignore par quel miracle, mais sa température a chuté.
- Quelle heure est-il ? demande-t-il, somnolent.
- Deux heures du matin, répondis-je.
- Va dormir Elena.
Je me redresse et m’assois sur son matelas.
- Fais-moi une place.
Il me fixe surpris.
- Je voulais dire, va te reposer dans ta chambre.
- Hors de question ! Je ne peux pas te laisser seul dans ton état.
- Tu ne peux rien faire pour mon état.
- Je ne te parlais pas de cela.
Je prends l’arme sur sa table de chevet. Je l’ai bien entendu vidé, mais me garde de lui dire.
- Qu’est-ce qui me prouve que tu ne recommenceras pas dès que j’ai le dos tourné ?
Il ne répond rien. J’avais vu juste. Je continue :
- Je ne peux plus te faire confiance, Hans, lui avoué-je à contrecœur.
Ne remarquant aucune réaction de sa part, j’insiste :
- C’est peut-être égoïste, mais je ne veux pas te perdre.
Tout en gardant les yeux fixés sur le sol, il me répond :
- Tu sais, Elena. J’ai essayé de trouver autre solution. J’ai vraiment essayé, mais j’en arrive toujours à la même fin.
Il n’a pas besoin de dire la suite, car je devine à quoi il pense. Il parvient à poursuivre :
- Je n’ai pas ta force. Ce qui m’effraye le plus, c’est de perdre complètement pied. Il suffit de voir les gens de la section spéciale.
Je secoue la tête.
- On doit sans doute leur injecter un autre produit pour les rendre enragés.
- Non, on ne rajoute rien du tout. Cette saleté seule suffit amplement. Tu ne te rends pas compte à quel point c’est une torture.
J’enfonce mes ongles dans la peau. Je ne dois rien lâcher.
- On trouvera Hans, je te le promets.
Il me jette un regard en coin.
- Promets-moi autre chose.
- Quoi, donc ?
Il se mord la lèvre comme s’il hésitait à parler. Il finit par déclarer d’une voix calme :
- Je ne tenterais plus de mettre fin à mes jours, mais si je dois perdre définitivement la tête, achève-moi. Je ne supporterais pas de blesser quelqu’un.
Inconsciemment, je passe les doigts sur la blessure qu’Hans m’a faite durant sa crise. Heureusement pour moi, il ne remarque pas mon geste. Je m’apprête à riposter, mais il m’empoigne par les épaules et plante ses yeux dans les miens.
- Jure-le-moi, Elena !
Sa voix se brise.
- C’est l’unique garantie qui me permettra de tenir.
Je déglutis péniblement.
- Tu te rends compte de ce que tu me demandes de faire.
Je sens ses doigts s’enfoncer dans ma peau.
- Tu es la seule à qui je peux demander ça.
Mon premier réflexe est de refuser, mais en voyant son regard complètement désespéré, je finis par accepter à contrecœur.
- Jamais cela n’arrivera, mais si c’est ce que tu souhaites, je le ferais.
Ma voix tremble légèrement. Le jeune homme semble se détendre instantanément.
- Si je dois disparaitre, sache que mon testament se trouve derrière l’armoire de ma salle de bain.
Il sort une clé de sa poche et me la tend.
- C’est un double de ma chambre.
Voyant que je ne la prends pas, il la met dans une des poches de ma veste. Mes ongles s’insèrent de plus en plus dans ma peau. Comment peut-il aborder cela de cette manière ? Tout semble déjà fini pour lui. Je ne veux pas le perdre. Je lève la tête vers le jeune homme. Il a l’air plus mort que vif. Je l’enlace et colle mon oreille contre sa poitrine. Son cœur bat. Sa peau est chaude, ce n’est pas la froideur d’un cadavre. Il est vivant. Je ne dois pas l’oublier et tant qu’il le sera, il y aura un espoir. Il m’appelle, je l’ignore. Il insiste. Je n’y prête toujours pas attention. Ce n’est que lorsqu’il m’écarte que je cède.
- Ça ira, me dit-il.
Sa main est posée sur mon épaule. Il y appose une pression comme pour me maintenir à distance.
- Tu sais Elena, je me demande si ce ne serait pas mieux. Il serre les lèvres puis reprend. De mettre fin à notre relation.
Je le coupe directement.
- C’est ce que souhaite Tellin, nous séparer.
Je me rapproche d’Hans.
- En agissant ainsi, tu es aussi coupable que lui. Je sais que c’est dur Hans, mais tu ne peux pas abandonner, pas maintenant. N’oublie pas notre but. Mettre fin à tout ça.
En disant ces mots, je comprends enfin ce que cela représente pour moi. Avant j’étais toujours dans le doute. Lorsqu’Hans m’avait parlé pour la première fois de mettre fin au projet, j’avais opiné, car lui le souhaitait. Toutefois au fond de moi, j’ignorais pourquoi je voulais le faire. Je trouvais mes motivations chaque fois égoïstes. Maintenant que la personne à qui se tient le plus est devenue une victime de ces expériences, cela me semble une évidence. Hans me fixe droit dans les yeux. J’ai l’impression de retrouver cette lueur déterminée dans son regard qui m’a tant de fois redonnée courage. Il pose sa main sur ma joue.
- Tu es cruelle, finit-il par déclarer. Mais tu as raison, je ne peux pas lui faire ce plaisir.
Il m’attire brusquement contre lui
- J’aurais beau affirmer le contraire. Il n’y a que toi que je veux, murmure-t-il.
Il resserre son étreinte.
- Pourras-tu me pardonner ? demande-t-il.
Je m’écarte quelque peu et relève la tête.
- Vis et tu les seras, Hans Wolfgard.
Il me sourit et lorsqu’il m’embrasse, je sais que j’ai retrouvé l’homme que j’aime. Toutefois, je ne peux m’empêcher de me demander. Si nous mettons fin au projet 66, qu’est-ce qui me prouve que nous trouverons un remède pour Hans ?
Petits details : ca fait trop bizarre quand Elena, la narratrice, parle de Hans en disant "le jeune homme". C'est trop impersonnel. Pour eviter les repetitions, pourquoi pas "mon ami", "cet homme que j'ai mis si longtemps a aimer", on peut tout imaginer, mais "jeune homme" ne pourrait aller que si la narration etait a la 3eme personne, a mon avis.
"Jamais, ils n’aideront des soldats et ils auraient parfaitement raison." Si tu commences au futur, tu ne peux pas aller ensuite vers le conditionnel. "ils auront raison" ou "nous leur avons donne toutes les raisons de ne pas aider les soldats".
Comment Hans connait-il si bien le projet 66, une seule injection suffit... Les effets semblent differents d'une personne a l'autre, les photos que Liam possedent montrent des enfants sans cheveux, on parle de gens defigures parmi les rebelles, mais Liam a juste une cicatrice sur le torse?
"Vis et tu les seras, Hans Wolfgard." Je n'arrive pas a comprendre cette phrase. Veut-elle dire "vis et tu sera pardonne"?
Elena a raison : les victimes du projet 66 ont forcement beaucoup travaille sur des antidotes possibles. A quoi servirait de les faire evader si on ne pouvait rien leur proposer?
Bref, que de questions! Bon courage pour la suite !