Parc régional d'Armorique – Bretagne
Alice plantée en haut d’un rocher criait des encouragements à l’attention d’une dizaine de géants qui assemblaient une structure.
— Allez Allezz ! Encore un effort les gars et on pourra faire une pause.
Garen en profita pour rouler des épaules en soulevant un énorme bloc de granit alors qu'il sentait le regard d'Alice glisser sur lui.
— Garen ! Pas la peine de faire ton beau gosse, on sait que tu es fort. Lui cria-t-elle en riant.
Non loin, Léa était avec groupe de fée et de dryades pour créer un camouflage magique à l'aide d'arbres en provenance de Brocéliande.
Garen avait creusé d'énormes cavités pour planter des Avel dont le feuillage était similaire à des pommiers et qui se fondraient parfaitement dans la forêt.
Une Dryade toucha le tronc, faisant pousser les branches et les racines et passa au suivant, laissant les fées façonneuses terminer le travail d'intégration, recréant mousse, lichen, végétation des sous-bois, comme si les arbres étaient là depuis des décennies.
Une fée au loin commençait à fatiguer à force de maintenir son sort de confusion pour repousser de potentiels humains curieux et cacher leur ouvrage. Elle vola fébrilement vers Léa qui lui tendis un remède qu'elle avait confectionné avec le druide Hafgan .
Léa échangeait avec des conseillers du palais chargés de tout coordonner et Morgane, Bryn et Mael Pennel rejoignirent le groupe quelques heures plus tard, après avoir préparé leur plan de rapatriement des humains mis en « stase » .
Ils n'y avait apparement plus de nouveaux humains égarés en Brocéliande, ce qui permettait d'avancer sur les travaux à plein régime.
Morgane et son groupe étaient repartis en Brocéliande alors que les autres finalisaient le premier portail, après une journée de travail acharné. Alice et Léa se relayèrent pour dormir car les fées ne pouvaient pas cacher tout le groupe, le matériel et repousser les humains sans s'arrêter. En cas de pépin avec des humains, elles interviendraient.
Donnon discutait avec Mael, faisant son rapport à la Reine.
— Si nous continuons comme ça, d'ici deux jours nous auront tout installé.
— Parfait, je passe le message pour que la cérémonie de lamas soit organisée dans les temps, répliqua le hoper.
Alice qui s'apprêtait à aller dormir resta un instant avec Donnon qui mangeait sa ration, assis sur un tronc.
— Je suis bluffée que ça aille aussi vite ! Mes encouragements doivent aider.
— Garen motive les autres, certains sont très curieux de savoir comment tu as transformé cet asocial en gardien irréprochable.
Elle pouffa
— Naaan, il a toujours été comme ça, il est juste un peu bourru. Mais c'est comme ça que je l'aime.
Il la fixa un instant de ses yeux bleus perçants, sans rien dire. Il semblait vouloir lui demander quelque-chose mais finit son ragoût en silence.
Elle lui tapota l'épaule en partant se coucher près d'un foyer où des Tincarff produisaient une chaleur douce.
Il n'y eu aucun incident dans la nuit et ils se rendirent au second lieu, transportant tout le matériel depuis un portail provisoire qui avait été ouvert depuis le domaine Drindod.
Les Sylvestres semblaient épuisés de le maintenir pendant plusieurs heures d'affilé et Alice passa parmi eux avec Léa pour leur donner des remèdes du druide ou leur porter à boire.
Les géants travaillaient comme des força et les deux amies aidaient comme elles pouvaient jusqu'à ce que Lia arrive à vive allure vers elles.
— Des humains approchent !! Les géants sont trop loin pour revenir dans la zone camouflée.
Alice et Léa se redressèrent, rejoignant les géants pour leur donner des instructions.
Quand le groupe arriva au loin, elles les laissèrent approcher.
Seuls les dix géants et elles deux étaient visibles.
C'était un homme d'une cinquantaine d'année avec une femme plus jeune et deux policiers en tenue de patrouille légère. Ils semblèrent surpris de les voir.
Alice avec son sourire jovial les salua en allant à leur rencontre.
— Bonjour messieurs, madame !
— Bonjour, mesdames, messieurs, que faites-vous ici ?
— Oh ! Moi pas grand-chose, soutient psychologique. Le club de rugby dont fait partis mon chéri (elle fit un grand geste à Garen et un sourire qu'il lui rendit) font du bénévolat pour une association. Désolé je n'ai pas tous les détails...
Léa arriva en trottinant « à la rescousse » , des papiers dans les mains.
— Bonjour, Excusez-moi ! Il y a un souci ? Je pensais que tout était en règle avec la FNE.
Elle s'approcha pour montrer un des papiers griffonnés, avec des croquis d'enrochements et un plan plutôt détaillé du coin, ainsi qu'un document imprimé paraissant très officiel.
L'homme cinquantenaire hocha la tête.
— Nous n'avons pas été mis au courant, mais peut-être que des e-mails se sont perdu, ce sont les vacances, j'ai moins de personnel.
— Excusez-moi, mais vous êtes ? répliqua Léa sérieuse.
— Sébastien Monteraux, élue de la communauté de communes. On nous a signalé la disparition d'une femme et son enfant non loin et quelques dégâts dans la forêt, vous ne les auriez pas aperçus ?
— Non, je suis désolé, on a travaillé avec les garçons depuis ce matin, mais personne à l'horizon.
— Et que faites-vous ici exactement ?
— L'association a signalé des mouvements de terrain et des failles se sont creusées. J'ai été moi-même victime de l'une d'elle et nous aidons à renforcer les zones fragilisées avec des enrochements. Comme ici.
Elle pointa son croquis du doigt.
Un des deux policiers écarquilla les yeux en se rapprochant.
— Je vous reconnais ! Vous êtes les jeunes femmes portées disparues de Paimpont !
— Effectivement, ce sont des membres de l'association qui nous ont retrouvés avec notre copine Noémie. J'avais cru entendre un bruit et je suis tombée dans une crevasse dans la nuit. Mon amie Alice a voulu me sortir de là, mais elle a glissé et on s'est retrouvé bloqué toutes les deux, sans téléphone ni rien, l'horreur...
Alice pris Garen par la main pour l'amener près des policiers et des élus.
— Garen m'a soulevé comme si je pesais une plume et j'ai eu le coup de foudre ! En plus j'ai toujours aimée les sportifs.
Elle rit en l'embrassant sous les regards médusés. Les géants roulèrent des mécaniques en exhibant leurs muscles de manière nonchalante.
— Il faudra vérifier au poste que la demande de recherche a bien été clôturée, répondit le policier l'air rassuré.
Léa continua à déballer ses explications très convaincantes à l'élue et son assistante pendant qu'Alice racontait son baratin en piaillant pour se donner l'image d'une groupie superficielle en faisant faire au géants un cri de guerre comme avant les matchs, puis applaudissant très forts.
Les policiers avaient l'air plus que convaincu et prêts à déguerpir plutôt que subir le flot de parole ininterrompue d'Alice.
— Ce n'est pas à côté, mais si vous passez à Rennes, venez les encourager pour les prochaines qualifications !
— Nous n'y manqueront pas... (jetant un coup d'œil vers l'adjoint au maire en pleine discussion avec Léa sur les enjeux écologiques de notre époque) Monsieur Monteraux, si tout est en règle, il faudrait que nous repartions.
— Oui, oui ! Bien sûr. C'était un plaisir Mademoiselle Moreau. C'est agréable de voir des jeunes s'investir autant dans la préservation de la Bretagne sauvage.
— Le plaisir est partagé ! La prochaine fois que vous passez par ici, si vous ne voyez aucun changement, c'est que nous aurons bien fait notre job, c'est important que toute modification de la main de l'homme reste parfaitement intégrée pour ne pas perturber les animaux dont c'est le territoire et ne pas donner l'impression que quelque chose d'artificiel a été ajouté.
À quelques mètres, le policier interpella de nouveau l'homme.
— Oui, je dois vous laisser. Nous signalerons votre présence pour que personne ne vous dérange, vous allez à Quénécan après, c’est bien ça ? Bon courage.
— Merci, oui, bonne journée à tous et pensez à faire un don à la FNE, même quelques euros comptent pour permettre à l'association de faire du bon travail.
Les filles et les géants regardèrent les « intrus « s’éloigner. Et Alice soupira un grand coup.
— Oh God ! J'ai crue qu'ils n'allaient jamais partir. Tu étais trop crédible ! Quand est-ce que tu as eu le temps de préparer les papiers et tout ? Ok, je sais que tu as fait un stage dans une assos l'été dernier, mais tu as réussi à les bluffer. Même moi j'y croyais.
— J'ai profitée de l'ordinateur de Morgane Meyer, qui était avec nous. Elle a tout son matériel de journalisme.
— C'est vrai que c'est elle qui nous a dit de raconter que nous étions coincées dans une crevasse.
— Par contre l'histoire des rugbymen vient de toi !
— Hehe ! T'as vue. Avec leur carrure et leurs deux mètres, j'ai tout de suite pensée à des joueurs de rugby. Je stressais à l'idée qu'ils leur posent des questions, j'ai dû parler sans m'arrêter pour ne pas leur laisser l'occasion de placer un mot, on aurait été mal, ils n'y connaissent rien.
Garen souleva Alice sur un bras alors qu'elle riait.
— Tu n'as qu'à nous expliquer, gronda-t-il de sa voix grave.
— C'est un sport de ballon ou plutôt un sport de contact. Avec des plaquages au sol, des tirs de précision... Enfin, en gros, c'est comme une danse effrénée entre des géants en tenues sexy, avec un ballon rebelle de forme ovale, essayant de se faufiler entre des bras tendus et des épaules solides pour marquer un essai.
Léa se plaqua la main sur le front, en secouant la tête.
— C'est la pire description de sport que je n'ai jamais entendue...
— Non ! Souviens-toi la fois où j'ai expliqué à Noémie ce que c'était que le Chessboxing !
Léa pouffa, partant dans un fou rire.
— Pfff ! En même temps, qui est ce qui va faire un exposé sur les sports les plus insolites. Ça n'a aucun sens ! Répondit Léa les larmes aux yeux.
— Je te rappelle que le sujet c'était « Pourquoi les hommes cherchent la nouveauté ?» C'était parfait ! En plus, personne ne s'est endormis pendant ma présentation.
Garen éclata de rire alors qu'Alice faisait la moue en gesticulant dans les bras de son géant.