Chapitre 65 : Bintou - Sauvetage

- Ils sont sortis de leur cachette, probablement poussés par la faim, les plus grands tentant de faire taire les plus jeunes. Vingt-sept enfants, tous plus jeunes que l’âge de raison.

- Les femmes sont parties sans eux, comprit Bintou. C’est atroce !

- Ils se sont cachés et nul ne les a vus. J’ai brisé mon invisibilité et ils ont hurlé de terreur. Je les ai rassurés. J’ai soutenu les nourrissons du shen, faisant taire leurs hurlements affamés. Les plus grands ont réclamé la même chose et l’ont obtenu.

Bintou grimaça. Se faire soutenir n’était guère agréable mais c’était toujours mieux que crever de faim et de soif.

- Je les ai menés vers l’extérieur… qui grouillait d’humains. Les palais de coton intéressaient énormément ces opportunistes. Il s’agissait du plus bel endroit de L’Jor. Tous voulaient se l’approprier. J’aurais pu rendre tout le groupe invisible. J’ai choisi d’économiser mon énergie. Je ne savais pas trop de quoi j’aurais besoin et quand. Les premiers humains rencontrés ont goutté à mes lames. Pas un grain de shen.

- Le Tewagi était de retour, comprit Bintou et il sourit pleinement en retour.

- J’ai protégé ces enfants comme j’ai pu mais les humains étaient trop nombreux. Pendant que j’en occupais un, des dizaines d’autres fondaient sur les gamins pour les égorger. J’ai compris que si je ne changeais pas de méthode, je subirais rapidement le même sort que les autres shale. Il fallait innover et cesser de suivre ces règles stupides. J’ai utilisé le shen pour tuer, beaucoup et de manière très visible. Vingt-deux enfants survécurent à cette première rencontre.

Cinq pertes, compta Bintou. Quelle horreur ! De plus, il venait de réaliser l’acte pour lequel elle avait été condamnée à mort. Il avait brisé une des règles fondamentales. L’horloge avait explosé de toute façon. Peu importait…

- Nous sommes partis plein nord, annonça-t-il. Les montagnes nous offriraient une bien meilleure cachette. Nous avons rencontré beaucoup d’humains en chemin. J’ai utilisé le shen de manière ostensible pendant tout le trajet, tant pour éliminer la menace que pour allumer du feu, soutenir les gosses, faire voler un enfant harassé de fatigue. Résultat : lorsque nous sommes arrivés devant le foyer en ruine, la moitié s’étaient éveillés au shen.

- Quoi ? s’étrangla Bintou. Non ! C’est impossible ! C’est censé être… beaucoup plus rare que ça, non ?

- Il faut croire que quand on met vraiment le paquet sur des enfants vraiment jeunes, ça marche.

Ça n’avait jamais fonctionné avec Mamou. Elle avait eu beau l’entourer de magie, il ne s’était jamais éveillé.

- Je parle vraiment de mettre le paquet, pas juste une pierre volante, précisa-t-il.

- Tu lis mes pensées ? l’accusa-t-elle.

- Oui, répondit-il sans détour. Tu n’as qu’à m’en empêcher !

Elle le fusilla des yeux.

- Je ne suis plus ton maître. Change la serrure !

Bintou hoqueta à cette réplique. Lui fermer la porte au nez ? Vraiment ?

- Après une nuit de repos dans une pièce glaciale du foyer, nous sommes repartis vers le nord, continua-t-il comme si l’échange précédent n’avait pas existé. Nous étions en retard sur les humains qui avaient déjà atteint les villages avoisinants. Ceci dit, ils y restaient souvent pour piller la nourriture avant de repartir si bien que rapidement, nous les avons dépassés. Plus au nord, la vie suivait son cours. Les villageois, ignorants du drame se jouant dans le reste du pays, vivaient leurs vies simples.

- Incroyable opposition, comprit Bintou.

- J’ai été très content d’avoir repris des forces. Tandis que j’avançais avec les enfants, envahis de leurs pensées incontrôlées, j’entrais dans l’esprit de chaque expert qui passait à ma portée, lui donnant l’injonction de fuir vers le nord, immédiatement, en laissant tout derrière lui. Trente-trois se sont ainsi retrouvés, sans comprendre pourquoi, sur les sols volcaniques du nord de L’Jor, au milieu des lacs acides et des tremblements de terres, à respirer un air chargé de souffre, presque irrespirable. Lorsque je les ai rejoints, dix-neuf enfants m’accompagnaient. Tous s’étaient éveillés.

- Tous ? s’étrangla Bintou et soudain, elle comprit.

Ces dix-neufs enfants étaient les eoshen entourant le shale.

- Tu n’as pas été que leur formateur. Tu as été leur père aussi.

- Je les ai élevés dans un monde dépourvu de vie. J’ai dû tous les former, avec patience et détermination. Il était hors de question d’imposer un rythme, de tuer en cas d’échec. Tous devaient survivre, sans exception. Tous ont survécu.

Bintou admira ce formidable tour de force.

- J’ai dû tout inventer, maugréa-t-il. Je n’avais jamais suivi un seul cours de shen au foyer. J’ignorais comment les eoshen s’y prenaient pour enseigner l’usage du shen, qui a toujours été naturel pour moi. Je n’avais jamais réfléchi à « comment » je faisais et encore moins essayé de l’expliquer.

Et dire que Bintou, de son côté, faisait la même chose, pleurant de l’absence de son maître qui aurait pu l’aiguiller de son savoir. Vaste blague ! Il n’en savait pas plus qu’elle !

- J’ai dû inventer mes propres règles. Comment faire le tri dans tout ce bazar ? Qu’est-ce qui était finalement permis ou interdit ?

Bintou soupira. Il n’avait pas les réponses. Elle avait espéré toute sa vie savoir enfin, obtenir la solution. Peine perdue. Il ne la possédait pas.

- Devais-je permettre l’usage ouvert du shen ? Ou l’interdire. Devais-je leur permettre de manier la nature à leur gré ? Ou insister sur les règles liées à celle-ci ? Devais-je les élever dans un sentiment de communauté ou au contraire de grande individualité ? Devais créer une communauté égalitaire, équitable ou tyrannique ?

Bintou hocha la tête. Elle avait eu les même choix à faire. Pas facile.

- Ai-je fait les bons choix ? Qu’en sais-je ? Je passe mon temps à me remettre en question.

Il doutait. Bintou comprit qu’il se sentait seul. Il avait besoin de soutien, autant qu’elle, peut-être même davantage. Elle eut envie de le prendre dans ses bras, de lui apporter cette tendresse dont il manquait tant, de lui promettre sa présence éternelle, son appui indéfectible.

En même temps, elle doutait elle aussi. Ne l’avait-elle pas un peu trop idéalisé ? L’aimait-elle vraiment, lui, ou bien l’image qu’elle s’en faisait ? Ses sentiments se portaient-ils vers une personne réelle ou vers une chimère ?

Elle se sentit perdue, bout de bois ballotté par les courants, feuille morte emmenée par le vent.

- J’ai soupiré d’aise à chaque petit pas en avant me libérant de ma lourde tâche. Chaque moi intérieur trouvé me permettait de cesser de soutenir. Chaque maîtrise du shen m’offrait de l’aide dans mes projections vers les trente-trois experts qui découvraient leur nouvel univers, souvent dans la douleur.

La tâche était monumentale. Il avait dû s’épuiser sous le poids. Logique qu’il ait raté la présence d’elfes noirs au sud, au beau milieu de la corruption. Il avait d’autres chats à fouetter.

- Enfin, ils furent tous à peu près capables de s’occuper d’eux malgré quelques obstacles infranchissables…

- Comme le moi intérieur d’Ilyam, sourit Bintou.

- Ou la Nech’i kwasi de Salam, confirma-t-il. Parfois, souvent, je me disais « Ah quoi bon ? Nous sommes les derniers survivants d’une espèce éteinte. Pourquoi s’acharner ? » Je ne sais pas. J’avais foi… en quoi, aucune idée.

- Et le miracle a eu lieu, souffla Bintou. Il s’appelle Elian.

Il sourit en hochant la tête.

- La guérison des terres sombres, l’union des elfes, leur résurgence, leur sauvetage, leur montée en puissance… Elle est à l’origine de tout, continua Bintou.

- Nous avions assisté par esprit interposé à la rencontre entre nos experts et les femmes elfes des bois rescapées des eoxans, sans y prêter trop attention. Nous avions nos propres difficultés. Qu’ils rencontrent des elfes des bois nous passaient un peu au dessus de la tête.

Cela, Bintou voulait bien le croire.

- Un jour, Youhard, l’expert forgeron qui était proche d’une elfe des bois nommée Yaya…

- Proche ? répéta Bintou.

- Ils étaient amis, indiqua-t-il. Ils apprenaient l’un de l’autre. Ils commençaient à créer un lien entre deux mondes si différents.

- Juste amis ?

- Oh que oui ! Youhard n’aurait jamais imaginé poser une main sur l’elfe des bois. Déjà parce que c’était une femme mais ensuite parce que, violée durant des générations par des humains, elle n’était guère ouverte à la possibilité.

Bintou le comprenait aisément.

- Je disais donc : un jour, Youhard et Yaya ont rencontré des elfes noirs inconnus. L’elfe des bois est intervenue pour empêcher l’un d’eux de se désaltérer dans une mare d’acide. Nous avons assisté à la rencontre à travers l’esprit de Salam, le protecteur et soutien du forgeron. Nous n’en croyions pas nos yeux. Des elfes noirs avaient survécu. Nous n’étions pas seuls ! Plus important encore : je ne les connaissais pas. Ils ne venaient pas de L’Jor. Ils étaient donc nés après l’extermination.

- Indiquant la survie de femmes elfes noirs, comprit Bintou.

- Exactement, confirma-t-il. Dans l’esprit des nouveaux venus, nous avons découvert Adesis. Nous n’en revenions pas. Youhard a hésité. Il ne les croyait pas. C’était tellement ahurissant. Salam l’a manipulé afin qu’il fasse confiance à ces inconnus. Nous ne sommes pas intervenus dans la décision finale d’aller vivre là-bas. Nous avons juste apaisé ses craintes.

Bintou sourit devant la tentative de justification inutile du shale.

- Youhard et Yaya sont partis vers Adesis et Salam, naturellement, les a accompagnés mais il a rapidement annoncé un problème.

- Ah ? Lequel ? interrogea Bintou, surprise.

- Salam, afin de ne pas rater d’échange, se promenait au milieu du groupe. Cela a également un deuxième effet : ses traces de pas se mélangent à celles des autres, le rendant moins détectable.

- Votre invisibilité est seulement visuelle, comprit Bintou.

- Non, la contra le shale. Nous pouvons disparaître totalement. Chaque sens rajoute juste de la difficulté. Comme toujours, nous préférons nous économiser. Salam réalisait donc une invisibilité visuelle et auditive mais pas tactile, ni odorante d’ailleurs.

- Il faudra que tu songes à m’expliquer comment vous faites ça, indiqua Bintou.

- C’est de la maîtrise de la nature, indiqua-t-il en retour.

Devant le regard transperçant de Bintou, il rajouta :

- Oui, je t’expliquerai. Plus tard…

Bintou lui accorda volontiers ce délai.

- Un problème avec son invisibilité ? interrogea Bintou en relançant le sujet de discussion de départ.

- À chaque fois que Salam s’approchait de Yaya, elle se tournait vers lui, le scrutant, gênée, comme si… elle ressentait sa présence. Salam a eu beau accentuer son invisibilité en y incluant tous les sens, rien à faire, Yaya ressentait toujours sa présence là où les elfes noirs avançaient sans se douter de rien.

- À cause de la méditation hyper profonde active, comprit Bintou. Leur assemblage étant aérien, lorsqu’un assemblage traverse leur zone, il doit modifier quelques flocons et le porteur le ressent. Cela leur permet de ressentir une présence, magicien ou non. Peut-être sont-ils même capables de faire la différence entre un être à l’assemblage simple et un autre complexe.

- Ils pourraient déceler la présence d’un magicien près d’eux. Les kwanzas le font par la vue et les elfes des bois par… un genre de sixième sens ! s’étrangla-t-il. Il n’y a bien que les elfes noirs pour y être totalement insensibles…

- Peut-être pas. Cela s’apprend sûrement, rétorqua Bintou.

Il lui accorda ce point.

- À cause de ce sixième sens, Salam s’éloigna du groupe, marchant à bonne distance. Il utilisait beaucoup le shen pour ne pas se faire voir et cela semblait fonctionner car Yaya ne se tournait plus vers lui. Arrivés au lac Lynia, ils ont pris des embarcations avant de traverser le lac. Salam préféra quant à lui marcher sur l’eau. Le groupe avançait vite, porté par le courant. Salam peinait à les suivre. Lorsqu’ils arrivèrent au fleuve Ruvuma, Salam s’arrêta et ils disparurent à l’horizon.

- Il venait de découvrir les terres sombres, supposa Bintou.

- Exactement, confirma le shale.

- Vous n’aviez pas lu son existence dans l’esprit des elfes noirs ?

- Nous n’avions pas criblé leurs esprits non plus, répliqua-t-il. Nous avons découvert Adesis, sa beauté, sa splendeur, ses femmes, ses enfants, les orcs, la cohésion elfique. Nous nous sommes contentés de cela. Cette horreur, nous l’avons découverte, choqués. Salam s’est rendu sur la rive et à peine eut-il posé le pied sur le sol noir qu’il a disparu de nos esprits. Nous l’avons cru mort.

Bintou grimaça.

- Quel soulagement lorsqu’il est reparu. Très affaibli par le voyage, il n’avait juste pas réussi à garder la connexion sous les assauts de la corruption. Nous n’avions aucune idée de ce qu’était cette chose, de ce qui avait pu causer cela. Salam a repris sa route sur le fleuve mais il était très faible. Il a dû faire une pause sur les marécages pour méditer. Ainsi, lorsqu’il est arrivé à Origine, le village était désert. Youhard et Yaya étaient déjà entrés en plein Adesis. Salam a tenté une entrée. Peine perdue : tous les elfes des bois se tournaient vers lui, s’approchaient menaçants, humant l’air, écoutant un son inaudible, le regardant systématiquement dans les yeux. Il a pris peur. Il a préféré rebrousser chemin.

- Sans s’attaquer aux elfes, comprit Bintou. Il a bien fait. Il l’aurait regretté.

- Il s’est montré prudent. Inutile de se créer des ennuis. Nous venions à peine de découvrir l’existence de notre peuple. Inutile de nous le mettre à dos. Salam a attendu. Youhard et Yaya sont ressortis enthousiastes. Notre intervention n’a pas été nécessaire. Ils ont convaincu tout le monde de partir. De toute façon, nous avions autre chose à faire que convaincre les experts de se rendre à Adesis.

- Vous fouilliez l’esprit des elfes noirs d’Adesis afin de comprendre l’origine des terres sombres.

- La plupart n’avait aucune idée de son origine. Ils savaient comment le combattre. Nous avons découvert le wiha, ainsi que des années de misère et de faim à Dalak, puis l’arrivée d’Elian et ce qu’elle avait fait pour notre peuple. Nous avons découvert que Narhem Ibn Saïd était toujours en vie. Leurs pensées étaient difficiles à suivre, confuses, incohérentes.

- Aucun n’avait eu de formation de maîtrise de l’esprit, comprit Bintou.

- Ils ont pris la route que nous n’avions toujours pas trouvé notre réponse. Nous les avons suivis, bien sûr, et nous nous sommes arrêtés sur les terres sombres pour les vivre en vrai. Ne pouvant entrer à Adesis, nous en avons fait le tour, découvrant le soin à l’ouest et au sud puis l’immensité du désastre. Je savais ce qu’il y avait ici, avant, pour l’avoir vécu en allant te chercher. Pour la première fois depuis des années, tu traversais de nouveau mes pensées, comme un fantôme revenant me hanter. En écho, ce nom résonna dans l’esprit des elfes noirs en train de soigner les terres sombres et la vérité éclata : tu étais responsable. J’avais eu tort, tort de te laisser seule, tort de croire que tu t’en sortirais, que tout irait bien, que ta formation incomplète n’aurait aucune conséquence, que tu créerais ta propre horloge et que le monde n’en serait que mieux. Las… Les règles n’existaient pas pour rien. Les eoshen avaient raison et j’avais choisi de ne pas les écouter. J’avais devant moi le fruit de ma faute et il était terrible. Mort, désolation, destruction sur un bon tiers du continent.

Bintou en avait les larmes aux yeux.

- Tandis que mes eoshen découvraient la zone protégée, je m’envolais au-dessus des terres sombres, tentant d’en percevoir la taille, clignant des yeux de honte, tremblant de tristesse, hurlant de rage, de colère, de dépit, de remords.

Elle s’imaginait sans peine le débordement émotionnel qu’il avait vécu. Son peuple avait survécu mais sa bien-aimée avait détruit la moitié du monde.

- Ils m’annoncèrent l’existence des kwanzas. Que tu aies formé des magiciens ne m’étonnait pas. Je m’y attendais. Qu’il y en ait autant, en revanche… Tu mets combien de temps à former un magicien ? Imparfaitement du coup, mais quand même !

- Le plus souvent : trois ans, indiqua Bintou.

- Trois ans, répéta le shale soufflé. À tes yeux, mon ascension fulgurante n’en est donc pas une.

- Pour un eoshen, c’est fulgurant. Pour un kwanza, c’est normal.

Il sourit. Bintou comprit que lui, qui avait galéré pendant des générations pour former ses petits, puisse être énervé par cette révélation.

- Mes eoshen ont aisément passé les défenses mentales de tes kwanzas pour y découvrir votre point de vue sur l’apparition de la corruption, vos doutes, vos questionnements, vos interrogations, vos incertitudes… mais surtout le fait que vous n’y étiez en réalité pour rien. Les marabouts avaient crée le problème, pas vous. De votre côté, vous aviez tout tenté pour sauvegarder ce qui pouvait l’être, vous sacrifiant dans le même temps, forçant votre peuple à l’exil. Mes eoshen ont demandé ce qu’ils devaient faire. Votre manque de formation et de rigueur vous rendait dangereux. Dans le même temps, vous montriez une empathie et un don de soi hallucinant. Je leur ai annoncé que les kwanzas n’étaient pas de notre ressort. De plus, vous restiez enfermés sur vos terres, la barrière vous protégeant scellant votre propre prison. Ils ont grimacé mais ont accepté.

Et dire que Bintou craignait les eoshen, au point de répéter à ses kwanzas de ne surtout pas sortir de crainte de les amener vers eux. Considération totalement inutile rétrospectivement.

- Je me suis rendu à Dalak, continua-t-il. La ville d’accueil des elfes noirs ne compte presque pas d’elfe des bois. Là-bas, je pouvais être invisible sans difficulté. J’y ai croisé Elian, en visite pour discuter avec Youhard et les autres experts. Je suis resté loin, augmentant mes sens pour l’écouter sans risquer de me faire découvrir. Elle posait des questions sensées, échangeant ouvertement avec son protecteur sur des thèmes graves sur lesquelles ils réfléchissaient à deux. Je l’ai trouvée calme, posée, réfléchie, intelligente, fine et brillante.

- Elian est une personne hors du commun, confirma Bintou.

- Qui a fini par venir à ta rencontre, continua-t-il. Sauf qu’à ce moment-là, les eoshen et moi étions à Dalak. Nous prenions nos marques dans ce monde nouveau, découvrant notre propre peuple. De ce fait, nous ne savions rien de vos échanges.

- Tu ne me surveillais pas ?

- Non, indiqua-t-il. J’avais bien autre chose à faire. Rester invisible demande beaucoup de concentration car un elfe des bois peut surgir à tout instant. De plus, mes eoshen découvraient pour la première fois… la vie ?

Bintou sourit.

- Des hommes, des enfants… et des femmes, précisa-t-il. Ils furent difficiles à tenir. Ils voulaient se dévoiler. Je craignais une mauvaise réaction. Après tout, notre dernière interaction avec le peuple avait été très négative.

- C’était il y a longtemps, rappela Bintou.

- C’est exactement l’argument qu’ils m’ont proposé, annonça-t-il. Je vais te répondre la même chose qu’à eux : pour les trente-trois experts, c’était hier.

- Ils sont minoritaires, répliqua Bintou.

- Seuls experts – en dehors des Tewagi – à avoir survécu au massacre, rappela-t-il. Tu crois vraiment leurs voix insignifiantes ?

Bintou lui accorda ce point.

- Tandis que nous suivions les évènements, Elian s’entraînait sur les terres sombres tandis que Youhard lui créait une lame de métal noir pur.

- Elle préparait sa rencontre avec Narhem.

Il hocha la tête.

- Tandis qu’elle gagnait en puissance, le nombres d’elfes des bois ramené par les sauveteurs à Eoxit augmentait considérablement. Cela attira l’attention de Ju’ul, qui surveillait cette caste lorsque ses membres venaient se reposer à Dalak. Dans leur esprit, il lut votre implication, dévoilant que votre prison n’était plus.

Bintou grimaça.

- Une dizaine d’eoshen est montée vers Eoxit pour observer la situation tandis que je regardais le combat entre Elian et Narhem à travers l’esprit d’un elfe noir sur place.

- Ton invisibilité tombe sur la corruption, supposa Bintou.

- Utiliser le shen sur les terres sombres relève du miracle, confirma-t-il.

Bintou y arrivait plutôt bien et Amadou y tissait sans difficulté. Ceci dit, Bintou y était habituée, au contraire du shale et de ses eoshen qui la découvraient.

- Comment cela s’est-il passé ? demanda Bintou.

- Mal. Elle a morflé. Putain, ce connard ne lui a pas laissé une chance. Elle n’a pas eu la moindre opportunité. Il ne lui a pas offert une seule ouverture. Elle n’a pas pu porter le moindre coup.

- Elle a gagné pourtant…

- Honnêtement, je ne dirais pas que ce combat a été digne. Elle a triché.

- Comment ça ?

- Elian appartient à la guilde des assassins et de ce fait, elle a des lames cachées dans ses bras d’archer. Celui de droite a été forgé par Youhard en métal noir pur. Blessé, Narhem s’est écroulé.

- Narhem savait-il qu’Elian possédait cette arme dans sa manche ?

- Oui.

- Alors le combat a été digne, indiqua Bintou. C’était à Narhem de faire attention, de ne pas sous-estimer les ressources de l’ennemi.

- Sans le wiha, Elian n’aurait pas eu la force de se redresser pour enfoncer la dague dans le cœur de ce salopard.

- L’usage de boisson n’est pas interdit pendant un duel, que je sache, répliqua Bintou. Elle avait le droit de boire.

Il grimaça. Elle comprit qu’elle ne parviendrait pas à le faire changer d’avis. À ses yeux, le combat n’avait pas été honnête.

- Tu considères qu’elle ne mérite pas le titre de reine des elfes noirs ? interrogea Bintou.

- Elle le méritait déjà avant de le tuer, répliqua-t-il. Assassiner ce connard n’était pas nécessaire mais sa mort a été un tel soulagement ! J’aimerais la remercier à la hauteur de l’acte mais je ne vois rien qui puisse égaler un tel don de soi.

Bintou sourit. Il la tenait en très haute estime, à n’en pas douter.

- Mes eoshen ont vu les oiseaux voler par dizaine de milliers dans tout Eoxit, répandant la mort de Narhem, ouvrant la voie à l’esclavage des elfes. Nous sommes immédiatement montés… tous… pour vous aider. Nous sommes arrivés trop tard et j’en suis navré, crois-le bien.

- Vous êtes arrivés pile à temps pour nous empêcher de tuer des milliers d’innocents, le contra Bintou.

- Mes eoshen ont manipulé les sauveteurs elfes noirs pour qu’ils fuient directement vers Adesis, sans rien emmener ni aider qui que ce soit. Les traqueurs msumbis sont presque tous morts. Tu as perdu tellement de kwanzas.

- C’est normal que tes eoshen aient choisi de sauver d’abord les leurs, le rassura Bintou.

Il hocha la tête.

- Tu as fini par te dévoiler à Elian, dit Bintou en désignant le sud du menton. Comment les elfes ont-ils pris votre présence ?

- Notre intégration prendra du temps, annonça-t-il. Ce n’est pas gagné. Cela se construira dans la durée. Les elfes forment un peuple patient.

Bintou sourit. Il lui sembla que le shale avait fini de raconter. Il avait enfin tout dit, tout dévoilé, sans mensonge, sans omission. Il devait se sentir sacrément mieux. Bintou, elle, ne savait trop qu’en penser. Trop d’informations et d’émotions en peu de temps. Elle allait avoir besoin d’avaler tout ça avant de pouvoir revenir vers lui apaisée.

- Comment devient-on invisible ? demanda-t-elle.

- Tu ne perds pas le nord.

- Jamais, confirma-t-elle. Alors ?

- Sais-tu pourquoi tu me vois ?

Bintou plissa des yeux, ignorant quelle réponse il attendait.

- Tu me vois parce que la lumière du soleil rebondit sur moi avant d’arriver sur tes yeux. Ton cerveau interprète le signal lumineux pour créer une image.

- Je vois aussi la nuit, répliqua-t-elle.

- Parce que tes yeux captent la lumière de la lune… qui n’est que celle du soleil qui rebondit sur elle… ou celle des étoiles lointaines qui nous parvient. Par une nuit sans lune sous un ciel couvert, tu admettras que voir devient compliqué.

- Non, le contra-t-elle. C’est différent… mais pas plus difficile.

- Tu t’es adaptée pour capter d’autres sources te permettant de voir, des rayons cosmiques. Tu es douée.

Rayons cosmiques, répéta Bintou en pensées, sans avoir la moindre idée de ce à quoi cela faisait référence.

- La magie te permet de voir en te passant de lumière mais les gens normaux en ont besoin pour voir. Cela, tu veux bien me l’accorder ?

- Oui, accepta-t-elle.

- Merci, soupira-t-il.

Bintou sourit. Elle n’était pas une étudiante facile. Il continua.

- La lumière du soleil rebondit sur la plage derrière moi avant de m’atteindre. Je ne vois pas le sable dans mon dos uniquement parce qu’aucun capteur ne me permet de percevoir cette information. Mais si je prends ce qui arrive sur mon dos, que je le copie tout en l’absorbant, avant de le recréer à l’identique devant moi.

Il disparut.

- Tout personne devant moi ne verra plus que la plage, dit-il.

Bintou se déplaça légèrement. De côté, elle voyait le shale, ainsi que de dos, mais pas de face.

- Je n’ai plus qu’à reproduire le phénomène sur l’intégralité de mon corps et…

Il disparut totalement.

- Cette méthode ne vise personne en particulier, uniquement tous ceux qui voient comme nous, expliqua sa voix sortant de nulle part. Fais attention : de nombreux animaux voient différemment et les elfes des bois discutent avec la faune. Pour être invisible à Adesis, cela demande un peu plus de doigté.

Bintou hocha la tête.

- Je vais déjà m’entraîner à faire ça, ça sera pas mal, indiqua-t-elle.

Elle avait compris la théorie. La pratique demanderait énormément de travail.

- De plus, puisque tu m’entends, c’est que les sons passent. On va t’entendre marcher, respirer, parler. Ceci dit, le son ou la lumière fonctionne de la même manière alors il te suffit d’agir pareillement.

Bintou comprit qu’elle n’avait qu’effleuré la surface du problème.

- Ton odeur se répand également et beaucoup d’animaux y sont sensibles… les elfes noirs aussi ceci dit, finit-il.

- Je ne suis pas prête d’être capable d’une invisibilité totale, maugréa-t-elle.

- Je ne doute pas de ta capacité à y arriver, indiqua-t-il.

- Moi non plus, je suis juste consciente de l’effort que cela va requérir.

Il reparut, tout sourire.

- Bon… J’ai une fête à préparer, annonça-t-il en se levant.

Bintou fit le même mouvement.

- À plus tard, finit-il en s’éloignant.

Bintou l’observa partir puis chercha Bassma dans le shen, avant de se diriger vers elle. Elle n’était pas seule. Faïza, Atumane et Amadou se trouvaient là aussi. Les quatre amis discutaient. Dès que Bassma vit Bintou, elle émit un son aigu avant de hurler :

- Bintou ! Ils préparent une fête de dingue !

- Qu’en sais-tu ? répliqua Faïza. Ils nous interdisent l’accès à la zone.

- C’est évident vu l’animation. Ils vont mettre le paquet pour toi, s’enthousiasma Bassma.

- Alors ? C’était comment ? s’enquit Faïza.

- Quoi donc ? interrogea Bintou.

Faïza la transperça des yeux en silence, lançant des regards gênés vers Atumane et Amadou.

- On a fait que parler, précisa Bintou.

- Quoi ? s’exclama Faïza visiblement déçue. Pourquoi ?

- En dehors de son protecteur, je ne crois pas qu’un seul eoshen n’ait pas eu droit à une visite de Faïza, précisa Bassma.

- Et alors ? Ils sont consentants, moi aussi, où est le problème ?

- Le problème est que tu ne peux pas passer ta vie à baiser ! gronda Atumane, clairement jaloux.

- Parce qu’il y a mieux à faire ici, peut-être ? rétorqua Faïza. C’est une façon agréable de combler l’ennui.

- Tu peux essayer d’apprendre, proposa Amadou.

- Ils refusent de m’enseigner, répétant que c’est à Bintou de le faire.

- Ils ne refusent pas d’apprendre de moi, en tout cas, indiqua Amadou. Tu n’as pas l’air bien, Bintou. La conversation a été difficile ?

Amadou semblait calme, apaisé. Le voir ainsi comblait Bintou de joie. Ilyam serait venu lui apprendre à accepter ses émotions que cela n’étonnerait pas la Mtawala.

- En quelque sorte, oui, indiqua Bintou. Il m’a raconté sa vie.

- Et alors ? lança Atumane qui ne comprenait pas.

- Je ne le connais pas, maugréa Bintou.

Faïza et Bassma firent la moue. Atumane plissa le front d’incompréhension. Amadou, que la conversation n’intéressait pas, resta neutre.

- Ce n’est même pas un eoshen, indiqua Bintou.

- Quoi ? s’étrangla Bassma.

- N’importe quoi, gronda Faïza.

- Il a été banni de la caste des eoshen, expliqua Bintou.

- À mes yeux, eoshen est le mot amhric pour magicien, pas pour « membre de la caste des eoshen », indiqua Faïza. Du coup, il est eoshen. Peu importe un bannissement.

- À la sortie des palais de coton à l’âge de raison, il n’a pas rejoint la caste des eoshen, compléta Bintou, mais celle des Tewagi, dans laquelle il est devenu expert.

- Expert Tewagi ? s’étouffa Atumane. Ben je ne m’y frotterai définitivement pas.

Faïza confirma. Les deux protecteurs comprenaient parfaitement l’implication d’une telle nouvelle. Amadou et Bassma furent moins touchés.

- Il est devenu eoshen plus tard, supposa Bassma. Difficile de rejoindre une communauté sur le tard.

- Il était détesté des siens, confirma Bintou. Ils ne pouvaient pas le voir en peinture.

- Pas étonnant qu’ils t’aient méprisée à ce point, comprit Bassma. Tu étais l’esclave du mouton noir.

Bintou confirma d’un geste de la tête.

- En quoi cela est-il un problème ? interrogea Faïza.

- Ça n’en est pas, affirma Bintou. Je ne le connais juste pas. J’ai peur… de ne pas l’aimer lui mais l’image que je m’en fais. Mes sentiments sont-ils réels ou bien tournés vers un mirage ?

- Vous avez vécu assez peu de temps ensemble et beaucoup, vraiment beaucoup, séparés, rappela Bassma. Vous avez évolué depuis.

- Exactement, confirma Bintou. L’esclave aimait-elle son maître ? L’un comme l’autre n’existent plus.

- La Mtawala aime-t-elle le grand maître du Zenaï ? lança Faïza.

- Zenaï ? répéta Bintou.

- C’est ainsi que se nomme cet endroit, précisa Faïza. T’a-t-il appris des choses qui t’ont repoussée au point de ne plus pouvoir t’imaginer près de lui ? Des choses impardonnables ? Inacceptables ?

- Il a été banni parce qu’il est venu jusqu’à M’Sumbiji pour m’assassiner, indiqua Bintou.

Les quatre kwanzas avalèrent difficilement leur salive.

- Est-ce rédhibitoire ? interrogea Faïza.

- Il a voulu la tuer ! gronda Atumane.

- Elle est toujours en vie, intervint Amadou en souriant.

- Je comprends ses motivations, indiqua Bintou. Non, je ne lui en veux définitivement pas.

- Ben ma cocotte, lança Bassma, t’es sacrément amoureuse… de lui, pas d’une chimère, je peux te l’assurer.

Atumane et Amadou ricanèrent mais pas Faïza qui resta concentrée.

- Il t’a révélé autre chose ?

- Il m’aime… plus exactement, le maître aimait l’esclave.

- C’est ce qu’il t’a dit, comprit Faïza et Bintou hocha la tête. Il est, comme toi, conscient que la situation a bien changé depuis. Il prend son temps. Il avance prudemment, en marchant sur des œufs. C’est tout à son honneur.

- Ce n’était peut-être pas qu’une épreuve, finalement, dit Bassma. Il testait peut-être ses propres sentiments dans ce baiser.

Bintou devait admettre que Bassma avait peut-être raison.

- Es-tu physiquement attirée par lui ? interrogea Atumane.

- Qui ne le serait pas ? répliqua Faïza. Il est beau comme un dieu !

- Ce n’est pas à toi que je le demande ! s’exclama Atumane. Tu serais attirée par une mouche géante si son pénis te limait assez fort !

Faïza le frappa gentiment sur l’épaule tandis que Bassma et Amadou ricanaient.

- Oui, sans aucun doute, répondit Bintou. J’ai peur.

- Tout le monde est terrifié la première fois, répliqua Bassma.

- Première fois ? répéta Atumane. Tu veux dire que… Bintou ? Sérieusement ?

Bintou ne put s’empêcher de rougir, gênée.

- Il m’a demandé quelque chose, ajouta-t-elle.

- Quoi donc ? interrogea Faïza, curieuse et inquiète en même temps.

- De lui fermer mon esprit, indiqua Bintou. Au foyer, il m’avait demandé de le laisser entrer, lui dévoilant la clé.

Les kwanzas acquiescèrent, se souvenant de ce passage.

- Je n’ai jamais changé la serrure, précisa Bintou, même après l’avoir cru mort, une sorte… d’espoir.

- Il a raison, lança Atumane. Tu dois fermer cette porte. Tu n’es plus son esclave. Ce n’est pas normal qu’il…

- Difficile de mettre un terme à cette relation, compatit Bassma et Bintou en eut les larmes aux yeux. Ces moments étaient agréables, simples, doux. Le but n’est pas de les nier mais d’accepter qu’ils appartiennent à un passé révolu, étape nécessaire pour bâtir l’avenir.

Bintou hocha la tête. Elle en comprenait la nécessité, l’acceptait mais le faire se révélait bien plus ardu.

- J’ai l’impression… de le repousser… expliqua-t-elle.

- Au contraire, tu lui montres que tu l’acceptes pour ce qu’il est aujourd’hui, la contra Atumane. Aucune personne censée ne dévoilerait ses pensées à son partenaire de vie. Parfois, le mensonge vaut mieux.

Faïza se tourna vers Atumane, le transperça des yeux puis lança :

- J’admets qu’il a raison. Tout savoir n’est pas forcément conseillé pour une relation agréable.

Atumane lança un clin d’œil à Faïza qui lui sourit en retour. Bintou changea la serrure d’un souffle crispé. Il ne se passa rien. Le monde ne s’écroula pas. Différence minime qui, pourtant, changeait tout.

- Bon, vous savez quoi ? J’ai envie de fêter autre chose que la fin de ma formation à leur petite sauterie. Et si on fêtait la votre aussi ? Ça vous tente d’apprendre deux ou trois trucs sur la maîtrise de la nature ?

- Carrément ! s’exclama Atumane.

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blairelle
Posté le 11/09/2023
- Tout personne devant moi ne verra plus que la plage, dit-il. => toute personne

le son ou la lumière fonctionne de la même manière => fonctionnent
Et puis ce n'est pas exact. Le son et la lumière sont tous les deux des ondes qui se propagent (mécanique pour le son, électromagnétique pour la lumière) et la propagation peut être considérée comme identique dans l'air. Mais :
- déjà il ne faut pas seulement reproduire devant la lumière qui arrive derrière, il faut aussi annuler toute la lumière qui part de lui-même (sinon il devient juste transparent)
- ensuite pour les ondes pour lesquelles il est transparent (par exemple le son ou les rayons X, ce sont des ondes qui traversent les humains) il n'y a pas besoin de recréer devant si son corps les laisse déjà passer
- et pour les sons c'est assez différent de la lumière dans la mesure où les organes perceptifs ne fonctionnent pas du tout de la même manière. Pour les yeux, la rétine est tapissée de récepteurs, ce qui fait que chaque œil a une très bonne résolution spatiale (on peut savoir précisément qu'est-ce qui se trouve où) mais une mauvaise résolution fréquentielle (on ne perçoit que trois couleurs, rouge, vert et bleu, et c'est le cerveau qui se charge de reconstruire toutes les autres couleurs à l'aide de ce que lui transmet la rétine). À l'inverse, pour les oreilles, la cochlée n'a aucune résolution spatiale (on peut à peu près savoir d'où vient un son, mais c'est juste le cerveau qui fait un formidable travail d'interprétation, les oreilles seules donnent pour seule information "son qui vient de la gauche" et "son qui vient de la droite") mais c'est la résolution fréquentielle qui est excellente (la cochlée capte tout un dégradé de son allant du grave à l'aigu, et en les combinant ça permet de comprendre un très large panel de sons, dont la parole). Du coup, à moins de dépenser un max d'énergie à reproduire avec exactitude le comportement ondulatoire qu'auraient eu le son et la lumière si on n'avait pas été là, il ne faut pas se focaliser sur les mêmes détails.

(pardon c'est mon sujet, je m'étale beaucoup)
blairelle
Posté le 11/09/2023
Bon sinon :
Faïza a définitivement du sang d'elfe des bois (ou pas, mais elle s'entendrait bien avec eux, disons)
Le coup de "héhé en fait depuis tout ce temps j'étais là en secret" je trouve ça assez chelou et malaisant
J'aime bien le "alors oui j'étais amoureux de toi mais ça fait une éternité qu'on s'est pas vus et on a beaucoup changé tous les deux donc pour vivre heureux et avoir beaucoup d'enfants on verra plus tard"
J'aime bien aussi le parallèle entre [d'ailleurs il a toujours pas dit son prénom] qui s'occupe des petits eoshens au nord, et de Bintou qui s'occupe des kwanzas au sud
Nathalie
Posté le 11/09/2023
Toutes les ondes ne fonctionnent pas pareil d'où la nécessité d'étudier les sciences mais aussi la difficulté que c'est d'être invisible. Ce n'est clairement pas donné à tout le monde. Il faut être un excellent magicien pour y parvenir. Il résume mais l'essentiel de son discours était bien celui-là. Tes précisions sont totalement exactes, pas de soucis !

Bonne lecture !
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