Un souffle de vent lui fit lever les yeux, sur ses gardes. Rien dans le ciel, pourtant la bourrasque ne lui avait pas semblé naturelle. Surielle s’était arrêtée, réalisa Alistair en manquant de percuter Shaniel. Il posa aussitôt ses paquets, se figea. À quelques mètres devant eux, deux ailés leur bloquaient le passage. Un coup d’œil derrière lui apprit que toute retraite leur était coupée. Sa main se plaça aussitôt sur son arme, tandis qu’il guettait les ordres de son prince. Rayad s’était tendu, comme Shaniel.
– Que me veux-tu, Aaron ? lança Surielle.
– Tu nous évites, rétorqua celui-ci. Pire, tu traines avec des terrestres.
Surielle fronça les sourcils.
– Je suis occupée. Laisse-nous passer.
– Sinon quoi ? susurra-t-il en se rapprochant d’elle.
Alistair avisa l’éclat de l’acier entre les doigts de Rayad, son air sombre.
– Ne t’interpose pas entre un ailé et son honneur, siffla-t-il pour ses seules oreilles.
– Alors pourquoi as-tu à moitié dégainé ? lui retourna Rayad sur le même ton.
Alistair ne répondit pas, préféra concentrer son attention sur la menace qui se profilait. Le combat lui paraissait inévitable.
Surielle refusait de céder face à Aaron ; elle croisa les bras, ses ailes s’entrouvrant légèrement en réponse à l’agressivité de son vis-à-vis.
– Laisse-nous passer, répéta-t-elle.
– Allons Suri, après tout ce que nous avons partagé, tu oses encore t’opposer à moi ? Tu sais ce qu’il va t’en coûter, n’est-ce pas ?
Surielle blêmit.
– Comment oses-tu, commença-t-elle.
Mais le jeune ailé révéla la plume écarlate entre ses doigts. Alistair étouffa un juron, crispa ses doigts sur la poignée de son arme. Il s’était pourtant montré prudent !
Surielle avisa alors l’autre ailé qui se tenait en retrait, à quelques pas de distance. Esmyr. Son air réprobateur lui porta un coup au cœur. Lui aussi, il se rangeait aux côtés d’Aaron ? Elle aurait dû le savoir. Elle aurait dû se méfier.
Et ce goût amer dans la bouche, cette douleur dans la poitrine, elle ne la connaissait que trop.
– Tu ne dis plus rien, Suri ? reprit Aaron. Depuis quand pactises-tu avec un traitre ?
Eraïm me vienne en aide, songea Surielle. Comment allait-elle se sortir de là ? Sans se battre, si possible ?
– Ce que je fais ne te regarde pas, Aaron. Tu te leurres si tu imagines dicter mes actes.
Avant que le Massilien ne puisse répliquer, un phénix apparut dans un éclair de lumière, suivi de plusieurs autres. Stupéfaits, les jeunes ailés reculèrent d’un pas comme les oiseaux de feu se posaient autour d’eux. Dans un réflexe, Surielle proposa son bras au plus proche, qui s’y percha avec délicatesse. Elle n’eut pas besoin de son clin d’œil pour reconnaitre Iskor, le Compagnon de son père. Elle le côtoyait depuis son enfance. Cela signifiait-il que son père était dans les parages ? Surielle résista à la tentation de lever les yeux.
Non, si son père était là, il se serait déjà montré.
Ou alors… il lui faisait confiance pour gérer au mieux la situation. Sa gorge se serra sous la pression, puis sa détermination s’affirma.
Elle lui prouverait qu’il avait eu raison de lui faire confiance.
Si Aaron avait été déstabilisé, il s’était vite repris après un regard aux alentours. Était-il soulagé, avait-il craint que son père soit présent ?
Surielle allait lui montrer qu’il avait tort de la sous-estimer. Elle avait changé.
Pourtant, quand Aaron s’approcha d’elle, un sourire moqueur sur les lèvres, elle ne put s’empêcher d’avoir un mouvement de recul. Puis une main se posa sur son bras. Shaniel, réalisa-t-elle. Elle n’aurait pas cru que l’impériale lui témoignerait du soutien. Peut-être était-elle moins seule qu’elle ne le croyait.
– L’un de tes anciens… partenaires ? s’enquit Shaniel avec une pointe de curiosité.
La gorge nouée, Surielle acquiesça tandis qu’Aaron se rengorgeait.
– Pas n’importe lequel, susurra-t-il. Le premier.
La main de Surielle se crispa sur son épée comme elle virait à l’écarlate. Comment osait-il l’humilier ainsi !
– Ma pauvre. J’imagine aisément ta déception, fit Shaniel en le détaillant. Arrogant, méprisant, narcissique… tu n’as pas eu de chance.
Interdite, Surielle réalisa que les mots de la princesse impériale avaient atteint leur but : elle n’était plus le centre de l’attention, et surtout, Aaron s’était assombri, les phalanges blanchies sur la garde de son épée.
– La ferme ! gronda-t-il en tirant son arme.
Surielle sourit. En attaquant le premier, Aaron leur donnait l’opportunité de se défendre sans que personne ne puisse trouver à y redire.
Les phénix s’envolèrent dans un tourbillon de plumes ardentes.
Aaron se rua vers elle ; Surielle s’effaça souplement, profita de l’instant pour tirer son arme. Elle n’était certes pas membre des Mecers, mais son père avait veillé à son éducation. Ce ne serait pas la première fois qu’elle aurait à se défendre.
Lorsque leurs armes se croisèrent, Surielle capta la surprise chez son adversaire. La peur nouait ses entrailles alors elle força un sourire sur ses lèvres pour renforcer l’illusion qu’elle maitrisait la situation. Aaron brisa l’engagement, recula d’un pas, évalua ses chances. Son regard s’était étréci, son visage s’était barré d’un pli mauvais.
Surielle s’obligea à soutenir son regard, refusa de céder. Comment avait-elle pu être naïve au point de passer à côté de son arrogance, de son goût pour le pouvoir et la domination ?
Jamais plus elle ne se ferait avoir.
Elle allait régler ses comptes une bonne fois pour toute, arrêter de se soumettre à son bon vouloir, de se contraindre à la politesse envers ceux qui la méprisaient. Même si cela signifiait abandonner Esmyr. Son cœur se serra mais le Massilien avait déjà fait son choix. Elle ne le supplierait pas de revenir sur sa décision.
Aaron attaqua, usa de sa force supérieure pour la contraindre à la défensive. Surielle se déroba, bien décidée à ne pas se laisser entrainer dans son jeu.
– Arrêtez !
Surielle recula d’un pas tout en restant sur ses gardes, méfiante.
– Les duels ne sont pas autorisés à Valyar, Massiliens, vous devriez le savoir !
Surielle s’empressa de rengainer face aux trois membres de la garde de la ville. Le sergent, reconnaissable aux deux chevrons dorés sur son épaule, avait croisé les bras et affichait un air mécontent. Aaron maugréa en rengainant à son tour.
– Mes excuses, sergent, sourit Surielle. Je n’ai fait que me défendre.
L’homme reporta son attention sur Aaron, qui ravala sa salive. Un regard noir pour Surielle lui apprit qu’il ne comptait pas en rester là.
– Regardez donc, sergent, dit-il en dévoilant la plume rouge entre ses doigts. Elle pactise avec un traitre ! Qu’il enlève donc sa cape, vous verrez bien !
– Est-ce vrai ? s’enquit le sergent.
Tomber sur des Massiliens était une véritable aubaine. Tout le monde savait qu’ils ne pouvaient mentir. Si au quotidien peu étaient les citoyens de la Fédération qui les enviaient, le sergent devait s’avouer que pour les enquêtes, c’était vraiment pratique.
– Je me promenais avec mon parent et ses amis quand il nous a agressés sans raison, rétorqua Surielle. Les plumes rouges ne sont pas l’apanage du seul Commandeur. Vous savez comme les membres du Clan des Iles sont chatouilleux sur leurs couleurs ? Un plumage vert barré de jaune et rouge y est courant. Cette accusation est infamante.
– Très bien, très bien, fit le sergent en levant les mains en signe d’apaisement. Mais réglez vos différends autrement. Vous n’êtes pas sur Massilia, ici. Compris ?
Aaron commença à protester, mais le sergent fronça les sourcils et le jeune Massilien comprit qu’il n’avait pas le choix. Il acquiesça vaguement, contrarié et Surielle s’empressa d’en faire de même. Elle attendit pourtant qu’Aaron et ses compagnons s’envolent avant de remercier le sergent et se détourner, enjoignant aux impériaux de la suivre.
– Nous avons eu de la chance, maugréa-t-elle dès qu’ils furent hors de vue.
– Tu as magnifiquement géré la situation, dit Shaniel. Insinuer ainsi qu’Alistair était de ce Clan… whaouh.
Surielle ne put s’empêcher de sourire.
– Le sergent s’en est contenté, admit-elle. Ne tardons pas, je préfèrerai éviter qu’Aaron nous retombe dessus.
– Il t’en veut ?
Surielle se ferma.
– Je préfère ne pas en parler.
La princesse impériale pinça les lèvres, déçue, mais n’insista pas et suivit le rythme plus rapide qu’imposa Surielle.
Quand ils retrouvèrent le Palais, la nuit s’apprêtait à tomber. La présence de Surielle ne fut pas de trop pour apaiser la curiosité des gardes. Les soldats de la Garde du Phénix avaient quand même eu des consignes, apparemment, pour se montrer si peu intrusifs.
Satia et Lucas les attendaient. Surielle trouva sa mère lasse et son père… n’avait-il pas l’air contrarié ? S’il n’y avait pas eu les impériaux, elle lui aurait demandé s’il était présent lors de leur altercation avec Aaron et sa clique. De nombreuses questions brûlaient ses lèvres.
– Vous voilà enfin. Nous commencions à nous inquiéter.
– Il s’est passé quelque chose ? s’inquiéta Rayad.
Les deux époux échangèrent un regard.
– Non, répondit enfin Satia. Mais… des rumeurs circulent déjà. Que souhaites-tu réellement, Rayad ? Tu sais que si les armées de la Fédération t’aident à reconquérir ton trône, ton peuple risque de grincer des dents ?
– J’en ai conscience, grimaça Rayad.
– Tu n’es pas seul, tempéra Alistair. Je suis certain que tes soutiens s’organisent.
Satia ne dit rien.
Sa journée à l’Assemblée avait été un désastre. Peu après midi, un éclair avait déchiré l’espace ; deux hommes avaient eu le temps de se faufiler par l’interstice avant qu’il ne se referme.
Deux hommes qui s’étaient présentés comme les nouveaux ambassadeurs impériaux.
Et qui souhaitaient connaitre la position de la Fédération des douze Royaumes à leur égard.
Satia avait déployé tous ses talents pour ne pas les froisser sans toutefois leur donner une réponse précise.
Les phénix n’avaient pas apprécié qu’ils pénètrent ainsi la Barrière qui protégeait les douze Royaumes. Certes, il leur était compliqué pour le moment de faire entrer une armée sur leur sol, mais Satia s’était promise d’être vigilante. Les terres étaient vastes, de nombreux territoires encore inexplorés ou peu habités.
Les Djicams aussi s’étaient montrés frileux. Néanmoins, apprendre que l’organisation à laquelle appartenaient ces membres des Stolisters, avait pulvérisé la huitième planète de l’Empire, leur avait fait froid dans le dos.
Satia s’était demandé à quoi ils jouaient. Se montrer menaçants puis se poser en alliés potentiels ? Ridicule. Dès leur départ, elle avait réclamé la mobilisation de l’armée. Et les Djicams l’avaient suivie sans protester plus que nécessaire. Aioros avait à peine attendu la fin de la séance pour quitter Valyar et retourner sur Massilia.
Elle avait à peine eu le temps d’en parler avec Lucas avant qu’ils n’arrivent. Devait-elle les mettre au courant ? Lucas pensait que non. Si Rayad apprenait les exactions commises sur son peuple, si Alistair apprenait que son père était activement recherché – Satia s’étant empressée de nier toute présence impériale sur le sol de la Fédération – comment réagiraient-ils ?
Éric les avait envoyés ici pour une bonne raison, même si elle lui échappait encore. Au moins, pour le moment, ils étaient saufs. Elle hésitait à révéler leur présence à l’Assemblée. Les Djicams chercheraient à s’emparer de l’aubaine et avec autant de personnes au courant, il serait difficile de garder le secret auprès de ceux qui les pourchassaient ; d’un autre côté, les impériaux étaient leurs alliés et Satia espérait réussir à convaincre l’Assemblée de les soutenir. Avant, les Djicams devraient déjà statuer sur les Stolisters. S’ils jugeaient que les impériaux étaient responsables de cette nouvelle menace, leur paix fragile serait menacée.
Satia espérait récupérer davantage d’information dans les prochains jours. En attendant, elle devrait jouer sur deux tableaux.
Et trouver un moyen de les faire patienter. S’ils partaient maintenant, ils se jetteraient dans la gueule du loup. Nul doute que les Stolisters avaient des informateurs partout. Le fait qu’ils réussissent à venir sur le sol des douze Royaumes sans utiliser le système de Porte, en franchissant la Barrière des phénix, restait préoccupant.
Nous sommes inquiets également, fit Séliak en écho à ses pensées. Nous allons nous réunir pour tenter de comprendre comment ils ont pu passer notre protection.
Satia approuva. Quand elle se leva, les jeunes l’imitèrent.
– Je sais que ce n’est pas la réponse que vous attendez, mais il nous faut du temps.
– Je comprends, marmonna Rayad.
Il masquait bien sa déception pour son âge ; avec son expérience à elle, il était transparent. Rayad brûlait du désir de venger son père. Elle espérait de tout cœur que cette vengeance ne le consume pas ; Lucas avait failli en emprunter le chemin, des années plus tôt, lorsque l’honneur de la Seycam lui avait commandé de prendre la vie de son frère. Un combat où il avait laissé le Commandeur Éric pour mort, un combat qui l’avait marqué à jamais. Depuis ce jour, il n’avait plus touché une arme.
Rayad avait le même âge ; quelle que soit la décision qu’il prendrait, Satia savait qu’elle le suivrait pour le reste de ses jours.
****
Quand la porte se referma sur eux, Shaniel entoura son jumeau de ses bras. Rayad gardait un air sombre. Il en avait assez d’attendre !
Le cliquetis de la porte dérobée fut léger ; bientôt Alistair fut auprès d’eux.
– Alors, que décides-tu ?
À son habitude, il avait parfaitement compris son prince. Frustré, Rayad grinça des dents.
– Je reste méfiant. La Fédération est notre alliée mais a longtemps été notre ennemie. J’ai l’impression qu’ils cherchent à gagner du temps et je n’aime pas ça. Que trament-ils, dans notre dos ?
– Si tu veux partir, il faut le faire cette nuit. Je n’ai pas l’impression que nous soyons étroitement surveillés.
– Mais comment ? intervint Shaniel. Jamais les gardes ne nous laisseront passer.
– Sauf si nous n’utilisons pas les couloirs, sourit Alistair.
– N’y a-t-il pas des gardes ailés ?
– La nuit, ils seront peu efficaces. La plupart des Massiliens évitent de voler la nuit, c’est plus prudent.
– Et toi ?
– Moi, j’y suis habitué. C’est dangereux, mais faisable.
Rayad médita les paroles de son ami. Il avait toute confiance en Alistair.
– Très bien. En admettant que c’est possible, tu as une idée ?
– Oui. Vos griffons ont été conduits au Sud de la capitale. Je peux les ramener. Pour la suite… tout dépend de ce que tu souhaites faire.
Rayad réfléchit.
– Si les souvenirs de mes cours sont bons… nous devons emprunter une Porte. Demander un passage pour Mayar, le dixième Royaume. Les Prêtres d’Eraïm sont les gardiens des Portes, et si je ne me trompe pas, ce sont eux qui avaient construit la Porte qui permettait de passer de la Fédération à l’Empire. J’espère qu’ils pourront nous aider à revenir sur notre terre.
– Et si ce n’est pas possible ? demanda Shaniel.
– Ils s’occupent aussi des phénix. Se téléporter leur demande beaucoup d’effort, mais peut-être réussirons-nous à les convaincre ? Une fois sur place, il s’agira de joindre ton père, Alistair, ainsi que les Seigneurs survivants, et de mettre en place une stratégie pour repousser les Stolisters.
Shaniel approuva du chef. Son frère avait pensé à tout.
– Très bonne idée. Alors avec ton accord, je fonce, salua Alistair.
– Prends garde à ne pas te faire repérer, rappela Shaniel.
– La nuit, je suis aussi gris que n’importe qui. Je serai de retour dans moins d’une heure. Dans le cas contraire… faites vos plans sans moi.
Rayad acquiesça. Shaniel, le cœur serré, pressa sa main.
Avec précaution, Alistair ouvrit les battants de la fenêtre, vérifia l’absence de gardes et plongea dans la nuit.
*****
Empire, Druus, Draakam – capitale.
De la main, Varyl caressa l’accoudoir d’ébène, sobrement sculpté. Les lignes dessinaient un motif géométrique épuré, ramenaient tout à un rond central sur le dossier. L’Empire.
Le trône était le cœur du pouvoir impérial. Être assis là, après des années dans l’ombre, après des années de minutieuses préparations, était une satisfaction sans bornes.
Varyl savourait l’instant. Dire qu’il avait été là, un jour, dans les rangs de ceux qui s’agenouillaient devant lui. Jusqu’à ce qu’un livre lui ouvre les portes d’un savoir inconnu. Ce seul mot, Orhim, lui avait dévoilé un futur glorieux. Qu’avait-il à perdre à essayer ?
Ils avaient été nombreux à croire l’Empereur Dvorking intouchable, au faîte de sa puissance.
N’avaient-ils rien appris ?
Dvorking avait été retors, oh oui, manipulateur, sans pitié… mais il s’était déjà fait avoir une fois. L’Arköm Samuel, Grand Prêtre d’Orssanc, avait réussi à retourner l’Empereur pour servir ses propres plans. Un génie, n’étant sa fin tragique.
Varyl posa son regard sur le cube de verre près du trône. Les cendres de l’Arköm y avaient été artistiquement agencées et Varyl avait rappelé à ses troupes de prendre grand soin de l’œuvre.
Elle était un rappel utile du prix de l’échec.
Pour l’instant, c’était l’heure du triomphe. Après une journée de combats acharnés, le Palais Impérial était à eux. Il faudrait deux jours complets pour en assurer le nettoyage, mais Varyl ne s’en formalisait pas. Il avait tout son temps, contrairement à ses ennemis. Rien ne pressait.
Dans la lancée de l’assaut sur Druus, ils avaient mobilisé leurs forces pour attaquer simultanément toutes les capitales des Mondes dirigés par les Familles.
Sur Anwa, Kissey était tombée en deux heures, sous les regards d’une population surprise par ce déferlement de violence.
Meren avait capitulé, comme prévu, et sur Ciryatan, peu peuplée, les Prêtres d’Orssanc avaient été retournés. Bientôt, tout serait prêt pour une autre étape de son grand plan.
Bereth résistait encore, mais Varyl était confiant. Quand ils seraient isolés, quand ils s’apercevraient qu’ils n’auraient pas de soutien, pas d’espoir… ils se rendraient, Varyl en était persuadé. Il devait s’assurer de l’armée régulière, les convaincre de sa légitimité. Le Seigneur Seiji serait perméable à des arguments pertinents.
Et dans le cas contraire, Varyl n’aurait aucun remords à lui trouver un remplaçant. En temps de guerre, un accident de plus ou de moins passait vite inaperçu…
À sa surprise, Nienna avait déjà capitulé. Varyl restait méfiant, ses habitants ayant la réputation d’être retors. Même si Dame Yssa avait parfaitement joué sur l’image de la veuve éplorée. N’aurait-elle pas du abdiquer en faveur de son fils ainé, Nelaan, d’ailleurs ? Elle s’accrochait au pouvoir, semblait-il. Y avait-il un coup à jouer ? Après un temps de deuil raisonnable, il pourrait songer à une union pour apaiser les Familles et consolider son pouvoir.
Restait Aranel, où les combats faisaient rage. Aucune avancée notable pour le moment. Varyl devait admettre qu’il avait peut-être commis une erreur ici. La planète était certes majoritairement composée de champs, le véritable grenier de l’Empire, il ne s’était pas attendu à ce que des paysans se défendent aussi bien. Il lui faudrait renforcer ses troupes dès qu’il en aurait l’occasion.
Varyl reporta son attention sur le cercle restreint de ses conseillers. La peur brillait dans leurs yeux, se lisait dans leur attitude. Bien. Il ne comptait pas se montrer plus magnanime que Dvorking. L’Empire se dirigeait d’une main de fer.
Peut-être était-ce la silhouette gracile à ses côtés qui les impressionnait ? Pour l’heure, l’ample capuche était rabattue sur les épaules de l’adolescent, dévoilant un crâne entièrement rasé, un teint pâle, maladif, deux yeux d’un vert vifs et pourtant inexpressifs. Son atout le plus précieux.
–Vous dites que le prince héritier est toujours en vie ? questionna Varyl. J’avais pourtant donné des instructions précises.
–Son corps n’a pas été retrouvé, votre majesté.
Varyl haussa les sourcils.
–J’ai plaisir à entendre qu’au contraire de votre prédécesseur, vous le présumez vivant. Car Orhim me l’a en effet confirmé. Mais il ne peut avoir fui seul. Qui l’a aidé ? Qui doit payer ?
–Nous n’avons pas de preuves, hésita Someri.
–Je n’ai que faire des preuves, si les soupçons sont suffisamment étayés. Le Commandeur, déjà, j’imagine ? Je sais où il se terre, et son tour est prévu. Mais nul ne s’en étonnera. Or, j’ai besoin d’un exemple pour faire rentrer les Familles dans le rang. Qui ?
–Arian ? osa Someri. Le Seigneur Evan était bien vu par le pouvoir. Et un ailé est le chef de sa garde.
Varyl réfléchit, se massa le menton.
–Sa fille était sur la liste de potentielles fiancées pour le prince, si je me souviens. Parfait. Nous allons montrer ce qui arrive à ceux qui s’opposent aux Stolisters.
–Et pour les héritiers ?
–Je crois savoir où ils se cachent. Une délégation a été envoyée sur place pour récupérer des informations. Nul doute que nous y aurons aussi des partisans, n’est-ce pas, Orhim ?
La silhouette à ses côtés acquiesça.
–Ils ne nous échapperont pas.
– Ne t’interpose pas entre un ailé et son honneur, siffla-t-il pour ses seules oreilles.
→ J’ai dû relire trois fois pour comprendre qui parlait à qui.
Ne tardons pas, je préfèrerai éviter qu’Aaron nous retombe dessus.
→ préférerais
Deux hommes qui s’étaient présentés comme les nouveaux ambassadeurs impériaux.
→ A partir de là et les quelques paragraphes suivants, j’avoue être perdue et ne pas bien comprendre ce qui se passe. Peut-être que le point de vue de Satia ne serait pas de trop.
Elle avait à peine eu le temps d’en parler avec Lucas avant qu’ils n’arrivent. Devait-elle les mettre au courant ?
→ Qui ça « ils » ? Qui ça « les » ? C’est confus.
les impériaux étaient leurs alliés
→ Certes, mais lesquels ? Pourquoi préférer l’empereur Dvorking aux nouveaux maîtres de l’Empire ?
S’ils jugeaient que les impériaux étaient responsables de cette nouvelle menace, leur paix fragile serait menacée.
→ Pourquoi considérer les Solisters comme une menace ? Ils viennent de prendre le pouvoir de l’Empire mais ont envoyé des ambassadeurs auprès de la Fédération. Ils semblent vouloir poursuivre le traité d’alliance. Il me manque des pièces du puzzle pour comprendre.
Satia espérait récupérer davantage d’information dans les prochains jours.
→ informations
Et trouver un moyen de les faire patienter.
→ Qui ça « les » ?
Vos griffons ont été conduits au Sud de la capitale.
→ Les griffons de qui ? Ça sort d’où ? Il faudrait peut-être en parler avant, pendant le flashback par exemple.
N’aurait-elle pas du abdiquer en faveur de son fils ainé, Nelaan, d’ailleurs ?
→ dû
Merci pour tes remarques pertinentes. Il y a ici aussi encore clairement des soucis de point de vue (plus ou moins selon les chapitres mais il faudra que je reprenne complètement le truc à un moment).
Vrai qu'ils pourraient considérer les Stolisters comme des alliés. Au moins une partie de l'Assemblée, si Satia refuse de leur faire confiance, par ex.
Les griffons, oui, faut que je les introduise plus tôt (d'où ils sortent et qui s'en est occupé avant, c'est totalement flou....).