Chapitre 7

Navrée pour hier. 

Anastae croqua dans sa pomme et en mâcha lentement le morceau : elle adorait le goût des pommes elfiques. Le jeune elfe essuya d’un revers de la main ses excuses et continua de manger en silence les fruits qu’il avait apportés. Elle avait tout d’abord était surprise de voir qu’il lui offrait de la nourriture mais elle avait accepté de les goûter : c’était sa façon de s’excuser envers lui. 

Elle lui était reconnaissante de ne pas avoir posé de questions sur son départ précipité et bien que cela était lié au fait qu’il la croyait incapable de mentir, elle l’en remerciait. Il essuya sa bouche et entendit ses jambes devant lui, malgré elle, elle remarqua la forme délicate de ces dernières et se laissa à songer qu’il devait s’entraîner régulièrement. 

Bien entendu, tous les elfes et les fées possédait un corps magnifique, une apparence diabolique mais magique. Les livres racontaient que ce physique servait énormément à l’époque où les humains cohabitaient avec eux et qu’il fallait les séduire pour pouvoir trouver la paix intérieure. Une vieille légende, plus vieille que son père qui approchait des sept cents ans. 

Cependant, le corps de cet elfe était sculpté comme celui d’une statue et elle se demandait comment il avait pu atteindre une telle perfection. Il surprit alors son regard et lui adressa un petit sourire malicieux : il savait très bien ce qu’elle pensait et cela lui plaisait. 

Anastae ne lui en donna pas plus et engagea la conversation : 

- On ne te pose pas des questions sur tes soudaines disparitions ? 

- Je suis très pris, répondit-il simplement. Cela n’étonne plus personne que je quitte les cours en plein milieu pour réapparaître deux heures après. 

Mais il ne répondait pas à la question… 

Elle finit sa pomme et laissa le trognon tomber par terre. Décidée de poursuivre l’entraînement, elle se leva et saisit la bouteille qu’elle avait emmenée. Sa belle-mère, en tant que guérisseuse, gardait dans une pièce spéciale des potions de tout type : cette bouteille l’empêcherait de saigner immédiatement si elle venait à se blesser et dissimulerait donc son sang et sa blessure pendant une heure. 

Anastae savait qu’il était risqué de lui voler des potions et que si elle venait à s’en rendre compte, ce qu’elle allait très prochainement faire, elle allait se faire punir en conséquence. D’autant plus qu’une lourde tension demeurait sur la famille : son projet de ressouder les liens lui semblait bien loin pour le moment. Anastae avait évité tout le monde quand elle était rentrée et elle n’était pas sûre que son père s’était rendu compte qu’elle était rentrée ou encore qu’elle soit partie. 

L’elfe se leva et lui expliqua le programme du jour : 

- Comme je te l’ai dit hier, il va falloir que tu résistes à la pression temporelle. C’est un de tes plus grands défauts et également le plus facile à contrôler. 

- Qu’appelles-tu par facile ? 

- Tout dépend de toi, lui sourit-il. Cela peut prendre trois jours comme plusieurs mois. Bien entendu, ce contrôle s’entretient et il ne faut pas abandonner quand tu penses avoir réussi à l’atteindre. 

Anastae se tourna vers lui et fronça ses sourcils. Il parlait comme s’il était un professeur. Une idée germa dans son esprit et bien qu’elle la trouve affreuse, elle demanda : 

- Ne te ferais-tu pas passer pour un élève ? 

Il éclata de rire. 

Cependant, elle ne se fia pas à son attitude : elle attendait une réponse claire. Peut-être était-ce son père qui l’avait envoyé, pour voir jusqu’où elle pouvait aller. Ce dernier pouvait prendre de très grands moyens en ce qui la concernait et s’il venait à apprendre qu’elle était la nature de son vrai don… : 

- Non, répondit-il franchement. Vraiment pas. Cesse donc de faire cette tête. Tu ne me crois pas ? 

- Je ne te croyais pas, rectifia-t-elle. Mais c’est bon. Tu as ma confiance pour le moment. 

- C’est peut-être une erreur fatale. 

Il lui offrit de nouveau son sourire de chat et elle frissonna, malgré elle. Elle n’eut cependant pas eu le temps de plus y réfléchir qu’il pointa son arme sur elle et continua son explication : 

- Je pointe cette arme sur ta tête mais je te promets que je ne tirerais pas pour aujourd’hui. La seule chose que tu as à faire, c’est de t’approcher et de poser ton front sur  la flèche. On verra combien de temps tu parviendras à rester ainsi. 

- Si tu ne me tires pas dessus, cela risque de prendre longtemps. 

Anastae n’était pas quelqu’un qui se laissait guider par une certaine peur ou pression : si elle écoutait cette partie d’elle, elle serait sans doute devenue folle à ce jour. Cet exercice lui semblait aisé et ce fut donc sans très peu de craintes qu’elle s’approcha de son “mentor”. 

Elle n’avait pas peur mais ses pieds avaient du mal à continuer de marcher alors qu’elle s’approchait de la pointe de la flèche. Quand elle la posa sur cette dernière, son souffle s’accéléra et elle ferma les yeux pendant un moment. L’aura qui émanait de l'elfe ne facilitait pas la chose : elle avait le sentiment qu’il allait lui sauter dessus. Pourtant, elle demeura sur cette position et se contenta de rester dans le noir, les paupières closes. 

Les premières minutes passèrent vite : Anastae avait seulement le souffle accéléré mais elle tenait sur ses jambes et se sentait encore maîtresse d' elle-même. Après une dizaine de minutes, elle commença à trembler. La pression temporelle pesait sur ses épaules et elle avait le sentiment qu’il allait tirer à tous moments. Son esprit divagua, il s’imagina des milliers de scénarios. 

Anastae avait beau savoir que rien de cela n’était réel, sa mâchoire se crispa et elle dut se mordre la lèvre pour espérer pouvoir tenir. Ses mains étaient moites, de la sueur coulait sur sa nuque et ses yeux lui brûlaient ainsi que ses ongles qui s’enfonçaient dans ses paumes. Le froid de la flèche devenait de plus en plus présent et elle ressentait chacun des mouvements de l'elfe qui remontait son bras de temps à autre. 

A un moment, son mouvement fut plus brusque que les autres et, sans que Anastae ne puisse se retenir, elle saisit son bras et l’éloigna d’elle dans un geste brusque. Aussi facilement que cela, elle avait cédé et seulement après treize minutes. Elle qui croyait que cet exercice serait aisé, elle se retrouvait stupéfaite, les yeux plantés dans ceux de l’elfe. Ce dernier se racla la gorge et enleva les plis de ses vêtements : 

- Tu as mieux résisté que je le pensais. Dans une semaine, tout au plus, tu devrais être capable de faire face à de plus grandes pressions. 

- C’est la première que j’entends parler de cette pression temporelle, remarqua Anastae. Pourquoi ? 

- Elle fait partie intégrante des elfes et des fées. Certains disent que c’est à cause de notre immortalité, que la nature a voulu nous donner un défaut. Nous avons énormément de mal à garder le contrôle en ayant conscience du temps qui s’écoule. Personne n’a jamais songé à y remédier car la plupart croit qu’on ne peut pas s’y soustraire. 

Il tapa dans ses mains et lui lança un arc qu’elle attrapa au vol. Sans qu’elle ne se l’avoue totalement, elle trouvait qu’il était vraiment un bon mentor et qu’elle avait beaucoup à tirer avec lui, plus qu’avec son propre père. Il lui enseignait des choses nouvelles, l’aidait à se spécialiser dans son propre domaine… Anastae ne pouvait en demander plus. 

Elle songea pendant un moment à Luciana, qui l’attendait sur la rive et qui avait froncé ses sourcils quand elle était de nouveau partie une fois, avant de lui adresser son petit sourire en coin, l’air de tout savoir. Cela l’énervait et la rendait superstitieuse  à la fois. 

L'elfe lui expliqua un enchaînement qui s’apparentait plus à du corps à corps avec un arc et lui indiqua de commencer. Anastae tourna sur elle-même, planta son pied dans l’air et lui donna une impulsion : elle plongea sur lui sans plus de soucis. Puis, elle fit un demi-tour sur elle-même, lui donna un coup de genoux dans le ventre, utilisa le dos de son arc solide pour lui donner un coup dans le visage. Ensuite, elle appuya son pied sur son torse et le poussa de toutes ses forces. 

L’elfe tomba à terre mais elle n’était pas dupe : il n’avait pas résisté pour lui faciliter la tâche pour la première attaque. Anastae avait trop tourné, n’avait pas eu assez de dynamisme dans son coup pied et si elle ne mettait pas plus de force dans son dernier coup, jamais un elfe ne tomberait à terre. Son camarade se retroussa d’un coup de pied et enleva les saletés sur ses beaux habits : 

- Tu as compris le principe. Maintenant répète ces gestes jusqu’à ce qu’ils soient marqués dans ta mémoire. 

- Montre moi, s'écria-t-elle. 

Il plissa ses yeux : 

- L’enchaînement ? Sur toi ? 

- J’ai entendu dire que si on subissait ce qu’on inflige, on le comprenait mieux. Je te demande donc de faire ton enchaînement sur moi. 

- Tu l’auras voulu. 

Anastae eu juste le temps de voir son sourire de chat. Quelques secondes plus tard, un genoux se figea dans son ventre. Elle tenta bien de renverser l'elfe qui s’était jeté sur elle mais elle avait un temps de retard et son visage subit un coup d’arc. Anastae tomba par terre, telle une poupée molle, et elle toussa. 

L’elfe lui tendit sa main, toujours avec son sourire de chat, et elle la saisit, quelque peu humiliée : 

- Tu n’es pourtant pas dans la section chevalerie… Je me demande bien où tu as appris de telles choses. 

- Je suis observateur, répondit-il simplement. Je n’ai besoin de personne, je me débrouille tout aussi bien tout seul et à force de persévérance et de temps pour soi-même, on devient capable de tout. 

Anastae se redressa sur ses pieds. Sa robe mauve était tâchée d’herbe et d’une flaque qui restait de la légère pluie de la vieille. Ses cheveux étaient en bataille : peu dociles, ils n’avaient pas résisté à la chute, et elle se demanda si elle pouvait réellement revenir dans cet état. Si sa belle-mère la voyait, elle n’aurait pas fait long feu avant d’être forcée à rester assise sur sa coiffeuse pendant des heures pour enlever sa “honte”. 

Mais désormais qu’elle était salie, elle n’avait qu’à continuer. Leur entraînement dura environ une heure et lorsqu’elle le quitta, elle ne put s’empêcher de lui demander : 

- J’aimerais savoir quelle est la part de ton marché… ?

L’elfe plaqua son doigt sur sa bouche. Son sourire de chat apparut, dévoila ses canines pointues et ses yeux brillèrent d’une étincelle qui l'effrayait presque en même temps que de l'attirer. Finalement, il prit son arc, lui adressa un sourire légèrement plus doux et répondit : 

- Ne sois pas trop impatiente, tu pourrais le regretter. 

Sous ces mots mystérieux, il la laisse, seule avec sa robe tâchée et ses cheveux flottant dans le vent, un arc à la main et le cœur au bord des lèvres. 

 

  








































 

Anastae se rendait vers la demeure, les pieds nus et ses talons dans une main, la robe encore plus tâchée que lorsqu’elle avait quitté l’elfe ; la faute à Luciana qui l’avait aspergé de jus sous prétexte qu’elle partait trop longtemps et qu’elle devait subir les demandes incessantes de leurs camarades de venir avec eux. Anastae ne s’était pas énervée mais ne s’était pas excusée. Son amie avait alors compris que cela ne servait à rien de se mettre en colère contre elle : Anastae ne réagissait pas à cette émotion. Luciana lui avait donc posé mille et une questions, lui assurant qu’elle se doutait de quelque chose mais qu’elle voulait en avoir la certitude. Une nouvelle fois, la fée aux cheveux blancs s’était murée dans le silence avec un petit regard, cependant, amusé. 

Anastae se dirigeait donc chez “elle”, la boule au ventre de savoir si son père allait lui demander de le rejoindre pour sa fugue d’il y a deux jours. Elle ne savait pas si cela l’avait mis en colère ou, au contraire, si cela l’avait soulagé de ne pas avoir à subir sa présence : pour le moment, elle préférait éviter d’y penser. 

Elle souleva sa robe pour passer les marches du jardin quand une voix l’interrompit : 

- Anastae ?

Un soupir lui chatouilla la gorge mais elle le ravala et se contenta de se tourner vers Leith. Ce dernier avait les mains dans ses poches, habillé beaucoup plus simplement que la première et dernière fois qu’elle l’avait vu. Sans cette tenue de soirée, il devenait un elfe mignon, malicieux sur les bords. 

Anastae lui adressa un signe de la main et lui demanda, encore perchée sur les marches : 

- Que fais-tu ici ? 

- Je suis venu te voir, sourit-il. Il s’agit là de la troisième fois que j’essaye de te voir, mais il faut croire que tu as une vie bien remplie car tu n’es jamais au même endroit. A vrai dire, je me demandais même si je ne t’avais pas fait peur au bal. 

Elle émit un petit ricanement : 

- Il en faut plus pour m’effrayer. 

Elle le jugea du regard. Elle ne voyait pas ce Leith comme un futur fiancé mais si elle passait du temps avec lui, son père la laisserait tranquille et se mettrait à croire qu’il s’agissait là d’un noble qui faisait la cour à une autre. De plus, cela lui faisait pitié de savoir qu’il avait attendu trois fois pour tenter de la voir. Si Anastae le congédiait maintenant, elle aurait sans doute un petit pincement au cœur. 

La jeune fée descendit donc les marches et se désigna : 

- J’espère que ma tenue ne te pose pas de problèmes. 

- Aucun, répliqua-t-il avec sincérité. Cela te donne un certain charme. 

Leith lui donna son bras qu’elle saisit après avoir jeté un regard derrière elle : une pixis l’observait devant la porte d’entrée et allait sans doute tout rapporter à sa belle-mère dès qu’elle disparaîtrait de son champ de vision. Cependant, aujourd’hui, cela ne la gênait pas et elle fit donc mine qu’elle ne l’avait pas vue. 

Un courant d’air secoua ses cheveux, comme si elle venait de signer une sorte de contrat : 

- Cette propriété est gigantesque… Je dois t’avouer que je n’ai aucune idée d’où nous pourrions aller. 

- Continue tout droit, on va finir par tomber sur un lac. C’est un bel endroit, on y sera bien pour… 

- Parler, continua t-il avec un petit sourire. 

Au moins, il n’avait pas comme conviction de se jeter sur elle dès qu’ils seraient tout seul : 

- Te rendras-tu au bal qui se déroule dans une semaine ? 

- Je ne sais pas. Il y a de très grandes chances pour… Pourquoi ? 

- J’aimerais être ton cavalier si tu me le permets. 

Lui donner des faux espoirs était injuste. Mais Anastae avait besoin de sa présence pour remonter dans l’estime de sa famille et espérer pouvoir se rapprocher d’eux : tant qu’elle ne prenait pas de l’âge, il n’y avait aucune raison que son père la tue. Pour l’instant, elle pouvait encore profiter de cette protection. Ce fut donc avec un petit sourire qui avait l’air presque ravi, qu’elle accepta : 

- C’est d’accord. 

- Parfait. 

Il enleva une feuille dans ses cheveux et effleura du bout de ses doigts sa joue. Anastae ravala sa grimace et son agacement pour le remercier d’un hochement de tête : elle lui fit tout de même comprendre qu’il ne devait pas aller trop vite. 

Anastae n’avait jamais eu ce genre de relation tendue avec un elfe, ni avec un humain lorsqu’elle était encore dans le monde des mortels. Ce genre de chose était nouveau et elle n’appréciait pas vraiment le fait d’être regardée avec convoitise, comme si elle était un objet précieux et plein de richesses. Qu’on la touche de cette façon était dérangeant mais si elle voulait jouer, il fallait qu’elle s’y accoutume le plus rapidement possible. 

Ils finirent par atteindre le lac et Anastae laissa tomber ses talons sur le bois qui bordait l’eau. Elle s’assit sur ce dernier et laissa ses pieds toucher le liquide, satisfaite de terminer une journée de cette façon. Leith prit place à ses côtés et poussa un petit sifflement : 

- Impressionnant. 

- Magnifique, surtout, répondit-elle avec un petit sourire en coin. J’adore cet endroit. 

- Je m’y plais déjà. 

Il laissa ses pieds toucher l’eau et poussa un petit soupir. Anastae eut ainsi le temps d’observer son profil taillé à la harpe et elle s’étonna d’y trouver une légère cicatrice près de l’oreille… Elle fronça ses sourcils mais ne demanda rien sur la raison de cette ancienne blessure. Sûrement le découvrirait-elle plus tard. 

Leith renversa sa tête en arrière : 

- Ton frère m’a conseillé de m’éloigner de toi. 

- Meludiz ? Il semble croire que nous ne sommes pas fait pour être ensemble. 

- Es-tu de son avis ? 

Anastae haussa ses épaules. L’avis de ses frères n’étaient pas la chose la plus primordiale, ce n’était pas eux qui avaient le pouvoir ici : ils se contentaient de suivre leur père sans plus se poser de questions, ce qu’elle trouvait lourdement assommant. Par conséquent, cela l’étonnait tout de même que Meludiz soit contre l’idée qu’elle se trouve un fiancé assez rapidement. Désormais, Anastae en était sûre : ce Leith n’était pas quelqu’un de fréquentable pour elle. 

Pourtant, elle répondit : 

- Je ne peux pas te le dire, il faut que tu fasses tes preuves. 

- Commençons dans ce cas. 

Leith se tourna vers elle et croisa ses jambes. La jeune fée le détailla de la tête aux pieds et lui offrit un pâle sourire : elle pouvait au moins le laisser faire son petit jeu. Après tout, Anastae restait en partie une fée : ces dernières adoraient se prendre pour ce qu’elles n’étaient pas. 

Ses cheveux roux flottèrent dans le vent mais il passa une main fine dans sa crinière. Le soleil dansait derrière lui et, de cette façon, la part humaine de Anastae le désigna comme un dieu à ses yeux. Cette dernière voulait s’approcher de lui, lui parler, s’ouvrir à lui, le seul qui lui trouvait de l’intérêt de cette façon. Luciana lui procurait le même effet mais avec une légère différence. Cependant, elle ne pouvait s’empêcher de les comparer à des dieux alors qu’ils n’étaient que de simples créatures de ce monde : 

- Que veux-tu savoir de moi ? 

- Quelle est ta capacité, répondit-elle du tac au tac. 

- Je peux invoquer les armes que j’ai touché dans le passé. Une capacité très pratique pour mon futur projet de chevalier.

Sa main se tendit et une épée apparut dans cette dernière, suivie d’un arc, pour finalement se transformer en une lance. Anastae ne pouvait nier qu’elle trouvait ce don incroyablement puissant et qu’elle aurait tué pour avoir le même : invoquer des flèches et des arcs presque à volonté lui semblait être la capacité la plus pratique à la vue de son domaine. 

Leith arrêta d’invoquer des armes et lui demanda à son tour quelle était la sienne. Anastae soupira, sentit sa gorge se nouer et son esprit lui brûler. Voilà qu’il s’agissait de la deuxième fois depuis trois jours qu’elle devait mentir, elle haïssait ce sentiment et elle savait qu’elle ne pouvait pas se le permettre tout le temps. Elle répondit lentement, comme pour se soulager et enchaîna : 

- Pourquoi veux-tu devenir chevalier ? 

- Je veux être un sous-général en réalité. Être un total sous-fifre ne m’intéresse pas.

- Vraiment, sourit-elle en plongeant ses mains dans l’eau. Alors pourquoi ne pas devenir le général en personne? 

- Ce rôle est réservé exclusivement à ton frère : je n’ai aucune chance contre lui donc je me suis fait une idée. Au pire des cas, je n’aurais plus qu’à prendre mon mal en patience. 

Anastae leva un sourcil. Il venait de sous-entendre qu’il souhaitait attendre la mort de son frère pour prendre le flambeau. Heureusement pour lui, il n’avait pas été assez bête pour assumer qu’il aurait pu se débarrasser de lui pour arriver à la première place. Bien qu’ils étaient amis, leur peuple était immortel : une amitié ne valait rien face à une vie remplie de bonheur et de succès. 

Leith lui adressa son sourire malicieux et elle lui fit une remarque : 

- Voilà une bien belle histoire pour ton petit intérêt personnel. 

- Ne t’énerves pas, il ne s’agit là que de la vie.

- Tu fais partie d’un peuple immortel, tu ne peux pas te permettre de dire cela. 

Il haussa ses épaules quand la voix de son frère, Meludiz, résonna derrière eux : 

- Leith ! Que fais-tu donc ici ? 

- Mon cher ami, se retourna ce dernier. Je passe du bon temps avec ta sœur.

Cette dernière planta ses yeux dans ceux de son frère et tenta d’y apercevoir un quelconque regret pour la nuit dernière, seulement une étincelle : seulement, il prétendait que rien ne s’était passé et que tout était comme avant, ce qui l’énerva passablement.  

Meludiz et Luthias n’étaient pas jumeaux pour rien ; ils avaient le chic pour continuer à vivre normalement avec une telle ambiance et leur sœur qui subissait presque chaque jour la colère de leur propre père. Cela la désolait mais elle était déterminée à faire changer cette situation : Anastae le pouvait. 

Elle enleva ses pieds de l’eau et se dirigea vers son frère. Tentant de se montrer amicale, elle posa une main sur son épaule et leur adressa un sourire : 

- Je vais vous laisser tous les deux, vous devez avoir des choses à vous dire. 

Puis, elle lui glissa à l’oreille : 

- Il faudra qu’on parle. 

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Amberly
Posté le 24/10/2022
Je dois bien avouer que je ne m'attendais pas à retourner directement sur le lendemain, mais soit, le mystère plane encore, et ce n'est parfois pas plus mal.
Vraiment hâte de voir le développement.
Isahorah Torys
Posté le 20/09/2022
Hello, ici je trouve dommage. Tu repars direct sur le lendemain de l'incident, mais je trouve que cela aurait apporté davantage à l'histoire si tu nous expliques comment Anastae parvient à maîtriser, ou pas, son pouvoir "du sang". Du coup, il manque des informations importantes. Je suis un peu déçue ! (Je peux faire un caprice ? me foutre par terre et taper des mains et des pieds ? mdr)

Voilà quelques maladresses que j'ai relevées :

Il essuya sa bouche et entendit ses jambes devant lui (tu veux dire étendit ? )

elle allait se faire punir en conséquence (recevrait un châtiment en conséquence ?) pour simplifier la phrase.

qui l'effrayait presque en même temps que de l'attirer (qui l'effrayant autant qu'il ne l'attirait)
Marlee2212
Posté le 20/09/2022
Hey :)
Concernant une nouvelle fois le pouvoir, je me mets du point de vue de Anastae dans ce passage. C'est quelque chose qu'elle cherche à cacher à tout prix, pour ne pas éveiller les soupçons sur son sang d'humaine, en passant directement au lendemain, je voulais montrer le fait qu'elle étouffe ce don en n'y pensant plus etc... Après je comprends totalement que ce soit frustrant, hehe c'est même un peu le but !
Effectivement, je voulais dire étendit ( ahlala toutes ces petites fautes)
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