Droite, gauche, droite ! Plonge ! Arrière, avant et… Frappe !
Sa flèche se planta dans la cible mais ce n’était pas fini :
- Arrière, saute ! Plus vite, tu as un temps de retard ! Tourne ! Glisse, voilà c’est ça !
Anastae termina l’enchaînement avec le mannequin mouvant dans les bras, essoufflée comme elle ne l’avait jamais été et salie de la tête aux pieds à cause de la terre près du lac, encore humide. Fatiguée,elle envoya le mannequin vers l'elfe qui le saisit avec un hochement de tête.
Cela faisait plus d’une semaine qu’elle s’entraînait avec lui et elle avait progressé avec rapidité : la pression temporelle n’avait pas disparu mais elle la contrôlait mieux et pouvait tenir presque une heure avec. Étonnement, cela l’avait énormément aidé pour tous les autres exercices et Anastae avait le sentiment que le monde était devenu plus clair lorsqu’elle combattait.
Désormais, elle apprenait les différentes sortes de combat avec un arc et des flèches. Aujourd’hui, elle se spécialisait dans ces dernières : les flèches pointues étaient des armes efficaces pour le corps à corps, l’elfe considérait ça comme une erreur de seulement prendre en compte l’arc. Sur ce point, Anastae était d’accord avec lui.
Malgré elle, elle commençait à l’apprécier, lui et son sourire de chat : il était toujours respectueux et prenait le temps de tout lui expliquer sans jamais s’énerver. Avant de s’entraîner, il emmenait toujours des fruits avec lui et lui en donnait quelques-uns avec un petit sourire beaucoup plus sympathique que les autres.
Anastae se redressa sur ses genoux avant de faire de même sur ses pieds : elle était réellement éreintée, cela faisait la cinquième fois qu’elle recommençait cet enchaînement plus que sportif. Elle essuya la sueur de son front et prit une longue inspiration. La flèche encore dans sa main, elle la fit tourner autour de ses doigts :
- Était-ce suffisant ?
- Bien sûr que non, sourit-il de son sourire de chat. Mais on va s’arrêter là pour aujourd’hui, je noterai qu’il faudra que tu améliores ton endurance.
Anastae ne répondit rien et se posa sur le rocher. En effet, elle se fatiguait plutôt facilement. Mais, contrairement à l’elfe, elle connaissait la raison : sa partie humaine l’empêchait de se donner autant que le faisaient les créatures de ce monde. Heureusement, ce n’était pas un défaut inchangeable : il fallait juste qu’elle s’entraîne suffisamment pour combler cet écart.
L'elfe s’assit à ses côtés :
- Comment trouves-tu ces entraînements ?
- Ils me font progresser. C’est tout ce qui importe, en dehors de ce que tu vas me demander en échange de ce petit service. Ce qui est bien étrange étant donné que je ne sais pas qui tu es.
Il ricana, l’air de trouver qu’elle rigolait, avant de se figer en voyant ses yeux sérieux. Il fronça ses sourcils, la commissure de ses lèvres trembla pour qu’il finisse par éclater de rire. Anastae ne saisissait pas ce qui était en train de se produire mais comprit cependant qu’elle s’était faite rouler depuis le début.
L’elfe essuya des larmes imaginaires et gloussa une dernière fois pour finalement tourner son visage vers elle. La jeune fée aux cheveux blancs tenta de le reconnaître, si elle l’avait déjà vu une fois, si elle le connaissait et l’avait tout simplement oublié mais… Il n’y avait rien d’autre qu’un visage qu’elle connaissait depuis environ deux semaines.
Agacée de ne rien savoir, elle croisa ses bras et pinça ses lèvres :
- Tu n’en as donc vraiment aucune idée ?
- Bien sûr que non, grogna-t-elle. Pourquoi donc ?
- Eh bien… Je pensais que tu voulais juste rester dans le déni, que ce qui se passait ici ne resterait qu' entre nous et que tu ne voulais pas te retrouver liée à une quelconque affaire…
Mais de quoi parlait-il ?
Anastae secoua une nouvelle fois sa tête. Plus cette conversation avançait, plus elle se sentait idiote et plus elle savait qu’elle passait à côté d’une histoire importante. Qui était-il et pourquoi, par la nature, ne pouvait-elle comprendre de qui il s’agissait ?
Mais, pour sa part, connaissait-il son identité ? Si depuis le début, il avait toutes les clés en main et qu’il aurait pu détruire sa piètre réputation d’un claquement de doigt… Cependant, peu de personnes avait connaissance de son rang, même ses propres camarades ne l’avaient pas encore découvert. Anastae n’avait rien de prestigieux, à leur yeux, elle était juste une fille de noble introvertie :
- Je n’ai pas vraiment envie de te demander qui tu es.
Il était vrai qu’elle préférait garder le mystère, s' il venait à lui dire son nom, tout deviendrait trop “réel” et ce n’était pas ce qu’elle souhaitait. Mais d’un autre côté, elle voulait aussi connaître quelque chose de lui, apprendre à le connaître… Pathétique était le mot qui résumait sa situation mais… :
- Non, se reprit-elle. Ce n’est pas que je n’ai pas envie mais qu’est ce qui m’attendra quand je saurais qui tu es ? J’ai une dette envers toi, savoir qui tu es pourrait me rendre la vie plus difficile.
- Oh, Anastae, sourit-il. Tu devrais être plus audacieuse pour une fille d’ancien général.
Son sang se figea.
Son prénom retentit dans ses propres oreilles, elle eut une violente nausée, accompagnée d’une sueur froide. Comment l’avait-il appris ? Avait-il fouillé pour avoir des informations auprès d’un professeur… S’il savait qui elle était, il pourrait très bien aller la dénoncer à son père et toucher une récompense pour avoir livré sa fille et de lui donner une punition toute faite sur un plateau d’or.
Anastae pouvait mentir : mais cela ne l’aurait qu’encore plus amenée dans une situation beaucoup plus dangereuse que celle-ci. Désormais, il fallait qu’elle obtienne cette information de lui, pour avoir une égalité ferme, mais pour cela, il devait le lui permettre. Elle plaqua ses doigts sur ses oreilles, comme à chaque fois qu’elle angoissait, et siffla d’une voix étranglée :
- Injuste… C’est injuste. Comment as- tu pu savoir que j’étais la fille de l’ancien général ?
- Il suffit de regarder attentivement aux arrivés des bals. J’ai été surpris de constater que peu de personne savait qui tu étais, les élèves d’ici ne sont pas observateurs. Contrairement à moi qui t’as vu descendre des dizaines de fois le carrosse de ton père, accompagnée de ce dernier.
Elle grinça des dents :
- Et toi, qui es-tu ?
- Anastae, se moqua t-il légèrement. Je ne vais pas te dévoiler mon identité aussi facilement sur un rocher avec toi couverte de boue. Mon prénom est compliqué à obtenir, mais ne t’en fais pas… je vais te faciliter la tâche.
Il étendit ses longues jambes devant lui et renversa sa tête en arrière. Il se tapota ensuite sa joue dans une attente insupportable. Finalement, il reprit :
- Demain soir, se déroule un bal. Je veux que tu y viennes et alors, tu sauras qui je suis. Ne t’en fais pas, ce ne sera pas bien compliqué.
- Pas bien compliqué ? Où se trouve l’intérêt ?
- Je veux voir la surprise sur ton visage. As-tu besoin que je te trouve un compagnon ?
- Merci bien, siffla-t-elle, vexée. Mais j’en ai déjà un.
Anastae n’était peut-être pas sociable, mais elle était capable de se débrouiller par ses propres moyens. Luciana le lui répétait depuis des jours : elle ne devait pas devenir dépendante de quiconque. Son amie s’énervait de plus en plus d’être ainsi tenue à l’écart mais s’efforçait tout de même de lui donner des conseils, ce que Anastae appréciait.
Elle s’en voulait de quitter Luciana chaque midi pendant une heure : ses yeux dorés lui indiquaient presque qu’elle allait lui faire regretter d’une façon ou d’une autre. Anastae lui expliquerait, une fois qu’elle aurait toutes les cartes en mains : Luciana était intelligente, perfide sur les bords, elle pourrait lui être utile.
Elle ferma ses yeux pendant un moment en songeant que c’était surtout car elle avait envie d’avoir le soutien d’une amie :
- Je viendrais, finit-elle par déclarer. J’ose espérer que je ne serai pas déçue.
- Oh que non.
Une nouvelle fois, devant ses yeux, ne dansait plus que son sourire de chat.
Anastae ne savait pas si elle devait apprécier ce qu’elle renvoyait dans le miroir.
Tania ne faisait que de lui murmurer qu’elle était divine, que cette couleur lui donnait un nouvel air, et qu’il était temps qu’elle change cette garde de robe “d’enfant”. Depuis une dizaine de minutes, elle lui faisait un discours sur l’importance de s’intégrer au monde des adultes, bien que cette phrase soit saupoudrée d’ironie et de doux sourires.
Sa servante lui brossait les cheveux, enlevait avec une grimace ses nœuds causés par les entraînements. Anastae aimait qu’elle lui démêle les cheveux, cela lui rappelait sa vie d’avant où sa chevelure était leur passion commune à sa mère et à elle :
- J’ai entendu dire, déclara Tania. Que tu avais un cavalier ce soir.
- Effectivement. Il se nomme Leith, riche enfant de nobles importants dont je ne pourrais dire le nom.
- Est-il à ton goût ?
Anastae se pinça l'intérieur de sa joue pour ne pas esquisser un début de grimace. Elle se contenta donc de hausser ses épaules. Seulement, Tania était curieuse et était considérée comme une amie proche de la famille : en effet, depuis plus de 100 ans, elle se trouvait ici et s’occupait de la descendance.
Donc, tout en relevant ses cheveux, elle insista :
- Tu dois bien avoir un avis sur lui, même s’il est minime.
- Je ne le connais pas. Je lui donne juste sa chance pour améliorer les choses entre ma famille et moi.
- Cette demeure n’est plus ce qu’elle était… J’ai connu ton père à une époque où il n’avait rien de l’homme qu’il était aujourd’hui.
De suite la jeune fée aux cheveux blancs s’éveilla et lui jeta un regard désireux d’en savoir plus. Elle adorait entendre la vie de son père auparavant, elle avait le sentiment d’y retrouver un homme meilleur dans ces récits. Tania secoua sa tête, amusée, et planta une épingle dans sa chevelure :
- J’ai bien deux ou trois histoires à te raconter… Voyons voir…
Elle réfléchit puis commença son récit :
- Il s’agissait là d’un jour très chaud, terriblement chaud. Tellement que je me souviens être resté très tard dans la demeure pour échapper à la chaleur de mon ancienne maison. Tard dans la soirée, je me suis souvenue que je n’avais pas assez de perles pour finir la robe qu’une noble m’avait demandé. Le soleil s’était couché, la température était plus agréable et je me suis donc décidée à me rendre au lac de la propriété pour en pêcher quelques unes. Mais arrivée à cet endroit, je me suis alors aperçue que je n’étais pas seule. Ton père s’y trouvait, plus souriant que jamais, et dansait avec la petite fille de la nouvelle servante. Il avait l’air tellement jeune et tellement heureux… Si seulement il n’avait pas pris un tel chemin. Être général…
- Le rôle de général de l’armée du royaume est une blessure mortelle.
- Je regrette que tu ne l’ai pas connu aussi heureux.
Tania lui planta un baiser sur la joue et caressa cette dernière avec un triste sourire. Tania n’était pas vraiment une servante, voilà pourquoi elle pouvait se permettre de tels gestes envers les enfants du plus proche conseiller de la Reine. Sa confidente était une fée, la seule qui travaillait pour eux, aussi jeune qu’elle en apparence mais qui avait en réalité plus de deux cent ans.
Anastae n’avait jamais connu les vraies raisons du pourquoi Tania se trouvait toujours dans cette demeure, mais selon cette dernière elle aurait fait un marché qui la forçait à rester ici, bien que cela ne la déplaise pas, disait-elle en riant. Tania était celle qui s’était depuis toujours occupée d’elle, la nourrissant, jouant avec elle, la lavant, et la voyant grandir. Avec l’âge, elle était devenue une sorte de confidente et un membre de sa famille à part entière.
Anastae saisit la main de la fée :
- Je ne sais pas ce que je suis en train de faire, avoua-t-elle avec un poids sur les épaules. J’ai l’impression que rien ne va.
- Ce serait mentir de te dire le contraire mais tu es forte, Anastae. Plus que Meludiz ou encore Luthias. Tu ne sais pas combien j’aimerais te venir en aide mais… S’il y a bien une personne qui peut s’en sortir toute seule, c’est toi.
Tania connaissait sa situation : voyait quand son père la frappait, entendait quand ce dernier la rabaissait, et se rendait bien compte qu’elle ne se trouvait pas à sa place dans cette famille. Anastae savait qu’elle ne pouvait rien faire : qui était-elle face au Conseiller de la Reine ? Mais elle appréciait de la voir sourire, même si elle ne venait la voir que deux fois dans la semaine, et parler pendant quelques minutes avec elle :
- Je vais changer les choses. Je vais me rapprocher de mes frères, puis de ma mère, et ensuite de mon père.
Sa gorge la brûla au mot “mère” :
- Je n’y crois qu’à moitié mais ma vie a beaucoup évolué en trois semaines. Je me suis faite une amie, j’ai fais la connaissance d’une personne assez étrange mais sympathique, je parle avec un riche noble.
- Oh Anastae, murmura Tania en la regardant avec un air triste. Je suis navrée pour toi.
La porte s’ouvrit et dévoila Luthias, les yeux fatigués :
- Un certain Leith t’attends, Anastae.
- J’arrive, répondit-elle en se levant.
Sa robe verte était étonnement légère et le tissu doux frottait contre sa peau : elle avait un léger décolleté et la traîne restait raisonnable. Tania la connaissait vraiment mieux que quiconque bien que cela reste encore un peu hors du commun pour elle.
Elle adressa un hochement de tête pour Luthias, le seul des deux frères qu’elle apercevait en ce moment. Meludiz mettait un point d’honneur à l’éviter depuis qu’elle lui avait sommé qu’il fallait qu’ils parlent. Peut-être redoutait-il cette conversation, peut-être s’en fichait-il complètement, elle ne le saurait sans doute jamais.
Quoi qu'il en était, Anastae descendit les escaliers pour voir Leith, en costume, une fleur dans la main, ce qui froissa son cœur. Elle lui adressa un petit signe de la main et se posta à ses côtés :
- Anastae, sourit-il. Tu es sublime.
Elle ne répondit rien et se contenta de lui adresser un sourire pincé en sentant le regard de sa belle-mère dans son dos. Leith le remarqua et la taquina avec un petit clin d'œil, plutôt bien dissimulé. Son cavalier coupa alors la fleur pour enlever la tige et en déposa le restant dans sa chevelure. Anastae jeta un petit regard dans le grand miroir de l’entrée et s’étonna de la couleur incroyable que les pétales avaient : elles étaient comme… hypnotisantes.
Les talons de sa belle-mère retentirent derrière elle :
- Monsieur Laliz, c’est un véritable plaisir de vous rencontrer.
- De même, Madame.
Il se pencha et lui baisa la main, comme il l’avait fait auparavant avec elle. Sa belle-mère lui adressa un beau sourire et s’empressa de le tenir encore sous son charme pour lui confier les quelques conseils qui devaient tourner en boucle dans son esprit :
- Anastae est assez spéciale, si elle vous met dans une situation dérangeante, n’hésitez pas à…
- Je suis un grand garçon. Je pense me savoir assez capable pour gérer n’importe quelle situation. Sans vouloir vous offenser, bien entendu.
La jeune fée ne put s’empêcher de plaquer sa main sur sa bouche entrouverte. Elle n’aurait jamais pensé que Leith était le genre à défier plus puissant que lui, d’après ce qu’il lui avait dit sur lui. Mais elle se souvient que c’était un elfe qui voulait une histoire intéressante, sans nul doute qu’il commençait à en tisser les chapitres.
Pour éviter une quelconque effusion de colère de sa mère, elle s’empressa de saisir le bras de son cavalier et de la saluer:
- Mère, nous allons nous rendre au bal. Merci pour la… robe.
- Très bien, soupira-t-elle. Ne fais rien de travers, je t’en supplie.
Anastae entraîna Leith à sa suite.
Le carrosse était déjà prêt, il ne manquait plus qu’à monter dedans, ce qu’elle fit en le reprenant sur son comportement. Leith ne réagit pas, roula ses yeux, et lui sourit mystérieusement. Elle laissa donc tomber l’affaire : après tout, ce n’était pas elle qui voulait sa main et faire bonne impression.
Le trajet dura quelques minutes, ponctué de quelques phrases, de petits sourires de la part de Leith et de regards amusés de la part de Anastae. Luciana avait raison : cet elfe était amusant et, avec lui, le temps semblait plus facile et plus plaisant. Rien de bien incroyable pour un futur fiancé, la fée ne tomberait jamais sous ce charme beaucoup trop spécial.
Cependant, elle dut avouer que quand il la saisit par la taille pour la poser à terre, une certaine satisfaction grimpa en elle. Anastae, la jeune fée qui n’avait jamais eu de l’attention, se comportait comme une fille de noble normale, elle ne sortait plus du lot de manière péjorative.
Anastae était naïve. Voilà pourquoi elle ne remarqua pas les regards appuyés sur ses oreilles, les chuchotements autour d’eux alors qu’elle souriait à Leith. Ou alors, elle était dans le déni, car elle était loin d’être une idiote. Mais, ce soir, elle ne penserait qu’à son cavalier et à son entraîneur qui allait, selon lui, dévoiler son identité dans quelques minutes.
Son esprit divagua sur son identité : elle y avait pensé toute la nuit mais n’avait rien trouvé de cohérent. Ou encore, une nouvelle fois, elle se trouvait simplement dans le dénis.
Leith la guida vers le buffet en lui contant une histoire de famille qu’elle n’écoutait que d’une oreille en surveillant la foule. Son cavalier était sympathique, mais la découverte qu’elle allait faire le serait bien plus. Anastae saisit une coupe, la but d’une traite, les yeux brillants :
- Que cherches-tu de cette façon ?
- Je regarde la foule.
- Tu ne réponds pas à ma question.
Elle haussa ses sourcils et reprit son air blasé.
S’il passait sa soirée à l'inonder de questions, elle allait vite se lasser, comme une fille capricieuse de noble. Leith s’en rendit compte, tendit alors sa main :
- Une danse ?
- Allons-y.
Il posa sa main sur sa taille et l’entraîna dans une valse :
- Pourquoi as-tu accepté que je sois ton cavalier ? De ce que j’avais entendu, tu n’étais pas vraiment ravie de me connaître.
- La vérité est que je me sers de toi.
C’était un pari risqué de lui avouer cela, mais elle préférait être claire : des histoires compliquées, elle en avait déjà assez. Leith était encore libre de partir sans conséquences, elle lui offrait cette décision sur un plateau d’or. Mais cet elfe aimait les belles histoires, elle était presque convaincue que cette révélation aurait un impact positif sur lui.
A son sourire malicieux, elle devina qu’elle n’était pas dans le faux :
- Je vois… Des problèmes de famille que tu aimerais résoudre par un fiancé ?
- Tout juste. Heureusement, tu n’es pas comme les autres et tu ne m’en voudras donc pas de te parler seulement pour avoir les faveurs de mon père.
- Tu es un monstre Anastae, sourit-il. Heureusement, cela me plait.
Cette critique ne provoqua pas de réaction chez elle : un monstre, elle en était véritablement un. Briser le cœur de quelqu’un, elle s’en remettrait, comme quand son père lui arracherait le sien de sa poitrine. Anastae voulait appliquer les dernières volontés de sa mère dans sa vie, rien ne la détournera de cela.
Elle tourna sur elle-même, esquissa un début de sourire mais quand elle s’apprêta à parler, un bruit de foule s'éleva. Curieuse, elle se leva sur la pointe de ses pieds, il ne s’agissait sans doute que d’un musicien qui avait abusé d’une drogue et qui était tombé dans les vapes.
Son regard balaya la foule. Cherchant pendant quelques instants, rapidement, puis plus lentement.
Et tomba sur l'elfe qui l’entraînait : la tête ornée d’une couronne.
Impossible.
Choquée, elle trébucha en arrière, se rattrapa à un buffet, et comprit. Pendant des semaines, elle avait côtoyé cette personne, elle lui avait fait en partie confiance, lui avait confié sa vie entre ses griffes… L’elfe était un des princes, direct descendant de la couronne, tenant littéralement sa vie entre ses mains. Anastae se rendit compte du ton qu’elle avait employé avec lui, les piques qu’elle lui faisait et si, en temps normal, elle se fichait de l’ordre social, cet elfe avait bien plus de pouvoir sur le royaume que n’importe qui :
- Anastae, demanda Leith en s’approchant. Qu’est ce qui…
- Un instant.
Elle saisit le bas de sa robe et s’enfuit à toutes jambes, comme pour fuir ce qu’elle venait de voir. Si son père apprenait ce qu’elle avait fait, elle finirait avec une épée dans la poitrine : Anastae n’avait aucun pouvoir sur le Prince, s’il voulait la tuer, il le pourrait sans aucun souci.
Sans s’en rendre compte, elle se dirigea vers son endroit préféré : le lac. Le chemin était plus abrupt que dans ses souvenirs mais elle y parvint. Elle manqua de tomber de nombreuses fois mais elle finit par y arriver. Malheureusement, en écartant les buissons, elle se rendit compte qu’il y avait déjà une personne, assise, les pieds dans l’eau, les cheveux flottant dans le vent.
Anastae sentit son coeur s’arrêter. Ses yeux tournèrent, elle tomba dans l’herbe.
La personne se tourna vers elle et dévoila son identité, sans le vouloir.
Un visage d’une beauté différente des fées et des elfes, mais si parfait. Des lèvres rouges sangs entrouvertes, un teint pâle sans imperfection. Une longue chevelure d’un bleu magnifique et des yeux oranges qui transperçaient son âme d’un simple regard.
Ses mains maintenaient dans l’air une boule d’eau.
Un doux sourire apparut sur ses lèvres et ses mains lâchèrent le liquide :
- Qui es-tu, petite fée ?
Je dois avouer que j'aime énormément l'ambiance des bals que tu mets en place, l'univers se met doucement en place, j'ai hâte de voir la suite !
Donc ce passage n'est pas cohérent, ça ne devrait pas la surprendre : Son prénom retentit dans ses propres oreilles, elle eut une violente nausée, accompagnée d’une sueur froide. Comment l’avait-il appris ? Avait-il fouillé pour avoir des informations auprès d’un professeur… S’il savait qui elle était, il pourrait très bien aller la dénoncer à son père et toucher une récompense pour avoir livré sa fille et de lui donner une punition toute faite sur un plateau d’or.
C'est vrai que maintenant que tu le dis, on pourrait croire à une incohérence parce, il est vrai, je n'ai pas vraiment expliqué comment se déroulait les cours de combat. En réalité, ils se passent sur une colline qui est assez vaste. De plus, lorsqu'elle est arrivée sur cette dernière, les élèves étaient déjà en train de s'entraîner dans un certain brouhaha :
"Bientôt, elle arriva en haut de la colline et entendit les bruits d’épées qui se fracassaient entre elles, les flèches qui fusaient dans le vent pour se planter dans leur cible, les bruits de fouets qui claquaient contre la terre. Devant elle se dressa une classe qu’elle n’avait presque jamais côtoyé et leur professeur commun de combat. Ce dernier tourna sa tête vers elle et fronça ses sourcils :
- Anastae que fais-tu ici ?"
Anastae a simplement pensé qu'il ne l'avait pas entendu et qu'il n'était pas présent.
Pour la suite, Anastae ne se rend presque jamais aux cours, comme indiqué lors du chapitre deux :
"Les deux Princes étudiaient également ici mais Anastae n’en n’avait aperçu qu’un seul au loin. Elle ne venait pas souvent aux cours et ne perdait pas son temps dans des sorties entre riches ou fêtes où tout le monde perdait la tête, il était donc normal qu’elle ne les ait pas aperçu plus de fois. "
Anastae ne sort jamais, elle ne dit pas non plus qu'elle appartient à la famille Mélodias, les autres élèves ne peuvent pas le savoir.
Après je t'avoue, tout ça est un peu éparpillé partout, je devrais sans doute modifier légèrement le moment où elle arrive en haut de la colline pour que la cohérence soit plus aisée !
En tout cas, encore merci pour tes conseils que je trouvent très pertinents :)