Chapitre 7

Par Isapass

On a repris notre marche, aussi vite que les pieds de Mercy nous le permettaient, ce qui était pas beaucoup. Quitte à aller lentement, je me suis laissé distancer un peu ; j’avais pas envie de les entendre prier ou encore moins parler de moi et de ma méchanceté.

Walt était dans le vrai, bien sûr, j’avais pas tellement de choses à reprocher à Mercy, comme j’avais pas eu réellement de raisons de lui en vouloir à lui quand on s’était fait virer d’Obard Farm. Mais j’étais pas encore prêt à le reconnaître, ni à voix haute ni dans ma caboche. C’était plus facile d’être en rogne contre Mercy que contre… quoi, d’ailleurs ? L’univers ? Le destin ? Ma saloperie de bonne étoile qui me tournait le dos depuis que je m’étais barré de chez moi ?

C’était peut-être ça le problème justement ; j’avais cru que la chance me souriait enfin un peu ces derniers temps. Mais du coup, je me cassais la gueule d’encore plus haut. Pourtant je le savais que les gens comme nous pouvaient pas prétendre à grand-chose. Nous autres, on se posait pas dans un joli coin fertile pour construire une maison avec des barrières blanches. On réparait celles des autres. On choisissait pas quelqu’un à aimer et avec qui vieillir entourés d’enfants, on allait tout seul ou au mieux, on suivait le premier venu pour avoir quelqu’un contre qui se coller par les nuits de gel. On vivait pas, on survivait.

Y avait qu’un grand benêt tel que Walt pour attendre encore quelque chose de plus, après cinquante ans de galère. Moi j’étais pas si naïf, je savais qu’il y aurait jamais rien de plus que la route, le ventre creux, le mépris et l’incertitude. C’est vrai que si ça devenait un chouia plus facile, comme pendant les quelques mois passés, une espèce d’instinct à la con me faisait miroiter une lueur, une lanterne au bout d’un chemin sombre. J’avais beau être sûr qu’elle serait vite soufflée, je pouvais pas m’empêcher de la guetter. Parce que j’avais que quinze ans. Je la guettais déjà moins qu’à dix et il faudrait sans doute encore quelques années pour que je l’oublie complètement. Alors seulement, j’arrêterais de tomber de haut quand les emmerdes arriveraient. C’est qu’en écrasant la mèche de l’espérance, assez pour qu’elle se rallume pas, qu’on pouvait s’éviter la déception.

D’ailleurs, à quoi ça servirait que je sois gentil avec Mercy ? Il allait bien falloir qu’elle apprenne ça, elle aussi. Le plus tôt serait le mieux, d’autant qu’avec sa vie dans son palais à colonnades, ses belles robes de dame à dentelles et sa Miss Helen, elle avait dû en bouffer, de l’espoir, elle. Elle aurait sûrement encore plus de mal à le tuer que moi. En commençant tout de suite, je faisais que lui rendre service.

 

On a fini par atteindre une petite ville en début d’après-midi. Avant d’y entrer, on a pris une pause près d’un ruisseau pour se décrasser. L’eau était froide à brûler, mais une tenue à peu près correcte et un visage propre, ça pouvait faire la différence pour être engagé. Or, là, on n’avait plus le choix, il fallait vraiment qu’on trouve du boulot. Mercy avait dû le comprendre, parce qu’elle a demandé à Walt s’il avait de quoi se raser et s’il voulait qu’elle le fasse. Il a rougi jusqu’aux yeux, mais il a accepté. Elle était assez douée ; les joues de Walt étaient bien nettes quand elle a eu terminé, et pas une seule coupure. Il l’a remerciée en dansant d’un pied sur l’autre.

— Vaudrait p’têt mieux nous attendre ici, Miss Mercy, il a lâché au bout d’un moment. On sait pas trop c’qu’on va trouver, là-bas, ni si les gens sont corrects. On r’vient avant la nuit.

Je m’étais bien gardé de dire quoi que ce soit, cette fois, mais j’étais soulagé. Mercy s’est tue, et puis elle a fini par hocher la tête et elle s’est assise sur une pierre en s’enroulant dans ses couvertures. Pas moyen de deviner ce qu’elle pensait tandis qu’elle nous regardait nous mettre en route.

La bourgade, Virgin Falls, ressemblait en tout point à ce qu’on pouvait attendre d’une petite ville de cette région à la fin de l’hiver : boueuse, agitée et bruyante. On s’était enfoncé vers l’intérieur de l’état, vers les montagnes et les forêts. Ici, la vie avait rien à voir avec celle des plaines et des grandes plantations. Les gens avaient passé la saison froide à la dure, à manger prudemment ce que leur ferme avait produit durant l’été. Ils avaient vu personne ou presque pendant plusieurs mois, obligés de déneiger rien que pour atteindre leur grange. Alors au dégel, tout le monde venait à la ville refaire le plein de ce qui manquait, confier au forgeron ou au bourrelier les pièces à réparer pour être prêt à reprendre l’ouvrage. Et tout ça c’était prétexte à se croiser, à boire, à se demander si on avait survécu. En tout cas, à cause de la taille modeste des propriétés et de la rudesse des locaux, c’était déjà pas un coin très prospère pour les journaliers. Là en plus, c’était pas le bon moment.

On a frappé à toutes les portes, accosté des gens dans les rues, rien à faire. Personne avait besoin de nous. Un marchand de charrettes a bien hésité un peu, séduit par la carrure de Walt, mais il a fini par nous dire qu’on arrivait deux ou trois mois trop tôt. Quand il a vu nos trombines, il nous a demandé de lui déplacer un tas de planches, puis de passer un coup de balai. C’était un prétexte pour nous refiler la pièce, n’empêche qu’on a apprécié le geste. Ça nous faisait juste de quoi manger le soir même, mais pas plus. Et comme la lumière diminuait, il fallait qu’on rejoigne Mercy. En traînant les pieds, on est allés au magasin qu’on avait repéré plus tôt pour négocier ce qu’on pourrait. À peine entré, Walt a retiré sa grosse veste en laine, celle que j’avais achetée au début de l’hiver, et l’a posée sur le comptoir.

— J’voudrais vendre ça, M’sieur, il a dit au vieux qui tenait la boutique après s’être répandu en « bonsoir » et en « ’scusez-moi d’vous déranger ».

Je l’ai attrapé par le bras.

— Non, Big Boy, pourquoi tu fais ça ?

— Suis pas sûr qu’on trouve à travailler d’main non plus, Sam.

Mes poings se sont fermés.

— C’est pour elle que tu vas te geler ?

— Le printemps vient, il a répondu avec le sourire de celui qui est certain qu’il y a un paradis.

J’allais encore râler, mais il a rajouté tout bas :

— J’veux l’faire, Sam Carson. C’est pas qu’pour elle. Pour toi aussi.

Cette fois c’est ma gorge qui s’est serrée. Je savais plus bien où j’en étais entre colère, reconnaissance et découragement. J’ai fini par souffler :

— Laisse-moi au moins la vendre correctement, alors.

Plus que jamais, je devais ça à Walter. Négocier, c’était mon domaine, mais bien sûr, le proprio du magasin était une vieille teigne et moi, j’étais assez remué. Le gars nous regardait de haut, il a tenté de nous arnaquer et le ton a commencé à monter. J’allais lui faire entendre le genre de noms d’oiseaux qu’on apprend sur la route, quand j’ai senti les fourmis dans mes doigts. À peine le temps de jeter un coup d’œil vers Walt que l’homme a été pris d’une quinte de toux épouvantable qui le secouait méchamment. Je me suis rué dehors où j’avais vu une pompe pour lui ramener de l’eau. Quand je suis revenu, la crise était finie. Le patron retrouvait sa respiration pendant que Walt lui tapotait le dos après l’avoir fait asseoir. Une timbale d’eau a achevé de le calmer.

— C’est bon, je vous l’achète votre veste, a croassé le vieux quand il a pu parler de nouveau.

On est repartis avec un sac de fayots, un de pois cassés, une couverture — toute fine, mais c’était mieux que rien — et quelques pièces en plus. Walt avait l’air aux anges. L’idée qu’il crève de froid me restait quand même en travers de la gorge.

Au-delà de ça, autre chose me tournait dans la tête : les belles paroles de Walt, ses prières, le sacrifice de son manteau pour qu’on ait de quoi manger… Est-ce que la façon dont il utilisait son pouvoir, c’était pas tout le contraire ? J’y connaissais pour ainsi dire rien aux évangiles, mais faire tousser un gars jusqu’à ce qu’il s’étouffe pour le réconforter ensuite, ça me paraissait pas tout à fait chrétien ! Cette fois, y avait rien eu de grave. Pour ce qui était du pied de Vanhorf, par contre, de la porte de la cabane qui m’avait explosé au nez, et puis surtout des trois cadavres à la tête ravagée…

Si on m’avait demandé de décrire Walt en un mot, j’aurais dit « bon », sans hésiter. Pourtant il y avait cette grande part sombre en lui que je pouvais pas ignorer. Et qui me foutait bien la trouille.

 

En sortant du patelin, on a quitté la route pour bifurquer vers le ruisseau. Quand on l’a atteint, Mercy était pas là. J’ai attendu sur place au cas où pendant que Walt fouillait les environs. La nuit est tombée, Big Boy est revenu, mais toujours pas trace de Mercy.

— Elle a peut-être enfin compris que ça valait mieux pour tout le monde qu’elle reste pas avec nous.

J’avais voulu balancer ça sur le ton de celui qui vient de gagner un pari, mais ma voix s’est cassée sur la fin de la phrase, quand j’ai croisé le regard de Walt. J’ai eu du mal à déchiffrer son expression un peu surprise ; soit il se demandait si j’étais vraiment assez con pour croire ce qui sortait de ma bouche, soit le message qu’il m’envoyait était plus compliqué que ça. C’était toujours comme ça, avec lui : par moment il était trop naïf pour saisir l’ironie, mais à d’autres, j’avais l’impression qu’il comprenait mieux que moi ce qui se passait dans ma tête.

Du coup, je me suis mis à cogiter. Pourquoi j’avais dit ça comme ça ? Est-ce que je serais vraiment content que Mercy soit partie ? Non bien sûr, c’était jamais si simple. Je serais bon pour payer le prix fort en culpabilité. Et si jamais je me pardonnais trop vite, les grands yeux bleus de Walt se chargeraient de me rajouter les intérêts. Des fois je regrettais un peu le temps où je pouvais vivre tranquille avec mes mauvaises pensées.

— Qu’est-ce qu’on fait alors ? j’ai demandé d’un ton hargneux quand j’en ai eu marre d’avoir honte de moi.

 J’avais pas plus tôt dit ça qu’on a entendu des branches qui craquaient. Au bout d’une minute, Mercy est apparue dans le halo du feu que j’avais préparé. Elle marchait lentement, comme une vieille. Quand elle s’est approchée, une forte odeur de lessive m’a piqué les narines. Un de ces détergents qu’utilisaient les blanchisseries dans leurs grandes cuves bouillantes et qui bouffaient la peau des mains. Mercy s’est arrêtée à un pas de moi. Elle a attrapé mon poignet, puis, ses yeux noirs rivés dans les miens, elle a lâché dans ma paume le salaire d’une demi-journée de travail.

 

Le lendemain a été une meilleure journée. On a décidé de contourner la ville pour voir si la chance nous sourirait plus dans les fermes de l’autre côté. On a veillé à marcher lentement. Mercy semblait moulue par ses heures de travail à la blanchisserie et ses pieds devaient encore être douloureux, malgré le baume de Walt. Pourtant, à en croire son menton qui pointait de nouveau vers l’avant, son succès de la veille lui avait redonné du poil de la bête. J’avais dans l’idée que son air de défi m’était adressé en particulier et je devais admettre que ça m’agaçait beaucoup moins qu’au début. Qu’elle ait trouvé une embauche, en milieu de journée, alors que Walt et moi avions échoué, qu’elle ait même décidé d’en chercher une malgré sa fatigue, je devais reconnaître que ça m’avait… ouais, impressionné, y a pas d’autre mot.

Sur le chemin, on est tombé sur un grand-père qui remplissait une brouette avec des bûches d’un énorme tas de bois. Il avait l’air d’avoir cent ans. Évidemment, Walt lui a proposé son aide et il a accepté volontiers. On lui a empilé le contenu de trois brouettes sous l’auvent de sa maison à deux cents pas de là, et il nous a glissé la pièce en nous remerciant. Il a même tapoté la joue de Mercy en lui chantonnant qu’elle était bien mignonne. On aurait cru qu’il parlait à une fillette de six ans. J’ai failli éclater de rire devant la bobine moitié reconnaissante, moitié affligée de Mercy. En tout cas, on avait tous le sourire aux lèvres en repartant.

 

On s’est arrêtés tôt pour bivouaquer. Mercy ne m’adressait toujours pas la parole — c’est vrai que je l’avais bien cherché et que moi non plus, je savais pas trop quoi lui dire —, pourtant l’ambiance était nettement plus légère que les jours précédents. Comme si chacun de nous deux avait lancé un fil vers l’autre. Un fil encore invisible et fragile, d’accord, mais c’était mieux que les murs qu’on avait dressés jusque-là. C’était peut-être plus facile comme ça, après tout. En tout cas, ça plaisait à Walt qui nous couvait des yeux.

Les pois mijotaient tranquillement dans la gamelle quand Walt a invité Mercy à prier avec lui. Ils se sont éloignés jusqu’au pied d’un grand érable où ils se sont agenouillés. Je me suis demandé qui bénéficierait des grâces du jour.

— Tu pries pas, toi, mon gars ?

La voix m’a fait sursauter. Elle ressemblait à un grincement de porte et j’aurais pas su dire si elle appartenait à un homme ou à une femme. J’ai dû me retourner pour avoir la réponse et même là, il m’a fallu quelques secondes pour décider. La petite taille et l’empilement de jupons et de châles aux couleurs passées indiquaient une femme. Mais dans la lueur du feu, le chapeau à larges bords, les grosses bottes, le teint buriné et la pipe à long tuyau plantée dans une bouche ridée auraient pu être ceux d’un vieil homme. Elle a traîné vers moi sa carriole à bras bourrée de chiffons. Ses yeux d’un bleu perçant m’interrogeaient toujours.

— Non, j’ai répondu. Pas mon truc, les bondieuseries.

Elle a émis un ricanement, comme si j’avais fait une blague, puis elle a haussé les épaules sans me quitter du regard et m’a soufflé :

— Du coup, tu restes là tout seul…

Ensuite, elle a essuyé sa paume sur ses jupes et me l’a tendue.

— J’m’appelle Chrissie Wagner. Vous auriez p’têt une place pour moi près d’vot’ feu, bonnes gens ? Pour le manger, je vous prendrai rien, hein. J’ai de quoi dans mon chariot.

Sa dentition ravagée aurait fait vomir un cheval, pourtant bizarrement, son sourire inspirait la sympathie. J’ai serré sa main en retour en hochant la tête.

— Bien sûr, Chrissie, installez-vous. Je suis Sam Carson.

Comme il fallait s’y attendre, Walt s’est montré ravi d’avoir une « invitée ». Il a joint son gros rire à celui de Chrissie quand elle lui a tâté sans façon le biceps en s’écriant :

— Toi mon gars, ils doivent se battre pour t’embaucher ! Et les femmes ? Des bras pareils, elles doivent rêver de les avoir autour d’elles, hein ?

Elle a ensuite salué Mercy qu’elle a scruté de haut en bas en gardant sa main un peu trop longtemps dans la sienne. Ses yeux se sont remis à briller curieusement, comme quand elle m’avait dit que je regardais les prières de loin, et un drôle de sourire en coin s’est formé sur ses lèvres. Il m’a semblé apercevoir un éclair de panique sur les traits de Mercy. Pourtant, les deux femmes ont laissé retomber leurs bras et se sont assises près du feu. J’avais dû me tromper.

 

Chrissie arpentait la région depuis des décennies pour vendre ses chiffons de ferme en ferme. À force, les gens attendaient son passage. J’ai vite été convaincu que les habitants du coin devaient apprécier la distraction qu’elle amenait plutôt que ses bouts de tissus. Ses anecdotes et ses grimaces valaient bien les vieux vêtements et les quelques pièces qu’ils devaient lui céder. On a rigolé plus d’une fois au cours de la soirée en l’écoutant nous brosser le paysage local, les habitudes des fermiers et l’ambiance des bourgades.

Quand on lui a raconté comment on avait fait chou blanc, Walt et moi, dans notre recherche d’embauche de la veille, elle nous a confirmé qu’on tombait pas au bon moment.

— Les gens d’ici crachent pas sur un peu d’aide si vous êtes pas trop gourmands, mais au sortir de l’hiver, ils savent jamais de quoi demain s’ra fait et le gros du boulot a pas encore commencé. Ils sont pas radins, juste prudents. Tout l’monde est pas capable d’apprécier les étoiles comme toit au-d’ssus d’la tête !

Sur cette dernière phrase, elle a éclaté de rire en levant ses paumes vers le ciel. Elle avait tellement l’air de savourer cette nuit que pendant un instant, je me suis dit qu’on avait vraiment de la chance.

— On r’viendra aux moissons, alors, a dit Big Boy. Pour aider.

Chrissie a encore rigolé, puis elle s’est tournée vers Mercy.

— Et toi, ma belle, tu trouves à travailler ?

— Oui, a répondu Mercy en levant le menton.

— Elle a fait une demi-journée, seulement. Elle est avec nous que depuis quelques jours.

Tous les trois m’ont dévisagé. Mercy m’a jeté un regard mauvais, Walt avait l’air dépité et Chrissie semblait s’amuser. Je sais même pas pourquoi j’avais dit ça. Je voulais pas rabaisser l’effort de Mercy, pourtant. Enfin, je crois. Je me suis tu en sentant mes oreilles devenir cramoisies.

— J’ai fait quelques heures à la blanchisserie de Virgin Falls, a expliqué Mercy. J’ai dû insister longtemps pour qu’ils me prennent. Même s’ils avaient une affiche sur la devanture, pour embaucher, ces idiots-là ! Peut-être qu’ils acceptaient pas les noires, je me suis d’abord dit, mais y en avait une autre. Et puis, comme il paye moins cher les gens de couleur, ça devrait bien les arranger, quand même. Alors, je sais pas pourquoi ils voulaient pas.

Elle nous avait pas raconté qu’elle avait eu toutes ces difficultés. À vrai dire, c’était la première fois que je l’entendais parler autant depuis son réveil dans la grange.

Chrissie Wagner a hoché la tête. Elle a bu une gorgée à une gourde en métal qu’elle avait sortie de son barda, l’a tendue à Big Boy, puis elle a souri à Mercy.

— Je crois qu’je sais d’où qu’ça vient, ma belle. C’est ta robe chic et tes chaussures de dame. J’pense pas que beaucoup d’filles se présentent à la blanchisserie avec des frusques pareilles. Encore moins — pardonne-moi — si elles sont noires. Des fois les gens réfléchissent de traviole et quand y voient deux choses qui vont pas ensemble d’habitude, ils en déduisent le pire.

Mercy a ouvert des yeux tout ronds.

— Vous voulez dire… qu’ils ont cru que j’étais une voleuse ?

Chrissie a opiné du chef avec son petit sourire en coin.

— Je serais toi, je vendrais ça chez une modiste. J’m’y connais en chiffons. C’est pas n’importe quoi qu’tu portes. Avec la lingerie qu’tu dois avoir là-d’ssous, tu dois pouvoir en demander deux, p’têt même trois dollars.

La main de Mercy s’est crispée sur la dentelle de son jabot comme si elle protégeait un trésor. Puis elle a laissé retomber son bras en prenant conscience de son geste.

La chiffonnière m’a fait passer la gourde et m’a regardé m’étouffer à moitié en avalant une gorgée de gnôle.

— J’te comprends, ma fille, elle a repris. Si j’avais d’jolies fanfreluches pareilles, j’aurais du mal à m’en séparer, tout comme toi. Mais si tu veux travailler, tu t’faciliteras la vie avec une tenue toute simple, crois-moi. Profite maint’nant qu’tu peux, après ce sera beaucoup plus difficile.

Mercy s’est levée tout d’un coup en s’époussetant.

— Il est tard.

En disant ça, elle a de nouveau refermé les doigts sur l’étoffe de sa robe, froissant dans son poing le large ruban qui marquait la taille. J’ai pensé que l’idée de Chrissie était bonne, mais que Mercy était pas prête à se séparer des affaires qui la liaient à son ancienne vie.

 

J’y réfléchissais toujours, allongé sous les étoiles, le dos contre celui de Walt qui ronflait doucement. À deux pas, Chrissie et Mercy étaient couchées l’une contre l’autre. Des nuages de fumée de pipe qui montaient vers le ciel me prouvaient que la chiffonnière dormait pas encore.

— Chrissie ? j’ai chuchoté en espérant que Mercy s’était assoupie.

— Mmmh ?

— Vous en auriez pas une, dans votre chariot, une robe qui lui irait ? Une un peu jolie quand même ?

Dans le halo du feu, j’ai vu le sourire en coin se dessiner sur le visage ridé.

— J’crois qu’j’ai ça, oui.

J’ai enfoui la main dans ma poche intérieure, tout au fond. J’en ai sorti le mouchoir brodé à mon nom que m’avaient donné mes petits vieux, les Cutler. J’y ai ajouté dix cents qui venaient de la vente de la veste de Walt, en me promettant de les remplacer d’une manière ou d’une autre. Enfin, j’ai tendu le tout à Chrissie.

— C’est joli, ça, elle a murmuré en examinant le carré de tissu. D’la baptiste, c’est très fin.

Elle a fait aucun commentaire sur la broderie, mais elle a empoché la pièce et le mouchoir.

— Je te donnerai la robe demain matin.

 

Je me suis réveillé à l’aube. Chrissie Wagner avait disparu avec son chariot et sa gourde. Bien pliés sur un coin de ma couverture, il y avait une robe à rayures bleues délavées et dessus, le mouchoir à mon nom.

 

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MrOriendo
Posté le 12/06/2023
Hello Isa !

Un super chapitre, j'ai beaucoup aimé la rencontre avec Chrissie. Ta plume est toujours aussi efficace pour donner vie à tes personnages, il te suffit de peu pour les rendre authentiques, uniques et attachants. C'est assez fou quand on y pense, car ils ont juste passé une soirée au coin du feu et discuté un peu, mais tu parviens à nous donner le sentiment qu'ils ont vécu un moment de partage et de convivialité assez incroyable, et ça fait chaud au cœur.

Pourtant, le chapitre ne s'ouvrait pas sous une perspective très joyeuse. C'est assez triste, cette vision de la vie qu'a Sam. Trimer sur les routes, survivre, ne jamais rien attendre de plus et tuer l'espoir pour ne pas souffrir. On ne peut qu'espérer que son voyage avec Walt et Mercy lui apprendra à poser un autre regard sur la vie.

Parlons-en, de Mercy. La voilà bien courageuse et débrouillarde. On la voyait effrayée, un peu aristo et un peu coincée, on se demandait comment elle allait pouvoir survivre à cette vie rude de saisonnier sur la route. Mais finalement, c'est elle qui a le courage de trouver de l'ouvrage et de leur rapporter un peu d'argent. C'est encourageant, et ça montre que son personnage est plus complexe que les apparences ne le laissaient suggérer. Elle a de la ressource !

Bref, j'ai adoré ce chapitre et je continuerai ma lecture avec plaisir.
À bientôt donc,
Ori'
Isapass
Posté le 20/09/2023
Salut Ori ! D'abord toutes mes excuses pour le délai de réponse, j'ai super honte ! Il se trouve que les notifications par mails ce sont désactivées malencontreusement et je n'ai vu que j'avais des commentaires en attente qu'il y a quelques jours, en postant mon dernier chapitre (dernier en date, pas dernier du roman, malheureusement). Donc, sorry pour ça !
Je suis ravie que ce chapitre t'ait plu et que tu aies bien "senti" l'ambiance de cette soirée au coin du feu. Je voulais justement que les personnages que rencontrent Walt, Sam et Mercy soient marquants, positivement ou négativement, même si on ne doit pas les revoir. " On ne peut qu'espérer que son voyage avec Walt et Mercy lui apprendra à poser un autre regard sur la vie." : c'est effectivement un des enjeux du roman, et les influences de Walt et Mercy joueront sans doute un rôle, mais aussi celles des persos secondaires.
Et en effet, Mercy a des ressources insoupçonnées ! Heureusement d'ailleurs parce que comme tu t'en doutes peut-être, je ne vais pas les épargner... Ceci dit, si le côté battante et débrouillarde de Mercy finit par manquer de crédibilité, n'hésite pas à me le dire !
Merci beaucoup pour ta lecture et ton retour plus qu'encourageant ! ♥
!Brune!
Posté le 07/03/2023
Bonjour Isa,
Il me semble avoir vu dans un de tes précédents commentaires que tu redoutais de perdre le ton du début. Je te rassure : il est bien là, charpenté à souhait, rugueux, parfois trivial, mais savoureux, parfumé comme le whisky qu'on aurait chipé dans la fiole de cette bonne vielle Chrissie !
Tu brosses tes personnages avec un art certain ; en quelques mots, ils se dressent devant nous, plus authentiques les uns que les autres. J'avoue un faible pour Sam (son côté introspectif sans doute ;-)
Une petite broutille cependant :
"Elle a émis un ricanement, comme si j’avais fait une blague, puis elle a haussé les épaules sans me quittait du regard et m’a soufflé : " sans me quitter
À bientôt
Isapass
Posté le 07/03/2023
Hello !
En effet, je suis loin d'être régulière dans mon avancement sur ce projet. Entre les chapitres 5 et 6, il s'est écoulé près d'un an. Et comme la "voix" de Sam n'est pas vraiment mon écriture naturelle, j'ai un peu peiné à la retrouver. Mais tant mieux si ça ne se voit pas tant que ça ! Et puis c'est du premier jet, donc rien qui ne puisse être retouché par la suite. En tout cas, ton commentaire fait chaud au coeur ! Je voulais que Sam, Walt et Mercy rencontrent des personnages marquants, alors c'est vrai que je me suis efforcée de rendre les personnages secondaires hauts en couleur. J'espère que les suivants te plairont aussi (parce qu'il y en aura d'autres !).
Merci pour la coquille (elle est vraiment moche, celle-là !) et merci pour ta lecture et ton commentaire.
Jowie
Posté le 09/10/2022
Isaaa
Revenir sur cette histoire, c’est comme boire un thé chaud près du feu avec de grosses chaussettes poilues <3

Ta maîtrise de la langue est impressionnante, car même si la plupart des personnages parlent de manière familière, tout est fait de manière si naturelle qu’il en résulte une sorte d’élégance ! C’est limite si j’entends l’accent américain en arrière-plan, j’adore !
Plus je lis sur Mercy, plus je l’apprécie. C’est une combattante ! Elle est active et trouve des solutions. Ça m’a trop fait mal au coeur quand elle comprend qu’elle doit se séparer de sa robe, je la comprends tellement !
En fait, ce chapitre est touchant dans son entièreté. Quand Walter dit: “C’est pas qu’pour elle. Pour toi aussi.”, j’ai dû m’arrêter pour m’écrier: “c’est trop mignoooon !” Et puis la vieille dame qui rend le mouchoir de Sam, aaaah. Trop d’émotions.

Je vois que Sam n’est toujours pas gentil-gentil envers Mercy, mais sa mauvaise conscience le travaille, alors il y a déjà un peu de progrès ! D’ailleurs j’applaudis le fait qu’il ne change pas d’attitude envers elle d’un jour à l’autre, c’est plus réaliste et crédible comme ça !

J’ai vraiment aimé ce chapitre. Je veux suivre ces personnages (et les nouveaux que tu introduis avec facilité et imagination) tout au long de leur aventure !

Remarques

“Parce que j’avais que quinze ans.” = En lisant ce passage, mon cerveau a complétement planté parce que je croyais que Sam était beaucoup plus âgé… genre 29 ans ou plus xD Vu mon rythme de lecture, sans doute que tu l’as mentionné avant et que ma mémoire l’a effacé !
Isapass
Posté le 11/10/2022
Mwooo, ça me fait très plaisir que mon histoire te fasse un "coin du feu" ! Avec chaussettes poilues, en plus !
J'aime beaucoup ce que tu dis sur Mercy : c'est ce que je voulais faire passer sur elle, elle avance.
Pour ce qui est de mon style, je n'en suis pas complètement satisfaite : j'ai l'impression qu'à force de vouloir rester simple, je construis toutes mes phrases pareil : "blablabla, mais blablabla". Enfin, si ça ne te gêne pas c'est peut-être pas si grave que je pensais XD
En effet, Sam n'est pas encore très sympa avec Mercy. Contrairement à elle, il a du mal à aller de l'avant, il bloque plutôt sur ce qu'il a perdu. Et puis ce serait trop facile s'ils s'entendaient bien tout de suite !
Beaucoup de lecteurices me disent que Sam fait plus vieux que son âge. J'en tiendrai compte en correction, mais je ne suis pas sûre que je modifie beaucoup, je pense que le texte y perdrait.
Je suis très contente que ça te plaise, en tout cas !
LionneBlanche
Posté le 08/09/2022
Coucou, Isa !

Il est chouette ce chapitre ! D’abord, Mercy prend sa revanche en travaillant et commence à gagner l’estime de Sam qui, même campé dans sa tristesse, avoue qu’il ne la déteste pas vraiment. Walt avait raison, ils vont finir par s’entendre, et elle prouve qu’elle n’est pas un poids mais peut contribuer au groupe. Elle est très courageuse.
Sam a de très tristes pensées sur l’espoir, par contre. Il n’a pas le moral et il en a beaucoup bavé, mais je suis convaincu que Walt va changer sa vie.
C’est vrai que ses pouvoirs tranchent avec sa profonde bonté, c’est ce qui m’a en partie emmenée sur la théorie de la possession, en plus de sa voix nocturne.
C’est vrai qu’il va falloir des vêtements à Mercy, et surtout des chaussures de marche, mais c’est normal qu’il lui faille du temps. Sam est gentil de lui acheter la robe, c’est un premier pas vers elle. J’ai été très surprise par le geste de Chrissie de lui laisser son mouchoir. C’est terriblement gentil : elle a dû deviner qu’il comptait.

Allez, dernier chapitre ! … :(
Isapass
Posté le 09/09/2022
Oui, Mercy est une battante, c'est ce que je voulais montrer avec la scène où elle montre son salaire à Sam.
Lui, comme tu le dis, il est beaucoup plus désabusé. Cette introspection est peut-être un peu longue, d'ailleurs, mais je voulais la mettre parce qu'elle définit bien Sam : il est en mode "survie" et il est persuadé que les "gens comme eux" ne peuvent rien espérer de bons. Mais il faudrait que je montre ça de manière plus subtile (mon objectif en correction, comme je te le disais dans ma réponse précédente).
Sa vie va peut-être bien être changée par Walt... et par Mercy ? Ils sont trois maintenant, après tout !
Chrissie est effectivement très gentille, c'est le genre d'intervention positive qui les aide à continuer. Il y en aura d'autres positives et négatives...
Tac
Posté le 01/09/2022
Yo !
J'aime bien ce chapitre ! Quel heureux fabuleux hasard qu'iels tombent sur une personne qui a des vêtements à échanger, quand même. C'est fou comme c'est pratique, la vie, parfois...
Tu m'as fait une frayeur, à la fin, j'ai cru que Chrissy était partie avec l'argent sans rien laisser.
Je sens que tout ce que vit Sam le travaille beaucoup, quand même, à se demander qui est le plus malheureux et qui a la meilleure attitude face à la vie, comment se débrouiller de ses galères : une femme noire valide, un type baraqué mais qui sait pas du tout négocier et défendre son bifteck et qui a manifestement des beaux traumas, et lui avec sa patte folle mais qui se pense le plus malin (et s'étonne que chaque perso qu'il rencontre se croit, lui, le plus malin). Je le trouve très touchant dans ses évolutions et circovonlutions.
Plein e bisous !
Isapass
Posté le 03/09/2022
Ah ah ! En effet, le hasard fait bien les choses ! Ou alors c'est justement parce qu'elle vend des vêtements que la chiffonnière donne cette explication à Mercy ? ;) Je laisse faire l'interprétation des lecteurices...
En effet, Sam s'interroge beaucoup sur qui est le plus malheureux et qui se débrouille le mieux. C'est un peu tout le thème du projet, d'ailleurs. Et tout l'intérêt de la présence de Walt et de Mercy auprès de lui : ils ne voient pas forcément les choses comme lui.
C'est marrant ce que tu dis "qui se pense le plus malin (et s'étonne que chaque perso qu'il rencontre se croit, lui, le plus malin)" : ce n'était pas aussi clair dans ma tête, mais c'est très bien vu. En effet, Sam pense qu'il a tout compris à la vie et à ses pièges et juge que tous ceux qui ne pensent pas comme lui sont des naïfs. C'est exactement ça. On va voir s'il évolue aussi sur ce plan-là...
Rachael
Posté le 31/08/2022
Quelle amertume dans les pensées de Sam : contre la terre entière, mais particulièrement contre le sort qui l’a fait naître « comme nous » (Pourtant je le savais que les gens comme nous pouvaient pas prétendre à grand-chose.)
C’est presque une critique sociale, sauf que Sam ne le formule pas si clairement : il y a nous et les autres. Avec sa lucidité, il fait beaucoup plus que ses 15 ans, mais ça passe quand même parce que bah, il est intelligent, Sam, et il voit bien comment marche le monde.
D’ailleurs, ça ne colle pas trop avec sa posture de vieux routier (En tout cas, à cause de la taille modeste des propriétés et de la rudesse des locaux, c’était déjà pas un coin très prospère pour les journaliers — je l’évitais le plus possible, en général. ). On dirait qu’il a arpenté la région toute sa loongue vie, alors cette phrase est peut-être un peu « too much ».
J’aime bien la relation naissante entre Sam et Mercy, avec Sam qui culpabilise à mort par rapport à ses réactions instinctives et finit par lui acheter une robe. La aussi, il est très lucide. Je me suis demandée s’il ne l’était pas un peu trop : un peu trop intelligent, un peu trop dégagé des préjugés (raciaux) du coin, un peu trop dans l’introspection. Pour moi c’est bien passé à la lecture, mais c’est après que je me suis demandé si Sam n’était pas un peu trop « parfait ». A voir par la suite...
Le personnage de chrissie est immédiatement sympathique, mais j’ai peur qu’elle ne fasse que passer...

détails
Elle nous avait pas raconté qu’elle avait eu toutes ses difficultés : ces
Isapass
Posté le 01/09/2022
Hello !
En effet, Sorryf m'a déjà signalé que la phrase "je l’évitais le plus possible, en général" donnait une impression trompeuse. Il faudra que je la retravaille ou que je supprime cette idée.

Pour ce qui est du côté "parfait" de Sam, je suis d'accord. Je t'avoue qu'en termes d'évolution et psychologie des personnages, je marche sur des œufs. En fait, je sais déjà que ce premier jet a pour but de poser l'intrigue, mais qu'il faudra que je reprenne tout l'aspect psychologique. Pas seulement celui de Sam, mais aussi celui de Mercy et de Walt. Pour l'instant c'est un peu "grossier", il faudra que je peaufine et que je rende tout ça beaucoup plus subtil. Du coup, ta remarque va m'aider parce qu'elle détaille les points sur lesquels je pourrai travailler.
Pour le côté "trop dans l'introspection"... je redoutais un peu que ça se voie XD. Je suis d'accord avec toi et je voulais éviter ça à tout prix. Je dois faire plus confiance aux lecteurices pour comprendre sans que j'explique. C'est un problème récurrent, chez moi ! Et cette histoire avait justement pour but de me forcer à y travailler. Il faut que je redresse la barre !

En effet, Chrissie n'est que de passage, mais ils vont rencontrer d'autres personnages, t'inquiète !
Sorryf
Posté le 01/08/2022
déjà la suite !!!! Trop contente \o/
Trop fière de Mercy qui a été gagner son pain toute seule !
Le nouveau perso Chrissie à l'air super ! j'espère qu'on la reverra !
quand Walt dit à Sam que s'il vend le manteau c'est pas que pour Mercy, mais aussi pour lui awwww mon coeur T_____T On oublie vite que Sam n'a que 15 ans.

"En tout cas, à cause de la taille modeste des propriétés et de la rudesse des locaux, c’était déjà pas un coin très prospère pour les journaliers — je l’évitais le plus possible, en général. " -> j'ai du mal à comprendre cette phrase, la partie "je l'évitais le plus possible" on dirait que Sam connaissait déjà cette ville ? il y a déjà été ?

Et je note que malgré son discours, Sam s'attache déjà à Mercy ! la robe qu'il achète pour elle, "un peu jolie quand meme" trop mignon <3<3 ça rattrappe un peu ce moment ou il la rabaisse pour avoir bossé "qu'une demi-journée" è.é
J'aime vraiment trop ton groupe de persos !
Isapass
Posté le 02/08/2022
Héhé oui, tu es tombée au bon moment, tu as lu 2 chapitres à la suite ! Je garantis pas que tu attendras aussi peu pour le suivant. Pourtant, j'ai hâte de l'écrire parce qu'il contient des scènes un peu clé.
En tout cas, c'est grâce à ton commentaire précédent que j'ai eu la bonne motivation pour terminer celui-là, donc merci !
Je suis contente que celui-ci t'ait plu, parce que les deux derniers sont assez introspectifs. J'avais peur que ça lasse, même si finalement, la relation entre Mercy et Sam évolue pas mal. C'est difficile à doser ! Il se passera normalement plus de choses dans les prochains, ce sera peut-être plus facile.
Je n'ai pas forcément prévu qu'on revoit Chrissie, mais qui sait ? D'autant que tu sais à quel point tu m'influences (cf. Warin dans les PL) XD. Mais ils vont croiser d'autres personnages hauts en couleur, j'espère que ça te consolera.

En effet, dans ma tête, Sam était déjà passé dans la région : comme il "fait la route" depuis déjà 4 ou 5 ans, il commence à avoir arpenté pas mal de région de l'état et à prendre ses habitudes. Mais si tu ne trouves pas ça clair, je préciserai.
"On oublie vite que Sam n'a que 15 ans" : on m'a déjà fait remarquer qu'il faisait plus que son âge. Tu trouves ça gênant, son comportement ou ses réactions par rapport à son âge ? Ou tu trouves le perso crédible ?

Et pour la fin : oui, Sam semble avoir décidé d'être plus cool avec Mercy. Il a peut-être un bon fond, ce garçon, finalement :)
Je suis très contente que mon trio te plaise, en tout cas.

Merci beaucoup pour ta lecture et ton commentaire ♥
Sorryf
Posté le 03/08/2022
Haha je patienterai sagement alors <3 !
Je trouve qu'il se passe quand meme pas mal de choses dans ces deux chapitres introspectifs, le rythme est bon !
C'est pas grave si on revoit pas Chrissie, elle a réussi à marquer rien qu'avec cette petite apparition ! Puis les rencontres d'un jour, c'est un peu un symbole de la vie de vagabond !
(Aaah, Warin le BG ! que de souvenirs <3)

pour l'âge de Sam, c'est vrai que quand tu rappelles qu'il a 15 ans je suis un peu tombée des nues (j'avais complètement oublié après cette longue absence) mais je me suis vite reprise : c'est une époque ou les enfants deviennent des adultes très tôt. Son caractère me parait crédible, sa jalousie envers Mercy est un peu gamine, donc pour moi il fait bien ses 15 ans (même si tu pourrais lui donner 16 ou 17 ans sans problème)
Par contre (et ça vaut seulement sur ces deux chapitres parce que je ne me rappelle plus des précédents sur ce point là) il me semble que 15ans même au début du XXeme siècle c'est jeune, et s'il y a des ajustements à faire, je les verrai plutôt dans les réactions des autres, des remarques genre "tu es bien jeune", des gens qui croient que Walter Cobb est son père, des gens qui l'appellent "petit" ou "gamin" ou "le gosse" etc.

Quand au fait qu'il arpente la région depuis 4 ou 5 ans, ça fait qu'il aurait commencé à 10, 11ans, et là par contre je pense que ce serait trop jeune pour qu'il fasse ça seul, il devait voyager avec des gens ? qu'il en parle de temps en temps nous ferait mieux assimiler son age, en plus de résoudre la question que je me suis posée dans ce chapitre : je croyais qu'ils voyageaient au hasard, alors qu'en fait Sam connait déjà la région.

Du coup, Sam est plus jeune que Mercy ? (je lui donnais dans les 14-15 ans aussi)

Prends toutes ces remarques avec des pincettes, parce que j'ai lu les précédents chapitres il y a très longtemps, et peut-être que dedans ces questions d'âge et de voyage sont déjà éclaircies !
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