Chapitre 7

Plusieurs semaines passèrent sans aucune nouvelle de Noah. La vie avait repris son entrain normal. Baldo et moi cherchions du travail mais personne ne voulait nous en donner, on commençait à se décourager. Emie et Pop nous avaient imposé de trouver un emploi en règle et nous avaient bien évidemment interdit de voler à nouveau.

Le soir, nous étions tous assis à table quand Emie lança une nouvelle un peu folle.

  • Op, à partir de demain, tu vas travailler au château, je suis arrivée par le biet d’une connaissance à t’avoir un emploi en tant que femme de chambre.
  • Au château ? Je ne sais pas si c’est une bonne idée après les précédents événements.
  • La question ne se pose même pas, tu dois trouver un emploi et il est hors de question pour que vous continuez vos bêtises donc demain matin tu te rendras au château. C'est un emploi stable et fiable. Et ne t’avise pas d’être renvoyé sinon tu vas m’entendre.
  • Je me tiendrais, soufflais-je.

Baldo riait aux éclats en se tenant le ventre.

  • Au fait, tu y vivras également. Tu pourras toujours venir à la maison pendant tes jours de congé.

Baldo cessa ses ricanements et me fixait du regard avant d’ajouter.

  • Mais maman, elle ne peut partir vivre au château. Comment on va faire pour se voir ?
  • Ne t’inquiète pas, tu pourras la voir car tu y vas également pour travailler aux écuries. Vous vivrez donc tous les deux au château.

Un sourire se dessinait sur le visage de Baldo, heureux de la nouvelle. Quant à moi, je ne savais pas trop quoi en penser. J’étais heureuse d’avoir un emploi mais de l’autre partir vivre au château, me partageait. Je pourrais voir Noah et enfin comprendre ses agissements mais de l’autre, je devais me méfier des gardes et de mes précédents allers-retours au palais.

Le lendemain, après une nuit courte à réfléchir, nous nous rendîmes au palais, cela faisait bizarre de pouvoir y rentrer sans infraction. Un homme et une femme nous attendaient devant l’entrée des employés. L’homme se nommait Albor, il s’occupait de l’écurie. Baldo partit avec lui seulement quelques instants après notre arrivée. Quant à la femme, il s’agissait de Mme Bioss, la gouvernante. Elle me guidait jusque dans ma chambre où je déposais mes affaires. Puis elle me dit visiter le château tout en m'expliquant ce que l’on attendrait de moi. Mon rôle allait consister à nettoyer, servir les repas et aider ses majestés de n’importe quelle façon. Quelques après mon arrivée, on me donna les premières instructions qui étaient assez simples, je devais m’atteler au ménage des chambres occupées en veillant à ne rien toucher des affaires personnelles des occupants. Je n’eus aucune difficulté à me repérer dans les couloirs car je les connaissais déjà pour certains.

            Ma journée commença par la chambre des souverains, je changeai les draps, nettoyer, enlever la poussière, préparer le feu avant de passer plusieurs heures à la chambre suivante. Il s’agissait de la chambre d’Emilie puis ce fut celle de Noah. Et la journée passa vite. Je ne vis ni Emilie et Noah, ce qui me soulageait d’un point.

Quand j’eus fini mon ménage, je me rendis à la cuisine pour dîner. Quand je rentrais dans la pièce, une délicieuse odeur de nourriture l'enveloppait. Mon estomac gronde de faim. Baldo se trouvait déjà là. Je me servais une assiette avant de m’asseoir à ses côtés.

  • Alors cette première journée, demanda Baldo.
  • Pas si pire et toi ?
  • A peu près pareil.

Il s’avança vers mon oreille avant de me demander :

  • Tu as vu ton prince ?

Je me reculai brusquement avant de lui tapoter l’épaule.

  • Vous êtes ensemble ? demanda un jeune homme qui vint s’installer en face de nous.

On se regardait avec Baldo avant d'éclater de rire.

  • Nous ? Sortir ensemble ? Beurk, ce serait comme sortir avec ma sœur ! s’exclama Baldo.
  • Tu es ? demandais-je.
  • Annick, je bosse en tant que valet. Et vous ?
  • Baldo et elle s’est Op.
  • Si vous n’êtes pas ensemble comment cela se fait-il que vous sembliez aussi proche tous les deux. Ajouta Ellie, une jeune fille qui travaillait en cuisine.
  • On se connait depuis longtemps, on a grandi ensemble et on a toujours vécu ensemble. Réponds-je. Nous sommes comme frère et sœur.
  • Donc je peux faire des avances sans risquer d’énerver quelqu'un, lança Annick.
  • Exactement, lança Baldo à qui je lançais un coup de coude dans les côtes.

Nous rîmes un bon moment tout en discutant.

Quand nous eûmes fini de manger, il était l’heure de servir le diner de ses majestés. Mme Bioss m’expliqua la marche à suivre pour le bon déroulé du repas. A tout de rôle, nous allions amener les plats à table. Portant chacune des assiettes, nous nous rendîmes à la salle à manger. Nous y pénétrâmes, la salle était magnifique remplie de dorure. Une magnifique et immense table était dressée. De part et d’autre de la table se trouvaient le roi et la reine et entre chacun d’entre eux se trouvait un enfant, Émilie d’un bord, Noah de l’autre. Alors que je rentrais dans la pièce, je devinais Noah mais celui-ci se trouvait dos à moi. Mais je me trouvais face à Emilie qui remarqua aussitôt ma présence, son visage se transforma de surprise juste avant de reprendre son expression normale. Je croisais son regard mais je continuais à ne rien laisser paraître. Je contournais la table afin de remettre l’assiette à Emilie quand je me redressais, Noah m’observait ahuri. Je ne savais plus où me mettre jusqu'à ce que le roi interpellât son fils.

  • Tout va bien, Noah ?
  • Oui, oui, j’étais perdu dans mes pensées. Excusez- moi.

Chaque plat que je ramassais ou déposais, chaque pas que je pouvais faire dans la pièce, le moindre de mes faits et gestes, je pouvais sentir le regard que Noah posait sur moi, me détaillant à chaque instant. J’allais la sensation d’être à nue par son regard si lourd.

Quand le repas fut fini, j'ai aidé à nettoyer la cuisine puis une fois fini, je remontai dans ma chambre. Alors que je sortais de la cuisine, une main puissante m’attrapa et me tira à l’écart. Je ne me débattais pas me doutant de qui c’était. Quand je suis retournais, je vis Noah me scrutait.

  • Opale, que fais-tu là ? Tu ne devrais pas être là. demanda Noah.
  • Je travaille, affirmais-je.
  • Tu travailles ? Tu ne pouvais pas trouver un autre emploi, loin du château.

Je n’aimais pas sa réponse. Je n’avais pas vraiment eu le choix du travail, ni du lieu. Emie ne m’avait pas laissé le choix. Et après l'accrochage avec les gens du marché, on était mieux ici avec Baldo car je n’en doutais pas que cet accrochage n’était rien comparé à ce qu’ils nous auraient fait si on était revenu dans les parages.

  • Je vois que ma présence t’enchante tant que ça, cela fait plaisir. Mais vois-tu, nous n’avons pas toujours le luxe de choisir où et quand travailler.

Ma réponse le laissa bouche bée.

  • Si tu as fini, je suis fatiguée et on m’attend.

Je l'évitais passant à côté de lui et je me dirigeais vers ma chambre. Je remontais les escaliers doucement. J’espérais que Noah me suive mais il ne fait rien.

Je savais que Baldo m'attendait dans ma chambre. On s'était donné rendez-vous pour se voir. J’arrivais dans la pièce, Baldo était étendu sur mon lit à moitié endormi. Je me mets en pyjama et je le rejoins. Je m’allongeais dans ses bras, la tête contre son torse.

  • Baldo ?

Il fit un simple son me signifiant qu’il m’écoutait.

  • J’ai vu Noah…

Aussitôt, il se redressa dans le lit et me fit face.

  • Qu’est ce qui s’est passé ? demanda-t-il.
  • J’ai servi le repas, il était là. Il était surpris. Puis, quand nous étions seuls, il était en colère que je sois là.
  • Vraiment ?
  • Oui… Je ne sais pas à quoi je m’attendais, on n’est rien l’un pour l’autre.
  • Op… soupira Baldo avant de me serrer dans ses bras.

 

Durant la nuit, je fis encore ce même rêve, je me noyais de plus en plus, mes poumons avaient plus d’air et cette voix continuait d’hurler mon nom. Mais cette fois-ci, le rêve semblait beaucoup plus réel, trop réel. Tellement que cela me réveilla en sursaut au beau milieu de la nuit. J’étais transpirant et haletante, la peur restait en moi. Pourtant je ne parvenais pas à comprendre d'où ce rêve pouvait venir, ni sa signification. J’enfilais un pantalon et une chemise avant de sortir de la chambre. J’avais besoin de sortir prendre l’air. Je sortis discrètement du château et me rendis dans les jardins. Je déambulais pieds nus, ressentant la fraîcheur de la nuit sur mes pieds et sur mon visage. La tension en moi s’apaisait petit à petit.

J'escaladais le mur et m’assis tout en haut, j’observais le jour se lever petit à petit. De mon perchoir, je pouvais voir tout le village d’un côté et de l'autre le château avec ses magnifiques jardins. J’étais si bien, comme si par la hauteur rien ne pouvait m’atteindre, comme un sentiment de sécurité, de paix.

 

La vie continua ainsi pendant plusieurs jours, je faisais mon ménage dans les chambres et j’aidais à servir certains repas. Quand je croisais Noah, il y avait toujours ses parents. On feignait de se connaître, nous ignorant totalement. Puis un jour, Emilie demanda à me voir dans ses appartements. Je me trouvais devant la porte, je n’hésitais en ne sachant pas ce qu'elle souhaitait. J’ouvris la porte et rentrai dans la chambre.

  • Op, te voilà. Je suis heureuse de te voir.
  • Moi aussi, majesté, répondis-je en exécutant une révérence
  • Op, pas de ça avec moi.
  • Bien.

Je ne savais pas vraiment quoi dire, je me trouvais assez mal à l’aise.

  • Op, puis-je te poser une question ?
  • Bien sûr. Que veux-tu savoir ?
  • Que fais-tu ici ?
  • Ton frère ne t’a rien dit ?
  • Vous vous êtes parlé alors, affirma Emilie, un sourire en coin.
  • Qu’est ce qui te fait sourire, demandais-je.
  • Vous deux. Je me doutais bien que vous vous étiez parlé. Mon frère est étrange depuis ton arrivée.
  • Il n’est pas vraiment heureux que je sois là, je pense que c’est pour cela.
  • Crois-tu ? Car je suis convaincu du contraire.
  • Comment ça ?

Elle s’assit sur un sofa et m’invita à la rejoindre de la main.

  • Op, ma chère Op. Vous ne me simplifiez pas les choses tous les deux. Va le voir, il est dans son bureau. J’ai prétendu vouloir lui parler pour qu’il puisse te voir. Va lui parler, je suis sûr qu’il a honte de sa réaction le soir de ton arrivée.
  • Alors il t’a raconté ?
  • Un peu. Allez vas-y.
  • Merci.

Je me relevais et me rendis dans le bureau de Noah, je frappais avant d’y rentrer. Quand il s'aperçut de ma présence, il se releva aussitôt de sa chaise avant de venir à ma rencontre.

  • Op, que fais-tu là ? Emilie c'est ça ? Demanda-t-il alors qu’il venait de comprendre le stratagème de sa jeune sœur.
  • Oui.
  • Que veux-tu ?
  • Parler… J’aimerais comprendre. J’aimerais comprendre pourquoi tu m’aides depuis que l’on se connait, comprendre ta réaction quand je suis venue la dernière fois. 
  • Tu devrais demander à ton petit ami ! s’énerva-t-il.
  • Mon quoi ?
  • Tu sais celui qui t’attendait la dernière fois.
  • Je rêve, tu es en train de me faire une scène par rapport à Baldo.
  • Même toi, tu le dis.
  • Noah, Baldo n’est pas mon petit ami, c’est mon frère pas de sang mais c’est tout comme.
  • Je ne comprends pas ?
  • Je vis avec Baldo et ses parents depuis presque toujours. C’est eux qui m’ont élevé.
  • Ohhh….
  • Et il a été engagé en même temps que moi ici. Quand je t’ai vue, il m’attendait dans ma chambre.
  • Je vois. Donc c’est ton frère ?
  • Oui, exactement. Maintenant que ce point est résolu, peux-tu m’expliquer ta réaction près de la cuisine s’il te plait.

Il passa la main dans ses cheveux, mal à l’aise que j’aborde le sujet.

  • Je… C’est dangereux que tu sois là.
  • Pourquoi ?
  • Je n’étais pas forcément autorisé à me rendre dans le village. Quand je t’ai défendu devant le marché, je me suis attiré les foudres de mon père. Il ignore qui tu es mais je ne sais pas ce qu’il pourrait faire s’il découvrait qui est la femme que j’ai défendue. Mon père peut être sans pitié.
  • C’était pour me protéger ? demandais-je en posant ma main sur son bras délicatement tout en le regardant dans les yeux.

La chaleur de la pièce grimpa brutalement, je sentais mon cœur s'accélérer. Le désir de l’embrasser grimpait en moi.

  • Peut-être, chuchota-t-il avant de venir déposer ses lèvres sur les miennes tout en douceur et délicatesse. Ce fut si agréable.
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