Depuis qu’Olivia Omahe était arrivée au camp de l’Est, Alek était tourmenté par des sentiments bien contradictoires. La première fois qu’il l’avait aperçu, le choc avait été violent. Alek avait immédiatement reconnut les marques sur le corps de la jeune femme (il avait vu tant de personne frappées à mort que c’était une image presque familière). Olivia était couverte de tâches violacées et chaque pas lui arrachait une grimace.
Cela faisait trois jours qu’Alek était à l’agonie, qu’il tournait en rond, enchaînant les nuits blanches, ne se nourrissant plus. Plusieurs fois - il en était sûr - elle avait dû frôler la mort. Pourquoi la simple idée qu’il lui arrive quelque chose le plongeait dans une telle angoisse ? Immobile comme un lézard, il passait ses journées assis à l’ombre d’un arbre. Lui qui était déjà maigre faisait maintenant peur à voir. Il sentait l’énergie s’amenuiser en lui, et jusqu’à toute once de volonté. Il avait tergiversé sans trêve, tenaillé par la faim. Si cette dernière avait fini par disparaître au bout du deuxième jour, cela ne l’avait pas délivré de ses douloureuses hésitations. A présent il n’avait même plus la force de la rejoindre, ce qui réglait la question. Il ne restait que la fatigue, accablante. Il songea avec ironie que jusqu’à la fin il n’aurait jamais trouvé le repos.
- Alek ! Sérieusement !
Est-ce qu’on lui parlait ?
Le Commandant Clovis Medon du clan Medon. Une plaie. C’était d’ailleurs ainsi qu’il le surnommait depuis que ses cousins le lui avaient coltiné. Le moins qu’on puisse dire, c’est que Medon accomplissait sa mission avec zèle.
— Bordel Alek ! Tu peux m’expliquer ce qui se passe ?!
Alek soupira profondément : Medon ne le laisserait jamais tranquille. Il se releva lentement, mobilisant toute son énergie pour lui faire face sans vaciller. Il fut forcé de cligner des yeux pour s’habituer à la lumière du jour. Clovis l’observait avec son habituel mine de paon effarouché — le Commandant avait la fâcheuse tendance de toujours prendre les choses trop personnellement.
— Tu ressembles à un mort, l’admonesta-t-il.
— Il n’y a donc pas de quoi s’inquiéter.
— Alek ! Je ne sais pas si tu cherches à te laisser mourir mais vu de l’extérieur ça en a tout l’air. J’imagine que qu’il est inutile de te demander ce qui ne va pas ?
Alek lui répondit par un silence éloquent. Clovis gonfla les narines :
— Soit. Puisque ton attitude n’a aucun sens, je vais te rappeler ce qui en a : notre mouvement. Tu as vécut à Stronk la majeur partie de ta vie, et contrairement à la plupart des condamnés, toi et tes cousins avez survécus. Pense-y Alek. Tu n’avais rien à faire dans cet enfer, et nombre de ceux que tu as vu crever probablement non plus. Pour toi, pour eux, il faut continuer le combat. Tu n’as pas le droit de nous lâcher.
— Ta compassion t’honore.
Alek avait parlé plus sèchement qu’il ne l’aurait souhaité. Clovis se souciait peu de sa vie, pour ce qu’elle valait. C’était un homme qui sous des airs flegmatiques cachait un calculateur impitoyable. Il n’aurait reculé devant rien pour obtenir une armée aussi puissante que celle des Tartars, et en cela Alek représentait un atout inespéré. Qu’il meure certes, mais utilement sur le champ de bataille.
L’Empereur avait privé Clovis Medon, digne représentant du clan Medon, des honneurs et de l’estime dont il avait joui toute son existence. Il ne s’était jamais remis de cette déchéance. Son désir de vengeance s’accompagnait probablement d’une ambition qu’Alek ne mesurait pas bien encore. Mais Clovis faisait grandement erreur en imaginant qu’ils puissent partager les mêmes motivations.
La plaie tenta alors de faire peser toute son autorité :
— Je te préviens, soit tu te reprends, soit je fais appel à mes hommes pour t’alimenter de force, à la petite cuillère s’il le faut !
Il fit une grimace - comme indigné de s’abaisser à un tel niveau - puis s’éloigna à grandes enjambées. Depuis leur toute première rencontre, Medon vouait à Alek une curieuse fascination et l’avait traité en conséquence comme l’un de ses proches. C’était la première fois qu’il se risquait à lui donner un quelconque avertissement : il devait réellement le considérer dans une situation critique. Alek se laissa glisser au sol, exténué par cette courte conversation. Le Commandant reviendrait, c’était certain, quitte à mettre sa menace à exécution.
Alek n’aurait pas su dire ce qui l’avait soudainement poussé à se trainer jusqu’au forum - les menaces de Clovis ou son d’instinct. Mais il s’était levé, péniblement, et avait commencé à déambuler vers le camp principal.
On l’observait avec pitié. Alek était depuis longtemps habitué à lire le dégout, la peur, la haine ou la moquerie sur le visage de ses interlocuteurs. Mais susciter de la pitié… c’était nouveau. Cela l’interrogea brièvement sur la gravité de son état. Il se laissa guider par les bonnes odeurs de nourriture et s’approcha du feu central. Le responsable des cuisines se contenta de le gratifier d’un haussement d’épaule puis le laissa s’installer pour patienter jusqu’à l’heure du dîner.
Et maintenant Elle était là, face à lui. Im-po-ssi-ble. Alek inspira profondément. L’air s’engouffra dans ses poumons comme une tornade, avant de fondre dans son sang. Le liquide se mit à pulser dans tout son corps. Il se cramponna au tronc d’arbre sur lequel il était assis pour ne pas tomber à la renverse.
Tout palpitait.
Il eut l’impression d’être drogué, sa tête lui tournait, impossible de dire si c’était le manque de nourriture ou la joie qui explosait en lui à chaque battement de cœur. Sa surprise était telle qu’il eût l’impression de vivre un instant complètement irréel. Est-ce qu’il rêvait ? Etait-ce vraiment Elle ? C’était une jeune femme de taille moyenne, à la physionomie délicate et réfléchie. Il lui trouva un charme extraordinaire, lumineux. Alek avait souvent essayé de la figurer mais la réalité dépassait de loin ses espérances. Certes, il avait conscience de perdre son objectivité en toute chose la concernant. Ils étaient destinés l’un à l’autre, après tout.
Il ressentit une pointe de culpabilité et de colère en avisant les lésions sur son visage : qui avait pu la mettre dans un état pareil, pauvre petite créature ? Non qu’à partir de ce jour il ne laisserait quiconque lui toucher ne serait-ce qu’à un seul de ses cheveux.
Elle l’observait avec de grands yeux curieux, emmitouflé dans un infâme manteau tout crotté. Ses iris avaient la couleur de l’herbe coupée, un vert intense qui vous clouait sur place. Jamais Alek n’avait imaginé connaître une telle félicité. Un bonheur merveilleux, aussi pur que l’air.
C’est à ce moment-là qu’il prêta attention à l’émotion. Comme un parfum capiteux, aussi poreuse qu’un morceau de fromage trop affiné.
Commisération.
Voilà tout ce qu’il lui inspirait : de la pitié ! Une blessure s’était ouverte, béante. Aussi loin qu’il s’en souvienne, Alek espérait cette rencontre : il y avait fondé ses espoirs, supporté le pire dans cette unique attente. Confronté à la réalité, ses fantasmes étaient en train de voler en éclats. Il en avait la nausée.
Il détala à toute jambe pour ne pas se mettre à hurler. Puis revint bientôt sur ses pas, amer. Si ce coup de fouet l’avait momentanément remis sur pied, il finirait tôt ou tard terrassé par la faim. Alek mangea à l’écart, mais suffisamment proche du forum pour pouvoir observer la jeune femme à son insu. Ses lèvres lui évoquaient la chair juteuse d’une grenade. Elle semblait complètement absorbée par son propre repas et fronçait ses longs sourcils (si joliment dessiné qu’ils semblaient tracés au pinceau). Ses cheveux châtain tombaient en une cascade floue autour de ses épaules.
Qu’espérait-il ? Evidemment qu’elle n’allait pas le reconnaître et lui tomber dans les bras ! Sans doute le trouvait-elle-même repoussant ? Qu’allait-il faire maintenant ? Pouvait-il essayer de se rapprocher d’elle, peut-être de gagner son amitié ?
En son for intérieur, il sut que jamais il ne se contenterait de si peu : il la voulait, exclusivement, entièrement à lui. Il la comblerait, c’était une certitude, et leur bonheur ne connaîtrait pas de troubles. Alek était partagé entre l’euphorie et l’abattement le plus total : il se consumait pour elle alors qu’elle ne savait même pas qui il était ! C’était d’un pathétisme…
Recentre-toi !
La façon dont il réagissait ne lui ressemblait pas. Réfléchir posément, adopter un plan d’action. Il était quelqu’un de méthodique, d’organisé. Il devait garder les idées claires : elle était là maintenant. Il tenait la situation sous son contrôle.
Alek dormi peu cette nuit-là, se réveillant à intervalle régulier pour prendre des collations énergétiques, une bouillie de pain aux dates et aux noix additionnée de lait concentré. Ses capacités de récupération étaient hors norme : on l’avait cru de nombreuses fois condamné, et il s’était toujours relevé. Sa bosse elle-même n’était pas une déformation ordinaire de la colonne vertébrale mais une plaie purulente qui aurait immédiatement dégénéré en septicémie chez le commun des mortels. Pourtant Alek n’avait jamais considéré que le fait d’être en vie soit une chance : sa difformité lui causait une douleur atroce et permanente. Personne ne pouvait le comprendre, imaginer ce qu’était de souffrir chaque seconde, souffrir à en perdre la raison. Personne sauf Elle.
Les jours passant, Alek développa une véritable obsession vis-à-vis de la jeune femme. Partout où elle se trouvait, il n’était jamais très loin. Il ne se lassait pas de la regarder, des heures durant : l’apercevoir le matin au réveil, les yeux bouffis et les cheveux en bataille suffisait à illuminer sa journée.
Olivia. Il répétait son prénom comme un talisman. Olivia. Il l’avait appris dans des circonstances assez particulières. Lors de son évaluation par le Commandant Medon, la fille à la crinière de feu – sa soi-disante cousine – avait choisi de se mesurer à lui pour un combat régulier. C’était le lendemain de leur arrivée à toutes les deux et bien entendu Olivia était présente, spectatrice à la fois attentive et soucieuse. Elle ressentait pour cette Tilma Oclamel un attachement dense comme du bois de chêne, à la puissante odeur d’encens, ce qu’Alek ne s’expliquait pas encore. Ce n’était pas évident à vivre pour lui : par la force des choses il était plutôt enclin à apprécier Tilma Oclamel également, bien qu’il ne la connût pas. La force de son lien avec Olivia possédait son revers, elle pouvait donc l’influencer de manière très intime.
Tilma était dotée d’un grand sens de l’observation. Elle l’avait jaugé sur quelques mouvements de sabre seulement, et cela lui avait suffi pour déceler sa singularité. L’affronter était pour elle un moyen de le contraindre à dévoiler l’étendue de son art. La pauvre allait être déçue. Clovis Medon avait jeté un regard explicite à Alek, lui faisant comprendre qu’il pouvait refuser l’invitation. Etant donné l’état dans lequel il l’avait trouvé la veille, l’inquiétude du Commandant était fondée. Alek avait néanmoins accepté le duel : c’était une bonne opportunité d’entrer en contact avec Tilma et puis il éprouvait un besoin furieux de se défouler. Brenair Balaya du clan Moade venait tout juste de le mettre dans une rage folle. La réputation de l’homme était à la hauteur de sa médiocrité : un séducteur invétéré, un connard prétentieux… Le Commandant lui avait une fois confié que Brenair avait rejoint la résistance pour le seul prestige qu’il espérait en retirer. Il était issu d’un clan très modeste et avait eu la mauvaise idée de naître avec une trop belle gueule - cela avait fait naître en lui quelques ambitions. Balaya n’était pas un mauvais Avel-lazher, Alek avait eu l’occasion de le constater, mais il n’était pas aussi fort que lui-même le croyait. Le bellâtre avait dû séduire une dizaine de femmes dans le camp, forçant d’ailleurs Medon à intervenir pour régler les querelles que cela avait engendré. Que la gente féminine se déchire pour ses beaux yeux ne suffisait pas à Brenair Balaya, toujours à la recherche de défis et de nouvelles conquêtes à posséder le temps d’une nuit.
Et sa nouvelle cible se trouvait manifestement être Olivia.
Le sang d’Alek n’avait fait qu’un tour. Elle lui appartenait. Si Balaya se mettait en travers de son chemin, il le détruirait sans aucune hésitation. Il observa Brenair discuter avec Olivia, souriant à la manière d’un cheval, sûr de son charme. Alek ne put retenir un sifflement de haine : Il allait lui briser les dents, lui couper les membres un à un ! C’était insupportable. Olivia était fort heureusement trop concentrée sur Oclamel et les jumeaux Tsuro pour être sensible au numéro de charme.
Le duel contre Tilma avait évidemment tourné à son avantage. La plupart des Avel-lazhers mémorisaient des patterns, des enchaînements au sabre qu’ils travaillaient sans relâches, jusqu’à ce que la mémoire des mouvements s’imprime dans leur corps et deviennent automatiques. Oclamel utilisait un nombre de pattern plus élevé que la moyenne mais comme beaucoup de jeune sabreur, son style manquait d’imagination : Alek n’avait eu aucun mal à analyser son jeu très appliqué. Chacun de ses coups était d’une précision remarquable. Il reconnaissait qu’elle avait de la ressource, de la niaque. Elle irait loin. Une membre du clan Fara, c’était intéressant : il était pourtant notoire que le clan avait été décimé. Alek s’en souvenait pour avoir rencontré les derniers survivants, expédiés à la prison de Stronk pour y mourir l’un après l’autre. Il résolut de se renseigner sur Tilma auprès de Clovis Medon.
Le style Fara, issu de la voie Rone, était néanmoins efficace : une technique brut, sans fioriture ni moulinets. Alek nota quelques mouvements de sabre qu’il pourrait reprendre à son compte. Il se battait dans un style de son invention, un mélange des différentes voies Mai, Tak et Rone, qu’il modifiait au gré de ses rencontres.
La présence d’Olivia était un handicap certain. La douce créature se rongeait les sangs, sentiment qui exsudait le souffre et le lait caillé et déconcentrait Alek. Comme il aurait aimé être l’objet d’une telle sollicitude ! Plus elle était proche physiquement et plus ce qu’elle ressentait résonnait intensément en lui. Mais lorsqu’elle était traversée d’une émotion vive, les conséquences étaient toutes autres encore. Il allait le découvrir à ses dépens.
Alors qu’il s’apprêtait à porter le coup décisif contre Tilma, Olivia avait eu soudainement très peur pour son amie…et l’impensable se produisit. Alek n’avait rien vu venir : d’un coup, il avait eu l’impression d’être attaqué par une seconde personne, la sensation de se faire écraser la poitrine. La respiration coupée, il s’était tourné vers la source de l’agression. Olivia le fixait à quelques mètres, médusée. Il pouvait presque sentir les battements désordonnés de son pouls : l’instinct lui commandait d’aller la rassurer. Le temps qu’il reprenne ses esprits, il était déjà trop tard : le sabre de Tilma entaillait son bras.
Alek étouffa un juron.
La blessure n’était guère profonde et c’est à peine s’il notifiait la douleur, ridicule comparé à celle qu’il endurait en permanence. Mais comment Olivia avait-elle pu l’ébranler à ce point ? Cela ne devait plus se reproduire.
— Ça va ?
Olivia s’était matérialisée derrière lui. Alek eu l’impression de recevoir une décharge électrique. Son cœur s’emballa. Elle avait une voix si mélodieuse…
La jeune femme dégoulinait d’empathie. C’était une émotion caoutchouteuse, aussi suave qu’une mangue bien mûre. La situation ne pouvait être pire. L’humiliation d’Alek fit rapidement place à de la colère. Il se méprisait et la détestait en même temps de le bouleverser autant. C’était trop d’un coup. Il avait envie à la fois de l’enlacer et de la malmener. Il allait devenir dingue. Il était déjà dingue d’elle. Il voulait qu’elle le voie comme un homme, qu’elle le désire, qu’elle ne puisse pas vivre sans lui.
Olivia…
L’incident avait été l’unique fois où ils s’étaient parlé. Depuis, Alek n’avait tenté aucun rapprochement. Il avait beau connaitre Olivia intimement par bien des aspects, il n’avait pas de mode d’emploi quant à la manière d’éveiller son intérêt. Il se demandait comment avait fait ses semblables avant lui : affranchis des tares dont lui-même était affligé, la tâche leur avait sans doute été grandement facilitée. Alek était conscient de ne pas posséder les mêmes attributs qu’un Brenair Balaya. Aucune femme n’avait cependant jamais eu à se plaindre de lui.
Il avait remarqué quelque chose d’extrêmement pratique : il pouvait facilement localiser Olivia en se fiant à l’intensité de leur lien. Plus elle était près de lui, et plus ce dernier était puissant. C’était somme toute un jeu extrêmement intuitif de chaud et de froid. Dès qu’il était disponible, Alek se transformait en harceleur-discret : il suivait Olivia partout, à son insu. Quand Tilma accompagnait la jeune femme, il lui était plus difficile de ne pas se faire repérer : étonnamment, Oclamel surveillait régulièrement ses arrières. Si elle nota quelquefois sa présence, elle n’en laissa toutefois rien paraitre. Alek devinait que cette attitude de bête traquée cachait un très lourd passé. Olivia, elle, n’avait vraisemblablement pas conscience d’une telle attitude chez son amie. La présence de Tilma n’avait pas que des inconvénients : pour commencer, elle constituait un relais fiable pour la protection constante sa bien-aimée, d’autant plus qu’en dehors de leurs occupations journalières, les deux femmes se séparaient rarement. Plus important, elle maintenait Brenair Balaya à distance, l’homme n’ayant toujours pas renoncé à poursuivre Olivia de ses assiduités.
Cette dernière avait commencé à travailler avec le boucher Bruno et sa fille Idyle. Alek n’aurait jamais imaginé qu’Olivia puisse exercer un tel métier. Il n’était pas le seul. Lorsque Yujie Gann - un membre de la garde rapprochée de Medon - l’avait présenté, Bruno Emargie du clan Sutansat n’avait pas caché son scepticisme. Il avait demandé du renfort, pas une seconde assistante ! Elle n’allait que le ralentir, était-elle au moins capable de porter un krut adulte?
Ce n’était peut-être pas la première fois qu’Olivia faisait face à ce genre de remarque car elle n’avait pas cherché à se défendre. Sans revendiquer quoi que ce soit, avec l’efficacité d’une professionnelle rompue à la tâche, elle s’était attelée à toutes les besognes que le boucher lui avait attribuées. Elle possédait des couteaux de belle facture, qu’elle maniait à merveille. Alek l’observait fasciné, découper, désosser les carcasses, manche relevées et sueur au front. Qu’elle était belle ainsi, ses cheveux châtain relevés en queue de cheval. Son visage prenait des couleurs, elle se mordait les lèvres puis abattait sa feuille d’un coup sec et maîtrisé. Une véritable artiste. Bruno Emargie avait dû regretter ses propos, lui qui parlait déjà peu, et la traitait dorénavant en égale. Alek l’avait même surpris en train d’imiter le savoir-faire d’Olivia, dont celui – inimitable - qui permettait à la bouchère de parer les morceaux de viande sans pratiquement perdre de chair.
Idylle Emargie était une adolescente de quatorze ans pleine de vivacité. En mal de compagnie de son âge (les familles étaient rassemblées dans un autre lieu), elle vit en son étrange collègue une nouvelle source de divertissement et ne cessa plus de l’entretenir de ses nombreux centres d’intérêt et de toutes les rumeurs croustillantes qui circulaient dans le camp. Olivia l’écoutait, riant poliment aux plaisanteries sans néanmoins se détourner de son travail. Elle gardait toujours dans ses expressions, soit par un froncement de sourcil ou un pli à la commissure des lèvres, une impression réfléchie qui la caractérisait. Les deux bouchers et leur jeune assistance avaient rapidement embrassé une nouvelle routine et les cuisiniers se montraient très satisfaits des arrivages de viande, plus nombreux qu’auparavant.
Se sachant lui-même sous observation discrète mais attentive, Alek se montrait prudent et continuait à s’entrainer assidument. L’escrime représentait pour lui une véritable religion, la quête d’un absolu. Il accomplissait ses exercices comme des rituels, dans un état proche de la méditation. Chaque mouvement était décomposé centimètre par centimètre, exécuté des milliers de fois jusqu’à en saisir l’essence profonde. Il connaissait dans ces moments-là un apaisement pareil à nul autre, comme si son esprit se détachait de son corps malade. Mais l’envie n’y était plus, rien ne semblait pouvoir détourner ses pensées d’Olivia. Sa frustration grandissait jour après jour. Chaque matin, il prenait de nouvelles résolutions : essayer de lui parler, au moins. Ou simplement lui dire bonjour sans l’effrayer. Mais sa timidité (il n’aurait su vraiment dire) ou peut-être la honte de se savoir si laid, de se savoir si inférieur à elle…l’amalgame de sentiments contradictoires - ses désirs égoïstes, sa crainte d’être rejeté – tout cela le confortait sur le moment à garder sa réserve naturelle et ne rien faire. Alek ne s’était jamais senti aussi démuni. Il avait grandi dans un endroit où la moindre faiblesse était synonyme de mort et ne savait exprimer son désarroi que sous forme de colère. Il en devenait tellement nerveux que ses mains tremblaient constamment. Lorsqu’il croisait le regard d’Olivia - cela arrivait de temps en temps - il ressentait chez elle un profond malaise (une émotion de neige, froide et humide) : elle détournait rapidement la tête, comme pour cacher de sa vue un spectacle déplaisant. Cela plongeait Alek dans une détresse inimaginable. Son calvaire semblait sans fin.
Depuis quelques jours, il régnait au sein du camp une petite effervescence. Les bonnes nouvelles s’accumulaient, et elles étaient suffisamment rares pour que l’on s’en réjouisse ouvertement. Le Commandant Medon veillait à maintenir le flou sur les détails les plus sensibles, l’exécution d’une cinquantaine de résistants sous dénonciation ayant entrainé un renforcement de la sécurité. Il se murmurait que de récentes campagnes de recrutements avaient renforcé significativement les rangs de la résistance, et que plusieurs clans important s’étaient engagés sur un soutien logistique (étant donné les risques que cela impliquait, de tels appuis devenaient inespérés). C’était peu d’informations, mais cela suffisait à insuffler l’espoir et la remobilisation de tous.
— Ça ne va pas assez vite !
Alek observa Clovis Medon shooter dans un caillou qui partit ricocher contre un arbre.
— Tu es impatient.
— Si les clans n’étaient pas aussi frileux, nous aurions sans doute une chance ! Les Etcho sont pourtant de retour, que veulent-ils de plus ?
Alek soupira intérieurement : Medon l’avait naturellement choisi comme confident, ce qui était loin de le réjouir. Supporter ses sempiternelles jérémiades était cependant le prix à payer pour être tenu au courant des dernières actualités.
Vingt ans auparavant, l’Aria, une alliance constituée par deux cent trente-quatre clans, avait déclenché la guerre civile en menant les premières offensives contre L’Empereur Karza Etcho. Les liens de solidarité construits au fil des siècles entre les clans formaient alors un immense réseau pareil à une toile d’araignée. Le pouvoir impérial fit face à un phénomène de dominos : dès que l’armée venait à bout d’un clan rebelle, un second rejoignait l’Aria au nom de lois fraternelles. L’Empereur n’avait dès lors eu de cesse que de détruire ces alliances : une nouvelle hiérarchie sociale bouleversa les rapports entre clans majeures et mineurs. Pour la première fois, les groupes les plus modestes eurent accès aux fonctions les plus prestigieuses de l’Empire ; et dans cette frénésie où se mêlaient ambitions personnels et désirs de vengeances, la délation devint une arme redoutable.
Vingt ans plus tard, la résistance se tenait sur les restes fumants de l’Aria, le pays meurtri à jamais.
Dans ce contexte, convaincre un clan de rejoindre leur mouvement s’avérait extrêmement difficile. C’était pourtant la seule stratégie viable : affronter les Tartars avec les cinquante mille combattants que comptait la résistance aurait équivalut à un suicide collectif.
— Aram, Ewen et Gildas ont-ils prévu une prochaine visite ?
— Pas si les évènements ne les y obligent. Aram se trouve au Nord à plus d’un mois à cheval.
Alek se sentit immédiatement plus léger : c’était la seule réponse qui lui importait depuis le début de leur échange. Il s’obligea à alimenter la conversation :
— Le clan Dyami?
— Oui. C’est Chilali Aponivi qui en a pris la tête. Sa mère est détenue à Harfang.
Onacona Aponivi, la mère de Chilali, était probablement la seule personne qu’Alek craignait autant qu’il respectait. Le clan Dyami était mythique dans l’Empire, il n’était pas étonnant que Karza ait choisi d’en « inviter » les membres les plus éminents à la cours impériale – moyen efficace d’éviter toute rébellion.
Le Commandant poursuivit :
— Chilali Aponivi a accepté de les recevoir, mais je présage déjà de sa réponse. Tous ces pourparlers me rendent fou. Nous perdons du temps alors que l’Empereur gagne en puissance jour après jour !
— Nous arrivons après la bataille, Clovis. Nous marchons dans les pas de ceux qui nous ont précédés. La terre est encore imbibée de leur sang.
Medon se crispa imperceptiblement sous l’allusion. Il avait été de ceux qui avaient soutenu Karza à ses débuts, séduit par ce prince si brillant, ce réformateur qui propulserait enfin les meilleurs à la place qu’ils méritaient. Son ambition l’avait conduit à devenir l’architecte de véritables massacres. Alek avait entendu son histoire dans les moindres détails à l’époque où désirant rejoindre la résistance, Clovis avait dû faire amende honorable. Il avait gardé l’image d’un Général Tartar qui n’était alors plus que l’ombre de lui-même. L’Empereur possédait un talent particulier s’agissant d’imaginer de nouveaux modes d’exécution. Il avait probablement été bien inspiré au sujet de Rothari, Le frère de Clovis, pendu nu par les pieds à l’un des remparts d’Harfang.
Clovis était resté auprès de son aîné durant les trois jours qu’avait duré son agonie. Il avait vu Rothari humilié, le visage boursouflé, hurler qu’on l’achève. Et lorsque son frère avait été réduit au silence, desséché, c’était ses yeux creux qui avaient continué à supplier. L’Empereur s’était montré magnanime en autorisant Clovis à récupérer le cadavre de son frère pour l’enterrer.
Accusé d’intriguer contre le pouvoir, Rothari Medon avait été condamné pour trahison. Son triste sort rejailli sur tout le clan Medon, reléguant ses membres à un rang subalterne. Cela, Clovis n’avait pu le supporter. Ecrasé par la douleur, révolté par le déclassement des siens… le Général Tartar s’était mis à vouer une haine violente à l’égard de son souverain. Apprenant l’évasion des cousins Etcho de la prison de Stronk, il n’avait pas mis longtemps avant de faire défection.
La remarque d’Alek mit fin à la conversation : après un bref salut, Le Commandant regagna ses quartiers. Alek eu alors la sensation qu’un feu venait de s’allumer dans son dos : dans quelques minutes, il savait que son corps s’embraserait. Il dégluti lentement. Olivia finirait par se dévoiler tôt ou tard, il suffisait de l’observer pour s’en convaincre. Tilma Oclamel n’avait pas été très rigoureuse dans la couverture qu’elle lui avait créée : Olivia ne possédait même pas d’édate, ce que n’importe quel Lufzan notifiait au premier regard. La jeune femme devait absolument quitter le camp, là où il pourrait assurer lui-même sa protection. Ici, il pouvait difficilement agir sans éveiller les soupçons. Alek ne voulait pas imaginer le sort qui serait réservé à sa bien-aimée si on découvrait sa véritable identité. Elle, l’unique espoir de renaissance du clan Etcho. Il savait que le temps jouait contre lui.
Cela faisait maintenant un mois qu’Olivia était arrivée au camp de l’Est et Alek n’était toujours pas parvenu à apporter le moindre changement à sa situation. Il se leva ce matin-là sans enthousiasme, plombé par une grande sensation de fatigue. C’était son second fardeau : pas une nuit ne s’achevait sans qu’il ne se soit réveillé à plusieurs reprises gémissant de douleur, sans compter les heures passées à trouver une position de sommeil confortable. Sa tente était installée à l’extérieur du camp, non loin d’une cascade difficile d’accès. Plus personne ne s’hasardait dans cette zone depuis qu’il avait attaqué un jeune garçon un peu trop curieux. Pendant ses crises les plus aigües Alek perdait tout self-control et l’imprudent s’en était sortie de justesse.
Alek n’avait besoin de personne pour assurer sa propre survie : il chassait avec adresse, savait reconnaitre les plantes sauvages comestibles et confectionnait jusqu’à ses propres vêtements. Il avait dû apprendre très tôt.
C’était Anna qui lui avait transmis tout ce qu’elle savait. La domestique, sourde de naissance, avait accepté la charge difficile de l’éduquer. Plusieurs avait abandonné avant elle : Alek était alors un enfant de quatre ans qu’indifférence et mauvais traitements transformait progressivement en enfant sauvage. Anna, se disait-on, aurait au moins l’avantage de ne pas entendre ses lamentations incessantes. La nourrice avait pourtant eu une affection immédiate pour le petit bossu sale et plein de morve. Elle avait lu le besoin d’affection dans ses yeux, deux minuscules flaques bleues perdues dans un océan de douleur. Originaire de contrés reculées de l’Ouest où les habitants avaient appris à tirer le meilleur d’une nature hostile, Anna avait enseigné à Alek comment construire des pièges, cuisiner une soupe délicieuse avec trois fois rien ou encore coudre des habits dont le tissu lui effleurait à peine le dos… Leur amitié avait malheureusement duré trop peu de temps.
Alek se rinça le visage à l’eau clair puis s’ébouriffa les cheveux. Olivia se levait toujours à la même heure, il fallait qu’il la voie. Il galopa vers le camp, saluant les veilleurs qu’il croisait sur son chemin. Les deux amies avaient emménagées dans une yourte flambant neuve montée un peu à l’écart des autres. Alek s’installa à son poste habituel d’observation, dissimulé par la végétation.
Tilma émergea la première de la tente, visiblement contrariée. Elle se dirigea droit vers les sources chaudes sans attendre Olivia. Cette dernière apparut quelques secondes plus tard et lui emboita le pas. Alek sentit un mélange de joie et de soulagement, une émotion ravigorante, fondante comme du caramel chaud. Cela ne concordait pas du tout avec l’hypothèse d’une dispute. Il passa la matinée à tenter de s’expliquer la scène. Alek n’avait jamais vu les deux femmes entrer en conflit jusqu’à présent : Oliva témoignait à Tilma un attachement proche de la dévotion. Qu’avait bien pu irriter l’une pour au contraire réjouir l’autre ? Il avait le pressentiment d’avoir manqué une information de la plus haute importance.
Contre toute attente, ce fut Clovis Medon qui lui apporta la clef de l’énigme. Alek le croisa au centre d’entrainement : le Commandant y effectuait sa visite quotidienne, accompagné de sa garde rapprochée. Leur présence déclenchait une surenchère comique parmi les combattants, chacun s’efforçant de faire la meilleure impression. Alek n’était guère d’humeur à faire la conversation mais il lui était impossible d’éviter Clovis : celui-ci avait pour habitude de l’entretenir chaque jour des derniers évènements du camp. Resté en retrait avec les autres Avel-lazhers, Yujie Gann lui lança un regard plein d’animosité. Alek répondit par un rictus moqueur. Gann ne s’était jamais mesuré à lui : il l’attendait. Yujie était surement offensé de la place privilégiée qu’Alek occupait auprès du Commandant et qu’il estimait devoir lui revenir. Pour un homme pétri orgueil tel que lui, c’était un motif suffisant de détestation. Alek n’avait que faire de ce genre de considérations, Olivia était sa seule et unique préoccupation. Mais pour la première fois son semblant de relation avec Medon pouvait lui être utile.
Clovis aborda incidemment le sujet des cousines Fara :
— J’ai attribué une première mission à Tilma Oclamel du clan Fara. Il y aurait des mouvements de Tartars remontant vers le Nord et j’ai besoin de savoir ce qu’il en est. Les jumeaux Tsuro l’accompagnent, ils garderont un œil sur elle. Si l’expédition est un succès, j’estimerais qu’Oclamel est fiable.
— Je n’ai pas de doute sur ce point.
— Oclamel m’a demandé ce matin d’inclure sa cousine à la mission…Omahe, si je me souviens bien du nom.
Alek tressailli.
— Tu as accepté ?
— Je n’y vois pas d’inconvénient, dit Clovis d’un ton nonchalant. Cette fille est sans doute plus douée pour découper un animal qu’un humain (il sourit de sa propre plaisanterie), mais elle pourrait être amenée à se battre, comme nous tous. Et puis c’est une Fara, ils ont ça dans le sang.
Alek réfléchit à toute vitesse.
— Je souhaiterais également participer.
Clovis leva un sourcil tout en le dévisageant.
— Pourquoi cette demande soudaine ?
Alek fit un effort pour répondre le plus calmement possible :
— Je suis resté inactif trop de temps, j’en ai besoin. Je ne cours aucun risque sur une mission de si faible envergure.
Il ne servait à rien de trop argumenter, au risque d’attirer les soupçons. Alek savait que Clovis avait pour ordre de le surveiller. Grace à Maine et Tarcle Tsuro, qui appartenaient au clan Medon en lesquels il avait toute confiance, le Commandant pourrait obtenir un rapport sur ses faits et gestes. Avec un peu de chance, cela suffirait à faire pencher sa décision.
— Est-ce que cela a un rapport avec Tilma Oclamel ? demanda Clovis.
Alek eu envie d’applaudir. Clovis se félicitait sans doute pour sa perspicacité et cela lui convenait parfaitement.
— Evidemment que non.
Le Commandant Medon sembla amusé par ses propres pensés.
— Un sacré bout de femme, n’est-ce pas ? Ne sois pas rude avec elle (il prit un air entendu) : ce qui est arrivé entre vous n’était après tout qu’un accident.
Il marqua son assentiment de la tête :
— Très bien, la mission sera donc sous ton commandement. J’ai convoqué ton équipe demain.
Alek relâcha ses épaules. Son soulagement était presque palpable : Olivia serait en sécurité auprès de lui. Il désapprouvait profondément sa participation : se rendait-elle compte du danger qu’une telle aventure pouvait représenter ? Malgré tout, il ne pouvait se cacher ressentir une sorte d’excitation à l’idée de la côtoyer durant plusieurs jours. Alek n’aurait pas pu rêver meilleure occasion pour apprendre à mieux la connaître. Peut-être le verrait-elle sous un jour nouveau ? Le statu quo qu’il vivait depuis un mois était pire que tout.
Il priait pour qu’Olivia comprenne à quel point ils étaient faits l’un pour l’autre. Qu’elle voit au-delà de sa laideur. Il ne pouvait abandonner cet espoir.
Que voici un chapitre dense ! J’ai eu un petit doute dans la chronologie ; j’ai cru que la séance d’entraînement (où Tilma combat Alek) était établi le lendemain de leur arrivée. Or, il a l’air de s’écouler un peu de temps entre l’arrivée des filles et cette scène de combat. Au début du chapitre précédent, ça vaut le coup de placer un indicateur temporel (je suppose que ça a bien dû agacer Tilma d’attendre autant pour être testée !)
Je ne sais pas si c’était voulu, mais j’ai trouvé cet attachement (magique, certes) plutôt malsain. Ce point-là, à mon sens, rejoins la liste des choses qui me plaisent dans ton histoire. Tu arrives, par de petites touches non-négligeables, à faire un pas de côté par rapport à certains acquis de littératures young adult ; une relation qui ne fait pas envie, un héros difforme, une héroïne bouchère. Ca paraît tout con, mais moi ça me plaît beaucoup.
On ajoute que tu écris bien, naturellement;)
Mais :/
Et je m’en excuse, je sais que c’est un « mais » pas du tout agréable à lire. Encore une fois, c’est subjectif, et tu en fais ce que tu veux. C’est mon ressenti de lectrice.
Passer du point de vue d’Alek, c’est bien, mais je pense que là c’est trop tôt. Olivia qui débute chez le boucher et rencontre sa fille, Alek qui la suit, qui se montre fasciné par elle à le rendre flippant, j’aurais préféré le découvrir du côté d’Olivia. C’est elle qu’on suit ; on est encore en pleine découverte de ce monde, de ses problèmes, de ses personnages.
A mon sens, c’est par elle que tout doit encore passer. Si ce lien magique est fort j’aimerais savoir si elle en ressent quelque chose ou si, au contraire, elle n’en ressent rien et du coup se méfie d’Alek. Vu l’aplomb dont elle fait preuve depuis le début, j’aimerais la voir envisager de le confronter, de lui demander clairement pourquoi il la suit. Je veux la voir accepter ou refuser les avances de Balaya. Je veux la voir prendre ses marques.
Bref, il y a trop à découvrir du point de vue d’Olivia.
De plus, en faisant ainsi, tu pourrais parler de la politique de ce monde de manière plus condensée. C’était un gros pavé sur les familles, les clans, les victimes, et qui nous rejoint les rebelles et qui ne le fait pas… Pour être honnête, je ne suis pas certaine d’en avoir retenue grand-chose. Il est évident que tu maîtrises ce que tu racontes, que tout est clair pour toi ; du coup, cette clarté peut permettre au lecteur de vraiment faire son chemin dans ton monde.
La première moitié du chapitre souffrait aussi de l’effet « résumé ». Ce qu’on lisait, on l’avait déjà vu.
Je ne suis pas certaine qu’une bouchère soit réellement utile en mission. N’aurait-elle pas dû s’entraîner durant ce mois ? Apprendre à se défendre ? J’aurais plutôt vu Tilma les obliger à la prendre à leur côté ; « on ne se sépare plus depuis la perte du clan Fara » ou « Elle fait des crises de panique quand on est loin, je promets de la prendre sous ma responsabilité ». Enfin, quelque chose comme ça.
Je pense qu’il y a une raison pour qu’elle parte en mission, mais je crois qu’il faut une raison un peu plus solide pour qu’elle y participe.
Désolée pour ce commentaire. Qu’il ne te décourage pas ! Ton histoire a pleins de bonnes choses dans sa besace !
Je remarque d’ailleurs ce rythme de postage de chapitre hallucinant ! Le forum étant en panne, je me dois de te demander ici : Tu as tout écrit ? C’est en combien de tomes ?
<3
Oui j'ai déjà terminé le roman, tu imagines bien qu'il me serait impossible d'écrire tout ça en 10 jours ^^. Je l'ai écrit dans mon coin et je voulais avoir des avis objectifs (j'envisage d'écrire au moins deux tomes supplémentaires).
Alors je vais reprendre tes remarques dans l'ordre :
Pour le point de vue d'Alek, j'alterne avec celui d'Olivia tout le long de l'histoire. C'est sur cette alternance que se joue l'intrigue, elle est donc importante à mon sens. Alek et Olivia sont mes deux personnages principaux.
Les questions que tu te poses concernant Olivia (est ce qu'elle ressent quelque chose, sa relation avec Brenair, comment elle perçoit Alek etc), tout vient naturellement dans les prochains chapitres, donc ça me rassure que tu fasses la remarque.
Comme tu le dis il y a déjà beaucoup d'informations et j'approfondie les personnages et l'intrigue au fur et à mesure.
Dans le prochain chapitre d'ailleurs, j'explique pourquoi Olivia participe à la mission.
ça m'intrigue le fait que tu puisses trouver l'attachement malsain. C'est le fait qu'il la suive?
Ne t'inquiète pas, cela ne me décourage pas :) Soit libre de dire les choses comme elle te vienne, ça nourrit ma réflexion et c'est pour ça que je suis là.
Pour son attachement, ben... oui, je suis désolée si en fait ce n'était pas un parti pris mais je trouve ça décrit de manière négative :/
En partie parce que tu en fait beaucoup, ce qui rend l'obsession maladive. Ensuite, oui, parce qu'il la suit. Il le dit lui-même :
"Dès qu’il était disponible, Alek se transformait en harceleur-discret"
Un harceleur c'est pas une image très jouasse "xD
"qui avait pu la mettre dans un état pareil, pauvre petite créature ? Non qu’à partir de ce jour il ne laisserait quiconque lui toucher ne serait-ce qu’à un seul de ses cheveux."
""En son for intérieur, il sut que jamais il ne se contenterait de si peu : il la voulait, exclusivement, entièrement à lui. Il la comblerait, c’était une certitude, et leur bonheur ne connaîtrait pas de troubles."
Ca ce sont des mots très forts qui expriment la possession de l'autre et non sa liberté, son existence.
"Les jours passant, Alek développa une véritable obsession vis-à-vis de la jeune femme. Partout où elle se trouvait, il n’était jamais très loin. Il ne se lassait pas de la regarder, des heures durant : l’apercevoir le matin au réveil, les yeux bouffis et les cheveux en bataille suffisait à illuminer sa journée."
Pareil, le stalkage c'est effrayant.
" L’humiliation d’Alek fit rapidement place à de la colère. Il se méprisait et la détestait en même temps de le bouleverser autant. C’était trop d’un coup. Il avait envie à la fois de l’enlacer et de la malmener. Il allait devenir dingue. Il était déjà dingue d’elle. Il voulait qu’elle le voie comme un homme, qu’elle le désire, qu’elle ne puisse pas vivre sans lui. "
Et ce passage démontre que son désir de possession pourrait le rendre violent.
Tu dis qu'il est du genre à perdre le contrôle, à s'emporter (et son histoire l'explique bien), mais là tu mêles ça à son amour pour Olivia.
Moi, à la place de Tilma, surtout si elle la remarquait qu'il les suivait, j'irai lui casser la gueule "xD
Il s'est passé quoi entre Alek et Tilma ?????? °o°
Sinon, j'aime beaucoup aussi les chapitres du point de vue d'Alek. Celui-ci nous apprend pas mal de choses, et le lien qui unit Alek à Olivia... Eh bien, ça ressemblerait bien au lien évoqué dans le résumé ! Ce qui voudrait dire, que Olivia est l'Impératrice ? Et que du coup, dans le prologue, on parle d'Alek... Pfff, ce septième chapitre nous amène bien trop de questions ! XD
Sinon ben... Je t'avoue que je sais pas toujours quoi te dire en fait o-o
J'ai hâte de savoir ce qu'il va se passer pendant cette mission :p
"La première fois qu’il l’avait aperçu" → aperçue
"Alek avait immédiatement reconnut" → reconnu
"Alek ! Sérieusement !" → c'est un point en début de phrase, pas un tiret ^^
"Tu as vécut à Stronk la majeur partie" → vécu / majeure
"toi et tes cousins avez survécus" → survécu
"les menaces de Clovis ou son d’instinct" → son instinct, non ?
"depuis longtemps habitué à lire le dégout" → dégoût
"Non qu’à partir de ce jour" → je trouve ça un peu bizarre... Après peut-être que c'est une formulation qui m'est inconnue ^^
"il ne laisserait quiconque lui toucher" → je pense que le 'lui' n'est pas nécessaire
"emmitouflé dans un infâme manteau" → emmitouflée
"Il détala à toute jambe" → toutes / jambes
"Alek dormi peu cette nuit-là" → dormi
"une bouillie de pain aux dates" → dattes
"additionnée de lait concentré" → j'aurais peut-être plutôt mis 'à du lait'
"un sifflement de haine : Il allait lui briser" → pas de majuscule à 'il'
"mais comme beaucoup de jeune sabreur" > jeunes / sabreurs
"plusieurs clans important s’étaient engagés" → importants
"les rapports entre clans majeures et mineurs" → majeurs
"aurait équivalut à un suicide collectif." → équivalu
"Il dégluti lentement" → déglutit
"l’imprudent s’en était sortie de justesse" → l'imprudent
"qu’indifférence et mauvais traitements transformait" → transformaient
"Alek tressailli" → tressaillit
"Alek eu envie d’applaudir" → eut
"sembla amusé par ses propres pensés" → pensées
En tout cas merci pour ton commentaire, tu avances rapidement dans ta lecture ! Le chapitre suivant te réserve quelques réponses ;)
J'ai l'impression que la liste des fautes a diminué de moitié... ha ha je plaisante.
Merci encore pour ton aide!
Ma question c'était parce que à la fin, quand Alek demande à accompagner Olivia, Tilma et leurs compagnons, Clovis demanda si c'était par rapport à Tilma. Et après il y a un des deux hommes qui dit 'Un sacré bout de femme, n’est-ce pas ? Ne sois pas rude avec elle (il prit un air entendu) : ce qui est arrivé entre vous n’était après tout qu’un accident.". Moi je l'ai compris comme Clovis qui disait ça à Alek en parlant de Tilma ^^ Mais peut-être que c'était pas du tout ça, désolée ^^°
En fait Le Commandant taquinait Alek sur le fait que Tilma l'ai battu. Du coup il s'imagine et que piqué au vif il commence à s'intéresser à elle.
Mais bien sûr ce n'est pas le cas.
Ça ne devait pas être très clair la manière dont je l'ai écrit apparemment :/
Je ne l'avais pas compris comme ça ^^
Peut-être faudrait-il à ce moment reformuler ça... Peut-être intégrer le mot "victoire" ? ^^