Chapitre 8

Par Ysaé
Notes de l’auteur : N'hésitez pas à commenter et à donner votre avis :)

Les repas du soir clôturaient de longues journées de labeur et étaient l’occasion de se retrouver entre camarades dans un joyeux tohu bohu. Les cuisiniers faisaient preuve d’une inventivité très appréciable malgré un choix de denrées limité : le gibier se voyait accommodé à toutes les sauces, céréales et légumes étaient assaisonnés de manière différente chaque jour. Au milieu des bruits des conversations et des raclements de cuillère, Olivia se sustentait d’un pâté végétal au pain rassis et aux restes de courgettes. Elle avait fait la connaissance de quelques résistants, notamment des filles qu’elle croisait tous les jours aux bains, mais Tilma répugnait à se mélanger aux autres et elles restaient isolées toutes les deux la plupart du temps. Même si Olivia trouvait que la méfiance de son amie atteignait parfois un degré excessif, elle ne s’en plaignait pas outre mesure car Oclamel était à elle seule d’excellente compagnie.

Après d’intenses heures de travail, Olivia laissait son esprit flotter. Ses pensées s’égaraient, et il lui arrivait parfois de songer à sa vie laissée en Bretagne et à ses proches. Tilma disait qu’il était impossible de retourner dans le monde Ivy (c’était ainsi qu’elle nommait son monde). Evidemment Olivia ne pouvait accepter une telle idée : l’aspect définitif lui aurait été insupportable. Elle se disait tout logiquement qu’un chemin aller signifiait un chemin retour, c’est pourquoi elle ne souffrait pas d’être séparée de ses parents, bien qu’imaginer leur détresse liée à sa disparition lui était pénible. Quant à son ex Maxime, elle n’y pensait plus, ou seulement pour souhaiter que sa nouvelle copine lui menât une vie d’enfer.

Loin d’être obsédée par son retour à Rennes, Olivia tendait donc à apprécier son quotidien en plein air et son travail à la boucherie avec Bruno et sa fille Idyle. Chaque jour lui réservait son lot de découvertes. Les Lufzans semblaient notamment posséder des pierres magiques pour tous les usages. Un héritage des temps anciens, selon Tilma. Il était possible, par exemple, d’enfermer des messages dans des pierres épîtres, sortes de dictaphones à la mode Lufzanne. Tilma lui en fit la démonstration durant l’une de ses sessions consacrées à la culture locale. La pierre épître avait l’aspect d’un cristal lisse et transparent.

— Ce sont des organismes vivants, dit-elle en caressant l’objet, c’est pourquoi il faut les manipuler avec respect. Imagine, certaines d’entre elles renferment des messages vieux de milliers d’années ! C’est un véritable trésor national !

— Comment ça fonctionne ?

— Les pierres épîtres comprennent une langue primaire que tu dois être seule en mesure de parler dans tout l’Empire.

Olivia secoua la tête. Elle n’aimait pas lorsque Tilma faisait des allusions à ses prétendus dons. Il était clair que la jolie rousse ne lui avait pas tout dit sur ces femmes Ivy, probablement par peur de la braquer. Mais la façon dont elle veillait jalousement sur elle, sa déférence parfois, suffisait à procurer à Olivia un désagréable sentiment d’imposture.

Tilma ferma les yeux, porta la pierre épîtres près de sa bouche et se mit à chantonner :

Ecoute, écoute…

Le souffle du vent réchauffe la terre

Les bourgeons ont éclos.

Ecoute ma chanson. L’été arrive bientôt...

— C’est beau, dit Olivia.

— Vraiment ? Tu peux me traduire ?

— Mais enfin tu viens de le chanter !

— Ne le fait pas exprès, soupira Oclamel, je t’ai dit qu’il s’agit d’un langage très ancien, disparut des mémoires depuis longtemps. J’ai appris la formule par cœur comme tout le monde mais je n’ai pas la moindre idée de sa signification.

Olivia savait que son amie ne mentait pas, pourtant elle s’obstinait toujours à nier les évidences. Elle voulait vivre son aventure avec légèreté et considérait davantage le camp de l’Est comme un camp scout que comme une base de combattants. S’impliquer réellement dans les histoires de Tilma l’aurait plongé de quelque chose qui la dépassait et auquel elle ne se sentait en rien concernée. Elle refusait d’endosser le rôle de cette femme Ivy, la sauveuse aux pouvoirs prodigieux que son amie lui attribuait. Certes, elle ne pouvait pas systématiquement ignorer la souffrance dont elle était témoin : elle voyait des résistants revenir sur des civières, affreusement mutilés ou déjà morts. Elle ne pouvait pas non être sourde aux récits poignants des camarades sur les exactions de l’armée Impériale. Mais elle n’avait aucun moyen d’y changer quoi que ce soit. Lorsque certaines scènes lui étaient insoutenables (l’image d’une femme quasiment scalpée l’avait particulièrement marquée), Olivia fermait les yeux et s’éloignait le plus loin possible. Ce n’était pas son problème. Elle avait déjà assez endurée.

Tilma tenait toujours l’épître dans sa main. Elle la lui tendit :

— N’ai pas peur.

— Ça ira, ce n’est qu’une pierre quand même. 

— Répète : parle-moi.

Olivia s’exécuta, dubitative. Puis se tut soudainement, envahit par une sensation extraordinaire. L’âme du cristal, un esprit fluide, délicieusement frais, lui traversa la peau…elle sentit la connexion s’établir entre elle et la pierre. Elle avait l’impression d’être transportée dans une bibliothèque de sons, rangés les uns à côté des autres. Olivia se dirigea instinctivement vers les bribes de paroles les plus proches. Elle reconnue la voix de Tilma :

« Vraiment ? Tu peux me traduire ? ... »

Non, c’était plutôt un écho sans timbre, aux notes malgré tout indéniablement féminines. Olivia écouta le reste de la conversation, captivée, puis elle choisit vers un autre écho, celui d’un homme cette fois :

« A bientôt ma petite fille, tu vas me manquer. C’est dur, je sais, mais cela en vaut la peine, tu verras. Tes progrès sont fulgurants, je suis tellement fière de toi !... »

Alertée par son expression, Tilma lui arracha le cristal des mains.

— Les épîtres retiennent à jamais les paroles qu’on leur confit. Plus la pierre est grosse et plus sa mémoire est importante. Le seul moyen d’effacer les messages est de la détruire, mais aucun Lufzans n’oserait faire une chose pareille. En général, on se contente donc de l’enterrer.

— C’était ton père ?

Le visage de Tilma se voila de tristesse à l’évocation de sa famille.

— Oui. Il me laissait toujours un mot avant de partir. J’étais proche de lui, cela m’aidait à l’attendre.

Elle sortit un objet de sa poche. Un autre cristal, enveloppé dans un bout de tissu.

— Voilà ton épître. Il vient d’être taillé.

Olivia s’exerça à utiliser l’épître les jours suivants. Sans succès. Lorsqu’elle était avec Tilma, il lui suffisait de répéter après elle. Mais seule, aucune réaction ne se produisait. Tilma l’avait surprise une fois en tête à tête avec cette satanée pierre et s’était affolée :

— Lili ! Tu es en train de parler dans ta langue maternelle !

Le basculement d’une langue à l’autre semblait impossible à contrôler. Oclamel décréta que le cristal serait dorénavant son instrument d’entrainement. Le soir avant de se coucher, Olivia passait une demi-heure à ânonner les mêmes mots tout en essayant de se concentrer sur ses sensations. Elle le faisait essentiellement pour faire plaisir à Tilma, car elle-même n’espérait plus le moindre résultat.

Olivia avait eu le temps de récupérer physiquement depuis son arrivée dans le camp de l’Est. Si elle gardait peu de séquelles visibles de son agression, les souvenirs eux ne s’effaçaient pas.  Sa journée de travail s’achevaient lorsqu’elle vit arriver Tilma, plus tôt qu’à l’accoutumé.

— C’est Brenair qui va être déçu, gloussa Idyle la fille du boucher.

Brenair Balaya du clan Moade passait chaque soir devant leur labo et avait pris l’habitude de s’arrêter pour échanger quelques mots. En digne Reine des potins, Idyle avait révélé savoir de source sure que Brenair quittait volontairement son poste en avance pour voir Olivia hors de la présence de Tilma. Mahe s’efforçait de maintenir l’homme à distance. Elle ne tenait pas à se mettre toutes ses admiratrices à dos (Idyle compris) et plus prosaïquement, ignorait trop les meurs locales pour s’adonner à des jeux de cette nature.

— Sutansat, comment allez-vous ? dit Tilma

— Bonjour Fara, marmonna Bruno, occupé à nettoyer ses ustensiles dans un grand baquet d’eau. 

Olivia avait du mal à comprendre cette règle de politesse Lufzanne qui consistait à appeler les gens par leurs noms de clan. Il était déjà suffisamment difficile de retenir tous les prénoms et noms de famille.

Les deux femmes prirent le chemin de leur yourte, ce qui leur demandait un bon quart d’heure. Tilma semblait d’humeur fébrile. Olivia ne tarda pas à savoir de quoi il en retournait.

— Le Commandant m’a convoqué ce matin, déclara-t-elle avec entrain.

— Que voulait-il ?

— Je vais enfin partir en mission ! Avec Maine et Tarcle Tsuro, du clan Medon.

Olivia enregistra prudemment l’information. Cette nouvelle ne lui inspirait rien de bon.

— Les jumeaux avec lesquels tu t’entraînes ? En quoi ça consiste exactement ?

— C’est une mission de renseignement, elle durera environ deux semaines. On en profitera pour faire du réapprovisionnement dans des villages amis.

— Tu es vraiment obligée d’y participer ?

Tilma souri. Elle avait anticipé la réaction d’Olivia.

— Nous avons besoin d’armes, de vivres. Je fais du sur-place dans le camp, il est grand temps que j’œuvre pour la Résistance. C’est mon devoir, je ne peux pas rester éternellement au chaud et à l’abri ! Toi c’est différent, tu n’es pas engagée en tant que combattante.

— Je viens avec toi.

— Pardon ? fit Tilma, qui croyait avoir mal entendu.

— Je viens avec toi, répéta fermement Olivia. Il est hors de question que je reste seule ici.

— Ne dis pas de bêtises. Ça pourrait être dangereux tu sais, nous pourrions être amenés à nous battre.

Olivia serra les poings, gagnée une angoisse diffuse. Tilma était son seul repère, son roc : elle ne supporterait pas d’être séparée d’elle. Peu importait les risques, elle était déterminée à l’accompagner. La jeune femme opta pour un ton larmoyant :

— Tilma, tu as promis d’assurer ma protection.

A son changement d’expression, son amie venait de comprendre qu’un combat autrement plus difficile s’annonçait.

De fait, Olivia mena une véritable campagne de persuasion, usant des arguments les moins fairplay, revenant sans cesse la charge. Le troisième jour, Tilma céda.

— C’est bon ! grogna-t-elle exaspérée. Je vais demander au Commandant de t’intégrer à la mission !

Mahe se garda de faire preuve de triomphalisme. Elle était consciente qu’il en coutait à Tilma de l’exposer à un danger, même hypothétique. Néanmoins, comme elle s’était évertuée à lui répéter à longueur de journée, il ne lui revenait pas de juger de ce qu’elle était prête à endurer ou non. Elle était suffisamment grande pour prendre ses propres responsabilités (son obstination avait certes un côté puéril mais elle ne demandait à personne de comprendre ses motivations).

Les deux amies furent invitées au quartier général dès le lendemain. Pour la seconde fois, Olivia pénétra dans la tente richement ornée où flottait une odeur de bois brûlée et de cannelle. Maine et Tarcle Tsuro, déjà présents, discutaient à voix basse. Le Commandant Clovis Medon fit son entrée en soulevant l’un des lourds rideaux de velours. Il portait ce jour-là un pantalon large en soie noir brodé d’oiseaux exotiques, d’arbres et de fleurs. Une fourrure brune, assortie à ses yeux, lui couvrait les épaules, dévoilant subtilement des muscles saillants de son torse bronzé. Il fit emmener une table au centre de la pièce et y étala une grande carte de l’Empire. C’était la première fois qu’Olivia visualisait le Luft. Elle lut le nom des villes avec curiosité : Harfang (la capitale),  Isulmir plus au Sud, Sedong, à l’Est…et se montra peu attentive aux explications du Commandant sur le déroulement de la mission.

— C’est clair ? termina-t-il d’un ton qui ne laissait pas de place aux éventuelles questions.

Tout le monde acquiesça. Medon possédait une qualité qui seyait à son poste : ses propos étaient clairs, concis, efficaces.

— Parfait. Il ne va pas tarder maintenant.

Au même moment, le bossu entra dans la pièce.

 

Le Commandement les informa que la mission avait été confiée à Alek. C’était très surprenant. Mécontente, Olivia se demanda comment un homme en aussi mauvaise santé pourrait assumer une telle responsabilité - sans parler de ce qu’elle avait pu entrevoir de son caractère. Tilma, qui pinçait les lèvres, semblait également partager son opinion. En l’espace d’un mois, Alek avait repris un peu de joue mais restait toujours d’une maigreur agressive. Il s’approcha de la carte et ajouta quelques commentaires sur l’itinéraire. Sa voix était étonnamment assurée pour quelqu’un qui souffrait visiblement le martyre. Le groupe se quitta sur les dernières recommandations du Commandant Medon : le départ était programmé dans trois jours.

Une fête fut organisée la veille de leur départ, plusieurs équipes quittant le camp de l’Est au même moment. Idyle ne parla bientôt plus que de l’évènement et son excitation finit par rejaillir sur Olivia. Ayant bouclé son sac à la va-vite lors de son départ de chez Max (cela lui paraissait si loin, maintenant !), Mahe ne possédait que quelques tenues dépareillées. Après avoir enfilé son jeans et son pull gris souris de tous les jours, elle fit tout de même un effort de maquillage. Elle n’avait jamais été particulièrement coquette mais avait appris à se mettre en valeur - son père tenait à ce qu’elle donne une image soignée face à la clientèle de la boucherie. Et puis on ne séduisait pas des mouches avec du vinaigre. Olivia recevait généralement des compliments sur ses yeux verts, qu’elle souligna d’un far à paupière chauds et d’un trait d’eye-liner. Tilma se chargea de lui couper les cheveux : il s’avéra malheureusement qu’elle n’avait aucun talent en la matière.

Le forum où avait habituellement lieu les rassemblements avait été élargis et décoré modestement de photophores, de guirlande de feuilles et de pierres peintes. L’ensemble était joliment coloré. Les résistants commencèrent à arriver par petits groupe et s’installèrent devant l’espace réservé au musicien. Les deux amies les imitèrent en s’asseyant à même le sol. Olivia remarqua immédiatement la singularité des instruments aux formes alambiquées, fabriqués dans des matières allant du bois à d’étranges métaux verts pales. La soirée allait être intéressante.

— Est-ce qu’il y aura des danses ?

— Ha ha ! Attend de voir, tu vas adorer.

L’atmosphère se réchauffa dès les premières notes de musique. Olivia passa rapidement de la surprise au ravissement. Cela n’avait rien de commun avec les mélodies traditionnel auquel elle s’était attendue. Les notes étaient profondes, souples et rythmées. La musique pénétra Mahe toute entière, l’enveloppant d’un manteau cotonneux. Toute l’assemblée se mit alors à fredonner le même air, la plupart avait les yeux fermés, certain se balançaient doucement d’avant en arrière. Tous les sons se rejoignaient en une seule onde qui envahissait et remplissait tout l’espace.

— C’est l’hymne national, glissa tout bas Tilma. Il a été composé il y a plus de 2000 ans par l’impératrice Mary.

Le second morceau, beaucoup plus entrainant, inaugura les festivités. Des hommes et des femmes aux mines réjouies se placèrent au centre du forum. L’espace d’une soirée suspendue hors du temps, la piste se transforma en un magnifique ballet contemporain. Les danseurs exécutaient des chorégraphies très codifiées, impossibles à définir par un style particulier. Dès leur plus jeune âge les Lufzans apprenaient à maîtriser ces danses uniques, représentant toutes un évènement particulier de l’histoire de l’Empire. Comme dans une pièce de théâtre, un meneur répartissait les rôles puis chacun suivait son enchainement. Olivia regarda un couple ondoyer ensemble, se frôler, entremêler leurs bras. La beauté de la danse s’exprimait autant dans leur mouvements, légers et fluides, que dans la symbolique qui transparaissait, allégorie des premiers émois amoureux. Tilma se leva au bout du troisième morceau et se lança dans un rythme endiablé. Elle fut rejointe par deux camarades qui l’accompagnèrent ce qui devait être la représentation d’une bataille.

Bien qu’assigné au rang d’observatrice, Olivia ne vit absolument pas le temps passer. Elle eut l’impression d’être transportée dans une bulle féérique - il lui tardait d’apprendre ces chorégraphies si originales. Un feu avait été allumé pour réchauffer ceux qui ne dansaient pas et elle se tenait près de la source de chaleur. D’après Tilma le climat variait selon les régions dans le Luft, néanmoins le massif du Far semblait connaitre des saisons similaires à la France. Les jours se rallongeaient de plus en plus, annonciateur de l’été.

Mahe avait aperçu Brenair Balaya à plusieurs reprises, sans qu’il daignât venir la saluer. Il était entouré de femmes et cette fois-ci trop occupé pour s’intéresser à elle. Il fallait s’y attendre, elle n’avait jamais été le genre de fille qui plaisait au premier regard : on l’appréciait avec le temps, parce qu’elle était fidèle, complaisante, travailleuse certainement. Pourtant cela lui avait fait un petit pincement. Avait-elle fait l’objet d’un pari entre Brenair et ses amis ? Ou peut-être la considérait-il comme une cible facile à abuser, à mettre dans son lit à moindre effort ? Dans tous les cas, Olivia aurait été naïve de croire à un intérêt sincère.

Tilma avait annoncé une surprise pour la fin de soirée : tandis que les musiciens rangeaient leurs instruments, une femme drapé dans un voile de satin vert fit son apparition, suivi par deux hommes qui portaient un lourd et volumineux cristal lisse. Les personnes présentes s’étaient rassemblées autour du foyer rougeoyant, formant une assistance en pleine expectative. Tilma porta la main à sa pierre édate et fit signe à Olivia d’examiner celle que possédait la nouvelle venue. Le bijou était d’un violet soutenu et lumineux : la femme était très âgée, vraisemblablement la doyenne du Camp. Son visage était d’ailleurs plus mature, avec des rides d’expressions marquées… sans qu’elle ne parût dépasser la cinquantaine.

— Que va-t-il se passer ? chuchota Olivia.

— C’est une conteuse Lili. Pas de celles qui racontent des histoires aux enfants ; c’est plutôt un genre d’historienne, une mémoire vivante. Le cristal est une grosse épître, tu as reconnu ? la conteuse va rappeller notre histoire, pour l’inscrire à jamais dans la mémoire de la pierre. Karza Etcho ne parviendra jamais à nous détruire complètement car ces témoignages subsisteront à tout jamais. Ce rituel est observé par les résistants à travers tout l’Empire et tu peux être sûre que ça doit faire enrager notre souverain bien aimé !

Olivia s’allongea sur un coude, prête à écouter la leçon d’histoire. Le feu baignait la conteuse d’un halo mystique. Lorsque cette dernière tourna la tête, Mahe aperçu l’énorme cicatrice boursoufflée qui partait de son arcade droite jusqu’au menton. C’était triste car elle avait dû être très belle avec son allure de gitane et ses grands yeux de biche. La conteuse prit la parole, d’une voix puissante et mat :

— Mes chers camarades, mes frères et sœurs de lutte. Ce soir, j’ai une prière à vous faire : N’oubliez pas. Vos souvenirs sont votre force, ils sont porteur d’espoir. N’oubliez pas les jours heureux, la douceur des temps d’antan. Rappelez-vous qu’un autre Empire a existé et que cet Empire est encore possible.

La femme posa sa main sur le cristal. Le silence envahit le forum, troublé par le crépitement des flammes.

« Ecoute, écoute…

Le souffle du vent réchauffe la terre

Les bourgeons ont éclos.

Ecoute ma chanson. L’été arrive bientôt... »

— Il y a de cela plusieurs décennies, les Pygargues Amévitch et Heida Etcho régnaient sur le Luft. La grande Heida, comme toutes les Impératrices, était originaire d’Ivy, ce monde lointain si cher à notre cœur. l’Ylure, ce lien d’une puissance incommensurable s’était créé entre les futurs époux à leur naissance. Ils étaient destinés l’un à l’autre. L’âme du jeune Prince trouvait écho dans celle de sa bien-aimée : Amévitch ressentait ainsi dans sa propre chair toutes les émotions de la femme Ivy.

Une historienne, avait dit Tilma. Olivia n’était pas vraiment étonnée que l’histoire du pays s’assimilât à une légende mythologique.

— Heida avait traversé la frontière entre les deux mondes à l’âge de dix-sept ans : son arrivée dans l’Empire fut ponctuée par d’immenses festivités… je m’en souviens encore (elle fit un clin d’œil à l’assistance). La foule en liesse stationnait autour du palais dans l’espoir d’apercevoir le futur couple Impérial, les Lufzans dansaient et banquetaient jusqu’au petit matin.

Comme toutes les femmes Ivy qui l’ont précédé, Heida tomba naturellement amoureuse de son Prince. L’Ylure devint réciproque, les deux fiancés se mirent à partager leurs sentiments comme un seul être.

Deux garçons et deux filles naquirent de l’union des Pygargues : Le Prince Karza, les Princesses jumelles Grete et Katinka et le Prince Vladimir. Les enfants impériaux étaient dotés d’ailes d’oiseau, comme tous les enfants nés d’un Prince Etcho et d’une femme Yvy.

La conteuse fit un mouvement gracieux des deux bras, à la manière d’un volatile prenant son envol. Olivia trouvait le récit de plus en plus divertissant. Allons bon, des anges maintenant. Mahe tenta d’imaginer un homme flanqué d’une vraie paire de plumes.

— Lorsque le benjamin Vladimir vit le jour, il tenait le Perillinen dans le creux de sa paume, pierre de sagesse à la beauté fascinante et marque de l’héritier. Dans toutes les contrés du Luft, la naissance du Dauphin fut salué par des exclamations et des pleurs de joie. Le Perillinen signifiait également la fin de la fécondité d’Heida Etcho ; le couple n’en conçu aucun regret toutefois, déjà comblé par leur quatre beaux enfants.

L’ère Heida s’inscrivit dans la continuité de l’ère précédente, un règne empreint de discernement, respectueux des clans et de nos traditions séculaires. Bien entendu, le jeune Vladimir Etcho était lui aussi lié par l’Ylure à une femme Ivy. Il grandit et s’épanoui avec cette présence auprès de lui, ressentant à chaque instant tout ce qui traversait le cœur de son âme sœur par-delà la frontière invisible. Lorsque Lena - ainsi qu’elle se prénommait - réalisa le grand voyage, le Prince n’avait que seize ans. On le décrivait comme un homme calme et sensible, pourvu de toutes les qualités qui seyant à un bon souverain. La coutume exige que les membres du clan Etcho accueillent la précieuse jeune femme. On envoya donc les frères et sœurs du Dauphin à la recherche de Lena : les trois altesses Impériales Karza, Grete et Katinka survolèrent le pays en l’honneur de leur benjamin.

Ce fut Karza Etcho qui l’a trouva le premier. L’aîné de la fratrie était bien différent de Vladimir : d’une beauté et d’une puissance légendaire, orgueilleux et sournois… il n’avait jamais accepté d’être dans l’ombre de son jeune frère. Contre les lois les plus sacrés de l’Empire, Karza commis l’irréparable : il séduisit Lena, bouleversant l’ordre du Perillinen. La pauvre enfant, naïve, fut subjuguée par le Prince. Lorsqu’ils rentrèrent à Harfang, la capitale aux milles éclats, Lena était éperdument amoureuse du ténébreux Etcho.

La conteuse se tut un instant afin que la dimension de ce drame résonnât dans tous les cœurs.

— Le Prince Vladimir ne put rien faire : avant même de rencontrer la femme de ses rêves, il savait déjà que tout espoir était perdu. Lena avait donné son âme à Karza, elle était connecté à lui par l’Ylure, n’avait d’yeux que pour lui, ressentait la moindre de ses émotions. Aucun mot n’est assez fort pour décrire le supplice de Vladimir Etcho.

Aucun.

Comment supporter de vivre dans sa propre chair les sentiments de sa dulcinée pour un autre ? Pire, n’aspirant qu’au bonheur de Lena, Le Prince Vladimir ne pouvait se résoudre à la détourner de son frère. Il était condamné.

Une plainte sourde secoua toute l’assemblée. Pour la première fois, Olivia mesura l’attachement unique qui avait lié le peuple Lufzan à la dynastie Etcho.

— Le cœur brisé, le Prince Vladimir dépérit lentement, avant de mourir de tristesse, un soir d’été. Le décès du Dauphin fit trembler l’Empire, et amorça la chute du clan Etcho. Karza avait-il trahit ? La famille Impériale refusa de l’envisager. Evidemment, nombreux étaient ceux qui, parmi les Etcho et les clans majeurs, s’interrogeaient.

La grossesse de Lena coupa court à toute contestation. La même semaine, l’Empereur Amévitch et l’Impératrice Heida annoncèrent leur abdication. Le couple n’aurait jamais pu se remettre de la disparition de leur benjamin chéri ; confier à Karza et Lena la lourde tâche de gouverner constituait aussi un geste fort et incitait tous les clans à faire confiance aux nouveaux Pygargues. Durant neuf mois, le palais retint son souffle. Le Perillinen avait été contrarié pour la première fois dans notre histoire. Il y aurait-il des conséquences ? L’enfant serait-il un homme-oiseau ?

Olivia était suspendue aux lèvres de la vieille femme. Les pièces du puzzle s’assemblaient une à une. La fin de l’histoire, elle la connaissait déjà pour partie. Tilma semblait de son côté en plein recueillement, arrachant des touffes d’herbe avec ses doigts. Le malheur que la conteuse s’apprêtait maintenant à décrire constituait pour tous les Lufzans un évènement traumatique dont la portée était toujours aussi forte plus de vingt ans après. Chacun se souvenait de sa sidération à l’annonce de l’effroyable nouvelle, suivi de l’incompréhension, et enfin de la douleur, immense. La conteuse réajusta son voile de satin et inspira longuement :

— Par une nuit sans étoiles, dans l’intimité du palais d’Harfang, se joua la plus terrible des tragédies. Rare sont les vivants qui peuvent en témoigner. Aujourd’hui encore il subsiste beaucoup de zones d’ombre sur la façon dont les choses se sont passées.

On compare souvent la naissance d’un bébé impérial à l’éclosion d’un oisillon, rapide et imprévisible. Il n’en fut rien pour l’enfant de l’Impératrice. L’accouchement tourna à la catastrophe. Dans l’urgence la plus extrême, les sages-femmes sauvèrent le nourrisson en pratiquant une incision de l’abdomen. La jeune mère ne survécut pas.

Malheureusement, le garçon naquit malformé : son cœur cessa de battre quelques heures plus tard. Au drame de deux immenses pertes s’ajouta une découverte terrible : le petit cadavre tenait le Perillinen dans le creux de sa main. La mort de l’héritier sonna le glas de la dynastie Etcho.

L’humiliation éteignit en Karza le peu d’humanité qu’il n’eut jamais possédé. Le clan Etcho s’était rassemblé à l’occasion de ce qui aurait dû être une nuit d’heureuse célébration. L’Empereur les fit tous assassiner. Trois-cent personnes, parmi lesquelles ses propres sœurs. Ce massacre s’accompagna de purges massives les jours suivants, exécutées dans une violence aveugle par une armée fourvoyée. Les rares épargnées furent expédiées dans la prison de Stronk, dont nul n’avait jamais réchappé avant les fils de Grete et Katinka Etcho, neveux de l’Empereur.

Au fil des mois, puis des années, le nombre de victime se compta en millier. Tous les clans qui refusèrent le nouveau désordre, qui s’opposèrent à l’autocratie de Karza, à sa cruauté …tous durent l’affronter. Certains disparurent. Des clans entiers.

Deux décennies de guerre et d’atrocités ont laissé les Lufzans exsangues et terrorisés. Et pourtant ! Souvenez-vous qu’un autre monde a existé au temps de l’ère Heida. Que cet autre monde est encore possible. N’oubliez pas.

 

Plus tard, allongée dans l’obscurité de la yourte, Olivia repensa longuement au récit de la conteuse. Le lien entre l’Empereur et son épouse avait été l’essence de la civilisation Lufzanne et la perte de cet Ylure, une perte pour tous. Tilma remua sous sa couverture à la recherche d’une position plus confortable. Elle ne dormait pas non plus.

— Tilma ?

— Oui ?

— Pourquoi suis-je ici ?

C’était la question qui la taraudait. Olivia était peut-être une femme Ivy mais personne ne l’avait attendu, elle.

— L’Ylure n’a pas disparu comme nous le pensions, dit Tilma (Olivia sentit qu’elle souriait dans le noir). Tu en es la preuve ! Ton destin est peut-être de fonder ta propre dynastie, qui sait ? Tu trouveras un homme de bien qui sauras lire dans ton cœur, à sa manière. Mais pas trop tôt, d’accord ?

— Et toi ? Tu n’aimerais pas ?

— Non. J’ai fait une croix sur les hommes. Ils m’ont trop déçu. Dors maintenant : Alek a dit six heures demain matin.

— Ce type est tellement bizarre, tu ne trouves pas ? Il me met vraiment mal à l’aise.

— Pour tout te dire, il m’intrigue…il n’appartient à aucun clan. Chez nous c’est quelque chose de très mal vu, de suspect. Pourtant le Commandant Medon lui fait confiance : j’aimerais bien comprendre pourquoi.

— Brenair Balaya m’a dit que c’était un fou et un meurtrier.

— Tu ne devrais pas écouter Balaya. C’est un crétin et ça je n’ai pas eu besoin de lui pour me le préciser.

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Elka
Posté le 22/04/2020
C’est sympa cette coutume de fête avant les grands départ en mission. Je partageais l’enthousiasme d’Olivia à l’idée d’y participer. Le fait qu’elle pense à des choses toutes bêtes comme l’attention de Balaya me plaît aussi ; tu ne t’y attardes pas trop, juste ce qu’il fallait :)
Tu as de belles idées pour ton monde, comme ces pierres de mémoire vocale (et ça me fait penser : le don de langue d’Olivia lui permet aussi de lire les écritures ? Précise-le, si c’est le cas, qu’on sache que ce n’est pas un oubli)
Il y a le retour des jeans dans ce chapitre, attention. Elle va se faire griller :p

Tu vas me trouver lourde, mais ce chapitre me confirme qu’on se passerait du précédent. La conteuse nous donne tout pleins d’indices sur qui pourrait être Alek et, en tout cas, sur le fait qu’Olivia se découvre un lien particulier avec quelqu’un de ce monde. Sa ferveur auprès de Tilma, pour participer à la mission, est aussi amplement suffisante. Pas la peine de faire intervenir d’Alek pour cela ; les raisons sont claires.

Il y a un truc que je n’ai pas compris dans la légende (ou c’est une précision qui n’est pas donnée ; parce que tu l’as très bien écrite, ce qui n’était pas facile vu qu’on compte dessus pour nous expliquer la présence d’Olivia) :
Pourquoi le cadet est le seul à avoir un lien (une Ylure, c’est ça?) avec quelqu’un de la Terre ? (chez nous c’est plutôt le contraire : l’aîné hérite de tout, on a pas l’habitude de faire reposer une dynastie sur le dernier né)
C’est hyper intéressant si c’est le cas, mais il faut le préciser.
J’ai eu beaucoup de peine pour l’aîné, du coup. De fait, c’est extrêmement triste que la fille ne puisse pas aimer qui elle veut. En tout cas, cela semble mal vu qu’elle soit tombée amoureuse de l’aîné.
Je compte sur Olivia pour ne pas se laisser faire comme ça uhu

Mais du coup, le fait qu’Olivia vienne de la Terre, c’est un très très bon présage, non ? Qu’on ne le crie pas sur tous les toits pour ne pas risquer que ça arrive aux oreilles de l’empereur, je l’entends ; mais ne devraient-elles pas prévenir quelques hauts-placés pour assurer la protection d’Olivia ?
Ysaé
Posté le 23/04/2020
Salut Elka et merci pour ce nouveau commentaire.!
Oui j'ai compris ton point de vue concernant le chapitre précédant, toutefois il me permet de donner pas mal d'informations sans en avoir l'air (notamment sur le Commandant Medon, l'animosité de Gann, le clan Dyami, le fait qu'Alek ressente les émotions d'Olivia etc) et je ne pourrais pas le supprimer sans perdre le fil du récit.

Je pense que tu as remarqué dans ma façon d'écrire que je ne rentre pas toujours dans les détails, je "n'explique" pas tout (comme je ne passe pas énormément de temps sur les descriptions). C'est délibéré et je laisse le lecteur mener ses propres réflexions.
Pour ta question, c'est celui qui naît avec le perilinen qui est l'héritier, et comme ça entraîne la fin de la fécondité, c'est forcement le dernier né (ou l'enfant unique s'il n'y en a qu'un) :)

C'est Tilma qui a choisi de ne pas révéler l'identité d'Olivia... et je pense qu'elle a ses raisons ;)

Merci encore pour ton commentaires et tes remarques !

A+
_HP_
Posté le 16/04/2020
Hey !!

J'aime beaucoup l'histoire du lien que ressent Alek, et du 'pourquoi l'empereur est-il si violent' ^^
J'ai pas grand-chose d'autre à dire.. J'aime de plus en plus cet univers, et tes personnages sont très attachants. Hâte de continuer ! ^^

Remarques, etc >p<

• premier paragraphe non justifié (alignement) ^^

• "qu’il s’agit d’un langage très ancien, disparut des mémoires" → disparu
• "l’aurait plongé de quelque chose qui la dépassait" → plongée / "plongée de quelque chose" c'est un peu bizarre, je pense que c'est plutôt "dans"
• "Elle avait déjà assez endurée" → enduré
• "N’ai pas peur." → n'aie
• "Puis se tut soudainement, envahit par une sensation" → envahie
• "Elle reconnue la voix de Tilma" → reconnut
• "puis elle choisit vers un autre écho, celui d’un homme cette fois " → "choisit vers" je crois pas que ça se dise ^^ : se dirigea, choisit de se diriger, d'aller etc
• "les paroles qu’on leur confit" → confie
• "lorsqu’elle vit arriver Tilma, plus tôt qu’à l’accoutumé" → je crois que c'est 'accoutumée'
• "Idyle avait révélé savoir de source sure" → sûre
• "Elle était consciente qu’il en coutait à Tilma"→ coûtait
• "qu’elle souligna d’un far à paupière chauds" → fard / paupières / chaud
• "avait été élargis et décoré [...] de guirlande de feuilles" → élargi / guirlandes
• "Les résistants commencèrent à arriver par petits groupe" → groupes
• "allant du bois à d’étranges métaux verts pales" → pâles
• "les mélodies traditionnel auquel" → traditionnelles / auxquelles
• "certain se balançaient doucement d’avant en arrière" → certains
• "qui l’accompagnèrent ce qui devait être" → je pense que c'est 'dans ce qui'
• "suivi par deux hommes qui portaient" → suivie
• "la conteuse va rappeller notre histoire" → rappeler (pas de majuscule en début de phrase ^^)
• "ils sont porteur d’espoir" → porteurs
• "l’Ylure, ce lien d’une puissance incommensurable" → pas de majuscule non plus au début (pas très grave mais je le dis quand même >p<)
• "nés d’un Prince Etcho et d’une femme Yvy." → là tu as écris 'Yvy' et pas 'Ivy', je sais pas si c'est normal ^^
• "Dans toutes les contrés du Luft" → contrées
• "la naissance du Dauphin fut salué" → saluée
• "Il grandit et s’épanoui" → s'épanouit
• "pourvu de toutes les qualités qui seyant à un bon souverain" → qui seyaient/seyant
• "Ce fut Karza Etcho qui l’a trouva le premier" → la
• "Karza avait-il trahit" → trahi
• "Rare sont les vivants qui peuvent" → rares
• "le nombre de victime se compta en millier" → victimes / je pense qu'on met 'milliers', parce qu'il y en a plusieurs (je crois hein ^^)
• "mais personne ne l’avait attendu, elle." → attendue
• "Tu trouveras un homme de bien qui sauras lire" → saura
• "Ils m’ont trop déçu" → déçue
Ysaé
Posté le 17/04/2020
Merci encore HP pour tes encouragements et tes (nombreuses) corrections :) Je suis très curieuse de savoir comment tu perçois le caractère d'Olivia et Alek.
En espérant que la suite te plaise !
Merci beaucoup
_HP_
Posté le 17/04/2020
Alors, petit travail de réflexion... XD
Olivia est quelqu'un d'assez têtue. Elle tient beaucoup à Tilma, et préfère rester à ses côtés parce que ben déjà c'est son amie x) Et ensuite parce qu'elle a un certain besoin de protection. Il y a peut-être un côté 'redevable', quand Tilma l'a sauvée des trois inconnus. Je pense aussi qu'elle n'est pas du genre à vouloir se mettre en avant, qu'elle peut être gênée d'être au centre de l'attention ^^
Alek est quelqu'un de passionné. Il est très protecteur ('fin en ce qui concerne Olivia :p), et je pense qu'il n'hésiterait pas à donner sa vie pour elle s'il le fallait. Il défend ce qui lui tient à coeur. Il est très timide, et pas sûr de lui, dû à sa malformation.
Voilà, j'ai pas trop d'autres idée... ^^° En espérant ne pas avoir raconté n'importe quoi ^^
Ysaé
Posté le 17/04/2020
Non c'est très intéressant ! Je ne les vois pas exactement de la même façon mais cest la aussi tout linteret :)
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