Hakar releva la tête pour la première fois depuis deux heures. Il avait beau être costaud et presque insensible, il ne pouvait oublier le visage résigné de Fardag. Le voir disparaître sans pouvoir lui porter secours lui faisait bien plus de mal que de voir disparaître les trois milliards de personnes inconnues de la quatrième lune. Le désespoir ne s'était pas emparé du géant. C'était plutôt un sentiment de fatalisme, de destin. Tout était contre eux ! Ils venaient de perdre le seul gars intelligent du groupe. Hakar avait perdu son seul véritable ami. Le destin était contre eux.
Un bruit de pas vint le sortir de sa déprime.
- Hakar, Artificial-23804 veut savoir le résultat.
Le garçon avait communiqué avec eux pour leur dire que Fardag était en danger et qu'il avait besoin d'aide dehors.
- J'arrive, fit-il.
Le géant se leva et rentra dans la pièce.
- Hakar ! Vous avez réussi à le sauver ? s'enquit d'une voix blanche le petit garçon, il ne me répond plus !
- Non, nous sommes arrivés trop tard, une secousse sismique à ouvert une crevasse dans laquelle il est tombé.
Sa voix faible trahissait son émotion.
- Je ne vous ai pas prévenu à temps ! Je l'ai tué !
- Artificial, ce n'est pas le moment de te laisser aller à la tristesse. Fardag est mort, nous avons besoin de ton aide.
- Mais il est mort !
- Justement ! Crois-tu qu'il voudrait qu'on se laisse aller à la mort après les efforts qu'il a fait, après la vie qu'il a donnée !
- Je l'ai tué en le retenant à l'extérieur ! Dans ce bâtiment, il serait encore en vie !
- Rien à voir ! J'aimerais juste savoir le sujet de votre discussion ? Qu'est-ce qui l'a retenu dehors en pareilles circonstances ?
Le garçon IA raconta toute l'histoire des larmes dans la voix. Hakar en eut le souffle coupé.
- Tu es le fils de mon commandant de vaisseau ?
- Tu le connaissais ? fit Artificial-23804, oubliant le scientifique décédé.
- Oui, j'étais tireur d'élite de F3 sur son vaisseau durant la guerre des Gargals !
- Il ne m'a pas parlé de toi. Je ne l'ai jamais revu à partir du moment où la guerre a débuté.
- C'est normal, on était trois millions dans le vaisseau !
La conversation continua avant qu'intervienne un gars du central présent depuis le début et qui semblait attendre impatiemment.
- Je ne voudrais pas vous déranger mais l'oxygène est limité et le temps s'écoule.
Hakar voulut répondre mais une terrible secousse sismique ébranla le bâtiment.
Les écrans de la salle principale s'allumèrent en affichant :
Séisme magnitude : 7,8
La secousse dura dix minutes interminables. La résistance du bâtiment fut mise à rude épreuve.
Le regard que jeta Hakar dehors confirma ses soupçons. Une bonne partie des bâtiments dans les villes s'étaient effondrés.
- Bon, est-ce que je pourrais savoir pourquoi on a des tremblements de terre comme ça ? C'est pas lié à la perte de notre atmosphère ? lâcha-t-il, essayant de comprendre.
L'IA parla alors :
- C'est parce que la planète est en train de perdre son noyau.
- Qu...quoi ?
- Oui, une étrange force l'aspire peu à peu et la stabilité de la planète est critique. Elle risque de s'effondrer sur elle-même.
- Mais...
Le géant en perdait ses mots mais il continua :
- Donc, je récapitule. La septième lune s'est fait exploser nous laissant quelques mois d'oxygène. Puis, on a appris que trente neufs corps stellaires ont été détruits et que c'était par une chose inconnue. On a appris que nos potes se sont taillés vite fait en nous abandonnant. Après, la quatrième lune s'est faite démonter et notre atmosphère aussi, ne nous donnant que huit jours à vivre. Les météores sont arrivés anéantissant quelques villes. On a perdu toute notre atmosphère et ensuite, dans une secousse sismique due à la perte du noyau d'X-24DF, on a perdu Fardag, celui qui nous avait sauvé. Et après ce récapitulatif déprimant, je suis censé guider trente gars pour la construction d'un vaisseau en une semaine alors qu'il m'en faut trois et je suis accompagné par un gosse IA qui nous révèle un complot à l'échelle galactique. Je ne pense pas au suicide mais je crois que ça revient au même. Je dirais pas qu'on est en danger mais plutôt qu'on est mort. Oh et puis mer... alors !
- C'est beau l'optimisme, fit le gars du central en réutilisant les mots de son chef.
- Ça va, ça va, merci Desa, grogna Hakar.
- J'ai une solution, fit alors Artificial-23804.
- Je t'écoute, dit le géant dubitatif.
- Il faut que vous me donniez un corps pour que je puisse vous aider.
- Mais il y en pas ici ! Et puis même si je pouvais en acheter, ça coûte un prix astronomique !
- Je sais, je sais, expliqua l'intelligence artificielle, il va falloir aller le chercher dans les quartiers riches des villes détruites, en rover.
Silence.
- Tu te fous de ma gueule !
- Non, pas du tout, sinon je ne pourrais pas vous aider !
- Il y a des séismes de magnitude sept ou huit ! Le sol s'effondre et tu nous proposes de nous balader en rover pour aller chercher un corps d'IA pour que tu nous aides ?
- Oui, je pourrais vous sortir de cette impasse !
- Mais ça n'a aucun sens ! hurla Hakar.
- Je peux vous aider, s'entêta Artificial-23804. Pour mon père ! Pour Fardag !
Hakar grogna et jura un bon coup avant de lâcher :
- D'accord, si tu veux.
Il quitta la pièce suivi de Desa sans rien ajouter.
- OK les gars ! Venez tous !
Les trente hommes du central se réunirent autour de leur chef.
- Bon, je vais être simple. Demain, on part avec les cinq rovers trois places qu'on a pour aller chercher un CA dans les ruines de Zagr à trente kilomètres. On partira à vingt-sept heures pour une autonomie d'air de dix heures environ et des combinaisons spéciales d'extérieur qui peuvent monter à mille degrés. J'ai donc besoin de quinze volontaires, prêts à mourir. Nous partirons donc de nuit évitant une température trop élévée.
Les mains se levèrent, plus ou moins hésitantes. Une vingtaine.
- Il est plus probable que l'on ne revienne pas.
Des mains se baissèrent.
Les hommes furent choisis et reçurent un numéro de rover.
- Desa, tu resteras donc ici avec les autres. Si le lendemain du départ nous ne sommes pas revenus c'est que nous sommes morts. Dans ce cas tu finiras au plus vite le vaisseau et tu partiras avec les survivants et Artificial-23804, conclut Hakar d'un ton sans appel.
Les hommes aquiescèrent.
Le soleil se coucha puis se leva.
Vingt-sept heures s'affichait.
... À suivre...
Vivement que cet IA ait un corps, ça va être fun ^^ j'aime bien cette idée :)
Pour la forme, peut-être éviter les phrases comme : "C'était terrible mais la vie continuait." c'est le "show don't tell", et ce genre de phrases alourdit, fait perdre la crédibilité dans ton récit ;)
C'est un chapitre haletant comme toujours :)
Je note ta remarque.
À bientôt Ayunna
Gardar
mais dans l'ensemble, c'est un très bon chapitre ! bonne continuation a bientôt !
J'avais oublié d'en parler dans mon commentaire précédent mais se débarrasser de Fardag aussi brutalement. J'adore ce genre d'évènement inattendu! Tu m'as surpris.
Un bon chapitre. Hakar devient le personnage principal et tu retranscris bien ses émotions?
bravo!
A bientôt
Gardar
Le passage vers le point de vue de Hakar est réussi. Tu mets bien ses émotions en avant, on sent qu'on suit un "nouveau" personnage.
Deux bons points :
1) Je trouve très bien que Artificial-23804 propose qu'on aille lui chercher un corps. À vrai dire ils sont à court d'options et ça promet une suite mouvementé (et de découvrir d'un peu plus près à quoi ressemble cette planète encore bien mystérieuse !).
2) Tu maîtrises bien ton le rythme, pressent / oppressant, avec cette épée de Damoclès toujours au-dessus de la tête des protagonistes. On a une vraie sensation d'urgence, il faut agir ! C'est très bien.
Corrections / coquilles / remarques :
"rentra dans la pièce" -> entra, plutôt, non ? ; "Sa voix pâle trahissait son émotion." -> sa voix... tremblante ? faible ? pâle me semble curieux ^^ ; "après la vie qu'il a donné" -> donnée ; "Qu'est-ce qui la retenu" -> l'a retenu ; "sur son vaisseau sur la guerre des Gargals !" -> lors de la guerre ; "à partirdu début" -> manque l'espace ; "l'on était trois millions" -> on ; "lune s'est fait exploser" -> faite ; "une secousse sismique dut à la perte" -> due ; "qu'on est mort" -> morts (le on a valeur de "nous" ici) ; "C'est beau l'optimisme, fit le gars du central en réutilisant les mots de son chef" -> il réutilise les mots de son chef ? ; "suivit de Desa" -> suivi ; "aller chercher un CA" -> CA = corps artificiel ? Je ne suis pas sûre de moi ! ; "tu restera donc ici" -> resteras ; "Le soleil se coucha puis se leva" -> voilà qui est expéditif ! Et pour la suite, tu écris "huit heures" alors qu'un peu plus tôt dans le texte tu écrivais 8h :)
À bientôt !
Bienvenue dans ce nouveau chapitre ! Je suis désolé pour les fautes de frappe que j'ai laissé. Je vais m'en occuper.
Je suis content que la transition te convienne parce que j'ai eu un peu de mal à la faire. Je suis content que ces deux points te plaisent puisque c'est exactement ce que je recherchais. Ils ont de plus en plus de problèmes et leur situation n' avance pas vraiment dans le bon sens. Chaque jour qui passe augmente leurs risques de mourir. Le chapitre prochain ne sera pas calme, en effet.
""aller chercher un CA" -> CA = corps artificiel" c'est bien un corps artificiel mais CA est le terme utilisé. De toute façon, Hakar est moins bien éduqué que ne l'était Fardag. Il utilise un vocabulaire moins riche.
À bientôt
Gardar
Merci de ta prévenance
À bientôt, j'espère
Gardar
À bientôt et courage pour tes révisions :)
Gardar