- Alors ? demanda Jack.
- C’était magique ! s’exclama Corail en lui sautant dans les bras.
Il la porta tandis qu’elle enroulait ses jambes autour de ses hanches.
- Elle m’a portée et nous avons fait un genre de parcours. Après, j’ai eu la peur de ma vie !
- Pourquoi ? interrogea Jack en la portant toujours.
- Elle s’est attaquée à un autre dragon, comme ça, sans raison.
Jack blêmit.
- L’autre a répliqué de la même manière avant de s’élancer. Je ne connais pas la raison de leur mésentente mais cela semblait sévère.
- Pourquoi n’es-tu pas sur son dos ?
- Je ne sais pas. Elle m’a déposée avant de partir.
- Toujours pas de communication d’esprit à esprit, comprit Jack.
- Toujours pas, confirma Corail. Tu fais quoi ?
- Je te couds une autre robe. Tu ne peux pas n’en avoir qu’une seule. La coupe correspond à tes demandes ?
- C’est parfait. Les pans de la jupe s’écartent quand je suis en vol, se confondant avec les écailles de Riri. Dès que je descends, le tissu m’enveloppe, masquant tout.
- Les manches ? demanda Jack.
- Ça me tire un peu. Sur le long terme, ça pourrait devenir désagréable. Il faut surtout que je m’habitue.
- Je pourrais peut-être améliorer le système. Tu me montres où tu as mal ?
- Non, répondit Corail en laissant ses mains inaccessibles derrière la nuque de Jack.
Il la fixa mais ne la lâcha pas pour autant. Un silence passa puis Jack murmura :
- Comme tu veux.
Sa déception transpirait autour de lui. En une respiration, il redevint souriant mais Corail savait qu’elle venait de lui faire de la peine. La culpabilité la rongeait mais elle ne pouvait pas se permettre de lui dire la vérité, pas tant que la mission n’aurait pas été remplie.
- Elle m’appelle ! annonça Corail.
Jack la lâcha.
- Bon vol ! lança-t-il.
Corail le salua de sa main cachée dans sa manche. Il lui répondit de la même manière avant de se remettre à la couture.
Corail tint parole. Maintenant qu’elle passait ses journées – ou presque – sur le dos de Riri, elle dormait avec Jack. Les lunes passaient et le contrôle de Riri s’améliorait. Les vols duraient plus longtemps et se complexifiaient, avec des virages plus serrés. Rien qui n’ait jamais fait peur à Corail. Riri volait en pleine confiance et Corail le sentait via le lien qui restait cela : un partage d’émotions. Jamais de mots.
Souvent, au zénith, Riri disparaissait pour ne revenir qu’en milieu d’après-midi. Ce jour-là n’avait aucune raison d’être différent alors Corail fut surprise que Riri lui demande de descendre dans un endroit inconnu, très éloigné du camp d’entraînement.
Corail obtempéra et vit sa dragonne s’envoler pour disparaître. Corail se trouvait dans une vallée encaissée, entre deux montagnes. Des arbres touffus proposaient des nuances de verts, d’ocres et de marrons. Les oiseaux sifflaient. Les insectes bourdonnaient. Corail entendit le bruit de l’eau courante.
Curieuse, elle s’avança vers le son pour découvrir un ravin. Une rivière au courant rapide serpentait plus bas dans un rythme rapide. Corail eut très envie de plonger. À cette hauteur, elle ne risquait pas grand-chose à condition de ne pas toucher l’eau n’importe comment. Elle ne s’était pas lavée depuis longtemps, préférant l’eau froide. Un plongeon lui disait carrément.
- J’en ai marre d’attendre !
Corail se retourna pour constater que tous les hommes en première année se trouvaient avec elle. Elle fut très heureuse de porter sa robe, de sa capuche et de son voile. Simple barrière de tissu qui, pourtant, lui permettait de se sentir en sécurité. Elle ne risquait probablement rien, ces hommes n’ayant pas une goutte d’alcool dans le sang mais Corail ne se sentait pas pleinement en sécurité pour autant. Elle resta à distance.
- On fait quoi ici ? gronda un autre.
- Hamza arrive. C’est le dernier. On va enfin savoir pourquoi ils nous ont réuni ici.
Un dragon se posa et son cavalier, un homme à la peau olive en tunique crème et caleçon blanc, en descendit. Corail constata que tous les dragonniers se promenaient jambes et pieds nus. Elle était la seule à posséder un vêtement couvrant. Cette constatation lui arracha un sourire et elle ressentit une bouffée de reconnaissance envers Jack.
Zaroth, l’immense dragon couleur terre, atterrit devant les dragonniers. Son cavalier prit la parole :
- Ce cours va permettre à votre dragon d’apprendre à vous rattraper en cas de chute.
L’annonce fut accueilli par un immense silence.
- Vos montures se sont entraînées sur des mannequins. Il est temps qu’ils passent à la réalité. Vous allez monter sur le pont de cordes qu’ils sont en train de tendre. Une fois arrivé en plein milieu, vous sauterez.
- T’es malade ! gronda un mec dont Corail ignorait le nom. J’vais pas sauter ! J’veux pas mourir !
- Si ton dragon échoue, tout ce que tu risques, c’est un bon bain froid. À cette hauteur, le danger est minime, précisa le dragonnier. Qui veut commencer ?
Corail leva la main.
- Tu as confiance en ta dragonne ? demanda le dragonnier.
- J’ai envie de nager, répliqua Corail en fixant le dragon dans les yeux.
Le dragonnier ricana tandis que le dragon retroussait ses babines. Corail s’avança sur le pont de cordes sans crainte. Elle ne ressentait pas le vertige.
- Ne saute pas avant le signal, ordonna le dragonnier. Quand tu sautes, mets toi à l’horizontale afin d’augmenter ta portance et ainsi diminuer ta vitesse.
- L’arrivée dans l’eau ne sera pas aussi amusante ! répliqua Corail en boudant.
Le dragonnier et sa monture rirent de concert.
- L’objectif est de donner davantage de temps à ta dragonne pour te rattraper. Le but de l’exercice n’est pas que tu plonges mais qu’elle te rattrape avant.
- J’espère qu’elle va échouer. J’ai très envie de nager !
Ils rirent de nouveau.
- Mais soit, accepta Corail. Je ralentirai ma chute.
- Prête ? demanda le dragonnier.
- Quand tu veux ! répondit Corail.
- Saute, proposa-t-il.
Corail obtempéra sans crainte. Ses habits freinèrent la chute. Pourtant, à aucun moment Corail ne vit apparaître Riri dans sa proximité immédiate. Un peu avant de toucher la surface de l’eau, Corail modifia sa position pour entrer les bras tendus au dessus de la tête en premier. Le contact avec l’eau froide la fit bondir de joie. Elle rejoignit rapidement le bord, trempée mais heureuse. Elle leva les yeux mais ne vit Riri nulle part.
Elle remarqua un petit escalier de marches inégales. En soupirant, elle grimpa. Arrivée en haut, elle était sèche.
- Toi, ordonna le dragonnier en désignant un homme qui blêmit.
Tiens ? Il ne demandait plus de volontaires et choisissait lui-même. Pourquoi ? Le désigné s’avança en tremblant, les jambes en coton.
- Il a le vertige ? supposa Corail.
Un homme au visage défait, assis un peu plus loin, se tourna vers elle.
- Hamza a suivi ton exemple. Il a sauté. Son dragon a essayé de le rattraper mais il est arrivé trop vite. Sous le choc, Hamza a été projeté contre les rochers.
Corail suivit la main tendue. La falaise se couvrait de tâches rouges dégoulinantes. Corail frissonna. Finalement, ce n’était pas si dénué de risque que ça.
- Jarmil a suivi. Il a touché l’eau mais sans changer de position au moment de l’impact. Nul ne l’a vu ressortir de la rivière.
Corail grimaça. Se prendre l’eau sur le ventre à cette hauteur ne devait pas être agréable. Le choc lui avait peut-être fait perdre ses moyens. Le courant n’était certes pas insurmontable pour Corail qui avait l’habitude de l’élément marin mais pour un faible nageur, il pouvait suffire à l’amener à la noyade.
- Le dragon de Carmin a choisi de l’attraper dans une patte plutôt sur son dos. Une griffe lui a transpercé un poumon. Il n’était même pas mort quand la flamme l’a touché. Son dragon l’a bouffé devant nous, dit l’homme en désignant une plaque noire sur le sol à quelques pas derrière Corail.
Corail avala difficilement sa salive. Elle comprenait mieux l’angoisse de celui dont c’était le tour.
- Farid nous avait prévenu, murmura l’homme. Notre survie ne dépend pas de nous mais de notre dragon. Nous ne sommes que des marionnettes dont ils font ce qu’ils veulent. Notre vie, notre mort leur importe peu. On existe que pour obéir.
Corail se tourna vers l’endroit où se trouvait Riri, trop loin pour être visible mais avec l’accentuation du lien, Corail la savait se trouver dans cette direction. Elle avait du mal à croire que Riri n’en ait rien à faire de sa vie et de sa mort, où qu’elle ne soit qu’une marionnette à ses yeux.
- Quand j’ai sauté, est-ce que ma dragonne bleue a essayé de me rattraper ?
- Elle est apparue mais ne s’est pas approchée de toi. Elle semblait hésitante. J’espère que le mien fera preuve soit de la même clémence, soit d’une réussite totale.
L’homme sur le pont de cordes sauta. Son dragon s’élança mais sa vitesse fut insuffisante pour lui permettre de l’atteindre si bien que le plongeur toucha la surface bien avant que son dragon n’ait pu lui faire le moindre mal.
- Raté, soupira Corail.
- Il vivra un peu plus.
- Toi ! lança le dragonnier en désignant l’interlocuteur de Corail.
L’homme se leva et rejoignit le pont de cordes en tremblant. Il se mit en position, écouta les consignes avec attention puis sauta au signal. Son dragon le rejoignit et se plaça pile en dessous de lui, ajustant sa vitesse. L’homme se retrouva dans le ciel sans avoir effleuré la surface de l’eau. Il hurla de joie. Le vainqueur atterrit à côté du gros dragon marron puis s’envola, son dragonnier toujours sur son dos. Corail les regarda disparaître à l’horizon.
- Toi ! désigna le dragonnier.
- Je m’appelle Corail, annonça-t-elle.
- Non. Tu n’es personne, répliqua le dragonnier. À ton tour !
Elle était seule sur la plateforme. Quelques candidats trempés montaient l’escalier. Corail s’engagea sur le pont de cordes. Arrivée au milieu, elle attendit le signal et sauta. À nouveau, elle percuta l’eau sans avoir senti Riri proche d’elle. Lorsqu’elle fut en haut, elle s’y découvrit seule.
- Ne me dis pas que tout le monde est mort ! s’exclama Corail.
- Sept ont perdu la vie, annonça le dragonnier. Onze ont réussi. Deux échouent sans mettre en péril la vie de leur cavalier. Vous allez recommencer jusqu’à la réussite de votre dragon… ou votre mort.
- Super encourageant, grogna Corail.
- Ton avis m’indiffère, indiqua le dragonnier.
Parlait-il en son nom propre ou rapportait-il les pensées de sa monture ? Corail n’en avait pas la moindre idée.
- Avance et saute au signal.
Corail obtempéra.
- Je n’ai jamais osé demander aux mecs, indiqua Jack ce soir-là dans la cabane. Ils vous font quoi pour vous soyez aussi épuisés ? Tu as la tête de quelqu’un qui a couru un marathon !
- J’ai passé l’après-midi à sauter depuis un surplomb dans une rivière, en sortir à la nage et remonter à pied via un escalier avec mes vêtements trempés.
- Je croyais que tu étais dragonnière. Le but n’est pas de te déplacer à dos de dragon ?
- Riri s’entraîne à me rattraper en cas de chute. Je saute et elle doit m’attraper en plein vol.
- Elle s’en sort comment ?
- Sept gars sont morts. Leurs dragons ont essayé de les rattraper mais un mauvais geste a condamné leur dragonnier. Onze ont réussi. Riri et un autre, un gros jaune, essayent encore.
- Tu veux dire que tu vas recommencer demain ?
- Je suppose, maugréa Corail. J’ai beau aimé nager, les plongeons récurrents et surtout la remontée des escaliers m’ont vidée.
- Dors. Je veille sur ton sommeil.
Corail s’endormit à peine dans les bras de Jack. Les prédictions de Corail s’avérèrent fausses. Les sauts ne reprirent pas après le zénith mais dès le matin. Ils étaient deux à enchaîner les sauts sous la surveillance impitoyable de Zaroth. Au zénith, Riri se posa à côté de Corail tandis que l’autre dragonnier voyait son dragon d’un jaune soutenu lui proposer ses épaules. Corail prit place et les trois dragons changèrent d’emplacement. La pause fit soupirer Corail d’aise. Elle n’en pouvait plus et ne rêvait que d’un bon repas et d’un bon lit.
Les dragons se posèrent dans une région inhospitalière à plus haute altitude. La raréfaction de l’air ne dérangeait pas Corail mais l’autre humain aux cheveux blonds peinait. Le dragonnier juché sur le dragon marron ne semblait pas gêné mais il se comportait tout le temps comme si rien ne le touchait. Il descendit de monture, dévoilant ses jambes blanches nues parsemées de poils noirs. Corail en haussa un sourcil de stupéfaction. Il était rare que le dragonnier mette pied à terre. Les dragons s’éloignèrent, laissant les humains ensemble.
- Phaegal, Corail, venez avec moi, ordonna le dragonnier.
- Tiens, j’ai un nom, finalement ? ironisa Corail. C’est quoi, le tien ?
- Si un jour tu deviens dragonnière, tu le sauras, indiqua-t-il.
- Je suis dragonnière ! gronda Corail.
- Pas tant que ta dragonne n’aura pas obtenu le titre de protectrice. En attendant, tu es cavalière.
Corail nota la différence, qu’elle ignorait jusque là. Phaegal et elle emboîtèrent le pas au dragonnier qui avança d’une marche assurée.
- Vos dragons n’y arrivent pas. Apparemment, pour deux raisons différentes. Celui de Phaegal parce qu’il est trop lent.
Le blond à côté d’elle acquiesça d’un geste.
- Celle de Corail, poursuivit le dragonnier, parce qu’elle n’ose pas l’approcher de peur de lui faire mal.
Corail grimaça. La compassion et la bienveillance de Riri lui firent monter des larmes de joie aux yeux tout en la faisant grimacer. Riri échouait à cause de ses sentiments. Les autres s’en fichaient. Parmi eux, certains tuaient leur cavalier mais les autres réussissaient. Or Corail comprenait fort bien l’importance que Riri apprenne à la rattraper en cas de chute. Après tout, une erreur pouvait toujours arriver. Corail préférait autant ne pas s’écraser sur le sol si cela devait se produire.
- Zaroth a décidé de modifier un peu les conditions afin de permettre à vos montures d’atteindre le résultat attendu, poursuivit le dragonnier qui avançait toujours.
Corail et Phaegal se figèrent en découvrant le panorama. Ils se trouvaient au bord d’un immense précipice. Le paysage leur coupa le souffle : une vallée verdoyante s'étirait à perte de vue, parsemée de rivières scintillantes et de forêts denses. Les montagnes au loin, majestueuses et imposantes, se dressaient comme des gardiennes silencieuses, enveloppées d'une légère brume matinale. Corail ressentit un mélange d’émerveillement et de terreur. Le paysage était magnifique, certes, mais la raison pour laquelle ils se trouvaient là inquiétait Corail.
- Corail, tu passes en premier, annonça le dragonnier en lui faisant signe de le rejoindre.
Corail avança pour découvrir que ce qui ressemblait à un début de pont à moitié construit – ou détruit – s’érigeait hors de la falaise, telle une corne prête à fendre les nuages. Le dragonnier s’avança jusqu’à sa plus lointaine extrémité. Corail le suivit, peu rassurée.
- Saute, dit le dragonnier.
Corail jeta un œil rapide en bas avant de secouer négativement la tête. Instinctivement, elle s’accrocha à la manche du dragonnier qui observa le poing serré sur son habit en souriant.
- T’es malade ! Qu’il y ait de l’eau en bas ou pas ne changera rien. À cette hauteur, je vais m’éclater en bas !
- C’est le but, indiqua le dragonnier. Ta dragonne a peur que ses actes n’aggravent la situation. Ici, c’est son inaction qui fera le plus de mal. Zaroth veut la sortir de sa zone de confort. Saute.
- Même pas en rêve, grogna Corail en serrant davantage la manche du dragonnier.
- Ta dragonne est prête. Saute, répéta le dragonnier.
- Non ! grogna Corail.
- Tu veux devenir dragonnière ?
- Oui, grinça Corail.
- Le dragonnier n’a pas à donner son avis. Il fait ce que les dragons ordonnent et ta dragonne t’ordonne de sauter. Tu ne l’entends pas encore alors je transmets mais la demande vient bien d’elle.
- Je ne te crois pas.
Via le lien, elle ressentait la terreur de sa dragonne. Elle lui hurlait de ne pas faire ça. Que les mâchoires du dragon marron furent sur sa gorge ne l’aurait pas étonnée.
- Saute, répéta le dragonnier.
- Non, répéta Corail.
Le dragonnier observa la main agrippée à sa manche et sourit encore, petit geste narquois qui donnait furieusement envie à Corail de le gifler.
- Si je saute, tu m’accompagnes, menaça Corail.
- Marché conclu, répondit-il.
Avant que Corail ait pu répliquer, il sauta, entraînant le corps au bout du poing serré sur sa manche dans sa chute. Corail hurla tandis que le dragonnier explosait de rire. Il se mit en position de croix et quelques instants plus tard, le cou du dragon marron venait le redresser en douceur, le faisant glisser le long de sa colonne vertébrale pour un positionnement parfait entre ses épaules.
- Moi, j’ai confiance en lui, hurla le dragonnier en prenant de l’altitude. Peux-tu en dire autant, Corail ?
Malgré la terreur, Corail se mit en position et sentit la vitesse ralentir. Le sol se rapprochait tout de même très rapidement. Corail ferma les yeux et envoya le plus possible de pensées positives vers Riri qui exsudait la terreur et l’angoisse.
Riri apparut à gauche de Corail. Vu son attitude, elle n’osait clairement pas approcher. En plein piqué, elle pouvait redresser à tout instant. Corail vira à gauche et s’appuya sur l’aile droite de Riri. Elle glissa dessus, l’utilisant comme toboggan, comme elle le faisait tous les jours quand elle descendait. Elle atterrit entre les épaules. Le sol se rapprochait à toute allure. Corail glissa les deux jambes dans leurs emplacements qui se crispèrent sur ses membres tandis que Riri redressait, amenant un sérieux haut le cœur à Corail. Les pattes de la dragonne frôlèrent le sol. Il s’en était fallu de peu.
Riri, d’angoisse, serrait les jambes de Corail. Calme-toi, calme-toi Riri ! Tu me fais mal ! La pression ne diminua qu’une fois la dragonne revenue à la zone de départ.
- Elle a réussi, s’amusa le dragonnier, tranquillement juché sur Zaroth. Tu vois ! Tu pouvais lui faire confiance. Tu peux descendre.
- Non, je ne peux pas, indiqua Corail. Mes jambes sont brisées.
La douleur qui la cisaillait ne laissait aucun doute. Riri l’avait trop serrée. Ses os et quelques muscles avaient cédé sous la pression.
Riri montra les dents contre Zaroth.
- Tu veux bien me traduire ce qui se passe ? demanda Corail.
- Je ne sais pas, indiqua le dragonnier. Zaroth ne me transmet ce qu’il a envie que je traduise. Quand ils parlent entre eux, je ne perçois rien.
Corail sentit Riri reculer puis se préparer à l’envol. Corail serra les dents mais Riri agit en douceur. Elle vola par dessus les montagnes avant de descendre. Bientôt, l’océan fut en vue. Corail reconnut le paysage alors que la dragonne atterrissait. Riri tordit le cou pour offrir son museau à Corail. Cette dernière l’empoigna et s’y agrippa. Riri la souleva sans difficulté avant de la déposer dans l’eau de cette crique entourée d’une falaise percée de grottes. Malgré la douleur fulgurante, Corail s’obligea à rester immobile. Elle ne put en revanche retenir son hurlement. La souffrance la percuta et elle perdit connaissance.
Tout va bien : Riri et Corail se comprennent de mieux en mieux, Jack est de plus en plus gentil, ce qui s'annonçait potentiellement dramatique se termine bien (pour l'héroïne), et même Corail semble avoir acquis une certaine considération de la part de son entourage.
Tout va trop bien, je subodore un futur moins idyllique...
Mais l'argument du récit continue à se préciser par petites touches pertinentes, et c'est très plaisant.