Chapitre 7 : Diplomatie

Une grande porte double dévoila un salon confortable, avec des coussins et des fauteuils. Sur une table ronde trônaient des verres en cristal et des carafes, contenant des liquides rouges, roses ou transparents. Dans la pièce se trouvaient le roi Merel, sa femme Nadjat, le prince Jarmin – qui avait fermé la porte une fois tout le monde entré - et sa femme Clarisse.

Le roi Merel accueillit Corail d’un sourire chaleureux.

- Préférez-vous des fauteuils ou des coussins ? demanda-t-il d’un ton avenant.

- Les fauteuils, indiqua Corail, je vous remercie.

- Elle parle ! s’exclama Jarmin.

Corail frémit et cessa son mouvement pour se figer.

- Jarmin, que t’avais-je demandé ? demanda le roi d’une voix douce teintée de reproches.

- De me taire, père, répondit le prince.

- Et donc ?

- Pardonnez-moi, dit-il avant de s’asseoir sèchement.

- Je vous prie de bien vouloir excuser mon fils, poursuivit le roi en prenant place sur un fauteuil.

Corail, sur une indication gestuelle de Jack, s’installa en face du roi, mal à l’aise.

- Je vous suis infiniment reconnaissant d’avoir accepté de me parler, indiqua le roi.

Corail baissa les yeux et tritura ses doigts.

- Vous devez comprendre que cette rencontre est pour moi une opportunité incommensurable.

Corail ne saisissait pas bien les propos du roi.

- Jamais, au grand jamais, je n’ai imaginé qu’un sirénien pouvait être capable de parler notre langue… ni de rester hors de l’eau aussi longtemps, d’ailleurs.

Corail ne savait pas quoi répondre alors elle resta silencieuse.

- Nos connaissances de votre société sont infimes. J’aimerais profiter de votre présence pour améliorer nos relations, ce qui, vu la situation actuelle, ne sera pas trop difficile mais je veux dire… mettre un terme au conflit qui nous oppose ?

Corail n’appréciait pas d’être ainsi sous le regard de tant de gens. Elle se mura dans le silence. Le roi se redressa. Jarmin renifla. Tout le monde serra les dents.

- Père, commença Jack, Corail n’a aucune connaissance en diplomatie. Me laisseriez-vous… parler en son nom ? Corail, poursuivit-il en se tournant vers son amie, tu m’arrêteras si je me trompe, d’accord ?

- Je préférerais qu’elle s’exprime elle-même mais si cela peut permettre à cet échange de débuter, pourquoi pas, accepta le roi tandis que Corail hochait timidement la tête.

- Si j’ai bien compris, ce que veulent les siréniens, c’est la terre aux humains, le ciel aux dragons et la mer aux siréniens. J’ai bon ?

Corail acquiesça à demi sans pour autant développer.

- Je suis certain que vous avez énormément à nous offrir, indiqua le roi. Vous savez, nos pêcheurs ne partent pas plusieurs jours en mer à braver les tempêtes par plaisir. Si vous nous fournissiez le poisson, nous vous laisserions volontiers la mer.

- Non, répliqua Jarmin. Nous avons besoin de transporter nos marchandises et les bateaux restent une nécessité.

- Cela fait partie des négociables, soupira le roi. Jarmin, tu veux bien respecter mes ordres ?

Le prince grogna avant de s’enfoncer dans son siège.

- La chasse aux baleines doit cesser, murmura Corail.

- Plus de chasse aux baleines, répéta le roi en souriant. Seriez-vous d’accord pour pêcher le poisson pour nous ?

- On ne le pêche pas, répliqua Corail. On le chasse.

- Chasser le poisson, répéta le roi tandis que la reine souriait pleinement en serrant la main de son mari. Soit. Si vous le chassiez pour nous, nos bateaux n’auraient plus à arpenter votre élément. Cela vous conviendrait-il ?

- Non, lança Corail. C’est largement insuffisant.

Jarmin hoqueta. Sa femme siffla de mécontentement à son égard et l’homme grimaça.

- Excusez-la, père, elle… commença Jack.

- N’a aucune notion d’étiquette et de diplomatie, termina le roi à sa place. J’avais saisi. Il n’y a aucun problème. Ses manières ne me dérangent pas. Je suis déjà ravi de l’entendre parler.

Corail jeta des regards apeurés autour d’elle.

- Personne ne vous fera de mal, mademoiselle, assura le roi avant de froncer les sourcils. D’ailleurs, on dit mademoiselle dans votre cas ? Madame ?

- Monsieur ? proposa Jarmin.

Tous les humains lui lancèrent des regards courroucés.

- Quoi ? s’exclama Jarmin. On n’a jamais vu ce qu’il y a sous la robe.

- Pas d’yeux rouges ou d’écailles, en tout cas, assura Corail d’une voix acerbe.

- Bien sûr que non, répondit le roi. J’ai déjà vu des corps de siréniens. Je sais exactement à quoi vous ressemblez.

- Pourquoi un tel mensonge en ce cas ? accusa Corail.

- Pour protéger mon peuple, expliqua le roi. Si demain, mes sujets savaient que les siréniens nous ressemblent, ils accuseraient leurs voisins d’en être. « Il mange du poisson deux fois par semaine, c’est un sirénien ». « Il va nager tous les matins, c’est un sirénien ». Nous croulerions sous les crimes. Certains agiraient en toute bonne foi, d’autres en profiteraient pour régler leurs comptes de cette façon.

Corail cligna des paupières et fronça les sourcils. Elle n’avait pas imaginé une telle raison.

- L’un des plus grands fléaux lors d’un rassemblement est la panique, souffla la reine qui parlait pour la première fois.

Ses lèvres carmins articulaient les sons avec soin. Ses dents blanches unifiaient un visage ovale doux aux rides d’expression marquées.

- Si notre peuple savait que les siréniens pouvaient se trouver parmi eux, ils… Je n’ose imaginer les conséquences.

- De plus, poursuivit Clarisse, d’une certaine manière, cela vous protège, vous. Si le peuple vous craint, il va moins à votre rencontre.

- Naturellement, reprit le roi, les gens de haut rang et les soldats connaissent la vérité, ainsi qu’une bonne partie des baleiniers. D’autres savent et ont reçu de grosses compensations en échange de leur silence.

Le roi se tourna vers Jarmin et soupira tout en secouant la tête. Le prince aîné fixait Corail avec insistance.

- Corail, il s’avère que mon fils Jarmin n’a jamais eu l’occasion de voir un cadavre de sirénien. Je le connais : tant que sa curiosité n’aura pas été assouvie, il ne sera pas capable de se concentrer. Or je me fais vieux. Ce que je débute ici sera poursuivi par mes successeurs et il s’avère qu’il s’agit de Jarmin. Heureusement, Clarisse est là mais…

Le roi se tortilla et choisit de ne pas finir sa phrase.

- Accepteriez-vous de retirer votre voile ? interrogea la reine avec douceur.

- Comprenez bien que Corail s’est faite agresser… commença Jack, qui se tut en constatant que son amie accédait à la requête de la reine.

Corail retira le voile et fit tomber sa capuche.

- Ça ne me permet pas de répondre à la question, siffla Jarmin en se courbant en avant, comme si avancer la tête de quelques doigts lui permettrait vraiment de mieux voir. Homme ou femme ?

- Ces termes n’ont pas de sens pour les siréniens, indiqua Jack. Ils ne sont pas sexués.

- J’avais déjà constaté le vide dans leur entrejambe, précisa le roi.

La reine et Clarisse opinèrent du chef.

- Ni homme, ni femme ? s’étrangla Jarmin. Pourtant, quand tu parles de Corail, tu dis « elle ».

- J’ai pris l’habitude d’être féminisée, indiqua Corail.

- Votre peuple ne fait pas de différence entre les mâles et les femelles ? insista le roi, interloqué.

- Tous les siréniens naissent femelles, expliqua Corail. Un jour, ils deviennent mâles.

- Vous changez de sexe au cours de votre existence ? s’exclama Jarmin, les yeux exorbités.

- La modification est-elle douloureuse ? s’enquit la reine.

- Je ne sais pas, avoua Corail. Je ne l’ai pas encore vécue. Aucun sirénien n’a jamais indiqué que ça faisait mal.

- Vous êtes donc une femelle, en conclut Jarmin, satisfait d’avoir la réponse à sa question.

- Si cela vous fait plaisir de le considérer ainsi, s’inclina Corail.

- Hum, souffla le roi en se grattant le menton.

Il réfléchit puis sembla s’extraire de ses pensées d’un sursaut.

- Vous disiez que vous laisser l’usage de l’océan serait insuffisant. Pourriez-vous développer ?

Corail observa ses interlocuteurs tour à tour, les fixant de ses yeux d’un bleu insondable.

- Au déjeuner, votre belle-fille, l’épouse du capitaine de la garde pardonnez-moi j’ai oublié leurs noms, nous ne nous nommons pas sous l’eau.

- Félicie, lui rappela volontiers Clarisse.

- Félicie, répéta Corail en remerciant la princesse d’un geste de la tête, elle mangeait des crevettes.

- C’est vrai ! se souvint Jack. Il y avait des produits de la mer sur la table. Tu aurais pu en manger. Quoi que… Elles étaient cuites. Ça se mange, cru, des crevettes ?

- C’est surtout complètement stupide de les manger ! grogna Corail.

Jarmin remua sur son siège, ses doigts enserrant les accoudoirs.

- Pourquoi ? s’enquit Jack, éberlué.

- C’est ça qu’il y avait dans l’eau, indiqua Corail. L’aile de Farhynia, certes, mais surtout des crevettes.

- L’aile de… Des crevettes ? C’est ça qui me chatouillait les pieds ? Attends ! Tu veux dire que ces crevettes peuvent guérir des os brisés !

Corail acquiesça en levant les yeux au ciel.

- Et vous, les humains, vous les mangez !

Qu’elle les trouve idiots transpirait de son ton.

- Ceci dit, leur disparition n’est pas seulement liée à votre consommation alimentaire, précisa Corail. Ces crevettes, qui vivent sur la côte et non en pleine mer, ont besoin de conditions spécifiques pour vivre, se reproduire, s’épanouir. Vos installations côtières détruisent leur habitat. Nous peinons de plus en plus à en trouver et déplorons leur perte.

- C’est exactement ça, intervint le roi. Un bénéfice mutuel à une coopération. Votre savoir nous serait précieux. Vous pourriez définir des zones protégées où aucun humain n’aurait le droit de mettre les pieds. En échange, vous pourriez bénéficier du pouvoir de ces crevettes et nous aussi, sous des conditions à négocier. C’est exactement ça que nous recherchons.

- Il ne fait aucun doute que vous avez énormément à nous apprendre, poursuivit la reine.

- Ils possèdent un genre de pâte qui pue mais qui soigne les plaies en un temps record, raconta Jack. Un jour, Corail s’est faite défoncer le torse par des dauphins. Son poumon gauche avait été transpercé par une de ses côtes. J’ai mis le cataplasme et le lendemain, elle n’avait plus rien.

Toute l’assemblée en hoqueta de stupeur.

- L’effet n’est pas aussi puissant qu’avec les crevettes, maugréa Corail. La réparation reste friable. La preuve, un simple coup de poing d’Aeros a brisé mes côtes et explosé mon poumon.

Les humains retinrent leur souffle.

- Tu veux dire que tu n’as qu’un seul poumon en état de marche ? s’enquit Jack.

Corail confirma d’un geste de la tête. Il y eut un silence gêné puis le roi reprit :

- Les crevettes, le cataplasme puant, les baleiniers, la pêche devenue chasse, chaque point pourrait être discuté, négocié. Arriver à un consensus ne se fera pas en un jour mais je veux croire cela possible. Votre existence, le simple fait que vous parliez notre langue, que vous soyez là, devant moi, est un atout dont aucun roi n’avait jamais pu rêver. Corail, j’aimerais vous poser une question avant de vous quitter car j’ai malheureusement bien d’autres sujets à traiter aujourd’hui.

- Je vous écoute, dit Corail alors que Jack se tendait à côté d’elle.

- Les siréniens qui parlent notre langue sont-ils nombreux ?

Jack fronça les sourcils. Corail lui lança un regard interrogateur. Il la regarda et d’un geste, lui indiqua qu’elle pouvait répondre, tout en restant interloqué.

- Non, lui apprit Corail. Je ne suis pas la seule mais ils sont rares. Pour l’instant, je n’en ai croisé qu’un seul et il est mort entre les mains des dragonniers. Il doit probablement y en avoir d’autres.

Le roi hocha gravement la tête avant de se plonger dans ses pensées.

- Nous vous remercions, Corail, pour ce charmant échange, dit la reine. J’espère de tout cœur vous avoir au dîner. Nous ferons en sorte que votre assiette convienne à votre régime alimentaire.

Jack se leva et Corail l’imita. Ensemble, ils quittèrent le petit salon. Jack emmena Corail près des dragons. La sirénienne caressa affectueusement le museau de Zaroth qui lui lécha le visage en retour.

- Il est rassuré de voir que tu vas bien, indiqua Jack. Il est heureux de savoir que tu as pu boire et manger.

Corail se tourna vers son ami qui n’avait offert ni geste, ni regard à Chavard’all. Cela lui brisa le cœur.

- Je ne veux plus dormir sous l’aile de Zaroth, indiqua-t-elle le front plissé. Je refuse de l’obliger à ça.

- Il dit que ça ne le dérange pas, précisa Jack.

- Moi, si, répliqua Corail. Tu veux bien qu’on dorme ensemble, dans ton lit ? Tu es prince. Il doit être grand !

Jack sourit puis acquiesça.

- Tu me montres tes appartements ? demanda Corail.

- Avec grand plaisir.

Après une dernière caresse à Zaroth, Corail suivit Jack dans ce palais gigantesque où le prince glissait avec l’aisance de l’habitude. Les appartements du sixième enfant du roi proposaient une salle d’audience privée où il pouvait recevoir ou tenir un conseil. Derrière se trouvait la chambre à coucher offrant un immense lit à baldaquin devant une cheminée actuellement éteinte. Une porte menait à la garde-robe assez peu fournie, Jack étant parti longtemps. Un petit cabinet privé permettait au prince de travailler en observant le jardin intérieur, lieu de calme et de quiétude idéal pour réfléchir en paix. Un boudoir et un cabinet de toilettes complétaient les appartements princiers.

Corail finit par s’asseoir sur le lit, d’où elle observa les tapisseries, les tableaux et les chandeliers ornant les murs.

- C’est grand, finit-elle par conclure.

Il rit.

- Beaucoup moins que l’océan, répliqua-t-il.

Corail ne nia pas. Jack prit place de l’autre côté du lit. Corail s’approcha et posa sa tête sur son épaule. Le prince se contenta de profiter. Il crevait d’envie de déposer un baiser sur son front et de la serrer dans ses bras. Il se contint, sentant qu’il valait mieux prendre son temps et la laisser venir à lui, à son rythme.

Corail, toujours posée sur l’épaule de son compagnon, murmura :

- La dernière interrogation du roi t’a beaucoup questionné. Pourquoi ?

- Mon père ne pose jamais ce genre de question sans raison, indiqua Jack. Je n’arrive pas à déterminer pourquoi il voulait connaître le nombre de siréniens capables de parler notre langue.

- Il est curieux, proposa Corail.

- Non, la contra Jack. Jarmin est curieux et c’est pour ça qu’il fera un très mauvais roi. Heureusement que sa femme propose de bien meilleures dispositions. Clarisse tiendra le royaume et c’est tant mieux. Elle fera une excellente reine.

Il y eut un petit silence puis Jack reprit :

- Pourquoi mon père avait-il besoin de cette information à ce moment-là ? Il n’a monté cette entrevue que pour obtenir cette réponse.

- Tu crois ? s’étonna Corail en se redressant.

- J’en suis certain sauf que je ne parviens pas à… La raison m’échappe telle une anguille.

- Je n’ai pas envie de t’échapper, répliqua Corail d’un petit ton outré.

- Je ne parlais pas de toi, ma douce, assura Jack en souriant.

- J’avalerais bien une anguille, annonça Corail.

- Nous sommes loin de la mer, indiqua Jack. Les seuls poissons que tu trouveras nagent en eau douce.

- Les anguilles vivent en eau douce, répliqua Corail en se retenant d’exploser de rire. Ces animaux sont capables de supporter n’importe quel niveau de salinité. Elles ne viennent dans l’océan que pour s’y reproduire.

- Ah… souffla Jack. J’ignorais. En tout cas, je n’ai jamais vu d’anguille au palais.

- De toute façon, je ne parlais de ces anguilles-là.

Jack fronça les sourcils.

- Mais d’une sorte particulière capable de gicler un liquide visqueux et salé fort agréable à mes papilles.

Jack comprit. Il écarquilla les yeux puis rit nerveusement.

- Sans déconner ? s’exclama-t-il.

Corail hocha timidement la tête.

- Tu veux bien ?

- Ah mais moi, je suis toujours partant ! s’écria-t-il avant de défaire le nœud de son pantalon.

Après une fellation mémorable, Corail, toujours vêtue de pied en cape, se blottit dans les bras de Jack. Le prince flottait sur un petit nuage, heureux.

Le temps suspendit son vol jusqu’à ce qu’un serviteur vint prévenir que le dîner ne tarderait pas à être servi. Les deux amoureux rejoignirent la salle à manger, la même qu’au déjeuner, les convives, identiques, se trouvaient assis aux mêmes places. Le roi tenait à rassurer leur invité d’honneur.

Corail constata la présence de poisson cru et l’absence de crevettes. Elle salua Jarmin et Clarisse d’une courbette, avant de faire de même avec Brennan et sa femme Felicie.

- Elle apprend vite, sourit Jack devant le regard surpris des convives.

Lorsque le roi entra, Corail se leva en même temps que les autres. Le repas commença par la disparition du voile de la sirénienne, lui permettant de se nourrir plus aisément. Jack lui montra la fourchette mais Corail s’obstina à manger avec ses doigts. Les discussions abordèrent des thèmes neutres, l’organisation de fêtes à venir, la venue prochaine d’un gouverneur au palais, un problème d’égout débordant dans le quartier ouest. Corail écouta d’une oreille distraite, la main de Jack sur sa cuisse la comblant de joie.

Le repas terminé, les serviteurs retirèrent les plats puis disparurent, laissant les convives seuls.

- Les soldats présents lors de l’attaque du camp des dragonniers sont venus me faire leur rapport, indiqua le roi.

Corail frémit.

- Ils confirment les propos de Zaroth. Je me retrouve dans une situation très délicate, poursuivit Sa Majesté.

Il croisa les mains devant lui, ses doigts s’entremêlant.

- J’apporte énormément d’importance à l’honneur et la demande de Zaroth me semble tout à fait recevable. Je ne peux cependant y accéder au risque de détruire toute possibilité de négociation avec les siréniens. Je ne peux imaginer perdre une telle opportunité, qui ne se reproduira peut-être jamais.

Corail fronça les sourcils. Quel était le lien entre les deux ?

- Ça y est ! s’exclama Jack. J’ai compris !

- Tant mieux, souffla Corail, parce que moi pas.

- Corail, je t’ai présentée au départ comme étant la dragonnière de Zaroth, rappela Jack.

- Forcément puisqu’elle est arrivée sur son dos, intervint Jarmin.

- Et alors ? dit en même temps Corail.

Jack ignora le futur roi pour répondre à son amie.

- Alors habituellement, quand un dragon meurt, son dragonnier le suit dans ce funeste destin. Mon père s’apprête à mettre à mort Zaroth mais il ne veut pas te perdre, toi.

Corail se tourna vers le roi qui confirma d’un geste de la tête.

- Soyez rassuré, votre Majesté. Je survivrai à Zaroth, indiqua Corail. Je suis une sirénienne. Je contrôle les dragons. Ils ne me dominent pas.

Le roi frémit.

- Zaroth est-il venu au palais à ta demande ? interrogea Jack.

- J’ai coupé le lien à l’instant où je suis montée sur son dos, indiqua Corail. Crois-moi que si je l’avais dominé, nous serions loin, très loin à l’heure qu’il est. Cet endroit est bien le dernier où j’ai envie de me trouver.

- Même alors que mon fils y demeure ? répliqua la reine d’un ton amusé.

Corail plongea son regard dans celui de Jack et rougit. Jack toussota. Jarmin gémit, imitant une nausée.

- Tu n’as pas idée de ce que tu rates, mon frère, s’amusa Jack.

Corail devint plus rouge qu’une tomate. Jarmin grimaça de plus belle. Les trois femmes humaines à table ne purent s’empêcher de glousser. Le roi et le capitaine de la garde restèrent stoïques, fidèles à leur éducation stricte.

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