“Liiiiiz”
Pas dans la petite maison de bois, ni sous les lits, ni dans les placards.
Pas dans les alentours, ni derrière la fontaine, ni dans les rares buissons.
“Vous n’avez pas vu une petite avec un manteau violet, des cheveux marron ?”
Maï Rose s’affolait auprès de chaque habitant du village, demandant à chacun s’il n’avait pas croisé la petite irresponsable.
Une personne aux courts cheveux blancs et aux oreilles pointues sembla bien prise de court par la question.
“Violet ? Désolé, je n’ai vu personne de ce genre ici. Vous êtes nouvelles ? Je ne vous ai jamais vu-
- Ok. Les premières heures d’une disparition sont primordiales. Débita Ariane sans perdre le fil.
- Merci beaucoup monsieur, on est arrivées il y a deux jours, et l’une de nous s’est perdue.”
Maï Rose n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’Ariane l’entraîna plus loin, aller interroger la personne suivante.
Tic tac
Bientôt 3h que personne ne l’a vue en vie.
Ariane pesta et s’approcha du premier venu, un homme carré, roux, avec une queue de chat, et quand il se retourna, deux oreilles de chat déchirées se redressèrent. Le visage couvert de taches de rousseurs, et de cicatrices plus ou moins grosses.
“Vous n’avez pas vu une petite avec un manteau violet, des cheveux marron ?
- Non je ne l’ai pas vue, vous avez perdu votre amie ?
- Oui- On ne sait pas où elle est…”
L’homme à la mine sérieuse ferma ses yeux ambrés un instant. Sa queue de chat s’agitant, balayant la poussière du sol. Ariane se demanda s’il était vraiment en train de les aider, ou si elles allaient devoir virer sur la prochaine personne à interroger.
“Dans la forêt ! S'exclama-t-il en ouvrant en grand les yeux. C’est un endroit dangereux pour une sans magie comme elle !
- Dans la forêt ?! S’étrangla Maï Rose avec affolement. Comment vous le savez ? Vous êtes sûr ?
J’en suis sûr, elle y est. C’est mon instinct qui me le dit.”
À ce moment précis, Ariane aperçut que ses yeux brillaient d’un orange surnaturel. Un pouvoir ? Elle ne pouvait pas en être sûre, mais si ça pouvait permettre de retrouver Liz et de calmer Maï Rose, elle était preneuse de toutes informations.
“Allons-y Maï- Fit Ariane en tirant son amie vers la forêt dense.
- Ah ! Merci beaucoup monsieur !
- Arazhis ! Compléta l’homme en raclant sa gorge. Dépêchez-vous de la retrouver avant que le couvre-feu tombe.”
Les deux filles ne se firent pas prier, et s'engouffrèrent dans la forêt.
“Liz !”
Maï Rose ne faisait qu’appeler plus fort. Ariane se précipita entre les arbres si proches les uns des autres, qu'on ne voyait pas plus qu'à quelques mètres. Les arbres étaient verdoyants et lumineux, magnifiques. Mais la forêt était bien loin de ce que l'on peut appeler accueillante. Ariane resserra sa main autour de celle de sa meilleure amie, elle ne devait pas trop s'éloigner.
“Ariane ! Attends ! On va perdre notre chemin ! Tu as vu ces arbres ? Ils sont si épais qu’on ne fera pas plus de quelques mètres sans se perdre !
- Qu’est-ce que tu proposes alors ?”
Maï Rose la fit s’arrêter et elle se mit à genoux par terre pour creuser un petit trou entre la mousse et les racines d’un arbre. Salissant ses mains délicates.
“Voilà ! C’est assez discret, mais nous, on saura qu’il faudra passer par là pour rentrer.
- Tu as vu la terre ? Il suffit qu’on marche dessus et on ne verra plus rien…”
Maï Rose se releva et reprit la marche, Ariane ne se fit pas prier pour lui passer devant et surveiller les dangers.
“Oui mais si ces gens sont cachés dans une forêt… C’est qu’il y a peut-être une raison…”
Ariane tourna la tête vers elle, agacée.
“Pourquoi tu veux autant retrouver cette fille qu’on vient à peine de rencontrer ? Si elle a fugué dans la forêt c’est son problème…
- Elle vient de notre collège je te signale- Et puis on ne va pas la laisser toute seule dehors sans refuge… Tu voudrais qu’elle aille où ? On la retrouvera !
- Il fallait peut-être qu’elle y pense avant de s'enfuir. Elle a beau être du même établissement que nous, elle ne te connaît que par ta réputation.”
Cette fois-ci, Maï Rose fit profil bas, continuant à marcher en silence. Ariane continua à lui lancer des coups d'œil tout en continuant de marcher dans la forêt, il y avait bien des fleurs et arbres qu’elle n’avait jamais vus auparavant, mais ce n’était pas très important. Pour l’instant, elles cherchaient une masse violette. Pourtant la faune avait de quoi surprendre, elle voyait des lianes rouges grimper à des arbres, des petits tas de fleurs jaunes en tas, beaucoup de petites fleurs jaunes. Ariane ne pouvait pas savoir si c’était des fleurs qui existaient aussi en France ou sur Terre en général, mais elle comprit qu’elles étaient face à des plantes magiques quand certaines se mettaient à briller lors de leur passage. De petits grains de pollen brillant tentant de s’accrocher à leur vêtement.
Maï Rose reprit soudain la parole alors qu’elle refaisait un petit tas pas terre, à côté d’un tas de fleurs jaunes..
“Je ne veux pas en parler Ari…
- Tu étais enthousiaste avant d'abandonner la campagne et d'aller dans la grande ville…
- Tu ne comprends pas, c’est compliqué…
- Tu aimes ta réputation d’intello pourtant, non ?
Maï Rose prit une grande inspiration, comme toutes ces fois où elle déballait tous ses sentiments d’un coup.
“Tout le monde ne me connaît que par cette réputation… Murmura tristement la jeune prodige. Celle qui ira dans le meilleur lycée de France, puis qui s'envolera pour un futur radieux !”
Elle lâcha un rire triste, sa voix tremblait à chaque mot.
“Je ne veux pas y aller moi… À ce lycée… Je ne veux pas être toute seule… Mais c’est pas le moment d’en parler on est- piégées ici alors...
- Tu te feras des amis, répliqua Ariane. Comme toujours.
- Mais ce ne sera pas pareil, tu… Tu ne seras pas là…”
Le cœur d’Ariane en prit un coup. Elle devait pourtant se rendre à l'évidence, dans quelques mois, à la fin de l'année scolaire, elles seront séparées. Arrachées à ce qui a été leur établissement pendant 4 ans, elles allaient devoir quitter toutes leurs habitudes, leurs rituels…
''Oua… Murmura Maï Rose en riant à son silence. Je m'attendais à ce que tu ne réagisses pas mais, pas à ce point !''
Ariane ne disait rien, continuant de marcher en regardant les alentours, cherchant Liz.
Si Maï Rose retrouve cette fille, elle arrêtera de penser à tout ça.
''Ari, répond moi… Est-ce que j'ai si peu d'importance pour toi que- Que je ne te manquerais même pas quand nous serons séparées ?''
Ariane se crispa, tournant la tête pour la regarder, énervée.
''Qu'est ce qu-''
Son pied ne rencontra pas le sol habituel, mais le vide.
''Ari !!''
Un seul coup d'œil lui permit de comprendre ce qui se passait, le vide, encore. Et impossible de revenir en arrière.
Le cœur d'Ariane rata un battement alors que son corps chuta violemment contre la pente, la dévalant à une vitesse alarmante avant de se prendre un arbre en aval qui stoppa net sa chute.
Un bruit aigu poursuivit son arrêt alors que son épée finissait sa chute à ses côtés. Sa cuisse se faisant atrocement brûlante.
''Ariane !''
Elle porta une main à son crâne et la regarda, pas de sang, c'était déjà ça. A croire que le karma lui revenait en pleine face, ou qu'un dieu empêchait la conversation de se dérouler.
“Ne bouge pas ! J’arrive !”
Ariane se redressait déjà pour dire à Maï Rose que c’était inutile et qu’elle allait remonter, mais non seulement elle avait disparu, mais la pente qu’elle avait dévalée était particulièrement raide et d’une hauteur conséquente. Jamais elle ne réussirait à repartir dans ce sens.
Elle jeta un coup d'œil aux environs et comprit qu’il s’agissait juste d’une partie plus basse de la forêt, avec les mêmes arbres et mêmes plantes étranges.
Ariane frotta sa hanche brûlante en se relevant, la ceinture qui tenait son épée avait cédé sous la violence de la chute. Elle eut tout de même comme premier réflexe de vérifier sa montre.
14h57
Son battement de cœur était puissant et continue, cette fois-ci, la montre avait tenu le choc de la chute. Ariane se maudit pour avoir été aussi stupide, comment elle avait pu juste arrêter de fonctionner en voyant le vide. Si ça avait été ne serait-ce que plus raide ou plus bas, elle aurait pu en mourir.
14h58
La jeune fille se pencha pour récupérer son épée à la va-vite. Elle n’était miraculeusement pas endommagée, mais elle allait devoir tenir la lourde arme à la main. En plissant les yeux elle remarqua quelque chose dont elle n’avait pas fait attention. Sur le fer, à la base de la lame, était inscrit un symbole avec des triangles.
14h59
Le vent se leva soudainement, il commençait à faire de plus en plus sombre, et bientôt, les collégiennes allaient être bloquées là. Des nuages sombres avaient rempli le ciel, obscurcissant les environs.
Tic tac…
Tu laisses Maï Rose seule plus de 10 minutes…
Pourtant Ariane ne devait pas bouger, attendre que sa meilleure amie la rejoigne. Mais la pression était bien trop grande, regardant dans la direction où Maï Rose avait filé, à droite.
La jeune fille effectua un quart de tour et se mit à courir, plus vite elle la rejoindra, moins elle se morfondra dans son anxiété en conséquence.
Des bruits plus loin retinrent son attention, des pas légers, un rythme rapide : c'était elle.
Elle effectua un virage pour aller à sa rencontre et se heurta contre une personne. Prenant quelques pas en arrière, elle comprit rapidement que cette personne n'était pas son amie.
Un homme se tenait devant elle, il faisait sa taille mais avait l'air bien plus vieux, les cheveux noirs et court qui couvraient un regard fatigué et ses yeux jaunes. La jeune fille n'avait jamais vu un tel regard, ses pupilles luisaient, éclairant faiblement ses joues sales et son nez cassé.
Il semblait totalement figé en voyant Ariane, ses yeux se baissant sur l'épée qu'elle tenait à sa main.
Aucun d'entre eux ne bougeait, et ils se contentèrent de se dévisager en silence.
Qui est-il ? Je ne l'ai pas vu au village… Songea Ariane tout en préparant un plan de défense.
S'il lui fonçait dessus, il n'avait aucune chance, son épée serait plus rapide. Ariane remarqua enfin le couteau qu'il empoignait fermement dans sa main. Bien qu'il soit armé, il n'avait pas intérêt à s’approcher d’une arme longue dans la main d'une escrimeuse.
Il portait aussi une sorte d'uniforme mais avec des couleurs naturelles qui lui permettaient de se fondre dans le décor. Dans son autre main, il tenait une casquette noire d'uniforme militaire, elle était presque familière.
Ce n'est pas la même tenue marron qu'ont tous ces gens…
Des bruits de pas effrénés brisèrent leur silence imposé.
L'homme fit quelques pas en arrière, et remit sa casquette sur sa tête, cachant ses yeux jaunes. Son regard qui n'avait pas arrêté de fixer Ariane se détourna enfin et il s'enfuit en courant dans la direction opposée.
Elle eut à peine le temps de réaliser ce qui venait de se passer que Maï Rose surgit d'entre les arbres et prit Ariane dans ses bras.
''Ari !! Oh j'ai eu tellement peur ! Ça va ?''
La jeune fille commençait déjà à inspecter les blessures potentielles de son amie. Ses cheveux noirs en pagaille, jamais Maï Rose n'avait eu des cheveux aussi mal coiffés depuis qu'elle la connaissait.
''Tu ne saignes pas, c'est déjà ça ! J'ai trouvé Liz ! Je l'ai vu d'en haut, elle était de ton côté ! Dépêchons-nous avant qu’elle ne se décide à fuir plus loin !”
Maï Rose lui attrapa la main et tenta de l’entraîner vers là où elle est venue mais Ariane resta figé dans la direction où était parti l’inconnu aux yeux jaunes.
“Quelque chose ne va pas ?”
Sans bouger, Ariane attendait de détecter les bruits de la forêt, mais pas un bruit n’était audible et tout paraissait calme. Il devait être parti plus loin. Ce n’était plus quelque chose dont elle devait s’occuper, mais Maï Rose devait rester à ses côtés.
Maï n’en saura rien... se murmura Ariane tout bas.
Si cet homme suspicieux était toujours dans les parages, il n’aura pas le temps de s’approcher d'elles qu'Ariane lui réglera son compte.
“Non ce n’est rien, allons retrouver Liz…”
Oh un nouveau personnage mystérieux, j'ai hâte d'en savoir plus ! J'aurais aimé aussi avoir la suite de la conversation entre Ariane et Maï-Rose pour mieux comprendre leur relation, mais c'est un bon choix de justement laisser cela en plan.
Quelques petites remarques formelles :
- "Cette fois-ci, Maï Rose fit profil bas, continuant à marcher en silence. Ariane continua à lui lancer des coups d'œil tout en continuant de marcher dans la forêt" => il y a une répétition de "continuer" trois fois dans cette phrase.
- "Il devait être parti plus loin. Ce n’était plus quelque chose dont elle devait s’occuper, mais Maï Rose devait rester à ses côtés. " là aussi une répétition de "devait"
- Si cet homme suspicieux => est-ce que ce n'est pas "suspect" plutôt que "suspicieux ?"
En tout cas, c'est toujours agréable de te lire.
A très vite !
Remarques très justes ! Merci beaucoup de les avoir notées ! Ce sera tout corrigé dans la réécriture :D