Chapitre 7 : Erzic

Par Talharr

Erzic :

Les Alkasrims mis en déroute, l’armée affaiblie de Rhazek avait repris sa marche vers Ustryr.

Erzic était resté avec sa compagnie de Dralkhar et de Zarktys. Avec si peu d’hommes, une victoire contre la dernière cité libre de Drazyl aurait été inconcevable.

Rhazek avait passé le plus clair de son temps à discuter avec ses commandants, ce qui avait étrangement agacé le mage.

S’il n’avait pas été là, bien peu auraient survécu. Et encore moins face à la bataille qu’ils avaient affrontée.

Contrairement à la plupart des cités vaincues, Ustryr s’était préparée.

Au moins, Erzic n'aurait plus besoin de se cacher. Rhazek avait expliqué à ses hommes qu'ils étaient leurs alliés. 

Lorsqu’ils étaient arrivés sur une hauteur, le désert avait disparu, remplacé par une verdure chatoyante.

Le vent brûlant avait cédé la place à une brise rafraîchissante.

En contrebas, les murs aux teintes verdoyantes d’Ustryr étaient visibles, ainsi qu’un dôme qui la surplombait.

On aurait dit une copie de Mahldryl… mais différente.

Un cours d’eau traversait la cité, ajoutant à ce tableau une étrange impression de magie.

Ce changement radical de paysage avait laissé toute l’armée bouche bée.

Un chemin en pente, devant eux, les aurait menés tout droit aux portes de la cité.

Mais comment l’attaquer ? La forêt semblait continuer jusque derrière les murailles de pierre verte.

      — Mettons-y le feu ! avait déclaré le seigneur Mahrzil.

Erzic fut presque étonné de voir que plusieurs seigneurs des cités conquises étaient encore à leurs côtés.

Le pouvoir et la richesse les avaient aveuglés. Comme tant d’autres.

Mais lui ne recherchait ni l’une ni l’autre. Son maître l’attendait. Il lui devait tout.

       — Ça pourrait les faire sortir. Mais ensuite ? Ils s’enfuiront de l’autre côté, avait rétorqué le commandant Wosir.

       — Alors prenons-les en tenaille ! Un feu de ce côté et nos hommes de l’autre, avait insisté Mahrzil.

Un plan qui avait tout de suite séduit Erzic.

Entrer dans la forêt aurait été du pur suicide. Comment être certain que rien ne les y aurait attendus ?

Si l’armée s’était retrouvée séparée, la défaite aurait été inéluctable. Et Erzic aurait dû revoir tous ses plans.

Des feux avaient été allumés, jusqu’aux abords du cours d’eau.

Leurs ennemis étaient bloqués.

Alors que les flammes se changeaient en brasiers avançant vers la cité, aucun cor, aucun cri d’alerte n’avait retenti.

Comme si la ville était vide. Morte.

L’armée de Mahldryl avait traversé un pont découvert par les éclaireurs, un peu plus tôt.
Une poignée d'hommes fut postée pour bloquer une éventuelle fuite... et garder leur seule issue de repli.

Les sentiers défrichés leur avaient permis de contourner les murailles rapidement.

Devant les murs, quelques maisonnettes envahies par la végétation leur avaient fait face.
Des soldats furent envoyés pour les fouiller. Aucune trace de vie.
Erzic s’était d’abord dit que les habitants s’étaient réfugiés dans la cité.
Mais aucun bruit, aucune clameur, aucun cri.
Comme si personne n’y avait vécu depuis des années.

      — Montrez-vous ! Je suis le nouveau roi de Drazyl ! avait hurlé Rhazek, incapable de contenir son impatience.

Évidemment, personne ne lui avait répondu. Le silence, pesant, restait intact.

Les commandants avaient ordonné d’amener les béliers — sculptés à l’image des Crasztyr.
Les portes avaient cédé après seulement trois assauts.

Un signal de plus : la ville était peut-être déjà tombée, abandonnée.

Les éclaireurs étaient entrés, ressortis quelques instants plus tard.
Pas un souffle humain. Rien.

Erzic avait vu le sourire de Rhazek se dessiner. Il se voyait déjà roi.
Et il servirait Malkar. Telle était la promesse qu’Erzic lui avait extorquée.

Sur ordre de Mahldryl, l’armée avait pénétré dans Ustryr.

Tout était conforme au rapport des éclaireurs. Aucun mouvement. Rien que des rats ou autres bêtes infectes qui fuyaient leur passage.

Les maisons, hautes, accolées, étaient dans le même état que celles à l’extérieur : abandonnées, rongées.

Un mage Dralkhar s’était alors approché d’Erzic.

      — Quelque chose cloche. Je perçois des battements de cœur.

      — Nous sommes nombreux. Tu es sûr qu’ils ne viennent pas de nous ?

      — Certain. J’ai commencé à les sentir dès notre arrivée aux murs.

      — Combien ?

      — Trop. Beaucoup trop.

Le chasseur pris dans son propre piège.

      — Peux-tu les localiser ?

Le mage, drapé de blanc, avait hoché la tête.

      — Que les Dralkhar et les Zarktys se préparent, ordonna Erzic. Ce crétin de roi ne m’écoutera pas.

Son peuple, les Terres Abandonnées, se retira discrètement.
Personne dans les rangs de Mahldryl ne sembla s’en soucier.

Le reste de l’armée poursuivit sa progression, inconsciente de ce qui allait venir.

Quand ils avaient atteint les hauteurs de la cité, un grondement sourd retentit.
Tous sursautèrent. Sauf Erzic.

Les détonations s’étaient répétées. Elles venaient du sol.
Sûrement des barils explosifs, des pièges enfouis.

Les soldats autour d’Erzic étaient nerveux. Rhazek avait donné l’ordre de formation.
Les commandants passèrent à l’avant, alignant leurs garnisons.

     — Que se passe-t-il ? demanda un des commandants.

Puis les explosions atteignirent la surface.
Des bâtiments furent pulvérisés. Des débris volaient. Des cris retentissaient.
Déjà le chaos, alors que la bataille n’avait même pas commencé.

Et plus ça continuait plus ça se rapprochait d’eux.

Rhazek avait rappelé son armée à l’ordre. Les blessés avaient été laissés de côté. Ce qui plut à Erzic.

Il a du cran, avait-il reconnu.

Puis tout avait basculé.

Les cris d’agonie s’étaient élevés. Des flèches.
L’une avait transpercé le crâne d’un soldat proche d’Erzic.

Dehors, les flammes avançaient. Dedans, c’était l’enfer.

À travers les ruines, des scintillements avaient affolé les rangs.
Les archers d’Ustryr harcelaient l’armée.
Les boucliers s’entrechoquaient dans une cacophonie de peur.

Erzic était resté près de Rhazek, prêt à intervenir.

L’ennemi avait attendu son heure, préférant affaiblir les forces adverses à distance.

Ce royaume n’est donc fait que de lâches, avait pensé Erzic.

Puis des silhouettes argentées avaient bondi sur les lignes de front.
Le peuple d’Ustryr. Ils avaient semblé être portés par une rage ancestrale.
Les boucliers n’avaient pas tenu. Trop d’hommes étaient déjà tombés.

Une flèche avait foncé sur Rhazek. Erzic l’avait réduite en poussière.
Mais le futur roi n’en sut rien.

Rhazek avait continué à donner des ordres, comme s’il maîtrisait encore la situation. C’était faux.
Erzic lisait sa peur dans la crispation de sa mâchoire à chaque cri.

Le décor bucolique était devenu apocalyptique.

Un nombre important de guerriers d’Ustryr se tenaient face à eux et les lignes étaient sur le point de céder.

Les flèches, elles, s’étaient arrêtées de pleuvoir.

C’est à ce moment que les Dralkhar et Zarktys avaient surgis à l’arrière de l’ennemi, tranchant tout sur leur passage.

Après leur arrivée, la bataille avait été pliée en quelques minutes. Les guerriers de l'armée de Rhazek ayant repris courage face à tant de violence. 

A la fin des combats Rhazek avait remercié ses sauveurs.

Sa naïvité avait couté la vie à beaucoup d'hommes. 
Il leur serait redevable. Sans eux, il serait mort.
Les combats se poursuivirent dans les rues.
Mais après une journée d’horreur, Ustryr avait capitulé. Drapeau blanc.

Le seigneur de la cité était tombé. Ainsi Rhazek s’était proclamé comme leur nouveau dirigeant.

Les flammes continuaient de lécher les murs, jusqu’à ce qu’un orage les éteigne.
Comme si un dieu lui accordait sa bénédiction.

Durant les jours suivants, Rhazek resta à Ustryr pour rétablir l’ordre.
Les résistants furent exécutés.

Puis, une semaine plus tard, il était temps de rentrer à Mahldryl. D’être couronné.
Et de libérer le maître de tous.

Erzic, lui, observait la désolation depuis l’une des plus hautes tours.

Le silence l’enveloppait, jusqu’à ce qu’un appel psychique vienne le troubler. 

     — Le collier est à Baltan.

     — Récupère-le. Et amène-le à Mahldryl. J'y serais dans moins de deux semaines. 

Le lien se coupa.

Si le mage réussissait…

Alors plus rien ne pourrait les arrêter

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Scribilix
Posté le 06/08/2025
Re.
J'ai bien aimé la bataille et la présentation de la cité. Peut-etre que la fin est un peu trop abrupt. On passe en quelques lignes de la fin du combat au retour à Malhdryl. Je comprends également qu'ils sont des guerriers redoutables, mais je trouve l'arrivée des Dralkhar et Zarktys un peu trop brutale alors que l'armée de Rhazek était quasiment anihilée.

Sur la forme :
- Erzic s’était presque étonné, à l’époque, de voir que plusieurs seigneurs des cités conquises étaient encore à leurs côtés. ( peut-etre plus : Erzic fut presque étonné. Et sans le à l'époque, ce n'était pas il y a si longtemps que ça haha ).
- Une poignée d’hommes y avait été laissée pour bloquer une éventuelle fuite. ( ca sonne étrange, peut-etre plus une poignée d'hommes fut postée...
- l’armée de Rhazek avaient été sur le point de céder. ( furent sur le point de céder)
Voilà, à la prochaine,
Scrib.
Talharr
Posté le 06/08/2025
Re,
je voulais pas que la bataille s'éternise non plus, mais je vais ajouter deux-trois lignes.
Mais attention ils sont pas encore rentrer à Mahldryl (je me suis encore embourbé avec le "h") :) Ils sont toujours à Ustryr.

Merci pour les corrections :)

J'avoue que le changement de rythme entre mon 1er tome et le 2ème a été dur à mettre en place. je sais pas si c'est trop rapide ou si au contraire le lecteur accroche.
Talharr
Posté le 06/08/2025
j'ai ajouté quelques lignes pour que ce soit moins abrupt. Enfin j'espère aha
Scribilix
Posté le 06/08/2025
Le changement de rythme ne me pose pas de problème. Il y a plus d'action mais pour l'instant tout est compréhensible.

Aussi je pense que dans cette phrase : Ce royaume n’est donc fait que de lâche (il faudrait rajouter un s).

et dans : Un nombre important de guerriers d’Ustryr s’était tenu face à eux. Les lignes de l’armée de Rhazek avaient été sur le point de céder. ( tu devrais plutot dire "se tenaient face à eux et les lignes étaient sur le point de céder", c'est plus agréable pour la lecture :)
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