Chapitre 7 : Givke

Notes de l’auteur : Bonne lecture !!

À son retour, Gretja dessina du poing des marques violettes sur mon visage et mes épaules. Les coups plurent jusqu’à ce que je cesse de lui résister. Elle frappait si fort que je crus mourir et je m’effondrai en pleurs en la suppliant de s’arrêter. Ma soumission lui satisfit et elle m’abandonna dans la cuisine. Je sanglotai en me haïssant : j’avais été faible et lâche, incapable de lui tenir tête. J’étais sidérée par la violence de Greta : elle n’était pas encore descendue dans la cave.

J’avais seulement été pour elle l’épanchoir idéal. Elle ne m’avait presque pas regardée, ne s’était pas questionnée sur mon bandage de fortune ensanglanté. Ses cris d’horreur en découvrant le carnage dans le sous-sol fut une maigre consolation. La peur l’emportait déjà. À bout de forces, je me traînai derrière la porte, pour retarder de quelques secondes mon châtiment. Cela n’avait été qu’un instinct physique car tout le reste m’abandonnait. Je n’étais plus qu’un corps sans âme et sans espoir. Un corps meurtri et vaincu qui s’abandonnait au sort.

*

La nuit suivante aurait dû être la plus affreuse de ma vie. Mon visage s’était gonflé et je ne pouvais plus ouvrir l’œil droit, mes joues brûlaient toujours autant qu’au moment de l’impact, plusieurs de mes dents bougeaient et mes épaules irradiaient de douleur. J’avais fini par arracher le bandage de mon bras pour affronter la vision d’une blessure laide et sale, couverte de plaques de sang séché. J’étais montée dans ma chambre juste après le départ de Gretja, n’avais ni bu ni mangé. J’étais demeurée immobile sur mon matelas, essayant de bouger le moins possible.

Des pensées horribles me saisissaient : l’envie de mourir, l’envie de tuer. Je pensais au fusil de chasse que posait le fermier voisin contre la cheminée quand il nous visitait certains soirs. Il n’y prêtait plus attention et le voler serait un jeu d’enfant. Je brûlais de pouvoir le diriger contre celle qui m’avait enfermé, contre celle qui m’avait battue. Cependant, je savais que je n’aurais pas une deuxième fois la force de descendre. Ma tête bourdonnait comme la ruche qui avait envahi la ferme deux semaines plus tôt. Mes guêpes étaient haine et douleur.

Qui sait ce dont j’aurais été capable ce soir-là si l’on m’avait laissée seule. Je n’ose y penser. Je fus sauvée par celle dont je n’attendais plus rien depuis longtemps. Givke. Elle vint peu après le repas pour déposer un plateau sur la chaise qui me servait de table de chevet. Je sentis une douce odeur d’aubergine et de poivre et mon estomac protesta contre le régime que je lui imposais depuis de trop longues heures. Sans me poser la moindre question, Givke m’ouvrit la bouche et me nourrit cuillère par cuillère, prenant soin de ne pas toucher mes lèvres tuméfiées.

J’aurais voulu la remercier et lui demander ce qu’était devenue Astrée. Cependant, j’avais tellement mordu ma langue lors des coups que je ne pouvais plus rien dire. J’abandonnai pour me soumettre au simple plaisir de ce repas improvisé. Le potage était tiède et trop salé, Givke avait dû récupérer le fond de la bouteille. Je n’y pensais presque pas, sachant que Gretja m’aurait privée de nourriture au moins jusqu’au matin. Après une dispute en fin d’été, elle n’avait nourri Givke qu’après deux jours.

Puis j’eus le droit à de la mie de pain, arrachée à la main par Givke pour que je n’aie pas à mâcher. Je dus me concentrer pour l’avaler doucement, sans me faire mal ou m’étouffer. À mesure que je me nourrissais, je sentis la douleur décroître. Elle fut remplacée par une sensation de flottement étrange. C’était comme si je m’éloignais de mon corps pour ne plus le subir, alors que le moindre mauvais geste me replongerait dans la souffrance aussitôt.

Ce repas de fortune achevé, Givke posa une compresse trempée d’eau glacée sur mon front. J’eus d’abord l’impression que l’on rouvrait mes blessures et je grimaçais pour ne pas crier. Puis le froid fit son effet et la douleur s’engourdit. Quand elle enleva la compresse, ce fut un déchirement. Givke la passa sur mes plus vilaines marques, avec une douceur que je ne lui connaissais pas. Tout en me soignant, elle faisait un petit bruit avec sa bouche, invitation à me taire et m’apaiser.

Givke me laissa la compresse dans la main et je l’entendis poser un verre en bas de mon lit. Elle se leva pour revenir m’envelopper d’une douce couverture de laine. Elle vint l’attacher au niveau de ma poitrine, juste assez serrée pour me tenir chaud sans m’étouffer. Après qu’elle ait fini le nœud, ses mains s’attardèrent sur mes bras, mes mains et mes épaules. Elle effleura ma peau, craignant sans doute de me faire mal, s’en détachant quand mon visage se crispait. Pourtant, quand ses mains me lâchèrent, j’en étais sûre : elle venait de m’offrir des caresses et un semblant d’étreinte. Je n’en avais plus eu depuis mon départ de Château.

Ce geste à l’apparence anodine me bouleversa. Il m’était à la fois étranger et familier. J’étais certaine qu’il avait quelque chose à voir avec ma famille de sang. Un instant, j’eus l’impression d’être un enfant comme les autres. Je voulus me blottir contre le flanc de Givke, poser ma tête lourde et mon corps meurtri sous ses mains pour qu’elle continue de me caresser. J’aurais voulu pouvoir la caresser moi aussi, offrir à un autre être ce cadeau de tendresse. Malheureusement, elle recula, éteignit la lumière de ma chambre et se dirigea vers la sortie. Je gémis pour la retenir mais elle ne fit que me jeter quelques mots avant de disparaître :

— Ça va aller Hildje. Tu n’auras plus jamais aussi mal que la première fois.

*

Gretja ne me visita qu’une fois, peut-être pour s’assurer que je vivais toujours. Ce fut Givke qui vint tous les matins, porteuse de vie et de lumière. Elle ouvrait mes rideaux, changeait mes bandages, lavait mes plaies et me nourrissait. Parfois, elle me caressait le visage avant de partir pour la ville et je me délectais du contact de ses doigts. Lorsqu’elle n’était pas trop pressée, elle me disait quelques mots, assise à côté de moi. Rassurée à l’idée que je ne lui répondrai pas.

— Astrée est partie à la fin de la semaine dernière. J’ai marché jusqu’au village pour aller demander à la prêtresse si elle pouvait la cacher avec elle. Elle a accepté.

— Hier soir, il y avait beaucoup de monde à la ville. Ils avaient allumé des lampions dans toutes les rues et des musiciens jouaient sur les places. Quand j’ai demandé pourquoi, ils m’ont dit qu’un gars de chez nous fait partie de la mission qui a traversé l’entièreté des terres de glace.

— Un homme m’a frappé hier. Il avait le crâne rasé et du parfum dans le cou. Il m’a dit que je n’étais pas assez rapide. J’ai encore mal aux côtes.

Givke passait aussi presque tous les soirs pour m’apporter à manger, sauf lorsqu’elle dormait à la ville. Elle se contentait de me regarder mâcher en silence et son visage portait les marques de la fatigue. J’ignorais à quoi elle occupait ses journées mais son travail l’épuisait plus qu’il ne l’aurait dû. Ce fut à cette époque que je commençais à suspecter quelque chose d’anormal mais ce n’était alors pas ma priorité.

Je voulais guérir. Je voulais me venger de Gretja, retourner guetter les enveloppes bleues, connaître le destin d’Astrée, rendre à Givke un peu du bien qu’elle me faisait. Et par-dessus tout, je ne supportais plus l’immobilité à laquelle j’étais réduite, la longueur des journées à n’être distraite que par la douleur, l’atmosphère humide de ma chambre qui me faisait me moucher toutes les heures. D’ennui, je surprenais parfois les conversations de Gretja et Daawie, toujours brèves et sans chaleur. Les entendre me confirma qu’elles se supportaient plus qu’elles ne s’aimaient. Elles se plaignaient souvent de la tournure qu’avait prise leurs vies. La colère me saisissait alors : qui étaient-elles pour se plaindre ? À elles, on n’avait imposé ni leur maison ni leur famille. Personne ne les empêchait de vivre.  

*

— Daawie ne respirait plus cette nuit. Des ambulances sont venues la chercher. Je crois qu’elle va mourir.

La nouvelle annoncée par Givke me valut mon premier sourire depuis mon alitement. Elle payait pour ce qu’elle m’avait fait subir.

*

Le jour de l’enterrement de Daawie, je restai seule une journée entière, avec le plateau repas laissé par Givke. Je songeais un peu à cette femme que j’avais tant détestée. Je me demandais si elle s’était toujours comportée ainsi avec les enfants, comment elle était avant ses problèmes de santé. Avait-elle aimé Gretja ? Avait-elle aimé les travaux de la ferme ? Je m’imaginais ce qu’avait pu être sa vie avant que son corps ne l’abandonne, sans émotions. Ma haine s’était perdue avec elle, désormais seulement tournée vers sa compagne.

À son retour, Givke monta les marches trois à trois pour arriver avec un sourire radieux dans ma chambre. Elle me serra les mains contre ses épaules en m’annonçant :

— J’ai vu Astrée tout à l’heure, elle va mieux ! La prêtresse s’est bien occupée d’elle, elle recommence même à marcher. Elle m’a donné ça pour toi.

Givke me tendit un petit coquillage de nacre blanc, en forme d’escargot. J’ignorais alors ce qu’était cet objet, le pensais un accessoire de décoration. Je la remerciai de mon mieux en élevant mes lèvres et tendit le bras vers l’armoire en face de mon lit. Givke y plaça le coquillage en équilibre, de manière à ce qu’il demeure dans mon champ de vision. Elle était heureuse de la joie que me procurait ce cadeau.

— Astrée m’a promis que dès qu’elle le pourrait, elle viendrait nous chercher. Nous pourrions vivre avec elle.

Cette perspective m’enchantait mais je craignais tant un nouveau mirage que je ne pus me réjouir. Je fus plutôt heureuse de voir Givke l’être. Elle l’était souvent plus les jours où elle ne travaillait pas, où elle n’avait pas à se préparer de longues minutes. Je remarquai qu’elle n’avait ni attaché ni tressé ses cheveux et qu’ils faisaient de jolies boucles au-dessus de son visage. Ses lèvres paraissaient bien plus minces sans leur coloration habituelle. Elle était belle.

Givke serra encore plus mes mains et serra son visage contre le mien. Sa joue était douce comme un pétale de fleur, plus chaude que la mienne. Je fermai les yeux en inspirant doucement. J’aurais voulu que ce moment s’éternise mais le pas de Gretja brisa notre communion. Givke se hâta de quitter la pièce et parvint tout juste à ne pas la croiser.

Gretja était vêtue du gris des veuves, avec un chapeau enrubanné de blanc. Il n’y avait pas de larmes dans ses yeux mais elle semblait en proie à une cruelle tristesse. Elle avança jusqu’à ma chaise de chevet et s’y installa en me regardant. Je sentis mes joues s’empourprer alors que la colère me reprenait. C’était à cette femme que je devais toutes mes blessures. J’aurais voulu tenir un couteau sous ma couette.

— Bonsoir, Hildje. Je ne suis pas beaucoup venue te voir ces dernières semaines. Je le regrette maintenant. J’étais en colère pour ce que tu as fait dans la cave, pour tout l’argent que tu nous as coûté. Mais Daawie n’aurait jamais dû t’enfermer. Je comprends pourquoi tu as agi ainsi. Je suis désolée de ce qu’il s’est passé entre nous ensuite. Je suis convaincue que tu es une bonne fille, travailleuse et intelligente : tu l’as montré pendant tes premières semaines ici. J’espère que tu pourras vite aller mieux pour reprendre en main la ferme. Givke et moi ne sommes pas beaucoup là pour les animaux et le potager est à l’abandon. Je compte sur toi.  

Elle pouvait dire tout ce qu’elle voulait, ça ne changeait rien. La vision de son visage avait seulement renforcé ma détermination : je lui ferai payer ses insultes et ses coups.

*

Deux voix d’hommes. Elles parlaient vite, sur un ton menaçant. Gretja tentait de les apaiser en vain. Je crus d’abord à un cauchemar mais le grincement des marches me ramena à la réalité. C’était l’aube et l’on s’introduisait chez nous. Les visiteurs ouvrirent chacune des pièces qui précédait la mienne. Je tirai ma couverture au-dessus de mon visage quand l’un d’eux appuya sur la poignée de ma porte. Il tâtonna quelques secondes avant de trouver la lumière. Je l’entendis marcher vers moi, incapable de fuir.

Il arracha le drap, me dévoilant un visage rond avec un bouc et des favoris gris. Il me dévisageait avec animosité. Je ne pus lui rendre son regard noir, terrorisée par le revolver qu’il tenait de la main droite. L’homme empoigna mon chemisier et me tira devant son visage, comme une marchandise à observer de plus près. Un sourire carnassier se dessina sur ses lèvres et il cria :

— Je l’ai trouvée !

Puis il se tourna vers moi en resserrant sa prise, appuyant sur un hématome de mon épaule. Mon gémissement lui procura un plaisir évident. J’avais l’impression qu’il avait rêvé ce moment des dizaines de fois.

— Tu croyais nous échapper, hein, salope ?

Il rangea son arme pour me saisir au cou et je crus qu’il allait me tuer. Je demeurai tétanisée, incapable de me débattre, seulement prise d’un tremblement incontrôlable. Mon cœur battait l’alarme et mon corps se raidissait, comme pour mieux résister à l’agression. Prise d’un réflexe de survie, je parvins seulement à hoqueter :

— Qui êtes-vous ?

— Rappelle-toi d’Asvke. Il t’avait dit de ne pas prévenir la police. À cause de toi, mon frère est en prison et sa femme peine à nourrir ses enfants. T’as eu ce que tu méritais, salope. On va te faire fermer ta sale gueule pour toujours.

Devant ma mine ahurie, l’homme douta. Il dut cependant se persuader que je jouais un rôle car il serra ma trachée jusqu’à ce que ma respiration ne soit plus qu’un filet d’air sifflant. Il voulait me faire passer aux aveux.

— T’as aucune reconnaissance pour tout ce que tu as reçu ! On t’a donné de l’argent, des relations. T’avais juste à te taire !

— Je…

Mes mots ne purent franchir mes lèvres. Un filet de bave coula sur mon menton tandis que mon corps protestait contre l’étranglement. Mes mains voulaient frapper l’agresseur mais je tentai de les retenir. Il ne me ferait que plus souffrir. Le sang me montait au visage et je le sentais battre à mes tempes, prêtes à exploser. Le deuxième inconnu entra dans la pièce à ce moment et je l’entendis vaguement rire et encourager son comparse. Ma vue se brouillait et j’essayai une première fois de repousser la main qui m’arrachait à la vie. Malheureusement, la force me manquait déjà.

Brusquement, la main me lâcha et je pris une longue inspiration. Mes sensations se démultiplièrent, entre douleur et panique. Je voulus reculer mais l’homme tenait toujours mon chemisier et je ne fis qu’arracher un bouton. Je demeurai bouche bée en apercevant dans l’embrasure de la porte Gretja armée d’un fusil. Elle tenait son arme droit vers nos visiteurs en leur parlant d’une voix autoritaire. Son visage trahissait son manque d’assurance et sa main tremblait près de la gâchette. Aussitôt, mon agresseur prit son pistolet pour le tendre sur mon visage.

— Lâchez cette arme ! Maintenant !

Il aboyait comme un dogue enragé et j’étais entre ses crocs. Ma vie n’avait aucune importance à ses yeux et il pouvait l’abréger d’un geste. Une goutte de sueur coula le long du nez de Gretja, qui reculait vers le couloir. Je vis le deuxième homme reculer doucement contre le mur pour s’approcher d’elle à pas lents. Elle ne le regardait pas et il allait bondir sur elle. Ils agissaient avec calme, habitués à la violence. Gretja n’avait pas la moindre chance.

Soudain, Givke surgit à son tour, les mains bien en évidence. Elle baissa le canon de Gretja puis marcha vers les hommes avec un regard inexpressif. Mon agresseur craignit d’abord une offensive et me lâcha complètement pour tourner son pistolet vers elle. Son camarade leva les bras, prêt à agir. Givke les prit de court en annonçant :

— Cette fille n’est pas Astrée. Astrée à la peau noire. Elle est partie d’ici il y a deux ans. On n’a eu aucune nouvelle depuis.

— Comment tu sais qu’on la cherche ? cria l’homme contre le mur.

— Je travaille pour Haljen. Je sais ce qu’il s’est passé. Je sais que tout le monde la cherche. C’est normal que vous veniez ici.

L’homme au pistolet baissa son arme puis s’adressa à son complice d’une voix plus calme :

— Elle dit vrai. Je l’ai déjà vue au quartier nord.

Prêt à me tuer par erreur un instant plus tôt, ce dernier me regardait désormais avec le plus grand naturel. Il semblait seulement frustré de n’avoir pu achever sa proie. Consciente du flottement qui régnait, Givke intervint à nouveau :

— Messieurs, vous avez dû avoir une longue route. Venez-vous installer en bas, je vais vous servir du thé. J’ai aussi fait quelques gâteaux hier, je serais ravie de vous les faire goûter.

La prestance de Givke me choqua. Quand Gretja et les hommes la suivirent, apaisés par son charisme, je sus que je lui devais la vie. Je me retrouvai seule une fois de plus, encore traumatisée par la main sur mon cou. S’en être sortie sans blessure me paraissait incompréhensible. Il me fallut plusieurs minutes pour réaliser ce qui venait d’arriver.

J’entendis les voix retentir dans le salon, le thé couler dans les tasses mais cela me paraissait à l’autre bout de la terre. Mes mains frottèrent mon cou, comme pour se débarrasser des marques invisibles laissées par mon agresseur. Je devais encore me concentrer pour respirer, craignant de manquer d’air. Au bout d’un certain temps, le pas de Givke accompagnée d’un homme résonna dans l’escalier. Ils entrèrent dans la chambre d’amis, au bout du couloir.

J’entendis le bruit des vêtements tomber, la respiration de l’homme, sa voix rauque, puis Givke cria. Elle achetait la paix de son corps. Impuissante, je ne pouvais qu’entendre son sacrifice, consenti en mon nom. Je pleurais en souffrant comme si j’étais avec elle. Je regrettais de tout mon cœur que Gretja n’ait pas trouvé le courage d’appuyer sur la gâchette.

*

— C’est pour toi.

Givke déposa une montre dans ma main. Elle avait un mince bracelet de cuir et un cadran gris avec de minuscules aiguilles blanches. Elle battait les secondes d’un tictac presqu’imperceptible. Choquée par l’énormité de ce cadeau, je laissai Givke me l’attacher autour du poignet gauche de ses doigts de fée. Puis elle lâcha ma main en se contentant de me sourire. Je me demandai où elle avait pu trouver un tel objet. L’avait-elle achetée à prix d’or dans une horlogerie ? L’avait-elle volée ? Lui avait-on offert ?

Je relevai mon bras doucement pour l’observer. J’eus l’impression d’être actrice d’une mauvaise plaisanterie, affublée d’un déguisement qui ne me ressemblait pas. Je l’aurais enlevée si Givke ne s’était tenue près de moi. Elle avait l’air si heureuse : je ne pus que sourire. Ce cadeau acheva de me faire réaliser l’affection qu’elle avait pour moi. Pour la première fois depuis Hinnes, quelqu’un m’aimait pour moi. J’eus la sensation d’une imposture après tout ce qu’elle avait fait pour moi. Je ne lui avais rien donné alors que j’avais tant reçu.

— J’ai pensé qu’elle t’irait bien, murmura Givke. Tu es très belle avec.

Je n’avais jamais entendu un tel compliment et je crois que je devins rouge pivoine. Givke était sincère. Je me sentais si laide depuis les coups de Gretja que les larmes me montèrent aux yeux. L’émotion me donna la force de me redresser pour ouvrir les bras. Givke vint s’y blottir et je la serrai avec tendresse. La douleur ne fut que passagère : mon alitement touchait à sa fin. Je sentis Givke trembler contre moi et me serrer avec une force insoupçonnée. Elle sanglotait.

Le cadeau, puis les pleurs. Je compris que quelque chose n’allait pas. Pourtant, Givke n’avait rien laissé paraître depuis l’incident du pistolet, trois semaines plus tôt. Ses larmes coulèrent contre mon cou, contre les bleus de ma poitrine, le long des croûtes de mon bras. Elles avaient la douceur de la rosée qui perle sur les fleurs. J’aurais voulu tenir Givke contre moi pendant des heures mais elle finit par se dégager. Enfin, elle m’avoua :

— Je n’ai pas saigné ce mois-ci. Je crois que je suis enceinte.  

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Suzie
Posté le 17/08/2025
Salut Edouard ! Tu vas finir par me tuer avec Givke T.T Je me doute que son travail à la ville c’est de la prostitution, vu l’allure de Gretja quand elle y va (fortement maquillée) mais… Son attitude fend le cœur. Je trouve que tu représentes très bien la scène, ça glace le sang sans avoir besoin de détails gores.
J’avoue que je m’interroge un peu sur l’âge de Hildje et de Givke, je crois qu’au début c’était un peu dit que Hildje est une ado, donc Givke va avoir sans doute dans les 15/16 ans. Mais à lire les chapitres je me la suis toujours représentée comme une petite fille de même pas 10 ans. Ça montre sans doute ton talent à faire passer le message d’enfants qui n’ont jamais eu la chance de vraiment grandir, et l’horreur de se dire que même si c’est des ados, ça reste des enfants qui subissent tout ça.
Bref, j’aime beaucoup Givke ! C’est terrible, j’ai l’impression qu’elle se rapproche de Hildje aussi parce qu’elle a été très violemment frappée, comme si c’est bon, maintenant elle comprend elle aussi ce que c’est, Givke peut s’identifier à elle, donc on sera amies. Là encore, ça montre surtout les dégâts que peuvent faire ce genre d’éducation dans les relations que ces enfants vont ensuite tisser.

Enfin bon. Je vais aller pleurer un coup dans mon coin. Mais merci pour ce chapitre.
Edouard PArle
Posté le 31/08/2025
Coucou Suzie !
On arrive vers ce qu'il y a de plus noir dans le roman oui.
"Ça montre sans doute ton talent à faire passer le message d’enfants qui n’ont jamais eu la chance de vraiment grandir, et l’horreur de se dire que même si c’est des ados, ça reste des enfants qui subissent tout ça." Merci <3
En effet, dans cette horreur, elles tissent un lien précieux.
Accroche-toi, il y a des choses plus positives par la suite !
Merci de ta lecture et de tes commentaires hyper encourageants <3
Saskia
Posté le 09/04/2025
Coucou Edouard !

Bon. Chapitre extrêmement violent… Tout le passage de tentative de meurtre sur mineure + viol sur mineure, c’était un peu limite pour moi, étant donné que c’est un sujet sensible et qu’on frôle mes traumas de bien plus près qu’avec les horreurs qu’à vécu Ewannaël. J’ai pas pleuré ni eu de trop grosse panique, mais ça m’a beaucoup secouée, ça c’est sûr, et mon cerveau a pas pu s’empêcher de ressortir des souvenirs douloureux de mon passé. Voir le combo attaque surprise d’homme adulte sur jeune fille sans défense + menace de mort et étranglement + viol d’homme adulte sur jeune fille, c’était hardcore quand même. Grosse accumulation de détails déclencheurs. J’avoue que je sauterais ce passage quand j’aurais envie de relire cette histoire, car le voir une fois ça m’a largement suffit.

Merci quand même pour les avertissements de contenu, ça aide <3 J’avais bien noté que c’était le pire chapitre, avec plein de violences et un viol, et que je devais me préparer psychologiquement. Sans ça, ça aurait été compliqué. Sûrement pire que comment je me sens actuellement. Mais bon, comme je suis un cas bizarre de lectrice qui aime jouer avec le feu à lire des trucs violents malgré les risques, voilà le genre de choses qui arrivent…

Peut-être que tu pourrais fournir des avertissements plus approfondis quand même ? Parce que là j’avais pas assez de détails pour me rendre compte à quel point ça risquait d’aller trop loin pour moi. Même si en vrai c’est compliqué d’anticiper qu’est-ce qui va foutre mon cerveau en panique… Là, techniquement la tentative de meurtre et le viol visaient pas la même personne, mais se sont enchainés d’une telle façon qu’ils se sont liés dans mon esprit, et ça faisait beaucoup trop écho à mon vécu. Je pense que ce passage risque de heurter d’autres personnes sensibles aux « viols violents avec menaces de mort ». Parce que même sans détails sexuels explicites, avec seulement Hildje qui entend vaguement le viol de Givke dans la pièce d’à côté, la scène globale reste très paniquante. Je pense que tu peux au moins rajouter « tentative de meurtre, armes à feu, étranglement » dans les avertissements, ça serait déjà plus clair. Perso je m’en fou des armes à feu, mais il y a des gens qui ont des traumas liés à ça.

Bref, en dehors de mes soucis de lecture liés à mon PTSD… ce chapitre était encore une fois super bien écrit et il me faut la suite de toute urgence !! Tu as vraiment le don de me rendre accro à tes histoires, Edouard. Je me sens pareille qu’avec Ewannaël, à penser à Hildje tout le temps, crevant d’envie de savoir ce qui va lui arriver, mais en même temps je veux pas trop me précipiter non plus à lire la suite, car une fois que je serais arrivée à la fin de cette histoire, c’est sûr qu’Hildje va beaucoup me manquer et je veux vraiment pas lui dire au revoir, je l’aime trop.

Hildje, c’est un peu mon modèle maintenant. Il n’y a pas beaucoup de romans qui montrent des parcours de vie tel que celui-là, alors que c’est d’utilité publique je trouve. Et même si moi j’ai une famille, j’ai quand même grandi entourée d’adultes nuls, forcée de trouver le moyen de survivre seule au milieu d’un déferlement de violences psychologiques, physiques et sexuelles, et je comprends toujours pas comment j’ai survécu. Donc le monde d’Hildje, il me parle. Tant pis s’il y a des passages avec un niveau de violence un peu trop élevé pour moi, au moins c’est réaliste. Pour l’instant je n’ai lu qu’un tiers du roman et je sais pas du tout vers quoi on se dirige, mais je suivrai Hildje jusqu’au bout du monde, ça c’est sûr. C’est ma sœur de galère et maintenant on est ensemble à la vie à la mort. Voilà. Elle est adoptée.

En fait, Hildje me fait un peu penser au personnage de Minya dans « Le Faiseur de Rêve » de Laini Taylor. Une fille traumatisée en colère qui m’avait fait forte impression. Sauf que Hildje est bien plus complexe et intéressante, elle semble même très « réelle », du coup je l’aime plus.

Je trouve que le titre « Enfant de la Colère » ça convient bien à Hildje. Et en effet son histoire fonctionne très bien toute seule, donc c’est pas plus mal qu’elle ait été séparée de celle d’Ewannaël au final.

Bref, désolée pour le pavé qui part dans tous les sens.

Pour en revenir au contenu du chapitre…

Gretja est encore pire que ce que je pensais. J’en reviens pas qu’elle ait défoncé Hildje à ce point avant même de se rendre compte du carnage à la cave ! Pauvre Hildje qui se retrouve alitée pendant des semaines à cause d’elle… C’est vraiment inhumain. Et après elle croit qu’elle va se faire pardonner avec une misérable phrase d’excuse ? Mais mdr elle se prend pour qui, c’est pas possible. Moi aussi je veux la frapper ! En plus, elle dit ça juste pour inciter Hildje a retourner sagement travailler une fois qu’elle sera plus en forme. C’est n’importe quoi. J’espère qu’à la fin son penchant pour l’argent et l’exploitation de jeunes filles innocentes la perdra. Elle mérite pas de s’en sortir.

Daawie qui meure de façon un peu précipitée… Bah j’ai envie de dire, bien fait pour elle.

Par contre, je suis soulagée qu’Astrée reste en vie ! J’espère qu’elle réussira à tenir sa promesse de sortir Givke et Hildje de l’enfer de la Ferme.

Givke est vraiment un amour <3 C’est trop mignon comment elle prend soin de Hildje ! Évidement, je suis horrifiée par tout ce qu’elle a subi, et encore plus maintenant, avec cette terrible grossesse… C’est vraiment atroce.

« J’étais sidérée par la violence de Greta : elle n’était pas encore descendue dans la cave. »
> Gretja

« Je n’en avais plus eu depuis mon départ de Château. »
> du Château

On se retrouve très vite au chapitre suivant ! Comme il n’est pas répertorié dans les avertissements, j’ai cru comprendre qu’il était plus tranquille, donc je suis soulagée XD

A bientôt !
Edouard PArle
Posté le 23/04/2025
Coucou Saskia !
Yep, c'est un tournant très violent, je comprends que ça ait été difficile à lire.
Pour les avertissements, tu as 100 % raison, je les ai mis à jour. Merci de ce feedback !!
"Je me sens pareille qu’avec Ewannaël, à penser à Hildje tout le temps, crevant d’envie de savoir ce qui va lui arriver, mais en même temps je veux pas trop me précipiter non plus à lire la suite, car une fois que je serais arrivée à la fin de cette histoire, c’est sûr qu’Hildje va beaucoup me manquer et je veux vraiment pas lui dire au revoir, je l’aime trop." Ca fait trop plaisir de lire ça !!!
"Hildje, c’est un peu mon modèle maintenant." Là, tu ne peux pas me faire plus plaisir ! J'espère que certains lecteurs pourront s'identifier aux horreurs qu'elle a vécu, à la résilience dont elle fait preuve (même si c'est pas tout rose, loin d'être aussi facile que ce qu'on voit parfois en fiction).
Ca roule, j'ai été voir le Faiseur de Rêves a l'air vraiment sympa, je le met sur ma liste (= (et top si tu préfères Hildje quand même xD)
Top si tu approuves le choix ! En vrai, il s'est imposé de lui-même.
Gretja devient une vraie antagoniste, j'espère qu'elle reste réaliste cependant. Ahah j'adore ta réaction pour la mort de Daawie, c'était plutôt l'idée oui^^
Merci pour tes remarques tout est corrigé !!
En terme d'avertissements ça va effectivement se calmer sérieusement par la suite, t'as fait le plus dur ^^
Merci encore de ton retour enthousiaste !
AlaindeVirton
Posté le 20/01/2025
Bonjour Édouard,

Donc j’ai la réponse à la question que je me posais : la pauvre Hildje reçoit une correction inouïe.

Cela dit, un beau chapitre qui nous fait sombrer de plus en plus dans l’horreur. Du début à la fin, sans beaucoup de répit, à l’exception de la tendresse d’abord, et puis du dévouement de Givke, ce qui surprend, et donne plus d’épaisseur au personnage.

Gretja évolue aussi de son côté, alors qu’Astrée reste en filigrane. En fait, tous les personnages se complexifient.

D’un autre côté, on ne peut pas ne pas s’interroger sur cette société que tu décris. Elle semble avoir une vie de communauté (fête, prêtresse), mais à côté de cela, rien n’empêche la violence de déferler (à la fois dans le chef de celles qui sont censées s’occuper d’enfants et dans celui de truands) : un monde sans police, sans justice. À moins que cela ne vienne plus tard.

Ne faudrait-il pas que tu en dises plus sur ce monde dans lequel se déroule l’intrigue ? C’est un choix. Je ressens un peu le même sentiment que devant la série « Le prisonnier ». Un monde étrange, qui obéit à ses règles, mais qui ne sont pas données explicitement au lecteur.

Au plan plus formel, je pense que tu devrais insérer parfois des liaisons ou des transitions. Ainsi quand tu rapportes les propos de Givke alors que Hildje ne peut lui répondre, ça fait un peu catalogue. De même, le nombre d’étoiles me semble un peu trop abondant dans ce chapitre.

Pour le reste, voici des petites remarques :
« lui satisfit » : est-ce juste ? L’emploi ici ne serait-il pas transitif direct ?
« la gâchette » : la détente ?
« Astrée à la peau noire » : a de avoir, plutôt ?

À bientôt.
Edouard PArle
Posté le 26/01/2025
Coucou Alain !
Oui, ce chapitre est peut-être le pire du roman pour Hildje. Je suis content que tu notes la complexification des personnages. Je voulais que Gretja soit extrêmement trouble.
Tes questionnements sur l'univers... sont légitimes. Je pense donner beaucoup plus d'infos au lecteur dans une potentielle réécriture. Car oui, il y a pas mal à dire.
A quoi fais-tu référence en parlant des étoiles trop abondantes ? Je ne suis pas sûr d'avoir compris.
Bien vu pour les coquilles, c'est corrigé !
Merci de ton retour (=
AlaindeVirton
Posté le 02/02/2025
Salut Edouard. Pour les étoiles, je parle des signes typo entre les paragraphes. A très vite.
Edouard PArle
Posté le 02/02/2025
Ahhh je comprends mieux ! Oui, je les utilise parfois beaucoup, faut que je fasse attention xD
LogistiX
Posté le 05/01/2025
Bonjour,

Le récit est à la fois terriblement prenant et poignant. Dans les derniers chapitres, tu as réussi à mettre en avant avec brio l'humanité qu'il reste à Hildje malgré les traitements subis, sa combativité et sa résilience. Je me suis vraiment retrouvé absorbé.

Je trouves que tu doses bien le niveau de drame de tes chapitres. Oui, rien n'est jamais joyeux, mais j'avais été profondément touché par l'épisode de la piscine, je me retrouve secoué par le sacrifice de Givke, l'aspect suggéré de la scène rendant la situation encore plus forte à mon avis. Entre deux, finalement, c'était plutôt "calme". Ça donne un rythme vraiment agréable.

J'ai personnellement trouvé le changement de la relation Givke-Hildje naturel : Hildje ayant mis toute son énergie à sauver Astrée et à faire du mal à Daawie, elle a naturellement gagné des points auprès de Givke.
Et ayant lu les 4 derniers chapitres d'une traite, je ne me sens pas perdu au niveau des personnages. J'ai dû batailler pour faire resurgir Astrée de ma mémoire, mais tu la replaces en quelques mots quand Hildje la croise, donc ça se passe bien.

Sur ce, je m'en vais lire la suite !
LX
Edouard PArle
Posté le 05/01/2025
Coucou Logisitix !
Très content de lire ton retour et de te voir investi dans ce récit (=
Trop bien de te voir dire ça, la résilience est un thème central des Yeux de la Nuit, commun à tous ses narrateurs.
Cool si le rythme fonctionne bien, c'est effectivement très important pour ne pas perdre le lecteur.
Top pour l'évolution de la relation avec Givke ! Je pense qu'il y a moyen de faire encore mieux sur leurs toutes premières interactions mais dans l'ensemble je suis content du résultat.
Parfait pour les personnages. Pour Astrée, c'est assez normal de pas la resituer tout de suite. Peut-être qu'elle mérite une introduction un peu plus fourni dans le chapitre 1, à l'époque je n'étais pas certain de la faire réapparaître^^
Merci de ce riche retour !
annececile
Posté le 15/12/2024
Ca fait plaisir de voir Hidje se remettre de toute cette brutalite. Ce monde, si proche du notre, mais avec ses propres hierarchies et regles, continue d'inspirer la curiosite. Dans ce chapitre, on est en presence d'une dose de mafia en plus avec ses gansters brutaux et limites intellectuellement.

Ce qui me gene un peu (et je retrouve la une reflexion venue de tes autres ecrits) c'est la difficulte de s'y retrouver entre les differents personnages, en particulier ceux qui arrivent dans l'histoire au meme moment. Les prenoms exotiques ajoutent une difficulte supplementaire. Il en resulte que quand l'un de ses personnages devient le moteur de l'action, comme Givke ici, ce n'est pas evident de se souvenir de ses antecedants, son role dans l'histoire jusqu'ici... Ce serait bien d'inclure une phrase ou deux quand elle entre en action, pour qu'on puisse recadrer sans sortir de l'action.

Et comme dans tes autres histoires, on ne sait absolument pas ou tu nous emmenes, mais on se laisse embarquer avec plaisir !
annececile
Posté le 15/12/2024
J'espere que tu as vu mon message? Merci de ta nomination, je connais mal le principe des Histoires d'Or, alors c'etait une totale surprise pour moi. Et le paragraphe que tu as selectionne pour resumer l'intrigue est parfaitement choisi. Bravo! Je suis vraiment reconnaissante. :-)
Edouard PArle
Posté le 25/12/2024
Coucou Annececile !
Heureux de te retrouver par ici !
Je note le trop plein de personnages dans ce chapitre. Je pense que c'est surtout lié à celui-ci (tu me diras ce que t'en penses), parce que le nombre de personnages reste modéré par rapport à mes précédents projets xD Je note ta remarque sur l'intro de Givke.
Avec plaisir ! J'espère que ça a pu faire découvrir ton travail à d'autres plumes (= Et non, je n'ai pas reçu ton message...
Merci beaucoup de ton commentaire !
Cléooo
Posté le 17/11/2024
Coucou Edouard !
Un beau chapitre, j'aime le thème de la sororité. Si je peux me permettre une petite remarque cependant, je trouve que l'évolution de la relation Hildje-Givke est un poil trop rapide.
Attention : j'aime la douceur de Givke, mais elle est soudaine. Dans les chapitres précédents, je n'ai pas ressenti d'attachement envers Hildje, et je ne suis pas certaine d'à quoi attribuer ce brusque changement. Le fait qu'elles aient Astrée en commun ? Une brusque douleur de voir que Gretja l'a remplacée par Hildje en termes de punching-ball ?
Je pense que de petits gestes, pas forcément importants, pourraient être disséminé plus tôt. Comme on a Hildje qui raconte son histoire au passé, elle sait ce qui va arriver, donc elle sait que se rapprochement va avoir lieu (en terme de narration). Son point de vue devrait-il être aussi indifférent qu'il semble l'être dans les chapitres précédents ?
Bon, c'est un avis personnel, après :) Sinon tout le chapitre est top, fluide, j'ai aimé le rythme. J'ai aussi l'impression qu'on s'approche doucement de la fin du séjour dans cette maison de l'horreur (pour une prochaine horreur, j'imagine?).
En tout cas, la chute l'annonce.

Je te fais quelques remarques :
- "Ça va aller Hildje. Tu n’auras plus jamais aussi mal que la première fois." -> ça promet... et donne en une seule phrase l'envergure de ce qu'a vécu Givke.
- "Un homme m’a frappé hier. Il avait le crâne rasé et du parfum dans le cou. Il m’a dit que je n’étais pas assez rapide. J’ai encore mal aux côtes." -> j'ai d'abord pas compris... Puis j'ai compris. L'horreur me frappe d'autant plus quand on est sur ce type de sous-entendus. C'est finement écrit.
- "J’espère que tu pourras vite aller mieux pour reprendre en main la ferme. Givke et moi ne sommes pas beaucoup là pour les animaux et le potager est à l’abandon. Je compte sur toi." -> elle n'a aucune honte !
- "Elle est partie d’ici il y a deux." -> il y a deux quoi ?
- "L’homme au pistolet baissa son arme puis s’adressa à son complice d’une voix plus calme :
Elle dit vrai. Je l’ai déjà vue plusieurs fois au quartier nord.
Prêt à me tuer par erreur un instant plus tôt, l’homme au bouc me regardait désormais avec le plus grand naturel." -> Alors ici... L'homme au pistolet, c'est celui qui l'étranglait ? Il l'a vu plusieurs fois, donc il a dû se rendre compte que ça n'était pas Astrée ? Quelque chose m'échappe je crois...
Edouard PArle
Posté le 20/11/2024
Coucou Cleoo !
L'affection était déjà bien présente mais maladroite. C'est un truc que je vais développer / retravailler en réécrivant. C'est vrai que ça parait très brusque.
"Je pense que de petits gestes, pas forcément importants, pourraient être disséminé plus tôt. " ça sera quelque chose du genre, oui !
"J'ai aussi l'impression qu'on s'approche doucement de la fin du séjour dans cette maison de l'horreur (pour une prochaine horreur, j'imagine?)." je ne commente pas mais ton hypothèse est intéressante.
"ça promet... et donne en une seule phrase l'envergure de ce qu'a vécu Givke." un passage important, j'ai préféré cette phrase à un récit de traumas.
"j'ai d'abord pas compris... Puis j'ai compris. L'horreur me frappe d'autant plus quand on est sur ce type de sous-entendus. C'est finement écrit." ça fait plaisir de lire ça ! là aussi j'ai préféré le sous-entendu.
Hmm oui c'est peut-être pas très clair vu qu'ils n'ont pas de prénom, je me note de retravailler cette scène.
Merci beaucoup de ton retour !!
Cléooo
Posté le 20/11/2024
"C'est un truc que je vais développer / retravailler en réécrivant." -> c'est une bonne idée, ça sera plus naturel :)

Après le personnage de la rousse ne "gêne pas" et donne l'impression d'un endroit où l'on passe mais ne reste pas forcément, je trouve ça pas mal. À voir si tu arrives à maintenir les deux en réécriture.

À bientôt ^^
Edouard PArle
Posté le 20/11/2024
Oui, c'est pour ça que je suis encore un peu en hésitation. Après je peux aussi réduire à un rôle de figurante, avec un départ peu après l'arrivée d'Hildje. Bref, je vais réfléchir à tout ça
Isapass
Posté le 13/11/2024
Ah mais quand je disais que c'était du Dickens, en fait je me trompais, c'est du Hugo, c'est les Misérables ! Pauvre Hildje, tu ne l'épargnes pas ! Et quand c'est pas elle qui morfle, c'est sa copine ! XD Je vois que tu me rejoins haut la main dans le club des auteurs sadiques !
Je plaisante, hein, ce n'est pas du tout une critique parce qu'en fait, les évènements s'enchainent très bien et le fait que la vie d'Hildje s'embourbe dans toujours plus de difficultés, c'est cohérent. Ca ne fait pas du tout accumulation de malchance (qui donne souvent un ton misérabiliste) puisque les obstacles sont liés les uns aux autres. Bref, je continue à avaler les chapitres les uns après les autres et je dois me faire violence pour m'arrêter et commenter !

Oh la dérouillée qu'elle se prend, la pauvre Hildje ! Si elle doit rester plusieurs semaines (mois ?) au lit, c'est qu'elle devait être cassée de partout. Je savais bien que Gretja n'était vraiment pas nette. Quelle vieille peau immonde !
Cette phrase de Givke fait vraiment froid dans le dos : "Ça va aller Hildje. Tu n’auras plus jamais aussi mal que la première fois."
J'ai trouvé très bien que Daawie décline et meurt en seulement 2 paragraphes : ça donne une bonne idée de l'importance que lui accorde Hildje, c'est à dire très peu.
J'aime beaucoup la relation qui se crée (enfin) avec Givke. Je ne suis pas sûre que ce soit complètement équilibré, ceci dit : Givke était déjà comme ça avec Astrée, apparemment. Elle a l'air d'avoir besoin de prendre soin de quelqu'un. Peu importe, remarque, du moment que ça fait du bien à toutes les deux, les pauvres chéries.
J'avais malheureusement raison pour mon hypothèse sur la prostitution... La pauvre Givke se retrouve enceinte... Je ne sais pas quel âge elle est censée avoir, mais ça n'augure rien de bon.
J'espère qu'elles vont bientôt pouvoir respirer un peu les pauvres choupettes !
A très vite !
Edouard PArle
Posté le 20/11/2024
Coucou Isa !
"Je vois que tu me rejoins haut la main dans le club des auteurs sadiques !" Me voilà consacré !! xD
" Ca ne fait pas du tout accumulation de malchance (qui donne souvent un ton misérabiliste) puisque les obstacles sont liés les uns aux autres." Top, ça pouvait être un de mes défauts sur certains autres personnages. A ne pas vouloir trop les noircir, faire des erreurs, ça donnait l'impression qu'ils jouaient de malchance. Ici, c'est très différent puisqu'Hildje est dans des contextes affreux et forcément modelée par ceux-ci...
Oui, Gretja est violente. Je me demande si je ne vais pas chercher à l'enrober d'une sympathique première après l'arrivée d'Hildje, enfin je crois que c'est déjà un peu le cas mais je pense l'accentuer.
"Cette phrase de Givke fait vraiment froid dans le dos : "Ça va aller Hildje. Tu n’auras plus jamais aussi mal que la première fois." Content que tu relèves ce passage.
Pour Daawie, c'est tout à fait ça !
Oui, je pense que le développement de la relation avec Givke peut être amélioré. J'ai déjà 2,3 idées.
Oui, tu avais vu juste. Givke a environ 16 ans dans mon esprit, donc en effet, sacré bourbier...
Promis, il y aura des moments plus sympa dans l'histoire !
Merci beaucoup de ton retour (=
Maëlys
Posté le 03/11/2024
Givke ❤️❤️❤️❤️❤️❤️

Plus sérieusement, il est touchant ce chapitre, leur relation un peu mère-fille et les sacrifices que fait Givke pour Hildje. Ca fait chaud au coeur... J'ai eu peur lors de la tentative d'assassinat, ils exagèrent, juste parce qu'elle est alitée ils pensent que c'est Astrée ? Trop bêtes.
Bref, hâte de lire la suite
Edouard PArle
Posté le 09/11/2024
Coucou Maëlys !
Intéressant que tu y voies une relation mère-fille. Oui, c'est un peu des bras cassés pour le coup^^
Merci de ton retour !
A Dramallama
Posté le 30/10/2024
🥸🥸🥸🥸🥸

D'accord, je comprends de plus le plus le 'mais ou est le fond?' que tu avais dit quand j'avais commenté que toucher le fond ça permettait de remonter. C'est vraiment, vraiment super tout ça.
La tentative d'assassinat, c'est juste pitoyable, s'ils cherchent à tuer quelqu'un, le minimum syndical, ce serait de se renseigner un minimum sur le physique de la personne. #on juge très fort les psychopathes.

Hâte de lire la suite (mais en même temps, on ne va pas se mentir, également un peu terrifiée de ce qui va suivre)
Edouard PArle
Posté le 31/10/2024
Coucou Dra !
Effectivement, on se rapproche plus du fond qu'au début de l'histoire^^ Mais va-t-on remonter pour autant...
Oui mdrr
Elle arrive assez vite, j'espère que tu l'apprécieras (=
A bientôt !
Vous lisez