L’automne s’acheva, l’hiver passa. Givke perdit ses forces tandis que j’en regagnais. Elle prit le lit tandis que je le quittais. Je vis son corps changer, son ventre grossir. Gretja voulut d’abord m’emmener à la ville à sa place mais elle y renonça devant l’abondance des tâches à la ferme. Nous n’avions plus l’argent pour embaucher des travailleurs. Nous vendîmes nos perruches et la majorité de notre basse-cour à la tombée des premières neiges. Une limousine vint aussi chercher Ased, notre chien de garde. Il ne resta plus que la discrète Isister, qui ne passait la chatière que pour être nourrie. Sans ces compagnons de poil et de plume, le travail quotidien devint une corvée et je ne trouvai du réconfort que dans le temps passé près de Givke.
Je m’occupai d’elle comme elle s’était occupée de moi, passant de longs moments à admirer la couverture blanche des champs par sa fenêtre. Elle me confia qu’elle faisait des cauchemars alors j’installai mon matelas dans sa chambre. Je dormais au pied de son lit, prête à y grimper si elle se réveillait en sursaut. J’appréciais plus que tout ces moments passés avec elle, peau contre peau, à la caresser dans l’obscurité.
Gretja arrêta de travailler peu après l’éclosion des premiers bourgeons. Dans les jours qui suivirent, elle parut vieillir de dix ans. Elle s’assit dans le fauteuil de Daawie et commença à passer ses journées à lire ou parcourir de vieux albums photo. Elle cessa de se maquiller et de se teindre les cheveux, restreignit ses sorties et commença à se faire servir ses repas dans le salon. Elle me demandait souvent d’allumer la cheminée ou de lui apporter une couverture. Je m’exécutai en me réjouissant de sa déchéance.
Parfois, lorsque je rangeais la cuisine, je prenais un couteau pointu et le regardai avec fascination. Je m’imaginai marcher jusqu’au fauteuil de Gretja pour le lui planter dans le ventre. Ouvrir sa peau comme elle avait ouvert la mienne. Puis je le rangeai en repensant à Atriz, sûre que je regretterais mon geste. Je me contentai de verser un peu trop de sel dans ses plats, de lui choisir les assiettes ébréchées et les verres sales. Elle râlait parfois mais je n’avais cure de ses plaintes de vieille dame.
Un médecin passait voir Givke toutes les semaines pour lui donner des sachets de comprimés roses et contrôler son état. Malgré ses sourires hypocrites, je savais bien qu’il s’inquiétait de sa grossesse. J’essayais de ne pas trop y penser, incapable de penser que mon amie pouvait aller mal. Dans mon esprit d’adolescente, j’imaginais que la naissance de l’enfant la libèrerait de toutes ses souffrances. Elle purgeait une peine de neuf mois dont chaque jour approchait le terme.
Un jour, alors que je lavais les vitres extérieures, j’entendis la sirène des ambulances retentir dans l’allée principale. Je lâchais mon seau et mon chiffon pour courir dans la cour. J’espérais de tout cœur qu’elles venaient pour Gretja, que Givke allait bien. Malheureusement, c’était bien elle que deux infirmiers portaient sur un brancard. Elle semblait consciente mais de la sueur coulait sur tout son corps, comme si elle était prise d’une grave fièvre. J’accélérai pour la voir avant qu’ils l’embarquent, bousculai un des hommes pour m’asseoir près d’elle dans le véhicule.
— Givke, qu’est-ce qu’il se passe ?
Mon amie ne me vit pas mais elle m’entendit. Son visage força un sourire rassurant tandis que je lui pressais les mains. Elle me chuchota :
— Ne t’inquiète pas, ça va.
Les infirmiers me demandèrent de descendre mais je les ignorais. Je posai mon visage contre le ventre de Givke en maudissant le maudit être qui lui causait tant de souffrances. Je l’aurais étranglé si cela avait soulagé mon amie. Elle était si faible qu’elle dût reposer sa tête et fermer les yeux. Son état me rappela celui d’Astrée le soir où j’avais cru la voir mourir. Mon cœur commença à s’emballer. Une main se posa alors sur mon épaule.
— Mademoiselle, il faut absolument que vous descendiez. Votre sœur a besoin d’aide au plus vite.
— Emmenez-moi avec elle, s’il-vous-plaît ! Je peux pas la laisser seule.
— C’est interdit, mademoiselle, nous ne pouvons pas partir avec vous. Dites aurevoir à votre sœur.
La voix de l’infirmier était calme et résolue. Tout en parlant, il commença à m’attirer hors du véhicule. Je voulus résister à sa poigne ferme mais j’étais trop confuse. Je réalisai qu’il avait gagné quand mon pied se posa sur le pavé de la cour, juste à côté d’une flaque de boue. Juste avant que la porte claque, j’entendis Givke s’adresser une dernière fois à moi :
— Ne t’inquiète pas ! Je reviens.
*
Cette nuit-là, au lieu de consoler les cauchemars de Givke, je redécouvris les miens. Je revis la rivière entourée des hommes aux fusils, avec le sang de leurs victimes autour de moi. Je revis ma chute à la piscine et cette fois n’en remontai pas. Je revis le claquement de la porte de la cave et l’éclatement des bouteilles de verre. Je m’éveillai plusieurs fois en sursaut pour retrouver à chaque fois le lit voisin vide. Je ne pouvais aller voir personne.
Le soleil se leva tôt et sa vue me fit renoncer au sommeil. J’avançai jusqu’à la fenêtre en me frottant les yeux. Je tournai la poignée et m’installai sur le balcon. Je n’avais jamais vu Givke l’utiliser mais il m’avait toujours fasciné. Il me rappelait celui de ma chambre au Château, rendu inaccessible par un grillage. Petite, j’avais souvent rêvé de pouvoir y grimper, fascinée par l’interdit. Je croyais qu’il offrait une des plus belles vues du monde, avec le parc et la forêt. J’avançais sur le balcon de Givke en croisant les bras. Il faisait froid et la pierre était mouillée de rosée. Le vent agita mes cheveux, me faisant réaliser combien ils avaient poussé depuis mon arrivée à la ferme.
Je regardai d’abord le ciel, puis les champs, puis les cailloux en dessous de moi. Le vertige me prit aussitôt mais je ne détournai pas le regard. À cette hauteur, toute chute me serait fatale. Cette idée m’emplit d’une étrange fascination. Je me savais bien trop faible pour affronter l’absence de Givke et… Non, je ne pouvais la laisser seule. Je reculai, regrettant déjà l’idée terrible qui m’avait saisi. Je refermai la fenêtre derrière moi avec une telle violence qu’un carreau se fissura.
Je retournai dans mon lit, affalée contre mon oreiller, tentant de me calmer. J’avais l’impression que le vent sifflait encore dans mes oreilles, que je n’avais qu’à faire un pas pour plonger vers les cailloux. Il me sembla m’enfoncer dans mon matelas comme dans un marécage, prise au piège de mon imprudence. Je crois que je me rendormis quelques instants avant d’émerger avec le front ruisselant de sueur froide.
Je me levai et m’habillai, comme pour une journée ordinaire. Ces gestes étaient mon seul moyen de distraire le mauvais sort. Je descendis l’escalier à pas lents, en rêvant de voir les ambulances revenir me ramener Givke. Au lieu de cela, je retrouvai les ronflements de Gretja qui retentissaient dans le salon. Depuis quelques jours, elle ne prenait même plus la peine d’aller jusqu’à sa chambre. Un filet de bave coulait le long de sa joue.
Sans trop réfléchir, je marchai jusqu’au corridor de l’entrée. La température y était bien plus fraîche et me rappela les sensations du balcon. Je frissonnai. Je découvris alors un objet dont je ne rêvais plus depuis des semaines. Une enveloppe bleue.
*
Chère Hildje,
J’ignore si tu liras cette lettre, si tu as lu les précédentes. Parfois, je désespère de recevoir ta réponse. Mais je comprends que tu ne veuilles pas m’écrire. Peut-être m’as-tu oublié, peut-être as-tu une nouvelle vie. Arèle m’as dit que tu vivais dans une ferme avec beaucoup d’animaux, pas très loin des villes du nord. Peut-être que tu y vas avec tes nouveaux parents. Un jour, j’aimerais aller à Losival, on m’a dit que certains bâtiments là-bas étaient trois fois plus grands que le château.
Depuis ma dernière lettre, ça ne va pas beaucoup mieux. Je repense beaucoup à mon beau-père la nuit. J’ai l’impression qu’il va venir me chercher jusqu’au Château. J’ai un nouveau garçon dans ma chambre, il n’arrête pas de se battre avec les adultes. Il me vole mes affaires et m’insulte. Je vais souvent dans le bureau d’Arèle pour lui en parler mais elle m’a dit qu’elle ne pouvait rien faire pour ça.
Des garçons se sont beaucoup moqués de moi à l’école. J’ai arrêté d’y aller cet automne. De toute façon, je n’aimais pas. Je regrette seulement les cours de théâtre, ils me faisaient du bien. Le temps me paraît long au Château mais au moins personne ne m’embête. Je me dis que tu devais ressentir un peu la même chose.
Dès que j’ouvre les pages d’un livre, je pense à toi. Je me rappelle les soirées de printemps passées à te lire mes histoires préférées, à te partager ce que personne d’autre ne comprend. Cela fait des mois que tu es parti et parfois je me demande si tout ça était bien réel. Si quelqu’un a réellement pu passer toutes ces soirées avec moi sans me dire qu’il avait autre chose à faire.
Je me rappelle le son de ta voix, la couleur de tes yeux, ton parfum, tes robes et la pince noire dans tes cheveux. C’est comme si ton souvenir s’était incrusté au plus profond de ma mémoire. Chaque matin, je ne peux m’empêcher de vouloir que tu reviennes. Je me sens seul, sans toi.
Il n’y a plus qu’une chose que j’attende vraiment : le prochain séjour à Emisal. Les deux seules semaines de l’année où je pourrais respirer hors de cette cage. La mer est si belle là-bas et la plage si grande. Je regrette de n’avoir pu te les faire découvrir. J’aurais aimé que nous puissions nous asseoir ensemble sur la digue pour regarder le ciel se coucher ou manger une glace à la vanille.
Je ne sais si je ne pourrais te revoir un jour mais je voulais te dire que je te souhaite une vie plus belle que n’importe quel héros de roman. Je te souhaite de réaliser tous tes rêves, d’être heureuse. Tu le mérites. Quant à moi, je ne peux m’empêcher d’entretenir l’espoir d’un jour te retrouver, ne serait-ce que pour que nous puissions enfin nous dire au revoir.
Avec mon affection,
Hinnes
La voix de la factrice était dénuée de toute émotion. Elle avait lu à toute vitesse, pressée de retourner pédaler jusqu’aux prochaines fermes. Quand je lui demandai de relire, elle refusa puis me tourna le dos. Je la regardai partir avec le cœur battant à tout rompre. Les mots d’Hinnes m’avaient rendu folle. La journée passée à attendre de pouvoir les comprendre m’avait paru infinie. J’essayais de répéter ses phrases dans ma tête pour ne pas les oublier. Je pliai puis rouvris la lettre, toujours aussi touchée que la première fois.
Mon regard parcourut avec émotion les taches d’encre provoquées par les larmes de l’auteur. Je voyais dans l’écriture hésitante toute la tristesse qu’avait ressenti Hinnes en l’écrivant. Ces mots me paraissaient irréels. Il ne m’en avait jamais voulu de mon départ précipité. Il souhaitait me revoir. Il allait mal et avait besoin de moi.
Je devais lui répondre mais je ne savais pas écrire.
Je devais le voir. J’avais trop de choses à lui dire.
*
Pars d’ici tant que tu le peux encore. Marche sur le chemin en face de l’allée des hêtres et traverse le champ de blé. Tu arriveras à un village de briques rouge avec une gare. Prend le premier train. Fuis cet endroit. Peut-être qu’ils ne te rattraperont pas.
Je marchai à l’ombre des hêtres en repensant aux paroles d’Astrée. J’avais rassemblé quelques affaires puis attendu que Gretja s’endorme pour prendre la route. Je ne savais qu’une chose : le Château se trouvait près d’Osivel. Il y avait une gare dans cette ville, et à partir de là je connaissais la route jusqu’au Château. Un mélange confus de peur et d’excitation m’animait. L’air du soir était agréable et quelques rayons résistaient encore au coucher du soleil. Je me sentais bien.
Une seule chose me retenait et m’attristait : Givke. Partir de la ferme revenait à abandonner celle qui avait tant fait pour moi. J’essayais de me convaincre que je ne pouvais rien pour elle le temps qu’elle passerait à l’hôpital mais cela ne me consolait pas. L’imaginer revenir sans que je sois là me désolait. Elle subirait sans doute les conséquences de ma fuite, les questions de la police. Pour essayer de la rassurer, j’avais rangé sa chambre et déposé un dessin sur son bureau. Je m’y étais représentée avec un sourire en train de marcher vers une autre personne.
À présent, je repensais aux détails de mon dessin, me demandant si Givke saurait l’interpréter. Y comprendrait-elle que j’avais voulu apaiser son angoisse ou penserait-elle plutôt que je l’abandonnais pour un autre ? Devinerait-elle qu’il s’agissait un peu des deux à la fois ? J’imaginais aussi ce qui pourrait arriver si l’on me retrouvait sur la route du Château. Je me rappelais qu’une femme disait souvent à Lebenes et Astrée qu’on les enverrait dans un foyer pour délinquantes si elles continuaient à fuguer. Était-ce ce qui m’attendait ?
J’arrivai devant de longues tiges de maïs qui couvraient la visibilité. Je devinais qu’il s’agissait du champ de blé décrit par Astrée. Comme il s’étendait sur plusieurs centaines de mètres, je coupai à travers. Je me glissai entre les plantes, suivant la ligne des engins agricoles. Pendant que je marchais, la nuit tomba pour de bon. Les feuilles devinrent les bras menaçants d’épouvantails végétaux et le moindre souffle de vent me donna l’impression de présences étrangères. Je serrai ma montre, dont le tictac rassurant me raccrochait au temps présent.
Alors que je commençais à désespérer de trouver la sortie de ce dédale végétal, mon pied accrocha une racine de betterave et je m’effondrai sur la terre mouillée. Fatiguée, je fus tentée de demeurer allongée sur ce matelas de fortune pour reprendre quelques forces. Je n’en avais pas le temps. Je me redressai en regrettant les coulées de boue sur mes vêtements et mes chevilles. Je repartis en crachant ma salive souillée de terre. Au-dessus de moi, de lourds nuages effaçaient les étoiles et masquaient les lunes. Je dus avancer en accordant autant de confiance à mes bras qu’à mes yeux.
Dès que le ciel se découvrait quelques instants, je me mettais à courir, espérant trouver la sortie avant de replonger dans la nuit. Je m’essoufflai vite et mon front se fit luisant. Enfin, j’aperçus un clocher dont le toit dépassait les tiges de maïs. Je courus à toutes jambes, tombai une deuxième fois. Je me relevai sans même essuyer mon visage, exultai en arrivant devant les premières maisons. Elles étaient d’une brique rouge typique de la région, que je voyais pour la première fois autrement que sur des photographies. Quelques lampadaires éclairaient la rue principale, placés sur les minuscules trottoirs de pavés. Chaque maison avait son petit jardin floral, son portail et sa boîte aux lettres bleue.
La rue était seulement habitée par l’aboiement des chiens de garde, réveillés par ma silhouette. Je devais avoir une allure sinistre avec mon corps couvert de boue, mes bras ballants et mon visage fermé. J’essayais d’avancer vite, sans me faire remarquer des habitants. Plusieurs d’entre eux étaient déjà venus à la ferme, on pourrait me reconnaître. On pourrait aussi appeler les forces de l’ordre, tuant dans l’œuf mon expédition. Par bonheur, seuls les chiens m’aperçurent.
J’aperçus l’église, où Gretja s’était rendue pour la fête des moissons. Elle ressemblait peu à celle d’Osivel, avec deux grandes tours de briques à la place du clocher. D’innombrables tiges de lierre grimpaient jusqu’au toit, pour s’enrouler autour de la gouttière. Une double grille fermait l’entrée à l’édifice et sa crypte. Je ne pouvais qu’observer de loin ses riches plantations d’herbes médicinales et de fleurs. Plusieurs bâtons avec un bout triangulaire étaient enracinés dans la terre. J’eus beau réfléchir, je ne compris pas leur utilité.
La gare se trouvait au bout du village. De la même brique que les autres bâtisses, elle s’en détachait par son architecture circulaire et son toit de dôme. Toutes les lumières étaient éteintes, les volets fermés et je craignis d’abord que le dernier train soit passé. La présence d’un couple et de deux hommes me rassura. J’avançai en cachant mon hésitation et mon visage sous ma capuche. Additionné à ma petite taille et ma poitrine plate, il trahirait ma minorité. Je me plaçai juste au bord de la voie pour tourner le dos aux autres voyageurs.
Le train apparut peu après moi, d’abord signalé par une grande lumière, puis par le crissement de ses freins. Il s’immobilisa au bout du quai et nous dûmes marcher pour le prendre. Un contrôleur à l’uniforme rouge et au sifflet attaché autour de son cou descendit. Je me rapprochai du couple pour ne pas être soupçonnée. Je gravis les deux marches de fer avec émotion : c’était la première fois que je prenais le train de ma vie. Au-dessus des portes coulissantes, un écriteau indiquait : Wagon 3.
L’intérieur du train était miteux : des vitres sales, des sièges aux couleurs délavées et un sol crasseux. Dès mon premier pas, une odeur d’urine me saisit les narines. Après avoir observé la disposition des passagers, je décidai de continuer dans le sillage du couple, qui constituait ma meilleure couverture. Ils s’assirent à l’autre bout du wagon et je me plaçai derrière eux, entre leurs sièges et les range-bagages. Je m’affalai contre une valise bleue et m’effondrai de fatigue.
Je plongeai dans un sommeil lourd, seulement interrompu par les arrêts du train et le sifflement du contrôleur. Les lumières du plafond devinrent une lampe de chevet que j’aurais oublié d’éteindre, le bruit des rails une berceuse. Je rêvais du Château, de mon ancienne chambre. À chaque fois que je me réveillais, j’avais envie de me lever pour voir si Givke allait bien et je me rappelais que je ne la verrais plus avant longtemps. À cette idée, j’étais tentée de descendre au prochain arrêt pour tenter de faire demi-tour. Cependant, il était bien trop tard pour revenir sur ma résolution et je laissai passer une à une les gares d’arrêts de villes inconnues.
Lors d’un arrêt, je vis un groupe de contrôleurs pénétrer dans le wagon. Mon premier réflexe fut de descendre avant leur arrivée mais les portes se fermèrent avant que j’eus pu envisager le moindre mouvement. J’adoptai alors la seule stratégie à ma portée : ne rien faire. Je serrai mes paupières, ouvris légèrement mes lèvres, détendis mes membres et laissai tomber ma tête contre mon épaule. L’illusion devait être assez bonne pour dissuader toute interaction sociale.
Malheureusement, elle n’arrêta pas l’un des uniformes rouges, qui se glissa derrière les bagages pour contrôler mon billet. Il se pencha si près de moi que je sentis son souffle chaud et son haleine avinée sur ma joue. Il secoua mon épaule et je me laissai entraîner comme un pantin. Je fus assez crédible pour qu’un autre contrôleur intervienne :
— C’est bon, laisse la fille dormir.
L’homme fit demi-tour et je soupirai de soulagement. Mon escapade avait failli tourner court. Je respirai à grandes inspirations pour laisser l’émotion remonter et bientôt, mes membres s’engourdirent à nouveau. Je bâillai et me tournai en quête d’une nouvelle position de sommeil. Cependant, alors que je m’endormais, un contrôleur siffla. Tous les voyageurs se levèrent pour rassembler leurs affaires et l’on enleva une à une les valises qui m’avaient supportée.
Je me décalai contre le bord du train en guettant les uniformes rouges. Ils ne me prêtaient aucune attention et je me fondis dans la masse des voyageurs. La radio annonça Dellval, terminus du train. J’avais déjà entendu Gretja parler de cette ville lors d’un de ses derniers repas avec Daawie. Elle s’y était rendu pour visiter une lointaine cousine. D’après elle, les usines textiles de Dellval attiraient des milliers de travailleurs et l’on pouvait y boire les meilleures bières du pays. J’ignorais cependant si ses trains pourraient me conduire à Osivel.
Je décidai de continuer à suivre le couple dans la gare, à distance assez raisonnable pour ne pas être remarquée. Malgré l’obscurité, je pus deviner l’architecture massive de l’édifice. Un large toit de tôle et de fer recouvrait près de quinze voies ferroviaires. La majorité des trains étaient arrêtés à quai. Le reste abritait une galerie de boutiques obscures que je ne pus observer à cause du pas rapide du couple. À la sortie de la gare, nous fûmes cueillis par une pluie fine mais froide et un vent nourri.
Je continuai ma filature dans une large rue d’immeubles de pierre blanche. Des lampadaires deux fois plus grands que ceux du village d’où je venais éclairaient la rue. De belles automobiles étaient garées devant les maisons, entre quelques arbres en fleurs. Je n’avais jamais vu une telle opulence, consciente qu’il s’agissait de produits de luxe, réservés à une élite. Brusquement, le couple descendit du trottoir et montèrent à bord du taxi noir. Il les emporta vers l’avenue perpendiculaire et je me retrouvai seule.
Je me sentis stupide d’avoir suivi ces étrangers qui ne m’avaient pas adressé la moindre parole. J’étais perdue dans une ville dont j’ignorais tout, condamnée à attendre le lever du soleil pour chercher un train jusqu’à Osivel. Je me dirigeai vers l’avenue, espérant peut-être y trouver une autre présence humaine. Je fus exaucée mais regrettai bien vite la sécurité du train. Plusieurs individus marchaient d’un pas peu assuré autour d’une ouverture d’où s’échappait des volutes de fumée, de la musique et des cris. Certains tenaient des cigarettes et pipes, d’autres s’embrassaient sans la moindre gêne. Plus loin, un jeune homme vomissait sur ses propres vêtements sous les moqueries. De l’autre côté de l’avenue, deux hommes se tenaient tête contre tête en montrant les poings. Un autre était allongé en plein milieu du trottoir.
J’avançais sans trop savoir où je mettais les pieds, craignant d’être accostée si je m’arrêtais. Je traversais plusieurs ronds-points, croisais quelques vélos et taxis. Je dus changer de trottoir deux fois pour éviter des ivrognes bruyants. Au bout d’un moment, je décidai de faire demi-tour. J’avais beau me rappeler des histoires sordides que j’avais entendues au sujet des gares la nuit, c’était le seul abri que je pouvais espérer. Je pris un chemin différent pour éviter l’avenue et ne tardai pas à me perdre.
Au bout d’un moment, mes pas me menèrent au niveau d’un grand cours d’eau. Je voulus trouver refuge sous l’un des ponts qui l’enjambaient et longeai les dizaines de péniches amarrées en contrebas. À ma grande surprise, je vis plusieurs tentes dressées sous les fondations du premier pont et des hommes qui discutaient autour d’un feu. Un spectacle comparable se produisait sous le deuxième et je marchai encore. Le troisième avait lui aussi des tentes mais on n’entendait pas le moindre bruit. Il pleuvait de plus en plus et je décidai de m’y abriter le temps que la météo se calme.
En arrivant, j’aperçus une vieille femme enroulée dans des couvertures à carreaux à l’extérieur des tentes et je ne sus si elle vivait encore. N’osant vérifier, je m’installai aussi loin d’elle que possible sous le pont. Je fermai les yeux en espérant être distraite par le sommeil mais j’avais bien trop froid avec mes habits mouillés. Je commençais à grelotter et claquer des dents comme lors d’une mauvaise fièvre.
Je rouvris les yeux en entendant ce que je crus d’abord être un grognement d’animal. Il s’agissait de mots prononcés par une voix rauque. Celle de la vieille femme. Elle avait ouvert les yeux et elle me parlait. Son langage m’était inconnu mais je sentis que ses intentions étaient bonnes. Je m’approchai d’elle et elle m’invita du pouce à me réfugier sous ses couvertures. Après une courte hésitation, je vins m’installer contre son bras et son visage couvert de rides. Quand son corps toucha le mien, elle me sourit.
Sentant que je tremblais, elle étendit pas moins de trois couvertures sur moi. Puis elle me serra contre son gros corps en me caressant les cheveux comme à une petite fille. La chaleur me remonta vite aux joues et je sentis mon corps se détendre. Je rendis son sourire à la vieille femme. Ses lèvres laissèrent échapper un chant guttural qu’elle chuchotait juste pour moi. C’était une de ses mélodies anciennes qui se transmet de mère en fille depuis la nuit des temps. Un chant primaire aux accents si puissants que chaque note semblait résonner dans mes entrailles. J’oubliai Givke, la ferme, Hinnes, le château, ma fugue. Je n’étais plus qu’une enfant bercée par une voix qui aurait dû être celle de ma mère.
De ma vie entière, je n’ai plus jamais rien entendu d’aussi beau.
Pour moi cette phrase résume à merveille le thème de ton histoire. L’histoire d’une enfant qui fait de son mieux dans monde pourri où elle a atterri, et qui aurait dû être protégée par ses parents. Ce n’est pas seulement ce qu’elle aurait voulu, c’est ce qui aurait dû être.
Ça fait vraiment écho à mon histoire perso et je pense que tu me tireras quelques larmes avant la fin !
Chouette que tu relèves cette phrase qui résonne en effet pas mal avec les messages que j'ai voulu insuffler à cette histoire.
Merci infiniment pour tes retours <3
Super chapitre, j’ai adoré !!
Pauvre Givke… C’est tellement triste que sa grossesse se passe aussi mal. J’espère qu’elle et le bébé vont survivre !! Ou au moins elle en tout cas, je l’aime beaucoup moi Givke, je veux pas qu’elle meure ! Je me demande quand même comment elle va bien pouvoir s’en sortir toute seule avec un bébé sur les bras, alors qu’elle est encore mineure et ne possède rien… C’est hyper compliqué comme situation. Et tellement injuste pour elle.
Bien sûr, je suis soulagée qu’Hildje échappe au « travail en ville » ! Par contre, je suis un peu perplexe devant l’évolution de Gretja… En à peine quelques mois, elle passe de femme hyper violente qui semble en pleine possession de ses moyens, à une loque qui ne quitte plus le fauteuil de son salon ?? D’un coup, comme ça, juste parce qu’elle a atteint l’âge de la retraite ?? Cette transition mériterait d’être un peu mieux expliquée que ça, parce que là je trouve ça moyennement crédible. Même si bien sûr je suis contente de voir Gretja dépérir, parce que je la déteste et que je veux la frapper.
La lettre d’Hinnes est trop bien, vraiment, j’adore <3
Je suis trop contente d’avoir de ses nouvelles et qu’Hildje constate que lui non plus ne l’a pas oublié ! Tellement hâte qu’ils puissent enfin se retrouver tous les deux ! C’est très triste de voir qu’Hinnes est toujours aussi seul, qu’il n’a pas réussi à se faire de nouveaux amis après le départ d’Hildje, et qu’il n’y a pas grand-chose qui va dans sa vie… La revoir ça va vraiment lui faire du bien à lui aussi !
Évidement, mon estime pour Arèle est maintenant descendue loin sous le niveau de la mer… C’est terrible de constater qu’elle est tout aussi insensible au sort d’Hinnes qu’à celui d’Hildje. C’est une égoïste insupportable et je veux la frapper !
Sinon, c’était super intéressant de voir Hildje s’enfuir enfin de la ferme à la recherche du Château. Comme elle ne connaît pas vraiment le chemin, c’est toute une expédition, et il y a pas mal de risques de voir les choses mal tourner… mais pour l’instant elle s’en sort pas trop mal et j’espère qu’elle finira par atteindre sa destination très bientôt. Même si je suis quand même contrariée de ne pas savoir ce que devient Givke, et risque de ne pas avoir de réponse à cette question avant un bon moment…
Quant à la scène finale… D’un côté, je trouve ça beau. Mais en même temps, je peux pas m’empêcher de trouver ça bizarre qu’une inconnue soit gentille avec Hildje et que ça soit pas un piège. C’est qu’elle rencontre tellement de gens tordus d’habitude que…
« Je crois que je rendormis quelques instants avant d’émerger avec le front ruisselant de sueur froide. »
> me rendormis
« La journée passait à attendre de pouvoir les comprendre m’avait paru infinie. »
> passée
« J’imaginais aussi ce qui pourrait arriver si l’on me retrouvait sur la route de Château. »
> du Château
« J’’essayais d’avancer vite, sans me faire remarquer des habitants. »
> J’essayais
Très hâte de découvrir la suite !
A bientôt !
Content de lire ça !! Ca fait plaisir que tu apprécies Givke.
Pour le dépérissement de Gretja, c'est vrai que ça mérite plus de développement. Je pense aussi allonger la durée où Hildje reste chez elles, donc la chute de Gretja durerait plutôt un an. La mort de Daawie y contribue.
Top pour la lettre d'Hinnes, j'ai adoré l'écrire !! Ahah je m'amuse bien de ton avis sur Arèle^^ C'est clair qu'elle a pas géré sur ce coup là...
Yes, c'est un choix dur de quitter Givke dans un tel moment mais en même temps la lettre d'Hinnes est le déclencheur qui manquait, sinon elle avait toutes les raisons de partir.
Oui, c'est aussi une rupture avec toutes les mauvaises personnes qu'elle a rencontré. On peut aussi faire de belles rencontres dans des endroits improbables.
Bien vu pour les remarques, c'est corrigé !
Merci infiniment de tous tes commentaires !!
A très vite (=
Quelle noirceur ! Dans quel monde sommes-nous ? Un mot résume l’ambiance, je le tire de ton texte : sordide. Le texte rend parfaitement cet état, ce qui était certainement ton intention. Je ressens un drôle de sentiment à sa lecture. J’ai de plus en plus d’empathie pour cette pauvre Hildje à qui vraiment rien n’est épargné.
L'amitié d'Hinnes qu'exprime sa lettre est un heureux contrepoint à la situation vécue par la protagoniste.
La fin est très belle. Elle ne fait certes pas naître l’espoir, mais elle apaise.
Je reviens à ce que je disais dans mon précédent commentaire. Quelle est cette société ? On dirait un système totalitaire pour lequel les enfants sont un fardeau, mais qui n’est pas suffisamment barbare que pour les réduire totalement en esclavage. Je m’interrogeais sur l’absence de contrôle et d’autorité sur la protection de la jeunesse. Or ici il est clairement question de police, de forces de l’ordre et de foyer pour délinquantes. Les autorités savent donc ce qui se passe, ne font rien, valident et sont prêtes à faire endurer pire aux enfants qui ne se soumettent pas. On a envie de se révolter pour eux.
Petites remarques :
« sa vision » : sa vue ?
« à toutes vitesses » : singulier ?
« les tâches d’encre » : tache
« Pendant que je marchai » : j’utiliserais l’imparfait
« Alors que je commençai à désespérer » : idem
« . Je me plaçais juste » : ici par contre, j’utiliserais le passé simple.
À bientôt (mais pas dans l’immédiat, étant occupé).
Effectivement, l'ambiance de cet enchaînement de chapitres n'est pas au beau fixe. Tant mieux si ça entraîne de l'empathie pour Hildje (=
Oui, ce chapitre a ses pointes de douceur, avec la lettre d'Hinnes et la chute (=
En effet, je décris un système malade, où les autorités préfèrent ne pas trop savoir.
Bien vu pour les petites erreurs de conjugaison, j'ai corrigé !
Merci beaucoup de ton retour !
A bientôt (=
A mon tour de revenir commenter l'histoire d'Hildje. J'avais déjà lu ce chapitre et les deux suivants avant les HO mais j'ai préféré relire avant de te faire (enfin un commentaire).
Encore un super chapitre ! J'ai beaucoup aimé, au début, les pensées de vengeance de Hildje par rapport à la déchéance de Gretja et la façon dont elle remplace l'idée de la poignarder par l'ajout de sel dans ses plats. Je trouve que ça fait très réaliste, cet écart entre ce qu'on fantasme et ce qu'on met réellement en œuvre (heureusement d'ailleurs !). Et je trouve touchante l'inquiétude d'Hildje pour Givke.
Cependant, il y a quelques détails qui, même s'ils ne sont probablement pas déterminants, ont un peu bousculé mon sens de la cohérence et de la logique. Notamment, le fait que Gretja dépense autant d'argent en médecin pour Givke. Je trouve que ce n'est pas tout à fait raccord avec le fait de prendre des orphelines pour les faire travailler à la ferme (entre autre) plutôt que des ouvriers. Ou alors Gretja serait un peu attachée à Givke (et à ses pupilles en général) ? Si c'est le cas, je suis passée à côté de ça : sans jurer que Daawie et Gretja étaient des psychopathes, pour moi elles quand même plutôt des esprits d'esclavagistes.
J'ai aussi un peu tiqué sur le fait qu'à partir de là, Hildje a l'air de tout faire seule à la ferme, en plus des repas et tout, ce qui me paraît impossible. Ou alors il y a des ouvriers en plus ? Dans ce cas, il faudrait peut-être le préciser, histoire d'évacuer les questions des pinailleurs comme moi XD Et si Hildje est vraiment toute seule, il faudrait peut-être dire que ça part en cacahuètes parce qu'elle ne s'en sort justement pas. Non ?
A partir de l'arrivée de la lettre, je n'ai plus de remarque : j'ai trouvé ça top, alors qu'il ne se passe pas grand chose pendant le voyage. Mais on sent bien que pour Hildje c'est une grande aventure, qu'elle est partagée entre l'excitation et la peur, le tout survolé par sa culpabilité de quitter Givke. Et du coup j'ai ressenti la même chose qu'elle !
La dernière scène, avec la vieille dame sous le pont, est vraiment très jolie. C'est un peu surprenant que Hildje se laisse aller comme ça, mais ça montre aussi son évolution au contact de Givke.
A très vite !
Très content de retrouver tes retours eheh
"Je trouve que ça fait très réaliste, cet écart entre ce qu'on fantasme et ce qu'on met réellement en œuvre (heureusement d'ailleurs !)" eheh, ce retour me fait un peu penser à notre échange sur le discord xD J'avais pas forcément réfléchi ça en écrivant mais c'est très vrai^^
Tu as raison pour les dépenses médicales, ça mérite d'être éclairci et développé.
Oui, ça n'est pas très difficile de préciser qu'il y a eu embauche de saisonnier. Mais ton idée de montrer que tout empire, qu'Hildje croule sous le travail, me plaît bien. Ca peut participer à motiver son départ.
Top si le voyage fonctionne bien ! Oui, au final il peut sembler ordinaire mais pour Hildje il est hyper spécial notamment à cause de l'abandon de Givke. Je suis curieux de savoir si j'ai bien dosé cette culpabilité dans les prochains chapitres, tu me diras.
Par rapport à la vieille dame, c'est vrai que ça se fait facilement. Hildje a une bonne première impression et ça suffit. Peut-être que je devrais développer davantage, je poserai la question à d'autres lecteurs.
Merci de ton retour, les remarques de cohérence/logique m'aident beaucoup !!
Je me doutais un peu de l'expediteur des lettres bleues, mais c'est une surprise malgre tout, d'autant qu'avec tous les evenements qui ont suivi, elles etaient un peu tombees en second plan. Et c'est la qu'on voit toute l'importance de savoir lire et ecrire, un theme qui revient dans tes ecrits : la pauvre Hindje a besoin d'une lectrice pour savoir ce qu'il y a dans cette lettre et ne peut pas repondre...
J'avoue que je coince un peu sur sa decision de partir pour retrouver Hinnes, la tout de suite maintenant. A mon avis, ca ne colle pas avec les liens qui se sont crees avec Givke. L'abandonner sans connaitre l'aboutissement de sa grossesse, alors qu'elle risque d'avoir besoin d'elle, c'est decevant et ca ne correspond pas a son caractere. Car Hindje part a l'aventure, et ne prevoit pas de revenir.
A mon avis, pour que ca "passe" : soit une nouvelle menace apparait qui la contraint a partir immediatement en suivant le conseil d'Astree, en plus des lettres d'Hinnes. Soit son depart a lieu apres le retour et retablissement de Givke.
Je note d'ailleurs que le pere de l'enfant n'est jamais mentionne, Givke parle de sa grossesse comme une fatalite qui lui tombe dessus, un peu comme si elle avait la grippe (ou le Covid...) Aucun preparatifs pour le bebe non plus, est-il deja prevu de le faire adopter ailleurs (moyennant finances?) Est-elle contrainte de se prostituer, ce qui expliquerait l'absence de relation avec le pere ?
En tout cas, tres interessant....
Petit detail : "je sentis mon corps se deraidir" > pourquoi pas, se detendre ou s'apaiser?
Top si tu apprécies le développement de la relation avec Givke. Oui, son départ peut paraître brutal, je devrais peut-être insister sur le fait qu'il est motivé en partie par la dégradation brutale du lien avec Gretja. elle la fuit plus qu'elle n'abandonne son amie (même si ça ne va pas l'empêcher de culpabiliser). Mais même avec cet élément, je pense que ça reste une décision frustrante aux yeux du lecteur. Peut-être qu'Hildje peut partir plus tard ? Je re-réfléchirais à tout ça en relisant.
Pour le père de l'enfant, la prostitution est en effet sous-entendue, Givke n'en parle pas à Hildje pour la préserver. Peut-être que je devrais essayer de rendre cela plus clair pour le lecteur.
Bien vu pour le déraidir !
Merci beaucoup de ton retour !
A très vite (=
J'apprécie de plus en plus ton histoire. Je me dis quand même, ayant lu l'autre, que ça risque de ne pas être un happy-ending, mais tu glisses plusieurs notes d'espoir dans ce chapitre. La lettre, le contrôleur gentil qui renonce au contrôle, la vieille dame qui la protège du froid de la nuit... Attention, je vais t'en vouloir si ça finit trop mal ! ^^
Quelques remarques sur ce chapitre :
- "Je voulus résister mais j’étais trop confuse pour résister" -> répétition
- "en posant mes mains sur mes épaules." -> j'ai du mal à visualiser
- "Je crois que je rendormis" -> me rendormis
- "une odeur de pisse me saisit les narines" -> "pisse" sonne un peu faux quant au niveau de langue. Je suggèrerais bien "urine".
- "j’avais envie de me lever si Givke allait bien" -> manque un ou deux mots
À bientôt !
Génial ! Cette lettre me tenait à coeur, elle coincide en effet à une forme de retour d'optimisme.
"Je me dis quand même, ayant lu l'autre, que ça risque de ne pas être un happy-ending, mais tu glisses plusieurs notes d'espoir dans ce chapitre. La lettre, le contrôleur gentil qui renonce au contrôle, la vieille dame qui la protège du froid de la nuit... Attention, je vais t'en vouloir si ça finit trop mal ! ^^" Oui ces petits détails ne sont pas anodins. Bon, je ne te promet pas l'happy end mais cette histoire aura une fin très différente de celle d'Ewan.
Bien vu pour les petites corrections,
Merci de ton retour !!
C'était Hinnes qui lui écrivait !! Je suis trop contente, j'espère tellement qu'elle va pouvoir le retrouver ! J'ai quand même un pincement au coeur en pensant à Givke qui va se retrouver seule...
C'est touchant, la dame qui l'aide et qui chante ! J'aurais bien aimé savoir les paroles de cette chanson, mais elle n'est peut-être pas dans une langue qu'Hildje comprend. On croise les doigts pour la suite.
PS : C'est injuste parce qu'en vrai si tu fais semblant de dormir, le contrôleur SNCF te réveille
Oui, Hinnes ne l'a pas oubliée... Oui, Hildje se sent tiraillée entre les deux personnes qui comptent le plus à ses yeux.
Ca fait plaisir de lire ça, oui je n'avais pas forcément envie d'inclure la chanson ici mais j'aurais pu.
Ca sent le vécu mdrr
Merci de ton commentaire !
C'était sur que c'était Hinnes!!!!! Je, suis, ra-vie! Il ne l'a pas oublié et ne lui en veut pas ! Je ne parviens pas à savoir laquelle des deux je déteste le plus: Gretja ou Arèle. L'une c'est une psychopathe, l'autre c'est une hypocrite en fait (qui a abandonné non seulement notre héroïne mais Hinnes! )!
JE SUIS COLÈRE!
Pauvre Givke... à nouveau, je blâme encore Gretja. Pour taper une gamine sans défense il y a du monde, par contre pour la défendre face à des adultes, là ya plus personne! J'espère qu'elle ira bien... 🥸.
Je suis ra-vie qu'elle se soit enfin enfuie -pour tout te dire j'appréhendais qu'on l'envoie à la ville.
Je croise les doigts maintenant, et guette à l'horizon l'arrivée grandiose du Emotional Support Corgi!
à bientôt!
Yess, un peu plus de positivité dans ce chapitre, avec le retour d'Hinnes.
"Je ne parviens pas à savoir laquelle des deux je déteste le plus: Gretja ou Arèle. L'une c'est une psychopathe, l'autre c'est une hypocrite en fait (qui a abandonné non seulement notre héroïne mais Hinnes! )!" Intéressant que tu compares ces deux là.
Oui, j'avoue que je l'ai envisagé mais ça n'aurait pas forcément été dans la direction que je voulais. Mais ça fait une bonne fausse piste.
"Je croise les doigts maintenant, et guette à l'horizon l'arrivée grandiose du Emotional Support Corgi!" Tous les espoirs sont permis !!
Merci, j'adore cette scène !
A bientôt (=