— Chers amis, tout est sous contrôle, poursuivez la fête ! rassura Kolyan.
Hésitants, les convives visiblement inquiets firent demi-tour en chuchotant. Interrogeant Ander du regard, Tiana et Jord durent refluer eux aussi sans obtenir de réponse. Le régent et ses conseillers attendirent que tous aient quitté la terrasse dont Foh Barbona verrouilla les portes à distance. Kolyan jeta un nouveau regard noir à Ander avant de se tourner vers le spatiomancien :
— Maître Mokyat, puis-je savoir ce qui vous est passé par la tête !
La respiration difficile, ce dernier souffla :
— Je... pardonnez-moi... Messire... je voulais seulement... rendre service... à Messire Ander...
— Vous avez ouvert un portail sans en référer à quiconque ! En plein milieu du palais ! Vous avez fait courir un grand danger à l'héritier du trône !
Ligi Mokyat murmura encore quelques borborygmes avant de s'affaisser, sous l’œil froid des conseillers. Kolyan toisa Ander :
— Explique-toi !
— Je voulais retrouver et sauver Pitare ! se défendit Ander. Maître Mokyat n’était pas au courant comme vous l'aviez promis ! J'ai dû prendre les devants.
— Inconscient ! s'étrangla le régent. Danecan... en pleine zone ennemie !
— Mon ami était seul, blessé, sans défense, depuis deux jours ! Il fallait que...
— Il suffit ! coupa Kolyan, la main levée.
Hiran Soloman s'interposa calmement et invita Ander à détailler l'incident. Le jeune homme s’exécuta. Quand il décrivit la femme rousse, Ligi Mokyat sortit de sa torpeur :
— Favellska ! La spatiomancienne de Valdo III !
Devant des conseillers stupéfaits, Ander fut invité à poursuivre. Il raconta l'effroyable irruption de l'homme dans une seconde sphère et comment il avait pu échapper à ses deux adversaires en embrasant la spatiomancienne. Paniqués, Kolyan et les conseillers se mirent à parler tous ensemble dans un brouhaha inintelligible. Le jeune homme dut crier pour se faire entendre :
— QUI EST CET HOMME ?
Toujours perturbé et hésitant, Kolyan fit un signe appuyé à Hiran Soloman qui répondit :
— Messire Ander, vous avez probablement vu Valdo III, le Roi de Scovia, l'homme responsable de la chute de Danecan, de la capture, de la détention et du décès de votre mère.
— Valdo III ! Mais que me voulait-il ?
— Je l'ignore, Messire, mais le fait qu'il se soit déplacé en personne pour vous n'augure rien de bon.
S'adressant au régent, Hiran prit son temps pour développer :
— Ils l'attendaient. Ils savaient où trouver le magicien blessé, pariant qu'Ander tenterait de le sauver. Valdo III a manifestement essayé de capturer vivant votre neveu, en l'attirant à lui. Tout cela pose deux hypothèses. Soit les Scoviens ont interrogé le magicien blessé et compris son lien avec Ander...
Il jeta un sombre regard circulaire sur les conseillers :
— Soit nous avons un traître au sein du conseil.
Tous se dévisagèrent, épiant le moindre indice de malaise, Hiran étant le plus attentif aux réactions suspectes. De marbre, le groupe se tourna vers Ligi Mokyat, ayant de nouveau sombré dans l'inconscience. Pénélope Ruisso s'avança :
— Si, de son propre chef, maître Mokyat a ouvert un portail en territoire ennemi sans autorisation, avec Messire Ander, c’était pour le livrer à notre ennemi, voilà tout !
— Maîtresse Ruisso, calmez-vous, tempéra Kolyan. Vous n'avez pas le droit d'accuser un conseiller sans preuves. Nous interrogerons maître Mokyat quand il se sera rétabli. En attendant, nous allons le garder sous haute surveillance dans la partie sécurisée de l'hôpital. Maître Barbona, s'il vous plaît ?
D’un geste las, le télékinésiste déverrouilla les portes et appela les gardes qui emmenèrent le spatiomancien. Encore sous le choc, Ander repensa au guet-apens, à Pitare introuvable, probablement mort…, à la conduite pourtant si amicale de Ligi Mokyat, l’ayant prévenu du danger dans un premier temps. Son entêtement d’adolescent avait encore tout fait capoter…
Une fois seul avec Ander, le régent s'approcha, le regard sombre :
— Tu as failli subir le même sort que ta mère et ta grand-mère.
— Je suis désolé, mon oncle, tout est ma faute, j’aurais dû écouter maître Mokyat, je suis sûr de son innocence !
— Il est de toute façon coupable avec ce portail en territoire ennemi et le danger encouru !
— Je ne comprends pas… pourquoi les Scoviens n'ouvrent-ils pas plutôt leurs propres portails pour venir me capturer ou pour attaquer la capitale ?
— Ils essaient, parfois, comme nous essayons de nous introduire chez eux. Mais nos deux nations possèdent un large réseau de surveillance spatiomancienne, comme la plupart des pays où la magie est institutionnalisée. Dans nos frontières, la moindre faille suspecte est détectée et annihilée. Ce qui n'est pas le cas en Canamérie, évidemment.
— Pourtant maître Mokyat n'a pas pu annihiler le portail de la Scovienne !
— Ce n’était pas celui de Favellska ! Réfléchis, Ander, elle n'a eu qu’à profiter de l’ouverture de maître Mokyat, en situation de faiblesse. Il faut être très vigilant quand on ouvre un portail en zone hostile. Ceux créés sur notre territoire, de surcroît par un conseiller, ne sont pas identifiés comme étrangers, même s'ils sont repris par un ennemi.
Ander maudit son ignorance et son obstination, avant de murmurer :
— Je comprends...
— Maître Soloman t’expliquera tout ça en détails. Il te parlera de nos tours de Curiom, de nos sentinelles et de bien d'autres éléments liés à la défense du pays. En attendant, ne fais plus d’imbécillités, mon garçon, ou je serai moins clément. Même si Ligi Mokyat est fautif, ta méconnaissance de nos pratiques ne peut pas tout excuser.
Le jeune Palladim accusa le coup, remerciant l'obscurité de la terrasse dissimulant son malaise. Cependant, Kolyan poursuivit d’un ton plus léger :
— En tout cas, bravo pour ta vivacité d'esprit. Stopper Favellska en embrasant sa robe, bien joué ! Pour quelqu’un qui peine à créer une simple flamme, quelle performance !
Ander pâlit. Incapable de regarder Kolyan dans les yeux, il se justifia :
— Je… je me suis surpris moi-même. La peur… et l'angoisse… ont décuplé mon sortilège.
— Les émotions nous aident, c'est vrai, mais pas dans de telles proportions, d'ordinaire...
Un lourd silence s’établit. L’expression du régent se fit alors étrange :
— Ander, mon garçon, ta mère avait des facultés hors du commun, tout comme Plimée, ta grand-mère. Tu pourrais bien être…
— Quoi ? coupa le jeune homme.
— Comment as-tu fait pour enflammer la robe de Favellska ? Il faut que je comprenne...
Les yeux de Kolyan brillaient de convoitise. Se rapprochant de son neveu, il compléta :
— À ton âge, je n’aurais pu réaliser pareil exploit…
— Vous n'avez jamais atteint le pouvoir de Calicia ? s’étonna Ander.
Surpris par la répartie, Kolyan se racla la gorge :
— Non, je l’admets. Elle progressait bien plus vite que tout le monde. Comme toi, manifestement. Il faudra tôt ou tard comprendre le fonctionnement de ce pouvoir et je dois en être le premier informé. Si tu venais à tomber entre les mains de Valdo III, il pourrait se l'approprier. Et alors, Scovia détiendrait une force colossale, invincible. Réfléchis, Ander, par ta négligence et ton ignorance, nous avons frôlé la catastrophe... Tu sais où me trouver quand tu voudras te confier.
Kolyan abandonna le jeune homme avec pour seules compagnies sa culpabilité, sa honte et ses doutes.
Comme ils devaient aussi se coucher tôt, en vue de leur premier cours de magie, Ander récupéra Tiana pour réintégrer leurs appartements et débattre de l’incident. Jord préféra traîner et profiter du banquet. Ander détailla à sa sœur la mésaventure du balcon et ses échanges avec Iscarius et Kolyan. Perplexe, Tiana tenta une analyse :
— Notre oncle est suspect. Bien que voulant te protéger et défendre son pays, il cherche à te tirer les vers du nez. Il connaît désormais quelques-unes de tes capacités et en soupçonne d’autres… tout comme les conseillers au fait de ton récit. Pour Mokyat, sa culpabilité est incertaine… et qu’est-ce qui motive la curiosité d’Iscarius ? Que dire de Pénélope Ruisso, pressée d'accuser le spatiomancien… Il faut se méfier des délateurs !
Ander enchaîna sur l’arrivée spectaculaire de Némasis, de son probable ressentiment à leur égard, privée de son statut de première héritière du trône, de sa détention de la bague de curiom associée au titre. Tiana fronça les sourcils :
— Beaucoup de suspects donc… Lors du banquet, mes voisins bavards m’ont avoué des choses intéressantes. Tout le monde s'inquiète des rapports entre Kanera et Scovia. Ces deux pays et leurs dirigeants menacent l'équilibre mondial avec leurs "histoires de fous". Un diplomate Coralien et une Amazone se sont accrochés avec un haut-fonctionnaire Kanerante, à propos de la régence de Kolyan et de ses pratiques douteuses indignes d'un chef d’Etat. Tous préféreraient te confier le pouvoir malgré ta jeunesse et ton inexpérience.
— Quelles pratiques douteuses ? s’inquiéta Ander.
— Je ne sais pas, mais le Kanerante n'a pas rejeté l'accusation. Il a dit qu'on ne pouvait pas juger de la qualité d'un chef par sa vie familiale et privée.
Fatigué, le jeune homme maugréa :
— Il y a des secrets de polichinelle dont nous sommes écartés. C'est frustrant.
Un ange passa avant que Tiana ne reprenne :
— Tu sais, depuis qu’on est ici, j'ai l'impression de vivre un rêve éveillé. Quitter la Canamérie, la guerre, les magiphobes, ce quotidien fade et sans avenir, pour finalement se retrouver dans la famille royale d’un pays de magiciens, dans le luxe et l'abondance, suivre des études poussées de magie... C'est complètement fou, inespéré ! Mais plus le temps passe, plus je me dis qu'on est tombé dans un gigantesque nid de frelons...
Ander ne put que partager la pertinente comparaison de sa sœur. Elle lui fit jurer de ne plus prendre de risques, comme le lui ordonnait Kolyan, car son pouvoir, même non identifié, resterait convoité.
— Il fait peut-être partie de toi et de tous les premiers-nés ou premières-nées, depuis notre grand-mère Plimée, voire depuis ses ancêtres, osa Tiana. Il doit exister des potentiels magiques inimaginables, permettant de dérober le pouvoir d'autrui.
— Si c'était vrai, Calicia et Plimée en auraient été victimes, non ? répliqua Ander. À moins que... Plimée l'aurait cédé à notre mère avant sa capture, puis Calicia à moi, avant son départ de Danecan.
— Ander, le collier ! C’est peut-être la clé…
Le jeune homme se tut, effleurant le bijou sous sa tunique. Une soudaine inspiration lui intima de l’ôter de son cou et de le tendre devant lui. Fascinée, Tiana contemplait l’objet. La fine chaîne d'or n'avait rien d’exceptionnel, support inerte d’une pierre de la taille d’un petit pois lisse, de couleur bleu-vert rappelant un lagon baigné de lumière. Tiana demanda à son frère :
— Je peux le prendre ?
Ander laissa volontiers glisser le bijou dans la paume tendue de sa sœur. Surprise par le contact, elle eut un léger mouvement de recul :
— C'est la première fois que je le touche. Je m’attendais à quelque chose…
— Il n'a jamais changé d'aspect ou réagi avec moi, assura Ander. Je ne sais pas ce qu’il en est des artefacts en général. Iscarius n’en a pas parlé.
— Cette pierre, c’est du curiom ?
— Non. Il a évoqué un matériau inconnu de lui, proche de la glace.
La jeune fille soupesa le collier, l'agita, referma les doigts dessus. Ander la vit froncer les sourcils.
— Qu'est-ce qu'il y a, Tiana ?
— C’est bizarre…
— Tu sens quelque chose ?
— Oui, comme quand je devine la présence d’une personne. Comme s’il y avait quelqu'un à l’intérieur… un être vivant ou quelque chose… non, c'est absurde. Tiens, reprends-le.
Inquiète, elle tendit le collier à un Ander hésitant à le remettre autour du cou :
— Je crois qu'on devrait aller se coucher, une dure journée nous attend.
— Je ne sais pas si je vais arriver à dormir, j'ai la tête pleine de questions, et j’appréhende notre premier cours…
— Moi aussi, Tiana. Et Hiran n'a pas l'air d'être un tendre...
Devant les yeux ronds de sa sœur, Ander éclata d’un rire communicatif, atténuant leur stress. Ils se prirent dans les bras, se souhaitant une bonne nuit, puis gagnèrent leurs chambres. Leur nuit fut hélas perturbée par l'arrivée tardive et bruyante de Jord qui, bien éméché, s'écroula tout habillé dans un des canapés. Malgré son visage enfoncé dans plusieurs épaisseurs de coussins, ses ronflements résonnèrent dans tout le palais.
Les adolescents n’entendirent cependant pas le prénom que proférait leur père dans son sommeil aviné…
— Dépêche-toi Tiana ! On est en retard !
Après avoir non sans mal déchiffré les cinq anneaux concentriques de l'horloge en curiom du salon, Ander enfila sa tunique, manquant la déchirer, et engloutit une tartine. Des coups impérieux à la porte et la voix pressante d’un garde les stimulèrent. Sortie en trombe de la salle de bains, Tiana rejoignit son frère dans l’élévateur auprès des gardes et du vieux Markel qui les attendaient :
— Bonjour Messire, Princesse, êtes-vous prêts pour votre premier cours de magie ? Ça me rappelle que, quand j'étais jeune...
— Markel, ils sont en retard ! coupa un des gardes.
— Désolé… j'ai tellement peu d'occasions de parler...
Le télékinésiste tendit les mains vers le sol en curiom qui vibra puis glissa vers les étages inférieurs. Fixant le magicien, Ander compatissant lui demanda :
— Markel, pourquoi travaillez-vous à ce poste… subalterne ?
La plaque déséquilibrée eut un sursaut qui faillit faire chuter ses occupants. Yeux clos, le vieil homme ne répondit pas et poursuivit son labeur. Un garde se pencha vers les adolescents inquiets et leur confia :
— Ne dérangez jamais Markel pendant un sortilège, un arrêt intempestif peut s’avérer dangereux. Sachez que ce poste lui a été imposé. C'était ça ou la prison à vie.
— Qu'avait-il fait ? murmura Ander les yeux ronds.
— Il avait refusé un ordre majeur de votre arrière-grand-père Begtar III pendant la grande guerre Erasienne. Quand Kolyan lui a succédé, il l'a sorti de prison et, par clémence, affecté ici. Voilà, nous sommes arrivés.
Avec un regard triste à Ander, Markel suspendit son geste, s’écroula dans son fauteuil, le visage enfoui dans les mains. Le groupe, mal à l'aise, quitta l'élévateur pour le grand hall bruyant, où une nuée de dignitaires préparaient leur départ. Dans la cour, le soleil matinal frappant la façade du palais éblouit les adolescents. Une fois leurs yeux habitués, ils détaillèrent l’agitation sur le parvis. Chariots, carrosses et chevaux côtoyant pegas, grypes à corps de lion ailé et tête d'aigle, serpents géants volants ainsi que d'autres créatures des airs encore plus incongrues. Ils croisèrent des coffres et des sacs flottants aux côtés d’hommes en lévitation, chaussés de bottes étranges. Ander, reniflant un horrible mélange de senteurs florales et d'exhalaisons animales, interrogea un des gardes :
— Pourquoi tous ces gens ne voyagent pas plutôt par spatiomancie ?
— Messire, seule une poignée de dignitaires assez riches peuvent s’offrir les services de spatiomanciens d’élite, mais la plupart utilise des moyens de transports conventionnels. Une pièce est réservée aux téléportations dans l'état-major. L'accès y est très contrôlé, truffé de militaires. Votre arrivée, dans l’hôpital, était une exception ordonnée par le Conseil.
Ander repensa à Ligi Mokyat, mesurant l'ampleur de sa faute. Le groupe approchait maintenant de la haute école de magie, un austère bâtiment heptagonal, seulement orné de symboles différents sur les sept façades. Le jeune homme eut un sentiment de déjà vu que releva le garde :
— Messire, ces symboles sont ceux des sept disciplines magiques. Par exemple celui qui est juste au-dessus de nous, l'étoile bleue à trois branches, représente la radiance. Vous avez aussi dû les apercevoir sur les sièges des conseillers. Vous pouvez entrer, bonne journée.
Désormais seuls, les adolescents montèrent sept marches et durent se courber pour franchir une porte basse, encadrée de deux simples colonnes. Intimidés, ils traversèrent un couloir, observant les murs de marbres s'élevant sur six étages, chacun doté d'une coursive à balustrade. La lumière d’une grande cour intérieure était potentialisée par d’innombrables torchères sphériques diffusant une vive lueur bleutée. Des odeurs d'épices, de vieux papier et d'encens irritèrent les narines d'Ander qui éternua, mais Tiana, fermant les yeux, en emplit ses poumons. Des conversations d'élèves résonnaient, ponctuées d’échos de pas lents sur le marbre et, en fond diffus, un perpétuel tintement délicat s’égrenait. Ils se dirigèrent vers des éclats de voix dans la cour intérieure, enveloppée d'une végétation entretenue. Au-dessus des frondaisons, une statue de cuivre émergeait, représentant un magicien encapuchonné, assis en tailleur, et tendant sept bras dont chaque main enveloppait une flamme éthérée, blanche, bleue, dorée, rouge, verte, noire et argentée. Derrière eux, une voix éraillée les surprit :
— C'est Badra Kali, le premier magicien ayant su maîtriser les sept disciplines.
Se retournant, Ander et Tiana découvrirent un jeune homme aux cheveux mi-longs châtains clair. Des yeux noisette donnaient à l’inconnu un air malicieux. Il lança :
— Vous êtes Ander, l'héritier du trône, et vous, Tiana, princesse de Kanera. C'est un honneur.
Devant sa courte révérence, la dénommée princesse rougit jusqu'aux cheveux.
— Et toi, qui es-tu ? demanda Ander, soupçonneux.
— Pardonnez-moi, je n'ai pas eu l'occasion de me faire couronner devant des milliers de personnes, alors je suis malgré moi un anonyme frustré. Je m'appelle Loris Eliti.
— Tu étudies ici ?
— Non, je suis un touriste, je viens visiter, c'est beau, hein ?
— Tu te paies ma tête ? s’indigna le jeune Palladim.
— Pas vraiment. Ça ne m'enchante pas de gaspiller mon temps ici. J'y suis forcé par mon adorable père. Je veux devenir neuromancien, le reste ne m’intéresse pas.
— Forcé ? Pourquoi ?
Loris prit des airs faussement supérieurs :
— L'école de maître Soloman est la plus réputée, la plus prestigieuse, la plus chère, la plus... tape à l’œil ! En somme tout ce qu’aime mon père, un des plus riches commerçants de Kanera. Mes envies et mes besoins passent au second plan.
Le beau jeune homme fit un clin d’œil à Tiana :
— Et vous, princesse, avez-vous choisi de venir ici ou vous l'a-t-on imposé ?
Tiana devint si écarlate qu’Ander lui épargna la réponse :
— Tu es là depuis combien de temps ? Pourrais-tu nous guider ?
— J'étudie ici depuis neuf décades seulement. Et je suis pensionnaire dans le complexe car ma famille habite à Magistraline, à quatre-cents kilomètres au Nord. J'ai eu le temps d'explorer les lieux, croyez-moi ! Je vous guiderai avec plaisir.
— Tu as fait connaissance avec les autres élèves ?
— Oui, la plupart. Mais tous ne sont pas recommandables, beaucoup de gosses de riches ici, autant dire des crétins prétentieux.
Ander le fixa, perplexe.
— Je ne fais pas exception à la règle, compléta Loris avant d’éclater de rire. Sérieusement, certains sont pires que d'autres, notamment la fille Vélès et sa bande… En tant qu’héritière du trône, méchante et arrogante, elle se croyait tout permis. Depuis votre arrivée en Kanera, il ne lui reste que deux options : soit son comportement va se tempérer, soit il va empirer. Je penche pour la seconde...
— C'est notre cousine, je ne l'ai encore jamais rencontrée, mais j'ai cru comprendre que notre premier contact serait difficile.
— À votre place, je surveillerai mes arrières, murmura Loris.
Tiana vira du rouge au blanc, sa peur occultant sa timidité :
— Tu crois qu'elle pourrait nous vouloir du mal ?
— Némasis a déjà eu de nombreux problèmes avec maître Soloman ou avec la justice, qui auraient pu la conduire en prison si elle n'était pas la fille de Kolyan. Agressions, dégradations, provocations, insultes...
Loris marqua une pause avant de compléter, baissant le ton :
— Et meurtre... Elle aurait tué son petit-ami l'année dernière. Un accident selon la version officielle. Le pauvre garçon l’avait larguée quelques jours auparavant…
Tiana blêmit. Loris lança un regard inquiet derrière eux et murmura :
— Silence, la voilà avec son gang de tarés.
Effectivement, Ander et Tiana virent cinq jeunes gens traverser la cour. En tête, une belle adolescente aux longs cheveux noirs, richement vêtue, toisait de haut la plèbe. À hauteur des enfants Palladim, elle jeta un regard hostile et méprisant, la bouche tordue de dégoût, avant de s’éloigner avec son groupe. Tiana souffla d’une voix tremblante :
— Cette fille est dévorée de rancune… de haine aussi. J’ai lu en elle...
— Vous êtes biomancienne, Princesse ? s’étonna Loris. Ça se rapproche beaucoup de la neuromancie, je trouve. Moi je sais lire les perceptions, les motivations des autres et un peu les modifier, chez les plus fragiles. Depuis tout petit, j'ai appris à charmer les gens avec mon pouvoir.
— C'est de l'atteinte au libre arbitre, non ? tiqua Ander.
Loris afficha un éclatant sourire. Ander ne put s'empêcher de le trouver sympathique et digne de confiance. Cependant, il ressentit la même intrusion qu’avec Jozlyn Tocrane pendant les funérailles. Il provoqua un frisson qui dissipa l’effet.
— Wouah ! C'est la première fois qu'un élève arrive à me repousser du premier coup ! s’exclama Loris. Vous êtes aussi neuromancien ?
— Non, plutôt radiant.
— Alors vous êtes fait pour être badrakaliste, Messire !
Le ton du bellâtre avait changé, son humour ayant laissé place à du respect et de l’admiration. Ander allait répondre quand le tintement diffus baignant l’école s’amplifia, annonçant l’arrivée de Maître Hiran et de son cortège d’enseignants, vêtus de robes à capuches brunes. Les élèves formèrent aussitôt des groupes sous les sept bras de la statue. Loris s’éclipsa laissant les deux adolescents impressionnés par l’approche d’Hiran. Celui-ci leur fit une courte révérence :
— Messire Ander, Princesse Tiana, bonjour et bienvenue dans mon école. Vous allez intégrer le groupe blanc, le premier niveau des études magiques selon le cursus badrakaliste. Je vous invite à rejoindre, avec moi, les élèves en attente sous la flamme blanche.
Dans le groupe blanc, ils retrouvèrent un Loris ébahi mais ravi. Sur le chemin de la classe, il leur avoua avoir surestimé leurs niveaux au vu de leurs statuts. Ander lui raconta leur passé Canamérien dépourvu de magie.
— Mais alors, qu’avez-vous étudié en Canamérie ? Comment fait-on là-bas, sans magie ? C'est complètement fou !
— Ce serait trop long à raconter…
Effleurant de la main un disque de curiom, Hiran Soloman ouvrit une porte au rez-de-chaussée donnant sur une lingerie. Les élèves s’y vêtirent d'une robe à capuche blanche avec, brodée sur la poitrine, un heptagramme. Ainsi fièrement accoutrés, Ander et Tiana se regardèrent réjouis. Puis le groupe passa dans une salle illuminée par deux hautes fenêtres et des torchères sphériques. Une grande table de bois vernis en forme de C et une quinzaine de chaises occupaient la partie droite. Tandis qu’à gauche, devant un épais tapis représentant également un heptagramme, une grosse commode en bois croulait sous d’étranges objets. Maître Soloman invita son groupe à s’asseoir en tailleur et en demi-cercle sur le tapis. Leur faisant face, il présenta ses deux nouveaux élèves que peu ignoraient depuis le couronnement, puis précisa :
— Je demande le plus grand respect entre vous tous, dans votre travail et avec vos professeurs, quel que soit votre statut. Le respect n'a de valeur que quand il est partagé. Est-ce clair pour tout le monde ?
Ander et Tiana se joignirent au groupe pour entonner en chœur un "Oui, Maître Soloman".
Les autres se présentèrent à leur tour aux adolescents. Ander retint surtout la prestation d'un dénommé Zack Barbona. Sa filiation avec le conseiller télékinésiste ne faisait aucun doute tant ils se ressemblaient jusque dans l’embonpoint. Il nota également qu’un blondinet agaçant nommé Palo Poltok faisait partie du groupe de son adorable cousine. Hiran enchaîna :
— Nous allons poursuivre par une petite révision qui profitera à vos nouveaux camarades. Qui peut me décrire le motif de ce tapis, et m'expliquer ce qu'il signifie ? Oui, Veky ?
— Maître, c'est l'heptagramme, le sigle des badrakalistes. Chacun des sommets de l’étoile pointe le symbole d’une des sept disciplines magiques, reliées par l’heptagone représentant le cycle perpétuel. Aucune magie ne domine, toutes se complètent.
— Très bien, Veky, très bien. Qui peut me dire à quoi correspondent les symboles ? Carli ?
— Maître, le sablier blanc, inscrit dans un cercle représentant l’espace-temps, est celui de la spatiomancie. L'étoile bleue à trois branches de la radiance illustre les trois grandes sources d’énergie, à savoir la chaleur, l’électromagnétisme et la lumière. L'atomium triangulaire est le signe des transmutateurs, sa couleur dorée faisant référence au curiom, le plus noble des métaux pour l'enchantement. Ses trois boules sont les états de la matière : solide, liquide et gazeux.
— Bien ! Norana, voulez-vous continuer ?
— Oui, Maître. La triple flèche rouge symbolise la télékinésie et les forces qui agissent dans les trois dimensions de l'espace. La biomancie est illustrée par un triangle vert entourant une goutte, fluide vital commun à tous les êtres des trois grands règnes du vivant : animal, végétal, micro-organismes.
— Loris, poursuivez, je vous prie.
Avec un regard en coin à Tiana, ce dernier bomba la poitrine et enchaîna :
— Maître, ma discipline préférée, la neuromancie ! L’action de la magie sur le cerveau. Un visage noir au front et aux yeux blancs. Le noir était la couleur traditionnelle de la tenue des premiers neuromanciens, les Mirages, qui ont manipulé les puissants à l'aube de notre ère...
— Et qui ont aujourd'hui disparu, coupa Hiran, au profit d'une discipline plus noble et soumise à une éthique respectant le libre arbitre universel. J'ose espérer que vous n'utilisez pas vos talents à des fins égoïstes, jeune Eliti.
Loris rougit, baissant les yeux. Hiran invita une élève à parler du dernier symbole, trois yeux argentés représentant le spiritisme, chaque pupille perçant respectivement le temps, l'espace et la mort. Mais quand le maître demanda la raison pour laquelle les sept symboles étaient ordonnés ainsi autour de l’heptagramme, un silence gêné tomba sur le groupe.
— C'est pourtant essentiel ! gronda le badrakaliste. Chaque symbole est en rapport avec ses deux voisins, comme le spiritisme situé entre la neuromancie et la spatiomancie, car les spirites peuvent "voir" dans le temps, dans l'espace et communiquer avec l’esprit des défunts. Par ailleurs, les disciplines sont par ordre croissant d'apparition dans l'univers. D’abord l'espace-temps, c'est pourquoi la spatiomancie se trouve au sommet de l'heptagramme. En déroulant par la droite, on trouve ensuite la radiance, la chaleur et la lumière envahissant l’espace. En troisième position, l'atomium, l’énergie devenant matière. Ensuite la télékinésie, la gravité, regroupant la matière pour former amas, galaxies, étoiles et planètes. La vie émergeant des mondes appelle ensuite la biomancie, puis la complexification du vivant mène à la conscience, symbolisée par la neuromancie, le sixième symbole. En dernier, le spiritisme, une conscience qui transcende les sens matériels, perçant les mystères de l’infini, et également la représentation du développement de la magie, dans l'ordre chronologique de l’histoire de l’univers...
Ander, Tiana, et les autres élèves, bien que déjà instruits de ce cours, étaient captivés par Hiran Soloman, ponctuant son récit de silences sacrés. Se sentant vivant comme jamais, le jeune homme savourait son extase, pouvant enfin nourrir ses ambitions magiques si longtemps refoulées.
— Messire Ander, tout va bien ? demanda le badrakaliste, inquiet.
— Tout va parfaitement bien, Maître, le rassura-t-il. Pardonnez-moi, c'est que... j'ai attendu ce moment toute ma vie. C'est mon tout premier cours de magie officiel. Je ne réalise pas encore…
Les autres élèves chuchotaient entre eux. Comme Loris, ils s’étonnaient du faible niveau du futur Roi. Devant leur déception, Tiana effleura son frère du coude. Ce dernier, réalisant sa maladresse, se rattrapa :
— …mais j’ai été l’apprenti d’un magicien, en Canamérie, je possède déjà quelques… notions.
— C'est l'homme pour lequel vous avez commis une… imprudence, sur le balcon du palais, souligna Hiran, fronçant les sourcils. Vous avez alors montré des pouvoirs non négligeables… Bref, continuons ! La discipline badrakaliste et son règlement. Qui peut me citer ses grandes lignes ?
Plusieurs élèves prirent la parole. Ander et Tiana apprirent que les badrakalistes se focalisaient sur la méditation pour recouvrer leurs forces. Leur hygiène de vie exemplaire excluait les aliments d’origine animale et toute substance modifiant l’état de conscience, comme l’alcool ou le tobak. Ils pratiquaient sans distinction les sept disciplines et se vêtaient de brun en atteignant la maîtrise.
— À la bibliothèque, je vous rappelle que vous avez accès à plusieurs exemplaires de La pratique des sept, livre incontournable de notre fondateur Badra Kali. Je vous invite, Messire Ander, Princesse Tiana, à y consulter, au premier sous-sol, le volume Magie badrakaliste, niveau blanc. Un bon moyen pour combler votre retard.
Le cours se poursuivit par la séance de méditation obligatoire avant chaque mise en pratique. Hiran en décrivit les bienfaits et Ander, croyant entendre Pitare, ressentit un pincement au cœur.
Je remarque beaucoup de points d'exclamation et de "..." à la fin de phrases qui, si elles étaient écrites différemment (ponctualité, verbe de parole, etc.) donneraient plus de variété à ton discours [je mets beaucoup de points d'exclamation et de ... aussi, donc j'essaie de faire attention à ça maintenant]; par ex.:
"— Soit… nous avons un traître au sein du conseil !"
Suggestion: "Soit...nous avons un traître au sein du conseil, dit-il sombrement"
Cette phrase est suivie de 2 autres avec des points d'exclamation. J'espère que ça a du sens?
Je suis étonnée que Kolyan n'ait pas réalisé plus tôt qu'Ander a des dons hors du commun. Sa mère et grand-mère étaient pareilles, apparemment, et il a réussi à causer un sortilège très puissant... Il aurait pu faire la connexion plus tôt, non?
"seules compagnies sa culpabilité, sa honte et ses doutes." doute est masculin
"Jord préféra traîner et profiter du banquet." Jord devrait s'inquiéter un peu plus de son fils? vu qu'il a conscience que qqc s'est produit un peu plus tôt sur la balcon.
"Messire, seule une poignée de dignitaires assez riches peuvent s’offrir les services de spatiomanciens d’élite, mais la plupart utilise des moyens de transports conventionnels. Une pièce est réservée aux téléportations dans l'état-major. L'accès y est très contrôlé, truffé de militaires. Votre arrivée, dans l’hôpital, était une exception ordonnée par le Conseil."
Quelque chose que j'ai remarqué dans mes propres écrits, c'est que souvent, les choses s'expliquent au fur et à mesure sans que j'y pense à l'avance et au lieu d'essayer de régler les incohérences, ou sans les réaliser, je mets "une exception pour ci," "une situation spéciale pour ça" comme excuses. En relisant, ce genre d'"incohérences" finissent par me tracasser et je finis par réécrire les scènes pour que, après avoir tout établi, les 'incohérences" disparaissent. C'est un peu le sentiment que j'ai dans ce paragraphe, d'une pas-vraument incohérence, mais qui pourrait être mieux. Peut-être qu'en ré-écrivant la scène où il atterrit, ANders pourrait être dans la salle en question et ensuite être mené à l'infirmerie. Cela peut même ajouter un petit plus: cela explique une partie du fonctionnement de la spatio-mancie de façon plus répartie et Anders aura un court mais trépidant moment entre "atterrir dans une salle pleines de soldats" et "aller jusqu'à l'infirmerie et assister à la mort de sa mère retrouvée".
Ce n'est que mon point de vue sur ce que je ferai s'il s'agissait de mon texte.
J'ai le même sentiment avec l'ouverture du portail par Mogyat. On répète encore et encore que c'est une faute grave, peut-être qu'il l'a fait exprès, mais il y a un sentiment d'incohérence que qqn d'aussi haut placé ferait une telle erreur; et même dans le cas où il est un espion, ce serait un énorme risque de faire une telle action au risque de se faire prendre (ce que, pour l'instant, est suspecté)
"Messire, ces symboles sont ceux des sept disciplines magiques. Par exemple celui qui est juste au-dessus de nous, l'étoile bleue à trois branches, représente la radiance. Vous avez aussi dû les apercevoir sur les sièges des conseillers. Vous pouvez entrer, bonne journée."
Ce n'était sans doute pas intentionnel mas j'ai rigolé à son "vous pouvez entrer, bonne journée"! C'est dit comme s'il pensait "allez, bon débarras!" XD
Pourquoi une porte assez basse pour que des adolescents soient obligés de se baisser?
Ma première réaction avec Loris a été "ah! jE L'aime bien!" et deux phrases plus loin "ah. C'est une tête à claque." x)
Je suis surprise que les héritiers du trône suivent une éducation dans une école avec pleins d'autres jeunes gens, pas forcément sûrs. Je me serai attendue à une éducation spéciale, accélérée, en privée, par des maîtres variés.
J'aime beaucoup le symbolisme de l'heptagramme et l'équilibre entre chaque domaines.
"C'est l'homme pour lequel vous avez commis une… erreur, sur le balcon du palais, souligna Hiran, fronçant les sourcils." Probablement pas la meilleure chose à dire en public, Hiran???
En conclusion, j'aime bien découvrir l'univers de cette magie particulère, j'ai hâte d'en apprendre plus et de voir ce qu'il va se passer ensuite.
points d'exclamation : Oui il y en a beaucoup dans ce chapitre, car beaucoup de surprises et de révélations, mais tu as raison, là où tu l'as souligné, je vais modifier, ça sera plus dramatique.
Je suis étonnée que Kolyan n'ait pas réalisé plus tôt qu'Ander a des dons hors du commun. Sa mère et grand-mère étaient pareilles, apparemment, et il a réussi à causer un sortilège très puissant... Il aurait pu faire la connexion plus tôt, non? >> en fait il n'est témoin qu'à ce moment des sortilèges d'Ander. Donc il n'aurait pas pu faire la connexion plus tôt. La magie n'est pas obligatoirement héréditaire, si c'est ta question. Mais la vraie raison des pouvoirs d'Ander aura une explication.
"seules compagnies sa culpabilité, sa honte et ses doutes." doute est masculin > ok merci je corrige
"Jord préféra traîner et profiter du banquet." Jord devrait s'inquiéter un peu plus de son fils? vu qu'il a conscience que qqc s'est produit un peu plus tôt sur la balcon. >> le comportement de Jord a une raison qu'on découvre plus tard, mais je pourrais formuler ça autrement pour le rendre moins heurtant oui
"Messire, seule une poignée de dignitaires assez riches peuvent s’offrir les services de spatiomanciens d’élite, mais la plupart utilise des moyens de transports conventionnels. Une pièce est réservée aux téléportations dans l'état-major. L'accès y est très contrôlé, truffé de militaires. Votre arrivée, dans l’hôpital, était une exception ordonnée par le Conseil."
Quelque chose que j'ai remarqué dans mes propres écrits, c'est que souvent, les choses s'expliquent au fur et à mesure sans que j'y pense à l'avance et au lieu d'essayer de régler les incohérences, ou sans les réaliser, je mets "une exception pour ci," "une situation spéciale pour ça" comme excuses. En relisant, ce genre d'"incohérences" finissent par me tracasser et je finis par réécrire les scènes pour que, après avoir tout établi, les 'incohérences" disparaissent. C'est un peu le sentiment que j'ai dans ce paragraphe, d'une pas-vraument incohérence, mais qui pourrait être mieux. Peut-être qu'en ré-écrivant la scène où il atterrit, ANders pourrait être dans la salle en question et ensuite être mené à l'infirmerie. Cela peut même ajouter un petit plus: cela explique une partie du fonctionnement de la spatio-mancie de façon plus répartie et Anders aura un court mais trépidant moment entre "atterrir dans une salle pleines de soldats" et "aller jusqu'à l'infirmerie et assister à la mort de sa mère retrouvée".
Ce n'est que mon point de vue sur ce que je ferai s'il s'agissait de mon texte.
J'ai le même sentiment avec l'ouverture du portail par Mogyat. On répète encore et encore que c'est une faute grave, peut-être qu'il l'a fait exprès, mais il y a un sentiment d'incohérence que qqn d'aussi haut placé ferait une telle erreur; et même dans le cas où il est un espion, ce serait un énorme risque de faire une telle action au risque de se faire prendre (ce que, pour l'instant, est suspecté)
>>> mmmh c'est très pertinent tout ça, je vais y réfléchir, et ta première proposition me séduit, par ailleurs je comprends tout à fait tes remarques, merci
"Messire, ces symboles sont ceux des sept disciplines magiques. Par exemple celui qui est juste au-dessus de nous, l'étoile bleue à trois branches, représente la radiance. Vous avez aussi dû les apercevoir sur les sièges des conseillers. Vous pouvez entrer, bonne journée."
Ce n'était sans doute pas intentionnel mas j'ai rigolé à son "vous pouvez entrer, bonne journée"! C'est dit comme s'il pensait "allez, bon débarras!" XD
>>> lol, c'est pas entierement faux. Ander n'a pas vraiment encore le respect dû à son rang.
Pourquoi une porte assez basse pour que des adolescents soient obligés de se baisser? >> c'est de la symbolique. L'humilité, valeur phare des badrakalistes (en écho aux présentations de Hiram au premier cours) mais ce n'est peut -être pas évident a deviner.
Ma première réaction avec Loris a été "ah! jE L'aime bien!" et deux phrases plus loin "ah. C'est une tête à claque." x)
>>génial ! c'est exactement ce que je voulais provoquer :D
Je suis surprise que les héritiers du trône suivent une éducation dans une école avec pleins d'autres jeunes gens, pas forcément sûrs. Je me serai attendue à une éducation spéciale, accélérée, en privée, par des maîtres variés.
> C'est un peu des deux. Puisque Hiran, le meilleur, les prends en charge. Les autres élèves sont tous des gosses de riches ou de nobles.
J'aime beaucoup le symbolisme de l'heptagramme et l'équilibre entre chaque domaines. >> ooh merci beaucoup, c'est vraiment un élément du roman qui me tient à coeur et sur lequel j'ai beaucoup travaillé.
"C'est l'homme pour lequel vous avez commis une… erreur, sur le balcon du palais, souligna Hiran, fronçant les sourcils." Probablement pas la meilleure chose à dire en public, Hiran??? >> Mmh oui c'est pas faux. mais cependant c'est la philosophie badrakaliste, on ne pardonne rien quel que soit le rang, chacun est au même niveau. Je vais quand même assouplir cette phrase tu as raison.
En conclusion, j'aime bien découvrir l'univers de cette magie particulère, j'ai hâte d'en apprendre plus et de voir ce qu'il va se passer ensuite. >> Merci infiniment !! A+
Je me permets de revenir sur ta réponse sur la porte basse et la symbolique:
"Pourquoi une porte assez basse pour que des adolescents soient obligés de se baisser? >> c'est de la symbolique. L'humilité, valeur phare des badrakalistes (en écho aux présentations de Hiram au premier cours) mais ce n'est peut -être pas évident a deviner."
J'ai vérifié quelques définitions:
humilité: 1. Sentiment de sa propre insuffisance qui pousse à réprimer tout mouvement d'orgueil.
2. LITTÉRAIRE Caractère humble, modeste (de la nature humaine, ou d'une condition sociale).
modestie: Modération, retenue dans l'appréciation de soi-même.
Personnellement, je préfère le terme "modestie" à "humilité" parce que humilité peut vite devenir toxique lorsqu'on a tendance à abaisser sa propre estime de soi. Je vois totalement ce que tu voulais faire en les faisant s'abaisser en geste d'humilité (modestie?) cependant, comme le sentiment que me provoque le mot 'humilité', ce geste de s'abaisser me donne l'impression que quiconque entre dans cette pièce est "moins" que qqn ou qqc d'autre (professeur, valeurs?) mais même dans le cas où il s'abaisse pour représenter physiquement la valeur d'humilité des bradakalistes, ne devrait-il pas incarner l'humilité de façon plus... positive?
Peut-être qu'au lieu de les faire s'abaisser, ils pourraient plutôt exprimer leurs modesties avec une phrase. Par exemple, ils entrent dans la pièce et doivent parler d'eux-mêmes, de façon modeste, sans renflouer leurs plumes, et sans s'abaisser comme "je suis positive" ou "je n'abandonne pas" ce qui permettrait de 1) ajouter + aux personnages, connus comme nouveaux 2) vus qu'Ander et Tiana découvrent, cela permet d'expliquer de nouveau, de façon active, de cette notion d'humilité et 3) ils n'exécutent pas physiquement un geste d'abaissement qui peut, sur le long terme et pour certaines personnes, devenir une habitude et toxique pour leur santé mentale.
C'était juste une réponse et une suggestion, j'espère que ça a du sens et que tu ne le prendras pas mal! :)
Pour être tout a fait franc je vais garder cette image, car elle fait référence a un élément existant dans la culture kanak (en nouvelle-calédonie, où je vis), où les portes sont volontairement basses dans les maisons d'importance politique ou sacrée, pour obliger le visiteur à s'abaisser en signe d'humilité. Ce sont les mots exacts employés. Mais le terme modestie pourrait tout aussi bien convenir.
mais le débat sur la toxicité de l'humilité forcée et répétée a du sens, tu as raison
disons que dans mon esprit, l'humilité est une valeur phare des badrakalistes, humilité envers ses propres pouvoirs, envers la magie, envers le Vivant. Pas envers les professeurs car il n'y a nulle domination.