Chapitre 7 : Piratage

Notes de l’auteur : Oui, oui, je poste vraiment en avance, parce que j'ai bien peur de ne pas avoir le temps ce week-end, entre le boulot, un anniversaire (et les effets secondaires qui risquent de conduire à des grasses mat'...) et tout le reste.
Enfin, bonne lecture !

Chapitre Sept : Piratage

 

- Vous comprenez, j’ai été obligé de la tuer parce qu’elle savait mon secret. Je n’avais pas envie qu’elle le divulgue. C’était mon honneur qui était en jeu !

- On aura tout vu…marmonna Valentin.

- Honneur ou pas, c’est la même chose qui vous attend, affirma Gabrielle. Votre carte d’identité s’il vous plait.

- Pourquoi ?

- On vous demande votre carte d’identité alors vous nous la donnez, c’est pourtant clair non ? railla le jeune homme.

- Ça va, ça va, pas la peine de s’énerver…

 

L’homme tendit sa carte d’identité à Gabrielle qui la rangea soigneusement dans un dossier.

 

- Albert ! appela Valentin.

 

Un Black de deux mètres arriva. Albert était agent de la sécurité, mais le lieutenant aimait recourir à lui lorsque certaines personnes ne voulaient pas avouer leurs fautes. Il était très imposant et, généralement, tous les coupables en avaient peur.

 

- Monsieur nous quitte, amène-le.

 

C’était la routine au 36. Le printemps venait d’arriver et, entre les petits pains au chocolat et les croissants chauds qui étaient à disposition tous les matins, les flics cueillaient les fauteurs de troubles qui avaient germé. Lorsque Gabrielle et Valentin retournèrent dans leur bureau, la jeune femme montra les symptômes d’une grande impatience.

 

- Valentin ?

- Ouais ?

- J’ai quelque chose pour vous.

 

Gabrielle jeta sur le bureau de son collègue de travail le dernier numéro de Liaisons, le magazine trimestriel des flics. Elle pouffa de rire et quitta la pièce sans un mot. Le jeune homme arqua un sourcil et tourna les pages pour savoir ce qui la faisait rire. Puis, il se raidit. Sous ses yeux était imprimé l’article le plus incroyable qu’on n’avait jamais vu…

 

« Des femmes qui assurent !

 

Évoluant dans un monde encore essentiellement masculin dont elles ne représentent que 22 % des effectifs -un chiffre en progression d’année en année-, les femmes policiers de la Préfecture de Police investissent progressivement, avec passion, tous les métiers et grades de la police. »

 

- Putain, c’est quoi encore cette connerie ?

 

« Une évolution qui vient conforter leur présence majoritaire dans les services administratifs, techniques et scientifiques de la PP. Comment vivent-elles le fait d’être femme dans ces milieux professionnels ? Exercent-elles leur métier d’une manière spécifique ? C’est ce que Liaisons a voulu savoir… »

 

- Les chevilles vont enfler…

 

Valentin observa attentivement la page. Il y’avait une dizaine de photos de femmes (dont celle de Martine Monteil). Il y’en avait certaines qu’il n’avait jamais rencontrées. Mais il y’en avait une qu’il voyait tous les jours (et toutes les nuits, quand il se levait pour aller aux toilettes). La photo de la charmante Gabrielle était dans le magazine. Elle était appuyée sur son bureau, et elle souriait comme elle n’avait jamais souri à personne, ce qui fit ressentir une sensation étrange à Valentin. Juste en dessous, il y’avait un paragraphe sur elle.

 

« Gabrielle de Caumont, officier à la Brigade Criminelle, nous raconte son expérience : « J’ai eu beaucoup de mal à m’intégrer. Tous les autres hommes se moquaient de moi. Par exemple, mon collègue de travail n’arrête pas de me défaire le chignon. C’est énervant, et il n’arrête pas de m’embêter. Mais heureusement, depuis le temps, on s’entend un peu plus chaque jour, mais cela ne l’empêche pas de garder son air supérieur. C’est très difficile de travailler avec des hommes ; ils ne nous comprennent pas. »

 

- Oh la salope ! C’est pas vrai d’abord !

 

Il se leva et quitta le bureau, le magazine toujours à la main. Il croisa Anthony et les autres gardiens de la paix près de la machine à café.

 

- Coucou Val’ ! T’as l’air de mauvais poil ! Qu’est-ce qui se passe ?

- Il se passe ça ! grogna le jeune homme en leur montrait la page qui parlait des femmes flics.

 

Ils s’entassèrent tous l’un sur l’autre pour pouvoir lire l’article. Un grand cri de stupéfaction retentit.

 

- Mais c’est dégueulasse ! s’exclamèrent-ils en chœur.

- Ouais, après tout ce que j’ai fait pour elle…continua Valentin, désespéré.

- C’est pas juste ! On est quoi nous ? Des bouseux ?

- Pourquoi c’est toujours les femmes et jamais nous ?

- Fais chier à la fin !

- Y’a de la discrimination !

- Hey ! C’est moi qu’il faut plaindre ! Vous avez vu comment elle me casse ?! Cette femme n’est pas un ange, c’est un démon !

- Ah les femmes…pour être tranquille, on devrait tous être homosexuel !

- Clair ! approuvèrent tous les autres.

- Toujours chouchoutées…

- Toujours supérieures…

- Pff ! râla un flic. Et nous alors ? Pourquoi c’est elles qui passent dans Liaisons ? Nous aussi, on existe, merde ! On brave plus de danger qu’elles ! Qui défoncent les portes ?

- Nous.

- Qui se battent avec les poings ?

- Nous.

- Qui se blessent ?

- Nous.

- Qui se font engueuler lorsqu’ils prennent un café pour se remonter le moral ?

- Nous.

- Et c’est qui qu’ils font passer dans quatre pages de Liaisons ?

- Elles.

- Révolution !

- Un problème Messieurs ? intervint une voix.

 

Valentin et ses collègues de travail se retournèrent et affichèrent rapidement un sourire innocent. Martine Monteil les toisait, amusée. Si Gabrielle avait sa place dans un paragraphe de l’article, Madame le Directeur, elle, pouvait se vanter d’en couvrir au moins six !

 

- Salut Martine ! beugla Anthony, pour détendre l’atmosphère.

- Je vois que vous avez déjà feuilleté le nouveau numéro de Liaisons ! remarqua-t-elle, en ignorant l’élève.

- Ouais, c’est fou comme on parle beaucoup de vous hein…

- Oui, c’est fou, comme vous dites… Ça ne va pas Valentin ?

- Si… Je dois y aller, j’ai un compte à régler…

 

Le jeune homme quitta Martine et les autres flics et chercha Gabrielle. Il la trouva, 148 marches plus bas, à l’accueil.

 

- Oh Gabrielle, quelle bonne surprise ! s’exclama-t-il en la voyant.

 

Elle se retourna, étonnée, et il s’approcha davantage d’elle. Il passa son bras autour de ses épaules, et avant qu’elle ne puisse réagir, il lui défit brusquement son chignon. Aussitôt, ses cheveux retombèrent sur ses épaules, et Gabrielle se mit dans une colère noire.

 

- Valentin ! Mon chignon !

- Ça fait hyper moche ! Mais ne m’en voulez pas, je fais ça parce que je vous aime bien !

 

Dommage que le garnement avait déjà détalé comme un lapin, parce qu’elle aurait aimé l’étrangler à ce moment-là.

 

- L’excuse…soupira-t-elle.

 

 

 

 

Quand ils trouvaient le temps, Gabrielle, Valentin et Anthony mangeaient dans un petit snack situé sur le long du quai des Orfèvres. L’élève avait même sympathisé avec la gérante du petit restaurant. C’est un tout petit endroit, devant le fleuve, avec une terrasse. Valentin avait toujours refusé de manger dehors, sous prétexte qu’il faisait trop froid, au grand détriment de ses deux compagnons.

 

- Ça fait du bien de s’asseoir, soupira l’élève. J’en ai marre des patrouilles !

- Mais c’est ton boulot, tu sais.

- Ouais, mais c’est chiant.

- Toi, prédit Valentin, tu feras un mauvais gardien de la paix.

- Quoi ?

 

Anthony manqua d’avaler son coca de travers.

 

- Petit, si tu commences à râler dés que tu marches deux kilomètres, tu ne vas pas évoluer.

- Je crois que vous êtes mal placé pour lui faire la leçon, intervint Gabrielle, l’œil malicieux. N’est-ce pas vous qui râlez dés qu’on va faire les courses ?

- Non, démentit le jeune homme.

- Vraiment ?

- Bien entendu. J’ai déjà couru vingt kilomètres le long de l’Étang de Berre, et je ne me suis jamais plaint !

- N’empêche, remarqua l’élève, elle t’a cassé quand même !

- Même pas vrai !

 

Dès que leurs commandes furent arrivées, le portable d’Anthony sonna. Celui-ci lâcha ses couverts et se rua sur son téléphone.

 

- Allô ?

 

Un sourire béat apparut sur son visage, et les deux officiers comprirent que c’était sa petite-amie qui était à l’autre bout du fil, la fameuse Sophie.

 

- Nan, je bouffe là ! expliqua-t-il, la bouche pleine. Et toi, tu fais quoi ? Attends, t’es avec qui là ?!

 

Il se leva et s’éloigna de la table, pour avoir plus d’intimité. Valentin et Gabrielle se regardèrent, inquiets.

 

- À votre avis, qu’a fait sa copine encore ? demanda la jeune femme.

- Je pense qu’elle n’a rien fait de spécial, mais ça doit être encore son ex. Anthony m’avait raconté qu’il lui tournait encore autour.

- Le pauvre… Pour en revenir à tout à l’heure, vous n’auriez pas dû lui dire qu’il ferait un mauvais flic. Vous savez bien que ça lui tient à cœur.

- Ouais, je sais, m’enfin… S’il est bon, pourquoi ne voulez-vous jamais l’amener sur le terrain ?

 

Gabrielle fronça les sourcils devant le ton ironique de Valentin.

 

- La première fois que je l’ai amené sur le terrain, c’était sur un lieu de crime. Anthony a oublié de mettre ses gants et il a laissé ses empreintes partout.

- Non ?!

- Si. Je l’ai engueulé, et les scientifiques aussi. Il a retenu la leçon, mais je ne préférais pas prendre trop de risques. Depuis que vous êtes là, on l’amène plus souvent. C’est vrai que ça ne lui fait pas de mal, mais si on ne lui rappelle pas ce qu’il doit faire, il se trompe à tous les coups. Il faut toujours être derrière lui. Mais je pense qu’il sera quand même un bon flic. Vous savez, il a la chance d’être élève-stagiaire chez nous, et il suit des cours avec les policiers-formateurs du 36. Ils lui apprennent le droit, le management, les techniques d’intervention et l’informatique. En plus de ça, il est à l’ENP de Paris. Croyez-moi qu’à sa place, je ne pourrais pas faire tout ça en même temps. Il s’implique vraiment à fond.

- J’ai jamais dit le contraire… Il est juste un peu insouciant. Tiens, le revoilà. Bah alors Anthony, ça va pas ?

- Nan.

- Qu’est-ce qui se passe ?

- L’ex de ma nana fait encore des siennes. Là, ça commence sérieusement à me saouler. Franchement Val’, si l’ex de ta copine lui tournait autour pendant que t’es au boulot, qu’est-ce que tu ferais ?

 

Avant de lui répondre, Valentin remua tranquillement sa salade. Après, il reposa ses couverts et fixa Anthony.

 

- Je lui défonce sa gueule.

- C’est bien ce que je me disais. Bon, c’est ce que je vais faire alors.

- Vous êtes nuls…soupira Gabrielle. L’ignorance est le pire des mépris.

- Non, contredit Valentin. Moi, à la place d’Anthony, je ne dormirais sur mes deux oreilles seulement lorsque j’aurai tabassé l’ex à ma copine. Non, mais vous avez vu ça où, les mecs qui harcèlent votre nana alors qu’elle est déjà avec quelqu’un ?! Anthony, ne te laisse pas faire ! Un bon poing dans sa gueule, et il arrêtera de t’emmerder !

- T’as raison Val’.

 

Gabrielle leva les yeux au ciel et soupira de ce qu’on appelle « la bêtise des hommes ». Ce fut Valentin qui la tira de ses pensées.

 

- Vous avez démarré à Paris ?

- Oui, dès que je suis sortie de l’école.

- Ah okay…

- T’étais où à l’école ? demanda l’élève.

- À Sens, en Bourgogne. J’ai eu de la chance d’être envoyée près de chez ma famille et de mes amis.

- Mais, et Jessica et Lucile alors ? s’étonna Valentin.

- Quoi, Jessica et Lucile ?

- Vous m’aviez dit que vous étiez au lycée ensemble !

- Euh…pas exactement. Jessica et moi, nous sommes toutes les deux de Dijon, et on s’est rencontrées en seconde. Après, elle a bifurqué en Bac pro Photo alors que j’ai continué. Ensuite, je suis partie à l’ENP de Sens, et après, elle m’a suivie jusqu’à Paris. Et Lucile, on l’a rencontrée à l’hôpital et on a sympathisé.

- Ouais, je vois…fit le jeune homme, perdu.

- Et toi Valentinou ? T’as démarré où ? demanda Anthony.

 

Le jeune homme décocha un regard noir à son élève puis, pour répondre à sa question, il pointa le sol du pouce.

 

- D’en bas. J’ai passé mon diplôme à Fos-sur-Mer, mais ils n’ont pas voulu me prendre à Nice. Alors, je me suis coltiné les quartiers Nord de Marseille. Puis, j’ai été muté dans ce trou moisi et humide…

 

Anthony semblait avoir de la peine pour lui.

 

- Je te plains…T’as dû avoir à faire à plein de délinquants.

- Clair. Des délinquants qui séchaient les cours pour faire plein de conneries.

- Comme moi, y’a quelques années ! s’exclama l’élève, fier. Avec les conneries en moins !

- Et comme moi aussi ! admit Valentin.

- Ouais, mais d’ailleurs, je pense que c’est un peu tout le monde. Pas toi, Gabrielle ?

- Non. J’étais une jeune fille modèle.

- Ça m’étonne pas…

- Vous savez, j’en ai beaucoup souffert, ajouta la jeune femme. Et maintenant, j’aurai aimé être un peu délinquante à cet âge. Anthony, ne rigole pas, je suis sérieuse.

- Je ne rigole pas !

- Mais c’est con, remarqua Valentin.

- Non. Les délinquants n’ont pas peur de la vie, ils ne se laissent pas faire, et ils sont presque invulnérables.

- C’est le gros problème en France, reprit sérieusement l’élève. Ils sont tellement invulnérables qu’on n’arrive pas à les foutre en prison.

- Je ne dis pas le contraire, fit Gabrielle. Mais j’aurai aimé avoir un peu de cet esprit-là.

- Pourquoi ?

- Parce que.

 

Valentin et Anthony se regardèrent. La jeune femme venait de leur dévoiler involontairement une information sur elle : elle avait eu des problèmes dans son adolescence. Ils allaient l’harceler de questions lorsque le téléphone de l’élève sonna à nouveau.

 

- Putain, c’est qui encore ?! Allô ?! Oui, c’est moi ! Bah, je bouffe là… Pourquoi ? Oui, j’ai vu l’heure, il est 13 heures !

- Je parie votre chignon que c’est les flics, dit Valentin à sa collègue de travail.

- Je ne parie rien du tout, parce que je suis de votre avis.

 

Alors qu’il était encore au téléphone, Anthony se leva et enfila sa veste. Puis, il raccrocha et se retourna vers les deux officiers.

 

- Je me suis fait engueuler parce que je ne suis pas en cours.

- File alors, ordonna Valentin.

- Ciao ! claironna Anthony. Hey, Bérengère ! Tu me gardes mon soufflé au chocolat ! Je reviendrais le chercher à l’heure du goûter !

- Ça marche ! répondit la gérante.

 

 

 

 

Valentin et Gabrielle sortirent du petit snack peu de temps après leur élève. Ils marchèrent tranquillement le long du quai des Orfèvres afin de regagner leur bureau. C’est le jeune homme qui brisa en premier le silence.

 

- Pourquoi vous êtes flic ?

 

Gabrielle ne répondit pas tout de suite. Elle s’appuya au muret qui bordait la Seine et fixa le fleuve. Ses yeux mauves s’étaient légèrement voilés.

 

- Sûrement pour la même raison que vous et les autres, répondit-t-elle.

- Par vocation alors ?

- Peut-être…

- Si c’est pour la même raison que moi, vous avez sans doute dû lire des romans policiers ! Moi, j’en raffolais quand j’étais gamin !

- Ah oui ! s’écria la jeune femme, sortant de sa léthargie. Maigret, Miss Marple, Hercule Poirot, Arsène Lupin, Coup de Gigot, Le mystère de la chambre jaune, Le parfum de la dame noire, Double assassinat à la rue Morgue ! Bien entendu que je les ai lus ! Vous me prenez pour une inculte ou quoi ?!

- C’est des bouquins passionnants, compléta Valentin.

- Ouais !

- C’est ce qui vous a poussé à entrer dans la police ? insista-t-il, avide de savoir.

- Non, pas vraiment…c’est venu…plus tard…

 

Et elle accéléra le pas, montrant clairement à son interlocuteur qu’elle n’avait pas envie d’en dire plus. Valentin pensa donc à changer de sujet. Il la rattrapa et la retint par le bras.

 

- Hey ! Vous faîtes quoi pendant les grandes vacances ?

- Euh…rien…répondit Gabrielle, très étonnée par la question.

- Vous ne partez pas ?

- Non.

- Vous restez ici ?!

- Oui.

- Dans ce trou ?!

- Paris n’est pas un trou !

- Sans soleil ?

- Mais y a du soleil ! Levez un peu la tête !

- Je parlais d’un soleil qui réchauffe, pas d’un soleil qui éclaire !

- Il fait chaud l’été à Paris, et d’abord, il y a Paris-Plage mis en place pour les personnes qui ne partent pas en vacances ! On y va chaque année avec Jessica et Lucile !

- La plage ? s’étonna Valentin, en se retournant vers la Seine. Où la voyez-vous la plage ?

- Vous avez décidé de m’embêter aujourd’hui ?! Idiot ! Il n’y a pas de plage à Paris ! Mais ils ouvrent quelques activités qu’on trouve sur des plages artificielles sur les bords de la Seine. Ils installent des transats pour qu’on puisse bronzer, et même des piscines ! Ils font même venir du sable pour border le fleuve !

 

Valentin éclata de rire.

 

- Des transats ?! Des piscines ?! Du sable ?! Mais qu’ils sont cons les Parisiens !

- Ne vous moquez pas !

- Mais quel intérêt d’essayer de transformer Paris en plage, alors que cela n’en est pas une ?

- Pour permettre aux gens qui ne partent pas en vacances d’en profiter.

- C’est cela ! Et vous y allez chaque année ?

- Bien sûr.

- J’imagine le mec en voiture, sur la route, il regarde le trottoir avec des nanas en maillot de bain en train d’essayer de se bronzer la pilule ! Je deviendrais taré à sa place ! Sérieusement Gabrielle, ça ne vous dirait pas de partir en vacances avec moi ?

- Hein ? Mais…ouh !

 

La jeune femme percuta le bout du trottoir et manqua de s’étaler par terre. Heureusement que Valentin était encore là pour la rattraper. Quand elle fut remise sur pied, il insista davantage pour qu’elle accepte sa proposition.

 

- Ça ne vous tente pas de voir la vraie mer ? Celle qui est bleue azur et pas noire comme le fleuve derrière vous ? De bronzer vraiment sous un vrai soleil ? Hein ? Et les couchers de soleil ? La bouffe ? Ce ne serait pas chouette de partir rien que tous les deux à Nice ?

- Rien que tous les deux ? répéta Gabrielle, déconcertée.

- Ouais, entre copains !

- Je ne sais pas…

- Oh allez, faîtes pas votre timide ! Imaginez rien que vous, moi et la plage ! Ça serait cool hein ?!

- Oui…fit la jeune femme, de plus en plus perdue.

- Alors, c’est okay ?

- Je ne sais pas…

- Oh allez !

- On verra Valentin ! Maintenant, lâchez-moi les chaussures !

 

 

 

 

Valentin avait été content de la réaction de Gabrielle face à sa proposition. Durant une longue semaine, il n’avait pas arrêté d’afficher un mystérieux sourire sur son visage. Un matin, alors qu’il avait commencé à travailler plus tôt que la jeune femme, celle-ci entra dans leur bureau et fut agréablement surprise. Il portait des lunettes.

 

- Tiens, c’est nouveau ça ?

- Ouais…rumina-t-il en la regardant par-dessus ses lunettes. Cette conne d’ophtalmo m’a obligé à porter ces trucs parce ce qu’il paraît que je ne vois plus de près. Le pire, c’est qu’elle a raison ! Et Anthony m’a traité de bigleux ! Je peux vous dire que je lui ai passé une bonne dose de paperasse à photocopier !

 

Gabrielle ne répondit pas, trop occupée à observer le jeune homme. Si les lunettes de Valentin avaient l’inconvénient de le rendre encore plus ronchon, elles le rendaient aussi plus séduisant. Le simple moment où il avait levé ses yeux noirs par-dessus sa monture pour la regarder avait suffit à la troubler.

 

- Oui, finit-elle par dire.

 

Un peu plus tard, les deux officiers travaillaient tranquillement devant leurs ordinateurs respectifs, lorsque Valentin s’énerva sur son clavier.

 

- Putain ! Il est bloqué ! Ça bug ! Je n’ai même pas eu le temps d’enregistrer mon rapport ! Gabrielle, faîtes quelque chose, vous qui êtes calée en informatique !

 

La jeune femme soupira et se leva de son siège. Elle se posta devant l’ordinateur de son collègue de travail, et celui-ci se recula, tout sourire. Heureux de voir que son plan fonctionnait à la perfection, il se mit à scruter attentivement la chute de reins de Gabrielle…jusqu’à ce que celle-ci se retourne, furieuse.

 

- Votre ordinateur n’est pas bloqué ! s’écria-t-elle.

- Ah non ? fit-il innocemment.

 

Elle ne répondit pas et alla se rasseoir devant son bureau, frustrée. Une heure plus tard, la même opération se renouvela.

 

- Putain ! Gabrielle, c’est bloqué ! s’énerva le jeune homme, en tapotant nerveusement sur son clavier.

- Allez vous faire foutre !

- Je ne déconne pas !

- C’est ça…

 

Valentin frappa deux fois de suite l’unité centrale. Il était de plus en plus énervé, et Gabrielle le remarqua.

 

- Y’a un compte à rebours maintenant ! s’exclama-t-il, stupéfait.

- Quoi ?

 

Elle se rua sur l’ordinateur et vit effectivement un compte à rebours sur fond bleu qui n’indiquait plus que quinze secondes avant…avant quoi ? Gabrielle était paniquée. La tête du jeune homme dépassait des hanches de la jeune femme. Il la regardait attentivement faire une manipulation étrange.

 

- Me lâche pas…marmonna-t-elle.

 

Malheureusement, quinze secondes plus tard, l’ordinateur s’éteignit brutalement. Elle essaya de le redémarrer, mais plus rien ne se mettait en route. À peine eut-elle le temps de réaliser ce qui se passait, qu’une dizaine de flics, y compris Anthony et Berthier, entrèrent dans le bureau.

 

- Putain, Gabrielle ! Tu peux venir ? Les ordis nous ont lâchés ! Même ceux de l’Identité judiciaire ! On n’arrive pas à les redémarrer !

- Tiens ? s’étonna Anthony. Il n’est pas là Valentin ?

- Si, si, il est là, répondit l’intéressé.

 

L’élève arqua un sourcil, surpris. On ne voyait de Valentin que sa tête blonde penchée derrière les flancs d’une Gabrielle blanche comme une feuille de papier. Le jeune homme se tenait tranquille dans son fauteuil, et profita de la situation pour reposer son regard sur la chute de reins de sa compagne.

 

- Gabrielle, qu’est-ce qui se passe ? s’informa Berthier, inquiet par son silence.

- C’est un virus. On a été piraté.

 

 

 

 

Pour annoncer la nouvelle à Martine Monteil, chaque brigade avait choisi des représentants. C’est donc Gabrielle, Valentin, Albert, Anthony, Berthier, trois scientifiques, et quatre flics de la B.R.I. et de la Brigade des Stupéfiants qui se rongèrent les ongles devant la porte du bureau de la directrice. Ils hésitaient tous à entrer, et ils redoutaient sa réaction. Gabrielle fut celle qui fit le premier pas. Après avoir frappé à la porte, elle incita les autres à s’engouffrer dans l’immense bureau. Martine Monteil ne leur prêta pas tout de suite une grande attention. Elle les écouta seulement lorsqu’elle eut terminé la tâche qu’elle avait entreprit.

 

- Et bien, qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-elle, en relevant enfin les yeux vers les policiers embêtés.

- Un pirate a réussi à introduire un virus dans le système informatique, et tous les ordinateurs ont rendu l’âme, résuma Gabrielle d’une petite voix.

- Je vous demande pardon ?!

 

La directrice avait beaucoup de mal à croire ce que disait la jeune femme. Lorsqu’elle comprit que ce n’était pas une blague Carambar, elle fronça les sourcils, et quelques policiers frissonnèrent.

 

- L’ordinateur de mon bureau est le serveur, expliqua-t-elle. Si un virus s’est propagé dans le système informatique, c’est forcément ici qu’il a commencé son chemin. Mais très peu de personnes y ont accès.

- Je peux ? demanda timidement Gabrielle, en pointant le serveur.

 

Martine Monteil hocha la tête et la jeune femme se précipita vers l’ordinateur, suivie de près par les scientifiques. Cinq minutes après, elle rendit son diagnostic.

 

- Vous n’avez pas reçu de mails qui puissent contenir un quelconque virus. Il n’y a rien qui…

 

Elle s’arrêta promptement. Sur l’écran, un compte à rebours apparut. C’était le même qu’elle avait vu sur l’ordinateur de Valentin. Et quinze secondes plus tard, sous les yeux de la directrice, la machine rendit l’âme.

 

- Vous voyez ! s’exclama Berthier.

- Comment voulez-vous qu’on travaille si un petit con s’amuse à pirater notre système informatique ? s’énerva un policier de la B.R.I..

- On vient de perdre toutes nos données ! ajouta Valentin. Rapports, arrestations, fiches d’identité…

- Les enquêtes sont fichues !

- Silence ! s’écria la directrice.

 

Les policiers s’exécutèrent, honteux.

 

- Je vais prendre les mesures nécessaires, déclara-t-elle en décrochant son téléphone. Je vous prie de retourner immédiatement à vos postes, et je ne veux en aucun cas que les enquêtes s’interrompent. Vous n’avez qu’à imiter nos ancêtres du XVIIème siècle !

 

 

 

 

Martine Monteil fit ouvrir une nouvelle enquête. Pour cela, elle fit appel à la Brigade d’Enquête sur les Fraudes aux Technologies de l’Information, qui intervenait habituellement dans le milieu informatique. Estimant qu’elle était la mieux placée, la directrice lui avait donc confié la mission de retrouver le coupable de la paralysie de la police. Car la police était effectivement paralysée.

 

Les techniciens de l’Identité judiciaire et les flics de la B.R.I. qui travaillaient d’habitude avec le matériel informatique, s’ennuyaient de pied ferme et s’inquiétaient. Ils occupaient donc les étages des Brigades Criminelle et des Stupéfiants, ce qui énervait beaucoup Valentin, puisqu’il ne supportait pas les scientifiques. Gabrielle avait récupéré des dossiers dans les archives (elle remercia d’ailleurs Anthony pour avoir fait toutes les photocopies nécessaires, et Dieu sait qu’il y’en avait beaucoup) et avait essayé de travailler avec. Cependant, tout le monde se rendit compte que l’outil informatique était devenu indispensable.

 

- Qu’est-ce qu’on va faire sans ordinateurs ? se lamenta Anthony.

- On ne va pas avancer, fit Gabrielle. Vous avez bien vu que les scientifiques ne peuvent presque plus travailler.

- Attendez.

 

Valentin sortit son téléphone portable haute technologie de sa poche. Il pianota rapidement sur le petit clavier.

 

- Combien on avait d’ordis ? demanda-t-il.

- Aucune idée.

- 550 !

- Ça va pas Anthony ?! s’énerva Gabrielle. Je doute qu’on dispose de 550 ordinateurs qui ont planté !

- Admettons 550, reprit Valentin. Combien coûte un ordinateur ?

- Sans aucun logiciel installé, une unité centrale sans écran doit coûter environ entre 500 et 800 euros, suivant la marque et…

- C’est bon, j’ai compris. Alors 550 multiplié par 800 est égal à…Oh putain !

- Combien ? s’inquiéta Anthony.

- 440 000 euros ! Soit 2 886 210, 80 francs !

- Je ne suis pas certaine que l’État veuille investir une telle somme chez nous simplement parce qu’un petit con s’est amusé à pirater le réseau, décréta la jeune femme.

- Ça veut dire qu’ils vont encore nous augmenter les impôts !

 

Abasourdi, Valentin manqua de laisser tomber son téléphone.

 

- Oh non ! Merde à la fin ! Je sais que je suis mieux payé que Gabrielle mais j’ai des frais moi aussi ! J’avais prévu d’économiser pour m’acheter une villa à Nice ! Fais chier ce Gouvernement !

 

 

 

 

Anthony et Valentin rouspétèrent durant toute une semaine, et Gabrielle en avait plus qu’assez. Le matin, ils râlaient ; le midi, ils râlaient ; et le soir, ils râlaient aussi. Ils avaient tellement l’habitude de se plaindre, qu’ils ne se rendaient plus compte qu’ils le faisaient.

 

- C’est con que les ordinateurs ne marchent plus, se désola Anthony. La veille où on a été piraté, j’avais réussi à battre Diablo06 sur www.jeuxdeflics.com ! T’aurais vu comment je l’ai éclaté ! Il ne viendra plus me faire chier, ce mec !

 

Valentin fronça les sourcils.

 

- Alors, comme ça, c’est toi Sexy_Commissaire ?

- Ouais, pourquoi ?

- Diablo06, c’est moi !

 

Anthony blanchit. Il n’aurait jamais cru qu’il serait l’élève de son pire ennemi.

 

- T’as triché ! s’écria Valentin. Ce soir, tu te connectes chez toi, et tu vas voir comment je vais te fusiller !

- Fais gaffe ! J’ai réussi à débloquer la mitraillette !

- Et moi, j’ai récupéré un bazooka ! Alors, prépare-toi à mourir !

- Qu’est-ce qui se passe ici ? demanda Gabrielle, qui venait tout juste d’arriver avec plusieurs dossiers dans les bras.

- Ce qui se passe ?! s’énerva l’officier. Ce petit con m’a lancé une grenade en pleine gueule, et je me suis retrouvé Game Over ! Voilà ce qu’il se passe !

 

La jeune femme ouvrit la bouche mais aucun son n’en sortit. Visiblement, elle ne comprenait pas comment Anthony avait réussi à se procurer une grenade, ni pourquoi il l’avait lancée sur Valentin, et encore moins comment celui-ci y avait survécu.

 

-  Et toi, tu m’as aspergé de bombe lacrymogène ! Espèce de salaud va !

- Quoi ? Répète un peu !

- Excusez-moi…intervint timidement la jeune femme. De quoi parlez-vous exactement ?

- Bah…de www.jeuxdeflics.com !

 

Gabrielle se fâcha.

 

- C’est ça que vous faisiez avec nos ordinateurs au lieu de travailler ?! Je vous préviens, si cela se reproduit lorsque nous aurons les nouveaux ordinateurs, j’irais tout répéter, compris ?

- On va avoir enfin les nouveaux ordis ?

- Pour nous, pas tout de suite. Ils vont d’abord munir l’Identité judiciaire et la B.R.I., puis dans deux mois, ce sera à notre tour.

- Deux mois ? s’étrangla Anthony. Mais je vais perdre la main !

- Si ça se trouve, continua Valentin, les sauvegardes auront été effacées et on devra tout recommencer à zéro !

- Ça suffit ! Au boulot ! Tout de suite ! éclata la jeune femme. On a déjà du mal sans ordinateur, alors ce n’est pas le moment de tout bâcler, compris ?!

 

 

 

 

Deux semaines plus tard, cinq policiers que personne ne connaissait au 36 débarquèrent dans les locaux. Il y’avait avec eux un jeune garçon de seize ans. Berthier le remarqua et fonça prévenir ses collègues.

 

- Hey ! hurla-t-il dans le couloir. Y’a du nouveau ! Cinq flics pas d’ici avec un minus !

 

Tous les policiers de la Brigade Criminelle sortirent de leurs cachettes et accoururent. Leurs cinq confrères prenaient la direction du bureau de Martine Monteil d’un pas pressé.

 

- Vous croyez que c’est le gamin le pirate ?

- Ouais !

- Putain, il va se prendre une de ces roustes ! Je n’aimerai pas être à sa place !

- Il doit être hyper intelligent pour avoir réussi à pirater tout notre système informatique !

- Clair ! C’est le genre de personnes dont il faut se méfier… C’est en créant des virus comme ça qu’ils sont embauchés chez Microsoft.

- Remarquez aussi, ironisa Anthony, que Microsoft a besoin de virus pour infester les ordinateurs, et pour qu’on achète des logiciels de merde qui coûtent la peau des fesses !

- Mais que font les parents au lieu d’éduquer leurs enfants ? se lamenta Gabrielle.

- Ils vont en boîte, ricana Valentin, en donnant un coup de coude à sa collègue.

 

La prophétie des flics se réalisa. Le jeune garçon, une fois face à la directrice, fut grandement sermonner pour avoir piraté le réseau de la police judiciaire. Il s’expliqua mais ne s’excusa pas. Lorsque son père avait été arrêté pour avoir été complice d’un trafiquant de drogue, il s’était retrouvé seul avec sa mère (qui avait sombré dans l’alcool) et avait voulu se venger. Rien de plus.

 

Pour ce petit génie de l’informatique, il était facile de se tracer un chemin jusqu’au serveur de la police judiciaire. Lors d’une visite de contrôle, il avait payé un technicien pour glisser discrètement le virus dans l’ordinateur. Cependant, les flics avaient retrouvé l’adresse I.P. et l’avait rapidement identifié. Étant mineur, le jeune garçon ne put être envoyé en prison. À la place, on l’installa dans une maison de correction, dans laquelle les bases de son éducation furent sévèrement revues.

 

 

 

 

Le train-train quotidien reprit pour Gabrielle et Valentin. Pourtant, un matin, quelque chose qui n’était jamais arrivé à Berthier se produisit. Il venait de raccrocher le téléphone, avec un sourire béat. Il déboula immédiatement dans le couloir et porta ses mains autour de sa bouche pour se faire bien entendre.

 

- C’est un garçon !

 

Tous les policiers sortirent de leurs bureaux dans un grand vacarme.

 

- Félicitations ! s’exclamèrent-ils en cœur.

 

Une voix, plus forte que les autres, fit trembler les vieux murs.

 

- Poussez-vous, bande de flics à la con !

 

C’était Valentin, énervé. Il se posta devant le jeune homme et le foudroya du regard.

 

- Berthier, toi et moi, c’est fini. Fini !

- Voyons, réprimanda Gabrielle, qui venait d’arriver. Vous n’allez quand même pas rouspéter alors qu’il est heureux !

- Écoutez…Ce mec a deux ans de moins que moi. Il est déjà marié. Il vient d’avoir un petit descendant. Et vous me demandez de ne pas rouspéter ?

 

La jeune femme leva les yeux au ciel.

 

- Tu les auras un jour tes gamins, Val’, tu les auras…claironna Anthony.

- J’suis plutôt mal barré. 29 ans, célibataire…enfin, j’ai une copine en claquant des doigts, mais…tu ne peux pas comprendre ce dont j’ai besoin…

- Ouais, si tu le dis…

- Bon, Val’, qu’est-ce que je peux faire pardonner mon enthousiasme ? demanda Berthier, tout sourire. Aujourd’hui, je ne refuse rien !

 

Valentin sourit diaboliquement.

 

- Amène rapidement ton gosse au boulot !

 

 

 

 

Une semaine plus tard, Berthier arriva au quai des Orfèvres l’après-midi avec un petit bout de chou dans un couffin. Lorsqu’il entra dans le bureau de Gabrielle et Valentin, ce dernier bondit jusqu’au berceau sans saluer son ami.

 

- Putain qu’il est beau ! s’émerveilla-t-il, en prenant le nouveau-né dans ses bras.

- Bonjour quand même.

- Oh mon Dieu, je craque ! Gabrielle, venez-voir ce p’tit bout ! Je veux le même ! Je veux le même ! Oh, regardez-le, il baille ! Qu’il est mignon ! Je veux le même !

 

Valentin était…méconnaissable. La jeune femme savait qu’il n’était pas insensible aux nourrissons, mais elle n’avait jamais pensé qu’il serait si transformé lorsqu’il en verrait un.

 

- Le mien, il aura des yeux noirs. Comme moi, décida-t-il.

- C’est pas toi qui choisis ! lança Berthier, en voulant reprendre son fils.

- Non ! s’exclama Valentin.

 

Il se retourna vivement pour empêcher Corentin de reprendre son enfant, mais le nouveau-né se mit à pleurer.

 

- Mais pourquoi il pleure ? J’ai fait un truc de mal ? s’affola-t-il.

- Donnez-le-moi ! ordonna Gabrielle.

 

Elle prit de force le bébé des bras de Valentin au moment où Anthony faisait son apparition dans le bureau.

 

- Ouah Gabrielle, t’as vite accouché !

 

La jeune femme l’ignora et pressa l’enfant contre sa poitrine. Celui-ci s’arrêta immédiatement de pleurer. Les trois hommes en furent vexés, surtout un certain Valentin.

 

- Vous, les hommes, vous ne savez pas vous occuper d’un petit bébé ! reprocha tendrement Gabrielle, en berçant délicatement le nourrisson.

- Tu t’y connais pas plus que nous, t’as jamais eu d’enfants, répliqua l’officier, utilisant inconsciemment le tutoiement qu’ils s’obstinaient à éviter.

 

La jeune femme arqua un sourcil, surprise.

 

- Mais moi, j’ai déjà l’instinct maternel.

- Ça veut dire quoi ça ?

- C’est pas ce que tu cherchais ? murmura Anthony à son oreille.

- Ta gueule.

 

Il se tourna vers Berthier, tout sourire.

 

- Je veux un bébé.

- Ouais, d’accord. Qu’est-ce que je peux faire, moi ? Te prêter ma femme ?

- C’est possible ?

- Non.

- Cassé.

- Anthony, retourne travailler si tu ne veux pas avoir affaire à moi !

- Okay chef !

- Ça te dérange si tu me vends ton fils ? reprit Valentin.

- Oui.

- Oh Berthier, sois cool !

- Vous n’avez pas honte ?! sermonna Gabrielle. C’est son enfant à lui après tout ! Vous n’avez pas à lui demander de vous vendre son fils !

- Mais moi, je n’en ai pas ! gémit le jeune homme.

- Grand bien vous fasse !

 

Elle reposa doucement le petit être dans son couffin et, avant que Valentin ne saute sur l’occasion pour le câliner, Berthier le saisit.

 

- Bon, je vais y aller. C’est bientôt l’heure de la tétée. De toute façon, je ne peux pas rester plus longtemps.

- Et en plus, ta femme l’allaite ! s’exclama le lieutenant, heureux. Qu’est-ce que je donnerais pour avoir une femme comme ça ?

- Ah mon pauvre Val’, tu la trouveras ! affirma Berthier en quittant le bureau avec le couffin.

 

 

 

 

- Il est mignon le petit de Berthier, hein ?

- Oui, Val’, ça fait cinquante fois que vous me le demandez.

 

Valentin et Gabrielle se préparaient pour aller se coucher. Le jeune homme s’était allongé sur le canapé, tandis qu’elle plongeait sous les draps soyeux. Elle allait éteindre la lumière lorsqu’il se redressa comme un ressort.

 

- Vous croyez que j’aurai aussi un bébé comme ça un jour ?

- J’en sais rien…Je n’ai pas astiqué ma boule de cristal aujourd’hui.

- J’aimerais tant…

 

Il éternua soudainement.

 

- Tiens, vous êtes encore malade ? nargua Gabrielle, en insistant sur le mot « encore ».

- C’est ce temps merdique ! Chez moi, à cette époque, on ne dort plus avec les couvertures et on ne sort plus avec les vestes !

- Mais ici aussi…

- Fais froid ici ! La preuve, je suis encore malade !

- Vous êtes juste frileux…assura la jeune femme, amusée.

- Moi ?! Vous rigolez ?! Pas du tout ! Si j’attrape mal, c’est parce qu’il fait froid, et je ne suis pas frileux ! Puis, en dormant une semaine sur deux sur le canapé…

- Certes ! C’est une excuse pour dormir à plein temps dans mon lit ?

- Non ! fit innocemment Valentin.

- Allez, crétin, on dort maintenant.

- Ouais…faites de beaux rêves…

- Ah ça, j’espère bien !

 

Gabrielle éteignit la lumière, puis s’enfonça dans son lit, avec un sourire aux lèvres. Elle passait de plus en plus de merveilleuses journées avec Valentin. Quand on les voyait tous les deux, on pensait qu’ils avaient toujours vécu ensemble depuis toujours. Ils ne s’entendaient pas toujours parfaitement, mais ils avaient pris leurs petites habitudes à deux. Voilà près de quatre mois qu’il vivait avec elle, et elle se sentait bien avec lui. Il lui était d’une compagnie agréable et il apportait quelque chose en plus qu’elle ne retrouvait pas dans sa vie de solitaire d’avant.

 

- Espérons que ça dure…murmura la jeune femme avant de s’endormir.

 

 

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Seja Administratrice
Posté le 10/08/2009
Ah voila le fameux piratage donc ^^
Eh oui, dur dur sans informatique, hein. Qu'est-ce qu'on en est dépendants de cette bête-là XD Chouette le gamin-hacker. Ma foi, la vengeance peut aussi être une motivation. Même si dans la plupart des cas, c'est surtout pour nuire et démontrer qu'on peut être plus fort que le système. Et quand je serai grande, je serai hackeuse, na !
Mis à part ça, il y a quand même une scène mémorable de Valentin avec le bébé XD Je le soupçonnais pas d'aimer autant les gamins. Gabrielle serait parfaite dans le rôle de la mère... Comment ça, pas de suite ? :P Mais bon, les réflexions de la demoiselle prennent quand même enfin le bon chemin à la fin du chapitre. Héhé :)) 
Et tu sais, Clo, je préfère quand même ne pas rater de review, ça me permet de mieux me fixer le chapitre dans ma petite tête. J'espère que ça te donne pas trop de boulot d'y répondre :)) 
La Ptite Clo
Posté le 10/08/2009
Nononon, ça me donne pas trop de boulot...puis de toute façon, je suis en vacances, donc bon. ^^
Bon, le piratage... *tousse* Passage qui passera obligatoirement à la "revoyure" ! XD Sinon, en ce qui concerne les hackers qui ne veulent que nuire, tu as totalement raison. Ces jeunots nous font des crises existencielles de supériorité aiguë. XD
Et oui, les enfants, c'est le pêché mignon de Valentin (bizarre, à première vue, on ne le croirait pas hein... xD) M'enfin bon... ^^" Avant de penser aux petits descendants de Val', encore faut-il qu'il sorte (enfin) avec Gabrielle, et que celle-ci soit d'accord... Et crois-moi...c'est pas gagné ! XD 
Merci ma Sejounette ! ^^ Mouwaaak !
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