Trois jours passèrent durant lesquels mon frère avait travaillé et moi, lu les livres que j’avais récupérés dans notre ancienne maison. J’avais également passé beaucoup d’heures à m’entraîner dans la forêt durant la nuit. Alors que je plongeais dans une histoire captivante, la fenêtre de ma chambre s’ouvrit soudainement, laissant entrer un visiteur bien connu.
J’avais oublié lui avoir dit de venir me voir aujourd’hui.
— Bien le bonjour ! lança l’être dont je ne connaissais toujours pas le nom.
— Je sais bien que tu n’es qu’à moitié humain, mais la plupart du temps, les gens passent par une porte pour arriver jusqu’ici.
— Comme tu le dis, je n’appartiens pas à ton espèce, alors, permets-moi de faire comme bon me semble.
Mon sourcil gauche se courba. Il était venu me voir quelques fois ces derniers jours et m’avait tenu un peu compagnie.
— D’après mon frère, ceux qu’il a contactés devraient arriver dans la matinée de samedi.
— Il reste donc encore quatre jours. Tu en es arrivée où tu voulais avec tes entraînements nocturnes ?
Je refermai mon livre m’attendant à avoir une longue discussion sur ce sujet.
— Je n’ai pas commencé la magie.
— Tu as donné ton accord à ton frère pour t’inscrire à l’académie de magie. Au cas où tu n’étais pas au courant, c’est un endroit où l’on apprend la magie, me notifia-t-il en appuyant sur certains mots évidents.
— Je veux en finir rapidement avec ça. Si je m’avance assez avant la rentrée, je pourrais peut-être réussir à finir plus tôt.
— Combien de temps as-tu l’intention de passer là-bas ?
— Deux ans maximum.
— Tu ne vas pas suivre les cours de supérieur ? s’étrangla mon interlocuteur.
Je ne comprenais pas sa réaction. C’était pourtant lui qui m’avait proposé de m’apprendre à me battre.
— J’ai déjà presque deux ans de retard. Je ne peux pas me permettre de perdre plus.
Il hocha la tête de haut en bas sans rien ajouter de plus. Sa main gauche se posa sur son avant-bras droit.
— Je serai prêt à partir dans quatre jours alors. Il faudra que j'aille chercher des affaires dans un village voisin.
— Ah ? Tu n’habites pas à Roaris ?
Il secoua la tête.
— Mais comment as-tu fait pour venir jusqu’ici chaque jour ?
— J’habite… à quelques… kilomètres de… du village le plus proche, prononça-t-il en cherchant ses mots.
Je haussai un sourcil, sceptique face à son hésitation.
— Oh… Ça fait quand même assez loin. Tu n’aurais pas dû venir tous les jours, répondis-je avec un sourire poli, dissimulant mes doutes.
— Mais non, mais non ! J’ai beaucoup aimé être avec toi ! s’exclama le demi-homme.
Prise au dépourvu, je ne savais pas quoi répondre. Je ne comprenais pas comment passer du temps avec quelqu’un pouvait contrebalancer près de six heures de cheval par jour.
Cet être, que je pensais à présent pouvoir qualifier d’ami, se racla la gorge.
— On se voit ce soir près de l’arbre ?
— Bien sûr, je ne manquerai pas d’y être !
Sur ce, il sortit. Par la fenêtre, évidemment.
Le temps me sembla interminable jusqu'à ce que mon frère se couche. Épuisé par sa journée, il s'effondra sur son matelas après être revenu de la douche, s'endormant en quelques secondes. Ses paupières closes, il ressemblait bien plus au jeune adolescent que j'avais abandonné deux ans plus tôt. L'angle de ses sourcils broussailleux s'était adouci, le rendant plus apaisé comme si, dans ses rêves, il pouvait oublier combien le monde se révélait cruel. Je remarquai des poches bleutées sous ses yeux, je n'avais pas pris le temps de l'observer avec profondeur plus tôt. Sur son nez, une légère bosse s'était formée et il semblait un peu plus tordu qu'auparavant.
Je sortis mes pieds de sous le drap, le cœur battant à l'idée de ce que j'allais entreprendre. M'assurant que Talion était profondément endormi, je pris des vêtements, mes mains légèrement tremblantes.
La forge était plongée dans le noir complet. Seule une lampe runique illuminait mon chemin, projetant des ombres vacillantes qui accentuaient mon appréhension. Ouvrant la porte avec précaution, je m'habillai en hâte, le souffle court, et cachai mes habits de nuit dans une cavité en bas du mur. Je les récupérerais à mon retour, espérant que personne ne découvrirait mon escapade nocturne.
Le village, tellement lugubre à cette heure-ci, était, cette nuit-là, illuminé d'une pleine lune qui brillait au-dessus du royaume d’Orane. Retrouvant facilement mon arbre favori, je remarquai que mon ami n’était pas arrivé. Je ne l'avais vu que cinq petites minutes aujourd’hui et ma journée en avait souffert.
Comme chaque nuit depuis mon arrivée, je grattais la terre sur cinq centimètres de profondeur et quarante de longueur sous le gros champignon qui poussait sur l’arbre afin de retrouver mon outil. Lorsque j’avais décidé de commencer à apprendre l’épée, le demi-homme était revenu le lendemain avec une épée courte. Pas trop lourde, je pouvais la manier avec une seule main.
Je m’entraînais seule et, de temps à autre, il me proposait un combat. Le demi-homme s’avérait un adversaire particulièrement bon. Bien que je ne parvenais pas encore à le toucher, les choses qu’il m’apprenait se révélaient instinctives. Même si, je restais assez peu douée dans ce domaine.
Regardant autour de moi pour observer mon environnement, je me déplaçais en plein milieu d’un petit espace de trois mètres sur quatre. L’épée de métal pesait dans ma main, alors je commençais à m’échauffer en donnant des coups latéraux et horizontaux dans le bois d’un arbre un peu plus petit que les autres. C’était fatigant et mes coups, du moins,la plupart, n’étaient pas correctement portés et ricochaient sur l’écorce. Quelques éclats tombaient sur le sol tout autour. L’arbre était en piètre état.
— Tu es sans aucun doute la meilleure élève que j’ai jamais formée, s’exclama quelqu’un à quelques mètres qui me fit sursauter et manquer ma cible.
— Quel compliment !
Sans même me laisser le temps de finir ma phrase, il tendit quelque chose de longiligne juste sous mon nez. Je reculais de quelques pas avant qu’il ne me touche.
— C’est bien ! Tu as développé de bons premiers réflexes. Tu veux essayer l’arc ?
— Tu l’as déniché où, cette fois ? marmonnai-je en prenant l’objet de bois dans mes mains.
Il avait déjà rapporté mon épée de je ne sais où.
— Celui-ci, tu pourras le garder, je l’ai fait moi-même, annonça-t-il fier de lui.
— Dommage, ça avait l’air bien, le tir à l’arc. Mais je pense que je vais plutôt apprendre autre chose.
Je déposai la dangereuse arme et l’épée, sûrement volée, près de leur cachette. Même si je cacherais certainement l’arc ailleurs. L’enterrer ne me semblait pas l’idée du siècle cette fois-ci.
— C’est une nuit parfaite pour entreprendre ce que je veux faire. La lune éclaire suffisamment le village pour que quelques éclats de lumière puissent passer inaperçus.
— Oh non… souffla mon interlocuteur.
— Oh si, lui répondis-je avec un grand sourire. S’il te plaît ?
Je joignis mes mains en signe de prière pour le convaincre de m’apprendre. Nous partions dans peu de temps et cette nuit était l'occasion rêvée. Non pas seulement pour l’éclairage qu’offrait la lune, mais pour ses propriétés sur la magie. Bien sûr ,je me trouvais encore loin de ce niveau, mais, d’après les livres que j’avais lus, il existait une forme de magie qui puisait dans l’énergie de l'astre. Je n’avais pas compris comment, mais j’espérais en apprendre plus auprès de…
— Au fait, j’oublie toujours, mais tu ne pourrais pas me donner ton nom ? On est amis, je devrais pouvoir te nommer.
— Les noms, c’est surfait.
— C’est quand même bien pratique, répliquai-je en croisant les bras.
Il sembla me jauger puis souffla.
— Tu peux m’appeler Fallon si l’envie te prend.
— Fallon… Très bien.
Il me jeta un regard en biais, blessé dans son amour propre.
— C’est bon, tu as eu ce que tu voulais ?
— J’ai dit que je voulais apprendre la magie. On peut commencer ce soir, non ?
Il me jeta un regard en biais avant de ramasser un bâton un peu plus loin sur le sol. Il revint vers moi et dessina un cercle autour de mes pieds. Il lança l’objet dans les fourrés et se replaça en face de moi.
— Je pensais commencer par de la magie de soin ou de protection si possible, expliquai-je en faisant des mouvements avec les mains pour expliquer la chose.
C’était plutôt ridicule.
— Je peux t’en apprendre un de chaque.
Je hochai la tête en signe d’approbation. J’exultais à l’idée de pouvoir user de cette mystérieuse entité .
— Très bien. Alors, positionne-toi comme moi.
Il plaça ses mains, paumes en avant, l’une sur l’autre, les doigts en décalés, puis tendit ses bras loin devant lui.
— Plus tu tendras tes bras, plus le diamètre de ton bouclier sera grand et demandera aussi plus d’énergie.
Je reproduisis ses gestes et pliais au maximum mes bras.
— Ensuite, il faut réciter une incantation. Elle est différente selon l’emploi, les propriétés ou les besoins de la protection. Aouil plodiov.
Un reflet bleu provenant de ses mains se dispersa autour de lui en une bulle à peine visible. Une fois la bulle complète, son reflet, lui donnant une existence visuelle, s'éteignit.
Une fois cela fait, il retira ses bras de leur position.
— À part si ton bouclier est attaqué, il tient seul tant que tu continues de lui fournir de l’énergie. Maintenant, lance un bâton sur moi.
Avec une pointe d'appréhension mêlée de curiosité, je me penchai pour saisir un morceau de bois. Mon cœur battait légèrement plus vite à l'idée de tester la protection de Fallon. Prenant une inspiration, je lançai le bâton sur lui, espérant secrètement qu'il atteindrait sa cible. À l'instant où il entra en contact avec le bouclier, il se désintégra en une myriade de particules, me laissant à la fois émerveillé par la puissance et l’efficacité de cette magie.
— Je ne pensais pas que c’était aussi dangereux.
— J’ai eu l’habitude de l’utiliser comme ça, mais tu peux imaginer n’importe quelle propriété pour ta protection.
À nouveau j'acquiesçais.
— Essaie.
Je me plaçais comme il me l’avait montré et prononçai la formule.
— Aoul plo…
— Aouil plodiov, me reprit mon professeur.
— Aouil plodiov.
Rien ne se passa. Je répétai une nouvelle fois mais toujours rien.
— Mets-y plus de conviction. Pour réussir un sort, il faut croire en son utilisation, sa réussite et son existence.
— Son existence ?
— Tu vois cette forêt ? Tu sais qu’elle existe parce que tu la vois et que tu peux la toucher. Mais si elle est invisible, es-tu sûre de son existence ?
— Non.
— C’est pareil avec la magie. Si ça peut t’aider, imagine une bulle autour de toi pendant que tu récites la formule.
— D’accord.
Je fermai les yeux en me concentrant sur une image de moi entourée par ce bouclier. Je répétai les mots. Une légère brise fraîche s’échappa de mes mains, je rouvris les yeux et admirais bouche bée le spectacle.
Le même reflet bleu se dispersa autour de moi. C’était magnifique. Fallon jeta un bout de bois sur moi et celui-ci rebondit sur la paroi devenue à présent invisible avant de retomber dans l’herbe.
— Je n’ai pourtant pas imaginé de propriété.
— Il faut bien que le bouclier agisse. À l’origine, c’est de l’énergie qui a été matérialisée pour une utilisation bien précise. Sa propriété naturelle peut changer, mais elle reste existante.
— Cela change donc selon l’invocateur ?
— Exact.
Je sentais toujours mon sort crépiter dans mes mains, provoquant une sensation assez agréable, comme un surplus d’énergie.
— Un sort de soin ?
— Oui.
— Celui-là est un peu plus simple.
Il ramassa l’épée.
— C’est une incantation pour les blessures bénignes et superficielles.
Il plaça la lame sur sa peau et entailla son avant-bras en grimaçant. Il reposa l’épée et, plaçant sa main au-dessus de la coupure, il écarta ses doigts. Un cercle vert apparut sous sa paume.
— Maintenant, la formule. Fél kolé.
Le cercle tourna à droite puis à gauche et s’arrêta pour se dissiper et fondre en étincelles dans la coupure de mon ami qui se referma au contact de la magie sans laisser aucune trace.
En observant mon ami pratiquer l'incantation de guérison, une admiration mêlée d'envie m'envahit. La facilité avec laquelle il maîtrisait cette magie me rappelait cruellement ma propre incapacité à guérir ma blessure à l'abdomen, alors que je me réveillais perdue dans les bois d’Anglefort. Cette cicatrice, vestige d'un passé douloureux, aurait pu être effacée, sans laisser aucune trace, si j'avais possédé plus tôt les compétences que je m'apprêtais à apprendre. Néanmoins, chaque matin et chaque soir lorsque je me changeais, ma cicatrice me rappelait la raison de mon engouement pour ma vengeance.
— C’est fabuleux...
Empreinte d’une énergie différente, je recopiais ses gestes. Je me coupai légèrement, non sans grimacer, et plaçai ma main droite au-dessus.
— Fél kolé.
Le cercle apparut, mais ne produisit aucun effet. Je regardai Fallon, en incompréhension totale.
— Comme je l’ai dit tout à l’heure, la visualisation est la partie principale de la magie. Il est dit que certains grands magiciens seraient capables de la pratiquer sans même avoir à faire de signe ou prononcer la moindre formule. Tu as visualisé le résultat ?
— Oui.
— Dans ce cas-là, essaie plutôt de placer ta main ainsi.
Il étendit sa main de tout son long, puis plia un peu ses doigts.
— Encore une fois, plus tes membres sont étendus, plus tu consommes de vitalité. Pour une petite entaille comme celle-là, il vaut mieux que tu utilises pour le moment moins d’énergie.
Je réitérais le tout en pliant le bout de mes doigts.
— Fél kolé.
Le cercle se mit à tourner puis disparut dans ma blessure qui se referma.
— Quand on commence à peine à manipuler les énergies magiques, nous ne pouvons en consommer qu’une infime partie. C’est pour ça que, lorsque tu as étendu tous tes doigts tout à l’heure, ça n’a pas marché. Tu as demandé beaucoup d’énergie qui n’a pas pu parvenir à toi.
— On peut lancer un sort dans n’importe quelle position ?
— Oui. Mais je ne t’apprendrai pas à le faire. C’est trop dangereux, difficile et, de toute façon, tu verras ça quand tu étudieras à l'académie. Tout comme chacun de ces sorts.
Il me montra ensuite comment changer les différentes propriétés en les imaginant de différentes manières. Je retournai après cela à la forge et m’endormis sans plus de cérémonie.
Le soleil se leva trop tôt. Une lumière vive agressait mes yeux encore fatigués de cette courte nuit. Des voix et des sons commençaient à me parvenir. Soudain, je sentis une pression sur chacune de mes joues et j’ouvris brusquement les yeux. Au-dessus de moi, Thalion pressait mes joues fortement. Une fois qu’il s’aperçut que j’étais réveillée, il cessa.
— Je dois t’emprunter le miroir que je t’ai prêté, c’est une urgence, je n’ai pas le temps de faire autrement.
J’étais encore un peu endormie, mais je lui indiquais le tiroir sous lequel j’avais posé mon sac. Il récupéra l’objet dont je ne connaissais toujours pas l’utilité.
— Prépare tes affaires et rejoins-moi dans la cuisine dans dix minutes, ordonna-t-il en se redressant.
L'urgence de la situation fit monter en moi l'adrénaline, je m'habillai en un temps record, mon esprit en ébullition. Descendant à toute vitesse, je retrouvai Thalion et les Under, le cœur battant, prête à affronter ce qui nous attendait.
— Si tu n’as besoin de rien d'autre, vous devriez y aller, dit Yule à mon frère.
Ce dernier hocha la tête et posa ses yeux sur moi. Son regard était empreint d'inquiétude et de préoccupation, des sentiments que je ne parvenais pas à déchiffrer. Toutefois, connaissant le nouveau caractère de Thalion, je pressentais que la situation allait contre nous.
— Tu es prête ? Tu n’as rien oublié ?
— Je n’avais pas défait mon sac.
Il hocha la tête et approcha de sa bouche sa main tenant le miroir brisé.
— Forge Under, troisième village d’Anglefort, Roaris, Orane, murmura-t-il à l’intention de l’artefact.
Presque aussitôt, un bruit sourd retentit à l’extérieur du bâtiment. Thalion ramassa ses affaires et rangea dans sa poche l’objet avant de se faufiler à l’extérieur en saluant nos hôtes. Je fis de même et me précipitai à sa suite, malgré le poids de mon bagage.
Dehors se trouvait un fiacre. En bois brun, il arborait des dessins sculptés. Il était ravissant. À l’avant se tenait un cocher et à côté du moyen de transport, deux hommes aidaient Thalion à rentrer ses bagages dans le coffre.
Le plus jeune semblait à peine moins âgé que mon frère. Ses cheveux châtain clair, presque blonds attachés en une queue basse, sa carrure droite et sa posture stricte lui donnaient l’air d’un aristocrate de vieille famille. Je n’en avais jamais rencontré, mais c’était l’image que je m’en faisais. De plus, il possédait le charme des nobles. Contrastant avec cela, sa tenue composée d’une tunique beige et d’un pantalon collant noir accompagné de bottes en cuir le rendait simple, presque basique. Le second homme, peut-être deux fois plus vieux, souriait à mon frère alors qu’il l’aidait avec les sacs. Son nez était raffiné, et ses lèvres si fines qu’on les voyait à peine. Il ressemblait à un homme important avec son uniforme bleu ciel, sa longue veste plus foncée et ses gants blancs. Il y avait beaucoup de décorations, je me demandais qui il pouvait être. Tous deux portaient également une épée à une ceinture à leur taille.
— Je suis désolé de vous avoir précipités. Il y a eu un imprévu et… beaucoup d’imprévus.
Mon arrivée attira l’attention de mon frère qui s’empara de mon sac pour le porter à l’arrière du véhicule. Le plus jeune des hommes s'approcha et afficha un sourire amical.
— Tu peux monter. On va bientôt partir. Nous devons juste discuter entre adultes, m’expliqua-t-il.
Je restais un instant muette. Quel âge pensait-il que j'avais ? J’étais peut-être jeune, mais il ne me semblait pas bien vieux non plus !
— Vous pouvez simplement me dire que vous allez discuter avant de venir, pas besoin de me traiter d’enfant, pestai-je à voix basse avant de monter dans la cabine et de refermer la porte derrière moi.
Je ne prêtais plus attention à lui au moment où la porte se referma. L’habitacle, assez grand, comportait une banquette de chaque côté, l’intérieur était drapé de velours turquoise sur les parois et les sièges. Trois personnes pouvaient s’asseoir confortablement sur la largeur et un homme adulte pouvait s’allonger dans la longueur. La hauteur me permettait de me tenir debout sans problème.
Je m’installai sur une des banquettes, tapotant nerveusement du pied, en attendant que mon frère et les deux hommes arrivent. Je n’eus pas à patienter bien longtemps, et une fois tout le monde assis, le fiacre se mit à avancer.