Mon frère, à mes côtés, fixait le paysage encore peu éclairé du matin. En face de moi, les deux hommes se mirent à l’aise en retirant leur ceinture, le plus jeune détacha également ses cheveux. Il observa ensuite quelques instants l’extérieur avant de poser son regard sur Thalion.
— Alors ? Pourquoi partir si tôt ? Tu m’avais dit mi-août avant ton départ. Je ne m’attendais pas à ce que tu rentres aussitôt après être parti. Et encore moins à ce qu’on me demande de venir te chercher. Et puis un appel aussi précipité… Heureusement que je t’aime ! s’exprima-t-il.
— Comme je l’ai dit : beaucoup d’imprévus.
Le plus vieux regardait Thalion avec intensité, perdu dans ses pensées. Il croisait ses bras sur sa poitrine, le regard fixe. Avec sa posture droite, il était intimidant. Les deux épées gisaient à portée de main de leurs propriétaires. Celle du jeune garçon arborait une gemme sertie sur son pommeau. Aucune autre extravagance, mais elle semblait vraiment chère. De même pour la seconde, dont le pommeau était gravé de lignes dorées. Je me demandais qui ils étaient. En détaillant leur équipement, je pensai tout à coup que je n’avais pas pu récupérer l’épée courte encore cachée dans les bois. De plus, je n’avais pas eu l’occasion d’informer Fallon de notre départ…
— Théa, je te présente un ami d’école, Léoni.
Posant mon regard sur l’intéressé, il m'offrit encore le même sourire.
— Que ton frère me présente comme un simple ami est une véritable insulte pour moi.
Ce type s'était montré dénigrant un peu plus tôt. Comment pouvait-il se montrer si proche de Thalion, accourant aussitôt que ce dernier le requérait ?
— Qui es-tu exactement ? demandai-je en posant mes coudes sur mes cuisses pour me rapprocher de lui.
Il jeta un rapide coup d’œil à l’homme à ses côtés avant de me répondre.
— Je pense que c’est une information superflue que tu découvriras de toute façon bien assez tôt, répondit-il en s’avançant de la même manière que je l’avais fait plus tôt.
Mes yeux se posèrent ensuite à droite de mon interlocuteur. Sentant mon regard sur lui, il tourna la tête dans ma direction.
— Je suis Jegal. Je suis responsable de vous et de votre arrivée à la capitale.
— Il a quel âge ? le questionnai-je en pointant le dénommé Léoni du doigt.
— Je suis bien plus vieux que toi ! s’offusqua ce dernier.
— Seize ans. Pourquoi donc ?
Cet homme était de nature curieuse. Il valait mieux que je garde cela en tête.
— Pour rien, prétendis-je en lançant un sourire narquois au garçon.
Sa réaction à mon expression me dérouta cependant. Un grand sourire franc s’étirait sur son visage. Un rire semblait presque vouloir s’exprimer.
— Je serai adulte dans un mois, petite enfant, clama-t-il, amusé.
— Je vois que ça devrait aller entre vous deux, remarqua ironiquement le mage qui me servait éventuellement de grand frère.
Ainsi, entre les conversations de Léoni et Thalion et le silence de Jegal, nous arrivâmes dans un petit village alors que le soleil se perdait à l’horizon. Le ciel était teinté de rouge, d’orange, de rose, de jaune… Des couleurs chaudes et admirables qui contrastaient avec l’herbe verte et les montagnes rocheuses qui se dessinaient au loin sur notre droite.
Le village s'étendait sous le soleil couchant, teinté par la lumière du soleil qui caressait les toits d’ardoise et les murs de pierre délavés par le temps. Les ruelles pavées serpentaient entre les maisons aux colombages apparents, et, par endroits, des fanions multicolores flottaient au gré d’une brise légère.
Les décorations, faites de guirlandes tressées de fleurs séchées et de rubans aux teintes toujours aussi vives, pendaient entre les poteaux de bois sculpté, formant des arches joyeuses au-dessus des passants. On apercevait ici et là des lanternes de verre teinté, suspendues aux porches, qui, lorsqu’elles captaient les rayons de l'astre de lumière, projetaient des éclats d'or, d’ambre et de rubis sur les pavés.
Les étals du marché ajoutaient encore à ce spectacle vibrant. Des étoffes richement brodées s’étalaient au grand jour, des corbeilles de fruits éclatants rivalisaient de couleurs avec les fleurs vendues en bouquets serrés, et les rires des enfants résonnaient autour des échoppes.
À chaque détour, on devinait l’effervescence d’une célébration à venir. Des bannières ornées de symboles anciens pendaient aux fenêtres, et des couronnes de lierre et de roses avaient été accrochées aux charrettes des marchands, comme si même le quotidien voulait se joindre à la fête. La Fysalia approchait et l'air était empli de l'humeur de la fête. Dans cette atmosphère lumineuse et festive, chaque détail, des draps blancs flottant sur les cordes à linge aux musiciens qui s'accordaient à l'ombre d'un chêne, donnait au village l'allure d’une peinture vivante, éclatante de vie et d’histoire.
Le cocher finit par s'arrêter devant une taverne, assez aisée pour cet endroit perdu entre la forêt d’Anglefort et la chaîne de montagnes d’Obéro.
L’auberge s’appelait L’inconnue. C’était un hôtel de voyageurs. Assez grand, mais plus petit que ceux qui trônaient dans la capitale, d’après mon frère. La façade était essentiellement composée de plantes et de fleurs de toutes couleurs et de toutes origines. Le cocher ouvrit la porte de l’habitacle et nous descendîmes. Jegal entra en premier dans notre futur refuge. Thalion et Léoni aidèrent le caléchier à prendre quelques bagages. Moi, je restais figée devant l’immensité du portail d’entrée. Jamais auparavant je n’avais vu une porte aussi grande. Elle faisait au moins quatre mètres, ce qui équivalait à plus de deux fois ma taille. Même la porte du Palais Royal ne devait pas atteindre d'aussi hautes dimensions.
Jegal ressortit peu de temps plus tard et s’adressa à mon frère.
— J’ai pris deux chambres au premier étage. Les numéros deux et sept. S’il y a un problème, on pourra sortir par la fenêtre.
Mon frère acquiesça et rentra dans le bâtiment. Léoni s’approcha de moi avec un sourire gêné.
— Je suis désolé pour tout à l’heure, il n’est pas dans mes habitudes d’énerver les autres. Même si tes réactions m’amusent beaucoup, ce n’est pas ce que je suis, plaisanta-t-il.
— Non, non, ce n’est rien, je ne vais pas te tenir rigueur d’une chose aussi banale !
Il me sourit.
— Bien ! Alors, laisse-moi me présenter à nouveau, commença-t-il. Je suis Léoni Trosqua, ami de Thalion et principalement épéiste, même si j’étudie la magie à l’académie.
Je notai qu’il était la personne idéale pour m’apprendre la magie et l’escrime. Après avoir fini, il exécuta une petite révérence disgracieuse et exagérée qui m'arracha un rire.
— Tu te moques de moi ? demanda Léoni, faussement vexé.
— Peut-être bien ! approuvai-je en riant encore plus.
Encore souriant, il chercha quelque chose dans sa botte gauche et en ressortit un petit couteau.
— J’aimerais que tu gardes ça avec toi.
Il me tendit l’objet d’une dizaine de centimètres avant de continuer. L’ambiance était devenue plus sérieuse.
— Jegal et moi sommes là pour vous protéger, ton frère et toi. Et même si Thalion n’en a pas besoin, je pense qu’il serait tout de même préférable pour toi de garder ça pour te défendre, si jamais tu te retrouves en danger.
— Pourquoi me retrouverais-je en danger ? le questionnai-je, espérant obtenir quelques informations sur notre départ précipité.
Léoni secoua la tête de gauche à droite et me remit l’arme dans les mains. Fraîche et bien aiguisée, je crus sentir l'odeur de sève de la forêt dans laquelle je m'étais entraînée avec Fallon. Me battre avec serait sûrement plus difficile qu’une épée, courte ou non.
— J’essaierai de t’apprendre à te défendre une fois arrivés à la capitale.
Sans dire autre chose, il se détourna et entra à son tour dans le bâtiment. Je glissai l’objet tranchant dans son rangement avant de le suivre.
L’endroit dégageait une chaleur accueillante, presque familière, comme si chaque mur portait l’empreinte des récits passés. Des tableaux finement encadrés ornaient les murs, immortalisant des figures illustres dont les noms résonnaient à travers les générations. Le roi actuel, Émile Gambail, y figurait en tenue royale, le regard sévère mais noble. Non loin de lui, une peinture imposante représentait Kalo Minstrit, la plus puissante des paladines, son teint hâlé capturé par des touches subtiles de pigments dorés, son armure étincelant d’une lumière presque irréelle. À côté, un portrait ancien mais vénéré montrait Aubert Karlminstrof, le mage fondateur des Saint-Chevaliers, une lueur d’intelligence et de mystère éclairant ses yeux encadrés de rides.
Les conversations animées d’un groupe de clients emplissaient l’espace du salon adjacent, leurs voix tissées de rires et de récits aventureux. Les fauteuils aux coussins moelleux et le doux crépitement d’un feu de cheminée complétaient ce tableau de convivialité. Plus loin, dans le fond de la pièce, un bar discret attirait les regards avec ses étagères remplies de bouteilles aux teintes ambrées et émeraude. Un homme, visiblement éméché, levait sa chope avec enthousiasme, proclamant haut et fort la qualité incomparable des mets et des breuvages servis ici. L’odeur enivrante des épices, du pain chaud et du vin épicé flottait dans l’air, renforçant l’impression que cet endroit n’était pas seulement un refuge, mais un vieux livre où chaque détail racontait une nouvelle histoire.
Mon regard se posa sur Léoni, qui flirtait ouvertement avec la réceptionniste. Il s’était penché légèrement vers elle, réduisant la distance entre leurs visages, son sourire en coin irrésistiblement charmeur. De son côté, elle riait doucement, les bras posés sur le comptoir, mettant en avant sa poitrine comme pour répondre à son jeu. Leurs gestes semblaient presque chorégraphiés, accompagnés de regards appuyés.
— Dans combien de jours se tiendra le prochain marché ? lui susurra-t-il d'une voix mielleuse qui me donnait envie de m'enterrer pour l'oublier.
— Y en a un tous les trois jours et l’dernier a eu lieu hier. J’vous laisse faire l’calcul. C’est sur la place. Vous pourrez pas l’manquer, ça c’est sûr.
— Merci bien, jolie dame !
Il embrassa le dos de sa main puis, se retournant rapidement, tomba nez à nez avec moi. Enfin, il faisait tout de même près d’une tête de plus que moi.
— Allons retrouver les autres.
Il attrapa ma main et fila à l’étage. Je ne pus m’empêcher de frémir à son contact, me remémorant son attitude avec la jeune réceptionniste.
Le couloir du premier étage long et sinueux, plus étouffant que le rez-de-chaussée, présentait des portes à droite et à gauche. Léoni m'avait lâché en montant les escaliers très étroits. Il me devançait de quelques mètres. Alors qu’il s’arrêtait pour actionner une poignée sur la gauche, une personne sortit brusquement d’une porte sur la droite qui se situait entre l’épéiste et moi. La femme, semblant énervée, s’adossa sur le mur de gauche, sans prêter attention à nous pour le moment, et leva les mains à sa tête pour les passer dans ses cheveux noirs coupés court. Elle dégagea de son visage les quelques mèches qui tombaient sur son front, puis s’aperçut de notre présence. Regardant d’abord Léoni, elle se redressa, me dépassant d’une tête avant de tourner les talons dans ma direction. Elle souffla et passa près de moi pour s’éclipser.
— On croise des personnes en tout genre ici, fais attention, marmonna Léoni en haussant les épaules.
Je le rejoignis et il ouvrit la porte devant laquelle il se tenait. On pouvait apercevoir Thalion en train de s’habiller dans le fond de la pièce et notre responsable assis sur un lit en train de lire un livre.
— Tu devrais vraiment apprendre à frapper avant d’entrer, Léo, maugréa celui dont l’intimité venait d’être bafouée.
— Tu es très sexy, lança l’intéressé d’un ton charmeur en adressant un clin d’œil à sa cible.
Thalion revêtit rapidement sa chemise avec un grognement tandis que nous entrions. Nos affaires, visiblement montées dans la chambre, trônaient toutes dans un coin de la pièce.
— N’avions-nous pas deux chambres ?
Jegal quitta son bouquin des yeux pour me détailler avant de répondre.
— La deuxième est un leurre. Elle se situe au début du couloir. Si jamais des gens demandent à l’accueil où nous logeons, ils se rendront dans la première d’abord et nous serons prévenus par le piège que nous y avons installé.
Je hochai la tête. Ils craignaient réellement qu’on nous suive. Est-ce qu’un événement s’était produit, ou bien s’agissait-il d’une mesure préventive qu’ils prenaient souvent ? De même que je ne comprenais pas très bien pourquoi Jegal et Léoni nous avaient rejoints pour nous protéger. Toutes ces réflexions sans réponse m’épuisaient, j’avais désormais hâte de dormir.
J’aurais voulu pouvoir demander à mon frère des détails sur Jegal et sur notre départ précipité, mais je m'attendais à n’obtenir aucune réponse. Je continuais de l’appeler « mon frère », mais il était presque devenu un inconnu, et l’on ne questionnait pas un inconnu sur les raisons qui le guidaient. De plus, il me semblait préoccupé par quelque chose depuis ce matin. J’espérais tout de même qu’il me fournisse des explications à un moment donné. Le suivre était un plan bien facile, mais je pourrais commencer à râler s’il se taisait.
Prenant un livre dans mon sac, j’allais m’asseoir sur le sol dans un coin de la pièce et à l’image de l’adulte, je ne prêtais plus grand attention à ce qui se déroulait dans la chambre. Ainsi, je n’ai réalisé que tardivement que seuls Jegal et moi demeurions encore dans la pièce, deux lecteurs perdus dans leur ouvrage. Je fis sursauter Jegal en me relevant brusquement alors je m'apercevais que la luminosité déclinait. Ses yeux se plantèrent dans les miens. La seule lampe de la pièce était dirigée sur son visage. Avec ses lèvres fines et roses, son teint mélodieux, ses yeux gris clair et son allure de noble, il dénotait d'une élégance rare, que je n'avais lue que dans les livres. Il semblait bien plus vieux que Thalion, peut-être avait-il moins de trente ans. Il regarda à l’extérieur et constata que la nuit était déjà tombée. Il ne devait s’être écoulé qu’une heure, pourtant, ce n’était pas mon impression.
L’homme ferma son livre en se levant et attrapa son long manteau bleu marine.
— Les garçons doivent être en train de manger. Allons les rejoindre.
Déjà debout, j’emboîtai son pas et nous descendîmes. L’endroit s’était vidé, il ne restait plus qu’une demi-douzaine de personnes encore assises autour des différentes tables. Nous retrouvions Léoni et Thalion après avoir récupéré chacun une assiette de viande auprès du cuisinier.
Après avoir entamé mon plat, Léoni, qui avait fini le sien, commença à parler, la bouche pleine.
— Alors, Anthéa, tu connais un peu la magie ?
— Je n’ai pas encore appris. Mon père ne voulait pas nous apprendre et Thal se disait peu doué. Mais je vais faire ma rentrée à l’académie en septembre.
Léoni s’étrangla avec l’eau qu’il avait dans la bouche. Il toussa longuement avant de se reprendre. Il regarda l’intéressé, les yeux grands ouverts.
— J’étais mauvais avant de te rencontrer, expliqua Thalion. C’est vers la fin de la première année que j’ai commencé à comprendre comment m’y prendre.
— Je pensais que t’étais un genre de génie, plaisanta le bavard.
Thalion rit et Léoni continua à me poser des questions.
— Tu n’y connais donc rien du tout ?
Je secouais la tête. Fallon m’avait peut-être appris les bases lors de ma dernière nuit passée dans les bois, mais cela devait rester secret le plus longtemps possible. Jusqu’en septembre, quand mon initiation commencerait.
— Tu ne connais donc pas non plus ses origines ? fut surpris Léoni.
— Je sais seulement que ça remonte à l’époque de l’avant-guerre.
— C’est exact. C’est une histoire bien connue à la capitale et surtout parmi les mages et aspirants. Tu ne peux pas prétendre vouloir apprendre la magie sans savoir cela.
Il vissa son regard bleu azuré dans le mien avant de détourner le regard vers son assiette vide.
— Il y a des milliers d’années de cela, les démons, les anges, les humains et les dieux vivaient ensemble sur Terre.
« Un jour, les dieux reçurent une prophétie et décidèrent d’en faire part aux autres races. Aujourd’hui, personne ne connaît exactement sa composition, mais certains savent de quoi il en retourne. Ayant été mis au courant de celle-ci, les démons, aussi appelés anges noirs, ont offert la Magie aux humains afin que la prophétie se réalise. Les êtres célestes, perturbés par l’acte des démons qu’ils ne comprenaient que peu, ont alors séparé les différentes races dans des lieux différents pour qu’aucune guerre n’éclate. Les gardiens de la lumière furent envoyés dans le ciel, dans un endroit nommé l’Eden, le paradis des morts. Les anges noirs furent envoyés sous Terre, dans un lieu appelé l’Abysse, l’enfer des morts. Les dieux habitèrent dans les cieux, si hauts que personne d’autre qu’eux ne pourrait y accéder. Cet endroit se nommait le Nirvana. Et enfin, les humains restèrent sur Terre, au niveau Zéro. »
« Cependant, cela ne se passa pas comme prévu. Les anges et les démons, qui étaient autrefois considérés comme supérieurs aux Hommes, se retrouvaient égaux à eux, voire même inférieurs. Les anges, plus que nerveux de la situation, s’en allèrent voir les divinités. Ces derniers, ne connaissant rien aux intentions de ces monstres, s’empressèrent de les accuser. Depuis toujours, les dieux et les démons se détestaient pour une raison inconnue de tous. Alors pourquoi les auraient-ils défendus ? Peu de temps après, une guerre éclata, opposant les fervents défenseurs de la lumière, aux démons, impitoyables et cruels. La guerre ne prit fin qu’une fois que les Hommes se rangèrent du côté des dieux. »
« Leurs sanguinaires ennemis furent tous tués. Exécutés, exterminés. Tous, jusqu’au dernier. Malheureusement, il y eut des conséquences. Les anges ne purent survivre plus de deux ans sans leurs opposés les démons ainsi, les deux espèces s’éteignirent à tout jamais. Les dieux, conscients des pouvoirs des Hommes, scellèrent cette Magie. C’est à cette époque que la Magie commença à être incantée. »
Mon frère se racla la gorge afin que son ami termine son récit.
— Voilà. Ce sont les origines, acheva ce dernier d’un ton dramatique.