CHAPITRE VII – Tempête.
« En arrivant à l'encontre des deux garçons, Lily-Rose fit tout ce qu'elle put pour reprendre un tant soit peu de contenance. Grégoire montrait fièrement la ligne de petits verres colorés à la jeune femme, pendant qu'Adam, lui, la quitta du regard pour souffler quelque chose à l'oreille de ce dernier. Ce qui le fit s'esclaffer presque instantanément.
La mémoire de Lily-Rose n'avait pas rendu justice au jeune homme. Elle se rendit compte que les traits de son visage qu'elle avait façonné dans sa tête étaient bien grossiers comparés à finesse qu'elle avait en face d'elle. Du nez droit et fin, des lèvres parfaites, du côté mal-rasé, de la classe dont il dégageait, et surtout, bon dieu surtout, de ses yeux. Ses yeux insondables, cet océan de glace, la fixant d'un air suffisant lorsqu'elle arriva à ses côtés. Elle souhaitait autant frapper ce côté supérieur que l'embrasser.
En soi, Lily-Rose, elle avait plus vraiment les idées claires.
_ Bonjour, Lily, la salua le bel adonis de sa voix grave.
Elle lui répondit d'un simple sourire, ne sachant pas réellement comment procéder en cet instant. Elle avait beau s'être imaginé un nombre de fois incalculable leur nouvelle rencontre, elle n'y était toujours pas préparée.
_ Vous vous connaissez ? Demanda Grégoire, d'un ton légèrement inquisiteur.
_ Pas vraiment. On s'est déjà rencontré, se contenta de répondre Adam, sans quitter Lily-Rose des yeux.
_ Je vous retourne la question, les garçons, contra cette dernière.
Lily-Rose était agacée. Elle ne voulait pas que Adam et Grégoire se connaissent. Elle voulait garder égoïstement cet homme pour elle, dans son monde, et ne surtout pas le mélanger au sien. Lily-Rose refusait catégoriquement que son ami tisse de quelconques liens avec l'homme qui avait répondu absent pendant deux mois. Mais, connaissant le caractère sociable et extraverti de Grégoire, elle savait d'avance que c'était peine perdue.
_ On s'est rencontré à l'instant, en réalité. J'ai failli lui renverser ma bière dessus. Du coup, pour me faire pardonner, j'offre ma tournée, s'amusa Grégoire, un grand sourire ornant son visage.
_ Et on s'est également rendus compte que nous allions bientôt travailler ensemble, continua Adam, avec enthousiasme.
_ Ouais, tu t'en rends compte, Lily ? Il est agent de marketing dans la maison d'édition où j'ai posé mon manuscrit !
_ Le monde est petit, grinça la jeune femme entre ses dents, ayant du mal à retenir son énervement. Bon, on les prend, ces shooters ?
_ Plutôt deux fois qu'une ! Adam, tu te joins à nous ?
_ Avec plaisir.
Ils avalèrent d'une traite l'alcool chaud, verre après verre. Lily-Rose, avec bien plus de précipitation qu'à l'accoutumée, par ailleurs.
Elle ignorait ce qui l'agaçait le plus. Le fait que, en l'espace de quelques minutes, Grégoire en sache plus sur Adam qu'elle en deux nuits, ou alors le fait qu'il s'entendent comme larron en foire ? Dans tous les cas, en voyant les deux garçons continuer à discuter avec entrain, elle se dirigea vers Noa. Elle était un peu plus loin, en pleine discussion avec une petite blonde vénitienne nommée Justine, si les souvenirs de Lily-Rose disaient vrai.
À peine la grande brune l'eut rejoint, que Noa mit fin à son échange, s'approchant davantage.
_ Grégoire n'a pas voulu parler de quoi que ce soit. C'est qui, le type avec lui, d'ailleurs ?
_ Adam, murmura la jeune femme sans cacher son dégoût.
_ Adam... Genre Adam ? Le fameux ? S'étrangla Noa. Je crois que je vais avoir besoin d'un whisky.
_ Prends-en deux.
Noa et Lily-Rose s'accoudèrent au bar, leur verre entre les mains. Les deux lançaient des regard désespérés vers leur mâle respectif, attendant peut-être le déluge.
_ Nous avons l'inaccessible devant nous, ma chère. Un plan d'action ? Demanda la grande blonde avant de boire une gorgée de son liquide ambré.
_ Aucun. J'ai juste envie d'oublier le fait que Adam soit là, à m'ignorer royalement, et à parler avec Greg comme si ils se connaissaient depuis des années.
_ Il va bientôt être minuit. Ça te dit, un petit tour en boite ? Proposa Noa. Elle semblait aussi énervée que Lily-Rose, et c'était peu dire.
_ Je te suis, opina Lily-Rose avant de finir son verre.
_ Allons récupérer nos manteaux, et donc saluer nos amis.
Se levant de concert, les deux amies se dirigèrent vers les garçons, gardant leurs affaires sur le tabouret à côté d'eux. À leur arrivée, Grégoire leur envoya un sourire chaleureux, pendant que Adam dévisagea encore davantage la grande brune. Foutu sourire en coin.
_ On ne vous attendait plus ! S'exclama Grégoire, posant un bras autour des épaules de Lily-Rose. Cette dernière savoura cette étreinte, reposant quelque peu son cœur meurtri. De l'affection, elle en avait bien besoin.
_ On va au Light avec Lily-Rose, se contenta de répondre Noa, sans accorder le moindre regard envers son interlocuteur.
_ Et vous ne nous proposez même pas ? J'en suis, moi ! S'indigna le grand brun, avant de continuer, envers Adam : ça te dit, tu veux venir ?
L'intéressé haussa les épaules, murmurant un « pourquoi pas » indifférent. Noa grogna entre ses dents, prit son manteau et son sac, donna ses affaires à Lily-Rose, puis lui empoigna le bras vers la sortie. Les garçons les suivirent, échangeant toujours des paroles enthousiastes et bien heureuses.
_ Tu y crois, à ça ? Moi, Noa, même pas capable de remballer un mec. C'est bien la première fois.
_ Avoue plutôt que, malgré ton énervement, tu voulais qu'il nous accompagne, murmura Lily-Rose, jetant un coup d’œil derrière son épaule afin de vérifier la discrétion de leur discussion.
_ Je mentirai si je te disais que tu te trompes, avoua Noa, mais toi, ça ne te dérange pas que Adam vienne ?
_ Je te mentirai si je te disais que je n'ai pas sauté intérieurement de joie. Mais bon, à voir comment ces deux là s'adorent, c'est peine perdue. On va jouer les potiches, jeune amie.
_ Que tu crois. On va se battre, ma belle.
_ On est toutes des romantiques dans l'âme.
_ Je le pense dur comme fer, ma chère Lily-Rose.
Cette dernière s'esclaffa, mais restait néanmoins légèrement mélancolique. Son énervement avait cédé la place à la tristesse. Elle se sentait blessée, au plus profond de son être. Le comportement d'Adam, pas uniquement ce soir, mais pendant ces deux longs mois, l'avait touché, plus que de raison. Lily-Rose, c'était censé être la femme forte, la lionne. Et, en cette soirée, elle se comportait comme le petit agneau face au loup. Seigneur, qu'elle haïssait ressentir cela.
Avec tout ce temps passé, avec l'épisode de Baptiste, elle avait oublié son identité. La prédatrice qu'elle était. Et, en rangeant Adam et tous ses souvenirs sous clef, elle avait également oublié à quel point ce jeu était dur. D'un niveau bien au dessus que tout ce qu'elle avait pu connaître par le passé.
Lily-Rose redressa ses épaules. Elle s'était promis de l'avoir. De le battre à son propre jeu. Et elle l'aurait. Elle se battrait. Elle apprendrait de ses erreurs. Elle avait déjà appris. Et ce n'était certainement pas un petit con comme Adam qui allait la battre. Jamais.
Désormais, elle ne se battrait pas seulement pour lui.
Mais également pour elle.
Pour se prouver qu'elle méritait bel et bien sa place de reine.
En arrivant devant la discothèque, deux mains puissantes vinrent se poser sur les hanches de Lily-Rose. Son corps réagit instantanément à ce contact, frissonnant. Elle connaissait parfaitement leur propriétaire.
_ Les amis, je vous emprunte Lily, je l’emmène boire un verre.
Grégoire lui assena une tape dans le dos, pendant que Noa fixa Adam d'un regard noir. Lily-Rose lui sourit discrètement, souhaitant la rassurer, puis se laissa diriger par le grand brun.
La lumière vive des stroboscopes lui agressèrent les yeux. L'effet des nombreux verres bu plus tôt commençait juste à se faire ressentir.
Génial. Le moment où elle se retrouvait enfin seule avec Adam, Lily-Rose était bourrée.
Elle accéléra maladroitement la marche, dans le but de gravir les escaliers jusqu'à la terrasse, endroit fumeur et qui contenait un bar avec quelques tables. Adam avait enlevé ses mains de sa taille, mais gardait une certaine proximité avec la belle. Elle sentait sa main effleurer temps à autre son bras pendant leur court trajet, ce qui la poussa à allonger ses enjambées. Elle avait besoin du maximum de sa maîtrise d'elle-même pour ne serait-ce qu'espérer pouvoir tenir tête au beau brun.
Arrivée sur la grande terrasse, elle se dirigea instinctivement vers le bar. Adam se plaça à ses côtés.
Son odeur parvînt aux narines de la belle.
Ça aussi, elle l'avait oublié. Cette senteur sauvage, masculine, et putain d'érotique. En cet instant, Lily-Rose devait dégager tellement de phéromones qu'elle s'étonnait que Adam ne le sente pas lui-même.
_ Tu prends quoi ?
_ Un mojito, afin que tu paies bien cher, répondit-elle, l'ombre d'un sourire flottant sur son visage.
_ Deux alors. Histoire de me ruiner jusqu'au bout, s'amusa Adam, avant de commander.
Il se tourna vers elle, sa fameuse moue moqueuse ornant ses traits. Lily-Rose se raidit légèrement. Oui, Adam l'intimidait bel et bien.
_ Il est sympa, ton ami, engagea le bel Adonis après avoir réglé les deux cocktails.
_ Sinon ce ne serait pas mon ami, j'imagine, grimaça Lily-Rose, clairement sur la défensive.
Les yeux d'Adam se durcirent imperceptiblement. Le comportement de la belle semblait l'agacer, c'était évident.
Pourtant, si elle ressentait une certaine pointe de culpabilité à sa réaction, elle ne s'en voulait aucunement. Coinçant sa paille entre ses dents, elle se contentait de fixer un point non défini dans l'horizon. Sous l'effet artificiel alcoolisé dans lequel était son esprit, son énervement avait repris le dessus.
Désormais, elle n'était plus seulement agacée par le rapprochement évident qu'avait eu Adam à l'égard de Grégoire. Mais sur tout. Sur l'absence d'Adam, sur son putain de sourire en coin, sur ses putains d'yeux translucides, sur son putain de corps qu'elle réclamait tant.
Son sang pompaient furieusement en ses veines, et une sueur froide franchement désagréable se faisait ressentir le long de sa nuque. Lily-Rose avait chaud. Lily-Rose avait froid. Lily-Rose était énervée.
_ Je peux savoir ce que j'ai fais ? Grinça Adam, le visage fermé.
Lily-Rose tourna son regard vers lui. Mauvaise idée. Ses yeux étaient froids. Comme de la glace. Elle ne répondit pas, se contentant de soutenir les éclairs que ses pupilles renvoyaient.
À nouveau, elle essayait de vaincre le feu par le feu.
_ Tu n'as absolument rien fait, finit-elle par répondre, d'une voix blanche, dénuée d'émotion.
_ Alors que me vaut ce comportement froid ? S'impatienta le jeune homme, semblant déterminé à faire parler la belle.
Sauf que, parler, la belle, elle ne savait pas. Elle n'était pas habituée. Si, en la présence de Grégoire et Noa, elle y parvenait, ce n'était certainement pas le cas face à un homme tel qu'Adam.
Avec lui, elle ne savait que dépenser de l'énergie inutilement à se battre.
Et, malgré son tempérament, et son humeur délicate, elle était heureuse d'enfin partager un moment avec lui. Alors, au lieu de le disputer sans qu'il n'y ait lieu d'être, elle décida de camoufler sa rancœur. Et de miser sur une certaine franchise qui, elle l'espérait, détendrait l'atmosphère.
_ J'ai juste été surprise de te voir, avoua-t-elle, fuyant à nouveau son océan.
_ Si tu ne voulais pas me voir, il fallait me le dire directement. C'est toi, qui es partie, la dernière fois, contra-t-il.
_ Ce n'était pas la meilleure chose à faire ?
Adam parut surpris. Lily-Rose s'en réjouit intérieurement. En réalité, elle voulait lui dire la vérité,, soit qu'elle regrettait son départ. Mais c'était fini, la faiblesse. Elle allait lui prouver, au grand brun, qu'elle aussi, pouvait jouer. Et gagner.
Son compagnon finit par lui adresser un sourire à tomber.
_ On ne le saura jamais. Tu viens danser ?
*
Flashs aveuglants. Musique électronique agressive. Alcool bourdonnant. Pieds douloureux.
Pourtant, Lily-Rose se sentait bien. Le corps collé contre son dos en était certainement la raison. Dansant en rythme avec la musique, son bassin contre celui d'Adam, Lily-Rose était conquise. Ses yeux étaient fermés, et elle posa sa tête contre l'épaule du garçon, se délectant de la perfection du moment. Elle avait entraperçu, un peu plus loin, Noa dans la même position avec Grégoire.
Peut-être que cette soirée n'allait pas être aussi ratée qu'elle l'avait cru, en fin de compte. Que ce soit pour son amie ou pour elle.
Adam posa son visage dans le creux de son cou, puis effleura de ses lèvres la peau nue de Lily-Rose. Elle frissonna. La main du garçon quitta les reins de la jeune femme pour attraper son menton, la forçant à tourner son visage.
Lentement, mais avec avidité, leurs lèvres se rencontrèrent. Lily-Rose se retourna vers lui, coinçant ses mains derrière sa nuque, approfondissant leur baiser. Leurs langues tournoyèrent, leurs dents coincèrent leurs lèvres, ils poussèrent un râle sauvage simultanément. Les lions se rencontraient à nouveau dans l'arène.
L'érotisme pur de ce contact fit perdre à Lily-Rose toute contenance. Elle n'entendait plus la musique. Elle n'avait plus mal aux pieds. Elle ne voyait plus rien. Elle vivait pour ces lèvres. Elle respirait pour ces mains. Son cœur battait pour cette odeur. Lily-Rose n'avait jamais été aussi heureuse et conquise qu'en cet instant là. Elle avait l'impression de ne jamais avoir connu une telle fusion. Et c'était peut-être le cas.
Leurs bouches se mêlaient de concert, et si, en embrassant Baptiste, il avait s'agit d'une valse, là, avec Adam, c'était un véritable tango, sans même un seul acte sexuel. Sensuel, puissant, qui retournait l'estomac de Lily-Rose de bonheur.
Adam fut celui qui mit fin à ce baiser, au grand dam de la jeune femme. Frustrée, essoufflée de la puissance de ce dernier contact, elle gardait les lèvres entrouvertes, le fixant avec une mine interrogative.
Il lui offrit un sourire ravageur, l'air amusé, puis déposa délicatement ses lèvres contre son front.
_ Je n'en ai pas finit avec toi. Mais allons rejoindre les autres, la boite va bientôt fermer, annonça-t-il tout en saisissant sa main dans la sienne, l'entraînant vers ses amis.
Lily-Rose ne répondit rien, se contentant de hocher la tête affirmativement. Je n'en ai pas finit avec toi. Lily-Rose jubilait.
Elle le suivit, esquivant les corps des inconnus dansant de manière frénétique.
Et ce qu'elle vit la fit sourire encore davantage. Grégoire et Noa s'embrassaient. La blonde avait ses mains dans le dos du jeune homme, pendant que ce dernier avait saisit son visage entre ses doigts.
_ Je vois qu'on est pas les seuls à avoir pris du bon temps, s'amusa Adam en les rejoignant.
À l'entente de cette phrase, Noa et Grégoire décolèrent leur corps simultanément. Mais Grégoire gardait la main de la jeune femme dans la sienne fermement.
Lily-Rose irradiait de bonheur.
_ Le Light va bientôt fermer, je vous propose qu'on parte avant que ce ne soit l'émeute.
_ Bonne idée Adam. On se voit demain, mec ? Demanda Grégoire en lui assenant une tape amicale.
_ Si tu n'es pas trop occupé, avec plaisir. Tu as mon numéro, acquiesça ce dernier.
Quoi ? Lui, il l'a ?
En réalité, Lily-Rose se rendit compte qu'elle n'était pas énervée à cause du rapprochement des deux garçons. Mais jalouse.
_ Et nous, on dîne ensemble Lily-Rose ? Demanda la belle blonde, un bonheur certain irradiant de son visage.
_ Ça marche. On s'appelle. Bonne soirée, fit Lily-Rose, taquine, avec un clin d’œil à l'intention du petit couple, ce qui leur arracha un rire. On sait tous comment elle va finir, leur soirée.
Ils s'enlacèrent chacun leur tour, s'embrassant chaleureusement. Adam salua Noa, puis assena une tape amicale sur l'épaule de Grégoire.
Puis, les deux amants quittèrent l'enceinte du club, toujours mains dans la mains. En se confrontant à l'air glaciale de la nuit, Lily-Rose tressaillit. En voyant cela, Adam passa son bras sur ses épaules, collant la jeune femme contre son corps.
Lily-Rose était réellement au septième ciel. Elle se félicita intérieurement de ne pas avoir poursuivit son énervement quelques heures plus tôt, se disant que, dans le cas contraire, elle n'aurait jamais ressenti le bonheur de la soirée qu'elle venait de passer.
_ Tu veux venir boire un verre à la maison ? Proposa-t-elle, pleine d'espoir.
_ Juste un verre ? Répondit-il, amusé, avant de déposer un baiser sur le coin des lèvres de Lily-Rose.
_ Deux, si tu veux, rit Lily-Rose, sachant pertinemment ce qu'il voulait dire derrière sa question.
_ C'est toi, que je veux.
Lily-Rose se contenta de lui sourire, d'une franchise qu'elle n'avait que rarement exprimé.
La soirée n'aurait pas pu être plus parfaite.
En arrivant devant son immeuble, elle s'arrêta, le dévisageant un instant. Il la regardait, plantant ses yeux dans les siens, faisant tournoyer son bleu tant ses yeux étaient dilatés.
L'océan. Calme, lors de la marée basse. De bon matin, l'eau cristalline et transparente. La couleur de ses yeux, elle voulait la connaître par cœur, tant elle était somptueuse.
En réalité, la grande brune, elle ne voulait pas connaître que ça chez cette homme. Lily-Rose, elle voulait le découvrir. Pouvoir se vanter de connaître cet homme. En savoir plus sur lui, mise à part son corps absolument splendide.
_ Moi, par contre, je vais prendre un verre de vin, fit-elle en déverrouillant la porte en bois.
_ Je n'ai jamais dit que je n'en voulais pas, s'amusa la douce voix, sonnant comme une belle berceuse à ses oreilles.
Lily-Rose lâcha un petit rire, puis gravit les escaliers à ses côtés.
Arrivés dans le studio de Lily-Rose, cette dernière se dirigea derrière le bar de la petite cuisine, sortant deux verres. Adam posa son manteau sur l'une des chaises, puis fit rapidement courir ses yeux sur l'antre de la jeune femme.
_ C'est agréable, chez toi. Chaleureux, cosy, ça a dû te faire bizarre d'arriver dans mon appartement froid comme la mort, releva-t-il avant de s'appuyer sur le bar, regardant Lily-Rose ouvrir la bouteille de rouge.
_ Je ne dirais pas froid. Plutôt soigné, répondit-elle simplement.
_ « Soigné ». Je prends note, j'aime bien ce terme.
La grande brune lui offrit son verre, prit le sien, puis attrapa une cigarette de son paquet, posé sur le côté. Elle en tendit une à Adam, se souvenant de son statut du fumeur, qu'il accepta bien volontiers.
C'était étrange. De se retrouver là, face à lui, en ayant dessaoulé. Qu'il ait l'air aussi... Réel. Il ne s'agissait plus d'un fantasme de Lily-Rose, mais bel et bien d'une réalité.
Pour le meilleur comme pour le pire.
Mais elle ne voulait certainement pas laisser s'envoler sa chance de pouvoir lui parler. D'elle aussi, récupérer son numéro. De le voir plus régulièrement. Qu'il lui parle de ses sœurs, les trois jeunes femmes vues sur la photo dans sa chambre. De son amour pour la lecture qu'elle avait pu remarquer. Pour la peinture. Du piano. Elle voulait tout savoir sur sa vie.
_ Pourquoi es-tu partie, la dernière fois ?
Ouais. Il venait de détruire à zéro tous les rêves de Lily-Rose. Mais son expression réellement étonnée la força à se reprendre. Adam n'était pas comme les autres garçons. Adam n'était pas Baptiste. Adam n'était pas une proie facile.
Le peu qu'elle savait sur lui était qu'il s'ouvrait peu. Et que c'était bien la première fois qu'elle voyait cet air de sincérité se refléter dans ses yeux. Finit de jouer, Lily.
_ Je te l'ai dit. Je pensais que c'était la meilleure chose à faire, se contenta-t-elle de répondre.
_ Peut-être bien as-tu raison. Mais j'aurai eu plaisir à te revoir.
_ Si tel est le cas, tu m'aurais rappelé.
Lily-Rose se bloqua. Elle avait lâché cette phrase sans réfléchir. Elle ne voulait rien reprocher à Adam, étant donné qu'il n'y avait rien à lui redire. Une histoire d'un soir était une histoire d'un soir, rien de plus.
La lionne venait de montrer les crocs.
Elle planta ses yeux dans les siens, désormais fermés.
_ Excuse-moi, j'ai pas réfléchis à ce que j'ai dit. Je ne le pensais pas.
_ Si, tu le pensais. Mais ce n'est pas forcément à tort. Il est vrai que j'aurai pu t'appeler.
_ Pourquoi ne l'as-tu pas fait ?
_ Je pensais que c'était la meilleure chose à faire, cita-t-il, répétant les mots de la belle.
_ Touchée.
_ Écoute Lily, on a peut-être des choses à se reprocher, mais je ne pense pas que ce soit le moment et encore moins justifié. Je veux juste profiter du temps passé avec toi, abdiqua-t-il avant de boire une gorgée de vin.
_ Et c'est réciproque, avoua-t-elle, rangeant ses griffes.
_ Dis-moi plutôt comment as-tu rencontré Grégoire.
En narrant leur rencontre, y compris celle de Noa, la grande brune se rendit compte qu'il avait juste cherché à changer de sujet. Et qu'il avait réussi.
Lily, pourquoi rends-tu les choses si compliquées, alors qu'elles sont d'une simplicité évidente ?
En réalité, Adam avait raison. Elle voulait juste profiter du temps qu'ils avaient, elle aussi. L'inconvénient, avec Adam, c'était qu'elle ne savait jamais si leur entrevue n'était pas la dernière. Rien qu'en ce moment, à cinq heures du matin passé, où elle ne ressentait pourtant pas une dose de fatigue, elle était dans l'incertitude la plus totale. Qui disait qu'ils se reverraient par la suite ?
Profiter.
C'était tout ce que voulait Lily-Rose.
_ Et toi, raconte moi un peu ta vie, fit-elle en resservant leurs verres.
_ Rien de bien excitant. Je suis un parisien pure souche ayant suivi un bac économique, diplômé d'une école de commerce. Je travaille aujourd'hui comme agent marketing dans une maison d'édition, sans pour autant vivre ce que j'aurais souhaité. Je mène ma vie, comme je le peux, en somme.
_ C'est à dire ?
_ C'est à dire que, si ça n'en avait tenu qu'à moi, je serais aujourd'hui l'éditeur plutôt que l'arnaqueur. Mais il faut croire que, même à vingt-cinq ans, on est condamné à vivre comme notre société l'a souhaité. J'ai toujours été bon avec les mots, et la vente s'inscrivait alors comme choix de carrière logique pour ma vie. Mais bon, quand j'avais vingt-et-un ans, l'argent me séduisait plus que la passion, continua-t-il, un certain regret dans la voix.
_ Il n'est jamais trop tard, répondit Lily-Rose.
_ C'est ce que je me plais à dire.
En disant cette dernière phrase, Adam avait relevé ses yeux sur Lily-Rose. Étrangement, ces mots semblaient signifier un double sens, bien qu'il en demeurait inconnu à la jeune femme.
Le jeune homme approcha son visage du sien, ne s'arrêtant qu'à quelques centimètres de ses lèvres.
_ Assez parlé, souffla-t-il à son encontre, avant de fondre sur sa bouche avec précipitation.
Il la quitta uniquement pour mieux la retrouver. Contournant le bar, la rejoignant ainsi, il posa ses paumes dans son dos, la propulsant violemment contre son torse. Lily-Rose gémit. Ils s'embrassèrent avec fougue, désespoir, comme si leur vie dépendait de ce baiser.
Adam déplaça ses mains sur les fesses de Lily-Rose, la soulevant sans le moindre effort. La jeune femme remonta ses jambes autour de sa taille, puis se laissa asseoir sur le bar. Leurs mouvements étaient précipités, maladroits sous leur excitation commune. Presque aucun préliminaire ne fut exécuté. Et, il n'y en avait pas vraiment besoin. Lily-Rose était bien assez humide, pendant que la bosse sous le pantalon d'Adam témoignait de son propre état.
Adam déboutonna le pantalon de la jeune femme, enleva ses escarpins, puis fit le fit glisser le long de ses jambes, embarquant sa culotte par la même occasion. Lily-Rose défit l'attache du jean de son amant, puis fouilla dans son caleçon. Elle caressa son sexe, long et tendu, puis le sortit de sa prison de tissus.
Adam la pénétra brutalement, ce qui fit lâcher un hoquet de surprise à la jeune femme, mais de pur plaisir. Un râle épais s'échappa de la gorge du garçon pendant que Lily-Rose accompagnait ses gestes de son bassin.
C'était puissant.
C'était fort.
C'était intense.
C'était putain de fusionnel.
Les deux lions se battaient en harmonie. Lily-Rose lui mordait l'épaule, lui griffait le dos, poussait ses hanches avec davantage de précipitation. Plus vite, plus loin, plus fort.
Adam la pénétrait avec force. Léchait son cou. Agrippait et malaxait ses fesses. Fondait avec avidité sur ses lèvres. Plus vite. Plus loin. Plus fort. Encore.
Leur orgasme fut le reflet de leur acte : d'une puissance et d'une force inattendues. À peine les parois de Lily-Rose se resserrèrent que Adam vînt. La jouissance ultime, qui les fit perdre pied, conscience du monde, de tout.
Ils avaient atteint le septième ciel. »
Bah voilà... Rien à dire.
J'aime Adam, j'aime Lily-Rose, j'aime Noa, j'aime Grégoire et j'aime Baptiste aussi... désolé pour les autres, c'est pas que je vous aime pas mais...
J'ai rien de constructif à dire encore une fois... J'ai eu ma dose, je suis content. Encore...
A bientôt !