Chapitre 72

Baud – Bretagne

Morgane ralluma son téléphone et vit un message urgent de Thomas :

« Je ne sais pas dans quoi tu t'es fourré, 

Mais l'échantillon que tu m'as envoyé c'est du lourd, 

Contacte les STUPS »

C'était le signal. Elle se rendit dans une des planques où des humains attendaient patiemment d'être découverts, mais pas avant un appel important. Elle composa le numéro, prenant sa voix la plus persuasive.

— Officier Bonvoisin ? J'aurai besoin de votre aide. Je suis à Baud, près de l'ancienne mine de plomb. Une fissure énorme est apparue près du puis et je crois que des personnes sont enfermées là dessous. D'autres détails me font penser que des substances dangereuses y sont enfermées.

Après quelques minutes, elle entendit la police arriver.

Elle reconnue deux agents qui étaient au poste de Vannes et leur expliqua comment elle était arrivée jusque-là.

C'est alors qu'ils entendirent des cris d'hommes et de femmes.

Le timing des fées pour briser l'enchantement était parfait.

Ils contactèrent les pompiers pour aider à dégager la voie et aller chercher les personnes coincées et d'un coup, tous les téléphones des policiers se mirent à biper.

Elle reçue elle-même une alerte news :

« Une embarcation explose au port de plaisance de Pouézoc’h» 

Puis une autre :

« Une série d'explosions dans le Finistère et les Côtes-d’Armor » 

La seconde phase du plan était en route.

Elle resta jusqu'à ce que la première femme soit remontée par les pompiers, puis alla au poste faire une déposition.

Elle confia le résultat de ses recherches, mêlant subtilement réalité et mensonge pour que tout soit parfaitement logique et crédible :

Les troubles géologiques, les trois étudiantes retrouvées suite à une chute dans une crevasse, les fuites de gaz souterrains qu'elle suspectait, le résultat d'analyse de Thomas concernant l'échantillon hallucinogène, tout était dit.

Elle usa et abusa de sa voix de « sirène du nord » et vit débarquer la brigade des STUPS au moment où elle quittait le poste.

Il fallait maintenant qu'elle démarre la phase trois du plan, mais d'abord elle allait retrouver Bryn en pointe du Raz qui l'attendait dans le poste d’observation marin.

Après deux heures de route, son taxi la déposa près de la côte et elle profita de quelques heures au calme pour faire une sieste et se faire nourrir par Bryn qui savait qu'elle avait tendance à sauter des repas quand elle était occupée.

Il lui donnait la becquée alors qu'elle consultait négligemment ses e-mails.

— Ça s'est bien passé ?

— Oui, les Brocéliandins ont effectués un travail incroyable. Il n'y a plus qu'à attendre demain pour rapatrier les filles et clôturer cette affaire. En revanche, les STUPS, la gendarmerie, les pompiers et la police vont avoir un travail de dingue dans les prochains jours. Je culpabilise un peu de dépenser l'argent du contribuable avec ce plan.

— Ton plan est parfait et tu as pu sauver un tas d'humains grâce à ça.

— Nous verrons les infos demain. Je sens que les journalistes ne vont pas dormir cette nuit.

Bryn souri et se coucha près d'elle remontant le drap sur ses épaules.

— Dort ma chérie.

Elle ferma son ordinateur et sombra rapidement.

Le lendemain, le bilan était tombé aux infos :

Vingt-quatre personnes retrouvées dans d'anciennes mines, sept morts dans une planque qui avait explosée et différents endroits dans toute la Bretagne avec des caches où une nouvelle drogue avait été retrouvée avec des dégagement gazeux hallucinogènes.

Mais aucun commentaire, aucune arrestation de la part des autorités, seulement des victimes civiles collatérales. 

Tout le département étant en alerte, des équipes de recherches avaient été organisées dans les forêts, le Parc régional d'Armorique et sur tous les sites miniers ou de carrières.

Des zones de quarantaine s'installaient un peu partout.

Morgane envoya des messages à Juliette et Thomas pour les rassurer et entendit toquer à la porte.

Son oncle Hans occupait toute l'embrasure, stoïque.

Morgane l'enlaça en lui souriant et il lui rendit son étreinte.

— Bonjour ma tempête. Quand j'ai vu les infos, je me suis douté que tu étais mêlée d'une manière ou d'une autre à ce qu'il se passe.

— Qui te dis que je n'étais pas en mer avec Bryn ? 

— Déjà c'est improbable que tu restes à l'écart de tout ça à moins que tu n'aies déjà eu des infos, puis ton nom a été cité dans un rapport.

— Tu as des amis dans la police maintenant ?

— Ça n'a aucune importance, dit-il le visage neutre.

— C'est vrai, répondit-elle en haussant les épaules. Ce qui compte vraiment c'est que je vais stopper mon activité de journaliste de terrain pour un bon bout de temps.

— Ah ?

— Je vais suivre Bryn dans ses missions et me consacrer à la rédaction d'articles. Ce n'est pas comme si je manquais d'argent comme tu l'as si bien dit.

— Tu ne vas rien me dire sur ce qu'il se passe depuis hier, n'est-ce pas ?

— Je n'ai pas plus d'info que ce qui a été communiqué par la presse, lui dit-elle, composant son expression.

Il soupira en levant les bras en signe d'abandon.

— Tu es une tête de mules quand il s'agit de garder des secrets, pire qu’Isabel.

— Je prends ça pour un compliment. (Elle lui claqua une bise sur la joue en lui faisant un petit sourire énigmatique.) Tonton, je compte me fiancer avec Bryn. Est-ce que tu serais d'accord pour être mon témoin… Un jour ?

Elle avait le don pour lancer des bombes naturellement dans des discussions et pensait qu'il se renfermerait, mais il la souleva dans ses bras de sa force d'ours et lui sourit.

— Bien sûr ma tempête. J'en serai honoré. 

— Tu ne t'oppose plus à Bryn ? demanda-t-elle incrédule.

— J'ai appris que ça ne servait à rien de discuter quand tu as décidé quelque chose.  Je te fais confiance.

Elle le fixa, suspicieuse, mais savait bien qu'il aimait reculer pour mieux sauter. Il avait accepté, c'est ce qu'elle voulait dans l'immédiat.

Bryn débarqua un mug de café à la main, fixant Morgane et Hans d'un air faussement nonchalant.

Elle se dégagea attirée par l'odeur du breuvage et sirota une gorgée alors que les deux hommes se faisaient face se jaugeant en chiens de faïence.

— Je ne vais pas vous demander de faire un câlin, mais ne gâchez pas mon café avec vos mauvaises ondes.

L'atmosphère se détendit légèrement quand ils échangèrent une poignée de main vigoureuse et ils réussirent à déjeuner ensemble sans se lancer des noms d'oiseaux.

Hans les quitta et elle put aller chercher les trois étudiantes, ainsi qu'Elara et Lirion au point de rendez-vous.

Il y avait encore une déposition à faire pour appuyer le plan, ce qui clôturerait son article.

Léa et Alice étaient parfaitement raccord concernant leurs histoires et Noémie n'eut pas besoin de jouer le jeu, encore sur le coup de l'émotion. L'officier au poste était trop content de mettre fin aux avis de recherche, vu les évènements qu’ils traversaient depuis la veille.

Des réservistes avaient été appelés pour aider et elle compatit en voyant les cernes marquant son visage souriant mal rasé.

Les trois amies repartirent à Rennes : Alice comptait retourner sur Aldaria mais voulait prévenir son grand-père et sa famille.

Elara et Lirion, quant à eux, se rendirent sur Paris. Elle allait profiter de la fin de son congé pour régler certaines affaires, obtenir des papiers grâce à un contact de Bryn et montrer où elle vivait, ses coins préférés comme son chéri l'avait fait pour elle.

La ville lumière serait parfaite pour une lune de miel.