Chapitre 76 : Des traces de pas dans la boue fraîche (partie 3)

Par Kieren

Je me souviens d'un hameau que l'on avait visité, moi et mon frère. Il était tout en haut d'une montagne et le Soleil jouait à cache-cache derrière les sommets rocailleux. Celui-là aussi était abandonné, fui plutôt, mais ce n'était qu'une impression.

La grande place du village avait une statue d'un humain à cheval, il brandissait un sabre, mais la tête du cheval et de l'humain étaient inversées. À leurs pieds, il y avait des centaines de montres, de pendules, d'horloges et de sabliers, et tous marchaient, mais en indiquant des heures différentes. Toutes les rues résonnaient du tic-tac des horloges. C'était très énervant.

Puis nous avons exploré les maisons, une à une, pour voir s'il y avait de la nourriture, ou des objets utiles à notre survie.C'est alors que mon frère m'a montré une maison envahie par le lierre, prise au piège, ne pouvant s'enfuir nul part. Nous y sommes rentrés, et la première chose qui me frappa, ce fut son manque total d'originalité.

Vous savez Vieux Gamin, les maisons reflètent le caractère des humains qui l'habitent. Elle peut être sale, méticuleusement bien ordonnée ; aux murs colorés chaleureusement ; déguisée d'objets intéressants ou amusants, saupoudrée de livres ou de ces carrés noirs et plats. Là, il n'y avait aucune âme dans cette bâtisse. Il y avait des livres avec de la poussière entre les pages et la bibliothèque était pleine ; les propriétaires n'en avaient pris aucun en partant. Là, il y avait des tableaux déposés au hasard des murs, un tapis ni moche ni beau. Une marque au sol où il aurait pu y avoir une pendule. Un lit trop grand pour deux personnes et dans une pièce voisine, il y avait de la lumière. Des dessins de papillons et d'arbres colorés accrochés aux murs, des figurines d'animaux étaient collées au mur et et se suivaient à la queue leu-leu jusqu'à un trou dans le plafond. Une maison de poupée prenait la poussière dans un coin et ses habitants se cachaient les yeux. Les peluches avaient toutes le visage collé contre le mur, et semblaient se tenir le plus possible éloignées du lit. Alors je me chargeais de l'examiner. Je poussai le lierre du matelas et je me dis qu'il y avait un peu trop de rouge à mon goût par endroit, surtout autour d'un trou qui le traversait. Je pouvais passer mon pouce au travers, et il allait jusqu'au plancher.

Je pris mon frère par la main et nous quittâmes cette maison, mais avant cela, je crachai sur le palier en maudissant les responsables.

Aujourd'hui encore, j'espère qu'ils ont connu des souffrances indescriptibles, et qu'ils les subissent encore.

Morts ou vivants, cela n'a pas d'importance.

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