De retour à l’hôtel, Norbert croisa la réceptionniste qui s’était introduite dans sa chambre. Elle essaya d'engager la conversation, mais il l’interrompit et la mit dehors sans hésitation. Il était ravi de constater que son charme naturel n’avait pas été affecté par la Belgique, ni corrompu par Katrine.
Il ne tarda pas à « plier bagage » et à quitter l’hôtel quatre étoiles qui avait marqué son arrivée de Belgique. Évidemment, il se dirigea vers le motel où il avait passé du temps avec Michaela, la belle blonde désintéressée.
Le soir même, il reçut un appel d’un certain Aleksander, lui demandant de passer à l’aéroport. Norbert s’empressa de s’y rendre et retrouva son correspondant. C’était un jeune homme, tout comme lui, dont le vol venait de Russie. Aleksander avait également la réputation de coureur de jupons. On l’appelait Zyewec, en référence à une bière polonaise populaire, car son père était actionnaire d’une brasserie. Il avait aussi hérité de ce surnom à cause de sa propension pour la consommation d’alcool. Pourtant, bien que les deux jeunes hommes aient des individualités, ils partageaient une concupiscence similaire.
Après leurs retrouvailles, ils se dirigèrent vers le motel où séjournait Norbert. Une fois installés, ils décidèrent de se rendre dans un snack-bar du coin.
- Salut toi, dit Aleksander à une jeune femme qu’il aperçut en s'approchant.
- Bonsoir, monsieur, répondit-elle.
Ils durent élever la voix, car l’ambiance était plus bruyante que d’habitude. C’était la fin du mois, et de nombreuses personnes étaient présentes : des pères de famille, des travailleurs, des chômeurs, des touristes étrangers et même des femmes âgées en recherche d’un peu de confort.
Autrement dit, d’un peu de jeunesse.
Pour un bar de nuit de la taille d’un terrain de handball, l’atmosphère était particulièrement animée ce soir-là. Nos deux amis ne semblaient pas dérangés par cette ambiance.
À côté d’Aleksander, Norbert était assis, accoudé et discutant avec une jeune femme qui ne le laissait pas indifférent.
- Bon, je ne vais pas tourner autour du pot : je sors d’un long voyage, et j’ai besoin de passer une bonne soirée. Je veux que tu en fasses partie, et il n’y a pas de raison que tu n’y trouvas pas ton compte, chérie, avança Aleksander avec audace.
Choquée par cette proposition indécente, la belle blonde qu’il l’accompagnait se retrouva sans voix. Elle commençait à regretter d’avoir porté sa courte robe bleue, espérant attirer un peu d’attention masculine. Ses escarpins n’aidaient pas non plus à masquer sa sensualité - même un homme ordinaire aurait pu la prendre pour une femme aux mœurs légères - Elle apprenait à ses dépens que les hommes sont souvent ingrats face aux petites attentions des femmes et qu’ils ont plutôt tendances à se comporter comme des gougeas sans vergognes devant une petite once de charme.
- Alors, ça te tente ou pas ?
- Oui… oui, ça me va, répondit-elle, hésitante, avant de le suivre.
Quitte à s'être préparée pour séduire, autant aller jusqu'au bout.
- Hé Norbit, appela gaiement Aleksander à son ami, je me retire. Moi, j’ai déjà trouvé mon repas du soir. Ha, ha, ha !
À entendre les propos du Polonais, les yeux de la jeune femme faisaient des allers-retours. Elle était plus que gênée.
- Et comment s’appelle-t-elle ? demanda Norbert avec malice.
- Je n’en ai aucune idée et je m’en moque royalement, répondit Aleksander, en se tournant vers le bar pour commander une tequila.
- Haha, haha ! éclata Norbert. Il savait que son ami ne prenait jamais le temps de demander le nom de ses conquêtes. Ok, Zywiec ! Je vais peut-être te rejoindre dans deux minutes. Ha, ha, ha ! renchérît-il, l’air amusé.
Norbert resta un moment à discuter avec la jeune femme qu’il avait devant lui, profitant de l’instant avant de passer aux choses sérieuses. Il n’avait pas encore digéré l’exploit de la journée avec Michaela, cette femme qui partageait ses intérêts. Il se sentait euphorique et ne voulait pas perdre l’agréable effet de sa rencontre.
- Allez Érika ! s’exclama-t-il soudainement. On s’en va.
- Hum ! Ok ! répondit sa proie, surprise par son appel rapide.
Ils quittèrent le bar pour se rendre à l’hôtel et conclure leur soirée.
Dehors, à travers les vitres du taxi qu’il avait arrêté, le Norvégien aperçut une jeune femme qui lui semblait familière. Il ne parvenait pas à l’identifier, mais il savait qu’il avait déjà parlé avec elle récemment. En y réfléchissant, il s’agissait de Jessica Martel, la jeune demoiselle qu’il n’avait pas pu séduire à l’hôtel quatre étoiles. Il aurait voulu s’arrêter pour l'aborder, mais le taxi avait déjà démarré.
Pour lui, l’hôtel qui l’avait abrité précédemment exerçait une sorte de pouvoir "funeste" sur ses manigances. Grace à son nouveau refuge, il pensait donc qu’il aurait peut-être eu plus de chance cette fois-ci. Il se disait qu’il aurait probablement pu passer un bon moment avec deux jolies femmes.
Hélas, ce n’était plus possible.
Norbert s’éloigna donc avec un léger mal de ventre et un soupçon de regrets, regardant en arrière la jeune Jessica qui marchait seule de l’autre côté de la rue. Elle semblait chercher un peu de galanterie masculine du regard.
C’était pourtant la proie parfaite pour le fils de Gérôme.