Chapitre 8

Par Feydra

Le reste de la troupe rentra au camp en fin d’après-midi, rapportant des mets acquis en ville. Le brasier fut rapidement rallumé, alors que le soleil couchant enflammait la cime des arbres.
Elysandro arriva en dernier, embrassa sa fille et réunit son petit monde dans le réfectoire. Les bavardages excités se turent. Oliver, à l’écart dans l’ombre du chapiteau, écoutait attentivement.
— J’ai eu une longue discussion avec le maire, commença le directeur. Dans une semaine aura lieu une très importante célébration, en l’honneur des sœurs célestes. Un spectacle est organisé et le magistrat a souhaité que nous y participions. Un nouveau numéro sera donc préparé pour l’occasion.
Les artistes échangèrent des regards étonnés. Elysandro reprit la parole :
— Je sais que le délai est court. Cependant, c’est un honneur d'être invité à ce festival et une belle opportunité. Je suis certain que nous y arriverons.
Quelques hochements de tête et murmures déterminés accueillirent sa déclaration. Des sourires s’épanouirent sur les visages. Tout le monde s’égaya autour des tables, qui furent rapidement apprêtées. Excitée, Soréa rejoignit les alfrés, mais Lily resta en arrière, son regard pensif posé sur eux.  
Oliver sortit de l’ombre et s’installa sur le banc en face de Ruok.
— Alors, tu as vu ton cousin ?
— Il n’était pas là, répondit Ruok en levant les yeux. Mais je compte bien y retourner avant qu’on parte, avec toi et…
Les mots se figèrent sur le bord de ses lèvres. Il se rapprocha de son ami, en fixant le masque de métal. Le cœur du jeune homme se serra d’appréhension.
— J’en avais déjà entendu parler, mais je n’en avais jamais vu, souffla le gnome. Est-ce un ornement ?
— Un implant. Pour réparer une brulure, expliqua Oliver.
Une grimace dépara les traits de son interlocuteur.
— Ça a l’air douloureux, non ?
— Parfois. Je dois mettre un baume et ça aide. C’est un peu de ma faute, j’ai écourté ma convalescence.
— Pourquoi ?
— J’avais prévu de partir en voyage et mon bateau n’allait pas m’attendre. J’étais anxieux de quitter Wissec, de changer de vie.
Un éclat de rire secoua son ami. Il lui asséna une tape sur l’épaule et l’angoisse du jeune homme se désagrégea comme neige au soleil.
— J’peux comprendre ! C’est du beau travail en tout cas.
La gêne envahit à nouveau Oliver.
— Tu en es sûr ? J’ai toujours trouvé ça laid.
Ruok lui offrit un clin d’œil.
— Oh non, moi je ne trouve pas ! Et puis, je m’en fiche que tu portes ça. Nous sommes amis. Y a que ça qui compte. Allez ! Viens, on va manger un bout !
Le cœur gonflé de joie, Oliver acquiesça, puis regarda autour de lui. Certains membres de la troupe convergeaient vers eux. Lily fut la première à les rejoindre. Les yeux écarquillés, elle balbutia :
— Tu… tu as enlevé ta protection !
Oliver pencha la tête avec un demi-sourire.
— Tu m’as lancé un défi.
Soréa, les alfrés et les gnomes se regroupèrent autour d’Oliver, posant mille questions auxquelles il répondit aimablement. Lily, tout près de lui, se contentait de le regarder et de l’écouter en silence, plongée dans ses pensées. Au bout d’un moment, l’appel de la faim fit s’éparpiller tout le monde, ne laissant que les trois amis.
Alors qu’ils se préparaient à déguster les plats rapportés de la meilleure auberge et de la boulangerie la mieux cotée du village, une petite main déposa un pot près de l’assiette d’Oliver. Celui-ci se retourna, surpris.
— Ce baume devrait t’aider à te débarrasser de ces irritations, fit Dame Vauvert, avant de repartir à sa table.
Interloqué, le jeune homme la suivit des yeux, avant de croiser le regard de Lily. Ils éclatèrent de rire.

 

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