Chapitre 9

Par Feydra

Oliver entraina Soréa à travers les fourrés. Le soleil à peine levé réchauffait l’air tout doucement, mais il faisait encore frais. La pauvre alfrée tâchait de le suivre en serrant son châle autour de ses épaules. Ils s’arrêtèrent à l’orée du vallon, au centre duquel Lily était en train de danser, enchainant les pas et les voltes. Soréa posa ses yeux légèrement agacés sur Oliver.
— Tu m’as trainé hors du lit pour ça ! J’ai déjà vu Lily danser.
— Regarde-la bien.
Soréa, perplexe, reporta son attention sur son amie qui virevoltait sur la mousse.
— Ne reconnais-tu pas quelque chose ? continua le jeune homme.
Soréa scruta Lily.
— On dirait nos mouvements. C'est beau, mais je ne comprends pas ce que tu veux me montrer.
— Regarde-la bien, répéta-t-il. Et maintenant, imagine le reste des alfrés et toi, dans les airs autour d’elle…
Soréa contempla à nouveau Lily. Elle dansait, concentrée sur ses pas, sur une musique qu’elle seule entendait, par moment aussi légère qu’une plume, ses pieds touchant à peine le sol, et à d’autres moments aussi solide qu’un arbre.
Soréa écarquilla les yeux. Emportée par son enthousiasme, elle battit des mains. Lily sursauta, rata un saut et se rattrapa de justesse. Lorsqu’elle vit ses deux amis, elle rosit et s’approcha d’eux. Son expression d’anticipation et d’espérance réveilla le feu qui couvait dans la poitrine d’Oliver. Il souhaitait de tout cœur que leur plan fonctionne.
— Alors ? Comment as-tu trouvé ? demanda-t-elle.
— C’était magnifique, répondit Soréa, vraiment magnifique !
Lily rougit sous le compliment.  
— Oh ! Merci. Ce n’est pas aussi aérien que tes mouvements, mais cela me plait.
— Oliver m’a montré quelque chose que je ne réalisais pas, expliqua-t-elle. Il faut que tu fasses partie du ballet.
Tout sourire, Lily se précipita et agrippa les mains de Soréa.
— Tu ne peux pas savoir comme cela me fait plaisir. Je me préparais à argumenter, mais…
— Argumenter ? Pas besoin, s’écria Soréa. Ce sera extraordinaire, splendide ! Nous serons cinq créatures de la nature, des alfrés de l’air et de la terre, dansant en chœur. Je suis vraiment une idiote de ne pas avoir vu ça avant.
Elle s’apaisa et regarda tour à tour Lily et Oliver.
— Vous aviez tout prévu, hein ?
Le jeune homme passa une main sur sa nuque en un geste de gêne.
— Oui, répondit Lily. Oliver m’a décidé à te proposer cette idée, mais tu m’as devancée.
Soréa applaudit une nouvelle fois. Elle serra son amie dans ses bras.
— Tu sais quoi ? Notre premier spectacle, ce sera pour la célébration de la nuit des sœurs célestes ! Il faut que j’aille en parler aux autres.
Sans leur laisser le temps de répondre, elle prit son envol et fila en direction du camp. Lily sourit à Oliver.
— Tu t’inquiétais pour rien, fit celui-ci.
— Toi aussi, plaisanta-t-elle.
Mais le jeune homme la fixait avec tant de sérieux que le rire la quitta. Elle le considéra pensivement.
— Je te remercie pour ce que tu as fait pour moi. Mais pourquoi cela te tient-il autant à cœur ?
— Parce que j’ai envie que tu réalises ton rêve, que tu sois heureuse, pleinement heureuse.
Une immense chaleur s’empara d’elle à ces mots.
— Et toi, Oliver ? Quel est ton rêve ?
Le cœur du jeune homme fit un bond. Lily le regardait avec tant de douceur et… autre chose. Que lisait-il sur son visage ? De la tendresse ? De l’espoir ? Jette-toi à l’eau. C’est le moment où jamais.  
— Je suis en train de l’accomplir : voyager, découvrir le monde. Mais je crois que j’aimerais aussi ouvrir ma boutique de tailleur, créer des vêtements. Mais, là, tout de suite, j’ai un rêve un peu plus pressant…
Lily se rapprocha.
— Ah oui ? Lequel ? chuchota-t-elle.  
— T’embrasser.
Elle se colla contre lui.
— Ça tombe bien, moi aussi.
Sa main trouva celle d’Oliver, et leurs doigts s’entrelacèrent. Des frissons remontèrent le long de ses nerfs. Elle se laissa aller à la sensation. Son cœur se mit à battre follement. Elle s’engouffra entre les bras du jeune homme et posa ses lèvres sur les siennes. Il l’enlaça et ils s’oublièrent l’un dans l’autre, le temps d’un baiser. Lorsqu’ils se séparèrent, essoufflés, le cœur battant à l’unisson, Lily caressa son visage et murmura :
— Partenaires ?
— Partenaires.

 

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