Chapitre 8

Notes de l’auteur : °I think I′m drowning, asphyxiated
I wanna break this spell that you've created
You′re something beautiful, a contradiction
I wanna play the game, I want the friction
You will be the death of me°
- Muse-

Farah est agenouillée devant Parham. Elle entend à peine ce qu’il dit. Sa tête est lourde, ses yeux ne voient plus clairement. Elle veut juste que tout cela cesse.

-Pourquoi !? Hurle Parham

Devant le mutisme de la jeune fille, le puissant seigneur fait un petit signe à l’un de ses soldats. Celui-ci vient se placer devant Farah et alors que deux autres gardes la retiennent, elle reçoit le poing du soldat dans le ventre. Le choc est tel qu’elle en a le souffle coupé. Elle n’a même pas eu le temps de crier.

Dina observe la scène d’un œil indifférent. Parham repose une fois la question : pourquoi a-t-elle soudainement décidé de tuer sa femme et son bébé ? Farah ne répond toujours pas. Elle relève la tête et pendant que le soldat lui projette son poing dans la machoire, elle fixe Dina dans les yeux. Elle la voit se pencher vers Parham et murmurer quelque chose à son oreille.

-Comment t’appelles-tu ? Demande alors ce dernier.

-Farah. Répond la jeune fille d’une voix très faible.

Cette réponse n’est pas satisfaisante, pour une raison que Farah ignore, car elle reçoit aussitôt un coup de pied dans les côtes. Son corps entier la fait souffrir. Elle aperçoit du coin de l’œil le soldat préparer son coup lorsque Parham reprend.

-Quel est ton nom ?

Farah essaie de réfléchir à une réponse qui ferait cesser les coups, mais elle n’en trouve pas, elle ne sait pas ce que Parham attend d’elle. Elle ouvre la bouche pour dire qu’elle ne sait pas quoi répondre mais au lieu de ça une voix légèrement différente de sa voix habituelle répond.

-Je m’appelle Kali.

Farah ne comprend pas ce qui vient de se passer. Elle jette un regard à Dina qui lui sourit.

******

Sol ferme la bouche. Cela fait cinq minutes qu’il regarde la femme qui se tient devant lui. Puis il reprend conscience des événements et se débat de plus belle.

-Ne t’énerve pas comme ça, tu vas te faire mal…

La belle inconnue se lève et détache les liens de Sol.

-Tu peux partir si tu veux.

Sol s’assoit sur le lit et masse ses poignets.

-Admettons que je te crois…qu’est ce que tu me veux ?

La brune hausse les épaules.  

-Je ne sais pas vraiment, tu m’amuses je crois… ton ambition sans pitié est absolument délicieuse.

Elle s’agenouille entre les jambes de Sol et fait remonter lentement sa main le long de sa cuisse.

- Pour ne rien gâcher, j’ai vraiment apprécié notre nuit ensemble…c’est normalement un peu difficile pour moi quand je suis dans le corps d’une autre, mais pas cette fois-là.

Cette fois la main est posée sur son entrejambe. On pourrait penser que la situation n’est pas vraiment propice aux ébats mais les yeux verts de la créature sont comme hypnotiques et la chaleur monte au visage de Sol. Alors lorsqu’elle finit par s’asseoir à califourchon sur ses genoux tout en passant ses mains sur son torse, il a bien du mal à garder les idées claires.

-Qu’est-ce que tu en dis ? demande –t-elle d’un air faussement naïf.

 

*****

Farah reprend conscience. Elle est allongée dans un lit, Dina est à ses côtés. Elle voudrait se lever et partir, mais elle est trop faible pour cela.

-Chut…l’apaise Dina. C’est terminé maintenant…je vais tout t’expliquer…

Farah ouvre la bouche pour dire quelque chose mais Dina pose sa main sur celle-ci pour la faire taire.

-Laisse moi parler, et ne m’interromps pas…Tu as fait des choses terribles Kali…tu as préféré sacrifier des enfants innocents plutôt que ta propre vie, c’est le péché ultime. Tu as perdu ton âme…tu es en train de devenir un démon.

Farah ouvre de grands yeux ronds mais la main de Dina l’empêche toujours de parler.

-Tu as perdu ton âme par ma faute, c’est moi qui t’ai amené à me faire confiance puis ai trahi cette confiance. C’est moi qui ai mis la petite fille sur ton chemin, et les marchands également…Tu devais souffrir mais pas uniquement physiquement. Vois-tu, je crois que la souffrance réelle et profonde, c’est la trahison. Je me suis repue de ta douleur, c’était jouissif. Grâce à toi, je suis devenue un démon à part entière. Tout comme moi tu devras corrompre l’âme d’innocents pour t’élever.

A cet instant Farah mord la paume de Dina jusqu’au sang pour lui faire lâcher prise.

-Qu’est-ce que tu racontes !? Un démon ! S’indigne-t-elle Ca n’existe que dans les légendes pour enfant !

-Oh vraiment Kali ? Rien que ce nom… le nom de la destruction.

Dina lèche le sang qui coule de sa paume puis elle souffle dans sa main et une épaisse fumée se repend alors dans la pièce. Des silhouettes qui semblent projetées sur l’écran de fumée s’animent. Des hommes qui se s’entretuent, des corps démembrés, des enfants mourants de faim, des contremaitres fouettant des esclaves,  des armées rasant des villes entières… Ces images se succèdent puis disparaissent.

« Les humains ne sont pas naturellement si chaotiques ni mauvais, explique Dina, ils ont toujours eu besoin d’un coup de main pour libérer leur colère et leur rage. Nous sommes simplement là pour murmurer à leur oreille, pour les aider à exprimer et atteindre leurs désirs les plus profonds. Et nous prenons notre plaisir dans leur corruption. Ne sois pas effrayée mon enfant, bientôt tu comprendras que la vie que je t’offre est en réalité un cadeau. »

*****

La jeune femme quitte le lit. On pourrait croire qu’une bombe a explosé dans la chambre. Les meubles sont renversés, les draps déchirés, un pied du lit est cassé.

Sol se murmure à lui-même :

- Bien, tout ça m’a semblé 100% réel.

La jeune femme rit.

-Tu ne me crois toujours pas ?

-Ce que je crois c’est que je perds clairement le contrôle des choses ces derniers temps…

L’inconnue se rhabille. Une main sur la poignée, elle regarde Sol. Lui, ne dit rien, il n’a pas pour habitude de retenir les filles qui passent dans son lit. Même les démoniaques. Une seule question lui vient à l’esprit.

-Comment tu t’appelles ?

Elle semble réfléchir puis répond.

-Je m’appelle Kali.

Il y a comme un courant d’air glacial qui passe dans la chambre puis plus rien. Elle est partie.

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