Au petit matin, Elara se tortilla pour s'extraire de ses draps et se souvint de l'endroit où elle se trouvait. Lirion n'était pas en vue ce qui l'inquiéta un instant, mais son sommeil avait été étrangement réparateur. Le lieu ne lui paraissait plus si étrange. Elle se redressa, étirant ses bras, puis se leva pour explorer à la recherche du maître de la maison.
Elle entendit résonner le son d'une flûte et le suivit pour se retrouver à l'arrière de la bâtisse ; Lirion jouait une mélodie joyeuse et enjouée pendant qu'une multitude d'oiseaux colorés virevoltaient autour de lui, comme des petits moineaux affamés. Elle trouva un rocher blanc pour s'asseoir, alors qu'une fée s'installait sur ses genoux, balançant ses jambes au rythme de la musique et grignotant une noix, laissant tomber des miettes sur elle à la manière d'un hamster.
Une fois la chanson terminée, Lirion s'agenouilla près d'Elara et déposa un baiser sur ses lèvres tandis que la petite fée s'éclipsait.
— Bonjour, ma beauté ! dit-il.
Elle lui sourit.
— Bonjour, Lirion !
— Je te fais visiter ? Lui répondit-il en l’aidant à se relever.
Elle hocha la tête et il garda sa main dans la sienne pour la guider.
La maison était un grand espace ouvert et aéré à la manière d'un loft, sans portes mais avec une multitude de niches, recoins ou alcôves à différentes hauteurs comme moulés dans la pierre murale. Elle examina plus en détail les alentours de la propriété et se lança dans une série de questions à l'attention de Lirion et des habitants qu'elle croisait, grattant avidement un carnet qu'une fée lui avait offert le matin même.
Elle questionna Lirion sur la structure de la bâtisse et les matériaux utilisés, puis attirée par trois fées espiègles s'aventura plus loin.
Cette fois-ci elle en appris plus sur les créatures habitant la vallée : les fées s'apparentant le plus aux humains avaient des tailles allant de la longeur d'une paume à une quarantaine de centimètres, aux ailes tantôt de libellules tantôt de papillons et d'une légèretée surprenante. Chacune avait un don en lien avec la nature et leur point commun était leur caractère bien trempé.
à l'inverse, les nymphes de la rivière étaient timides et joueuses, se cachant dans l'eau ou sur les berges et faisant résonner leurs rires en cascade.
Mais ce qui la fascinait le plus était la population de créatures aviformes, des oiseaux sans en être vraiment, puisqu'ils parlaient en plus de chanter.
Une fausse normalité.
Les Tylwyth Teg par exemple avaient la corpulence de moineaux mais avec de larges ailes aux couleurs exotiques. Toujours en nuée, leur chant magnifique pouvait bercer jusqu'à l'endormissement, comme attirer leurs proies, hypnotisées.
Les Mabinogi, moins nombreux, ressemblant à des corneilles dont le plumage noir bleuté irradiait au soleil, étaient apparemment dotés d'un instinct exceptionnel qui leur valait le titre de messagers du futur.
Elle souhaitait visiter Alenvel, la cité de la connaissance, mais Duilleogenn, une fée à l'air mélancolique dont une aile portait une déchirure, lui déconseilla.
— Je pensais que les fées étaient plutôt pacifiques. Est-ce que c'est vraiment dangereux d'aller dans une bibliothèque ? Demanda Elara.
— Même si les humains ne sont pas interdits en Brocéliande, le royaume a fermé ses frontières depuis longtemps.
— Je comprends... Et est-ce qu'on doit avoir une autorisation pour vivre ici, une sorte de passeport ?
— Je ne sais pas... Je ne sais pas si tu peux rester ici, répondit Duilleogenn mal à l'aise.
— Lirion m'a demandé de rester en vue. Je suppose que le gouvernement n'est pas forcément favorable à l'immigration clandestine... Si ce genre de concept existe ici. À moins que certains Brocéliandins aient une dent contre les humains spécialement, se questionna Elara à elle même.
Elle ne manqua pas de remarquer l'air apeuré de la petite fée, ce qui semblait étayer sa supposition. Cette dernière s'éclipsa dès qu'elle en eut l'occasion laissant Elara à ses pensées jusqu'à ce que Lirion la rejoigne après avoir accomplis son devoir de gardien.
La journée fut si captivante qu'Elara ne vit pas le temps passer, finissant par s'endormir son carnet à la main.
Le deuxième jour, Elara entraina Lirion un peu plus loin pour en apprendre davantage sur le mode de vie de chaque peuple de la vallée, la flore et la faune, qui ressemblaient assez à celles de la Terre, hormis quelques plantes atypiques comme le Douran, dont les feuilles servaient de réservoir à eau ou encore le Gwerenn qu'elle avait pris pour une grenouille, qui déployait ses feuilles en prennant cette forme pour protéger son fruit jusqu'à maturité.
Les peuples avaient des régimes alimentaires variés, de carnivores à herbivores, végétariens voire se nourrissant de magie. Mais globalement, dans cette vallée, la population vivait en harmonie.
La plus grande découverte qu’elle fit ce jour-là concernait la longévité des créatures vivants sur Aldaria en Brocéliande :
— La magie nourrit nos terres et tout être qui y vit, plus nous consommons cette magie et plus notre vie se prolonge. Lirion a 152 ans et moi-même je vis depuis 203 année, avait dit le vieux Mabinogi en lustrant du bec son plumage d'ébène.
— Mais alors ! Est-ce qu’un humain pourrait prolonger son espérance de vie en faisant de même ? l’interrogea Elara
— Oui et c’est une des raisons pour laquelle dans l’ancien temps les humains traquaient les Brocéliandins. Une vieille histoire raconte qu’une Dragwyn amoureuse d’un humain aurait partagé ce secret et son sang avec lui, avant qu’ils soient traqués tous les deux par un roi avide qui espérait obtenir l’immortalité en mangeant le corps de la créature changée en femme.
Sur cette découverte troublante, sa seconde journée s'acheva paisiblement.
Au bout du troisième jour, Lirion dut s'absenter et Elara continua ses explorations seule. Elle visitait les alentours, parlait aux habitants. Lirion revint la chercher pour déjeuner, mais chaque fois qu'elle sortait de la maison, des créatures curieuses venaient la voir pour lui parler ou lui offrir des choses. Elle en profitait pour leur poser des questions et essayer de comprendre ce monde.
— Donc, toutes ces plateformes en bois sont pour les peuples aviformes et les alcôves à l'intérieur ont aussi un intérêt comme perchoirs, c'est ça ?
Un couple de Tylwyth Teg aux plumages brun et rouge se posèrent sur son épaule.
— Oui ! Lirion nous laisse nicher sur sa maison, mais il vient aussi voler avec nous ! Il aime bien observer sa vallée vue d'en haut.
— Lirion est un oiseau ?
— C'est un Hoper ! Il est très très fort !
Elara aimait questionner les boules de plumes qui répondaient volontiers à ses questions très personnelles.
— Et qu'est-ce que c'est qu'un Hoper ? Pourquoi est-ce qu'il a une forme humaine ?
— Il a de grands pouvoirs ! C'est lui qui s'occupe de jouer de la musique pour calmer les Brocéliandins. Il joue sous forme humaine et se promène en oiseau.
— Quel genre d'oiseau c'est ?
— Un Hoper !
— Mais à quoi ressemble-t-il ?
— Plus grand que nous, plumes rousses, noires et blanches ! Super rapide, les ailes en forme de lune ! piailla avec enthousiasme l'oiselle.
— Son plumage a la teinte de ses cheveux ?
— Oui.
— Est-ce qu'il évite de se métamorphoser devant vous ? demanda Elara.
— On le voit souvent changer de forme quand il est pressé, répondit le mâle cette fois-ci.
— Et là, vous savez ce qu'il fait ?
Les deux oiseaux piaillaient entre eux.
— Il est en train de revenir, répondirent-ils avant de secouer leurs plumes, agités.
Elle se tourna pour le voir arriver et ses deux compagnons s'envolèrent dans la précipitation, alors que Lirion la prit dans ses bras.
— Tu parlais de quoi avec ces deux bavards ?
— Ils répondaient gentiment à mes questions. Sur l'architecture, les nichoirs et puis sur toi.
Il la tourna face à lui.
— Qu'est-ce que tu veux savoir sur moi ?
— Est-ce que je peux voir ta forme d'oiseau ?
— Est-ce que ça jouera en ma faveur ou tu vas me traiter comme un sujet d'étude ?
— Je suis curieuse, c'est tout.
— Tu t'inquiètes de notre compatibilité ? Demanda-t-il avec prudence.
Elle se mit à rougir et le poussa doucement quand il frotta sa bouche dans son cou, geste probablement lié à ses racines aviaires.
— Non, je n'étais pas allée jusque-là. Est-ce que je devrais m'inquiéter ? Est-ce qu'il existe des enfants issus de créatures mystiques et d'humains comme dans la mythologie celte ?
— Tu pourrais un jour aller voir les archives de la grande bibliothèque d'Alenvel, elles consignent tous les faits connus, mais généralement les rencontres entre les humains et Aldariens sont plutôt rares surtout au royaume de Brocéliande.
— Je suis une exception alors ?
— On peut dire ça.
— Donc, ta forme de Hoper !
Il essaya de l'embrasser et elle le repoussa en riant, car elle sentait qu'il cherchait à changer de sujet.
— Lirion !
— Pour me donner du courage ? chuchotta-t-il.
— Du courage de rien du tout, on m'a dit que tu n'étais pas pudique.
Il commença à retirer sa chemise et Elara loucha copieusement sur son torse.
— Tu as besoin de te déshabiller pour te métamorphoser ?
— Non, mais tu avais l'air de suggérer ça avec ton histoire de pudeur.
Elara soupira bruyamment.
— Oh Lirion bon dieu, arrête de retarder la chose parce que tu t'inquiètes de ma réaction. De toute façon, après m'être assise sur un troll en pensant que c'était un tronc, tu ne pourras pas me surprendre plus.
Il soupira et s'écarta d'elle. Puis, dans un nuage de plumes et de tissus, se métamorphosa en un oiseau assez massif, de la taille d'une grande buse ou d'un petit aigle. Elle s'accroupit près de lui, approchant une main tremblante pour toucher l'animal.
Il était magnifique, entre un oiseau de proie et un spécimen exotique avec son plumage chamarré. Il la regardait de ses yeux d'ambre cerclés de noir sans parler.
— Est-ce que je peux te prendre sur moi ? Demanda-t-elle émue.
Il hocha la tête de façon humaine, une gestuelle étrange pour un oiseau et elle le prit doucement par le dessous, comme une grosse poule.
— Tu es lourd !!
Elle entendit comme un rire étouffé et le vit la fixer.
— Est-ce que tu parles sous cette forme ?
— Oui ! Comme les autres, répondit Lirion d'une voix forte.
Elle sursauta et se blessa à l'un de ses ergots en étouffant un cri grimaçant.
Il se recula pour se métamorphoser de nouveau en homme, puis se mit à son niveau pour inspecter la griffure sur son avant-bras.
— Fais voir ! Dit-il en examinant son bras tendu.
— Ce n'est rien, j'ai juste été surprise. Tu as la même voix sous tes deux formes. Je ne m'attendais pas à ce que tu parles d'un coup. Est-ce que tu peux reprendre ta forme d'oiseau ?
— Ça suffit pour aujourd'hui. Et ça ne sert à rien de faire cette tête déçue.
— D'accord, mais on n'a pas terminé notre discussion et il faudra que je rentre chez moi aussi.
Il la prit dans ses bras et l'emmena chez lui, l'installant sur un gros coussin du salon et se mettant à genoux face à elle.
Pendant qu'il appliquait une bouillie sur ses coupures et lui mettait un bandage, il répondit.
— Je croyais que tu avais encore plein de choses à voir, pourquoi tu veux déjà repartir ?
Elle le fixa, essayant de ne pas rire.
— Ça fait trois jours, je n'ai pas d'autres vêtements. En plus, j'ai tout laissé en plan dans ma location.
Il leva les yeux, surpris et elle lui sourit en l'embrassant.
— Tu croyais que je ne voulais pas revenir ? Je n'en ai pas fini avec toi.
Il la serra contre lui visiblement soulagé.
— Tu me rends dingue, chuchota-t-il contre ses cheveux.
— J'aime passer du temps avec toi, même si tu es un tantinet stressé et jaloux.
— Je ne suis pas jaloux.
— Oh arrête ! Dit-elle en riant. Dès que je parle un peu longtemps avec les habitants, tu te pointes comme une fleur et tout le monde s'enfuit. S'ils ne me disaient pas autant de bien à ton sujet, je croirais que tu les terrorises.
— C'est avec moi que tu devrais passer du temps, dit-il en lui embrassant la jointure de la main.
— Bon, est-ce que tu peux me ramener maintenant ? Demanda-t-elle le sourire aux lèvres.
Il grommela mais acquiesça. Il l'emmena dans un autre endroit de la vallée, levant la tête de temps à autre comme pour sentir l'air. Puis il s'arrêta au bout d'un moment et ouvrit les bras. Elara s'y blottit comme la première fois et ferma les yeux.
Ils arrivèrent en pleine forêt alors que la nuit était tombée. La marche était un peu longue pour atteindre son logement et elle trébucha à plusieurs reprises tandis que Lirion semblait glisser sur le sol. Une fois arrivée, elle empaqueta ses affaires ainsi que le contenu de son frigo et se rendit compte que même avec l'aide de Lirion, elle ne pourrait pas tout porter.
Elle déballa rapidement ses affaires pour ne prendre que l'essentiel et uniquement ce qui devait être consommé dans la semaine. Elle avait encore dix jours de location, elle passerait avant la fin si besoin.
Elle laissa son téléphone sur place, sachant qu'elle ne capterait rien sur Aldaria et qu'il était déchargé, laissant un mot pour Suzanne sur sa porte pour lui indiquer qu'elle reviendrait dans quelques jours.
Puis, elle sortit de la roulotte à pas de loup.
Lirion l'attendait sur la terrasse et lui prit un sac des bras dès sa sortie.
— J'ai fait un repérage, nous allons près d'une faille, sinon ce sera plus dur de revenir. C'est très fluctuant par ici.
Elle le suivit, et après avoir atteint une clairière, ils se téléportèrent de nouveau.
Ils atterrirent assez loin de la maison de Lirion dans la vallée. Ce dernier s'arrêta plusieurs fois, levant le nez en l'air.
— Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Elara préoccupée.
— Je sens une perturbation proche d'ici. Il faudrait que je m'en occupe. Est-ce que je peux te laisser un moment ? Ça n'a pas l'air de pouvoir attendre.
— Pas de soucis, je vais me poser près du ruisseau, c'est bien dégagé. À tout à l'heure !
Il s'éclipsa en prenant sa forme d'oiseau et s'éloigna à toute allure.
Elara observa la rive et repéra un buisson de « kalan» , un végétal produisant des baies rouges et juteuses comestibles permettant de se réchauffer. Elle en cueillit un certain nombre. Ayant jeûné depuis l'après-midi et considérant que le voyage entre leurs deux mondes n'était pas instantané, elle estimait qu'ils perdaient environ une heure à chaque déplacement.
Se calant contre un arbre, elle vit un petit korrigan aux cheveux ébouriffés se pencher vers elle depuis la branche où il s'était assoupi.
— Rendors-toi, ce n'est rien, j'attends juste Lirion.
Il bailla et s'enroula dans une grande feuille avant de se replonger dans le sommeil. Bientôt, elle n'entendit plus que le souffle de la nuit, le bruissement des feuilles, le doux clapotis du ruisseau, un oiseau nocturne et les ronflements des korrigans, des petits lutin aux oreilles pointues, qui devaient habiter l'arbre sur lequel elle s'appuyait.
Les minutes passaient et toujours aucune trace de Lirion. Elle commençait à fatiguer et se trouva un gros tas de mousse accueillant pour s'allonger et regarder les étoiles. Au bout d'un moment, elle sursauta à cause d'un bruit grave, une sorte de grognement sourd qui faisait vibrer le sol.
Elle vit une dizaine de korrigans bondir de leur arbre et partir en courant en poussant des cris d'effroi. Elle n'eut pas le temps de se lever avant d'entendre un craquement terrible déchirer la nuit. Un tronc d'arbre tomba dans le ruisseau, déchiqueté en deux comme arraché par une tempête, et une créature énorme et hirsute fonça dans sa direction.
Elle se jeta sur le côté pour s'écarter du chemin de la bête, qui continua sa route en fonçant dans un tas de buissons géants qui s'agrippèrent à son corps. La créature poussa un rugissement rageur et Lirion arriva en volant, se rematérialisant à côté d'Elara.
— Va te mettre à l'abri un peu plus haut ! Il est dangereux, lui demanda-t-il essoufflé.
Elle remonta en courant à une trentaine de mètres, se cachant derrière un ensemble de rochers blancs pour observer la scène.
Lirion émit une sorte de sifflement grave qui sembla stopper la créature, puis il se mit à jouer de la flûte, d'abord doucement, puis le son devint de plus en plus rapide, presque violent, et au bout de quelques minutes, la créature s'écroula.
Il s'approcha de l'énorme tête de la bête poilue et sembla lui parler dans l'oreille. La masse de poils sombre trembla de façon effayante, comme agité de spasmes. Il sembla fondre, se rétracter, rétrécir à grande vitesse jusqu'à disparaître dans un buisson tassé sous ses pattes.
Lirion plongea les bras dedans pour attraper la créature, maintenant chétive.
— Elara, tu peux venir ! appella-t-il en se tournant vers elle.
Elle le rejoignit en trottinant, tremblante d'émotions, observant la bête qui n'avait plus rien d'effrayant.
— Qu'est-ce que c'est ? Demanda-t-elle, fixant la créature de la taille d'un petit félin.
— Un chapalu, il a faillit muter malgré la magie stable de la vallée. C'est très préoccupant, répondit Lirion, le regard grave.
— Qu'est-ce que tu vas faire ? Est-ce que c'est un habitant de ta vallée ?
— Il n'est pas d'ici, il faudrait que je l'emporte jusqu'à un poste de garde pour faire un signalement.
Elara réfléchi un instant, consciente de la situation délicate. Lirion hésitait à partir, peut-être à cause d'elle, pourtant la situation l'exigeait, elle le voyait dans l'attitude du Hoper.
— Est-ce que ça poserait un problème que je vienne avec toi ? Demanda-t-elle.
— Tu... Non, ça ne poserait pas de soucis tant que tu restes avec moi, répondit Lirion embarrassé. J'aurai voulu te faire découvrir le royaume autrement et ne pas t'embarquer dans des complications liées à mon rôle de gardien.
— Je suis une grande fille... Je préfère voir la vie réelle d'ici et pas une vision enjolivée à l'abri dans ton territoire.
— C'est vrai, soupira Lirion en se frottant le front, fatigué. Je voulais juste que tu te reposes.
— Tu comptais m'emmener sur d'autres territoires de toute manière. Puis est ce que tu me vois me tourner les pouces en t'attendant ?
Il ne pu s'empêcher un ricanement étouffé en attrapant les sacs d'Elara.
— Tu risquerais de me suivre si je disais non. Allons-y, tes bagages sont déjà prêts, annonça-t-il alors qu'il se dirigeait vers la bordure de son territoire.
Il y a quand même un truc qui me chiffonne un peu. Je ne sens pas vraiment de différence entre les protagonistes masculins, je ne suis peut-être pas attentifs, mais je trouve qu'ils se ressemblent tous un peu trop. A part quelques allusions à la musique, je ne parviens pas vraiment à trouver quelque chose qui me dit "ça, c'est tout Lirion!", je me suis même demandé ce que cela aurait changé si ç'avait été Cirian et Valentina (je pense à lui car il était dans le chapitre précédent) à leur place dans cette scène. Chacun raconte un peu son histoire et parle de sa famille, mais dans leurs caractères, je les trouve un peu trop semblables.
Peut-être est-ce un trope des romances que les hommes soient un peu transparents et que les femmes aient un peu plus de couleur qu'eux...
J'essaye de réintégrer des informations/idées concernant le monde un peu plus en amont de l'histoire et cette scène sera réintégrée dans un chapitre à mi chemin (donc pas en place 25 comme ici). Dans l'idée du projet pour dynamiser l'arc d'Elara et la suppression de Valentina/Ciaran (j'ai un autre projet pour eux).
Concernant les protagonistes masculins, peut-être que tu as raison, ils n'ont pas une personnalité très marquée, il y a des orientations, mais ce sont plutôt les protagonistes féminins qui sont développés. En même temps, tu trouve antipathique le "seul" qui ait un caractère bien différent (Calys) il faut savoir !! XD
Comment faire pour :
1/ qu'il aient un caractère identifiable bien à eux
2/ qu'on respecte le genre romance (romantique ou certains diraient cul cul la praline)
3/ qu'ils ne rentrent pas trop en conflit avec les protagonistes féminins et leur donnent raison. (c'est aussi un biais du style de livre)
Pour répondre à tes autres questions... Je t'avoue que je ne lis pas forcément de romance (bien que travaillant en bibliothèque), les seuls exemples que je vois passer ce sont soit les Harlequin avec des titres du genre "Amoureuse de mon meilleur ennemi", "enceinte de mon patron", "dans les griffes du Sheikh", "Prisonnière du Highlander" ou "Un bébé pour le docteur Connors", soit les romances "modernes" comme After, Captive, 50 nuances de Grey ou d'autres titres en Anglais dans lesquels toutes les filles sont des oies blanches vierges qui détestent avant de succomber au mystérieux jeune homme qui est insupportable, bad boy, ténébreux, violent (il aurait même tué quelqu'un, il parait) mais qui s'avère avoir un coeur tout tendre parce qu'il a été traumatisé dans sa jeunesse. Pour leur donner un caractère bien à eux, je pense que c'est la même chose pour les filles, donne leur un adjectif ou deux et pousse-le à fond! Quitte à en faire une caricature! Beaucoup de gens rechignent à faire cela dans cette ère très féministe où toutes les femmes doivent être parfaites, fortes, indépendantes, sans besoin des hommes, mais à force de faire ce genre de personnages, on en vient à un nouveau stéréotype qui commence à user les gens.
Je suis plus habile avec les filles, alors je te donne un exemple qui me vient à l'esprit là, de but en blanc: une bimbo (un mot), elle arrive dans le monde, il est dégueulasse, elle aime pas la nature, elle vient de marcher dans une crotte de Smourbif et bousiller ses pompes à 2000 balles, elle s'est cassé un ongle, elle veut se changer mais refuse de porter ces horribles tuniques en peau de bête, elle se demande comment elle va recharger son portable... (Bon là, elle a l'air insupportable, mais ensuite, elle évolue pour être plus tolérante et ses connaissances apparemment futiles en mode ou en étiquette peuvent l'amener à côtoyer des gens des hautes sphères et lui faire rencontrer la Reine Dahut plus vite par exemple). Je me souviens que tu avais eu une très bonne idée avec Ciaran qui avait entre autre un tableau de Venise sur son mur, il pourrait être un fan boy de la Terre, y faire des incursions clandestines (car interdites pour lui) régulièrement, en ramener des artefacts "mystérieux" pour lui, que sa compagne lui apprendra à utiliser (un peu comme Ariel dans "La Petite Sirène").
Je pense qu'il ne faut pas négliger les conflits. Je crois que tous tes couples ou presque sont dans le genre "amour au premier regard" que l'un d'entre eux s'engueule pendant la moitié du livre avant que la fille se rendre compte que son compagnon, en fait, sous ses airs bourrus ou charmeurs lourdingues, est attentionné, courageux, bon avec les enfants ou les personnes âgées...
Ce ne sont que des pistes, j'espère que ça t'aidera.
Et maintenant seulement, je vais relire le chapitre!^^
J'aime bien! Le couple Elara - Lirion est plutôt mignon. On apprend de nombreuses choses sur les créatures sans que ce soit, pour moi, trop lourds et quelques informations sur le monde. Il est très bien que tu aies introduit qu'il y avait des événements anormaux qui se produisent dans ce monde, comme tu l'annonçais, en fait.
La seule petite chose à revoir, micro-incohérence, vraiment micro et je ne sais pas si c'est vraiment une incohérence. Quand Lirion propose de se rendre à Avendel, Elara pourrait objecter qu'une fée l'en avait dissuadé à cause du statut ambigu des humains.
Enfin, les fautes, il est toujours bon d'en parler (avec le mot à changer et la bonne orthographe entre parenthèses, dans l'ordre chronologique): trois répétitions de "maison" dans les deux premiers paragraphes, apris (appris), ailles (ailes), dont (don), joueuse (joueuses), cascade liquide (pléonasme?), corpenlence (corpulence), êtaient (étaient), interdit (interdits), eu (eut), proteger (protéger), aviiformes (aviformes), chuchotta (chuchota), grâve (grave), repose (reposes).
Concernant la cité, le sujet est abordé plus tard !
— Tu me rends dingue, chuchotta-t-il contre ses cheveux."