Un choc. Une bombe peut-être ? Mais pourquoi personne ne semblait l’avoir entendue ?
Ça venait d’elle. C’était son cœur qui tambourinait dans sa poitrine, comme s'il voulait briser sa cage thoracique. Keïrah n’entendait plus rien. Le bruit du sang battant dans ses oreilles couvrait tout.
Nash quant à lui, les bras croisés, était de plus en plus tendu. Et si leur aventure s’arrêtait ici ? Comment réagirait-elle si elle apprenait la vérité ? Tout était de sa faute. Il ne pouvait s’en vouloir qu’à lui-même. Si tout tombait en cendre, ça serait de sa faute. Si elle lui en voulait à mort, ça serait de sa faute. Si elle ne voulait plus jamais le revoir, ça serait aussi de sa faute. Le fil de ses pensées fut interrompu quand sa majesté entama son discours.
-Chers citoyens du Royaume. Comme vous avez pu le voir, des affiches ont été placardées dans toute la ville. Elles mettent au prix de dix mille fiens la tête de Keïrah Dairval, une dangereuse Volmaäje. Si jamais vous l’apercevez, ne tentez rien, et appelez directement la garde ou le service des ALR. Faites bien attention à elle, elle est très dangereuse.
La foule poussa des « Oh ! » et des « Ah ! » de surprise. Le cœur de Keïrah se serra. Alors c’était vraiment ce que pensait le peuple d’elle ? Une Volmaäje dangereuse ?
L’homme debout à côté du roi lui murmura quelque chose à l’oreille. Le souverain reprit la parole :
-Je dois aussi vous signaler la disparition inquiétante d’un jeune ALR, le sergent Nash. Ce jeune homme m’est particulièrement cher. Nous espérons le retrouver très vite. Si jamais vous l’avez vu récemment, veuillez nous le signaler !
Keïrah se tourna vers le jeune homme, et le dévisagea.
-Tu connais le roi toi !
Il lui fit signe de se taire.
Voulant le défier, elle planta son regard dans le sien pour bien lui faire comprendre qu’il n’avait pas à lui parler sur ce ton. Mais elle se perdit dans le brun profond de ses yeux, et fut submergée par une vision.
Une fête, dans une grande salle, richement décorée. Un jeune garçon était assis devant un gigantesque gâteau d’anniversaire orné d’un énorme « treize » doré. Entouré d’une multitude d’invités, le jeune homme déballait un par un les nombreux présents qu’on lui avait offert.
Elle bascula dans une autre scène.
Le garçon était maintenant dans une autre pièce, beaucoup trop sombre pour qu’on distingue ce qu’elle contenait. On apercevait juste la silhouette d’un grand homme squelettique à côté de lui.
- Ecoute-moi mon fils, dit l’homme. Aujourd’hui, tu as atteint l’âge de raison. Tu es fin prêt pour que je te révèle mon secret. Mais tu dois me jurer de ne jamais le répéter, sous peine d’être banni de notre famille. M’as-tu bien entendu ?
-Je le jure père, répondit-il dans un souffle.
Alors l’homme s’approcha de lui, et lui murmura dans l’oreille. Le garçon se pétrifia. Il était figé de terreur, de surprise.
Sans un mot, son père repartit, et laissa seul son fils, tétanisé.
-Keïrah, Keïrah, tu m’entends ?
Où était-elle ? Tout lui semblait flou. Qui lui parlait donc ?
-Keïrah ! Réveilles-toi par pitié !
Ah oui, c’est Nash ! Pourquoi était-il si affolé ?
-Nash… chuchota-t-elle.
Elle se rendit compte qu’elle était allongée par terre, entourée par une foule de curieux, qui commençaient à reconnaître son visage. Le jeune ALR était penché sur elle.
-Tu as assez de force pour courir ? lui demanda-t-il.
Keïrah lui fit un clin d’œil. Elle se releva, et dit :
-A trois ! Un…
Des gardes approchaient, alertés par les cris des passants qui l’avaient identifiée.
-Deux…
Ils allaient se faire entourer.
-Trois !
Tous deux s’élancèrent à toute vitesse à travers la foule. Nash était rapide et habile, il se faufilait rapidement entre les gens. Keïrah se remettant à peine de son évanouissement, se fit rapidement distancer.
Malgré tous ses efforts, la jeune fille se retrouva encerclée par cinq gardes. Sentant la détresse monter, Keïrah fit alors quelque chose d’incroyable.
Elle voulut crier de toutes ses forces, mais au lieu de produire du son, une onde dorée sortit de son corps, et propulsa les gardes à l’autre bout de la place. Vidée de ses forces, elle sentit ses jambes céder. Mais des bras vigoureux la rattrapèrent avant qu’elle ne s’écrase par terre.
C’est là qu’elle s’évanouit.