Chapitre 8
Pour être allée plusieurs fois au Chalet, Nora connaissait bien les lieux et ses alentours. Elle conseilla un des parkings en bord du lac qu'elle estimait à deux kilomètres de la propriété. Elle se félicita d'avoir mis un Jean et des baskets. La maison était au sud-est du lac au milieu d'une forêt dense. À l’approche du site, le ciel devenait de plus en plus couvert, ce qui, cumulé à la canicule, ne présageait rien de bon. La météo annonçait des orages localisés et Fred espérait qu’ils passeraient à côté. L'aire de stationnement était bondée mais le Range Rover trouva une place. Fred regarda ce qu'il avait dans son coffre qui pourrait leur être utile. Il trouva une lampe torche, un marteau, des gants et une fusée de détresse. Il mit le tout dans un sac à dos et tous deux s'aventurèrent vers la plage où flemmardaient beaucoup de touristes. Ils avançaient à vive allure, slalomant entre les serviettes. Ils ne savaient pas vraiment combien de temps ils devraient marcher. Nora avait une vague idée de la distance qui les séparait du Chalet, mais elle ne connaissait pas l'itinéraire qu'ils devraient emprunter pour s'y rendre. Fred était vigilant et regardait autour de lui. Il pensait que, si Greg était dans les parages, il pouvait être partout et nulle part à la fois. Il aurait préféré que Nora ne vienne pas, mais il était heureux qu’elle soit là. Après 45 minutes de randonnée, l'accès en bordure du lac devint impraticable et ils durent entrer dans les terres. Ils s’enfoncèrent dans une forêt dense de conifères et de feuillus. Il n'y avait, pour l'instant, pas de sentiers. Leur progression était lente. Les buissons épineux les ralentissaient et leur griffaient la moindre partie du corps non protégée. Le ciel était à présent complètement recouvert d’altostratus. Se doutant que l’inspecteur aurait sûrement pris la route suite à son coup de fil, Fred pensa, qu'à ce rythme-là, Crow arriverait sûrement avant eux. Il trouvait que Nora se débrouillait plutôt bien dans cette jungle verte et hostile. Ils essayaient de ne pas quitter le lac de vue afin de ne pas rater la maison, mais ce n’était pas toujours possible. Nora se demandait ce qu'ils feraient lorsqu'ils arriveraient au niveau du Chalet. Elle finit par poser la question.
“Je ne sais pas”, répondit Fred,
conscient que sa réponse n'avait pas dû rassurer son binôme, il continua :
“Nous examinerons les lieux et déciderons ensuite.”
Cela faisait un bout de temps qu'ils ne voyaient plus le lac et ils s'inquiétèrent. Nora lui rappela que s'ils s'étaient trop éloignés, ils devraient retomber sur le sentier routier. Après une petite heure à pousser et à enjamber les branches, Fred fronça les sourcils en regardant au loin et dit : “bonne nouvelle !”
Effectivement, ils finirent par arriver sur le sentier de terre emprunté par les véhicules. D'après Nora, ce sentier ne pouvait mener qu'au Chalet. C’était un long chemin de terre battue. Leur progression était tellement lente dans cette forêt si dense qu'ils décidèrent de rester sur le chemin. Ils marchaient le plus possible près de la forêt, prêts à s'y jeter et s'y allonger s'ils entendaient un bruit, ce qui fut le cas au bout de quelques minutes de marche. Ils virent un nuage de poussière devant eux. Ils s'allongèrent derrière un rocher coincé entre deux arbres. La voiture passa à vive allure et Nora reconnut la Mazda bleue de son conjoint. Fred en déduisit qu'il quittait la propriété, mais peut-être ne serait-ce que pour une courte durée. Cela leur laissait un peu de temps. Ils laissèrent la Mazda s'éloigner et continuèrent sur le sentier au pas de footing. À l'approche de la maison, ils avancèrent doucement, se cachant tant bien que mal. Ils se demandaient, si, par hasard, Greg pouvait ne pas y être seul. Ils attendirent quelques instants et comme tout était calme, ils se dirigèrent vers la cabane de jardin et y entrèrent. Celle-ci grouillait de vieux outils en tout genre, certainement laissés par les Walker. Fred y trouva une barre à mine qu'il donna à Nora. Elle la prit en espérant ne pas avoir à s'en servir. Lui garda le marteau. Ils se mirent à l'abri derrière la cabane et observèrent l’intérieur de la maison cherchant une présence. La maison avait l’air déserte. Fred fit signe à Nora de le suivre. Ils coururent ensemble vers une petite porte vieillotte, côté lac, qui donnait sur une pièce d'intendance. La porte était fermée à clé.
"Zut !” lâcha Fred qui regarda la chevelure attachée de Nora, y cherchant une éventuelle épingle. Nora vu son regard et comprit ce qu'il furetait.
“Que dirais-tu de ça ?” dit-elle en sortant de sa poche un trombone qu’elle se félicita d’avoir ramassé par terre et glissé dans sa poche par manque de poubelle. Il sourit et dit :
“Je crois que tu es bonne à marier.”
Quelques minutes plus tard, le duo pénétrait dans la maison sans faire le moindre bruit. Apparemment, il n'y avait personne et ils se détendirent un peu, mais Fred gardait en mémoire que l'inspecteur l'avait prévenu de la présence d’un sous-sol dissimulé.
“Je n'ose pas imaginer le savon que va-nous passer Crow quand il va savoir qu'on est entré par effraction”, dit Nora.
– On dira que la porte était ouverte”, dit Fred, tout en restant concentré.
Ils inspectèrent la maison au rez-de-chaussée et à l'étage. Il n'y avait rien d'anormal, tout était en ordre, bien rangé. Fred souhaita rendre compte des événements au commissariat, il saisit le combiné téléphonique lorsqu'ils entendirent la Mazda se garer devant la maison, côté forêt.
Greg descendit de voiture et entra par la porte d'entrée principale, les bras chargés de sacs de courses. Il déposa le tout dans la cuisine et fit un second voyage avec un pack d'eau et un pack de bière. Les intrus l'observèrent depuis l'étage où ils s’étaient réfugiés. Puis Greg se dirigea vers la pièce d'intendance. Fred voulut le suivre et demanda à Nora de rester cachée à l'étage, ce qu'elle accepta d'un signe de tête.
Il entendit un bruit sourd et se demanda ce que trafiquait leur hôte. Il descendit, passa dans la cuisine et se dirigea vers l'intendance. Il ne vit personne. Si Husman était sorti, il aurait forcément entendu la porte. Il soupçonna une porte dissimulée dans cette petite pièce. Pas plus grand que dix mètres carrés, l'espace était encombré de conserves et autres denrées alimentaires, disposées sur des étagères qui faisaient tout le tour de la pièce. Un bruit attira son attention du côté de l'une d'entre elles. Il y colla une oreille et entendit un léger bruit derrière celle-ci. Il remonta à l'étage et chuchota à Nora l'existence d’un supposé passage secret. Un bruit de moteur se fit entendre à l’extérieur et Fred s'approcha de la fenêtre. La pluie commençait à tomber. Il vit Crow arriver en voiture, seul. Il fit la grimace. Il essaya d'attirer son attention avec de grands gestes, mais en vain. L’inspecteur descendit de sa voiture, mit sa veste au-dessus de lui, essayant de se protéger ainsi de la pluie et appuya sur la sonnette. Greg réapparut et ouvrit la porte. L'inspecteur joua un rôle en paraissant surpris :
“Monsieur Husman ? Quelle surprise de vous trouver ici ! Bonjour, je souhaiterais voir monsieur Lewis ?”
Greg, très calme, répondit : “Je suis désolé, Inspecteur, Carl n'est pas là. Il est peut-être chez lui ou chez sa fiancée. En voilà des kilomètres à parcourir pour voir monsieur Lewis ?
– Hé oui, je sais, mais il n’est pas chez lui, et j'avais bon espoir qu'il serait là. C'est un sacrément bel endroit ! Il vous a prêté son Chalet ? Est-ce que Maître Becker est avec vous ?
– Mais c'est un redoutable interrogatoire, inspecteur, n'avez-vous pas mieux à faire que de vous balader et d'embêter les honnêtes gens ? À moins que vous ayez quelque chose à reprocher à monsieur Lewis ?”
– En effet, mais je préférais en discuter directement avec lui. Si vous le voyez, merci de lui dire que je le cherche activement. Grâce à vous, cela m'évitera de refaire la route, surtout par un temps pareil. Au revoir, monsieur Husman, et bon week-end."
L’inspecteur repartit comme il était venu. Fred et Nora se détendirent. Greg regarda l’inspecteur s’éloigner, les essuie-glaces balayant les gouttes de pluie de plus en plus grosses et tombant de plus en plus fort. Il réfléchit. L'intervention de Crow le laissait perplexe. Il sortit un disque de sa pochette et la posa sur la platine. Il affectionnait l'opéra et écouta “La Flûte enchantée”. Il était transporté par la musique, affichant sur son visage un air triomphant, pensant que Mozart et lui étaient deux des plus grands génies de tous les temps.
Crow se dirigea vers le parking le plus proche du Chalet. Il se gara et attendit dans sa voiture. La pluie tombait de plus en plus fort, le temps tournait à l’orage. L’inspecteur observait les badauds pressés de rejoindre leur véhicule, les bras chargés de leurs affaires de plage. Il soupirait, se félicitant de ne jamais se retrouver dans une telle situation. Il pensait que les êtres humains étaient tous pareils, qu’ils étaient tous attirés par les mêmes choses au même moment. Pas lui. Il n’aimait généralement rien de ce qu’aime les gens et s'imaginait que cela était la cause probable de son éternel célibat. Malgré l’heure tardive de la journée et le temps qui tournait à l’orage, crow constatait que le lac était encore très fréquenté. Celui-ci fourmillait de voiliers, de canoës, de pédalos et de nageurs qui s’activaient pour se protéger du mauvais temps. Il regardait autour de lui et ne pouvait s’empêcher de trouver cet endroit si beau le reste de l’année, pathétique en cette saison. Il se tourna sur sa gauche, de façon à ce que son champ de vision ne capte que l'entrée de la forêt, laissant apparaître les sommets des montagnes. Puis ses pensées se recadrèrent sur son affaire en cours. "Où sont-ils ?" Se demandait-il en pensant à Fred et Nora. Il aperçut un 4x4 qu’il identifia comme celui de Fred, mais sans certitude. De son véhicule, il appela le commissariat par radio, donna sa position et demanda confirmation de l’identité du propriétaire du Range Rover. Quinze minutes plus tard, sa confirmation tomba. Il en déduisit que le duo s’était garé là et avait continué à pied. Étaient-ils dans la maison lorsqu’il a rendu sa petite visite à Greg ? Il se reprocha de n’avoir pas été plus vigilant. Peut-être était-il passé à côté de quelque chose ? Il se concentra à nouveau sur le moment présent et réfléchit. Partir sur les traces de Fred et Nora le tentait, mais la communication avec les patrouilles deviendrait alors impossible. Il rappela le commissariat : “combien de voitures sont parties pour le lac ?
– Trois, inspecteur, il y a quinze minutes”, répondit l'agent de police.
Crow lança un appel radio aux voitures de patrouille leur ordonnant de se garer sur le parking et d’attendre ses prochaines instructions. Il leur expliqua la situation, les prévint qu’il se rendait au Chalet et leur demandait de se tenir à l’écoute de leur radio.
Crow sortit de sa voiture et la ferma. Un véhicule arrivait près de lui. Remarquant un homme seul, il le stoppa et le réquisitionna. Il se fit déposer sur le sentier suffisamment loin de la maison pour ne pas être repéré et continua à pied. Il observa le ciel et identifia un cumulonimbus en formation. Il grimaça pensant que l’orage à venir pourrait être violent.
Fred et Nora surveillaient les faits et gestes de Greg. La pluie battante et le volume élevé de la musique ne permettaient plus de le repérer au bruit mais Fred tira profit de cet avantage et changea de planque. Il entraîna sa complice dans une des chambres. "Espérons que Greg n'ait rien à faire dans cette pièce", dit-il à voix basse. Il s’assit dans un coin attirant Nora près de lui. Elle se laissa guider. Il lui prit la main et ils restèrent blottis l’un contre l’autre. La nuit n'allait pas tarder à tomber et il espérait que Greg irait se coucher tôt. Le bruit de la pluie sur la toiture, mélangé à la musique dans ce lieu atypique, créait une ambiance étrange. Le visage du jeune homme se tenait au-dessus de la chevelure de Nora. Il sentait et respirait son odeur. Il culpabilisait de se sentir aussi bien dans ce moment où sa vie et celle de la femme qu’il aimait étaient en danger. Il savoura furtivement cet instant et reprit sa concentration, se demandant où en était l'inspecteur. Ils attendirent en silence, puis la musique cessa. Fred s’approcha au plus près, prêta l’oreille et entendit la porte de l’intendance s’ouvrir. Il regarda par la fenêtre. La pluie avait cessé mais le ciel n’en restait pas moins menaçant. Il vit Greg s’avancer sur le ponton et retirer une des housses protectrices des fauteuils. Ce dernier s’y installa, sentant le vent fraîchir et observant le majestueux cumulonimbus qui se tenait juste devant lui. La canicule et la pluie créaient un climat tropical que l'Angleterre ne connaissait pas. Fred entraîna Nora vers le bas et lui demanda de surveiller Greg. Pendant ce temps, il tenta de trouver comment actionner l'étagère qui ouvrirait le passage secret. Il tirait et appuyait sur ce qu’il estimait être une possibilité, mais rien ne fonctionnait. N'ayant plus d'idée, il demanda à Nora si elle n’en aurait pas une. Nora réfléchit et, tout en fixant Greg par la fenêtre, proposa : “Pousse fort l’étagère et relâche d’un coup.”
Fred s’exécuta. Celle-ci fit un déclic et s’entrouvrit. Il la fit pivoter comme une porte, et un passage s’ouvrit sur un escalier. Nora le rejoignit et ils descendirent ensemble, tirant derrière eux l’étagère qui se referma toute seule.
Crow avait atteint la cabane de jardin et observait Greg, assit dans le fauteuil en bois, se prélassant sur le ponton. Ce dernier se leva, retourna dans la maison, monta dans sa chambre et ferma la porte. Crow le suivit de loin et tenta d’entrer, mais la porte était fermée à clé. Il tenta d'autres ouvertures, mais en vain. Malgré la pluie, il trouva cela bizarre que toutes les fenêtres soient complètement closes par cette chaleur. Il fit le tour de la maison dans l’espoir d'apercevoir ou de rencontrer ses amis.
Nora et Fred descendirent prudemment les escaliers. Ils arrivèrent sur une vraie salle de contrôle. Un grand bureau occupait la largeur de la pièce où étaient posés six écrans, ressemblant étrangement à de petits téléviseurs, et autant de claviers. De cet emplacement, on pouvait voir ce qu’il se passait dehors et dans chaque pièce de la maison. Une pièce attenante donnait sur une cage à taille humaine. Une sorte de cellule qui était composée d’un lit, d’un bureau, d’un coin salle de bain et d’un coin salon. Le tout aménagé dans le même style que l'appartement de Fred qui sentit son sang se glacer. Devant la cage était disposé un fauteuil club en cuir et derrière celui-ci, un local doté d’une grille en fer forgé donnait un côté oriental à ce lieu peu probable. Ils continuèrent leur visite. Nora aperçut une dernière porte qu’elle ouvrit. Effrayée, elle se recula et poussa un cri. Greg se trouvait face à elle un fusil mitrailleur dans les mains : “Et bien, ma chérie, tu n’es pas contente de me voir ?”
La jeune femme, complètement tétanisée, restait muette. Il lui prit la barre de fer et la jeta derrière lui. Il en fit de même avec le marteau que lui donna Fred et referma la porte.
Sans attendre de réponse, il continua : “vous pensiez que je ne me rendrais pas compte de votre présence, peut-être ?”
Il s’approcha de Fred et suggéra : “Dans ce cas, il ne faut pas laisser les portes ouvertes… Eh oui, mon ami. Maintenant, tu sauras que je ferme toujours mes portes à clé, que je sois à l’intérieur ou à l’extérieur. C’est une règle d’or."
Il élabora un large sourire et continua : “Mais, je suis content de vous voir. Nous voilà réunis comme au bon vieux temps. Évidemment, il manque ce bon vieux Georges… et cette bonne Martine !
– Martine ?” demanda Nora du bout des lèvres.
Greg prit un ton ironique, s'adressant tantôt à Nora, tantôt à Fred : “Martine, Martine, Martine. Quelle conne celle-là ! À chaque fois que je la voyais, j'avais envie de vomir. Toujours à suivre sa bonne copine comme une cruche. Son regard m’éclaboussait de merde. Fallait vraiment que j'aie besoin de toi pour supporter cette truie”, dit-il en regardant Nora sur ces derniers mots. La jeune femme restait figée, le regard blême, ne reconnaissant pas en ce démon, l’homme qu’elle pensait aimer.
Il s'adressa froidement à Fred : “Rentre dans la cellule !”
Fred s’exécuta et la porte se referma sur lui. Le geôlier força Nora à entrer dans le local servant de débarras situé en face de la cage. Fred l'entendit crier. Greg referma la porte et revint vers Slater, souriant et précisant que Nora avait dû retrouver Carl et Martine. Vu le cri de terreur qu’elle avait poussé, Slater craignait de comprendre la triste situation.
“Qu’est-ce que tu veux ?” dit froidement Fred.
Husman mit son fusil en bandoulière et s’assit dans le fauteuil Club. Il répondit d’une voix tranquille : “Que tu sois mon ami, Fred, c'est tout ce que j'ai toujours voulu.”
Il marqua un court silence et son visage se referma : “Mais avant, tu dois payer pour ce que tu m'as fait.”
– Tu sais que je ne t’ai pas enfermé dans la ruine.
– Oui, je sais, mais l’important c’est que les autres le croient. Tu m’as pourri la vie. Dès que je t’ai vu, je savais que tu me pourrirais l’existence, comme mon père.
– Il y a eu enquête et tout le monde sait que personne n'a fermé la porte. Le vent l'a certainement poussée et le loquet est tombé tout seul. Cette vieille bâtisse tombait en ruine. Tu as paniqué, ce qui t'a empêché de voir qu'il y avait une autre sortie par un des volets.”
Greg se sentit rabaissé et humilié, mais Fred continua, essayant de garder la main : “Comment est mort ton père Greg ?”
Celui-ci sentit la colère monter : “Mon père n'a eu que ce qu'il méritait. Il frappait ma mère et ne faisait que nous donner des ordres. Il n'avait rien d'un père. Je nous ai délivrés, ma mère et moi.
– Et la petite Emilie ?"
Greg, furieux, se redressa sur le bord du fauteuil : “Quoi la petite Emilie ?
– C'est toi qui as saboté la voiture, affirma Fred tout en restant calme.
– D'où tiens-tu ça ?
– Nous sommes au courant de tout, Greg, l'accident des Walker et la transaction de la maison."
Greg retrouva son calme et se réinstalla confortablement dans le fauteuil : “Et qu'est-ce que tu veux que cela me fasse, que tu sois au courant de tout ? Je crois qu'il est temps de laisser le passé derrière nous. Occupons-nous du présent et il va falloir que tu paies !
– OK, et comment veux-tu que je paie ? Pourquoi ne m'as-tu pas tué ?
– Je ne veux pas que tu meures. J'ai besoin de toi vivant. Je voulais que tu goûtes à l’enfermement, mais ma chère et tendre salope, sa copine et cet idiot de Carl ont tout fait foirés avec ce foutu week-end que je n'avais pas prévu. Je n'en ai eu connaissance que le lundi. Et c'est à cause de ces retrouvailles que la police me relie à toi maintenant”, dit-il, souriant et tout puissant.
Il retourna son regard, plein de haine, vers Nora qui écoutait et se tenait près de la grille. Il ajouta : “Et moi qui croyais que tu m’aimais ma chérie, tu ne vaux pas mieux que les autres.”
Il se retourna vers Fred : “Je voulais que tu ailles en taule et que tu souffres autant que j'ai souffert. En prison, tu aurais accepté d’être mon ami. Il n’y aurait eu que moi pour te rendre visite. Je t’aurai montré comment je pouvais être un vrai ami en te faisant innocenter et sortir de prison. Tu m’aurais été redevable jusqu’à la fin de tes jours. Après, à ta sortie, je t'aurai accueilli ici. Tu vois, j'avais tout organisé, mais apparemment, tu n'iras pas en taule... et bien je t'enfermerai ici dès maintenant.
– Comment as-tu tué Georges ?”
Greg raconta qu'il lui avait tendu un piège en le contactant le dimanche en fin de journée, répondant à une petite annonce sur le journal local. Il précisa : “Il voulait vendre sa voiture, l'imbécile ! Je lui ai donné rendez-vous sur le parking le moins fréquenté du Parc. C'était trop bien ! Tu sais qu'il ne m'a pas reconnu ! J'avais un peu changé ma voix, mis une perruque et une fausse barbe. Je lui ai fait croire que j'étais intéressé par sa vieille caisse, il était super content ! Je l'ai assommé et hop ! dans mon coffre. Sa voiture doit toujours être là-bas. J'ai attendu qu'il soit tard et je suis allé chez toi. J'ai vérifié que tu dormais à poings fermés grâce à ma petite mixture injectée dans ta bouteille d'eau. Tes foutues habitudes Fred ! J’étais sûr que tu boirais de l'eau avant de dormir, tu es réglé comme du papier à musique. Lorsque ton pote est revenu à lui, il était franchement pénible ! Je lui ai dit que s'il ne se tenait pas tranquille, je te tuerais. C'est qu'il m'a cru, l'idiot ! Je l'ai poignardé chez toi et je suis parti.”
En racontant ces événements, Greg les revivait, ce qui l’excitait. Fred avait mal au cœur, mais gardait néanmoins la tête froide : “Mais pourquoi avoir tué Olivia, Carl et Martine ? Pourquoi ?”
L'assassin dit d'un ton détaché et nonchalant : « Tu sais, Martine me saoulait, toujours à jacasser et à rire bêtement. Pour Carl, je devais récupérer le Chalet, il me le léguait à sa mort, bien sûr. C'était quand même moi qui l'avais acheté en fait. Sa banque lui avait fait un prêt dont j'étais le garant. Ce pauvre Carl, une maison comme ça à ce prix là, il ne s'est pas posé de questions, c’est à se demander s’il ne l’a pas un peu cherché ! Toi, tu aurais tout de suite vu qu’il y avait un loup... Quant à Olivia, qu'elle soit morte n'a aucune importance. Il me fallait juste ta clé mais elle pouvait m'identifier, elle n'avait plus de rôle à jouer dans notre histoire. Je pourrais répondre à d'autres questions plus tard, nous avons tout le temps maintenant, mais à présent, je dois aller terminer deux ou trois choses.
– Quelles choses ? s'empressa Fred.
– Ne te soucie pas de ça !
– Tu vois Greg, c’est pour ça que l’on ne pourra jamais être amis … les amis se disent les choses !”
Greg s'avança suffisamment prêt, tout en restant suffisamment loin pour ne pas risquer de se faire agresser, et chuchota :
“Je vais tuer Nora et me débarrasser des corps ... dans le lac, je pense ... elle est pas géniale cette baraque !?”
Fred répondit sur le même ton, en chuchotant : “Non, mon ami, ne fais pas ça. Je me rends compte à présent combien ta souffrance a dû être grande. Je regrette de ne pas m’en être aperçu plus tôt. Nous aurions alors pu être amis et toutes ses vies auraient été épargnées.
– Je suis heureux de te l’entendre dire … mais nous allons tout recommencer maintenant, répondit Greg calmement.
– Tu as déjà beaucoup tué pour moi … Je vais le faire.”
Greg regardait Fred dans les yeux, d’un air interrogateur. Ce dernier craint alors que sa ruse ne fonctionne pas. Husman finit par dire : “Tu n’y arriveras pas, tu es amoureux d’elle.
– Justement, je tiens à le faire moi-même. Ce sera comme si je lui disais adieu, confia Fred à voix basse, mais après, plus de meurtres d’accord ?
– On verra … .”
Du bruit se fit entendre au rez-de-chaussée et Greg se tut. Il se demanda ce que c’était et partit sur le champ vers l'intendance, son fusil mitrailleur en bandoulière, sans plus s’occuper de Fred.
L’inspecteur se trouvait à présent dans le salon. Après avoir constaté que toutes les issues du rez-de-chaussée étaient verrouillées, il observa les fenêtres de l’étage et les façades. Le bardage en bois lisse de celles-ci ne lui laissait aucun espoir. Mais, côté plage, une vigne vierge grimpant sur un treillis redonna son optimisme au persévérant Sherlock des temps modernes. D’en bas, il ne voyait pas si la fenêtre était entrouverte ou non, mais il fallait essayer. Il commença son ascension en s’assurant trois points d’accroches. C’est tout du moins ce dont il se souvenait d’un stage de découverte en escalade qu’il avait eu l’occasion de pratiquer lors de sa 3e année de collège. Crow remercia le vieux rampant pour ses gros bois, qui, comme en escalade, permettaient une pointe efficace, malgré la pluie qui les avait rendus glissants. Celle-ci reprit de plus belle et le temps de parcourir les trois mètres restants, l’inspecteur arriva au niveau de la fenêtre, trempé. Il fut ravi de voir qu’elle était bien entrouverte. Il la souleva et s’engouffra dans une chambre. Il sortit son Smith et Wesson de son étui d’épaule, et avança doucement en restant sur ses gardes. Il visita les deux autres chambres de l’étage et la salle de bain. Progressant dans l’escalier, il découvrit la pièce à vivre particulièrement calme. Il se demandait où pouvait bien être son occupant. Cette maison vide ne lui disait rien de bon. Connaissant la présence de pièces cachées au sous-sol mais n’ayant aucune idée de comment les rejoindre, il décida d’attirer son hôte à lui. Il poussa une colonne en bois sur laquelle reposait un gros vase en porcelaine. Celui-ci explosa sur le sol avec fracas. Il se cacha du mieux qu’il put, ne sachant pas d’où pourrait bien arriver son agresseur. Il choisit de se positionner derrière le divan, se tenant face aux côtés dégagés prêt à tirer. Quelques longues secondes s’écoulèrent avant qu’il ne perçoive un bruit sourd venant du côté de la cuisine. Il pensa que le canapé devrait bien le camoufler. Il entendit des pas allant dans sa direction. Il sortit de sa cachette surprenant Greg et le visant de son revolver : “Plus un geste Husman ! Pose ton arme au sol !”
Greg, surpris, s’arrêta. Il sourit, ne tenant pas compte de l’ordre de Crow : “Inspecteur ! … Avez-vous trouvé Carl ?
– Ça suffit Husman, pose ton arme très lentement. Au moindre geste suspect, je te descends.”
Greg s’exécuta sans perdre son sourire provocateur. Tout en retirant la bandoulière de son fusil mitrailleur, il dit : “Voilà … voilà … inspecteur … ne vous énervez pas. Si vous me trouvez avec une arme, c’est que j’ai eu peur lorsque j’ai entendu du bruit. Je vous signale que vous êtes entré par effraction.
– Ferme-la. Pose ton arme et pousse-la vers moi.”
Greg opérait avec tranquillité. Il répondit en parlant très lentement : “Bien sûr … vous savez bien que je ne vais pas vous tirer dessus, inspecteur.”
Il tenait à présent son arme à la main et se baissait pour la poser au sol, lorsqu’il bondit violemment sur Crow qui ne vit rien venir, se prenant la crosse du fusil dans la mâchoire. L’inspecteur fut projeté au sol et en perdit son revolver qui glissa sous le divan. Husman lui assena encore un coup au niveau du haut du dos et courut vers la porte-fenêtre, son arme à la main. Des éclairs illuminaient le lac et le tonnerre commençait à gronder.
Pendant ce temps, Fred appela Nora qui s'était éloignée de la porte. Il regardait autour de lui, cherchant une idée pour s'évader lorsqu'il vit la jeune femme sortir du local d'où elle était enfermée. Fred la regardait d'un air surpris et interrogateur. Elle se précipita vers la porte de la cellule lui montrant un trousseau de clés.
“Les clés de Carl”, dit-elle.
Fred mit un temps avant de réaliser que Carl avait un passe-partout sur son trousseau de clés. Il se souvint d'un jour, au travail, où son collègue et lui se rendirent à l'autre bout des locaux de l'entreprise. Fred n'avait pas pris sa veste et lorsqu'ils s'étaient retrouvés devant la porte d’un des bureaux, il se rendit compte qu'il n'avait pas ses clés et qu'il devait retourner les récupérer, devant parcourir à nouveau les interminables couloirs de "mecaWorld".
"Quand on n’a pas de tête, on a des jambes !" avait-il râlé en repartant. Carl l’avait arrêté et lui avait dit en sortant son trousseau de clés de sa poche et en rigolant : "… ou un passe !"
Il avait ouvert la porte sans problème et Fred s'était demandé s'il devait en être content ou s'il devait s'inquiéter de savoir un membre du personnel avec un passe-partout aller et venir comme bon lui semble au sein de l'entreprise. Ce dernier lui avait expliqué qu'il souffrait d'une claustrophobie sérieuse et que d'avoir ce passe-partout sur son trousseau le rassurait. Il vérifiait d’ailleurs régulièrement que celui-ci soit bien, à sa place, sur son porte-clé. Nora était informée de ce détail par Martine qui avait de temps en temps de petites anecdotes à raconter à sa meilleure amie au sujet de son conjoint et de son inséparable clé miracle.
Fred lui résuma la conversation qu'il venait d'avoir avec Greg, mais celle-ci, n'en avait pas raté une miette. Ils avaient eu beau chuchoter, elle en avait suffisamment entendu pour faire ses propres déductions. Il lui fit promettre qu'une fois dehors, elle devrait courir ou prendre la barque pour fuir et se mettre en sécurité. Pendant que Fred parlait, elle cherchait le passe sur le trousseau de clés, mais elle ne le reconnaissait pas. Elle râlait après elle-même de ne pas l'avoir gardé en main. Ils firent silence, tous deux concentrés sur ce trousseau de clés dont leur vie dépendait. Fred le prit et, maladroitement, essaya une clé qui ne fonctionna pas, une deuxième non plus, une troisième non plus … puis une sixième entra dans le trou de serrure en douceur. Fred retint sa respiration et tourna la clé, ouvrit la porte et s’esquiva. Ils coururent vers la sortie du sous-sol. La porte-étagère était ouverte et Fred aperçut Greg qui fuyait vers la porte-fenêtre. Crow était au sol et, le temps qu'il se relève, le fuyard avait ouvert la baie vitrée et courait vers le lac. Malgré la pluie, les éclairs et le tonnerre qui faisaient rage, les deux hommes s'élancèrent à sa poursuite. Le fugitif s'engagea sur le ponton. La barque qui se trouvait au bout de la plate-forme était juste amarrée par un bout enlaçant un des poteaux en bois qui servait de structure. Dans son élan, Greg jeta son fusil dans l’embarcation mais il la rata. Il retira le bout rapidement et sauta. Son élan entraîna le canot et l’éloigna ainsi du ponton sous les yeux de Crow qui s’arrêta. Mais Fred, courant du plus vite qu’il put, prit de la vitesse et réussit à bondir dans la barque, bousculant Greg et les faisant tomber tous deux à l’intérieur de celle-ci. L’embarcation se mit à gigoter de gauche à droite. Ils se relevèrent et entreprirent des échanges de coups de poing qui faisaient tanguer à nouveau le bateau et rendaient l’équilibre difficile. Fred eut le dessus. Il frappa, frappa tellement, que Greg ne réagissait plus. Il cessa complètement essoufflé. Il s'assit sur la planche transversale qui faisait office de siège et observa l'homme inerte et ensanglanté. Il reprit son souffle. Nora et Crow observaient la scène du bord du ponton. Fred les regarda en prenant plusieurs grandes inspirations. Il vit Nora affolée et s'en suivit une douleur dans sa cuisse gauche. Il aperçut Greg cramponné à un petit couteau qu'il enfonçait de toutes ses forces dans sa chair. Il se leva brusquement et fit chavirer le navire. Les deux corps se débattirent et s'enfoncèrent dans les profondeurs du lac. Crow se jeta à l’eau et nagea le plus rapidement possible en direction de Slater. Il plongea et crut l'apercevoir s'enliser dans les herbes sous-marines. Il remonta à la surface, reprit une bonne inspiration et plongea à nouveau. La visibilité était inexistante et Crow cherchait à tâtons. Ses mains heurtèrent soudain le corps. Il le serra et le remonta. L’opération dura plusieurs minutes et Fred était inconscient. Il le positionna sur le dos et le remorqua jusqu'à la plage où il l'allongea. Nora, les larmes aux yeux, le suppliait de vivre, pendant que l'inspecteur effectuait un massage cardiaque. Après quelques secondes, Fred toussa et cracha l'eau du lac. Les deux sauveteurs se regardèrent et rirent nerveusement. Nora mit la tête de Fred sur ses genoux et lui caressa le visage. L’inspecteur partit à la recherche d'Husman. Depuis le bout du ponton, il regardait l'eau guettant le moindre mouvement, la moindre bulle mais rien. Il se demanda combien de temps il avait pu se passer entre le moment où il plongea pour sauver Fred et maintenant, mais il ne savait pas. Cinq minutes, dix minutes ou quinze minutes ... il n'en avait aucune idée. Pendant que Slater retrouvait ses esprits et se remettait sur pieds, il observait le lac mais il ne vit rien. Il appela le commissariat qui se chargea de joindre les voitures de police en attente sur le parking du lac.
Le temps que Fred remercie l'inspecteur pour ses talents de sauveteur et qu'il prenne Nora dans ses bras, les lieux étaient encerclés par les véhicules de police, sirènes hurlantes. Les investigations commencèrent aussitôt. Malgré le cumulonimbus qui déversait toute sa violence, des vedettes battaient le lac et ses bordures à la recherche du fugitif. Une ambulance vint récupérer Fred qui reçut les premiers soins puis il fut emmené à l’hôpital de Manchester. Nora l'accompagna. Sa blessure nécessita quelques points de suture. La jeune avocate fut examinée aussi. Lorsque la voiture de police les raccompagna chez Fred, il était 4h du matin. Ils s'allongèrent sur le lit et s'endormirent aussitôt.
Nora se leva vers neuf heures, sous un beau ciel bleu. Elle prit une douche et partit au commissariat, laissant Fred dormir à poings fermés. Une voiture de police l'attendait en bas de l'immeuble. Elle et Slater étaient sous surveillance tant que le corps du meurtrier n'était pas retrouvé.
Crow était déjà là, semblant plus fatigué que jamais.
“Nuit blanche ?” lui demanda-t-elle.
L'inspecteur fit un signe positif de la tête.
Nora s'enquit sans attendre : “Vous l'avez retrouvé ?
– Négatif”, dit Crow sans cacher sa déception. Il continua : “Des plongeurs ont démarré les recherches dès le lever du jour, mais rien pour l'instant.
– Vous pensez qu’il peut être vivant?"
Crow redoutait cette question. Il respira et dit :
“Il était bien amoché lorsqu'il est tombé. Les herbes sous-marines peuvent s’avérer être des pièges redoutables pour un homme blessé. Il serait alors très difficile de retrouver le corps si celui-ci y restait coincé à quelques mètres de profondeur.
– Il faudra peut-être vivre avec ça !”
Nora fit sa déposition, lui racontant tous les événements dans les moindres détails.
Fred passa la récupérer en fin de matinée et ils allèrent s'installer à la terrasse d'une petite brasserie où Fred avait ses habitudes. Comme tous les endroits qu’il choisissait, la décoration de ce bar-restaurant était sobre et épurée, agrémentée de plantes vertes, certaines rampantes, d’autres retombantes ou encore grimpantes, qui donnaient à cet endroit un effet luxuriant. Fred convia Nora dans un espace privilégié, où elle crut se retrouver au beau milieu d’une charmante petite jungle. Seule une table en fer forgé pour deux personnes, posée sur un sol de pierre naturelle, s’y trouvait installée, rendant la vue sur les autres clients quasiment inexistante. Elle était sous le charme. Ils commandèrent et à peine le serveur parti, Fred prit les mains de Nora qui était assise en face de lui. Il la fixa d'un air sérieux sans dire un mot. Leurs mains entremêlées se caressèrent légèrement. Nora s'interrogeait sur la signification de ce regard persistant. L'échange lui paraissait long et peu habituel. Fred restait grave, ses yeux profondément ancré dans ceux de sa belle, lui tenant toujours les mains. Elle restait silencieuse, soutenant son regard, en y cherchant une signification. Soudain, son expression changea, elle passa de la surprise et de l'interrogation à la compréhension et à l'acceptation. Elle venait de comprendre le message de son prétendant. Un léger sourire naquit sur son visage. Fred sourit aussi. Il lui embrassa doucement et tranquillement le dessus des mains, puis ils se lâchèrent lorsque le serveur apporta leur consommation.
Nora sourit et dit : “Je t'aime et j’aime cet endroit.”
Fred était heureux, il leva son verre : “À cet endroit que je décrète à présent “notre endroit”, je te propose que nous le baptisions “Au doigt et à l’œil !”
Ils dégustèrent leur cocktail dans la bonne humeur et Fred se leva : “Je file au commissariat faire ma déposition.”
Tout en parlant, il mit sur la table un jeu de clés de chez lui, déposa un tendre baiser sur les lèvres de celle qu’il aimait depuis toujours et partit.
Il arriva au commissariat et fit sa déposition. Lui aussi, comme sa bien-aimée, s'enquit immédiatement des nouvelles concernant Husman, mais il n'y avait rien de nouveau. Crow lui tendit sa déposition pour la signature :
“Je sais que ce n'est pas très agréable, mais pour l'instant, vous resterez tous les deux sous escorte. Le domicile de Nora est aussi sous surveillance depuis cette nuit. Soyez prudent !
– Nora va emménager chez moi. On va passer prendre des affaires chez elle tout à l'heure”, précisa Fred.
Crow sourit et ironisa : “Comment cela se fait-il que je ne sois pas surpris !”
Puis il se leva et lui tendit la main : “Salut Fred.”
Fred lui rendit sa poignée de main et se dirigea vers la porte. Il l'ouvrit et se retourna : “C'est quoi votre prénom Crow ?
– Franck.
– Alors, salut Franck.”
Hâte de lire la suite.
A.B C