Le duo se rendit en ville dans l’heure qui suivit. Lucien laissa sa fille près de son bureau. Elle lui promit de rentrer ce soir pour le diner. Ils étaient invités à la réception d’un riche industriel. Encore un piège à mariage pour jeunes gens célibataires.
Dans un souci d’efficacité, Thomassine préparait son costume afin de pouvoir se changer de façon rapide et optimale avant de rentrer chez elle. En deux temps trois mouvements, la jeune fille laissa place à son alter ego masculin. Celui-ci se dirigea d’un pas décidé vers le Musée du Louvre.
La police essayait d’éloigner les badauds qui se ruaient aux abords après avoir lu les quotidiens du matin. Le jeune enquêteur se fraya un chemin parmi la foule pour arriver jusqu’à un policier.
— Bonjour, Thomas Le Forban, détective privé. Je souhaite me rendre sur les lieux pour une investigation.
L’agent le dévisagea de travers, mais il soutient son regard. Devant son manque de réaction, il lui présenta sa carte. L’homme en uniforme le parcourut d’un œil distrait.
— Jamais entendu parler de vous. Circulez, s’il vous plait.
— Normal, je débute. Laissez-moi passer, j’ai des informations pour l’inspecteur. Je pense savoir comment ils ont pénétré dans le bâtiment sans faire le moindre bruit.
— Tout le monde le sait, c’est le fantôme ! Belphégor qui a fait le coup ! Les signes sur le mur sont sataniques, s’exclama un passant à côté de lui.
Thomas se retient de rire. Le diable ? Allons, nous étions au XXe siècle quand même…
— Je veux voir le responsable de cette enquête, s’énerva le jeune homme.
— Monsieur, si nous laissions passer tous les « détectives » en culotte courte qui se présentaient, nous serions submergés ! Allez déguerpissez avant que je ne vous arrête pour trouble à l’ordre public.
Poings serrés, Thomas dû rebrousser chemin… du moins en apparence. Le Louvre comprenait plusieurs accès. Il serait plus facile de pénétrer par une que la foule n’assiégeait pas. Comme prévu, il n’eut aucun mal à entrer dans l’édifice après avoir présenter sa carte de façon autoritaire à un officier posté devant une entrée isolée.
Le détective aurait bien pris le temps de profiter d’une visite gratuite et dégagée des touristes, mais il avait à faire. Le Louvre déserté de ses visiteurs faisait peser une ambiance anxiogène sur le nouveau venu. Un immense palais vide rempli d’œuvres silencieuses qui vous dévisageaient. Le réalisme de certaines d’entre elles donnaient des frissons. A plusieurs reprise, Thomas cru que les globes oculaires des personnages le suivaient.
Il parcourut plusieurs salles avant de trouver le lieu de l’exaction. Dans une antichambre, les directeurs du musée et celui des collections, discutaient avec un homme ventru. Son insigne attaché à sa veste indiquait son grade d’inspecteur.
— Êtes-vous vraiment sûr, messieurs, que rien n’a été volé ? demanda celui-ci.
— Oui ! répondirent les deux gestionnaires en chœur, visiblement exaspérés par la question.
— Il ne maque rien, j’ai tout vérifié moi-même ! reprit le responsable des collections.
— Donc il ne s’agit que d’un acte de vandalisme, ce n’est pas la première fois. Pas de quoi s’alarmer donc.
— Que d’un acte de vandalisme, Monsieur ! Que d’un acte de vandalisme ! S’insurgea l’autre administrateur du musée. Non Monsieur ! C’est la vengeance du fantôme !
Alors que l’inspecteur pouffa de rire, Thomas en profita pour les interpeler.
— Entre le Louvre et l’Opéra, ça fait beaucoup de fantômes !
Les trois hommes se tournèrent vers lui avec étonnement.
— Ma parole, on entre comme dans un moulin ici ! Qui êtes-vous, Monsieur ? Je vais vous demander de quitter les lieux.
— Détective Thomas Le Forban, j’enquête sur les événements de l’Opéra, et je pense que les deux affaires sont liées.
Le commissaire le toisa avec mépris.
— Jeune homme, il n’y a aucun lien entre un attentat anarchiste et l’acte de vandalisme de ce musée.
Thomas ne prêtait pas d’attention à ses paroles, son attention se focalisait sur les symboles étranges défigurant les œuvres.
— En tout cas, messieurs les directeurs, je ne vous félicite pas ! Même les petits peignes-culs pénètrent dans votre musée alors qu’il est fermé ! Il ne faut pas s’étonner de ce qu’il vient de se passer. Comme il n’y a aucune trace d’effraction nulle part, le coupable est sûrement parmi le personnel. Qui possède les clés du bâtiment ?
De toute évidence, l’inspecteur voulait en finir vite avec cette affaire.
— Nous-mêmes, les responsables de la sécurité et de l’entretien. Mais aucun d’eux n’a pu faire ça ! Nos employés aiment le musée !
— C’est le fantôme !
— Faites venir ceux qui étaient de service ce soir-là. Je vais les interroger, reprit l’inspecteur agacé par ces histoires d’ectoplasmes. Et vous le blanc-bec ! Dégagez d’ici !
Pendant que le policier proférait des remontrances aux directeurs, Thomas en avait profité pour s’approcher des œuvres dégradées et chercher des indices autour. Les graffitis peints de différentes couleurs ne représentaient rien de cohérent. Des courbes, des cercles et des points dessinés de façon anarchique.
Trois accès menaient à cette pièce : par la droite, la gauche ou en face. La peinture avait dégouliné une fois que les symboles avaient été tracés. Thomas se mit à genoux et commença à examiner le sol. Cette inspection du parquet ne sembla pas plaire au policier.
— Vous ne m’avez pas entendu demi-portion ? Dégagez !
Il saisit le jeune détective par le col pour le mettre sur ses pieds et le pousser le plus loin possible de lui. L’arrivée de plusieurs employés accompagnés d’autres policiers, dissuada Thomas de persévérer. Tout ce petit monde piétinait allégrement toute la zone. S’il y avait des indices, ils auraient vite fait de disparaitre.
Mais c'est que j'ai beaucoup aimé ce chapitre. Tu y laisses plus de place au dialogue mais de manière intelligente, les réactions sont logiques, l’enchaînement des faits aussi... vraiment, j'ai aimé !
Alors je le signale, parce que ça fait toujours du bien à entendre (surtout au vu de toutes les choses pas toujours positives que je te laisse ;_;)