— Vous êtes sûr de savoir comment rentrer dans le Louvre sans encombre ?
— Oui, n’oubliez pas que je suis un fantôme, répondit malicieusement Érik.
— Méfiez-vous, la sécurité a dû être renforcée. Puis ils parlaient aussi de fantôme. Un ami à vous ?
— Non, un certain Belphégor a dérobé plusieurs œuvres voilà cinq ou six ans. L’affaire a été réglée par un détective appelé Chantecoq. Rien à chercher de ce côté.
— Quoi qu’il en soit, ces dégradations sont, comme l’explosion à l’Opéra, là pour détourner l’attention. Il doit y avoir autre chose qui manque dans le palais, pas une œuvre… Il faut trouver ce qu’ils sont venus prendre.
Thomas était en train de se changer derrière le paravent pendant qu’il racontait ses investigations de l’après midi. Elle n’était pas très à l’aise à l’idée de se dévêtir avec cet individu dans la pièce, mais il semblait totalement ignorer ce détail. Elle se rassurait en pensant qu’il devait avoir tout le loisir de reluquer les danseuses et comédienne à l’Opéra s’il le désirait. Son inquiétude portait plus sur la capacité du fantôme à rentrer dans sa chambre comme bon lui semblait. Son désir de retrouver la sirène l’avait poussé à collaborer avec la jeune femme, puisqu’il ne pouvait pas mener cette enquête seul. Du moins c’était l’explication qu’il avait fournie à Thomassine. Explication peu satisfaisante à son goût mais elle aurait tout le loisir de découvrir ses vrais motivations.
Thomassine réapparut très élégamment vêtue. Une longue robe bleu foncé qui affinait sa carrure.
— Vous êtes de sortie ce soir, Mademoiselle ? lui dit Érik en lui tendant sa main gantée comme pour l’inviter pour une danse.
Elle hésita un moment avant de répondre à son invitation. Il n’avait pas hésité à la frapper sous l’Opéra. Qui sait ce qui pouvait l’attendre l’instant suivant ? Un sentiment étrange, mêlé de peur et de curiosité, la poussa à accepter.
— Oui très cher fantôme. Ma mère cherche toujours à me marier et donc je suis dans l’obligation de me rendre à cette soirée pour rencontrer de nouveaux prétendants.
Érik la fit tournoyer sur elle-même pour mieux l’admirer. Un désagréable sentiment de vulnérabilité envahit la danseuse. À tout moment, il pouvait la renverser ou la pousser par la fenêtre, si bon lui semblait. Mais il y avait de la douceur dans sa façon de la faire bouger. Il la guidait bien mieux que tous ces partenaires ponctuels de danse. Le parfum d’eau de toilette et de moisissure qui se dégageait du fantôme l’entêtait.
— Vous n’avez pas besoin d’un mari, Mademoiselle Thomassine, vous avez déjà un ange qui veille sur vous.
Elle tressaillit à cette affirmation et se stoppa net. Ses yeux bleus s’attardèrent sur son cavalier immobile. Sa silhouette longue et élégante se démarquait de l’apparente pauvreté de la chambre de bonne. Son masque blanc se perdait dans ses cheveux grisonnant soigneusement attachés. La seule partie visible de sa peau blafarde était ses lèvres fines pincées. Thomassine devinait un léger malaise chez son interlocuteur alors qu’elle l’examinait avec soin.
— Ho, je suis toute aise de l’apprendre, finit-elle par lâcher un peu perdu dans sa contemplation. Un petit sourire s’esquissa sur les lèvres d’Érik. L’ambiance étrange fut brisée quand on frappa à la porte.
— Ha voilà mon père.
Elle se saisit d’un châle qu’elle laissa tomber sur ses épaules.
— Fait attention à toi ce soir Érik, dit-elle en se retournant pour le saluer.
La pièce était vide. Elle alla vérifier derrière le paravent : personne.
Alors, pour ma part aucun soucis avec la périphrase de la danseuse, ça m'a semblé plutôt clair !
Je suis par contre un peu sur ma faim : j'ai l'impression que la relation entre Erik et Thomassine a beaucoup évolué et ils se montrent soudain complices mais moi, en tant que lecteur, je n'ai pas vu tout ça. D'un côté c'est intéressant cette idée que tout se passe "en coulisse", de l'autre ça rend la cohérence plus flottante.
J'ai très envie de la voir se construire, cette relation ! Surtout qu'elle a l'air de vouloir aller loin :p
Seulement, je m'embrouille dans les personnages. Thomassine devient danseuse tout à coup et je ne m'y retrouve plus. Éviter les répétions, mais au détriment de la compréhension, je pense. C'est dommage.
Et, hum, je n'ai pas compris le changement entre les temps, les répliques sont au passé simple et la narration au présent. C'est fait exprès ?
Hormis ces petits détails, les personnages sont attachants ! :-)
Et oui, Erik est le fantome de l'opéra (c'est pas moi qui y ai inventer, c'est son nom dans le livre de Gaston Leroux). Thomassine ne devient pas danseuse .... bigre ca doit etre que je me suis bien vautrée dans ma narration....
En fait, il y a un moment où Thomassine est désignée comme " danseuse", il me semble, et j'ai mis du temps à comprendre qu'elle était danseuse parce qu'elle dansait, et que ce n'était pas un autre personnage inconnu. Je sais pas si j'ai été assez claire... Je crois qu'il faudrait trouver des noms fixes pour les qualifier (au lieu de réécrire des Thomassine partout, ou des Erik, etc), quelque chose qui leur est propre et qui ne change pas tout le temps avec la situation. Peut-être qu'il n'y a que moi à me perdre comme ça, haha, je ne sais pas...