Chapitre 8 - Complémentaires

Adélaïde

Les vacances de décembre arrivent à grand pas, évidement les partiels du premier semestre aussi. Étant étudiante en sciences, je suis consciente qu’une grosse charge de travail m’attend, surtout à l’approche des exams. D’ailleurs, pourquoi me qualifierai-je d’étudiante en sciences ? Tout le monde dans cette université étudie une science. "Arrêtes, tu deviens comme Rayn à philosopher sur tout."

Et merde... j’avais oublié à quel point la BU pouvait être si bondée à cette période. L’endroit a beau être grand, aucune place de libre. Inutile de rester plus longtemps, je pars travailler au Starbucks d’à côté. Et puis la bibliothèque c’est trop silencieux, en ce moment j’aime travailler dans le bruit. Ça me tue de me dire ça, mais parfois ce moulin à paroles me manque. Je pense que j’essaie de combler ce vide avec le brouhaha. Mais ils ne remplaceront jamais la voix de Rayn. Vous voyez, le genre de voix cassée qui attire. 

Je rentre dans le Starbucks, pas très grand. Les couleurs sont plus portées vers le marron, le noir et le vert sapin. Devant moi se trouve une longue table avec des chaises en hauteur, et juste en face d’autres tables individuelles, pour ceux qui viennent y travailler. Bizarrement, il n’y a pas beaucoup de queue. Je me commande un café latte, avec un cookie enrobé de chocolat. Banale comme commande, mais j’y suis habituée. J’aime le confort que la routine m’apporte, au moins on est sûr de bien faire. 

Je m’installe près de la fenêtre, prends ma tablette et me plonge dans ma séance de travail. Comme d’habitude je commence en douceur avec des calculs. J’aime les chiffres parce que c’est du concret, il y a un résultat qui a été réfléchi, vérifié et approuvé. Peu importe le chemin pris nous arrivons toujours au même résultat. C’est comme les êtres humains, nous allons tous mourir. Peu importe la manière. Parfois c’est une cause naturelle, parfois c’est par un tiers, et parfois c’est Rayn.

Rayn a dit dans son cahier de pensées que je ne prenais jamais en photo des personnes, sauf elle. Peut-être que faire revivre mes souvenirs avec Rayn à travers l’art n’est pas une si mauvaise idée. M. Altmann me fait peur parfois, il sait exactement où mettre le doigt.

Maintenant que j'y réfléchis la photo et même l'art en général est tout son contraire, nous avons quelque chose de concret pour nous expliquer l'abstrait. C'est comme notre amitié(e), Rayn est l'abstrait et je suis le concret. Elle est ce qui pourrait être et je suis ce qui devrait être.

- Arrête de philosopher et travaille !

Et merde... j'ai pensé à voix haute, les clients sourient au moins je ne les ai pas dérangés. J'entame les chapitres sur les limites, qui est le plus simple pour moi certains commencent par le plus difficile pour terminer par le plus simple, moi je fais le contraire ça me force à me concentrer. Oui, de la torture. 

Je pense que Rayn a raison : on est totalement différentes mais complémentaires à la fois.