Pendant ce temps, du côté du manoir des Benson, se passait quelque chose de grave. Un véritable scandale. Depuis la grande ruelle qui menait à l’entrée du palace, résonnaient des échos de voix à forte intonation. Vraisemblablement, des disputes.
En s’approchant de beaucoup plus près, on pouvait clairement observer une scène de chicanes entre deux femmes, Alicia et Doriane. Il semblerait que la seconde reprocherait à la première des choses en rapport avec les événements qui auraient précédé ce jour.
- Tu devrais avoir honte de ce que tu as fait. En tout cas, moi, j’ai vraiment honte de toi, balança furieusement Doriane à sa mère.
- Je ne vois absolument pas de quoi tu parles, rétorqua cette dernière, du ton méprisant qu’on lui reconnaissait bien. La seule chose que je me reproche c’est d’avoir engendrée une erreur de la nature comme toi. Oui, moi, j’ai honte de toi. Terriblement.
- C’est du n’importe quoi total. Un vrai bavardage. La seule chose que tu devrais te reprocher, hein ? C’est ça ton excuse pour ce que tu as fait ?
- Je n’ai rien à te dire. Je ne te dois rien et j’espère que tu sais qu’il est inutile que je te demande de débarrasser les lieux ?
- Tu ne parles pas sérieusement ? Tu ne penses tout de même pas que je te ferai le plaisir de m’en aller du manoir ?
- Je n’ai pas l’impression de plaisanter. Donc, tu peux bel et bien prendre ce que je suis en train de te dire au sérieux.
- Et bien… moi, je n’ai pas l’intention de quitter la maison de mon père, Alicia.
- Je te signale que c’est ma maison aussi, jeune fille. Vas donc vivre avec ton mécanicien.
- Ce qui sort de ta bouche ce n’est pas mon problème. Tant que le chef de famille n’aurait pas lui-même décidé que je m’en aille d’ici, je ne le ferai pas. D’ailleurs, qu’as-tu réellement fait de lui ? Je risque de commencer à croire ce qu’a dit Mike à Ruiz.
- Je n’ai rien fait de votre père. Arrêtez avec vos questions absurdes. Êtes-vous tous devenu fous ?
Un petit silence se fit ressentir quand on entendit la Mini-Cooper de Mike se garer dans la cour, sur un parking où été exposée une quinzaine de voitures luxueuses. Posés sur un sol recouvert de gros blocs de marbres rectangulaires jaunes et bleus en forme de pavé, encerclant à moitié une fontaine d’eau faisant les deux mètres, et variantes de plusieurs couleurs, étaient regroupées les voitures de la famille Benson.
Dans un élan de fureur indescriptible, armé d’un revolver qui semblait avoir laissé plusieurs dégâts dans son passé proche, couronné par une élégance intemporelle boostée par une chaîne décorant le torse, des bracelets et une montre en argent, Mike se dirigeait vers la scène avec le plus de rapidité possible. Son allure laissait transparaître qu’il allait commettre l’irréparable.
- Alors, où est-il ? Balança furieusement Mike à sa mère. Tu l’as vraiment tué, c’est ça ?
- Michael, qu’est-ce-que tu fais ? Retournèrent instinctivement Alicia et Doriane, saisies de frayeur.
Mike frustré et coléreux se rapprochait de plus en plus des deux femmes. La première d’entre elle senti revenir la hantise que lui procurait depuis peu le comportement haineux de son fils. Un amalgame d’émotions fortes provoquait à Alicia des picotements affligeants et persistants dans la poitrine. Elle se sentait alors se diminuer de son énergie de plus en plus et, dans un ultime effort, tenta de calmer la frénésie de son fils.
- Mike, qu’est-ce-que tu fais ? Réitéra-t-elle, de plus en plus touchée par son mal. Ton père est vivant. Il est parti en voyage et il revient ce soir.
- Salades !
- Je te dis la vérité. Mais, qu’est-ce qui te prends, bon sang ?
- J’en ai marre de toi, mare que tu ruines nos vies en essayant sans cesse de les contrôler.
- Je veux juste votre bien.
- Tu ne veux rien du tout, rien qui ne soit en ta défaveur. Tu m’écœure tellement avec ton sale comportement. Tu n’es qu’un despote. Vas au diable !
- Non, Mike ne fait pas ça, hurla instinctivement Doriane en s’interposant entre le revolver fraîchement sorti de son étui et son éventuelle victime.
La contraction des haussements de ton et de cries provoqua l’attention de toute la villa. Et, en moins d’un instant, tout le personnel ainsi que le reste de la famille Benson décoraient la cour. Les employés se posaient des questions sur ce qui se passaient et comment l’interrompre tandis que Maxence et Délia tentaient encore de comprendre la situation en cours.
Un bruit de gyrophare annonçait l’arrivée d’une patrouille de police et Mike essayait au plus vite de mettre fin à la vie de sa victime sans faire du mal à qui que ce soit d’autre et avant d’être interrompu par la police.
- Qu’est-ce-que tu fous Miky ? Balança impétueusement son cadet.
- Mettez-vous à l’écart de tout ça, grommela Mike. Retournez à l’intérieur Délia et Max.
- Mais, bien-sûr que non, balança furieusement Délia. Qu’est-ce-que tu fous, cette fois-ci ? C’est quoi cette merde que tu occasionne là ?
- Mettez-vous à l’écart, j’ai dit. Je suis votre grand frère. Je vais nous débarrasser de ce monstre qui n’a cessé de faire de notre vie une horreur.
- Arrêtes, s’il-te-plaît, hurla désespérément Doriane après avoir demandée à un employé de faire rentrer Francis dans sa chambre.
Les cris et les supplications de quelques membres de la foule complétaient sa requête.
- Non ! Il y en a marre. Cette femme a ruiné notre vie à vouloir tout contrôler. Elle a participé à ce que ma relation avec papa se détériore. Elle a mis une séparation entre la considération de notre père et nous. Alicia a, elle-même, tout fait pour imposer sa seule volonté dans nos vies comme un dieu. Elle a foutu mon avenir en l’air en le confiant à une foutue pute. Maintenant, moi, j’en ai marre de tout ça et je compte bien y mettre un terme.
- Tout ceci est faux, hurla faiblement la maîtresse des lieux. C’est un énorme malentendu, je n’ai pas fait tout ça, conclu-t-elle avant de tomber lestement sur ses genoux.
- Ferme-la.
Les haut-parleurs des policiers derrière Mike faisaient retentir leurs sollicitations, tandis qu’il tira un coup de feu en l’air pour manifester son obstination. Un excès de tension l’emporta sur Alicia et elle s’étala en syncope sur la cour au milieu de tout le monde, suscitant ainsi la panique générale.
Mike, s’étant rendu compte de son œuvre, décida de prendre ses jambes à son cou. Ayant remarqué que toutes les issues de secours étaient bouchées, c’est dans le hall d’entrée du manoir que l’héritier disparu.
Nul ne savait ce qu’il comptait faire à ce moment-là.
Nul n’avait idée de l’horreur qui allait suivre.