Chapitre 8, Le corbeau voyageur

Le toucan affable. Les clients affluaient dans ce chic café londonien. La lumière blafarde du soleil d’automne soulignait la délicatesse des sofas et fauteuils aux mille nuances de vert. Aux murs étaient accrochés divers œuvres orientales : porcelaine, animaux empaillés, statuettes, armes et costumes. Alexander connaissait bien la tenancière de ce charmant établissement, Madame Margaret Bird. Elle avait discrètement installé son vieil ami dans un salon fermé où la tapisserie étendait des arabesques de fleurs et d’oiseaux exotiques. Elle guida tout aussi promptement un autre invité dans cette salle isolée avant de les laisser seuls, non sans leur avoir servi son délicieux thé au jasmin.

— Alexander ! s’exclama Arthur en le gratifiant d’une accolade chaleureuse. Ça fait un bail !

— Allons, quelques mois seulement.

Arthur allongea ses jambes sur le sofa, retirant sa casquette pour révéler sa coiffure toujours aussi indécemment ébouriffée. Ces mèches indomptables contrastaient avec son élégant costume brun, souligné d’un nœud papillon bleu du plus bel effet.

— Il parait que tu t’es reconverti en précepteur, ça se passe bien ?

— Merveilleusement bien, grinça-t-il.

— Toujours le mot pour rire ! s’amusa Arthur.

— Tu as regardé les dossiers que je t’ai demandé ? coupa Alexander d’une voix plus sérieuse.

— Bien sûr.

Il sortit quelques feuilles recouvertes de notes désorganisée de son veston.

— Charles Bernard, Emily Grint, Conny Stew et Irène Bathory. Des enquêtes pour meurtre avaient été ouvertes pour chacun d’eux. Pour les trois premiers, il a été conclu à des suicides. Pour la dernière, la mort naturelle d’une vieille femme.

Alexander parcourut les notes. Le médecin, la bonne et le commis mentionnés par Emile Stewart étaient donc bien décédés de mort violente peu de temps après leur renvoi.

— Je t’avoue que j’ai été surpris, ajouta Arthur. Hormis celle d’Irène Bathory, les enquêtes ont été clairement bâclées. Surtout celle de Charles Benard qui, avant sa mort, était tout de même soupçonné d’avoir tué sa femme et son amant. Les dossiers ont été clos trop tôt.

— Un peu comme mon enquête…

Arthur s’esclaffa.

— J’étais sûr que tu n’avais pas lâché l’affaire malgré ta démission. Tu n’as pas supporté que les supérieurs te la volent.

— Ils ne l’ont pas seulement volée, siffla Alexander, ils m’ont humilié. J’avais raison. Le Comte Adamson a bien été assassiné. De la même manière qu’Irène Bathory. J’en aurai bientôt les preuves.

— Et que comptes-tu faire de ces preuves, maintenant que tu n’es plus à Scotland Yard ?

— Ça, c’est mon affaire.

Arthur soupira et se passa une main dans les cheveux.

— On est devenus inspecteurs en même temps, tous les deux. Je t’ai aidé en mémoire du bon vieux temps, mais je prends de gros risques, là. Tu pourrais au moins te montrer plus redevable.

Alexander se retint de ricaner. Arthur, malgré son visage encore poupon et son attitude détendue, ne ferait rien sans recevoir quelque chose en échange.

— J’ai rencontré quelques jeunes filles de bonne famille grâce à mon nouveau métier, déclara-t-il. Certaines se sont déjà déshonorées et cherchent un bon samaritain qui viendra les épouser pour les sauver de la disgrâce la plus totale.

Arthur abandonna pour une fois sa posture nonchalante et se pencha sur la table.

— Tu as des portraits ?

 

***

 

Lorsque’Alexander se retrouva face au portail élancé du château des Wellington, il ne put s’empêcher de ressentir un frisson d’inquiétude et d’excitation mêlée. Situé à quelques lieues de Londres, l’imposante bâtisse aux pierres dorées abritait la Marquise Grace Wellington lorsqu’elle ne participait pas aux mondanités estivales de Londres. Elle venait justement de présenter sa fille aîné, Susanne, à la haute société britannique, et organisait désormais son mariage prochain.

Il avait dû redoubler de diplomatie pour convaincre cette femme respectable et prudente de lui accorder une entrevue alors que les noces de sa fille faisait frémir toute sa maisonnée. Le fait qu’il ait servi la Comtesse Adamson n’était sans doute pas étranger à cette permission.

L’ancien précepteur fut guidé dans le jardin soigné du manoir jusqu’à la grande porte. Un valet l’accueillit et l’amena dans le boudoir de la Marquise. Il croisa de nombreux domestiques sur le chemin. La bâtisse était bien entretenue, débordante de couleurs vives, de décorations, de tableaux. Il en viendrait presque à être décontenancé.

La valet s’effaça après l’avoir fait entrer dans le petite salle où trônait des bustes aux allures de statues antiques. La Marquise était une femme de la quarantaine, dont la ressemblance avec Dorothy était confondante. Il lui fit un baisemain, détaillant sa posture impeccable et son sourire poli.

— Asseyez-vous, je vous en prie. Voulez-vous du thé ?

Ils s’installèrent l’un en face de l’autre. Chaque mouvement de cette femme était emprunt d’une élégance distinguée.

— Je prendrai bien une tasse, merci.

— Pardonnez ma franchise, mais je n’ai que peu de temps à vous accorder. Vous êtes venu pour me poser des questions, c’est cela ? Eh bien, allez-y.

Elle ne perdait effectivement pas de temps. Le thé n’était même pas encore arrivé. Alexander se racla la gorge.

— J’aimerais vous parlez de votre père, le Comte Adamson, et de votre mère, sa première femme.

Une froideur discrète traversa les traits de la Marquise, mais elle lui fit signe de continuer.

— Votre mère a donné naissance à trois autre enfants, n’est-ce pas ? Et sa deuxième femme lui en a donné deux autres.

— Pourquoi me demandez-vous ce que vous savez déjà, Monsieur ?

Son ton était toujours aussi calme et soigné, elle maitrisait son expression à merveille.

— J’aimerais savoir pourquoi, parmi les sept enfants que le Comte Adamson a engendré avec ses trois épouses successives, seulement deux sont encore en vie à ce jour, vous et Mademoiselle Dorothy. Également, j'aimerais savoir ce qui a conduit la disparition de votre mère et l’internement de la seconde épouse de votre père.

La Marquise soupira. À ce moment, le valet apporta le thé. Il était délicieux, mais ce n’était pas vraiment ce qui intéressait Alexander. Elisabeth sirota calmement sa tasse avant de la reposer, le regard dans le vague.

— Avant tout de chose, j’aimerais voir ce que vous m’avez promis : la preuve que je peux vous faire confiance.

Alexander sortit la plaque de Scotland Yard de sa veste. Cette fois, son hôte ne put cacher sa surprise. Mais contrairement à ce à quoi il s’attendait, cela ne sembla pas la rassurer.

— Vous êtes en danger, souffla-t-elle.

— Pardon ?

— Je ne peux rien vous dire. Il vaut mieux que vous ne sachiez rien.

— Savoir quoi ?

— Dites-moi seulement si… ma sœur a échappé à la tour nord.

Il se figea, fronçant les sourcils.

— Même… même ses propres enfants, alors ?

— Dès l’âge de sept ou huit ans, oui.

Alexander prit une profonde inspiration. Écœurant.

— Et avec ses épouses ?

— J’en ai déjà trop dit. Je ne veux pas vous mettre en danger.

Le jeune homme se leva.

— Mais Madame, il s’agit d’une affaire de la plus haute importance.

Pour une fois, elle planta ses yeux bleu ciel dans les prunelles noires de son invité.

— Vous n’imaginez pas à quel point.

Elle se passa une main sur le visage.

— Vous êtes un jeune homme intelligent, j’en suis sûre. Sans doute trop pour votre bien. Je suis désolée, je n’aurais jamais dû accepter de vous accueillir ici. J’ai eu un moment de faiblesse.

— Mais…

— Je vous demanderai de sortir, s’il vous plait. Je ne veux plus penser à cette époque.

Son était ferme, inflexible, malgré la douceur de sa voix. Alexander ravala sa rage et hocha la tête.

— J’ai questionné Dorothy, elle n’a jamais rien subi de la part de son père, lâcha-t-il.

Un sincère sourire se dessina sur les lèvres de Grace. Elle lui fit un signe de tête alors qu’il sortait, fébrile, du boudoir.

 

***

 

Le cirque Incredibili avait hissé ses chapiteaux dans un petit square de Londres. Certaines de leurs tentes portaient encore les stigmates de la tempête, mais elles se dressaient néanmoins avec fierté pour cette nouvelle étape de leur périple sans fin. Alexander se glissa entre les tentes des artistes qui finissaient d’installer leurs quartiers. Ils n’avaient pas de temps à perdre, leur première représentation se tiendrait le soir-même. Le jeune homme cherchait Melchior Anguis, mais c’est Will qui lui apparut soudain, jaillissant entre deux tentes. Il courait à en perdre le souffle, un paquet de prospectus sous le bras. L’ancien valet arriva vers lui sans le voir et s’immobilisa en l'apercevant. Un autre garçon distribuant aussi des tracts le dépassa.

— Alors qu’est-ce que tu fais Willy ? Tu vas perdre le concours ! Je ramènerai plus de clients que toi et j’aurai des bonbons, hehe !

Puis il aperçut le jeune précepteur qui se tenait à quelques pas devant lui.

— Bonjour m’sieur ! fit le garçon avec un grand sourire. Tiens, vot’ tête me dit quelque chose. Dites, vous voulez pas voir not’ spectacle, on a plein de…

Will lui tira la manche.

— Collin…

— Ah non c’est mon client, c’est moi qui lui ai parlé l’premier !

— C’est le monsieur qui m’a amené au cirque.

— Oh…

Le dénommé Collin, qui rivalisait avec Arthur en terme de désorganisation capillaire, offrit à Alexander un sourire encore plus grand.

— Merci Monsieur ! Il est guéri maintenant, grâce à vous ! Il a même un travail, même si je suis meilleur que lui, hehe.

À vrai dire, Will portait toujours un bandage sur la moitié du visage. Il était néanmoins bien moins pâle que lors de leur dernière rencontre. Le jeune homme ne put empêcher un sourire soulagé de naître sur ses lèvres.

— Oh la, ne serait-ce pas notre inspecteur favori ? lança une grosse voix.

Le trio se tourna vers Melchior Anguis qui serra amicalement la main à Alexander.

— Comme vous le voyez, nous avons fait du bon travail.

— Je le vois, oui. Merci.

— Merci à toi de nous avoir amener ce petit ange, il est bien plus sage que Collin.

— He !

Melchior se fendit d’un rire tonitruant. Parfois, il évoquait à Alexander son défunt père, Robert, ce qui expliquait qu’il soit l’une des rares personnes qu’il considérait réellement comme un ami.

Alexander se pencha vers Will.

— Félicitations, tu es guéri. Et tu es libre, maintenant.

Will sourit timidement.

— M… merci.

— J’aimerais te parler seul à seul, tu veux bien ?

Le garçon échangea un regard avec son nouvel ami, puis avec Anguis, avant de hocher la tête et de prendre la main qu’on lui tendait. Le jeune précepteur l’emmena dans un petit parc. Au-dessus de leur tête, les nuages blancs et gris voyageaient dans le ciel d’azur, chassés sans cesse par le vent qui ébouriffait les cheveux des hommes.

Alexander se tourna vers Will, qui attendait avec une impatience craintive qu’il dise quelque chose.

— Tu ne comptes pas retourner au manoir ?

Il fit non de la tête.

— Pourquoi ?

Le garçon sembla chercher ses mots.

— J’ai compris que la Comtesse… m’avait fait du mal. Et puis… Collin et Melchior sont gentils avec moi. Sans compter Alma, Stella et Timmy… je me dis que je pourrai rester avec eux, commencer une nouvelle vie. Mais…

Son regard s’assombrit soudain.

— Mais ?

— J’ai peur que… je n’aime pas l’idée d’abandonner mes… mes amis du manoir…

— Quels amis ?

Will releva la tête, dardant son oeil aussi clair que le ciel vers Alexander.

— Les fantômes qui peuplent le manoir.

Un lourd silence s’installa entre eux.

— Est-ce que tu es l’un des enfants que Stewart amenait au Comte Adamson ? finit par jeter le précepteur.

Le garçon sursauta en entendant ces noms, avant de baisser la tête.

— Vous savez ?

— Je cherche à savoir. J’aimerais que tu m’en dises plus.

— Vous voulez vraiment tout savoir ?

— Eh bien…oui.

Le jeune garçon reporta son regard sur le ciel. Après un long moment de silence, il commença son récit.

— Comme je vous l’ai dit, l’hiver dernier, j’ai failli mourir de faim. Il ne restait plus que Molly et moi. Mais un monsieur nous a accueilli. C’était Emile Stewart. Il nous a dit que son maître était un philanthrope qui ne pouvait pas supporter de savoir que des enfants mourraient de faim dans la rue. Il nous a proposé de monter avec lui dans sa voiture… on a accepté. On a rejoint d’autres enfants qu’il avait récupérés dans la rue. On était nourris, lavés, on avait un toit, on était en sécurité. On avait même le chauffage, on ne manquait de rien, à part de liberté. Parce qu’on était enfermés dans les sous-sols des cuisines, sans une seule fenêtre pour voir le ciel. Mais comparé à notre vie d’avant, le manque de soleil, c’était rien. Toutes les semaines environ, Stewart venait prendre un enfant. Il disait qu’il l’emmenait dans une famille d’accueil. On était tous très impatients d’y aller, on parlait souvent des parents idéaux qu’on allait avoir un jour.  Parfois, il y avait des fêtes de philanthropie où le Comte invitait ses amis pour adopter des enfants, alors à ce moment plusieurs partaient d’un coup… Puis, ça a été mon tour.

Will s’arrêta de parler. Le regard perdu dans le vague. Sa lèvre inférieure tremblait. Alexander l'encouragea du regard. Le garçon prit une inspiration.

— Évidemment, ce n’était pas une famille d’accueil qui m’attendait. C’était le Comte Adamson. Il m’a… fait beaucoup de mal, pendant trois nuits. Je serais mort si le Comte n’était pas décédé avant. C’était comme… un miracle. J’étais évanoui dans la chambre quand c’est arrivé. À mon réveil, j’étais dans un lit, au chaud, la Comtesse était penchée à mon chevet. Elle m’a dit que désormais j’étais libre, que je pouvais partir quand je serai rétabli. Mais je n’avais nulle part où aller. Alors je suis resté et je suis devenu son valet.

— Mais… elle te battait.

— Oh, ce n’était pas si grave… avant ces derniers mois. Et puis Madame est torturée par ses démons. Elle avait besoin de se soulager sur quelqu’un. Elle souffre tellement.

Troublé malgré lui, Alexander ne sut que dire. Donc la Comtesse maltraitait Will avant son arrivée, mais cela s’était intensifié à cause de ses manigances pour découvrir ses secrets.

Un sourire émergea sur les lèvres de Will, ces mêmes lèvres qui venaient de conter une histoire bien terrible.

— Je me sens drôlement léger tout d’un coup. Vous savez… je suis content de vous avoir rencontré.

Il leva vers le jeune homme un visage plein d’espoir.

— Je…moi aussi.

Alexander sentit en lui une bouffée d’affection pour le garçon. Il avait eu raison de le sauver, et pas seulement parce que cela avait profité son enquête.

— Allez, allons rejoindre ta nouvelle famille.

— Oui !

Au loin ils aperçurent la silhouette de Collin qui agitait la main.

— Vous en avez mis du temps ! s’exclama-t-il.

— Tu n’as vraiment aucune patience, contra Will.

— Tu vas repartir avec lui ? fit Collin en direction de son ami, une pointe d’inquiétude dans la voix.

Ce dernier secoua la tête.

— Non, je reste avec vous.

Le sourire du jeune forain s’élargit encore.

— Ça, c’est super cool ! Vous en faites pas, m’sieur, je prendrai soin de cette petite tête ! Regardez : on est pareil.

Il souleva la mèche qui lui cachait la moitié du visage : sur la joue brûlée de Collin, les restes d’un œil qui ne pouvait plus voir étaient à peine discernables. Les deux garçons borgnes se regardèrent et rigolèrent ensemble.

 

***

 

Comme il lui restait un peu de temps avant son prochain rendez-vous avec Arthur, Alexander emmena les deux garçons dans un quartier marchand de Londres. Là-bas, il leur acheta à chacun un cache-œil de pirate qui leur donnait un air fier. Les deux garçons étaient fous de joie. C’était la première fois qu’Alexander faisait un cadeau à quelqu’un sans rien attendre en retour.

Ils flânèrent un peu entre les magasins de bonbons, et, au détour d’une rue, le jeune homme vit une volière remplie de colombes. Il pensa à Dorothy, et se dit qu’il pouvait, à elle aussi, lui faire un cadeau. Alors il acheta une belle colombe et une cage dorée pour la fillette, se faisant la réflexion avec ironie que ce cadeau lui correspondait bien.

Mais l’heure tournait et Alexander du ramener les deux garçons au cirque.— Je quitte Londres demain matin. Je ne sais pas si on va pouvoir se revoir, déclara-t-il. Alors prends soin de toi.

— Vous aussi.

— Je te souhaite d’être heureux.

Will se mit à pleurer doucement.

— J’espère quand même que… que nous nous reverrons, balbutia-t-il.

— J’ai ma petite idée pour que cela se produise, mais je ne peux encore rien te promettre, Willy.

En entendant le surnom donné par Collin, le garçon eut un sourire.

— Au revoir, dit-il.

— Au revoir.

— Salut m’sieur ! cria Collin.

Alexander échangea une poignée de main avec Melchior Anguis, puis s’en alla.

 

***

 

Madame Bird accueillit Alexander avec ses habituels yeux verts pétillants. Il l’avait aidé à monter son café à thème en lui présentant les associés orientaux de son père. Cette élégante rouquine qui atteignait bientôt la quarantaine avait passé vingt années de sa vie à explorer le monde avec pour seule compagnie son carnet de notes. Il n’y avait bien qu’elle pour rivaliser de savoir avec Alexander sur les civilisation orientales. Ils s’amusaient souvent à parler en mandarin ou en hindi, notamment quand le jeune homme sollicitait sa discrétion.

— Il est déjà arrivé, il t’attend, lui dit-elle en le faisant entrer par la porte de derrière.

— Merci.

— Tu prends de plus en plus précautions… tu ne fais rien de trop dangereux, j’espère.

— Voyons, tu me connais.

— C’est bien ce qui m’inquiète, soupira-t-elle.

— Tu es mal placée pour me critiquer là-dessus.

Elle s’esclaffa.

— Le même thé que d’habitude ?

— S’il te plaît, oui.

À peine fut-il entré dans le salon privé qu’Arthur lui bondit dessus.

— Elle m’a rejeté ! Tu te rends compte ? J’ai pourtant essayé de la sauver du déshonneur !

— Mademoiselle Featherson ?

— Cette catin !

— Doucement, tu n’as qu’à en essayer une autre.

— Rhaaaa, elles me regardent de haut parce que je suis un roturier, mais mon père a de l’argent !

— Assieds-toi, il faut qu’on parle affaire.

Arthur fit la moue et se vautra comme à son habitude sur le sofa. Alexander posa le dossier qu’il avait rassemblé au cours de ses dernières semaine sur la table.

— Tiens, regarde.

Le jeune inspecteur s’empara des feuilles qu’il parcourut en diagonale. Il pâlit au fur et à mesure de sa lecture, tournant les pages de plus en rapidement.

— Choisis bien à quel supérieur tu remets ce rapport, conseilla Alexander.

— T’as pêché un sacré poisson… mais ! Avec ça tu pourrais facilement regagner ta place à Scotland Yard, non ?

Alexander lui servit son sourire de connivence.

— Pas besoin j’ai été embauché.

— Hein ? Où ça ?

— Au manoir Adamson, en tant que précepteur.

 

***

 

Cher ami,

 

J’espère que vous vous portez bien depuis notre dernière entrevue. Les jours se font froids, le manoir parait bien vide sans votre présence. Je m’accoutume bien de cette absence, mais pas Dorothy. Elle se montre particulièrement difficile depuis votre départ. Mais surtout, elle refuse de s’alimenter depuis six jours. Elle réclame vote retour. Nous avons tout essayé, mais elle n’écoute même plus Betty. Je suis une mère éplorée. Si vous avez ne serait-ce qu’une once d’affection envers ma fille, revenez au manoir. Tournons la page, faisons table rase du passé, pour le bien de Dorothy.

 

Comtesse Annabeth Adamson

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Elly
Posté le 30/10/2024
L’enquête continue d’avancer, c’est toujours plaisant à suivre ! Voir Will heureux et bien entouré me fait plaisir. J’aime bien la dynamique un peu paternelle qui s’installe entre Will et Alexander, c’est touchant.

j’aime beaucoup les descriptions de ce chapitre et le décor, c’est agréable à lire !

J’étais sûr que Dorothy tenterait quelque chose pour le faire revenir, mais pas d’arrêter de manger ! Heureusement que la mère l’aime et ne lui fait pas subir la même chose qu’à Will, mais ça pourrait être dangereux pour elle.

Hâte de voir la décision d’Alexander !
AudreyLys
Posté le 31/10/2024
Merci pour ce gentil com' :3
Raza
Posté le 30/08/2024
L'enquête avance, mais je soypçonne que c'est un peu plus compliqué. Qui, sinon, aurait étouffé l'affaire? Et maintenant que le comte est mort, quel est l'intérêt de cacher quoi que ce soit?
Petite coquille : Lorsque’Alexander. :)
AudreyLys
Posté le 31/08/2024
Tu te poses les bonnes questions ^^
Merci :3
blairelle
Posté le 20/08/2024
Je ne pensais pas que Dorothy voulait à ce point le faire revenir... Ça me donne quelques inquiétudes sur le traitement que lui inflige sa mère. Je me doute que "ça pourrait être pire" si le père avait encore été là, comme pour Will, mais...
Le dossier d'Alexander, c'est à charge contre Annabeth ou contre son défunt mari ?

Quelques coquilles :
Votre mère a donné naissance à trois autre enfants => autres
Mais l’heure tournait et Alexander du ramener les deux garçons au cirque.— Je quitte Londres demain matin. => il manque un retour à la ligne
blairelle
Posté le 20/08/2024
P.S. le toucan affable, joli nom
AudreyLys
Posté le 24/08/2024
Coucou ! Merci pour ton com' ^^
Et oui, Dorothy commence à être désespérée...
Le dossier est à charge de Comte et de toutes les personnes qu'il invitait pour profiter des enfants.
Merci pour le relevage de coquilles ^^
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