Jean ne trouvait pas le sommeil et il se retournait sans cesse sur la paille de l’écurie. L’existence de l’ordre du feu le tourmentait. A ses yeux il était inconcevable qu’un tel mouvement existe. Sa vision de l’église était chamboulée mais une chose était sur, si l’ordre devenait le courant de pensée dominant, il ne servirait plus le Seigneur de cette manière. Mais abandonner ses fonctions et son devoir, ne revenait il pas à commettre un terrible péché ? Même si il était dégoûté par ces fanatiques et leurs idées, sa foi et son amour pour Dieu restaient intact et il souhaitait continuer à le servir du mieux qu’il le pouvait.
Alors qu’il réfléchissait sur les agissement de ses confrères, Jean entendit des bruits de pas dans la cour. Il se leva juste avant que Guigues entre précipitamment dans l’écurie, le teint livide, suant et suffoquant, comme poursuivi par un fantôme.
- Que se passe-t-il ? Demanda Jean apeuré.
- C’est Rafael ! Répondit Guigues haletant. J’avais raison ! J’avais raison depuis le début !
Lucie et Roland, réveillés par le bruit, s’approchèrent encore tout endormis.
- Calmes toi et explique nous, le pressa Jean en époussetant la paille de sa soutane.
- C’est Rafael, c’est lui le monstre. Il est contaminé par la Rage noire mais je pense qu’il la contrôle, expliqua Guigues à toute vitesse, les yeux emplis de terreur.
- Impossible, coupa Roland en secouant la tête. C’est impossible de contrôler ce truc. En plus Rafael nous a dis être immunisé et on a déjà eu la preuve qu’il est capable de guérir la maladie. Il ne peut pas être contaminé.
- Il n’est pas seulement contaminé, il s’est transformé ! S’écria Guigues avec de grands gestes.
- Comment tu le sais ? Interrogea Lucie d’un ton sec.
Un bref instant l’expression de Guigues changea et il rougit légèrement :
- Je suis allé dans l’auberge pour regarder dans leurs chambre.
- Toujours le même hein , lança Lucie visiblement dégoûtée.
- Peut être que je n’aurais pas dû, avoua Guigues. Mais j’ai trouvé le comportement de Reuel très louche quand tu es arrivée avec Rafael. Une fois que je suis arrivé devant leur porte j’ai entendu comme des grognements venant de l’intérieur.
- Comme ceux qu’on a entendu au village d’Oulmes, commenta Roland en jetant un regard vers Lucie.
- Exactement, approuva Guigues qui s’était remis à parler très vite. Ça m’a intrigué et j’ai réussi à voir l’intérieur de la pièce entre deux planches du mur. J’ai vu Reuel qui veillait sur une bête recouverte de marques noires, exactement comme celle qui m’a poursuivi dans la forêt d’Oulmes. La bête était ligotée, se débattait sur le sol et portait les mêmes vêtements que Rafael . Reuel devait savoir que son frère allait se transformer, c’est pour ça qu’il la amené dans la chambre. Il voulait le cacher.
- Peut être qu’il s’est aussi transformé cette nuit là à Oulmes, supposa Roland en se grattant la tête.
- C’est possible, dit Jean en réfléchissant. Toutes les autres nuits nous avons dormis tous ensemble alors pourquoi s’est il transformé ces deux nuits la ? Ça ne peut pas être un hasard, il y a forcément un point commun entre les deux.
- Je crois savoir pourquoi, dit Lucie le visage grave. La nuit à Oulmes ou nous avons entendu les grognements , Rafael avait guérit les villageois quelques heures avant et aujourd’hui il s’est occupé des malades de l’hospice. La transformation doit se produire après chaque fois qu’il guérit des gens le la Rage Noire.
Jean regarda Lucie avec admiration. Son raisonnement tenait la route et il ne doutait pas un seul instant qu’elle ait raison :
- Ce se tient, je pense que Lucie a vu juste. Par contre je suis persuadé que Rafael se transforme contre son gré.
- Je n’en suis pas si sur, coupa Guigues qui avait retrouvé son calme. Si il ne fait pas exprès de se transformer , pourquoi ne pas nous l’avoir dit ?
- Pour éviter ce genre de réactions peut être, lança Lucie d’un ton acerbe. Il voulait sûrement garder ça pour lui car il avait peur de nous effrayer.
- C’est une possibilité, dit Jean en hochant la tête. Je pense que nous devrions lui demander directement. C’est la meilleur chose à faire. Si vous êtes d’accord, j’aimerais lui en parler moi même demain matin. Ça vous va ?
Roland et Lucie acquiescèrent d’un même mouvement. Guigues ne paraissait pas content de la proposition de Jean mais il finit tout de même par hocher la tête et partit se coucher l’air boudeur. Jean le suivit, s’allongea sur la paille et s’endormit presque aussitôt.
Le lendemain matin quand Jean se réveilla tout le monde était déjà levé. Reuel et Rafael étaient la eux aussi et discutaient avec les autres. Rafael avait l’air tout à fait normal et il était difficile de croire qu’il s’était changé en bête féroce quelques heures plus tôt. Au vu de la tête que fit Roland quand Jean approcha, il devina que la question de la transformation n’avait pas été abordée et qu’ils avaient fait comme si de rien n’était.
- Bonjour Jean, on t’attendait pour faire le récapitulatif d’hier, dit Rafael en souriant. Je crois que Lucie vous a déjà raconté nos péripéties, heureusement qu’elle était la pour me ramener jusqu’ici.
- Oui, je leur ai raconté pour l’hospice, confirma Lucie l’air embarassée.
- Très bien, dit Rafael. Et vous alors ? Vous avez appris des choses utiles ?
Jean raconta l’épisode de la veille dans la taverne et ce que Guigues et lui avait entendu sur la sorcière. Rafael, Lucie et Roland parurent captivés par l’histoire mais Guigues et Reuel restèrent chacun dans un coin opposé ne montrant aucun intérêt pour la conversation.
- Cette sorcière est impressionnante, s’exclama Rafael avec enthousiasme. C’est peut être la clé pour en apprendre plus sur Orlando, nous devons la trouver avant lui.
- Je pense la même chose, commenta Jean en souriant timidement. Rafael , j’aimerais te demander une chose en rapport avec ton pouvoir.
- Vas-y, je t’en prie, répondit Rafael qui semblait de bonne humeur.
Jean était très gêné, il n’aimait pas mettre les autres dans une situation délicate et il évitait de manière générale de poser des questions embarrassantes. Malgré tout, il était obligé de poser la question, si Guigues avait raison ils étaient peut être en danger.
- Peux tu contrôler la Rage noire ?
- Contrôler la Rage noire, répéta Rafael visiblement stupéfait. Bien sur que non. Je vous ai déjà expliqué tout ce que je sais sur mon pouvoir. Je ne sais pas pourquoi j’en suis capable ni très bien comment il fonctionne.
- Menteur! S’écria Guigues qui ne tenait plus. Je suis venu dans l’auberge hier soir et j’ai vu l’intérieur de votre chambre.
Jean soupira, il voulait justement éviter que les esprits ne s’échauffent encore une fois mais tant pis, ils aillaient avoir des réponses. Le visage de Reuel était contracté par la colère et ses yeux étincelants fixaient Guigues d’un regard assassin. Rafael quant à lui paraissait sous le choc. La révélation de Guigues semblait l’avoir plongé dans un état second et son visage restait figé dans une expression de surprise.
- Sale petit…, commença Reuel en se levant d’un bond.
- Ça suffit ! Hurla Rafael qui visiblement avait recouvré ses esprits.
Reuel s’arrêta net et tourna lentement la tête vers son frère l’air plus froid que jamais.
- Ils ont le droit de savoir, repris Rafael d’un ton grave.
- Mais ça pourrait te mettre en danger, protesta Reuel. C’est trop dangereux.
- Ça l’est pour eux aussi, répondit Rafael d’une voix calme. Ils risquent leurs vies en nous prêtant main forte. Ils ont fait le choix de nous suivre malgré les dangers, nous nous devons d’être honnête avec eux, c’est la moindre des choses.
Reuel parut réfléchir longuement mais ne dit rien. Au bout d’un moment il se rassis aux côtés de son frère mais garda les yeux braqués sur Guigues avec une haine non déguisée.
- Bon tout d’abord, je voudrais m’excuser auprès de vous, marmonna Rafael qui était visiblement très attristé. Je ne vous ai pas menti, tout ce que j’ai dit sur mon pouvoir est vrai mais il y a effectivement une chose que je nous ai pas dites et pour ça pardonnez moi.
Rafael marqua une pause et regarda tour à tour Jean et ses camarades les mains jointes en signe de pardon. Il souffla un bon coup avant de reprendre :
- Pour ce qui est de mon pouvoir, je ne sais vraiment pas comment je l’ai eu. En revanche j’ai compris une chose. Quand je fais disparaître la Rage noire d’une personne contaminée, je ne la « guéri » pas vraiment, en fait il serait plus juste de dire que « j’absorbe » la Rage noire.
- Que tu l’absorbe ? Répéta Roland qui semblait ne pas comprendre.
- Oui. La Rage noir passe du corps de la personne jusqu’au mien quand je pose ma main sur elle. Quand vient la nuit mon corps se transforme pour libérer toute la Rage noire emmagasinée en moi. Je ne contrôle absolument pas ces transformations et elles surviennent toujours quand je me sens faible après avoir « guéris » des gens. Mais le lendemain je redeviens moi même comme si rien ne s’était passé. Je suppose que c’est le prix à payer pour se servir d’un tel pouvoir.
Tout était clair maintenant, Jean était sur que Rafael ne mentait pas, il le sentait au fond de lui et en plus de ça toute son histoire collait. Lucie avait presque tout devinée et il lança vers elle un regard complice. Par ailleurs, Guigues gardait une expression hostile et n’avait pas l’air convaincu du tout par l’histoire de Rafael.
- Pourquoi ne pas nous l’avoir dit plus tôt ? Questionna-t-il d’un ton cinglant.
- J’ admet que c’était une erreur de ma part de ne pas vous en parler, concéda Rafael en baissant la voix. Nous avions vraiment besoin de votre aide et je ne voulais pas vous faire peur.
- Et bien c’est raté, rétorqua Guigues avec méchanceté. Comment veux tu qu’on reste avec un monstre comme toi ?
Lucie se leva en une fraction de seconde visiblement prête à frapper Guigues à nouveau mais cette fois ci Reuel la retint doucement par le bras en secouant la tête. Il paraissait avoir tout le mal du monde à garder son calme mais il ne s’emporta pas et regarda Guigues droit dans les yeux avec intensité.
- Sais tu seulement ce que Rafael ressent ? Demanda-t-il la voix tremblante de rage. A Chaque fois qu’il guéri des gens, il se condamne lui même à subir ces transformations. As-tu la moindre idée de la souffrance qu’il subit quand son corps se transforme ainsi ? Malgré l’enfer que cela représente, Rafael reste le même et vient en aide à chaque personne contaminée par la Rage noire qui croise son chemin. Et tu oses l’insulter ? Tu oses douter de lui ?
- Comment te croire ? Questionna Guigues avec un rictus. Moi tout ce que je vois, c’est deux personnes en qui je n’ai absolument pas confiance. Rafael se transforme en monstre et toi tu es capable de massacrer une troupe armée entière avec ta foutu épée. Vous êtes trop dangereux, comment peut on vous croire sur parole et vous suivre aveuglément ?
Jean était bien obligé d’admettre que les deux frères n’étaient pas ordinaires et que les suivre représentait un grand danger. Néanmoins le fait que Rafael se transforme ainsi ne changeait pas grand-chose à la situation. Ils avaient tous fait le choix d’accompagner Reuel et Rafael en connaissant les risques.
- Moi je leur fait confiance, lâcha soudainement Roland. Avec ce qu’il s’est passé chez moi à Buis, comment peux tu encore douter d’eux Guigues ?
Guigues ne répondit rien, il dévisageait Reuel, une haine démesurée sur le visage. Mais Jean n’arrivait pas à en vouloir à son ami. Il connaissait mieux que personne les souffrances qu’il avait endurées et il n’arrivait jamais à être fâché contre lui.
- Guigues, dit il d’un ton affectueux. Les explications de Rafael tiennent la route et je pense que Reuel a raison, personne n’aimerait subir ce genre de transformations. De toute façon nous avons choisis de leur faire confiance et de les suivre dans leur périple. Nous ne pouvons pas changer d’avis au moindre doute. En ce qui me concerne, je reste avec eux et que Dieu m’en sois témoin je ferais de mon mieux pour les aider.
- Moi aussi je reste ! s’exclama Lucie. J’ai toute confiance en Rafael et Reuel.
Guigues paraissait hors de lui, rouge de colère il se leva comme prêt à hurler. Il se dirigea vers les portes de l’écurie et dit très calmement juste avant de sortir :
- Et bien restez avec eux, j’aurais au moins essayé de vous prévenir. Moi je vais faire un tour, moins je les vois mieux je me porte.
Jean voulut suivre son ami mais Rafael l’interpella :
- C’est peut être mieux qu’il se retrouve un peu seul.
- Il ne peut s’en prendre qu’a lui même, dit Lucie les dents serrées. Il n’en fait qu’a sa tête.
- Même si il est évident qu’il ne me porte pas dans son cœur, intervint Rafael avec lenteur. Son raisonnement est justifié. Reuel et moi ne sommes vraiment pas ordinaires et il est tout à fait normal de se méfier de nous. Je suis quand même content que nous ayons parlé de mes transformations, je me sens libéré d’un poids. Vu que je suis encore un peu faible, je vais rester ici me reposer aujourd’hui. Reuel veut rester pour veiller sur moi même si je lui ai dit que ce n’était pas nécessaire. Il ne reste que vous trois, que comptez vous faire ?
- Je suppose que nous devons trouver la sorcière au plus vite, dit Roland en lançant un regard interrogateur vers Lucie et Jean.
Jean était d’accord et tout comme Lucie, il hocha la tête. La piste de la sorcière était sûrement leur meilleur chance d’en apprendre plus sur Orlando.
Roland, Lucie et Jean avalèrent un petit déjeuner rapide fait de viande séchée et de pain et une demi-heure plus tard ils s’engouffrèrent dans les rues silencieuses de Fort-Des-Tombes. Vu qu’aucun d’eux n’avait encore jamais visité le quartier de la cathédrale, ils marchèrent dans cette direction. Au fur et à mesure qu’ils avancèrent, ils croisèrent de plus en plus de gens dans les rues ce qui était plutôt inhabituel. C’était un dimanche et en plus des gens faisant leur marché sur le peu d’étalage qu’il y avait dans les rues, d’autres se pressaient pour la messe vers la grande cathédrale qui dominait la ville. Cette agitation redonna espoir à Jean de trouver des informations et ils se laissèrent guider par le flot de fidèles qui cheminaient tous dans la même direction.
Bientôt, ils arrivèrent sur une immense place pavée ou se dressait l’édifice. Bien sur Jean avait déjà vu d’autres cathédrales durant ses nombreux voyages avec son père, mais se retrouver devant un tel bâtiment le faisait toujours se sentir comme une minuscule fourmi au service d’une force si grande et majestueuse. La bâtisse était si haute que Jean dut se tordre le cou pour apercevoir l’énorme cloche d’or qui sonnait le début de la messe. Les murs de pierre étaient recouvert de statues représentant des monstres, des gargouilles, ou les exploits des différents saints que Jean connaissait par cœur mais ne se lassait jamais d’admirer.
La foule se tassait devant les deux énormes portes de bois grande ouverte. Jean remarqua un grand nombre de soldats au pied du bâtiments qui surveillaient la foule. Tous portaient des tuniques noires avec le blason de la croisade noir cousus sur le torse. Leurs visages étaient tendus et certains avaient la main posée sur le pommeau de leurs épées à leurs cotés. D’autres gardaient les portes de bois, accompagnés d’homme en robe blanche. Jean comprit tout de suite que les hommes en blanc n’étaient pas des soldats mais des membres de l’église. Même si sa grande taille l’aidait à voir par dessus la foule, il n’aurait pas sur dire la fonction religieuse de ces hommes drapés de blanc mais il arrivait à distinguer une grande croix encerclée de flammes orangés sur leur robes.
Il y avait de plus en plus de monde devant eux et ils furent contraint de s’arrêter. Alors que Jean se mettait sur la pointe des pieds pour essayer de mieux voir, un homme encapuchonné et vêtu de noir s’approcha de Lucie et Roland la tête baissée.
- Auriez vous une pièce pour le pauvre homme que je suis ?
- Bien sur ! Répondit Lucie en fouillant dans sa robe. Tenez monsieur.
Elle tendit une pièce à l’homme qui ne fit pas un seul mouvement pour s’en saisir.
- Mon Dieu ! S’écria celui-ci en tombant au pieds de Lucie.
Jean se rendit compte de l’erreur de Lucie. Elle avait donné une pièce à l’homme machinalement, sans se rappeler que sa bourse était en faite remplie de pièces d’or et non de cuivre. Mais avant que Jean n’ai le temps d’intervenir l’homme releva la tête en pleurant :
- Lucie , c’est bien toi ma petite ! J’ai reconnu ta voix. Dieu soit loué !
Jean n’en crut pas ses yeux , l’homme avait rabaissé sa capuche, laissant apparaître un visage rond et gentil qu’il connaissait si bien. Les grand yeux bleues du père Amette étaient emplis de larmes et regardaient Lucie avec une joie débordante.
- Mon père ! S’écria Lucie en souriant à pleine dents et en relevant le vieil homme. Je suis tellement heureuse de vous revoir.
Jean avait passé cinq ans à épauler le prêtre à l’église du village d’Oulmes et il s’était fortement attaché à ce vieux bonhomme doux et grisonnant. Il n’avait pas vu son mentor depuis plusieurs mois, depuis que celui-ci très malade était parti à Fort-Des-Tombes à la recherche d’un remède. Il n’avait aucune nouvelle de lui depuis plusieurs mois et le revoir en bonne santé le rendait fou de joie. Malgré tout le père Amette ne ressemblait pas vraiment à l’homme qu’il connaissait, il avait perdu beaucoup de poids et il avait les traits creusés par la fatigue.
- Mon père, souffla Jean en s’approchant avec émotion.
- Jean tu es la toi aussi, se réjouit le prêtre dont les yeux s’illuminèrent encore un peu plus. Je suis si heureux de te voir. Ho et Roland est la aussi mais que faites vous ici mes enfants ?
- Mon père pourquoi faites vous la manche ? Demanda Jean qui ne pouvait plus tenir.
- C’est une longue histoire, répondit le prêtre dont le visage s’assombrit. Allons dans un endroit plus calme je vais tout vous raconter.
Jean, Lucie et Roland suivirent le père Amette qui malgré son grand âge se faufilait habillement parmi la foule massée devant la cathédrale. Il les guida loin du tumulte de la grande place, à l’ombre d’une ruelle ou l’air était plus frais puis il s’assit sur les marches d’un perron en leur faisant face :
- Combien de temps cela fait-il que j’ai quitté le village d’Oulmes ?
- Cela fait un peu plus de trois mois, répondit Jean qui se souvenait parfaitement du jour en question.
- Mon Dieu, déjà, marmonna le père Amette. Déjà trois mois que je suis coincé ici ? Quand je suis arrivé à Fort-Des-Tombes , j’étais en piteux état et j’avais peur pour ma vie.
Jean eu un rictus quand il repensa à l’état de santé du prêtre avant son départ. Depuis que Jean le connaissait, il avait toujours été malade mais son état s’était aggravé au fil des ans. Jean l’avait conjuré de partir chercher un remède en ville maintes et maintes fois sans succès. Finalement Jean avait réussi à convaincre le père Amette, il avait accepté à la seule condition que Jean reste à Oulmes pour assurer l’office de l’église du village.
- J’ai parcouru toute la ville de long en large, j’ai visité chaque hospice, chaque apothicaire en essayant de trouver quelqu’un qui pourrait me soigner mais partout ou j’allais, on me condamnait à une mort certaine. Je me suis dit que mon heure avait sonné, que j’avais accompli la volonté du Seigneur et que celui-ci me rappelait tout simplement auprès de lui. J’ai fini par accepter mon sort et après plusieurs jours passés ici, j’ai décidé de rentrer à Oulmes pour y mourir. Malheureusement je n’ai jamais pu quitter la ville.
- Pourquoi donc ? S’étonna Roland les sourcils froncés.
- A cause de la Rage noire, poursuivit le prêtre. L’épidémie a frappée la ville de plein fouet à ce moment la, provoquant de véritables tueries. C’est à peu prés en même temps que les soldats de la croisade noire sont arrivés. Ils ont inondée la ville, empêchant quiconque d’y entrer ou d’en sortir pour tenter d’endiguer les contaminations. Je me suis retrouvé coincé ici, à dormir dans les rues et à mendier pour mon pain. A ce moment la, ma santé s’était encore dégradée et j’ai bien cru que j’allais mourir tout seul ici.
A ces mots le prêtre marqua une pause semblant replonger dans des souvenirs douloureux. Il fut parcouru d’un frisson avant de reprendre :
- Un soir alors que je m’était réfugié au fond d’une ruelle pour la nuit, j’ai entendu des bruits de pas qui approchaient. J’étais trop faible pour bouger ou relever la tête et j’ai alors attendu, la peur au ventre. Mais quand les pas se sont arrêtés tout prés de moi ce n’était pas les bottes de soldats que j’ai vu mais le bas du longue robe noir traînant sur le sol. J’ai aperçu le visage d’une très ville femme vêtu de noir se pencher vers moi, puis plus rien. Je ne sais pas combien de temps je suis resté évanoui, ni ce que la vielle femme m’a fait, mais quand je me suis réveillé, je me sentait déjà un peu mieux. Je me suis assis et je l’ai vu, elle était de dos et presque arrivée au bout de la ruelle. J’ai essayé de l’appeler pour la remercier, mais aucun son n’est sorti de ma bouche meurtrie par les quinte de toux.
- Mon père c’est incroyable ! S’exclama Roland. Vous ne vous en rendez pas compte mais c’est très probablement la sorcière que vous avez vu cette nuit la.
- Ho mais j’en suis sur, répondit le père Amette en souriant . Quand la vielle femme est arrivée au bout de la ruelle, elle s’est arrêtée et est restée immobile quelques secondes. Alors comme par enchantement elle s’est métamorphosée sous mes yeux. En un instant, elle a pris l’apparence d’une fillette à la longue chevelure rousse mais malheureusement je n’ai pas vu son visage.
- C’est ça ! S’écria Lucie visiblement surexcitée. C’est elle qui est venue nous prévenir pour l’hospice Rafael et moi. C’est la même jeune fille, c’est la sorcière qui nous a prévenu. Reste à savoir comment elle a sur que Rafael pouvait guérir la Rage noire.
- La Rage noir ? Rafael ? Mais de quoi parles tu ? Demanda le prêtre qui de toute évidence ne comprenait rien.
- C’est compliqué, intervint Jean précipitamment. Mais on vous expliquera tout après. Continuez mon père.
- Ha oui tu as raison. Ou j’en étais ? La sorcière, c’est ça. En fait je suis sur et certain que c’est bien la sorcière que j’ai vu cette nuit la car depuis ce moment mon état de santé s’est considérablement amélioré. Je ne sais pas ce qu’elle m’a fait mais je suis convaincu qu’elle m’a guéri durant le laps de temps ou j’étais évanoui. Depuis ce jour je me sens beaucoup mieux, mes quintes de toux, mes maux de tête et tout mes autres symptômes ont disparus.
- C’est génial, s’extasia Lucie dont le visage rayonnait. Mon père vous êtes sauvé, je suis si heureuse ! Cette sorcière est vraiment incroyable.
- Je suis bien d’accord, commenta le prêtre. Sans elle je serais sûrement mort à l’heure qu’il est. Cette femme fait preuve d’une grande miséricorde, même si je sais quel est le positionnement de l’église face aux sorcières, je ne peux m’empêcher de lui être reconnaissant.
Lucie et Roland se laissèrent aller à la joie de voir le père Amette enfin guéri et le pressèrent de question sur son état de santé. Bien sur Jean aussi était très heureux d’avoir retrouver le vieil homme et de le voir tiré d’affaire. Il était aussi très content d’avoir trouvé des informations sur la sorcière, mais quelque chose en son for intérieur le tourmentait. Pourquoi le père Amette n’avait pas demandé de l’aie à ses confrères ? Pourquoi n’était il pas tout simplement entré dans une église ou dans la cathédrale quand il avait besoin d’aide ?
- Mon père quand vous étiez au plus mal, pourquoi ne pas vous être réfugié dans une église ?
Le prêtre leva ses yeux bleues comme la glace vers Jean et son visage se décomposa.
- Ho mon pauvre Jean, j’ai essayé,dit-il d’une voix tremblante. Dans chaque église que j’ai visitée on ma rejeté et chassé comme une vermine. Seul certains habitants ont eu la bonté de me venir en aide.
Ce fut comme si Jean avait reçu un coup de massue sur la tête. Il était tellement abasourdi qu’il sentit ses mains devenir moites et ses genoux trembler. C’était impossible ! Comment des serviteurs de Dieu avaient il pu refuser de l’aide à un homme dans le besoin, qui plus est un homme d’église ? Jean pensait déjà connaître la réponse à cette question mais il ne pouvait l’accepter.
- C’est à cause de l’ordre du feu n’est ce pas ? Demanda-t-il en essayant de contenir ses émotions. J’ai vu les soldats de la croisade noir qui gardaient la cathédrale tout à l’heure mais j’ai vu des hommes en robe blanches qui les accompagnaient. Ce sont eux l’ordre du feu ?
Le père Amette acquiesça de la tête le visage triste. Il prit une grande inspiration comme pour se donner du courage et dit:
- Jean tu es un bon garçon, je suis fier de ce que tu es devenu et de la manière dont tu sers le Seigneur. Il ne faut pas te laisser envahir par de mauvaises pensées à cause de cette bande de fanatiques.
- Mais mon père je ne comprends pas, avoua Roland l’air septique. Quel est le problème avec eux ?
- C’est peut être un peu compliqué pour quelqu’un qui ne fait pas partie de l’église, répondit doucement le prêtre. Je vais vous expliquer le plus clairement possible. Depuis le début de l’épidémie un nouveau courant de pensée est apparue au sein de l’église. Ce mouvement est appelé l’ordre du feu et le nombre de ses partisans ne cesse d’augmenter. L’idée générale qui les animent est que la Rage noire est un message envoyé par Dieu pour punir les hommes. C’est un groupe de fanatique très violent qui considère les personnes contaminées comme des cibles désignées par le Seigneur. Ils se sont mis en tête de massacrer ces cibles et leur désir de purification a très vite empiré. Maintenant ils s’en prennent aussi à tout les malades, lépreux, mendiants et criminels qu’ils considèrent comme des déchets. Ils souhaitent débarrasser le monde de ses « impuretés » pour la gloire de Dieu. Ils sont extrêmement dangereux et j’ai du me cacher pour pas qu’il ne me mettent la main dessus.
- Mais pourquoi personne ne s’oppose à eux ? Demanda Lucie visiblement étonnée.
- La rumeur dit que ce mouvement est né dans les hautes sphères de l’église, expliqua tristement le père Amette. Et c’est bien ça le fond du problème, vu que la hiérarchie en fait partie personne n’ose s’y opposer. J’ai entendu dire que l’évêque Orlando adhère lui aussi à ces idées ce qui ma beaucoup surpris. J’ai déjà rencontré l’évêque a plusieurs reprises et jamais je n’aurais pensé qu’un homme aussi bon que lui rejoigne l’ordre du feu.
Jean était déjà au courant de l’existence de l’ordre du feu, le clerc qu’il avait interrogé quelques jours plus tôt lui avait parlé d’eux. Mais apprendre de la bouche du père Amette que l’église toute entière avait été infestée par ces idées répugnantes lui secouait les entrailles. Il sentait la peur et la colère grondait dans chacun de ses muscles, les dents serrées, il s’avança vers le prêtre, s’agenouilla devant lui et prit ses mains dans les siennes.
- Mon père, je ne laisserais personne ni même l’ordre du feu salir la parole de notre Seigneur. Je jure que je n’aurais pas de répit et que je ne rentrerais pas à Oulmes avant d’avoir mis fin à cette mascarade.
Le père Amette plongea son regard dans le sien mais Jean ne cilla pas, déterminé à tout faire pour réussir. Finalement le vieil homme sourit en secouant la tête :
- Ha la fougue de la jeunesse. Fais comme tu veux Jean, je sais que je n’arriverais pas à te raisonner. Néanmoins n’oublie pas une chose, la volonté de notre Seigneur est de répandre la paix et l’amour. Souviens t’en !
Jean inclina légèrement la tête en guise d’approbation et le prêtre demanda d’un ton plus léger :
- Bon alors, allez vous enfin me raconter ce que vous faites ici et qui est ce Rafael ?
- Il est exceptionnel, dit Lucie avec enthousiasme. Lui et son frère Reuel ont sauvé Oulmes de la Rage noire. Il faut absolument que vous les rencontriez mon père.
- Allons y, proposa Roland en souriant lui aussi. On va vous les présenter, en plus on aura largement le temps de tout vous raconter en chemin.
Ils quittèrent la ruelle et retournèrent sur la grande place qui avait retrouvé son calme. Lucie et Roland marchaient devant avec le père Amette en lui racontant leur rencontre avec Rafael et Reuel. Jean en retrait jeta un regard mauvais vers la cathédrale et même si les fidèles n’étaient plus la, les soldats de la croisade noir montaient la garde autour du bâtiment pareil à des statues de pierre. Les partisans de l’ordre du feu avaient disparus mais Jean les imaginait en train de prier devant l’autel de la cathédrale, souillant ce lieu saint par leur simple présence. Pour la première fois de sa vie sa foi était ébranlée, il se sentait triste, vide et énormément de questions se bousculaient dans sa tête.
Ils s’arrêtaient de temps à autre à l’ombre d’une ruelle ou l’air était plus frais pour se désaltérer et permettre au prêtre de se reposer. Mais en début d’après midi, il arrivèrent enfin dans la cour de l’écurie et entrèrent par la double porte de bois.
A la grande surprise de Jean, Rafael et Reuel n’étaient pas seul dans l’écurie, ils s’entretenaient avec une jeune fille que Jean n’avait jamais vu. Ses cheveux lisses et roux encadraient son visage rond et parsemé de taches de rousseurs et ses yeux bleues passaient de Rafael à Reuel avec intérêt. Rondelette, elle était de petite taille et portait une robe de lin rapiécée de toute part. Rafael s’aperçut de leur présence se leva et vint rapidement vers eux.
- Je vois que vous êtes accompagnés, dit Rafael en souriant.
- Je vous présente le père Amette, dit Lucie en posant affectueusement sa main sur l’épaule du vieil homme. C’est le prêtre de notre village.
- Mon père, dit poliment Rafael en inclinant la tête.
- Tu dois être Rafael, devina le père Amette avec un sourire amusé. Tu corresponds trait pour trait à la description que Roland et Lucie m’ont faites de toi !
- C’est bien moi, dit Rafael en souriant encore plus largement. Laissez moi vous présenter mon frère Reuel et Mathilde dont nous venons de faire la connaissance. Elle est venue nous proposer son aide.
- Ton visage me semble familier, dit Lucie en s’adressant directement à Mathilde, les traits marqués par la concentration.
- C’est sûrement car nous nous somme déjà vu, répondit Mathilde d’un air enjoué.
- Ha bon ? S’étonna Lucie. Je n’arrive pas à me souvenir.
- Peut être que tu te souviendras mieux de moi sous cette forme, dit Mathilde avec un sourire malicieux.
Elle fit un clin d’œil en direction de Lucie et sans même bouger le petit doigt elle pris l’apparence d’une petite fille rousse aux joues dodues et couverte de taches de rousseur.
- Mais tu es… s’exclama Lucie en sursautant.
- Une sorcière, coupa Mathilde sous son apparence de fillette.
- C’est toi qui nous a prévenu pour l’hospice, j’avais raison, continua Lucie en se tournant vers Jean et Roland.
- Vous êtes aussi capable de vous transformer en vielle dame, n’est-ce pas ? Demanda le père Amette le teint pâle et la voix tremblotante.
- Tout à fait, affirma Mathilde avant de se transformer à nouveau en une très vielle femme habillée de noir. Je me souviens aussi très bien de vous. Cette nuit la dans la ruelle vous étiez très mal en point quand je vous ai trouvé.
- Incroyable, murmura Roland les yeux ronds.
Cette capacité à se transformer était de loin la chose la plus extraordinaire que Jean n’avait jamais vu et cela lui faisait peur. Généralement les religieux n’aimaient guère les sorcières ou la magie et Jean ne faisait pas exception à la règle. Le père Amette quant à lui resta muet, comme pétrifié devant cette femme qui lui avait sauvé la vie.
- Malheureusement Mathilde n’est pas seulement venu pour nous faire une démonstration de ses pouvoirs mais pour nous apprendre une mauvaise nouvelle, déclara Rafael la mine sombre. Le temps nous est compté et vous devriez écouter ce qu’elle a à dire.
- Que se passe-t-il ? Demanda Jean précipitamment qui avait un mauvais pressentiment.
- Votre ami a était arrêté et emmené dans les cachots de la cathédrale, annonça Mathilde qui avait repris son sérieux et sa forme normal. Je pense que si on ne se dépêche pas il va se faire torturer par les sous-fifres de l’évêque Orlando.
Durant la journée Jean avait complètement oublié l’absence de Guigues et il s’en voulait à présent. Même si il devait y laisser la vie, il était hors de question d’abandonner son ami à son sort.
- Je vais le chercher, dit Jean d’une voix déterminée. Même si je dois y aller seul.
- Tu ne seras pas seul, dit doucement Lucie en le regardant droit dans les yeux.
- On vient avec toi évidemment, affirma Roland avec un grand sourire.
- Il est grand temps de rendre une petite visite à Orlando, dit Rafael en tapotant l’épaule de Jean. Il ne nous reste plus qu’a trouver un plan.
Me revoilà :)
Je termine ce huitième chapitre et voici mes retours :
"- Ce se tient, je pense que Lucie a vu juste. Par contre je suis persuadé que Rafael se transforme contre son gré.
- Je n’en suis pas si sur, coupa Guigues qui avait retrouvé son calme. Si il ne fait pas exprès de se transformer , pourquoi ne pas nous l’avoir dit ?"
-> à mes yeux la remarque de Lucie est d'une logique implacable. S'il pouvait choisir quand se transformer, il n'y aurait pas de raison pour que ça arrive précisément après les guérisons, ni pour que Reuel le cache. Il pourrait juste choisir de se transformer ou pas... Donc je ne suis pas convaincue par la réponse de Guigues. En revanche, il pourrait approuver, mais accentuer davantage sur le côté "comment leur faire confiance quand ils ont caché une telle chose ?".
"Jean le suivit, s’allongea sur la paille et s’endormit presque aussitôt." -> lui qui cogite pas mal, ça m'étonne qu'il s'endorme comme un bébé après une telle révélation :)
"- Mais ça pourrait te mettre en danger, protesta Reuel. C’est trop dangereux." -> un peu redondant.
"- Ils ont le droit de savoir, repris Rafael d’un ton grave." -> une idée m'est venue juste avant cette ligne, spontanée, et je te la partage (attention ne te sens pas du tout obligé d'en faire quoi que ce soit, ce n'est qu'une remarque, même pas une suggestion) -> ça aurait été un sacré plot twist que Rafael n'en soit pas conscient, et que Reuel s'occupe de ses "crises" tout seul. Voilà, je pose ça, mais c'est ton histoire.
"Nous avions vraiment besoin de votre aide et je ne voulais pas vous faire peur." -> je note juste cette phrase par rapport aux échanges qu'on avait eu sur le fait qu'il valait mieux que ce soit dans l'autre sens, que ce soit eux qui veuillent suivre les jumeaux plutôt que le contraire.
"Sais tu seulement ce que Rafael ressent ?" -> cette remarque fait un peu "fleur bleue" je trouve, et tranche avec le caractère assez taciturne de Reuel :)
"- Lucie , c’est bien toi ma petite ! J’ai reconnu ta voix. Dieu soit loué !" il la reconnaît à sa voix ? Pas à son visage ? C'est étonnant. Il doit pourtant se trouver pas si loin d'elle. Qu'il mette un peu de temps avant de remettre sa tête, je l'entendrai, mais le détail de la voix me paraît curieux.
"elle a pris l’apparence d’une fillette à la longue chevelure rousse mais malheureusement je n’ai pas vu son visage.
- C’est ça ! S’écria Lucie visiblement surexcitée." -> Je suis un peu partagée. D'un côté, moi aussi j'y ai pensé, parce que c'est bien suggéré. Mais de l'autre, la réaction de Lucie me paraît trop "sûre d'elle". Ils sont dans une grande ville. N'y a-t-il qu'une seule gamine rousse ici ? Est-ce FORCEMENT la même ? Il serait peut-être plus subtil que cela lui évoque quelque chose sans qu'elle s'en enthousiasme autant.
Puis comme on la retrouve très peu de temps après (la sorcière), ce n'est peut-être pas utile de la "re" présenter.
"Jean était déjà au courant de l’existence de l’ordre du feu" -> cette phrase n'est peut-être pas utile. Le lecteur sait ça, et ils viennent qui plus est d'en parler avec le père Amette. Donc on sait parfaitement que Jean est au courant de l'existence de cet ordre.
"Pour la première fois de sa vie sa foi était ébranlée," -> peut-on vraiment dire cela ? Ce n'est pas sa foi qui est ébranlée, puisqu'il vient de jurer qu'il ferait tout pour nettoyer l'Église. Ce sont ces hommes, et cet Ordre du Feu qui le révoltent.
"Mathilde qui avait repris son sérieux et sa forme normal" -> sur quoi se base Jean (puisque c'est son point de vue) pour décréter que celle-là est sa forme normale ? Et la quelle est-ce ?
Pour la fin, je trouve ça naturel qu'ils veuillent réagir très vite et porter secours à Guigues, mais ils ne demandent pas à la sorcière ce qu'il s'est passé ? Le motif de l'arrestation peut être intéressant pour évaluer les risques encourus. A-t-il craché sur un prêtre de l'Ordre de Feu ? S'est-il simplement montré désagréable avec un garde ? A-t-il volé quelque chose ? L'a-t-on vu avec le reste du groupe, et sont-ils également en danger ?
Voilà voilà pour ce chapitre ! À bientôt :)
Déjà merci d'avoir lu ce huitième chapitre, j'espère qu'il t'a plu. =)
C'est vrai qu'il y pas mal d'incohérence dans ce chapitre, certaines dont tu m'a déjà parlé et j'ai pris la décision de les changer pour la version finale du texte. Je pense par exemple au fait que le groupe veut suivre les jumeaux par eux même et non car ceux-ci leur demande de l'aide. Encore plein de petit détails que tu met en avant et qui, une fois que tu l'écris noir sur blanc me saute au visage et pour ca je te remercie.
Alors pour ce qui est des crises de Rafael, du fait qu'il pourrait ne pas s'en souvenir et que Reuel se voit obligé de les gérer tout seul je dois avouer que je n'y avais absolument pas pensé. Je trouve que c'est une idée géniale et qui collerait parfaitement avec mon histoire. Ca accentuerait le côté gentil et bienveillant de Rafael mais surtout le côté protecteur et taciturne de Reuel qui cache à son frère qu'il est dangereux. Franchement j'adore et je te remercie grandement de m'avoir soufflé cette remarque. J'aimerais beaucoup l'incorporer à l'histoire mais je crois que ca ne colleras pas avec la suite. Je ne veux rien spoiler mais cela me forcerais à changer pas mal de choses. En tout cas je garde bien précieusement l'idée et je vais sérieusement réfléchir à l'ajouter.
Je vois ce que tu veux dire quand Lucie s'exclame et comprends pour la sorcière. J'ai peut être un peu mal géré ce passage ( je voulais vraiment que le lecteur comprenne, j'y suis peut être allé un peu fort) Je pendrais soin de le modifier.
Je te remercie encore un fois pour toutes les remarques et tout les retours que tu me fait. Tu trouves toujours les incohérences et les petits détails qui m'échappent et ca m'aide énormément !
A bientôt =)
Et sinon pas de soucis :) je sais (d'expérience) que c'est très dur de voir ses propres incohérences. On a le nez dans l'histoire, on connaît passé présent futur, et c'est compliqué du coup de doser ce qu'il faut montrer ou non au lecteur. Vraiment, je comprends parfaitement !
Je viendrai lire la suite dans les prochains jours :)