Chapitre 8 - Le procès

Par Hylla
Notes de l’auteur : Bonne lecture !

La famille s’approcha une dernière fois du corps d’Orman. Son visage avait l’air si apaisé, maintenant ; mais Maeve ne pouvait s’enlever de la tête l’image de son teint empourpré et de ses yeux agonisants. Le maître de cérémonie plaça un galliot sur chaque œil du défunt, et les Fanese vinrent à son chevet une ultime fois avant de descendre du temple de bois pour laisser l’homme officier les derniers sacrements. En une huitaine, depuis la Fête du Roi, le Lac Loëtan avait vu s’élever l’ouvrage, et ses quatre grands piquets. Un pour chaque élément, lui avait précisé Odrien, afin que la fougue des flammes, la sérénité de l’eau, l’abondance de la terre et la musique des airs accompagnent le défunt jusqu’à son ultime demeure.

Aux Pays de Dennes, il fallait prier pour le passage des cieux, pour que l’être puisse renaître dans un autre monde, qui ne serait pas celui-ci. Mais de ce que la jeune fille en avait compris, il en serait tout de même semblable. Si son âme ne passait pas le voile des cieux, elle resterait ici, à tempêter parmi les nuages, à fouler la terre de son amertume. Pour Maeve, que brûler un corps l’aide à le rapprocher des cieux était inconcevable, et même sacrilège. La terre, qui voyait naître les hommes et de ses richesses le faisait grandir, ne devait-elle pas récolter à leur mort les fruits de son sacrifice ?

Devant eux, les flammes commençaient à consumer les décorations de petit bois. Le vent commença à leur souffler à la figure la fumée noire qui s’élevait, de plus en plus épaisse, de plus en plus haut. Ses yeux piquaient, tandis que le soufre chatouillait ses narines. Le temple devenait un véritable brasier. Bientôt, le corps d’Orman qui reposait, les bras croisés sur sa poitrine, disparaissait dans une ombre que dévoraient les flammes. Quelle idée, de brûler les gens ainsi. Infliger aux corps de disparaître dans une violente fournaise, à la vue de tous. Et cette odeur…

L’assemblée ne tarda pas à se déplacer sur une partie du rivage épargnée par l’épaisse fumée. Les gens de cour, dont Maeve se demandait si une seule personne était encore présente dans le palais tant la foule était vaste, avaient été rejoints par ceux de la ville pour payer leur dernier tribut. Et si ces derniers avaient été retenus aux alentours du temple le temps des derniers sacrements, ils profitaient maintenant du brasier géant et du déplacement des premiers pour venir jeter dans les flammes des fleurs et des épis de blé.

La famille dut encore souffrir de nombreux hommages avant de pouvoir quitter ce lieu sordide. La moindre tête que Maeve ait pu croiser depuis qu’elle eut posé son premier pied dans le pays se pointa pour leur exprimer ses plus sincères condoléances. Cilia se ventilait de quelques coups rapides de son éventail et répondait d’un geste de tête concis. Odrien répondait parfois d’une voix étranglée, mais son cousin Nirien en profitait pour le soulager de sa peine et remercier, au nom de toute la Couronne, untel de sa sympathie.

Pour Elle, par contre, Odrien retrouva toute sa voix. La femme aux cheveux bruns n’arborait pas ce sourire si insolent de naturel comme les fois précédentes. Elle était venue accompagnée d’un couple plus âgé. Maeve était persuadée d’avoir déjà vu cet homme, mais après tout, elle avait acquis cette certitude plus d’une fois ce jour-là.

« Je tenais à exprimer à Leurs Excellences, au nom de la Consule Meera et de la Brême tout entière, nos plus sincères condoléances » entama l’homme en s’inclinant devant Odrien.

Elle se souvenait à présent d’avoir été introduite à l’ambassadeur brêmois lors de son mariage. Ainsi donc, cette femme était étrangère elle aussi ?

« Nous vous remercions, Messire Cassiope, pour votre présence aujourd’hui, et le soutien de votre pays. »

Odrien avait parlé d’une voix claire, timbrée d’un voile étouffé. A n’en point douter, son inclinaison était des plus sincères. Dans sa poitrine, la jeune épouse sentit une pointe vive. Elle n’arrivait pas à quitter des yeux la jeune femme. Parfois, celle-ci croisait son regard, et à chaque nouvelle occurrence, elle le soutenait davantage. Elle devait être une femme très fière, pensa Maeve, pour ne pas baisser les yeux ainsi. Quel âge avait-elle ? Elle avait l’air plus âgé qu’elle, et de faire bien moins cas de sa présence que la jeune princesse ne pouvait s’en retenir. La famille Cassiope avait eu beau s’être retirée pour faire place à de nouveaux courtisans, la princesse n’arrivait pas à chasser la pensée de cette autre.

 

La mort du Régent avait jeté sur le palais un souffle glacial. Rien ne paraissait plus tendu que les traditionnels repas que la famille Fanese tenait à chaque zénith. Cette fois, le réconfort de la Cité Inviolable prenait tout son sens. Loin de la cour, loin de son peuple, les princes vivaient leur deuil dans leurs quartiers interdits. Et lorsqu’ils étaient tous rassemblés autour d’une table, seuls les bruits de plats au contact du bois et de cuillères déposées sur les assiettes venaient rompre le silence. Les rares élans de conversation s’achevaient en de brèves réponses, et si Nirien avait parfois l’envie de quelque sujet, il ne trouvait pas dans l’assemblée la réplique nécessaire à la survie du dialogue.

« Avez-vous des nouvelles de l’enquête ? » avait osé demander Maeve fébrilement quelques jours après la cérémonie de passage.

A peine Darion avait-il esquissé un mouvement de tête. Toujours rien. Cela allait bientôt faire une lune que Primo avait été arrêté, et elle n’avait eu aucune nouvelle depuis. La jeune fille s’en voulait d’être si impuissante, elle qui aurait tant voulu aider le vieux maître à prouver son innocence. Kasper était le seul à qui elle pouvait porter secours. Armée d’un panier rempli de provisions, elle partit à Katu. A l’annonce de l’arrestation, le garçon eut une mine d’horreur, avant de partir dans un coin fixer par la fenêtre, l’air évasif. Il ne décrocha plus mot après cela.

Elle lui avait promis de revenir jusqu’au retour du maître, mais à chaque nouvelle visite, elle lisait sur son visage la déception de ne pas voir Primo arriver à sa place. Plus le temps passait, plus l’attente devenait inquiétante. Face à la réponse peu évocatrice du Ministre des Sûretés, Maeve se devait d’insister. Elle attendit qu’il quitte la table pour prendre congé à son tour et s’élancer sur ses pas.

« Attendez ! » l’appela-t-elle.

Darion se retourna, l’air surpris.

« Et Primo Darrell ?

— Ce n’est pas à moi qu’il revient de décider ce qu’il adviendra de cet homme, je ne me charge que de le questionner.

— Est-il traité dignement ?

— Mon travail est de le faire avouer, Maeve, pas de le couver.

— Comment avouerait-il quelque chose qu’il n’a pas commis ?

— Comment pouvez-vous en être si persuadée ? »

Elle le foudroya du regard.

« Nous ne sommes pas chez les barbares. Ce sont les Pays de Dennes, ici. Votre homme sera jugé, et même exécuté si nécessaire, parce que ce sera la loi. Pas parce que quelqu’un le pense innocent, ou coupable.

— Mais vous n’avez aucune preuve ! Et c’était votre père qui le pensait coupable, que je sache.

— Je dois retourner à mon cabinet.

— Je veux voir Primo.

— Les criminels de lèse-majesté n’ont pas de droit au visite. Vous verrez votre maître au procès, quand il répondra de ses actes devant la Justice du Roi. »

Darion avait tourné les talons, mais Maeve ne le laissa pas partir de sitôt.

« Et Ritius ?

— Il n’a rien avoué encore, lui non plus.

— Ce n’est qu’un enfant !

— Qui était présent au moment des faits. Tout le monde a soif de justice, ici. Vous, moi, les Pays de Dennes. Si le petit n’a vraiment rien à voir avec cette affaire, il ressortira après son jugement. On ne laisse pas croupir un fils de Sieur en prison sans raison.

— Primo aussi, est noble, que je sache.

— Vous me faites tourner en rond. »

Et cette fois-ci, Darion s’en alla vraiment. La jeune fille demeurait sur place, les poings serrés, la rage aux dents. Ne rien pouvoir faire l’exultait. Elle ne pouvait qu’attendre. Elle ressassait souvent le scénario de cette arrestation, du Régent qui pointait le vieux maître du doigt, et des gardes qui s’étaient acharnés à l’arrêter tout aussitôt. Et si elle ne l’avait pas croisé devant la Grande Porte, et si elle ne l’avait pas invité à la rejoindre dans l’enceinte du palais, serait-il libre aujourd’hui ? Et Orman, serait-il mort quand même ? Oui, préférait-elle se réconforter. Il serait mort quand même, car Primo était innocent.

 

Le jour du procès, la foule s’amassa devant le Pavillon des Petits Pas qui avoisinait la muraille. La salle d’audience, dont l’accès avait été seulement accordé aux plus privilégiés, était pleine à craquer. Ils étaient tous là, assis, à babiller, comme toujours. Elle se demandait ce qu’ils pouvaient bien faire d’autre que de trouver moult prétextes pour s’enivrer, boustifailler et caqueter à souhait.

L’assemblée devint subitement silencieuse, et se leva pour les accueillir, tandis qu’ils regagnaient les premiers rangs qui leur avaient été réservés. La jeune femme prit place entre son époux et Cilia. Darion avait préféré s’installer aux côtés de son frère, « pour avoir accès à la sortie plus facilement ».

 Devant eux, sur l’estrade, la barre était cernée par deux promontoires qui se faisaient face. De l’autre côté, une tribune encadrait une porte. Tout était allé si vite, depuis le soir de la fête. Cette audience lui paraissait surréaliste. Il y avait quelques jours encore, elle s’amusait avec Primo et aujourd’hui, il était jugé pour un crime pour lequel elle était persuadée de son innocence. Mais elle ne pouvait s’empêcher de ressasser. Pourquoi le Régent avait-il eu cette réaction ?

La porte du fond de la salle s’ouvrit sur Nirien. Le menton levé, les cheveux tirés en arrière et frisés sur les pointes, il regagna la droite de l’esplanade. Derrière lui, deux valets tenaient sa longue toge pourpre pour qu’elle ne traîne point à terre. Pourquoi n’était-il pas parmi eux, dans l’auditoire, mais paré de cet accoutrement ridicule ? Mis à part un autre à la robe rouge, personne d’autre que lui ne portait l’hermine sur l’épaule. Maeve chercha quelque explication dans le regard de ses voisins, mais il lui suffit de voir le sourire béat de Cilia qui suivait le moindre mouvement de son fiancé pour se raviver. Il n’était pas suffisant qu’Orman meure et que Primo soit arrêté. Il lui fallait aussi que Nirien et Cilia s’y mettent. A s’aimer et à fanfaronner pendant le procès.

 Maeve reconnut quelques têtes parmi ceux qui avaient pris place dans la tribune à gauche, qui faisait face à Nirien. Le petit vieux grippé qui tremblait dangereusement du bras, cette dame aux lèvres retroussées qui tenait ses mains fermement liées avec ses ongles si longs. Elle n’avait par contre jamais vu cet homme à la robe rouge, qui siégeait en face de Nirien. Sa longue perruque argentée lovait amoureusement ses grosses joues.

« Messire le Juge, le salua Nirien.

— Messire l’Inquisiteur.

— Inquisiteur ? » pensa Maeve à haute voix.

Cilia la regarda, fière et amusée.

« J’ignorais que Nirien remplissait de telles fonctions, s’empressa-t-elle de rajouter tout bas.

— Il tient à parler au nom du Royaume dans un procès qui affecte si durement nos intérêts. »

Il fallait toujours qu’il soit le centre de l’attention, celui-là, avec sa fiancée qui ne manquait jamais d’ajouter son grain de sel. D’un signe de main solennel, le juge ordonna à la salle de s’asseoir avant de s’éclaircir la voix.

« Bien. Vos Altesses, Dames, Sieurs, Damoiselles, Damoiseaux et gens des Pays de Dennes, en vertu des pouvoirs qui me sont conférés par le Roi Ferinan et au nom du Royaume des Pays de Dennes, je déclare l’audience de ce jour ouverte.

» Notre Cour est rassemblée aujourd’hui pour connaître des chefs d’accusation de lèse-majesté et de régicide sur la personne du Prince Orman Fanese contre la personne de Messire Primo Darrell. Messieurs les jurés, adressa-t-il aux tribunes, je vous prie de bien vouloir accorder la plus grande attention aux éléments de cette affaire afin de pouvoir juger de la culpabilité du prévenu comme bon droit vous semble. Messieurs les gardes, vous pouvez faire entrer le prévenu. »

Encerclé de soldats armés jusqu’aux dents, l’homme enchaînait un pas après l’autre d’une démarche fébrile. Il déambula jusqu’à la barre tel un pantin, les yeux fixés au sol. Ses joues creusées et ses paupières grisées trahissaient l’enfer de ses derniers jours. Il était méconnaissable. Le malheureux s’aida de la barre pour supporter son poids. Que lui avaient-ils fait ? Maeve jeta à Darion un regard inquisiteur, mais il n’y prêta aucune attention.

« Nous sommes réunis aujourd’hui pour statuer sur la culpabilité de Maître Primo Darrell dans l’assassinat d’Orman Fanese, Prince des Pays de Dennes, et Régent de la Dennes Occidentale. Messires les jurés apprécieront la culpabilité à l’aune des arguments versés aux débats, ainsi que des écritures qui leur ont été soumises. Le Royaume des Pays de Dennes est représenté par Son Altesse le Prince Nirien de la Bagane. Messire l’Inquisiteur, nous vous écoutons. »

— Je vous remercie, Messire le Juge, adressa-t-il poliment en se levant pour mieux contourner la table. Les faits, vous les connaissez : vous étiez là. Pendant les repas de la Fête du Roi, Orman Fanese, Régent de cet Etat et représentant de son bon Roi, a été assassiné. »

Il tenait le silence entre ses doigts, l’attention de la salle sur ses lèvres, et lorsqu’il en fut convaincu il reprit :

« Le tout dans d’atroces souffrances. Et avant de rendre son dernier soupir, il désigne quelqu’un. Il accuse. Vous, Monsieur Primo Darrell. C’est vous que le Régent a désigné comme son meurtrier. Vous encore qui, par vos méfaits, portez atteinte à la Couronne.

— Je suis innocent. »

Le procès commençait à peine que sa voix était déjà essoufflée.

« Pourquoi le Régent vous penserait-il coupable, si tel était le cas ? »

Primo ne répondit rien, son corps fatigué ne bougeait plus.

« Vous rappelez-vous de ce qu’il a dit, exactement, avant d’expirer ? »

Face au mutisme de l’accusé, une lueur traversa le regard de l’inquisiteur.

« Fallait-il aussi que vous m’assassiniez, répéta l’insolent. Pourquoi avait-il des raisons de croire que vous puissiez faire une chose pareille ? »

Derrière ces épaules qui s’affaissaient, Maeve devinait un homme en détresse.

« Quels étaient vos rapports avec le défunt Régent, Monsieur Darrell ? »

Les mains de l’accusé se crispèrent sur la barre.

« Je ne connaissais pas la victime.

— Mais le Régent, lui, vous connaissait.

— En effet. »

Nirien tapotait la table, le sourire aux lèvre. Dans leur dos, l’auditoire avait repris vie, et ricanait en messes basses.

« Vous rendez-vous compte à quel point vos dépositions sont contradictoires ?

— Orman Fanese était Régent de la Dennes Occidentale. Il y avait de nombreuses personnes dont il avait à connaître mais qui, eux, n’avaient pas le privilège de son temps.

— Et en quel honneur aurait-il eu à connaître de votre cas, Monsieur Darrell ? »

Cette inflexion dans sa voix l’insupportait. Les bras croisés, agrippés par ses mains crispées, elle ne détournait pas son regard de Primo.

« Je n’ai jamais rencontré le Prince Orman, je n’ai fait que donner une potion à une mage pour tenter de le sauver. J’ai rencontré la Princesse Maeve lors du tournoi d’honneur, j’imagine que c’est assez pour éveiller l’intérêt du Régent et du Ministre des Sûretés.

— Saviez-vous que vous faisiez l’objet d’une surveillance rapprochée depuis ? »

Primo demeura d’abord silencieux, avant de lâcher, confus :

« Être ami d’une princesse requiert certainement une telle vigilance.

— C’était une demande expresse du Régent. »

Nirien scrutait sa proie, laissant place au vacarme murmurant. « Il ment comme il respire » s’éleva une voix, dans son dos. « Mon arrière-cousin l’avait connu, à l’époque. Enfin, son frère surtout. Vous saviez qu’ils avaient une affaire à deux, mage et maître ? »

Maeve n’en revenait pas. Elle qui pensait être la seule à connaître Primo dans la salle venait d’apprendre par la rumeur une chose qu’elle ignorait sur lui. Après tout, le vieux maître ne parlait jamais de sa vie. Seulement de ses potions, de ses plantes et de ses recherches sur la magie.

« Le Ministre des Sûretés peut en attester. Jour et nuit, les gardes ne vous ont jamais lâché de l’œil, même pendant vos escapades au quartier des embrumes… »

Personne dans cette salle, à part elle, ne semblait croire en l’innocence du maître de potions. Elle avait l’impression que la bataille était perdue d’avance. Et même si elle exécrait l’accusateur, il avait quand même semé dans sa tête les germes du doute. Maeve était maintenant convaincue que Primo ne lui avait pas dit toute la vérité. Comment sinon expliquer les derniers mots d’Orman ?

« Tout le monde a vu le Prince Orman s’étouffer, je n’ai fait qu’aider la princesse à lui porter secours en premier. Aurais-je dû le laisser mourir sans essayer de faire mon possible ?

— Il n’a pas eu l’air de croire que vous l’aidiez. Avouez, Monsieur Darrell, que les faits sont troublants. »

Maeve n’arrivait plus à se contenir. Elle avait administré la potion elle-même. N’aurait-elle pas senti, s’il y avait quelque chose ? Après tout, Primo lui-même lui rappelait souvent qu’elle ne connaissait pas assez ce qu’elle nimbait.

« Je demande à interroger la personne qui a réalisé la nécropsie, demanda Primo au juge.

— C’est vous que j’interroge, Monsieur Darrell, riposta l’inquisiteur.

— Accordé. »

Nirien se broyait les lèvres de rage. Il regagna son siège et fit signe au juge de continuer, convaincu qu’il était malgré tout de son ressort de décider quand une bouche devait parler. Le juge ne faisait même plus cas de l’inquisiteur, tout occupé à murmurer à un assesseur quelque instruction que l’audience ne pouvait entendre.

Sur le banc, Odrien était tout aussi stoïque et renfermé que sa femme. Les bras croisés, son regard n’avait cessé de fixer un point vague derrière la barre depuis le début du procès. Sa sœur vantait à qui voulait entendre ses théories alambiquées sur les raisons qui avaient poussé un maître de potions désargenté de l’ancienne vague à se venger d’un système qu’il n’avait pas réussi à côtoyer, tandis que Maeve se contenait plus encore qu’à son habitude pour ne pas répliquer à ses absurdités.

Primo n’avait pas eu la vie facile depuis qu’il était arrivé ici. C’était bien le seul noble qu’elle avait rencontré qui ne vivait pas dans de somptueux quartiers. Il n’avait pas fini dans cette bicoque écroulée par choix, même s’il s’y plaisait. La vie ne donne pas à tous les mêmes chances, pensa-t-elle. Et parfois, la roue du destin peut très vite tourner. Le temps d’une phrase. « Tu vas partir ». En trois mots, sa vie avait changé. Ce pour quoi elle avait œuvré pendant des années, ses aspirations, tout avait disparu.

Le juge rappela le silence pour l’arrivée d’un homme de petite taille à la perruque soyeuse et ordonnée.

« Jurez-vous, Monsieur Firusse, de répondre aux questions de ce tribunal par la vérité, rien que la vérité, toute la vérité ?

— Je le jure, répondit-il la main en l’air avant de raconter à force de moult détails comment il avait procédé à l’examen du corps le soir même du décès. Le corps présentait plusieurs points d’attention, que j’ai étudiés avec précaution.

— Comme la présence d’une potion empoisonnée ? coupa Nirien.

— Vous n’avez pas la parole, Messire l’Inquisiteur » reprit le juge.

Son visage blond ne bougea pas d’un cil. Maeve lui accordait une chose, il savait bien paraître. Car elle le connaissait assez pour savoir qu’en cet instant, il bouillonnait.

« Mes analyses ont relevé la présence d’une congestion des intestins qui est, d’après mes observations, la cause la plus probable du décès. Une potion de régénération classique laisse de traces dans un organisme quelques heures seulement. Je n’ai pas relevé la présence d’autres éléments ingérés dangereux autres que ceux qui ont causé la congestion.

— Et quels sont-ils, Monsieur Firusse ? continua Primo.

— Des corps étrangers, fins, tranchants. Comme des brindilles. Ils ont perforé l’intestin de la victime lors de la digestion. »

Le goût du sang lui montait à la gorge. L’assemblée aussi, restait coite tandis que Nirien observait l’expert d’un regard suspect.

« Quand même ? Ce ne pourrait pas être un poison ? » ne put s’empêcher de chuchoter Cilia.

Cette fois, Odrien parut importuné par sa scoliaste de sœur.

« Êtes-vous parvenu à identifier ces brins fins et tranchants Monsieur Firusse ? demanda le juge.

— Je ne peux affirmer de façon certaine de quoi il s’agit, mais tout porte à croire que ces brins sont d’origine animale. Des vibrisses, plus exactement, qui auraient été découpées préalablement par le meurtrier. Les brins ont beau être fins, ils sont plus épaisses que celles de la plupart des félins. Le fait qu’elles soient si tranchantes est une piste… Il pourrait s’agir de moustaches. Celles d’un tigre, vraisemblablement.

— D’un tigre ! reprit Cilia. Mais alors… »

Les pièces s’assemblaient enfin dans sa tête. Pauvre Samaon… Penser qu’il ait pu être utilisé aux fins de tuer son maître était une triste ironie.

« Si vous me permettez d’ajouter, Messire le Juge, reprit Primo, mon atelier a été fouillé. J’étais en compagnie de la Princesse Maeve ce jour-là. Nous n’étions même pas à Mirane, mais à Katu, chez moi. Je n’ai rien à voir avec toute cette affaire.

— Vous auriez pu vous procurer ces vibrisses après que les gardes aient fouillé votre maison » rappela Nirien.

Primo eut beau contester, le juge laissa la parole à l’inquisiteur.

« Se procurer des marchandises illicites n’est pas chose impossible, vous le savez bien. Encore plus quand on habite près d’un port. Si je ne me trompe, il n’est pas rare, si l’on pousse la porte des Maîtres de potion, de trouver des ingrédients incongrus. Surtout pour quelqu’un qui se fournit au quartier des embrumes.

— M’accusez-vous d’utiliser des ingrédients non réglementés ?

— Pas encore. Je sais par contre que le soir de cette fameuse fouille, certains livres ont attiré l’attention d’un des gardes.

— N’avons-nous pas le droit de lire ce que nous voulons, dans ce pays ?

— Vous avez le droit de lire, tout comme nous avons le droit de suspecter ceux aux lectures douteuses.

— Ma curiosité intellectuelle n’a rien à voir avec le trafic d’espèces animales ! Les limites de la création sont nombreuses, et l’éthique d’un Maître n’est pas que réglementaire. Elle est personnelle aussi ! Je n’utiliserais jamais de produits issus d’êtres vivants. Vos soupçons portent atteinte à ma dignité, Monsieur.

— L’Inquisiteur.

— Je ne vous reproche pas de ne pas m’appeler par mon titre depuis le début de l’audience, Monsieur. »

Les yeux de Nirien tonnèrent. Il ne fallut que quelques instants pour que sa fiancée réplique par ses chuchotements incessants.

« Comment ose-t-il !

— Arrêtez je vous prie, débita Maeve.

— Pardon ? »

Cilia la fixait, incrédule. Le coin de ses lèvres tremblait, et Maeve s’imaginait qu’elle se retenait de pouffer de ridicule.

« Vous me déconcentrez. J’aimerais mieux écouter. »

Pendant toute sa tirade, Maeve s’était appliquée à ne pas bouger son regard de la barre. Elle imaginait les mimiques insupportables qui devaient défiler sur le visage de sa belle-sœur dont elle n’entendait que les soupirs.

« Si la Princesse veut écouter alors… »

Cette fois, Maeve avait tourné la tête. Les yeux azurs tempêtaient, et la détaillèrent avec dédain. Comment peut-on être si suffisant ?

« Vous approvisionnez-vous bien auprès de ‘Sarlan et Frère’, passage des pieds carrés ?

— Il m’arrive d’y aller, oui. Là-bas, et dans d’autres boutiques aussi, répondait le maître d’un ton las. Mais je vous l’ai déjà dit, je n’achèterais jamais rien de tel.

— Et pourtant, vous fréquentez, là aussi, des établissements aux marchandises douteuses.

— Vous trouverez peu de fournisseurs à Mirane qui ne versent pas dans des affaires en dessous de la table. Nous les maîtres avons besoin de beaucoup de choses pour travailler, et certaines ne peuvent être trouvées que dans une poignée de boutiques. Je prends note de mes moindres dépenses, constatez par vous-même, et vous verrez que je n’ai aucun lien avec ces brins de moustaches. Je voulais seulement sauver un homme qui était sur le point de mourir ! »

Primo ne se retenait plus. Sa voix emportée, son timbre voilé ôtait à Maeve tout doute. Il n’avait pas tué le Régent. Elle ne l’avait jamais imaginée capable de le faire, elle en était maintenant convaincue.

« Messire le Juge, adressa-t-elle en se levant brusquement.

— L’interrogatoire est en cours, Princesse, répliqua Nirien.

— Je souhaiterais témoigner.

 — Vous n’êtes pas inscrite sur la liste des témoins !

— J’accepte de recueillir le témoignage de Son Altesse au vu de sa présence auprès de l’accusé au moment des faits. »

La bouche contractée, les poings serrés, Nirien évitait son regard. Elle savourait sa victoire. Tandis qu’elle dépassait la barre, Maeve gratifia Primo d’un sourire compatissant. Quelque chose en lui s’était éteint. Comme s’il avait déjà abandonné. De ses pupilles insistantes, elle lui commanda d’y croire.

« Jurez-vous, Votre Altesse, que votre témoignage reflètera la vérité, rien que la vérité, toute la vérité ?

— Je le jure, imita-t-elle en dressant la main au-dessus de son épaule.

— Nous vous écoutons. »

Par où devait-elle commencer ? A aucun moment elle n’avait réfléchi à ce qu’elle allait dire. Dans la salle, les murmures s’élevaient de nouveau, et Maeve imaginait déjà Cilia se délecter de son embarras.

« Je vous surprendrais sans doute peu si je vous disais que je suis encore ici une étrangère. Depuis que j’ai rencontré Primo lors du tournoi d’honneur, sa compagnie m’est devenue précieuse. Je l’ai croisé le jour de la Fête du Roi, sur la Place Ferinan. Il n’avait aucune intention de se rendre au palais ce soir-là, et je l’ai invité à se joindre à nous. Primo ne fréquente pas la cour, il n’est jamais venu ici. A partir du moment où nous avons passé les murailles et jusqu’à son arrestation, nous ne nous sommes pas quittés. Personne n’avait le droit d’entrer dans le palais avant l’arrivée du cortège. Il n’a donc pas pu empoisonner qui que ce soit avec des vibrisses qu’il n’a jamais achetées ! J’étais avec lui le jour de la disparition de Samaon. J’étais encore là le soir où les gardes ont tout fouillé son atelier. Primo n’a pas pu commettre le crime dont vous l’accusez, car je n’aurais pas pu l’ignorer. C’est impossible. »

Les yeux de Primo brillaient de reconnaissance. L’espace d’un instant, ils s’échangèrent ce sourire sincère qui leur fit occulter l’agitation du reste de la pièce. L’inquisiteur redemanda la parole au juge, et réserva un visage moins complaisant à Maeve.

« L’accusé ne vous a-t-il jamais parlé du Régent ?

— Jamais.

— Vous voyez.

— Il vous a dit qu’il ne le connaissait pas.

— Nous vous remercions, Madame la Princesse, pour votre témoignage, termina le juge. J’ai également une question pour vous, Maître Darrell. »

A cette évocation, l’homme se redressa dans un élan d’espoir.

« Pourquoi pensez-vous qu’Orman Fanese aurait eu des raisons de se méfier de vous ? »

Le voilà, le dernier point non élucidé, dans toute cette affaire. Pourquoi avait-il fait mettre en place une surveillance si dantesque autour de Primo ? Et surtout, pourquoi le redoutait-il au point de le désigner si hâtivement comme son meurtrier ? Maeve n’était pas la seule à être suspendue à cette question, et le vieux maître attendit un long moment avant d’y répondre.

« Je ne connais pas personnellement le défunt Régent, Orman Fanese, comme je l’ai indiqué. Mais je ne nie pas que, pour des raisons privées, il ait eu à connaître de mon identité. »

Primo cherchait ses mots. Il savait qu’il voltigeait sur une pente glissante, et que l’avalanche menaçait de déferler.

« Je n’ai rien à vous cacher. Tout ce que j’ai à vous raconter, ce sont des histoires dont je doute que l’assemblée ici présente ait à connaître.

— Encore une partie de votre plan pour cacher votre petit jeu au monde ? s’empressa de répliquer Nirien.

— Je pense préférable de parler à ces Dames et ces Sieurs les jurés et les juges dans le secret, si vous le permettez, Messire le Juge » continua Primo.

Sa voix claire et son ton plus résolu intriguaient Maeve. Qu’avait-il donc à dire que les gens ne pouvaient entendre ? Ainsi Primo avait bel et bien ses secrets. Elle redoutait ce qu’il menaçait de dire, et ne savait plus quoi penser de la sincérité du vieux maître.

« Ce sera à nous de juger si votre affaire nécessite plus de confidentialité, lui répondit le juge.

— J’ai grandi à Miperrie, dans l’Ostonante, avec mon frère jumeau. C’est aussi de là qu’elle venait. »

Primo s’arrêta, pensif. Comme s’il était ailleurs.

« De qui parlez-vous, Messire ?

— Sycida Ritel. Ou plutôt Sycida Fanese, Princesse consort des Pays de Dennes. »

Dans leur dos, la rumeur s’éleva.

« Pourquoi est-ce qu’il parle de Maman ? » trembla la voix de Cilia.

Maman ? Maeve regarda un à un les trois enfants. Accoudé sur son genou, la main sur le visage, Darion fixait la barre d’un air impénétrable. Cilia et Odrien, eux, étaient troublés.

« Sycida était... Elle et mon frère, Enon, étaient très proches. »

L’assemblée retenait son souffle. Elle n’attendait que ses mots, que le vieux maître distillait au compte-goutte.

« Voilà pourquoi mon nom lui était familier. »

Les rumeurs les plus extravagantes s’élevèrent. Les commentaires sur la vie de plaisirs de la Princesse Sycida fusèrent, mais cette fois, Cilia se garda bien d’y ajouter son grain de sel. Interdite, elle fixait Primo. Depuis le bout de la rangée, Darion guettait en silence la réaction de son frère, qui regardait, désemparé, la salle s’agiter.

« Je vous prie de bien vouloir respecter le silence dans la salle d’audience ! interrompit le juge. Au vu des nouveaux éléments versés au débat, j’ordonne la poursuite de ce procès à huis clos. L’audience est ajournée. »

Dans le chahuts de l’audience résonnait l’écho des bancs, poussés à la hâte par les curieux qui se hâtaient de déserter les lieux à présent qu’ils n’avaient plus rien à se mettre sous la dent. L’agitation tonnait autour du rang princier qui restait stoïque, et tournait un dos délibéré aux yeux de la cour.

« Enon Darrell… murmura Cilia en adressant à Odrien un regard effrayé. Mon professeur de magerie… »

Planté sur son estrade, Nirien n’avait cessé d’observer ses cousins. Son air accusateur se détendit peu à peu, puis il retrouva ce sourire si chargé d’assurance.

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Talsa
Posté le 13/05/2022
Youhou ! Je voulais pas qu'il y ait de rebondissements je voulais qu'elle l'écrase du premier coup ! J'ai été servie merci !
(et comme mon commentaire n'était pas assez long, je rajoute que je suis vraiment curieuse de savoir que ce qu'Audrien pouvait bien regarder dans la tribune d'en face)
Hylla
Posté le 13/05/2022
AHH c'est intéressant que tu dises ça aujourd'hui, car c'est JUSTEMENT l'une des questions que je me pose ces jours-ci, entre l'opportunité de laisser le schéma actuel ou de le renverser et de montrer un duel plus resserré... Affaire à suivre !
Pluma Atramenta
Posté le 28/12/2020
Hello Hylla !

Tu dois vraiment te dire que j'avance à une vitesse de tortue ^^ J'espère que tu ne m'en voudras pas trop, je cherche seulement à être exactement disposée à écrire un commentaire après une lecture, ce qui n'est pas toujours simple. Et pour une raison que j'ignore, je VEUX particulièrement t'aider pour cette histoire. XD Sans doute parce que je lui trouve un énorme potentiel...
Alala, c'est fou comment tu parviens sans problème à nous transporter dans ton histoire, déjà ! Quelle fluidité de texte... <3 (je me répète, oups !) Mais bon, je suis bluffée, voilà. Peut-être seulement accentuer cette fluidité en utilisant des verbes moins communs, parfois ? Cela pourrait peut-être l'enrichir ! (mais tout mes conseils sont subjectifs, hein. Ne te sens surtout pas obligée de les suivre strictement, ni même de les suivre tout court !)
J'apprécie beaucoup le personnage de Maeve, à qui on s'attache sans problème. En revanche, j'ai comme l'impression qu'il a une petite erreur d'incohérence dans ce chapitre... Moi qui la voyait plutôt comme réservée en fait, j'ai été assez impressionnée par sa capacité à se mettre en valeur de la sorte, sans le moindre embarras ou doute. Quelle indubitable confiance en soi ! Mais d'où vient-elle exactement ? Je comprends que la jeune femme se sent bien plus à l'aise dans le rôle de combattante que de princesse avec sa formation de mage mais je pense que tu as un peu poussé le bouchon pour le coup x)
A moins que j'ai loupé un épisode ? Si c'est le cas, je te conseille alors de développer davantage les pensées de Maeve.
Par ailleurs, ta manière de mener les descriptions de combat sont impressionnantes. Rares sont les auteurs parvenant à si bien rythmer et doser leurs "descriptions d'action" qui seul le nom laisse deviner la complexité de la tâche x) Surtout lorsqu'il est question de magie, en plus. Bravo à toi <3
Lentement, doucement, l'intrigue se ramifie également, bien que je ne devine tout à fait où tu nous emmène exactement. (Où ça donc, petite cachottière ? XD) J'espère qu'on verra davantage l'époux par la suite...

Puisse la rose de ton imaginaire ne jamais faner et toujours, toujours s'épanouir <3
Pluma.
Hylla
Posté le 28/12/2020
Olala mais Pluma ton commentaire me comble de joie ! Je serais bien bête de penser qu'on n'est pas tous ici à mettre du coeur à l'ouvrage, mais c'est un tel don de soi d'écrire un roman que forcément je ne peux qu'être émue de te voir en apprécier la lecture.

Et aussi un grand merci pour prendre le temps de commenter, les avis sont précieux et c'est grâce à toi et d'autres plumes que mon retravail de ce jet sera plus pertinent <3

D'ailleurs tu soulèves un point très juste : oui, Maeve est réservée ! En effet, la magerie reste un domaine pour lequel elle a confiance en elle, ce qui peut expliquer que l'on ne voit pas la même personne lorsque l'on a affaire à la mage ou à l'étrangère à Dennes. Pourtant... je conçois aussi totalement qu'il y a un manque de subtilité sur cette affaire. En écrivant la troisième partie du roman (ou plutôt en tournant autour de l'écriture de ma troisième partie), je me rends compte que j'arrive à écrire Maeve en mode statique mais que je suis encore trop peu à l'aise avec le fait qu'elle évolue, ou que parfois son comportement détonne par rapport à l'habitude. Sans doute cette réflexion devrait être élargie aussi au début, comme tu le pointes très justement du doigt.

J'ai notamment du mal à écrire l'introspection. Or, ce serait peut-être un bon moyen de rendre ces scènes cohérentes. Je prends note :D

J'espère que, peu importe où te mèneras mon intrigue, le chemin sera appréciable ! Mais puisque tu en parles, je me pose parfois la question justement, de si ce roman a un fil directeur aux yeux des lecteurs, ou si c'est un peu la porte ouverte à tout. Dans ma tête bien sûr, c'est très clair, mais cela ne veut pas nécessairement dire que tout l'est pour les autres. Bien entendu, une partie est volontairement tue pour les besoins du mystère, mais peut-être qu'une partie plus structurelle manque. A réfléchir, là encore.

Merci MERCI Pluma :)
Emmy Plume
Posté le 19/12/2020
Ah ! ça va mieux!
J'ai l'impression qu'elle a prit cette revanche éclaire pour nous, lecteur, et c'est incroyablement satisfaisant. Championne en titre, et facilement!
Ton histoire m'emporte, tes personnages me plaisent et surtout ce petit vieux aux potions. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai le sentiment qu'elle y reviendra plus tard, donc ça m'intrigue ^^
On a enfin l'occasion de la voir se battre ! Oui, je sais, je suis à fond, mais il faut dire qu'après l'horrible scène de mise à mort, on a très envie que Maeve leur rabatte le caquet! Et elle le fait de manière grandiose! Sa belle famille est choquée, et c'est bien fait !
Bon, ok, je me calme. ^^'
Il y a un autre personnage qui m'intrigue cela dit: son mari. Je ne sais pas trop quoi en penser, un peu comme Maeve. Il l'a épargnée pour la nuit de noce, mais on ne sait pas trop si c'est du dédain, si c'était pour elle ou pour lui (pour les deux?), bref, on est un peu indécis. J'attends avec impatience de voir ce qu'il deviendra ^^
Plein d'encouragement pour ton écriture

Emmy
Hylla
Posté le 20/12/2020
Je suis ravie que tu sois intriguée, et que ce duel t'aie plu ! J'ai pris beaucoup de plaisir à l'écrire ;) et même si je sais que c'est bête à dire puisque c'est mon personnage : J'ADORE MAEVE MOI AUSSI ! GO GIRL
MariKy
Posté le 16/11/2020
Ouiiii de la magie ! Et Maeve se décide à sortir de son mutisme pour montrer ce dont elle est capable, j'adore ! D'ailleurs, j'aime bien l'idée de passer par des démonstrations (chapitre 1 puis duel) sans forcément établir clairement les principes de ton système de magie : on devine déjà le fonctionnement général, et le reste viendra par la suite. Ca ne gêne pas la lecture et au contraire, je trouve que ça donne envie de continuer pour en savoir plus.
Hylla
Posté le 16/11/2020
Ohhh c'est chouette que tu dises ça ! J'ai conscience d'avoir pas mal de trucs à reprendre sur mes tous premiers chapitres, et je me demandais si je n'avais pas été trop vague au début, justement. Je pense que je le reprendrais surtout en utilisant le vocabulaire plus naturellement, comme ici, mais sans expliquer davantage en effet.

Quand j'avais réfléchi au rendu global, je tenais justement à ce que ma magie intrigue, et parfois entre description et secret la limite est délicate à trouver. Le fameux "juste dosage", pas toujours évident à gérer !

Merci pour ta lecture :)
Sinead
Posté le 14/11/2020
Bonsoir,

Ah c’est tellement jouissif ☺️ En deux deux elle a posé ses couilles sur la table, si je peux me permettre !
Peut-être pourrais-tu profiter de son choix des potions pour expliquer comment cela fonctionne ? Une simple idée.
Hylla
Posté le 15/11/2020
ahhaha mais tu peux totalement te permettre car c'est clairement ce qu'elle a fait ;)

Tu as raison ! J'ai conscience de trop survoler la magie pour l'instant.... faut que je clarifie davantage tout ça, les potions, le nimbe etc.
Alice_Lath
Posté le 03/11/2020
A nouveau, j'ai beaucoup aimé ce chapitre. J'ai trouvé que ces deux derniers chapitres étaient bien au-dessus que le passage avec la pompe du mariage. On sent que tu t'y plais davantage en tout cas haha et ça se lit extrêmement bien. J'ai beaucoup aimé le passage avec le maître des potions Darrell. Et plus le temps passe, et plus je me demande si Odrien ne serait pas amoureux en réalité. Peut-être de la femme qui a perdu le duel juste avant Maeve ? Je sais pas haha, en tout cas y'a baleine sous gravillon
Et c'est une excellente chose, car j'adore me poser des questions
Hylla
Posté le 07/11/2020
Ravie de t'intriguer ! Et en effet, ces deux derniers chapitres me semblent bien mieux négociés que le reste. Fait tragique: c'est ceux que j'ai écrit il y a quelques mois, mais ça m'a permis aussi de remettre en cause beaucoup ma "façon" d'écrire ce livre. J'ai essayé, pour la suite, d'écrire davantage dans la même dynamique de cet ancien jet, et j'espère que les prochains chapitres retranscriront mieux que les cinq premiers la petite étincelle que j'ai réussi à avoir ici !
EryBlack
Posté le 31/10/2020
Hello ! J'ai lu d'un coup les deux derniers chapitres parus. L'action y est bien répartie et gérée, j'aime bien tes descriptions de la magie et les détails de son fonctionnement.
Je n'étais pas préparée à la barbarie du chapitre d'avant, le moment de l'exécution. Ça m'a vraiment fait bizarre que cette société, qui jusque-là avait l'air très portée sur les arts et le raffinement (vu les cérémonies de mariage), encourage autant ce genre de pratiques. Je trouve qu'il aurait été bon de laisser échapper quelques indices, par exemple des moments où on verrait que la famille royale manque d'empathie ou est avide de spectacles sanglants ? Parce que là, le contraste est frappant, mais pas cohérent, je trouve.
Je suis un peu déçue de "l'absence" d'Odrien. Après la fin du mariage, je me serais attendue à ce que Maeve l'observe du coin de l'oeil, pour mieux comprendre ce qui l'a poussé à agir comme ça, pour se faire une idée de son caractère... Quant aux ressentis de Maeve dans ces deux chapitres, je les ai trouvés inégaux. En fait j'ai un peu l'impression d'être dans un jeu vidéo avec la caméra qui suit le perso principal, c'est-à-dire qu'elle décrit, elle réagit sur le moment, et ensuite elle passe à l'événement suivant. Genre, le choc de l'exécution est retranscrit, mais après c'est tranquillement qu'elle se présente pour la suite du duel. Et je ne comprends pas non plus pourquoi la famille royale lui laisse autant de liberté d'action (ok, elle est suivie par des gardes, mais en fait c'est normal pour une princesse). Elle est une princesse étrangère, d'un pdv politique leur première priorité devrait être de la... "mater", en quelque sorte ? Je sais pas, j'ai l'impression qu'il y a quelque chose qui m'échappe.
Après je trouve quand même qu'il y a du mieux par rapport aux premiers chapitres, mais à mes yeux cette société que tu présentes mérite d'être un peu consolidée, et Maeve aussi. Ça fait beaucoup de choses à gérer en vrai, c'est normal que ce soit difficile : ressenti du perso + description de la nouveauté + action + infos sur le système de magie... Pas évident ! Mais c'est faisable, et en plus c'est intéressant :) En plus je suis contente de voir Maeve faire de la magie, j'attendais ça depuis les premières scènes ^^
Je serai là pour la suite ! À bientôt et bonne écriture en attendant :D
Hylla
Posté le 01/11/2020
Merci Ery ;) j'essaie au mieux à chaque fois d'écrire en essayant de rectifier le tir sur un aspect mal maîtrisé, et comme tu le dis, ça prend beaucoup de temps de se faire la main sur toutes ces choses. Et dans l'histoire même, je galère un peu avec ces questions d'étiquette et d'us et coutumes de vies princières, donc c'est vraiment bien d'avoir ton ressenti sur les endroits où le réalisme laisse à désirer sur la situation !

Un gros point que je tire de ton commentaire concerne Odrien. A y réfléchir bien, je me rends compte qu'il m'échappe davantage que d'autres personnages. Je sais plusieurs choses sur lui mais je n'ai pas encore assez creusé sa personnalité. Je me suis focalisée sur le fait que je tenais à le garder absent, mais sa voix est faible, il manque de substance ! Odrien à creuser, donc.

A bientôt ici alors ! Tes commentaires constructifs me sont précieux, je t'en remercie beaucoup :)
AliceH
Posté le 12/10/2020
Et bien j'avais dit dans ton journal de bord que j'allais te lire ce week-end, ce que j'ai fait, j'arrive poster un commentaire et PAF ! Nouveau chapitre qui fait bien plaiz'! Et cela malgré son titre qui m'a mis la chanson éponyme de la comédie musicale "Roméo et Juliette" en tête (avec le fameux "Arrêtez, vous êtes fous, vous n'avez pas le droit"). Je vais arrêter avec mes refs pétées et lire ce chapitre pour faire un commentaire un minimum constructif.

*please wait*

J'aime bien le passage avec la carte de visite, même si ça me rappelle toujours une scène de American Psycho... De manière générale, j'aime beaucoup le trope de meuf qui doit se marier et n'est pas du tout docile, et je suis servie ici ! J'avais un peu peur du côté fantasy car on tombe souvent dans des clichés, mais tu évites des écueils en construisant un univers et une magie bien particulière. J'ai hâte de lire la suite !
Hylla
Posté le 12/10/2020
Salut Alice ! Ca fait plaisir de te voir ici ;) j'espère que tu n'as pas encore la chanson dans la tête... je te jure, je ne l'avais pas fait intentionnellement :D quand on dit que les textes vivent avec leurs lecteurs, QUI EUT CRU que je t'évoquerais Roméo et Juliette ! C'est trop drôle

American Psycho ? Je l'ai vu l'an dernier, et je vois exactement la scène. J'espère juste que tu n'imagines pas Primo Darrell comme Christian Bale dedans car je le trouvais trop flippant !

Pour le trope de la fille qui doit se marier, tu sais que le pire c'est que quand j'ai commencé je me suis dit : mais attends tu ne vas pas écrire l'histoire d'une fille que l'on force à se marier ? Ca fait quoi, la nuit des temps qu'on voit ça ? Et puis ce n'était pas trop le sujet, non plus. Mais en creusant, je me suis rendue compte comme tu dis que je prenais le contre-pied plus qu'autre chose alors d'un coup ça m'a posé moins de souci ;) un trope bien à ancrer dans les préoccupations des femmes de notre temps ^^

Merci pour ta lecture et ton retour ! Je vais faire en sorte de ne pas trop vous faire attendre :)
heloise_m
Posté le 11/10/2020
Hello !

Pour ce coup, je n'ai absolument aucun commentaire à faire ! L'action était très dynamique, claire et précise. Tes précisions quant à la manière d'utiliser le Nimbe m'ont beaucoup aidé à me faire une représentation mentale de ce duel, absolument incroyable !

J'adore le fait que Maeve prenne enfin les rennes de son destin. Certes, ce ne sera pas tout le temps de le cas considérant sa nouvelle position, mais la voir si active et non plus passive est très agréable à voir. On la découvre pleine de confiance en ses propres habiletés, forte de sa résolution de leur montrer à tous sa valeur. En plus, il était grand temps que quelqu'un fasse mordre la poussière à Nirien M'As-Tu-Vu !

En résumé : excellent chapitre !
Hylla
Posté le 26/10/2020
Olala Héloïse je te réponds avec beaucoup de retard mais un grand merci pour ton retour !! Je suis heureuse qu'il t'ait fait cet effet ;) j'ai l'impression de découvrir chapitre après chapitre mieux comment raconter mon histoire. Les prochains vont prendre un peu de temps à arriver (puis ils arriveront à plusieurs rapidement) mais comme ça je peux davantage préserver la dynamique d'écriture de ces deux derniers :)

Merci pour ta lecture !
heloise_m
Posté le 27/10/2020
Aucun soucis ^^ On est tous occupé, c'est normal ^^

En tout cas, heureuse que tu arrives de plus en plus à trouver ta "voix" dans la narration :) Et te fais pas de soucis pour la publication des prochains chapitres : prends ton temps, tes lecteurs seront toujours là lorsque tu seras prête :) L'important est que tu écrives comme tu souhaites le faire, avec les détails et la précision que tu souhaites y mettre. Mieux vaut attendre longtemps un chapitre de bonne qualité, qu'attendre deux jours pour un chapitre moins bien travaillé ;)

Bon courage pour la suite !
Hylla
Posté le 27/10/2020
Je ne peux qu'approuver ce que tu dis ! C'est pour cela que je ne m'impose aucun rythme de publication ici... Au début j'avais trouvé important d'aller de l'avant, le temps de trouver comment raconter l'histoire, justement. Maintenant que je maîtrise mieux comment j'aime l'écrire, beaucoup de choses me viennent plus naturellement pour la suite ! Je croise les doigts pour continuer sur cette lignée ;)
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