Chapitre 8 - Owen

Notes de l’auteur : Bonjour ! Voici le huitième chapitre ! J'espère qu'il vous plaira :) Je compte sur vous pour me lire et me donner votre avis ! :)

Manon est sur la pointe des pieds et s’étend de tout son long pour atteindre la dernière rangée du rayonnage, faisant sortir son t-shirt à l’effigie de son groupe de musique préféré de son jean. 

- Ne prends pas cette marque pour les chips.

Je place ma main par-dessus la sienne et lui fais relâcher son emprise sur le paquet. 

- Mais elles sont au poulet rôti, ce sont tes préférés !

Elle se retourne en me le disant sans pour autant que je change de position et fronce les sourcils. Même si cela n'est pas nécessaire, je suis collée à Manon alors qu'elle me fait face. Bien entendu, qu’elle connaît mes chips préférés, elle sait tout de moi, dans les moindres détails et pourtant ce n’est pas quelque chose d’aisé. Il est possible de passer toutes ses journées avec moi mais pourtant ne rien connaître sur moi. Manon est la seule personne avec laquelle j’ai rapidement eu 100% confiance, après tout dès notre première rencontre elle m’a vu vulnérable et ne m’a jamais jugé. Avec mes autres amis, cela a pris des mois voir des années pour me découvrir dans ma totalité. 

- Tu vas avoir des rides si tu fronces les sourcils comme ça et j'aime une nouvelle marque, elles sont plus chères mais le goût est meilleur. 

- Alors tu changes de marque comme ça ? Tu connais la fidélité ? Si tu rencontrais une fille qui était meilleure que moi, tu me remplacerais aussi facilement ?

Sa voix part légèrement dans les aiguë, elle tente de le dire joyeusement et avec humour. Cependant, je sais qu'elle se pose réellement la question et que ça ne va pas la quitter. 

- Je comparai les goûts des chips, alors pour répondre à ta question il faudrait déjà que je te goûte. 

- Tu me fais un remake de Fresh ? Je sais que tu connais mon amour pour Sebastian Stan mais tu vas un petit peu loin.

Je pars dans un rire silencieux, je ne m'attendais pas à ça. Vu tous les livres qu'elle lit, je pensais qu'elle allait comprendre mon sous-entendu plus rapidement. Merde, moi qui me faisais une joie de la faire rougir et de la gêner.

- Je ne parlais pas de ça. Et pour répondre à ta question, non toi tu es irremplaçable. 

Je me recule pour lui redonner son espace personnel. J’entends les rouages de son cerveau tourner et je vois exactement le moment où elle comprend mon sous-entendu. J’ai l’impression de me retrouver dans le rayon fruit et légume, tellement son visage devient rouge. 

- Tu sais où sont les bonbons qui piquent ? Ils n'arrêtent pas de modifier les rayons, je ne trouve plus rien.

Je pars la laissant reprendre ses esprits et continue de sélectionner ce dont nous avons besoin pour la soirée de ce soir. Pour réunifier l’équipe après notre défaite et surtout nos derniers entrainements peu productifs : au moins deux joueurs par match finissaient sur le banc de touche, pour faute ou parce qu’ils n’étaient pas assez attentifs au match. Ainsi, le coach a eu l’idée d’organiser une nuit pour renouer l’esprit d’équipe, à l’instar des séminaires d’entreprises. Il a tenu le programme secret mais je pense que l’on va s’en tenir à l’analyse des vidéos des entraînements, se nourrir de chips et de bonbons et jouer au volley-ball. Je fais avancer le caddie, analysant les rayons pour trouver ce qu’elle a noté sur sa liste. 

Si je me retrouve un vendredi soir à faire des courses dans le Carrefour du coin au lieu de passer mon temps à jouer à ma console, ce n’est que pour Manon. Son père n’avait pas le temps de faire les achats nécessaires et lui a demandé de s’en occuper. Même si elle aurait préféré rester chez elle à lire ou regarder une rediffusion d’un Run BTS, elle n’a pas su lui dire non. Je me suis donc retrouvé en tant qu’accompagnateur et conducteur. Je me doute que le coach savait qu’elle ne se retrouverait pas toute seule pour faire cette mission, Manon n’ayant pas le permis et les transports en commun étant assez capricieux dans notre ville, elle aurait eu des heures de transports avant d’arriver à destination et le retour en étant chargé aurait été encore plus compliqué. 

Tandis que je tourne dans le rayon confiserie, j’entends des pas derrière moi, enfin plutôt des mini tremblements de terre. Manon s’est lancée dans une course effrénée pour me rattraper et pose sa main sur le caddie pour le stopper. 

- Tu ne devrais pas dire des choses comme ça surtout à l’extérieur. Les personnes ne comprennent pas que c’est de l’humour et après tout le monde me tombe dessus en me demandant si on est plus que des meilleurs amis, dit-elle en me donnant des coups de poing sur l’épaule.

- Et alors ? Laisse les gens penser ce qu’ils veulent.

- Et alors ? Tu verrais la tête que tu fais lorsqu’on nous pose la question, c’est écrit sur ton visage que tu préfèrais décéder plutôt que de penser à cette éventualité.

- Tu ne pourrais…

La sonnerie des Totally Spies retentit sur son téléphone, me stoppant dans mon élan : plus te tromper, je termine ma phrase mentalement. Elle regarde son écran et je vois sa lèvre trembler, elle se la mordille pendant qu’elle tape un message. Je me redresse et me place à ses côtés, me permettant de regarder par-dessus son épaule ce qu’elle fait sur son téléphone. Elle efface le message avant de l’envoyer et verrouille son téléphone comme si de rien n’était. Notre conversation a totalement été enlevée de son cerveau.

Pendant tout le reste des courses, elle ne répond qu’à moitié à mes questions et ne fais qu'acquiescer lorsque je lui montre ce que je compte mettre dans le panier. Je l’ai complètement perdue, j’accepte son silence et prends les décisions pour nous deux. Le charriot se remplit doucement, je réfléchis aux préférences alimentaires et aux allergies de tout le monde. Son regard est vide, elle me suit machinalement mais je sais qu’elle a bloqué tout ce qu’elle ressentait pour ne pas être surchargée émotionnellement et finir en larmes. 

Je pose les sacs dans le coffre de ma voiture, tandis qu’elle s’installe à la place passager et attache sa ceinture de sécurité. Elle n’a pas ouvert la bouche depuis la réception de son SMS. Je pousse la caddie rapidement pour aller le ranger, lorsque je récupère mon jeton, je croise une dame qui tient la main d’une petite fille qui me regarde avec des grands yeux ronds, un sourire gêné se dessine sur mon visage lorsque je lui fais un signe de la main. Je me dépêche pour la rejoindre dans la voiture, elle n’a pas bougé et fixe un point dans le vide. Je sais que lui parler maintenant ne servirait à rien, il faut lui laisser digérer l’information et se canaliser.

Sur le chemin, j’ai décidé de lui infliger ma playlist. J’ai hésité avec la possibilité de lui mettre le dernier album de “ses chouchous” comme elle les appellent, ce qui pouvait me donner l’espoir de réussir à lui décrocher un sourire. Cependant, je compte plus sur son côté râleur pour avoir une réaction, elle déteste la musique que j’écoute autant que je hais à la sienne. Pourtant, aucune remarque ne sort pendant tout le chemin du retour alors que les meilleurs génériques d’anime sortent de l’enceinte. 

Le coach arrive tandis que je suis dans le salon et que j’ouvre les paquets de chips et les vide dans les bols. J’ai continué les préparatifs de la soirée, tandis que Manon montait à l’étage pour se changer et mettre une fois pour toutes son énervement de côté. 

- Bonjour Owen, toutes les préparations se déroulent bien ?  

- Bonjour coach, oui tout est en ordre. Il faut juste brancher l’ordinateur à la télévision si on regarde les vidéos des entraînements.

- Owen… Qu’est-ce que j’ai dit pour le coach ?

- C’est une soirée organisée pour le club, ce qui signifie que vous doit vous appeler coach. Sauf que ma fille a demandé de l’aide à son meilleur ami pour organiser la soirée et non au capitaine de mon équipe. Où est ma fille d’ailleurs ? Ma puce, tu es là ?

Elle a enfilé un des sweats d’un coach si j’en crois sa largeur et se déplace un peu plus légèrement. Un sourire se dessine lorsqu’elle voit son père, elle enlève ses écouteurs diffusant Take Me To Church en boucle, c’est la chanson qu’elle joue en boucle et qu’elle crie pour extérioriser toute la pression. Ces moments ne sont pas très agréables pour les oreilles : elle hurle pendant des minutes ou des heures. 

- Papa ! Tu es déjà rentré ? Je ne t’avais pas entendu.

- Comment vas-tu ma puce ? Tu es prête pour diriger la soirée des Alpha ?

- Je n’avais pas eu vent de cette information. Je suis censée faire quoi ? 

Je sens la panique se diffuser dans son corps, elle avale difficilement sa salive et cligne des yeux plusieurs fois. Ce qui est dommage après tout le travail qu’elle a fait pour relâcher la pression et calmer ses nerfs. 

- J’ai sûrement oublié de te le dire mais je ne vais pas rester, ce ne serait pas une soirée sympa pour vous avec le coach comme chaperon.

Il se dirige vers le réfrigérateur pour se prendre une bière tandis qu’un sourire se glisse sur ses lèvres, il ne se doute pas qu’il vient de lancer une bombe. Si les yeux de Manon pouvaient sortir de leurs orbites et tomber sur le sol c’est ce qui se passerait. 

- Dans ce cas, je ne vois pas l’intérêt d’être leur chaperon, je n’ai aucun lien avec l’équipe. Il voudrait mieux laisser Weno en charge après tout c’est lui le capitaine. Tu sais quoi, cela fait longtemps qu’on n’a pas eu une soirée père-fille, ça ne dirait pas qu’on aille au cinéma ?

Bonne impro, Man mais connaissant ton père, cela ne va pas suffire…

- Toute l’équipe t’adore et tu le sais. Je te le demande à toi, cela ne peut que t'apporter du positif. Je pars de la maison dans cinq minutes, histoire de finir ma bière, je te laisse tout gérer à partir de mon départ. 

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