Chapitre 9 - Manon

Notes de l’auteur : Bonjour ! Voici le neuvième chapitre ! J'espère qu'il vous plaira :) Je compte sur vous pour me lire et me donner votre avis ! :)

Rien de pire ne pouvait m’arriver. 

C’est une journée de merde… Pourtant, elle commençait si bien, tout allait dans le sens que je souhaitais : j’avais réussi à trouver les anciens sujets des cours pour le prochain semestre et j’avais une piste pour trouver le contrôle de la semaine prochaine en finance, les courses pour la soirée de mon père allaient être faites avec Owen et je n’avais plus qu’à rentrer, mettre tout en place et m’enfermer dans ma chambre en prétendant que je n’existais pas.

Mais il a fallu qu’elle m’envoie un message… Ma mère. Un simple SMS et mon monde s’est mis à trembler. Je n’avais qu’une envie : lui écrire le message le plus salé qu’elle n’a jamais reçu et mettre dedans tous mes ressentiments. Je l’ai même commencé, exposant de A à Z, pourquoi je la déteste de tout mon être. J’ai passé l’heure suivante à me concentrer pour ne pas exploser en sanglots et faire taire ma petite voix interne qui ne faisait qu’amplifier ce que je pensais. Owen a vu mon état et a pris toutes les choses en main, je ne sais pas combien de temps cela va lui prendre pour ne plus supporter cette situation. C’est évident qu’il va en avoir marre de me voir me renfermer et gérer à ma place mon merdier. Je préfère gérer mes problèmes toute seule, surtout lorsque je sais que les situations sont celles où je peux être vulnérable émotionnellement.

Après avoir déchargé toute la tension dans mon corps en m’enfermant dans ma chambre, en mettant le son à fond dans mes écouteurs et en chantant aussi fort que je peux, je suis de nouveau apte à côtoyer d’autres êtres humains. Je pensais avoir atteint le maximum des mauvaises nouvelles et d’interaction sociale, mais non mon papa vient d’avoir la meilleure idée du monde : me laisser gérer sa soirée avec l’équipe.

Il ne se doute pas que je lutte pour ne pas m’effondrer. Pour lui, tout va bien dans le meilleur des mondes. Pour moi, j’ai l’impression que je vais mourir à chaque inspiration. Je pourrais lui dire, tout avouer, jouer cartes sur table… Mais il est impossible pour moi de lui refaire vivre ce que j’ai vécu il y a deux ans. En plus de devoir supporter son divorce, il a dû voir sa fille s’écrouler et ne pas réussir à se relever. Je le voyais ne pas savoir comment réagir, paniquer et perdre doucement le fil de sa vie à son tour. Plus jamais, je ne lui imposerais ça. Je peux me contrôler pendant quelques minutes, je me mords la langue pour ne pas tomber en larmes et céder à la crise de panique. Je ne peux pas lui dire non, ni même que gérer une soirée entourée de personne étrangère ne peut que me pousser dans mes retranchements.

Pendant les cinq prochaines minutes, je vois le monde qui m’entoure, mais j’ai l’impression d’être invisible, tout passe en accéléré. Je cligne des yeux et tente de me concentrer sur ce que je dois faire. Pour ne rien arranger, le stress me déclenche un mal de ventre avec pour supplément des crampes qui me plient en deux.

On pourrait penser que mon salut se déclenche lorsque mon père part de la maison, si seulement c’était aussi simple que ça… Owen prend directement la parole avec de me rejoindre à grandes enjambées et me dit : 

- Tu penses que tu vas pouvoir gérer ? Tu souhaites que je m’en occupe ? Tu ne souhaites vraiment pas en parler à ton père ?

Je n’ai pas besoin de lui répondre pour la dernière question, mon visage est fermé, il sait très bien qu’il a l’interdiction de parler de mes angoisses à mon père. D’ailleurs, si jamais pu choisir il ne serait pas au courant. Personne ne doit le savoir, je ne vois pas l’intérêt d’épiloguer sur mes soucis, ça ne vaut pas le coup. Il m’a vu tout comme Camille lors d’une énième crise pendant les cours. Le truc qui est difficile, c’est que lorsque l’on a des crises de panique presque tous les deux jours où on a l’impression que l’on va décéder, il est compliqué de le cacher à notre entourage proche.

- Non je vais y arriver. 

Deuxième chose à savoir sur moi, une fois que l’on m’a confié une responsabilité, je préfère que l’on m’arrache les ongles un à un que renoncer. Même si je vais sûrement m’évanouir sous la pression, que je m’inflige toute seule, je ne m’autoriserai à la faire que lorsque ma mission sera exécutée. Je me gifle sur les deux joues pour me concentrer. 

- Ok, ok, tes copains arrivent dans 1h. On est large pour terminer de tout mettre en place dans la maison. Il faut trouver une animation, on a prévenu les gars que c’était pour renouer l’esprit d’équipe, comme nous ils s’attendent à regarder et analyser les derniers matchs. 

- Mais le coach n’a rien préparé. 

- Exactement et je n’ai pas les compétences pour faire ça, lui dis-je en me grattant la tête. 

- Tu n’aurais pas une idée ? 

- Non, rien ne me vient

- Très bien, pendant que je réfléchis à une idée, est-ce que tu peux pousser la table basse du salon et la coller contre le mur stp ? Ensuite, on ira installer le filet de volley-ball et allumer les spots du jardin, on ne sait jamais si certains veulent jouer. 

Je me suis en mode sergent-major. L’organisation est la seule chose qui me permet de ne pas sombrer. Je stresse, je panique, je suffoque en attendant l’heure d’arrivée des invités. Je ne suis pas faite pour ça, je veux partir, me cacher, me transformer en petite souris. Mon cerveau n’arrête pas d’imaginer la pire des situations, ce qui a le don de me donner mal au ventre. 

Je suis dans la salle de bain et je me mouille les avant-bras, la tentation de faire de même avec mon visage est présente, mais mon maquillage ne pourra pas être refait en si peu de temps. J’attends la sonnerie de la maison et des bruits retentirent au rez-de-chaussé, je ne bouge pourtant pas, fixant mon reflet sans pourtant faire l’effort de déceler mes traits. Tout est flou, je ne sais pas combien de temps je reste comme ça, mais lorsque je reprends conscience, j’entends que la fête a déjà commencé. Je souffle un bon coup et me dirige vers la porte. 

Dès que j’atteins les marches, je suis prise de panique et je fais le chemin inverse en moins de temps qu’il ne faut pas le dire. Je suis ridicule, tu es ridicule Manon. Tu connais tout le monde en bas, il n’y a aucune raison de t’inquiéter, tout va bien se passer. Mais imagine que tout le monde me voit arriver et se demande pourquoi je ne suis pas venue plus tôt ? Est-ce que je devrais me changer pour que cela fasse une raison ? Non mauvaise idée, je ne veux pas qu’on pense que je me suis apprêtée. Ta gueule putain, arrête de réfléchir ! Trois, deux, un… On y va.

Mon corps n’est pas convaincu par cette impulsion et me le fait bien comprendre. J’ai mal au ventre. Je ne le sens pas. Mais vraiment pas du tout. Je connais ces périodes par cœur et même si je ne sais pas comment les éviter, je sais les gérer lorsqu’elles pointent le bout de leur nez. Mon angoisse me tord le ventre et me donne des crampes, ce qui amplifie mon angoisse parce que j’ai peur d’avoir mal. Un cercle vicieux se créer et m’empêche d’avancer. La meilleure solution que j’ai trouvée pour le moment ? Enlever les crampes grâce à des médicaments contre les maux de ventre.

Je souffle, une fois, deux fois. Je retiens ma respiration et dévale les escaliers. Si une personne me voit, il sera trop tard pour reculer. Et c’est exactement, ce qui se passe lorsque je tombe nez à nez avec Elyas qui me pousse par les épaules pour me guider vers mon salon. 

- Regardez qui j’ai trouvé dans le couloir, dit-il pour attirer toute l’attention sur nous.

La plupart des joueurs me lancent de grands sourires et répondent joyeusement avec des “enfin”, “ah bah la voilà”, “je pensais qu’elle ne viendrait jamais”, “tu nous a manqué”. C’est un accueil parfait qui me détend et me fait relâcher un peu de pression. Quand je vois ça je me demande pourquoi j’étais autant stressée, ils ont toujours été gentils avec moi, mais une partie de mon cerveau ne peut s’empêcher de penser que cela est dû à mon père. Pourquoi on m’apprécierait moi ? Je n’ai rien de spécial, de notable. Elyas me tire de mes pensées en me remettant une nouvelle fois au centre de l’attention. 

- Alors, qu’est-ce que tu as prévu comme activité pour ressouder l’équipe ? Le coach nous a dit que tu avais des idées extra ! Je préviens s’il y a un karaoké c’est sans moi ! 

Je dois devenir blanche parce qu’Owen vient me rejoindre en quelques enjambées.

- Ce n’est pas…

Je ne sais pas ce qu’il me prend, mais je parle et je dis la première chose qui me passe par la tête aka un épisode de Run BTS. Owen me regarde impressionné pendant que j’explique le concept de l’épisode que j’ai vu hier. Mes explications sont bancales, je cherche mes mots, parle avec mes mains et fronce les sourcils dès que je m’entends prononcer des phrases incompréhensibles.

- Un jeu d’honnêteté. Une personne se met sur la table et doit dire quelque chose qu’un membre de l’équipe fait et qu’elle n’apprécie pas et quel changement elle apprécierait. Cependant, il ne faut pas être mesquin, c’est quelque chose qui peut être changé facilement. 

- De l’honnêteté, j’aime bien le concept ! me soutient Owen, motivant le restant des troupes dubitatives au passage.

Le passeur de notre équipe se dirige vers la table et saute dessus.

- Elyas, c’est pour toi ! Arrête de faire des roulades sous le filet de volley-ball en faisant de grands cris dès que tu dois passer de l’autre côté du terrain alors que tu peux faire le tour ou tout simplement passer en dessous en te tenant debout.

Son aveu provoque l’hilarité de toute l’équipe, Julian, l’un de nos réceptionneurs, le pousse de la table et monte à son tour.

- Marcus ! Ta serviette qui disparaît à chaque fois, c’est moi ! J’oublie toujours la mienne et tu es l’un des seuls qui lavent véritablement sa serviette entre chaque cours. 

Suite à cette confession, Marcus se décompose. 

- Espèce de petit…

Il souffle et pousse Julian pour se glisser à ses côtés.

- C’est dégueulasse, mais je ne peux rien te dire… Tu sais ton téléphone qui ne fonctionnait plus de jour au lendemain…

- Non ? 

- Si… J’ai marché dessus en revenant de l’entraînement. Je voulais te le dire, mais tu as commencé à t’énerver et je n’ai plus osé.

- Une serviette pour un téléphone, c’est cher payé quand même. Mais bon, il est trop tard pour y revenir, il y a prescription. 

Les personnes s’enchaînent, avouent, se confient. Les réactions sont bonnes et je sens le poids sur ma poitrine disparaître au fur et à mesure. Je les admire tandis que je m’appuie contre le mur. Je balaye la pièce du regard pour m’assurer que tout le monde est bien présent et passe un bon moment et croise le regard d’Owen. Celui-ci me fait un pouce en l’air et c’est à ce moment-là que l’on crie mon nom. Je suis la cible de mon propre jeu. 

- Manon, c’est pour toi ! Tu dois être plus ouverte, cela fait des années que l’on se connaît ! Nous sommes tes amis alors considère nous comme tels ! 

J’ai envie de pleurer. Encore. Pour éviter de me mettre à pleurer en plein milieu de la fête, je sors mon téléphone de ma poche et j’envoie un message à Camille. Personne ne se rend compte de mon état et les règlements de compte continuent. Même si cela était gentil et que cela partait d’une bonne intention, je commence déjà à me prendre la tête. 

“Est-ce que tu trouves que je ne suis pas assez ouverte ?” 

Mon amie me répond rapidement, elle se doute que si je lui pose une question comme ça, une crise ne saurait tarder. 

“Qu’est-ce qui se passe encore ?”

Ouch, le encore me fait mal. Je me doutais qu’elle allait en avoir marre de moi et de mes problèmes au bout d’un moment. Mon cerveau ne cesse de penser, d’imaginer le pire des scénarios, de différentes possibilités, choix qui s’offrent à moi. La conversation qui devait m’apaiser n’a fait qu’augmenter mes craintes. 

“Rien ne t’inquiète pas, je te laisse tranquille ;)”

Mon téléphone se met à vibrer quelques secondes après, me signifiant l’arrivée de plusieurs SMS. 

“Tu ne vas pas t’en sortir comme ça.”

“Tu ne me déranges pas” 

“Dis-moi ce qui te tracasse”

Je sais que j’ai tendance à m’emballer et à prendre tout trop à cœur. Mais le fait est que je dois en parler à quelqu’un, que je n’ai pas beaucoup d’amis et qu’Owen est occupé. 

“En bref… Je me suis retrouvée à organiser une soirée pour tous les volleyeurs. Et la seule activité qui m’est venue c’est un truc que j’ai vu dans un épisode de Run BTS, où tout le monde doit dire une vérité sur une personne.”

“Et on t’a dit que tu n’étais pas assez ouverte” 

“Oui”

“Ce n’est pas faux, tu es la personne la plus gentille et celle qui déplacerait des montagnes pour des amis, mais tu es très secrète.” 

“Je ne suis pas secrète, c’est juste que je ne partage pas tout.” 

Je ne veux pas être secrète, ce n’est pas mon but. Je ne veux juste pas les déranger avec mes histoires, ce n’est pas très intéressant, ça ne vaut même pas le coup d’en parler. Maintenant que j’y pense, je trouve ça tout de même sympa. Il a pensé à moi alors qu’il avait la chance de parler avec tous ces coéquipiers, c’est que je compte un minimum non ? 

“Cela revient au même et tu le sais très bien.” 

Elle ne me laisse pas le temps de répondre et enchaîne.

“C’est comme tu ne veux pas avouer que tu fais l’autruche avec tous les mecs qui t’approche alors que tu te plains de ne pas avoir de chéri.”

“Je ne fais pas l’autruche !” 

“Tu vois, tu ne l’avoues pas et pourtant tu le fais.” 

Ca m’énerve, si je suis honnête je sais que j’ai tendance à m’enfuir dès que quelque chose ne correspond pas au plan que j’avais imaginé. Je n’aime pas être prise au dépourvu et surtout concernant les relations. Que l’on soit clair, j’ai envie d’être en couple, je suis amoureuse de l’idée de l’amour, mais j’ai des standards très élevés (merci les bookboyfriends, Rhysand je t’aime) et surtout j’ai peur d’être déçue et de souffrir. Une partie de moi ne demande que de se lâcher et laisser mes pensées négatives sur le côté, il ne manque qu’une petite motivation. Je pourrais en parler à ma meilleure amie, mais j’ai peur qu’elle me juge et me trouve étrange, je préfère donc le déni. 

“Je ne le fais, je te dis.” 

“Dans ce cas, tu ne vois pas d’inconvénient à sortir avec quelqu’un.”

“Pardon ?” 

Je tape à la vitesse de la lumière, la suite de ma réponse.

“Je n’ai rien à te prouver et je ne vais certainement pas sortir avec une personne que je n’aime pas pour te faire plaisir.”

“Descend de tes grands chevaux, je ne t’oblige à rien. Je te montre juste que tu as un blocage sur toutes les relations amoureuses, tu es incapable de te lancer.” 

Il faut savoir deux choses sur moi. 

  1. Je déteste qu’on me dise quoi faire 

  2. Je déteste qu’on me dise que je ne suis pas capable de faire quelque chose

Résultat des courses, je tape et envoie sans réfléchir :

 “Ok, deal. Quand je te prouverai que tu te trompes, tu me dois une visite au studio HP”.



 

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J.J.Canovas
Posté le 26/02/2023
Recoucou Aliam !
Savais tu qu'il y avait un concours sur le plateforme Fyctia? Le thème c'est un 10 mais.... je suis sure que tu pourrais y participer ! En plus tu serais invitée au FNR ;)
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