CHAPITRE 8
- paillettes de plage -
Le lendemain matin, à peine son petit déjeuner avalé et après avoir pris la douche la plus rapide que l’univers pouvait lui offrir, Marco était de retour sur la plage. Le soleil était déjà levé depuis longtemps mais l’air était encore frais ; agréable. Dans le ciel bleu glace, pas un nuage. Une bourrasque de vent accueillit Marco dès qu’il eût posé le premier pied sur le sable. Il soufflait plus fort que la veille, le faisant presque frissonner. Presque, le soleil léchait sa peau et compensait juste assez pour que tout soit parfait. Le lac se plissait en gros sillons généreux, pas de quoi appeler cela des vagues mais suffisant pour donner du relief à son habituel plateau.
Marco était parti avec son seau et ses pelles, mais n’avait pas l’intention de s’en servir. Il avait voulu détourner l’attention de ses parents et faire illusion. En vrai, il était pressé de partir à la recherche de nouveaux croques-cirqueules. Seraient-ils toujours là ce matin ou auraient-ils été effacés dans la nuit ? Y en aurait-il de nouveaux en plus de ceux trouvés hier ? Avec de nouveaux motifs peut-être ? Parviendrait-il à les traduire ?
Mais d’abord, il avait une première mission. Avant de commencer sa recherche de cercles dessinés, il avait quelque chose à vérifier. Il se dirigea l’air de rien vers son trou de la veille, ou plutôt, vers l’endroit où le trou s’était trouvé.
Au matin, la plage était calme. Quelques familles s’étaient déjà installées conservant t-shirt et somnolant encore à moitié et des joggeurs la parcouraient de long en large, mais hormis ces courageux de la première heure il y a avait peu d’agitation.
Alors sans trop de crainte pour son trésor, Marco s’avança vers le rocher qui lui servait de repère et regarda dans la direction de sa cache. Il fut rassuré de voir que rien n’avait bougé. Tout au plus des traces de pas s’étaient ajoutées aux siennes et des déchets de la soirée précédente s’y étaient un peu dispersés. Ils seraient bientôt ramassés. Tout était R.A.S., alors Marco ne resta pas plus longtemps sur place, de peur d’éveiller les soupçons.
Il lança un regard à la ronde, il ne voyait presque plus de dessins au sol. Tous avaient été piétinés, sauf un ou deux, agrémentés au contraires de nouveaux traits, petits cailloux blanc et coquillages ; mais ces ajouts étaient naïfs et décoratifs. En s’approchant et se plongeant dans ces nouveaux motifs, Marco ne ressentit plus rien de cette plongée vers les profondeurs qu’il avait vécue la veille.
Même vers l’autre bout de la plage, là où les croques étaient les plus présents, tout avait été chamboulé et parsemé des éclats de charbon que laissent les feux de camp.
Marco était fort déçu. Il remonta la plage en longeant le bord de l’eau, moitié cherchant de nouveau dessins sans plus trop y croire, moitié les yeux en quête d’éclats bleu d’écailles. Car quitte à être là, autant optimiser le voyage, s’était-il dit.
Mais alors qu’il arrivait à mi-plage, un nouveau phénomène le saisit. Un vent qui n’était pas un simple vent, se levant dans une bulle de silence qu’il ne connaissait que trop bien, vint lui caresser et lui picoter la peau, le soulevant presque dans les airs, avant de retomber d’un coup. Bassim ? Si tôt dans la matinée ? Marco chercha autours de lui mais il n’y avait personne de plus sur la plage que tout à l’heure.
Il n’en revenait pas, c’était la première fois qu’il était porté par un tel vent sans qu’il n’ait été appelé par l’appeau du moniteur. Comment cela était-il possible ?
À deux-trois pas de lui, Marco vit le sable s’agiter et de fines particules s’élever dans les airs. Là aussi ? Il courut pour se placer au même endroit que ces paillettes de plage virevoltantes. Oui, là aussi. Les fourmillements sur la peau, les tapotements soufflés sur le visage, les cheveux soulevés en bataille. Et tout retomba, à nouveau. Et quelques mètres plus loin, du sable s’agitait et de la poudre de sable dansait.
Marco suivit la piste, de bulle de vent en bulle de vent, suivant les indices, mi-courant, mi-volant lorsqu'il était porté par les airs. Et puis d’un coup, tout s’arrêta. Il se trouvait en bord de plage, là où le rivage redevenait verdure. Là ou les croque-cirqueules s’étaient accumulés la veille. Là où Lili lui avait parlé de la Tortue.
— T’es encore là ?
Marco se retourna, mais ne fut cette fois pas surpris.
— Toi aussi, dit-il.
— Moi je t’ai dit, j’habite la cabane juste là, dit Lili.
— Moi j’ai suivi le vent.
— Oui je sais, je t’ai vu, lui dit Lili en souriant.
Marco marque un temps. Puis il posa la seule question qu’il avait à poser :
— C’est la Tortue encore ?
— Oui, je crois.
— Pourquoi elle fait ça ?
— Je t’ai dit, je sais pas, mais si tu veux, tu peux m’aider à chercher la réponse.
— Et comment on ferait ça ? demanda Marco sceptique.
Les yeux de Lili se plissèrent et sa bouche se fendit de ce sourire malicieux qu’elle seule savait donner.
— Je ne suis pas vraiment qui tu crois, dit-elle.
Mwoooo, Lili et Marco partent en quête de la Tortue - et surtout, de réponses <3 Il y a un passage très subtil d'une ambiance un peu froide au début vers l'émerveillement final. Le chapitre s'ouvre sur ce froid que tu arrives bien à nous faire ressentir - ambiance un peu étrange de plage fraîche et silencieuse. Puis à mesure que Marco renoue le fil de ses questions et explorations, le paysage se transforme. Le sable danse, se couvre de paillettes - on imagine remuer dans le sable... annonce d'une rencontre toute prochaine avec la Tortue j'imagine <3
>> "Une bourrasque de vent accueillit Marco dès qu’il eût" > pas sûre qu'il y ait besoin de l'accent circonflexe ici ?
Merci beaucoup de ta lecture, je suis ravie que tu te prennes ainsi à l'histoire : )
Hâte de lire la suite.
Et oui, tu as bien perçu qu'elle était assez "spéciale", tu en as même vu plus que certain.e.s autres lecteurices, j'en suis vraiment ravie, cela me renforce dans mes choix de narration de savoir que l'on peut tirer tous ces indices de la lecture ^^
Merci de ta lecture et de ton commentaire : )
Vraiment très intriguante, cette histoire.
La dernière phrase est très mystérieuse, je brûle de savoir la suite.
Je n'ai rien noté sur la forme, à part les soucis de virgules dont je t'avais parlé dans un précédent commentaire.
J'ai bien aimé le passage où il retrouve les cropcircles "vandalisés", c'est un peu triste.
A bientôt.
Merci beaucoup pour ton commentaire : )
Oui j'essaye d'écrire ce premier jet le plus naturellement possible, en découle sans doutes des petits soucis de ponctuation ou autre, je reprendrais tout cela tranquillement à la réécriture. Merci de le remarquer : )
J'espère que la réponse à cette dernière phrase te plaira ^^"