Chapitre 8 – Sans mains, c’est difficile

— Monsieur… ?

Les mains sur les genoux, tonton reprend son souffle un peu difficilement. Papa serait là, il rigolerait en disant qu’il ne fait pas assez de sport et qu’il devrait sortir plus souvent de son garage !

— Bon- bonjour Ma- madame ! Pfiou ! Désolé, j’ai couru ! Vous êtes « Cath », c’est ça ? Je suis l’oncle d’Hélios et Solène. Je me promenais par ici lorsque j’ai entendu des cris… tout va bien ?

— Oh, les jumeaux ! Ils sont ici aussi ?

Se redressant, tonton fait un sourire à Catherine avant de répondre :

— Oui ! Ils sont-

Puis il tombe sur les fesses lorsque Solène le pousse avec sa tête sans aucun ménagement.

— Hey ! Proteste tonton.

— Solène ! Il y a deux minutes tu me disais que j’avais été dangereux, tu fais quoi là ?

— Je l’ai juste poussé un tout petit peu pour qu’il ne dise pas de bêtises !

— C’est ça un petit peu ? Heureusement que tu ne l’as pas poussé beaucoup dans ce cas, parce qu’il aurait fait un vol plané de 10 mètres !

Le rire de tonton nous rassura tous les deux sur son état et l’état de ses fesses. Au moins, il n’a rien de cassé.

— Vous allez bien, monsieur Tonton ?

La voix espiègle de Catherine me donne envie de rire.

Tonton se relève rapidement et vient caresser l’encolure de Solène.

— Bah alors ? On me pousse ? Tu ne veux pas que je discute avec ta charmante dresseuse ? Dites, ce poney s’appelle Pissenlit, c’est ça ? Et lui — enfin, elle — Pâquerette ?

— C’est tout à fait ça ! Comment le savez-vous ?

— Hélios et Solène me l’ont dit. Comme j’allais vous l’expliquer, ils sont restés à regarder les poules près de l’entrée. Houlà, dites, les enfants ont l’air de se disputer méchamment là-bas, vous voulez que je gère ces deux-là en attendant ?

Bien joué tonton !

— Oui, merci ! Je voulais les gronder avant d’aller m’occuper des enfants, mais tant pis, j’ai l’impression qu’il se passe ici quelque chose de pas vraiment habituel de toute façon !

Avec un clin d’œil en direction de tonton, Catherine s’éloigne pour aller parler avec Théo, qui est en train de repousser Maxime avec méchanceté, ce qui ne va pas tarder à finir en bagarre si personne n’intervient.

— Tu crois qu’elle sait ? me chuchote Solène télépathiquement.

— Comment elle pourrait savoir, c’est impossible ! Mais c’est vrai que c’est bizarre ce clin d’œil.

— Alors, Hélios, Solène, vous en faites du grabuge[1] ?

— Pourquoi il nous parle toujours alors qu’on ne peut pas lui répondre ? me demande Solène.

— Bah, c’est un truc d’humain, parler ! Tu devrais le savoir, mademoiselle la bavarde !

— Tu peux parler, monsieur le pipelet !

Je ne réponds pas et ne bouge pas. En temps normal, quand on se chamaille et qu’on ne trouve plus rien à dire, on se chatouille, mais là, sans mains, c’est difficile !

— N’empêche, Hélios, tu crois que Catherine va mettre des œillères[2] à Pissenlit à cause de nous ?

— J’espère pas ! La première chute de Sandra, je veux bien admettre que c’est un peu de ma faute, mais quand Maxime et Sandra sont tombés sur la piste de tir à l’arc, ce n’était pas à cause de nous, c’était à cause de Théo !

 

*** Informations documentaires ***

Contrairement à ce qu’Hélios suggère, mettre des œillères à un cheval n’est pas une punition. Il peut arriver qu’un dresseur le fasse pour que l’animal reste bien concentré sur ce qui se trouve devant lui et pas sur les côtés.

Bien sûr, ce n’est pas fait pour être gardé en permanence, mais juste quand le poney a des enfants sur son dos, ou qu’il tire une charrette.

Si Pissenlit avait porté des œillères, il n’aurait pas eu peur du seau qui se trouvait sur le côté, car il ne l’aurait pas vu !

Ce n’est pas toujours facile de savoir quelle est la meilleure solution pour l’animal. Mais une chose est certaine, il faut aussi penser aux enfants et éviter à tout prix les accidents.

 

[1] Faire du grabuge = provoquer du désordre, et généralement de façon bruyante.

[2] Œillères = Morceaux de cuir posés sur le côté des yeux d’un cheval pour bloquer sa vision sur le côté.

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