Chapitre 9 – Pomme

— Merci Hélios.

Je sens le soulagement de Solène dans ses mots. J’espère que Théo va être bien puni, je suis très en colère après lui.

Et puis, je suis un peu en colère après tonton aussi.

— Vraiment tonton, tu exagères, tu devrais surveiller nos corps !

J’ai envie de hennir pour le lui faire comprendre, mais je me retiens. Je dois absolument arrêter de vouloir agir comme un humain tant que je suis avec Pâquerette, c’est trop risqué.

Cependant, il faut croire que tonton devine l’objet de notre inquiétude, car il profite de l’absence de Catherine pour nous rassurer :

— Ne vous inquiétez pas, vos corps sont bien cachés. J’ai trouvé une couverture de couleur marron pour vous couvrir. À moins de vraiment rentrer dans le fourré, personne ne pourra vous apercevoir.

— Sauf les poules !

Ignorant la remarque de Solène malgré le fait qu’elle ne me rassure pas, je tourne ma tête brusquement en direction de Catherine pour signaler à tonton qu’il ferait mieux de se taire maintenant, car elle revient vers nous.

— Monsieur, le cours est terminé pour aujourd’hui. Je vais reprendre Pâquerette et Sandra va s’occuper de Pissenlit. D’accord Sandra ?

— Oui Catherine !

S’approchant de moi, Sandra me fait un gros câlin et me chuchote dans l’oreille :

— Merci ma grande ! Je ne t’en veux pas de t’être énervée, parce que grâce à toi, on a pu comprendre ce qu’avait fait Théo !

Elle rit un peu et me fait même un bisou avant de récupérer les rênes de Pissenlit des mains de notre oncle.

— Elle est trop mignonne Sandra ! S’exclame Solène. À sa place, je t’en aurais voulu quand même, de l’avoir fait tomber deux fois par terre.

— Mais je ne l’ai pas fait exprès !

— N’empêche, tu as de la chance qu’elle n’en veuille pas à Pâquerette.

Sans réfléchir, je me mets à avancer en direction de Sandra, comme pour lui faire un câlin à mon tour, mais je suis arrêté par Catherine, qui tire sur ma longe.

— Non, Pâquerette. Toi, tu viens avec moi !

— C’est pas juste ! Je ne peux jamais faire ce que je veux !

Je râle, mais j’emboîte le pas de Catherine docilement. Je crois que j’ai fait assez de bêtises comme ça aujourd’hui.

Les autres enfants sont déjà sur le chemin du retour, Théo et Maxime, les seuls sans poneys, se font visiblement la tête.

Quant à tonton, je l’entends discuter avec Catherine à voix basse. Comme si je ne l’entendais pas ! Et puis d’abord, pourquoi il parle de nous avec elle ?

— Hélios ?

— Oui Solène ?

— On est presque arrivé et tu n’as toujours pas essayé de manger le moindre brin d’herbe !

Oh tiens, c’est vrai ça ! On dirait que Pâquerette n’a pas faim, mais cela ne lui ressemble pas ?

— Pâquerette n’a pas faim apparemment… tu crois qu’elle est malade ?

— Peut-être simplement stressée. C’est qu’elle en a eu des émotions cet après-midi !

— Et tout ça à cause de moi…

Mes pensées s’arrêtent net lorsque je sens une odeur que Pâquerette connaît très bien.

Le manque d’appétit de la ponette s’envole et mon museau plonge dans la direction de cette odeur alléchante, puis j’attrape l’objet convoité et l’englouti aussitôt, le croquant avec délectation.

Une pomme !

Je ne peux pas voir la main tendue devant moi, mais je sens très bien qui m’a offert la pomme. Catherine !

Quel soulagement ! Apparemment, ni Sandra, ni Catherine n’en veulent à Pâquerette de n’avoir fait que des bêtises aujourd’hui !

Lui tapotant l’encolure, Cath murmure :

— Allez ma belle, tu n’es pas vraiment toi-même depuis une heure, pas vrai ? Je laisse Sandra t’accompagner jusqu’au champ. Retrouve ton appétit, la journée est terminée pour toi maintenant, mais je compte sur toi pour demain, ok ?

Je laisse Pâquerette acquiescer à sa façon, en renâclant, et je pousse un long soupir intérieur de soulagement.

Catherine ne m’en veut pas ! Pâquerette ne va pas être punie !

 

*** Informations documentaires ***

Avec leur champ de vision particulier, il est tout à fait normal que Pâquerette ne voie pas le bout de son nez.

Du coup, si on lui donne une friandise, elle ne peut que « tâtonner » par mordillement pour l’attraper.

C’est pour ça qu’il faut toujours présenter ce qu’on offre à manger sur le plat de la main. Si on lui propose une carotte en la tenant avec nos doigts, il ne pourra littéralement pas « voir » les doigts, et donc risque de les croquer.


 

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