Chapitre 8 : Une nouvelle vie

Notes de l’auteur :  
 
Merci à tous les gens qui me lisent et que me laissent une reviews.
="D
Et pas merci aux Spams qui m'ont fait croire que j'avais trois reviews en plus ! mdr

 

Chapitre Huit : Une nouvelle vie

 

 

 

- Orson !

- Dax Riders !

- Orson !

- Dax Riders !

- Orson !

- Dax Riders !

 

Baptiste et Sébastien étaient sur le point de se battre. L’un voulait écouter le groupe Orson, tandis que l’autre voulait entendre les morceaux des Dax Riders.

 

- Orson !

- Dax Riders !

- Orson !

- Dax Riders !

- Orson !

- Dax Riders !

 

Baptiste fit tomber Sébastien sur le lit et entreprit de l’égorger.

 

- Tu vas voir un peu !

- Argh ! Tu me fais même pas peur !

 

Au même moment, le téléphone portable de Baptiste sonna, et Sébastien roula pour le saisir. Il décrocha et dit d’un air malin :

 

- Allô ? Ici Sébastien, le gentil petit frère du méchant Baptiste. Qui est à l’appareil ? Si c’est sa petite amie du moment, rappelle plus tard, mais sois triste parce que je vais lui étriper les coucougnettes !

- Sébastien ou Baptiste, c’est pareil. Et non, c’est pas sa petite copine du moment, répondit une voix masculine, totalement inconnue au jeune homme.

 

Sébastien resta muet, honteux. Baptiste en profita pour le rouer de coups. Le jeune frère, surpris, lâcha le téléphone mobile et poussa un grand cri aigu. La communication n’ayant pas été coupée, le mystérieux interlocuteur entendit donc toute leur conversation.

 

- Salaud ! - Argh ! - Prends ça ! - Argh ! - Et ça ! - Argh ! - Et ça ! - Argh ! - Et ça ! - Argh !

- Et ça ! - Argh !

 

Baptiste s’arrêta de martyriser Sébastien, se releva et saisit à son tour le téléphone.

 

- Oui, Baptiste des Rescapés, c’est bien moi. Ah ça…non, en fait, je persuadais simplement mon petit frère d’écouter Orson !

 

Sébastien se rassit sur le lit, se massa la nuque et fit un doigt d’honneur à son frère. Pour toute réponse, Baptiste lui administra un puissant coup de pied dans le ventre.

 

- Mais je peux savoir au moins qui vous êtes pour me dire de ne pas démolir mon frère ? - Oui, c’est vrai ça, admit Sébastien. C’est qui ? C’est qui ? C’est qui ? C’est qui ? C’est qui ?

- Ah.

 

Baptiste cacha le combiné avec sa main et tourna la tête vers son frère.

 

- C’est l’agent artistique.

 

Sébastien poussa un nouveau cri et tomba à la renverse du lit.

 

- D’accord, je lui dirais. Une autorisation parentale ? Ça marche. Merci beaucoup, au revoir.

 

Le jeune homme raccrocha et aida son frère à se relever.

 

- Séb ?

- Ouais ?

- Prépare ta valise.

- Pourquoi ?

- On part à Paris !

 

 

 

- Ludovic, y’a un agent artistique au téléphone !

- C’est ça, fout-toi de ma gueule Papa. Le premier avril est déjà passé, figure-toi !

- Mais c’est vrai !

- Ouais, ouais, j’te crois. Bon, tu vois pas que je suis occupé là ?

- Comme tu veux, mais qu’est-ce que je lui dis à ce monsieur ?

- Dis-lui que s’il est vraiment agent artistique, il me réserve cinq billets d’avion en première classe pour Paris !

- D’accord !

 

Le père du jeune homme sortit de la chambre de son fils et celui-ci replongea aussitôt dans sa consultation Internet.

 

- Alors, voyons ces résultats. Ouah ! C’est pas vrai ?! Non ! C’est pas possible ! Wouw ! J’ai eu mon Bac ! Et c’est qui le meilleur ? C’est Ludovic ! Et c’est qui le meilleur ? C’est Ludovic ! Et c’est qui le meilleur ? C’est Ludovic ! J’aurais sacrifié Rolland Garros et la Coupe du Monde de foot, mais j’ai mon Bac ! Et c’est qui le meilleur ? C’est Ludovic ! Et c’est qui le meilleur ? C’est Ludovic !

 

Au bout de quelques instants, il s’arrêta et reprit son sérieux. Il pianota à nouveau sur son clavier.

 

- Et pour Baptiste et Séb ? Ah bah non. Ils l’ont pas eu. Bah, c’est pas grave. Et Clémence ? Wouw ! Bravo ! Elle l’a eu ! Et c’est qui la meilleure ? C’est Clémence ! Et c’est qui le meilleur ? C’est Ludovic ! Et c’est qui la meilleure ? C’est Clémence ! Et c’est qui le meilleur ? C’est Ludovic ! Et c’est qui la meilleure ? C’est Clémence ! Et c’est qui le meilleur ? C’est Lu…

 

Son téléphone portable le coupa dans sa minute de gloire. Il décrocha majestueusement.

 

- Allô ? Ludovic, le Bachelier dans toute sa splendeur !

- Oui, bonjour Ludovic. Je vous rappelle pour vous dire que les cinq billets d’avion en première classe en direction de Paris ont été réservés. Vous partez lundi.

- Uh ? C’était vrai alors ?

- Bah ouais.

- Cool ! Trop d’la balle ! Top délire ! Ouah ! Merci beaucoup ! Oh, et si vous appelez Clémence, dîtes-lui de ma part qu’elle a réussi son Bac !

- Je lui dirais. Au revoir !

 

Ludovic sortit en vrac de sa chambre pour annoncer les bonnes nouvelles à son père. Ceci fait, il décampa rapidement chez Baptiste et Sébastien.

 

 

 

- Clémence, téléphone, annonça la mère.

 

La jeune fille soupira, et s’arrêta de jouer du piano. Elle saisit le téléphone d’un geste brusque.

 

- Florian, tu fais chier ! s’écria-t-elle en guise d’accueil. Si t’appelle pour venir coucher chez moi, tu vas te faire foutre ! En plus, tu me déranges, j’étais en train de bosser sur…

 

Clémence se tut.

 

- Ah, c’est pas Florian. C’est qui alors ? Oh, excusez-moi Monsieur. C’est vrai ? Ah ben, merci beaucoup alors. Oui, je suis contente, très contente. Oui, au revoir.

- Qui c’était ? demanda la mère de Clémence, curieuse.

- C’était un agent artistique. Nos maquettes ont plu à son patron, et nous partons lundi avec le groupe pour enregistrer un album.

- Oh ma chérie, je suis fière de toi !

- Et j’ai aussi eu mon Bac.

 

La mère de la jeune fille fronça les sourcils, et médita quelques instants.

 

- Comment tu as fait ? demanda-t-elle enfin.

- Je sais pas.

 

 

 

Il était déjà plus de onze heures, et Florian dormait encore. C’est vrai, il était allé en boîte cette nuit avec ses amis. C’est vrai, ils étaient rentrés très tard. C’est vrai, il avait failli refaire la même bêtise avec Clémence que la dernière fois. Mais c’était pardonnable, non ?

 

Son maudit téléphone portable sonna et le réveilla. Florian grogna d’abord, puis donna quelques coups de poings à son oreiller. Ce fut seulement après qu’il put décrocher dans le plus grand calme.

 

- Putain Lulu’ ! Tu me fais vraiment chier à force d’appeler quand je dors !

- Ludovic est parti démonter sa batterie. Vous devriez en faire autant.

- J’ai pas de batterie. Et allez vous faire foutre d’abord. C’est un numéro personnel que vous avez composé !

- Lundi, quand je vous vois, je vous gifle.

- Et ma mère, c’est la Vierge Marie. Bon, petit con, tu me laisses dormir, oui ou merde ? - Ok. Florian, tes amis t’expliqueront. À lundi, pour la raclée de ta vie.

- Ouais, c’est ça, casse-toi connard !

 

Florian retomba brutalement sur son oreiller et soupira. Soudain, il tiqua. Il mit la main devant sa bouche, comme s’il venait de réaliser quelque chose.

 

- Merde ! C’était l’agent artistique !

 

 

 

- M’man…

- P’pa…

 

Sébastien et Baptiste venaient d’arriver dans le salon où leurs parents se disputaient encore. Cette dispute était beaucoup plus violente que les précédentes et ils se lançaient des répliques plus empoisonnantes les unes que les autres. Baptiste, dont la patience a une certaine limite et qu’il ne vaut mieux pas dépasser, se tourna vers son frère et lui demanda :

 

- Passe-moi le vase en cristal de Mamie.

- T’es sûr ? demanda Sébastien, hésitant.

- Passe-moi ce foutu vase, j’te dis !

 

Le jeune frère s’exécuta et lui tendit le précieux vase. Une fois dans les mains de Baptiste, celui-ci le laissa tomber avec élan. Le vase se fracassa sur le carrelage et le bruit qu’il en échappa fut tellement assourdissant que les deux parents se turent.

 

- C’est bon, vous avez fini ? s’écria Baptiste, en colère. Vous commencez sérieusement à nous saouler là ! C’est insupportable ! On peut plus vivre ici, nous ! D’ailleurs, on part à Paris avec le groupe, et on vous demande pas votre avis. Ce que je vous demande seulement, c’est que l’un d’entre vous signe ce papier. Sébastien est mineur et il lui faut une autorisation parentale pour qu’il m’accompagne.

- Je refuse ! s’écria le père. Vous ne partirez pas d’ici !

- Je fais ce que je veux, j’ai dix-huit ans ! hurla à son tour le jeune homme, rouge de fureur.

- Je ne signerais pas ce papier !

- Et bien moi si ! s’exclama la mère, arrachant le papier des mains de Sébastien.

 

Elle s’appuya sur la table, signa rageusement la feuille et la rendit à Sébastien. Ce dernier la serra contre lui, de peur que son père lui reprenne et n’en fasse des confettis. Ensuite, la mère embrassa ses deux enfants et les renvoya dans leur chambre. Lorsque ce fut fait, elle s’emporta à nouveau avec son mari.

 

Une fois dans leur cocon, les deux frères sortirent une énorme valise et vidèrent leur placard.

 

- Alors, brosses à dent, peignes, serviettes, gants, eau de toilette, mousse à raser, rasoirs, dentifrice, vaporisateur anti-moustique, pommade qui soulage les piqûres de moustiques, after-shave…

- Et mes provisions de gel ! s’exclama Baptiste, une dizaine de pots et tubes dans les bras.

- Slips, caleçons, boxers, maillots de bain, T-shirts, jeans, mes chemises…

- Et mes chemises aussi.

- Shorts…

- Et mes cravates.

- Vestes.

- Anoraks.

- La tirelire.

- La carte bleue.

- Le chéquier.

- Le porte-monnaie.

- Les baladeurs mp3.

- Les disques.

- Le kit « Je nettoie ma basse ».

- Le kit « Je nettoie ma guitare ».

- Le kit « Je chouchoute ma basse ».

- Le kit « Je chouchoute ma guitare ».

- Bon, on a vidé toute l’armoire. On peut fermer la valise maintenant.

 

Mais les deux frères eurent beau s’asseoir de tout leur poids sur la valise, celle-ci refusa de se fermer.

 

- Attends, je vais mettre les photos de mes ex dedans ! s’exclama Sébastien.

- Hors de question ! Pas tes ex dans la valise ! En plus, elles servent à rien !

- Mais, elles sont canons mes ex !

- Je sais, les miennes aussi.

- C’est normal, on a les mêmes !

- N’empêche, pas tes ex dans la valise ! En plus, elles prennent trop de place et y’en a pas assez !

- C’est pas vrai !

- Si, c’est vrai !

 

Sébastien grommela un peu et essaya de ranger ses photos dans son sac.

 

- Je m’arrangerai, dit-il.

- Tiens, on dirait que Lulu’ vient squatter la maison, s’exclama Baptiste en regardant par la fenêtre.

 

Les deux frères sortirent de leur maison et se ruèrent sur le pauvre jeune homme.

 

- On va à Paris ! s’exclama Sébastien.

- Je sais, Coco.

- M’appelle pas Coco !

- Et grâce à moi, on sera en première classe dans l’avion !

- Cool, commenta Baptiste.

 

Sébastien pâlit soudainement et se cacha derrière son frère.

 

- On y va en avion ? demanda-t-il d’une petite voix.

- Bah ouais, pas à bicyclette !

- Tu peux téléphoner pour leur demander d’annuler et de réserver cinq places en première classe dans un T.G.V. ?

- Ah non, Sébastien ! éclata Baptiste. Tu ne vas pas commencer à faire ton trouillard !

- Je fais pas mon trouillard !

- Dans ce cas, on prend l’avion !

- Non ! Je veux pas !

- Sois raisonnable Coco, voulut rassurer Ludovic. En avion, on met seulement vingt minutes pour aller à Paris, alors qu’en train, il nous faut deux heures.

- Je suis jamais monté dans un avion.

- Moi non plus, répliqua sèchement Baptiste, et j’en fais pas une scène comme toi.

- Vois le bon côté des choses, Séb. Tu vas pouvoir mater les hôtesses de l’air.

- C’est vrai que c’est bien ça, admit le jeune frère. Mais j’ai peur quand même.

- Je savais bien que t’étais un trouillard.

- Je suis pas un trouillard !

- Si, tu es un trouillard !

- Nan, je suis pas un trouillard !

- Bon, arrêtez-vous tous les deux ! On devrait commencer à ranger les instruments plutôt que de se chamailler !

 

Les deux frères acquiescèrent et suivirent Ludovic jusqu’au cabanon.

 

- Au fait, les gars, vous avez loupé le Bac.

- Cool, répondirent les deux frères. C’est pas grave, on a le Bac de la Musique ! Et toi, tu l’as eu ?

- Ouais, fit fièrement Ludovic en bombant le torse. Et Clémence aussi.

- J’aurais jamais pensé qu’elle réussisse son Bac, lança Sébastien.

- Moi non plus ; elle a dû être pistonnée, comme d’habitude.

 

Les trois jeunes hommes se turent et observèrent le cabanon.

 

- Ah, ça va me manquer cet endroit…fit Baptiste, nostalgique.

- Ouais, c’est clair.

- Bon, les gars, commença Ludovic, on s’y met ?

 

Sans attendre, Sébastien et son frère époussetèrent leurs mallettes et y rangèrent délicatement leurs instruments. Quant à Ludovic, armé d’un redoutable tournevis, il entreprit la dure tâche de démonter sa batterie. Tous les trois savaient qu’ils allaient entrer dans une nouvelle vie, et que le temps où le groupe jouait dans le cabanon était définitivement résolu.

 

 

 

Le jour du départ, ce fut le père de Ludovic qui conduisit les adolescents jusqu’à l’aéroport. Il avait une grande voiture, ce qui réjouit fortement le groupe pour le transport de leurs nombreux bagages. Ludovic avait réussi à y caser sa batterie et le violoncelle de la jeune fille, et les autres membres du groupe furent obligés de prendre leurs instruments avec eux, faute de place. C’est donc une voiture chargée qui s’arrêta devant l’appartement de Florian. Clémence sortit rapidement du véhicule et sonna à la porte. Florian, joyeux, lui ouvrit et l’embrassa sur les deux joues.

 

- Bon, on y va ! s’exclama-t-il en se dirigeant vers la voiture.

 

Clémence fronça les sourcils et le rappela à l’ordre.

 

- Florian.

- Oui ?

- Tu as dit au revoir à ta mère ?

 

Il n’y eut aucune réponse, ce qui confirma la pensée de la jeune fille.

 

- Florian, va dire au revoir à ta mère tout de suite, allez ! hurla-t-elle.

- Mais elle est pas là !

- Je m’en fous ! Je suppose que tu lui as même pas dis que tu partais.

 

Le jeune homme se tut à nouveau. Clémence, rouge de fureur, le repoussa dans l’appartement.

 

- Téléphone-lui !

- Ah non, sinon elle va me gueuler dessus et ça va me saper le moral !

- Écris-lui un mot alors !

- Mais…

- Florian, ne discute pas ! Tu comptais partir sans qu’elle le sache ?

 

Il soupira et saisit un bloc-note posé sur le comptoir de la cuisine.

 

« Maman.

J’aurais bien voulu t’annoncer que je partais, mais à chaque fois que je voulais t’en parler, tu n’étais pas là (pour changer). Donc, ne viens pas te plaindre de ne pas avoir été prévenue. Je pars à Paris (c’est loin, tu remarques), avec le groupe (non, je suis pas seul, tu vois. Et puis, si tu n’étais pas au courant, je t’informe qu’on a monté un groupe de rock. Comme ça, tu pourras pas dire que tu le savais pas) pour enregistrer un album et vivre notre vie d’artiste (oui, tu vois, je suis pas un bon à rien). Bref, je doute que je revienne un jour à Lyon (c’est ça, tu as raison : sors le champagne et va fêter ça avec tes amants). Si un jour l’envie te prend de savoir ce que je suis devenu, j’espère que tu auras de mes nouvelles dans les journaux, les magazines ou à la télé. Et si tu deviens folle en plein, et que tu éprouve un « besoin » à m’appeler, je crois que t’avoir donné mon numéro de portable (mais tu l’as sans doute jeté entre temps). Je ne vais pas t’écrire un roman, parce que mon avion décolle bientôt et que j’ai pas forcément envie de le rater… Je te laisse donc, à bon entendeur, salut !

Ton fils, Florian. »

 

 

Rien, ne ressemble à ce qu’on voulait On se fait du mal et après On fait comme si de rien n’était On s’y fait Mais regarde ce qu’on devient, Maintenant, on ne se dit plus rien Je peux me taire si t’en as besoin Laisser faire jusqu’à la fin Jusqu’à la fin

Rien, c’est tout ce qui reste de nous Je peux m’en aller et c’est tout Trouver ailleurs ce qu’on cherchait Si tu le voulais Mais regarde ce qu’on devient, Maintenant, on ne se dit plus rien Je peux me taire si t’en as besoin Laisser faire jusqu’à la fin

Jusqu’à la fin Mais regarde ce qu’on devient, Maintenant, on ne se dit plus rien Je peux me taire si t’en as besoin Laisser faire, jusqu’à la fin

Jusqu’à la fin

 

 

Arrivés devant l’aéroport, Les Rescapés déchargèrent la voiture. Le père de Ludovic dut repartir très vite pour se rendre à son travail, mais il fut inquiet de laisser le groupe seul. Florian le rassura qu’il connaissait très bien l’aéroport et après quelques embrassades avec son fils, le père s’en retourna.

 

- Ah non, ça va pas le faire ! s’écria Ludovic, une fois son paternel parti.

 

Ses amis le fixèrent, étonnés. Aux pieds du jeune homme se trouvaient cinq gros cartons qui contenaient sa batterie en pièces détachées.

 

- Comment voulez-vous que je me promène dans l’aéroport avec tout ça ?

- Bon, Lulu’, panique pas, rassura Florian, le maître de la situation. Tu m’accompagnes, toi et Clémence à l’intérieur. On va aller chercher des chariots. Vous, les deux frères, vous surveillez les valises et les instruments. Et pas de bêtises, d’accord ?

- D’accord, répondirent Baptiste et Sébastien.

 

Florian, Ludovic et Clémence rentrèrent donc à l’intérieur de l’énorme bâtiment, laissant les deux frères devant, en plein soleil.

 

- Fais chaud…

- Baptiste…appela doucement Sébastien, en louchant sur le bout de ses chaussures.

- Quoi ?

- Un drame s’est produit…On a oublié quelque chose de très important à la maison…

- Quoi ?

- Les clopes…fit timidement le jeune homme, en se cachant derrière une colonne.

- Non ?!

- Si !

- Putain Seigneur ! hurla Baptiste en tombant à genoux devant la statue d’Antoine de Saint-Exupéry. Pourquoi nous avoir fait ça, à nous ?!

- Pitié ! s’écria à son tour le jeune frère, en se prosternant à son tour aux pieds du personnage en bronze.

- On fera tout ce que vous voudrez, mais envoyez-nous des clopes du Ciel !

- Oui, on sera sage comme des images…

- On n’embêtera plus Clémence…

- On diminuera notre dose de femmes de 50% par an…

- On écrira à notre maman tous les jours…

- Vous pourrez nous appeler Saint Sébastien et Saint Baptiste !

- Mais ayez pitié de nous, envoyez-nous des clopes ! C’est vital, la nicotine !

 

Au même moment, Ludovic, Clémence et Florian revinrent avec des chariots. Ils les chargèrent des cartons, des valises et des mallettes. Comme les deux frères étaient encore en train de se lamenter à genoux sur le sol brûlant, ils les rassurèrent qu’ils pourraient acheter des cigarettes à Paris. Baptiste et Sébastien semblaient peu convaincus mais décidèrent de se relever. Ils allaient entrer dans l’aéroport lorsque le plus jeune des frères aperçut l’ampleur des bagages de Ludovic.

 

- Ludovic, je t’aime !

- Mon dieu ! s’horrifia ce dernier. Qu’est-ce qui lui prend ? J’ai peur !

- Ludovic, je t’aime ! répéta Sébastien en s’accrochant à la chemise du jeune homme. Je suis passé de l’autre côté de la barrière ! Je t’aime ! Comme un fou, comme un soldat, comme une star de cinéma !

 

Baptiste, Florian et Clémence éclatèrent de rire.

 

- Mais…mais…c’est pas juste ! On avait dit que c’était moi le seul homo du groupe ! Et lâche ma chemise d’abord ! Tu es en train de la froisser et je l’ai repassée ce matin !

- Ludovic, je t’aime ! Épouse-moi !

- Hey, nan mais ça va pas la tête ?! Lâche-moi ; enlève tes sales pattes d’hétéro de ma chemise toute propre et toute neuve ! Mais putain, Baptiste, fais quelque chose !

- Sébastien, arrête d’emmerder Ludovic ! ordonna fermement la jeune homme.

 

Sébastien s’exécuta subitement, de peur de la colère de son frère.

 

- Tu sais ce qu’il lui prend ? lui demanda Ludovic.

- Ouais. Il essaye de t’adoucir pour que tu ranges les photos de ses anciennes petites amies dans ta valise.

- Ces anciennes petites amies…mais il est con ou quoi ?

- Cherche pas, c’est mon frère…

- Mais Ludovic, tu es certain qu’il n’y a pas de place pour une dizaine de cadres photo ? demanda l’intéressé.

- Absolument.

- Puis, tu sais, Sébastien, je pense qu’ils vont te confisquer tes cadres photos, lança Florian.

- Mais pourquoi ? s’horrifia le jeune frère.

- Parce que y’a du verre dessus. Enfin, j’te dis ça, mais j’en suis pas sûr. Mais ne t’attends pas à aller tranquillement à Paris avec les photos de tes copines.

 

Le groupe suivit Florian à travers l’aéroport. Ils montèrent à l’étage et s’assirent sur des sièges face à la vitre. Ils purent admirer un avion filer à toute vitesse sur la piste avant de s’élever dans les airs. C’est à ce moment-là que Sébastien décida de devenir…insupportable.

 

- Je refuse de monter dans ce machin ! Je…ne…veux…pas !

 

Son frère leva les yeux au ciel et soupira.

 

- Je veux pas ! Je veux pas ! Je veux pas ! Je veux pas ! Je veux pas !

- Bon Sébastien, si tu as peur de l’avion, c’est pas la peine que tu viennes avec nous à Paris, remarqua Baptiste. On trouvera un autre bassiste aussi bon que toi.

- Non, non, non et non ! C’est Moi le Bassiste, et rien que Moi ! Et c’est pas un Autre ! Moi, je suis le Meilleur, et c’est Moi le Bassiste des Rescapés, point barre. Non mais, on ne M’échange pas, Moi, Je suis trop précieux ! Je suis le Bassiste et Je resterai le Bassiste, et si Vous êtes pas contents, bah Vous allez Vous faire foutre, parce que c’est Moi le Bassiste ! Et c’est pas un avion pourri qui va Me stopper parce que Je suis « instoppable » et que Je suis le Meilleur et que Je suis le Bassiste du Groupe et que…

- Ça va, ça va, on a compris, assura Ludovic, qui avait mal à la tête.

- Et d’abord, Je vais le dire à l’Agent Artistique et au Producteur que Vous voulez pas que Je sois le Bassiste du Groupe et que Vous avez essayé de M’échanger avec un Autre, plus Nul que Moi, parce que c’est Moi et seulement Moi qui suis le Meilleur Bassiste du Monde Entier et de la Voie Lactée Entière !

- Séb, ferme-là un peu, tu nous fatigues.

- Quelqu’un a pensé à la bouteille d’eau ? demanda Clémence.

- Oui, répondit Ludovic. Pourquoi ?

- J’ai soif.

 

Ludovic sortit de son sac de campeur une bouteille de deux litres et la tendit à la jeune fille.

 

- Clémence, tu devrais prendre un petit blouson avec toi, conseilla Florian en observant les bras nus de la jeune fille.

- Mais non.

- Chérie, tu devrais quand même…

- Mais non, j’te dis !

 

Florian se tut, devant l’entêtement de la jeune fille. Cependant, il sortit de son propre sac une veste et l’attacha autour de sa taille.

 

- T’as pas l’air con comme ça, remarqua Clémence.

- Tu verras qui c’est qui aura l’air con à Paris, en sandales, pantacourt et débardeur.

 

Pour toute réponse, elle lui tira la langue.

 

- « Les passagers à destination de Paris-Orly sont priés de se présenter à l’enregistrement. Merci. Passengers to Paris-Orly are asked to appear at the recording. Thank you ».

- Elle me saoule celle-là à parler anglais ! On est en France ici ! râla Ludovic.

- C’est vrai ça, admit Florian. En Angleterre, ils sont même pas capables de dire un mot de français pour annoncer un vol vers Lyon. Heureusement que je suis bilingue sinon j’aurai loupé l’avion !

 

Le groupe se leva et s’avança vers une file d’attente.

 

- Putain, il est passé où encore ? s’exclama Baptiste en regardant autour de lui.

- Qui ça ? s’informa Ludovic.

- L’imbécile qui me sert de frangin !

- C’est pas lui là-bas ?

 

Baptiste regarda dans la direction que lui désignait son ami. Et en effet, il put voir Sébastien, debout sur un chariot, faire plusieurs tour de la salle d’attente à une vitesse V.

 

- Je suis Sébastien Schumarer ! Vroum, vroum ! Vroum, vroum ! Vroum, vroum ! Vroum…

 

Boom ! Le jeune homme s’est vite retrouvé les quatre fers en l’air tandis que le chariot continuait sa route avant de percuter une vieille religieuse.

 

- Oh mon Dieu mais c’est pas vrai ça ! se lamenta Baptiste.

 

Il s’avança dangereusement vers son frère et le tira par la chemise jusqu’au bout de la file indienne.

 

- Et maintenant, tu arrêtes tes conneries, compris ?

 

L’ensemble du groupe s’avança jusqu’au poste d’enregistrement. Ludovic fut le premier à poser ses cartons sur le tapis roulant.

 

- Et faîtes attention, c’est très fragile ! Si je retrouve une seule rayure à mon arrivée à Paris, je porte plainte contre Air France.

- Qu’est-ce qu’il y’a dedans ? demanda l’hôtesse, sans tenir compte des propos de Ludovic.

- Ma batterie en pièce détachée. Et faîtes attention, hein !

- Mais oui, ne vous inquiétez pas !

- Bah si, justement…

 

La jeune femme valida son billet et le laissa passer. Ce fut autour de Clémence. Voyant ces nombreux bagages, elle lui demanda ce qu’ils contenaient.

 

- Alors, le petit, c’est le xylophone ; le grand, c’est le violoncelle ; le moyen, c’est la guitare électrique ; le minuscule, c’est mon vanity-case, et enfin, y’a ma valise ! Et j’ai aussi un sac à dos avec moi.

- D’accord, posez vos bagages sur le tapis et prenez votre billet d’avion.

 

Vint ensuite le tour de Florian.

 

- Bah moi, j’ai juste mon sac et ma valise.

- On ne mettra que votre valise dans les soutes, répondit l’hôtesse. Vous pouvez passer. Et vous, jeunes hommes ?

- Une guitare, une basse et une valise, lancèrent les deux frères.

 

L’hôtesse, qui devenait folle à force d’enregistrer des instruments de musique, fit passer Baptiste et Sébastien, et ces derniers ne tardèrent pas à retrouver leurs amis devant le détecteur de métaux.

 

- Non ! se lamenta Sébastien. Ne me dîtes pas que je vais devoir passer entre ça !

- Séb, ne recommence pas. Ils vont juste voir si t’as rien de dangereux sur toi.

- Mais je suis pas un criminel !

 

Baptiste manqua d’égorger son frère, mais Ludovic l’en empêcha. Pour rassurer Sébastien, Florian passa le premier à travers le détecteur de métaux. Il passa tranquillement, les mains dans les poches, sous l’air éberlué du jeune homme.

 

- Est-ce que je suis mort ? lança-t-il, de l’autre côté.

 

Sébastien dû bien admettre que le détecteur de métaux n’avait pas tué Florian et il résolut de passer juste après lui. Malheureusement, à peine en fut-il sorti que l’appareil sonna. Le jeune homme, surpris, poussa un cri aigu qui résonna dans tout l’aéroport et retraversa le détecteur dans le sens inverse pour aller se réfugier dans les bras de son frère.

 

- J’ai honte…murmura Baptiste, qui aurait voulu disparaître sous terre.

 

Il repoussa Sébastien dans le détecteur, où deux hommes l’attendaient au bout. Une fois qu’il en ressortit, l’un d’entre eux le fouilla pendant que l’autre le tenait fermement.

 

- La tête qu’il fait ! remarqua Ludovic. J’aimerais bien me faire fouiller par un mec moi aussi !

 

Le souhait de Ludovic se réalisa. Il passa, l’appareil sonna, et il se laissa fouiller, tout sourire. Vint le tour de Clémence, qui se fit -elle aussi- fouillée par une femme, et de Baptiste qui échappa à la fouille. Ils récupérèrent leurs sacs et Florian exposa au garde le problème de Sébastien.

 

- Il a des cadres photos dans son sac. Ça pose problème ?

 

La réponse fut positive et Sébastien vit le moment où on le séparerait des photos de ses petites amies. Mais après une intervention théâtrale de Baptiste, le jeune homme put embarquer avec les cadres photos, ravi. Les cinq adolescents s’assirent à nouveau et attendirent patiemment l’heure d’embarquement.

 

- J’ai faim, dit Ludovic. Il me faut à bouffer pour mon estomac qui fait vingt centimètres.

- Patiente un peu. L’avion décolle dans vingt minutes et dans moins d’une heure, on sera à Paris, assura Florian. Tu nourriras ton estomac plus tard. On va bientôt embarquer. Venez, bande de moules, on va s’asseoir.

 

Sébastien s’éloigna discrètement du groupe

 

- Mais qu’est-ce qu’il fout encore ? s’énerva son frère, surpassé par les évènements.

 

Clémence, Ludovic, Baptiste et Florian regardèrent Sébastien discuter avec un homme en uniforme, qui devait être sûrement le pilote de leur avion. Il revint vers le groupe quelques minutes après leur petite conversation.

 

- Je suis allé demander au pilote s’il savait bien piloter, expliqua Sébastien.

- Et qu’est-ce qu’il t’a répondu ?

- Qu’il était pas Bac + 8 pour rien.

- Et qu’est-ce que tu lui as dit après ?

- Je l’ai prié de voler doucement et pas trop haut parce que j’ai peur de me crasher.

- Et ?

- Et il m’a dit que j’étais un gentil petit garçon, que je ne devais pas m’inquiéter et que je devais retourner m’asseoir à côté de mon papa et de ma maman.

- En gros, il t’a dit d’aller te faire foutre.

- Oui.

- Pauvre Sébastien !

 

Les cinq adolescents éclatèrent de rire jusqu’à ce que la voix de l’hôtesse invisible se manifeste.

 

- « Votre attention s'il vous plaît, départ à destination de Paris-Orly, embarquement immédiat départ D25. Your attention please, allocates to Paris-Orly, immediate loading allocates D25 ».

- Roh, mais c’est pas fini oui ?!

- Calme-toi Lulu’ !

- Mais je suis calme !

- « Nous vous assurons que vous allez voyager avec l’appareil AF7407 de la compagnie Air France. Il est strictement interdit de fumer à bord de l’avion. Les téléphones portables doivent être éteints. Une collation sera servie à bord. Nous vous souhaitons de passer…un agréable voyage. We assure you that you’re going to travel with the plane AF7407 of the company Air France. It is strictly no smoking aboard the plane. Mobile phones must be switched off. A meal will be served on board. We wish you to spend…a pleasant trip ».

 

Il fallut entraîner Sébastien de force vers le couloir d’embarcation et lui promettre un gros paquet de schamallows à l’arrivée. L’argument de Baptiste eut l’effet escompté et le jeune homme embarqua sans le moindre cri.

 

- Il gèle dans ses avions, c’est pas possible ! râla Ludovic, à moitié baissé pour ne pas toucher la voûte de l’avion.

- C’est vrai, admit Florian. Clémence, tu es sûre que tu ne veux pas ma veste ?

- Mais non !

- Comme tu voudras !

- Ça va Lulu’ ? demanda Baptiste. On dirait que tu as une scoliose !

- Non, ça va pas ! Ils ont jamais pensé aux gens qui sont grands ? On ne fait pas tous la taille de Sébastien !

- Quoi, ma taille ? Qu’est-ce qu’elle a ma taille ?

 

Ludovic ne répondit pas, ce qui vexa deux fois plus Sébastien.

 

- C’est cool d’être en première classe, remarqua Clémence, pour changer le sujet de la conversation.

- Ouais. Bon, les mecs, on s’assoit où ?

 

Il fut convenu rapidement que Clémence s’assiérait à côté de Florian, de même pour Baptiste et son frère. Ludovic, seul au monde, se retrouva à côté d’un jeune homme de son âge, et plutôt mignon. Il retrouva vite le sourire. Sébastien avait pris sa couleur de papier-mâché, c’est-à-dire, sa couleur du stress et de la contrariété.

 

- Baptiste, j’arrive pas à attacher ma ceinture. Tu peux m’aider ? Elle est trop grande ! Il devait y’avoir un obèse à ma place lors du dernier vol.

 

Le jeune homme aida donc son frère à boucler sa ceinture et, après quelques grincements de dents, Sébastien fut enfin saucissonné correctement.

 

- Oh, et vous deux devant ! appela soudainement Baptiste.

- Quoi ? répondit la voix de Florian.

- C’est pas parce qu’on vous voit pas avec les sièges que vous devez forcément faire une connerie, compris ?

- Va te faire foutre.

 

Au moment où le jeune homme allait riposter, Sébastien s’agrippa à son bras, complètement affolé.

 

- Baptiste ! Baptiste ! Regarde ! L’avion, il bouge !

- Évidemment, il bouge, abruti !

- Mais il roule ! Ah ! J’ai peur ! Je veux pas ! Faîtes-moi descendre ! Ah…quelle horreur ! Pourquoi il s’arrête ?

- C’est pour mieux repartir, ricana son frère.

 

Il avait raison. À la seconde même, l’avion roula à 200 kilomètres à l’heure. Sébastien était prêt à pousser le cri du diable lorsque Baptiste plaqua sa main contre sa bouche, pour éviter toutes situations honteuses.

 

- Séb, tu vas pas faire ta poule mouillée maintenant ! On arrive dans vingt minutes ! Regarde le paysage plutôt !

- Je veux de l’air ! Je veux de l’air ! Pourquoi ils l’ont coupé ? Ah ! Qu’est-ce qui se passe ?!

- Mais ferme-la !

 

L’avion venait tout juste de décoller, et Sébastien était de plus en plus paniqué (et Baptiste de plus en plus énervé). Du côté de Florian et Clémence, tout allait bien. Ils discutaient tranquillement, étroitement blottis l’un contre l’autre. Ludovic était sur un petit nuage : il avait réussi à avoir le numéro de téléphone de son voisin, et lui avait donné le sien. Durant le voyage, Sébastien se calma et dragua même une jeune hôtesse de l’air avec son frère, preuve qu’il avait recouvré toute sa santé.

 

 

 

- Bon les gars…qu’est-ce qu’on fait maintenant ? demanda Ludovic, embêté.

 

Clémence esquissa quelques dégagés pour masquer son inquiétude. Arrivés il y’avait seulement dix minutes, les cinq adolescents étaient perdus en plein cœur de l’aéroport de Paris.

 

- Ouah, c’est trop grand…On va où ?

- D’abord, on devrait récupérer nos bagages, conseilla le sage Florian.

 

L’idée fut adoptée et le groupe se dirigea vers le tapis roulant. Quelques instants plus tard, ils étaient à nouveau plongés dans la détresse.

 

- Putain Florian ! Toi qui connais par cœur les aéroports de Paris, tu sais où il faut aller ?

- Euh…je ne sais pas. Je ne suis jamais allé à Orly.

- Je vais le tuer, menaça Baptiste.

- On devait pas venir nous chercher ? demanda Clémence.

- Bah oui, mais y’a personne qui nous attend ! affirma Ludovic en regardant autour de lui.

- C’est vraiment le comble, remarqua Sébastien. Nous sommes Les Rescapés, et nous sommes perdus…

 

Clémence, Florian, Ludovic et Baptiste fixèrent étrangement Sébastien.

 

- Il est pas con finalement, ce petit…murmura le grand frère.

 

À peine eut-il terminé sa phrase qu’un homme se détacha de la foule et s’approcha du groupe.

 

- Excusez-moi, vous êtes Les Rescapés ?

- Oui, répondit Clémence.

- Je m’en doutais pas. Vous me suivez ? Je vous emmène dans votre appartement.

- Vous êtes notre sauveur ! plaisanta Ludovic, qui appréciait déjà le personnage.

- Z’êtes qui au fait ? demanda Baptiste.

- L’agent artistique.

- Oh putain ! chuchota Florian. Clémence, cache-moi !

- Pas la peine de te cacher derrière elle, je t’ai vu.

 

Sur ce, l’agent se retourna et fusilla du regard le jeune homme.

 

- Des excuses ? demanda-t-il.

- Hors de question ! s’exclama Florian, qui gardait néanmoins sa fierté. C’est vous qui m’avez réveillé !

- Je te rappelle que tu m’as traité de « petit con », de « connard », que tu m’as dit d’aller me faire foutre…

- Ouais, mais bon, je savais pas que c’était vous…vous n’allez quand même pas me gifler ? Réfléchissez-bien, je vous rapporte de l’argent, alors vous n’allez pas me mettre une gifle en public.

- Le respect et la politesse passent avant le fric, Florian.

- Bon, ok, je m’excuse. Mais excusez-vous aussi pour m’avoir réveillé et pour m’avoir menacé d’une gifle !

- On dirait Sébastien, murmura Baptiste à l’oreille de Ludovic.

 

Ils pouffèrent silencieusement. Clémence demanda à Florian de bien vouloir se calmer, après quoi, elle lui confia timidement qu’elle avait froid.

 

- Et voilà…qu’est-ce que j’avais dit ? ironisa le jeune homme en déposant sa veste sur les épaules de Clémence.

- Bon, on arrête les enfantillages, et on décolle rapidos, sinon vous allez être en retard pour la signature du contrat, s’exclama l’agent artistique. Florian, je réglerai mes comptes avec toi plus tard.

- C’est ça…

- On prend l’avion ? demanda Sébastien, inquiet.

- Ben non, pourquoi ?

- Parce que vous avez dit « on décolle ».

 

L’agent ne répondit pas, sûrement trop abasourdi par les caractères du groupe dont il avait la charge. Il conduisit les cinq adolescents en dehors de l’aéroport et, comble du comble, il pleuvait.

 

- Putain, on se croirait en novembre ! s’exclama Baptiste, en collant son nez à la vitre.

- J’ai froid, s’écria Clémence.

- Moi aussi, fit Sébastien.

- Couvre-toi Séb, sinon tu vas attraper mal !

 

Ludovic et Florian entreprirent de frictionner le dos et les bras de Clémence, Baptiste fit de même avec son frère et l’agent artistique (qui ne revenait toujours pas du groupe peu ordinaire dont il devait s’occuper) monta (à son plus grand désespoir) le chauffage. Bientôt, en tout bon Parisien qu’il était, il suffoqua et commença à transpirer.

 

- Pour une fois, je suis d’accord avec les Marseillais, lança Ludovic. Vous, les Parigots, z’êtes vraiment spéciaux.

- Vraiment tarés, ouais…compléta Baptiste.

- Regardez-moi tous ces bouchons ! On va rater notre contrat si ça continue !

- Séb a raison ! Ils conduisent aussi mal qu’à Marseille !

- Non, pire qu’à Marseille, rectifia Florian.

- Fermez-la un peu, les Lyonnais, vous avez un temps de chien ! riposta l’agent artistique.

- Bah nous c’est rien comparé à la météo de Paris !

- En plus, on est champions de France de football !

- T’es hors-sujet Sébastien.

- Peut-être, mais c’est vrai.

- C’est vrai, répéta Florian en hochant la tête.

- C’est bon ? Vous avez fini de critiquer ? Je remarque que la plus sage, c’est la jeune fille.

- La jeune fille, elle s’appelle Clémence.

- Non, mais elle fait sa timide ! T’inquiètes, après, tu voudras la tuer comme tu as envie de nous tuer maintenant !

- Et d’abord, on n’a pas terminé notre critique de la ville qui se nomme toute seule « capitale » !

- Votre accent ! Vous parlez pointu !

- Quelle horreur !

- Et le vôtre, alors ? nargua l’agent, qui ne souhaiter plus qu’une chose : commettre cinq meurtres.

- Le nôtre ? Mon p’tit vieux, tu devrais savoir que l’accent lyonnais, c’est l’accent français ! s’exclama Baptiste.

 

Leur petit voyage continua dans la même ambiance. Une heure plus tard, l’agent artistique les déposa devant un vieil immeuble et confia la clé à Florian.

 

- Bon, laissez vos instruments dans la voiture, je les amène directement au studio. Et prenez vos sacs et vos valises. Installez-vous dans l’appartement et n’oubliez pas qu’on vous attend dans une heure pour la signature du contrat !

 

Sur ces dernières paroles, il démarra en trombe, laissant le groupe seul avec une clé, deux adresses et un numéro de téléphone. Ils montèrent jusqu’au dernier étage et découvrirent avec joie leur petit logement. C’était effectivement un appartement peu spacieux pour cinq personnes. Sur un canapé étaient entassés cinq sacs de couchage.

 

- On dormira par terre, apparemment, fit Ludovic.

- Je vous préviens les mecs, lança Clémence, c’est moi qui dors contre le chauffage.

- Comme vous voulez, mais moi, je dors à côté de Clémence ! s’exclama Florian.

- Moi, je veux pas me séparer de mon grand frère, mais je veux pas être au bout !

 

Ils s’arrangèrent donc pour l’emplacement de leurs sacs de couchage. Ensuite, Ludovic et Clémence rangèrent le strict nécessaire dans la salle de bain, avant de défaire les valises à l’aide de Sébastien. Pendant ce temps, Baptiste et Florian consultèrent une carte de Paris.

 

- Je pense qu’on devrait prendre le métro, ça ira plus vite, dit Florian.

- T’as raison, mais on sait pas où se trouve exactement la maison de disques.

- Bon, la maison de disques se trouve pas loin d’un bureau de Poste, dans le 17ème. Alors…avenue de Wagram…c’est ici. Donc, on peut choisir de prendre la ligne 31 du bus ou la ligne trois du métro. Mais tu vois Baptiste, c’est que la sortie de métro est située plus loin que l’arrêt de bus.

- Ouais, mais le bus, c’est la galère.

- Je sais.

- Faut poireauter trois heures alors qu’il y’a un métro toutes les cinq minutes !

- Mais le métro nous dépose devant l’ambassade du Cap-Vert ! Non, Baptiste, faut qu’on prenne le bus ! Surtout si on se plante !

 

Clémence vint les interrompre.

 

- Mais, c’est Sony ou EMG ?

- Voyons, la question ne se pose pas, c’est…

 

Florian se tut. En fait, il n’en savait rien.

 

- Ils nous ont laissé deux adresses, remarqua Baptiste.

- Florian, tu devrais les appeler pour leur demander, conseilla la jeune fille.

- T’as raison.

 

Quelques secondes plus tard, il avait déjà le portable collé à l’oreille.

 

- Oui, bonjour Madame. C’est Florian. Oui, des Rescapés. Bah là, je dois dire, on est un peu perdu, parce qu’on sait pas où on doit aller. Avenue de Wagram ou place de la Bourse ? Ah…d’accord. Je vous remercie. À tout à l’heure.

- Alors ? demandèrent Baptiste et Clémence.

- Avenue de Wagram pour la signature du contrat, chez Sony. Et le studio d’enregistrement sera à la place de la Bourse, dans le deuxième arrondissement, chez EMG. La ligne trois du métro nous y amènera tout aussi bien que pour la première adresse, mais là, on doit prendre le bus, ce sera mieux.

- Oh non !

- Si, Baptiste ! On peut pas se permettre d’arriver en retard pour la signature du contrat !

 

Un quart d’heure plus tard, le groupe descendit en courant les escaliers, avec le plan de Paris, le plan du bus et le plan du métro à la main.

 

- Bon, où se trouve le premier arrêt de bus du coin ? demanda Florian, le nez dans la carte. Ah…par ici, bande de touristes !

 

Ils se remirent à courir, mais à peine furent-ils arrivés devant l’arrêt d’autobus, que celui-ci venait tout juste de partir. Ils cavalèrent donc encore, bousculant de temps en temps quelques Parisiens au passage, et trouvèrent un second bus une demi-heure plus tard.

 

- Je vous avais dit qu’il fallait prendre le métro !

- C’est vrai. Les mecs, je dois vous dire qu’on a dix minutes de retard.

 

Florian, Baptiste, Sébastien et Ludovic n’eurent pas la réaction qu’espérait Clémence. Ils étaient tranquilles, assis tout au fond du bus.

 

- C’est pas grave, Clémence.

- Y’a pas de mal. Au moins, on se fait attendre, c’est bien.

- C’est comme ça qu’un groupe de rock doit faire pour se faire respecter. C’est le groupe de rock qui fait la loi, et c’est la maison de disques qui obéit.

- Belle idéologie Ludovic.

 

Baptiste se proposa pour téléphoner à la maison de disques et d’inventer un gros mensonge. L’idée fut adoptée par la majorité du groupe.

 

- Allô ? C’est Baptiste. Oui, je sais, on a vu l’heure. Mais, ne vous inquiétez pas, on est dans le bus là. En fait, on est un peu en retard parce que mon petit frère s’est trouvé fort mal et…oui…oui…il va mieux, oui…En plus, vous comprenez, Clémence a eu un petit problème technique, c’est sa période…Il a fallu déballer les valises au plus vite et…oui…oui…Bon, on arrive bientôt…ah merde…

 

Le bus venait de s’arrêter brutalement.

 

- Allez, encore un bouchon…grogna Florian.

- Bon, on est pris dans les bouchons maintenant. On arrive le plus vite possible, promis. Oui, pas de soucis ! À tout à l’heure !

- Alors ?

- Il m’a cru qu’à moitié !

 

Une demi-heure après, le bus les déposa au coin d’une rue et ils se mirent au triple galop, redoutant la colère du directeur. Baptiste faisait fonctionner sa cervelle en même temps que ses jambes, afin de trouver une nouvelle excuse. Le groupe atteignit enfin la maison de disques, en héros.

 

- 37 minutes de retard pour une signature de contrat. Ça, je dois dire, bravo. Personne ne l’avait jamais fait avant vous.

 

Ce furent les premiers mots du directeur. Il n’était pas en colère, et serra chaleureusement les mains des membres du groupe.

 

- Vous venez ? leur demanda-t-il en s’éloignant vers son bureau.

 

L’entretien se passa très bien. Les cinq adolescents lurent attentivement le contrat, et le signèrent un par un. Après quoi, le directeur de la maison de disques se fit apporter une bouteille de champagne et il trinqua avec le groupe. Clémence et Florian furent encore limité à deux coupes.

 

- Et ce soir, lança l’agent artistique, pour fêter la signature du contrat, on va à l’Étoile !

- Qu’est-ce que c’est ? demanda Baptiste, les yeux déjà brillants.

- Une grande boîte de nuit parisienne qui fait aussi restaurant !

- Wouw ! hurla Sébastien.

- Mortel ! s’exclamèrent Baptiste, Clémence, Florian et Ludovic.

 

La soirée fut effectivement « mortelle » puisqu’il était quatre heures du matin lorsque le groupe rentra chez lui. Toute la nuit, ils avaient mangé, bu, dansé, rigolé et dragué. Sur le menu du restaurant, il était écrit le nom du groupe, et Sébastien en fut tellement ravi qu’il en vola plusieurs exemplaires. Baptiste et Ludovic étaient tellement saouls qui oublièrent vite de chaperonner Clémence. Cependant, Florian s’en chargea volontiers, et ne lâcha pas d’une semelle la jeune fille tout au long de la soirée.

 

- Autant en profiter ce soir, parce que demain…c’est le gros boulot qui vous attend ! avait dit l’agent artistique pour les encourager à se lâcher.

 

Effectivement, le lendemain, les choses sérieuses commenceraient. Le lendemain, débuterait l’ascension de Florian, Clémence, Ludovic, Baptiste et Sébastien vers le public et les étoiles…

Extra Deux : Rockcollection

 

(PS : à lire en écoutant si possible Rockcollection de Laurent Voulzy, la version de 7m30. À ne surtout pas refaire à la maison. Laisser les enfants hors de portée.)

 

 

 

- Allez les gars, c’est parti ! lança Ludovic en montant la sono à fond.

 

Il courut jusqu’au sofa pour s’asseoir à côté des autres membres du groupe. Une musique rythmée envahit la pièce.

 

- Yeah ! fit Baptiste en mettant ses lunettes de soleil sur le nez.

 

Le groupe frappa des mains pour battre la mesure. Ils fixaient tous un point mystérieux devant eux. Au bout d’un certain temps, Florian prit Clémence par l’épaule et se mit à chanter.

 

- On a tous dans l’cœur une petite fille oubliée Une jupe plissée queue d'cheval à la sortie du lycée On a tous dans l' cœur un morceau de fer à user Un vieux scooter de rêve pour faire le cirque dans le quartier Et la p'tite fille chantait - Et la p'tite fille chantait, répéta Clémence.

- Et la p’tite fille chantait

- Et la p'tite fille chantait, répéta une nouvelle fois la jeune fille. - Un truc qui m'colle encore au cœur et au corps Les adolescents se levèrent d’un bond du sofa et dansèrent dans tous les sens pendant que Ludovic chantait à tue-tête.

- Everybody's doing a brand new dance now - Come on baby, do the locomotion, continua Florian. - I know you'll get to like it If you give it a chance now - Come on baby, do the locomotion ! hurlèrent l’ensemble du groupe, en se dandinant.

Une fois qu’il avait commencé à chanter, Ludovic ne pouvait plus s’arrêter.

- On a tous dans l'cœur le ticket pour Liverpool Sortie de scène hélicoptère pour échapper à la foule Excuse-me Sir mais j'entends plus Big Ben qui sonne Les scarabées bourdonnent, c'est la folie à London Et les Beatles chantaient - Et les Beatles chantaient, répéta Clémence. - Et les Beatles chantaient - Et les Beatles chantaient

- Un truc qui m'colle encore au cœur et au corps

Baptiste prit la suite de la chanson. Il imita la voix des Beatles et battit la mesure avec ses mains.

- It's been a hard day's night, and I been working like a dog It's been a hard day's night

- Yeah, yeah, yeah…fredonnèrent les autres. - Yeah

Ce fut le tour de Sébastien, qui se jeta sur le sofa, et qui cassa une lame au passage.

- A quoi ça va me servir d'aller m'faire couper les tifs Est-ce que ma vie sera mieux une fois qu'j'aurais mon certif' ? Betty a rigolé devant ma boule à zéro Je lui dis si ça te plaît pas, t'as qu'à te plaindre au dirlo Et j’me suis fait virer

- Et j’me suis fait virer, répéta Clémence. - Et les Beach Boys chantaient - Et les Beach Boys chantaient - Un truc qui m'colle encore au cœur et au corps Ça faisait :

 

Clémence, Baptiste, Sébastien, Florian et Ludovic se mirent à tourner en rond, sans s’arrêter.

- Round, round, get around I get around Get around round round - Ouhouhouhouh, hurla Sébastien, de sa voix aiguë. - I get around Get around, get around, get around

 

Baptiste s’arrêta de tourner et se détacha du reste du groupe.

- On a tous dans l' cœur des vacances à Saint-Malo Et des parents en maillot qui dansent sur Luis Mariano Au "Camping des flots bleus", j'me traîne des tonnes de cafards Si j'avais bossé un peu, j'me serais payé une guitare Et Saint-Malo dormait - Et Saint-Malo dormait, répétèrent Clémence et Sébastien.

- Et les radios chantaient - Et les radios chantaient

- Un truc qui m'colle encore au cœur et au corps Ils se rangèrent alignés et balancèrent rythmiquement leurs bras de droite à gauche.

- Gloria, Gloria ! s’exclamèrent Baptiste et Sébastien.

- You know what I like, continua Ludovic. - Gloria, Gloria

- You know what I like - Gloria, Gloria…

 

Après avoir poussé Sébastien du milieu de la pièce, Ludovic enchaîna avec une voix joyeuse et pleine d’entrain.

- Au café de ma banlieue, t'as vu la bande à Jimmy Ça frime pas mal, ça roule, autour du baby Le pauvre Jimmy s'est fait piquer chez le disquaire, c'est dingue Avec un single des Stones, caché sous ses fringues Et les loulous roulaient - Et les loulous roulaient, répétèrent Clémence et Sébastien.

- Et les cailloux chantaient

- Et les cailloux chantaient - Un truc qui m'colle encore au cœur et au corps

Cette fois-ci, le groupe était en fusion. Ils montèrent sur le sofa tous les cinq et sans enlever leurs baskets. Puis, ils rebondirent comme des kangourous en secouant la tête dans tous les sens. Plusieurs fois, d’ailleurs, ils faillirent tomber…

- I can't get no ! - I can't get no ! - Satisfaction !

Un temps.

- Hey hey hey ! hurlèrent les cinq adolescents.

Ils sautèrent du sofa et, durant le jeu musical, ils enchaînèrent sur une petite chorégraphie, apprise une heure plus tôt.

 

Un pas en avant.

On frappe des mains.

Un pas en arrière.

On frappe des mains.

Un petit tour.

Un pas à droite.

On frappe des mains.

Un pas à gauche.

On frappe des mains.

- Je voudrais pas dire, mais on a pas l’air con comme ça…chuchota Sébastien à son frère.

 

La vérité sort de la bouche des enfants.

 

Un petit tour.

Boogie-woogie.

 

Ludovic, Florian et Clémence essayaient de garder leur concentration sur leurs pas de danse, bien qu’ils aient une grande envie d’éclater de rire. La musique changea, et Baptiste fit semblant de jouer de la guitare électrique. Pendant ce temps, les autres sautaient dans tous les sens en faisant de grands gestes désordonnés. Ensuite, Sébastien poussa tout le monde et chanta son couplet.

- Laissez-moi passer, j'ai mes papiers mon visa Je suis déjà dans l'avion, going to America Même si je reste ici, que je passe ma vie à Nogent J'aurai une vieille Chevrolet et dix huit filles dedans Et les Bee Gees chantaient - Et les Bee Gees chantaient, répéta Clémence. - Et les Bee Gees chantaient - Et les Bee Gees chantaient - Un truc qui m'colle encore au cœur et au corps

Voyant que ses amis n’avaient pas très envie de chanter le prochain refrain, Florian soupira et décida de s’y coller.

- And the lights All went out In Massachusetts The day I left Her standing On her own

La musique se radoucit, et les autres n’avaient toujours pas envie de chanter. Florian ne s’arrêta donc pas.

- Au printemps 66, j'suis tombé fou amoureux Ça m'a fait plutôt mal, j'avais de l'eau dans les yeux Ma p' tite poupée je t'emmène dans le pays d'mes langueurs Elle fait douceur douceur la musique que j'ai dans le cœur Toute la nuit on s'aimait Quand les radios chantaient Un truc qui m'colle encore au cœur et au corps

On voyait que la chanson commençait à ennuyer Sébastien, qui s’était allongé sur le sofa pour dormir. Florian continuait de chanter doucement, avec Clémence.

 

- They call me mellow yellow They call me mellow yellow They call me…

- Mellow yellow ! répéta la jeune fille, plus haut.

Sébastien bailla de plus belle et Baptiste, énervé, jeta un coussin sur Florian pour le faire taire. Puis, décidant qu’il fallait en finir avec la chanson, il chanta le dernier couplet.

- Maintenant j'ai une guitare et j'voyage organisé Je me lève tous les jours trop tard et je vis aux Champs-Élysées Je suis parti je ne sais où, mais pas où je voulais aller Dans ma tête y a des trous, j'me souviens plus des couplets Y’a des rêves qui sont cassés, des airs qui partent en fumée Des trucs qui m'collent encore au cœur et au corps

Clémence tira Sébastien du sofa et le pressa de se lever pour chanter le dernier refrain avec le reste du groupe. Les cinq adolescents se rangèrent à nouveau l’un à côté et firent des petits signes de la main.

- I'd be safe and warm If I was in L.A California Dreamin' On such a winter's day California Dreamin' On such a winter's day California Dreamin' On such a winter's day California Dreamin' On such a winter's day

Le jeu musical se fit à nouveau entendre, et le groupe refirent leur petite chorégraphie.

 

Un pas en avant.

On frappe des mains.

Un pas en arrière.

On frappe des mains.

Un petit tour.

Un pas à droite.

On frappe des mains.

Un pas à gauche.

On frappe des mains.

- Non, mais c’est vrai. On ressemble à des canards empaillés qui dansent…chuchota Sébastien à son frère.

 

Un petit tour.

Boogie-woogie.

Et on recommence.

 

Quelques instants plus tard, la musique s’arrêta. La chanson était enfin terminée. Les cinq adolescents soupirèrent de soulagement. Clémence, Florian, Sébastien et Baptiste s’allongèrent les uns sur les autres sur le malheureux sofa. Ludovic s’approcha de la sono et l’éteignit. Ensuite, il s’avança vers une caméra qu’il avait soigneusement cachée et en sortit une cassette.

 

- Cool ! La vidéo est terminée ! Je vais pouvoir la donner à Alex ! s’exclama le jeune homme en sortant de la pièce avec la cassette en main.

- Oh le salaud ! s’écria Florian en lui courant après. Reviens ici !

 

 

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Nascana
Posté le 30/07/2010
J'adore la façon dont répondent tous les membres du groupe. J'espère que l'agent artistique ne va pas leur faire la vie dure après.
Les photos des ex dans la valise ^^. Y en a tant que ça pour que ça prenne de la place ?
Je suis comme Sébastien, vive le TGV ! L'avion, ça me fait mal à la nuque pendant 3 jours. En plus, j'adore prendre le train.
"Et si tu deviens folle en plein, et que tu éprouve un « besoin » à m’appeler, je crois que t’avoir donné mon numéro de portable (mais tu l’as sans doute jeté entre temps). " -} euh, il manque pas un mot après plein ?
Le portique de sécurité ^^ Moi c'était mes chaussures qui le faisait sonner. Mais bon, comme y avait pas de femme, on ne pouvait pas me fouiller.
J'aime bien l'idée de la K7 pour Alex ^^.
La Ptite Clo
Posté le 30/07/2010
Baaah "qui aime bien châtie bien", je crois que cette expression résume bien les relations entre les Rescapés et leur agent artistique. =D
Mais ouiii, je t'assure, Sébastien a pas mal d'ex au compteur, mais disons aussi qu'il a tellement chargé sa valise de trucs inutiles qu'il n'y a plus de place pour elles. x)
Je suis d'ailleurs comme toi et lui. J'adore le train. Je trouve ça génial de s'asseoir, de se laisser conduire, et de pouvoir se reposer, écrire, penser, se décontracter, ce qu'on ne peut pas faire en voiture. ^^ Et puis même s'il y a des retards ça m'arrange, parce que quand je prends le train, c'est dans l'espoir de perdre du temps pour le reste, et d'en gagner pour moi et rien que pour moi seule. =D (Et c'est plus écolo). Et l'avion... j'en ai terriblement peur. ^^"
J'ai relu deux fois la phrase que tu m'as souligné, parce que je n'arrivais pas trop à la resituer dans le contexte, mais oui, je me souviens, c'est la lettre de Florian à sa mère. ^^ J'ignore les différences d'expression dans les régions françaises, mais chez moi, in the Sud, c'est courant de dire "lui, il est taré en plein" ou "elle est folle en plein"... Cela veut dire grosso modo "il est complémentement barge !". ^^ 
Bref, merci énormément à toi, Nascana, pour tes commentaires très sympas. :)
Sunny
Posté le 07/06/2007
^^ woh ludovic et ses billets d'avions, mdr. ;) et sinon sebastien et baptiste peuvent dire merci maman, re-mdr. :D et trop mortel la remarque de la mère de clémence, lol, re-re-mdr. ^^ bon d'accord, je ne ferai pas de re-re-re, je m'en vais :D lol... Reponse de l'auteur: uhuh je suis contente que ce chapitre t'ait plu (c'est l'un de mes favoris, à chaque fois que je le relis, je me pète de rire toute seule) fin bon
si je pouvais être aussi pistonnée que clémence, ça me donnerait un ptit coup de pouce pour avoir mon bac ! mdr
allez, merci beaucoup, bisouuu 
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